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Art

Cinéma

Sujet : The Green Knight - David Lowery
Rad_Spencer
Niveau 10
02 septembre 2021 à 16:32:49

Etrange film que voilà. Beaucoup de sombre onirisme.

Résumé

Un Gauvin, neveu du roi Arthur, qui accepte de relever un défi lancé par le Chevalier Vert (qui semble être un homme-arbre, type malédiction, lancé par la mère même de Gauvin) consistant à se battre contre lui à condition de se présenter à une chapelle verte un an plus tard pour recevoir les coups qu'il lui aurait porté. Le Chevalier Vert se contente de jeter sa hache au sol et se laisse décapiter par Gauvin (il aurait pu juste lui égratiner l'épaule mais bon). Les autres chevaliers présents applaudissent (perso j'ai plutôt l'impression qu'ils se moquent de lui)
Sauf que le chevalier vert se relève, récupère sa tête et s'en va en rappelant de ne pas oublier les termes du défi.
Gauvin ne fait rien de particulier de l'année qui s'écoule, il vit à la cour et profite de sa compagne, mais lorsque l'année arrive à son terme, on lui rappelle encore et encore son engagement : il doit se rendre à la chapelle verte pour recevoir le coup qu'il a porté au chevalier vert, et doit donc se faire décapiter. Même son oncle, le roi, le lui rappelle.

A noter que Arthur est présenté comme extrêmement solennel dans ce film. Il est vieillissant ou malade.

Bref, Gauvin est envoyé sur les routes avec son manteau jaune, un cheval, et la hache que le chevalier a laissé derrière lui et qui doit être l'instrument de son destin... Sa mère lui confie également une ceinture censée le protéger tant qu'il la porte.

Il va voyager à travers une contrée qui semble en perdition : beaucoup de ruines, de grisailles, de morts.
Il va atteindre un croisement, avec un squelette oublié dans une cage suspendue.
Il va atteindre un lieu où deux armées se sont totalement entretuées, et où un pilleur de corps va lui indiquer une direction... pour le faire tomber dans une embuscade. Gauvin se fait volet la ceinture de sa mère, la hache du chevalier vert, son cheval... Le voleur s'enfuit avec le cheval et la hache en disant qu'il finira la quête du chevalier Gauvin (mais Gauvin n'est pas chevalier, il le rappelle plusieurs fois)
Il va mourir là, attaché au pied d'un arbre... Ou se rendre compte qu'il finira ainsi s'il ne se bouge pas.
Il parvient à se traîner jusqu'à son épée abandonnée par terre et coupe ses liens. Il reprend sa route à pieds.

Il va trouver une maison, se coucher dans un lit... et être réveillé par la voix d'une fille, qui lui dit que c'est son lit. La fille demande à Gauvin de l'aider à trouver quelque chose dans le lac : sa tête. Elle dit avoir été tuée par un homme car elle refusait ses avances, et qu'il a jeté sa tête dans le lac.
Gauvin va trouver la tête en question (et je crois le corps de celui qui l'a volé tantôt) et la ramener dans la maison. La tête va le remercier, et il va retrouver la hache.

Poursuivant sa route, il dort dans une grotte aux côtés d'un renard pour qu'ils se tiennent chaud. L'animal va ensuite l'accompagner.
Ils voient une vallée traversée par d'étranges géants chauves.
Ils essaient de trouver de quoi manger, des champignons que l'estomac recrache.

Il finit par atteindre la maison d'un noble. Ce dernier dit que la chapelle verte n'est pas loin et qu'il peut attendre les derniers jours ici avant de s'y rendre. En attendant, le noble va chasser, voulant ramener à Gauvin de quoi le nourrir lors de son voyage retour. L'épouse du noble, elle, tente Gauvin. Elle finit par lui donner une ceinture identique à celle de la mère, censé protéger l'homme contre les coups qu'il devrait recevoir tant qu'il la porterait, tout en lui faisant remarquer qu'il n'est pas chevalier.

Il finit par s'enfuir, droit vers la chapelle, refusant les avances du noble au passage.
Juste avant la chapelle, le renard se met à parler ! Il propose à Gauvin de rentrer chez lui, de ne pas honorer les termes du défi, et de raconter ce qu'il veut pour justifier sa survie. Gauvin chasse le renard et va à la chapelle.
Il attend une nuit entière à genoux devant le chevalier vert endormi. Celui ci se réveille le jour dit, demande la date, demande si Gauvin est là pour honorer le défi.

Gauvin dit que oui, mais restant un lâche, il demande un peu de temps pour se préparer, encore un peu de temps, et puis finalement il peut pas, il s'enfuit. Dehors, son cheval attend. Il le prend et retourne en ville.
Arthur, malade, en fin de vie, sacre Gauvin chevalier. Puis, quand Arthur meurt, Gauvin est sacré roi. Sa compagne lui donne un enfant, mais il prend l'enfant et abandonne la femme qui l'aime avec quelque monnaie. Il épouse sans doute une noble. Il n'enlève jamais la ceinture censée le protéger.
Gauvin règne. L'enfant, son fils, grandit. Un jour, le fils est tué à la guerre. Le peuple se révolte. Sa femme et même sa mère l'abandonnent à son sort. Il finit par décider d'enlever sa ceinture alors que les révoltés détruisent la porte de son château... et sa tête tombe de son cou.

Retour à la chapelle verte. Gauvin essaie de trouver le courage d'accepter son sort devant le chevalier vert.
Il décide d'enlever la ceinture, et est prêt. Le chevalier vert lui sourit gentiment, et lui dit que le temps est venu d'affronter son destin. Fin.

Analyse succinte :
On a donc un monde en décrépitude, un personnage se voulant héroïque et chevaleresque mais qui montre à chaque étape qu'il est couard, lâche, peureux, et une malédiction qui lui est lancée sous la forme du défi.
Il doit affronter son destin : sa mort face au chevalier vert.
La fin voudrait donc qu'il l'accepte (sans dire si le chevalier va le tuer, ou si tout cela était un sort de la mère pour faire en sorte qu'il apprenne à devenir courageux face à sa propre mort)

EmileHirsch
Niveau 70
03 septembre 2021 à 11:11:01

Pour ceux qui ont vu les deux, ça se rapproche pas un peu dans le style du Macbeth de Justin Kurzel ?

Feioja
Niveau 10
05 septembre 2021 à 22:32:16

[02:19:44] <helios5000>
Excellent.

Comme l'annonçait le trailer.

Chef d'oeuvre de l'année

nropodePLoli
Niveau 6
11 septembre 2021 à 00:08:20

Le 04 août 2021 à 22:48:17 :

Le 04 août 2021 à 22:40:40 :

[22:06:52] <mlgz1100505>
Y'a des scenes chaudes oui ou non? https://image.noelshack.com/fichiers/2017/07/1487443479-la-tele-des-inconnus-emission-inedite-ce-soir-sur-d8-17164240.jpg

Jamais on nous répondra khey :snif:

y a une scène mais vraiment pas de quoi te masturber XD rien n'est montrer, c'est zoom x200 sur les visages et ça dure 10 secondes

je viens juste de le voir : c'est un très beau film je ne suis pas un très grand connaisseur mais j'ai adoré la photographie en général et le film a une bonne narration particulière aux contes mais cette scène m'a vraiment fait bizarre et me laisse un arrière goût étrange (pas spécialement désagréable)
Et vous vous en avez pensé quoi surtout de la remarque de l'épouse du lord?

Testimonial
Niveau 9
15 septembre 2021 à 09:14:07

Dans la symbolique courtoise y a une espèce d'énergie positive associée à la rétention sexuelle qui peut se transformer en quelque chose de négatif si l'acte est effectivement réalisé.

On est censé tendre vers la femme qui est normalement placée en position de supériorité sociale mais sans que ça devienne charnel ou selon des conditions très particulières.

Lui c'est ça sauf qu'en plus il est doublement dégradé parce que c'est même pas la vraie jouissance débridée de l'amant conquérant qui succombe, il fait juste dans sa main grosso modo.

Je simplifie parce que la symbolique courtoise c'est très compliqué mais je pense que la scène se lit comme une reprise dégradée, neutralisée ou naturalisée de ce motif.

__________

C'est la raison pour laquelle je sors amer du film d'ailleurs (pas cette scène, le propos général). L'imagerie est magnifique et la symbolique très savamment reprise, pour pondre un truc de victime qui a l'air d'avoir été écrit par James Gray. Immense frustration ça aurait pu être un de mes films préférés mais ce discours sur la médiocrité inhérente au genre humain j'en peux plus de le voir partout tout le temps.

Écrire un héros de nos jours c'est subversif.

GloriaFellucci
Niveau 8
19 septembre 2021 à 17:38:16

Vu aujourd'hui

Film prétentieux et inutilement long.

D'habitude j'aime bien les films avec des symboliques fortes, mais là, on a vraiment l'impression que le réal te tape sur l'épaule toutes les 5 min tout fier de te demander si tu comprends quelque chose...

De plus, même pas marquant ! L'imagerie du film se donne des airs mais ne parvient jamais à flatter l'oeil au point qu'on s'en souvienne longtemps après.

A zapper selon moi

Triggershaft
Niveau 46
22 septembre 2021 à 05:33:38

J'ai bien apprécié le film même si tout n'est pas très claire (c'est le but me direz-vous, tout en mystère et interprétation) la partie avec la rousse dans la maison qu'on retrouve à la fin et le manoir avec le couple et la vieille, j'ai pas vraiment compris, c'était des sortes de mise à l'épreuve je suppose par rapport à la voie du chevalier, ne pas être infidèle, ne pas abandonner quelqu'un dans le besoin ?
Des jolis plans et une bonne bande-son, et les acteurs sont bons.

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 11:26:15

Le 15 septembre 2021 à 09:14:07 :
Dans la symbolique courtoise y a une espèce d'énergie positive associée à la rétention sexuelle qui peut se transformer en quelque chose de négatif si l'acte est effectivement réalisé.

On est censé tendre vers la femme qui est normalement placée en position de supériorité sociale mais sans que ça devienne charnel ou selon des conditions très particulières.

Lui c'est ça sauf qu'en plus il est doublement dégradé parce que c'est même pas la vraie jouissance débridée de l'amant conquérant qui succombe, il fait juste dans sa main grosso modo.

Je simplifie parce que la symbolique courtoise c'est très compliqué mais je pense que la scène se lit comme une reprise dégradée, neutralisée ou naturalisée de ce motif.

__________

C'est la raison pour laquelle je sors amer du film d'ailleurs (pas cette scène, le propos général). L'imagerie est magnifique et la symbolique très savamment reprise, pour pondre un truc de victime qui a l'air d'avoir été écrit par James Gray. Immense frustration ça aurait pu être un de mes films préférés mais ce discours sur la médiocrité inhérente au genre humain j'en peux plus de le voir partout tout le temps.

Écrire un héros de nos jours c'est subversif.

J'ai pas compris ce que tu reproches au film

DevantJerusalem
Niveau 10
09 octobre 2021 à 17:13:12

Le 09 octobre 2021 à 11:26:15 :

Le 15 septembre 2021 à 09:14:07 :
Dans la symbolique courtoise y a une espèce d'énergie positive associée à la rétention sexuelle qui peut se transformer en quelque chose de négatif si l'acte est effectivement réalisé.

On est censé tendre vers la femme qui est normalement placée en position de supériorité sociale mais sans que ça devienne charnel ou selon des conditions très particulières.

Lui c'est ça sauf qu'en plus il est doublement dégradé parce que c'est même pas la vraie jouissance débridée de l'amant conquérant qui succombe, il fait juste dans sa main grosso modo.

Je simplifie parce que la symbolique courtoise c'est très compliqué mais je pense que la scène se lit comme une reprise dégradée, neutralisée ou naturalisée de ce motif.

__________

C'est la raison pour laquelle je sors amer du film d'ailleurs (pas cette scène, le propos général). L'imagerie est magnifique et la symbolique très savamment reprise, pour pondre un truc de victime qui a l'air d'avoir été écrit par James Gray. Immense frustration ça aurait pu être un de mes films préférés mais ce discours sur la médiocrité inhérente au genre humain j'en peux plus de le voir partout tout le temps.

Écrire un héros de nos jours c'est subversif.

J'ai pas compris ce que tu reproches au film

Quand tu déconstruis un personnage en essayant de rabattre son extraordinaire sur des défauts banals de l'humanité normale, tu es dans une démarche qui aplatit, qui aplanit, sauf qu'à côté de ça le personnage en question se confronte à des géants étranges, des tableaux spectraux, des fantômes décapités et une créature végétale surhumaine.

Les deux démarches ensemble m'ennuient, ne font pas sens à mes yeux, ont du mal à porter en couple un propos qui se tient.

Je ne vois pas la raison derrière la démarche de déconstruire un personnage dans un univers où l'on a rien déconstruit d'autre.

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 20:15:59

Le 09 octobre 2021 à 17:13:12 :

Le 09 octobre 2021 à 11:26:15 :

Le 15 septembre 2021 à 09:14:07 :
Dans la symbolique courtoise y a une espèce d'énergie positive associée à la rétention sexuelle qui peut se transformer en quelque chose de négatif si l'acte est effectivement réalisé.

On est censé tendre vers la femme qui est normalement placée en position de supériorité sociale mais sans que ça devienne charnel ou selon des conditions très particulières.

Lui c'est ça sauf qu'en plus il est doublement dégradé parce que c'est même pas la vraie jouissance débridée de l'amant conquérant qui succombe, il fait juste dans sa main grosso modo.

Je simplifie parce que la symbolique courtoise c'est très compliqué mais je pense que la scène se lit comme une reprise dégradée, neutralisée ou naturalisée de ce motif.

__________

C'est la raison pour laquelle je sors amer du film d'ailleurs (pas cette scène, le propos général). L'imagerie est magnifique et la symbolique très savamment reprise, pour pondre un truc de victime qui a l'air d'avoir été écrit par James Gray. Immense frustration ça aurait pu être un de mes films préférés mais ce discours sur la médiocrité inhérente au genre humain j'en peux plus de le voir partout tout le temps.

Écrire un héros de nos jours c'est subversif.

J'ai pas compris ce que tu reproches au film

Quand tu déconstruis un personnage en essayant de rabattre son extraordinaire sur des défauts banals de l'humanité normale, tu es dans une démarche qui aplatit, qui aplanit, sauf qu'à côté de ça le personnage en question se confronte à des géants étranges, des tableaux spectraux, des fantômes décapités et une créature végétale surhumaine.

Les deux démarches ensemble m'ennuient, ne font pas sens à mes yeux, ont du mal à porter en couple un propos qui se tient.

Je ne vois pas la raison derrière la démarche de déconstruire un personnage dans un univers où l'on a rien déconstruit d'autre.

Lowery s'est permis plusieurs libertés concernant le récit. Je vois pas en quoi faire de Gauvain un debauchard te sort du film surtout quand on s'intéresse au propos du poème originel qui est à la base le récit de la tentation, de la sauvagerie face à la vertu

Faire de Gauvain un debauchard rend l'histoire encore plus intéressante je trouve justement. Parce qu'il n'est pas juste question d'un chevalier dont on sait la vertu irréprochable (Gauvain est considéré originellement comme le meilleur des chevaliers de la table ronde).
Ici, il est question d'un homme dont on sait que le moindre obstacle serait capable de le faire faillir.

C'est pas intéressant d'avoir à faire à l'histoire d'un chevalier blanc qui par delà ses obstacles, ne fera que nous montrer de nouveau qu'il est vertueux. Ici c'est l'histoire d'un homme sale, non prêt mais bouillant d'un désir ardent de grandeur qui va se plonger en enfer jusqu'à finir par y laisser même sa vie

Le déconstruire, c'est amener une force supplémentaire au récit. C'est pas juste montrer le beau qui fait du beau quoi

Bref, tu voulais le récit d'un Saint sans même savoir qu'il faut bien parcourir un certain chemin avant de le devenir

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 20:25:13

Tu dis qu'écrire un héros est aujourd'hui subversif alors que Gauvain finit littéralement par le devenir

"Héros: Celui qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire (dans le domaine des armes).
Mourir en héros."

Les Saints sont avant tout des Hommes comme tout le monde

On pourrait même le considérer comme martyr d'ailleurs

DevantJerusalem
Niveau 10
09 octobre 2021 à 21:46:46

Non, le propos du récit de base qui n'est pas un poème - on versifiait simplement encore les formes narratives à l'époque pour faciliter leur transmission détachée d'un support écrit - c'est d'illustrer la supériorité morale des laïcs dans les actions héroïques, précisément contre les récits de martyrs qui étaient l'apanage de l'Eglise voulant maintenir sa mainmise sur la production de ces histoires. Mais passons, peu importe, les subtilités de la littérature médiévale ne nous intéressent pas tellement ici.

Tu n'es pas tout à fait honnête dans ta réponse. Tu fais mine d'omettre que le réalisateur propose (lâchement) une sorte de double fin en présentant deux visions contradictoires, deux chemins de la réaction de Gauvain face au chevalier vert quand il le retrouve à Noël. Donc l'héroïsation finale du personnage que tu veux voir n'est pas univoque.

La faiblesse des héros, on connaît, ce n'est pas ce que montre le film. Tu peux comparer ça typiquement à des grandes scènes de faiblesse des personnages courtois, Yvain blessé dans la chambre par le seigneur de la fontaine, Yvain en folie solaire à poil dans les champs, Lancelot blessé par le fenêtre ou sur la charrette, le Cligès tenté, Erec fouetté par le nain ou diffamé par ses pairs qui oublie sa promesse etc. Dans la courtoisie il y a effectivement une part de chute du personnage qui se relève en suite, mais dans le film il ne se relève jamais et il ne réussit aucune des quêtes qu'il rencontre (on peut débattre à la rigueur de "l'opposition" avec le spectre de la décapitée mais même là il ne "réussit" pas purement, il ne comprend rien et il passe par une sorte de petite mort ambigüe). Il se fait latter les couilles par le pécore et sa bande, il se comporte discourtoisement avec la seigneure et son mari, il est trimballé passivement face aux géants, son duel initial est anti-chevaleresque au possible (d'où le thème de la hache, arme non noble dans la symbolique de ces histoires, comme le bâton) et à la fin on a ces deux versions dont j'ai déjà parlé.

Pour le reste tu ne montres rien, tu nages juste dans l'arbitraire, c'est mieux parce que le héros est flingué ,tu poses ça comme postulat et on doit béatement le gober. Bah non. Je ne suis pas d'accord et j'ai juste posé ça, je ne te demande pas de le penser avec moi, je m'en fous ; simplement, je ne viens pas essayer de prétendre que mes affects sont meilleurs.

Pour résumer, donc, contrairement à ce que tu prétends, je n'attends pas un héros sans faiblesse. Contrairement à ce que tu prétends, le héros médiéval est déjà plein de faiblesses et ce ne sont pas du tout celles qui sont présentées dans le film, il est donc ridicule de vouloir m'opposer une définition simpliste et mal maîtrisée de termes comme héros et martyr pour espérer essayer de me casser.

Je vais simplifier encore mon propos : un setting de quête héroïque sans héros ne fonctionne pas structurellement. Il faut déconstruire et le héros et la quête ou pas mais on ne tente pas de faire les deux en même temps sans être bancal.

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 22:49:06

Tu n'es pas tout à fait honnête dans ta réponse. Tu fais mine d'omettre que le réalisateur propose (lâchement) une sorte de double fin en présentant deux visions contradictoires, deux chemins de la réaction de Gauvain face au chevalier vert quand il le retrouve à Noël. Donc l'héroïsation finale du personnage que tu veux voir n'est pas univoque.

La fin est bien unique. Et ce tout simplement parce que David Lowery voulait une fin où le Chevalier vert coupe la tête de Gauvain mais par souci d'une mauvaise réaction du publique, il a tourné la chose autrement :

"Lowery wanted to use that extended sequence to achieve something very specific: “I wanted to write an ending where his head gets chopped off, and that’s a positive thing,” he says. “That’s a happy ending. He faces his fate bravely, and there’s honor and integrity in that. But that doesn’t mean that he’s dead, he’s killed. He received the blow that he was dealt, and all is set right within the universe of the film.” We, the audience, are relieved when Gawain accepts his fate in the end, because it spares both him and his kingdom all the misery of that war-torn fantasy. We also get to see his head both come off and not."

Cette scène a d'ailleurs été elle même tourné mais non présenté

Dans la courtoisie il y a effectivement une part de chute du personnage qui se relève en suite, mais dans le film il ne se relève jamais et il ne réussit aucune des quêtes qu'il rencontre (on peut débattre à la rigueur de "l'opposition" avec le spectre de la décapitée mais même là il ne "réussit" pas purement, il ne comprend rien et il passe par une sorte de petite mort ambigüe). Il se fait latter les couilles par le pécore et sa bande, il se comporte discourtoisement avec la seigneure et son mari, il est trimballé passivement face aux géants, son duel initial est anti-chevaleresque au possible (d'où le thème de la hache, arme non noble dans la symbolique de ces histoires, comme le bâton) et à la fin on a ces deux versions dont j'ai déjà parlé.

Et on en revient donc a priori ce que je disais.
C'est le récit d'un homme sale, épris d'un désir ardent de grandeur. Il finira par se plonger en enfer dans le but d'y faire naître la vertu. Il n'y arrivera pas à aucun moment sauf à la toute fin lorsqu'il se rendra compte que le prix de cette vertu est sa propre vie

Comme le damné qui s'est plongé aux plus profonds de recoins de l'enfer pour se rendre compte que c'est uniquement par la mort, qu'il tendra à la sainteté.

Pour le reste tu ne montres rien, tu nages juste dans l'arbitraire, c'est mieux parce que le héros est flingué ,tu poses ça comme postulat et on doit béatement le gober. Bah non. Je ne suis pas d'accord et j'ai juste posé ça, je ne te demande pas de le penser avec moi, je m'en fous ; simplement, je ne viens pas essayer de prétendre que mes affects sont meilleurs.

Ce n'est pas de l'arbitraire. Je t'explique ce que Lowery avait littéralement en tête. S'il pose une ambiguïté, c'est tout simplement par peur de la réaction générale. Mais une ambiguïté ne nie en rien une éventuelle unique et vraie fin. Elle est peut être posée tout simplement pour qu'on puisse la trouver.

Je vais simplifier encore mon propos : un setting de quête héroïque sans héros ne fonctionne pas structurellement. Il faut déconstruire et le héros et la quête ou pas mais on ne tente pas de faire les deux en même temps sans être bancal.

Il n'y a rien de bancal

Source des citations : https://www.google.com/amp/s/www.vanityfair.com/hollywood/2021/07/green-knight-ending-explained-does-he-die-gawain-dev-patel/amp

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 22:52:48

Donc oui c'était lâche de laisser une ambiguïté mais c'est pas pour autant qu'on doit considérer qu'il y a forcément deux fins

Lowery n'en a lui même qu'une seule en tête.

DevantJerusalem
Niveau 10
09 octobre 2021 à 23:31:31

La notice d'intention de l'auteur ne m'intéresse pas ; ce qui m'intéresse c'est un film et ce qu'il montre.

Factuellement, le film montre deux destins au héros. Que le réalisateur n'ait pas eu les couilles ou les moyens d'imposer sa vision, peu m'importe.

La critique d'art, ce n'est pas copier des communiqués de presse, c'est faire usage de sa capacité de juger.

De toute façon, en l'occurrence, ça ne change rien. La "bonne" fin de l'auteur sort du chapeau dans la mesure où la quête du héros n'est pas initiatique mais déconstruite. C'est ça que tu ne sembles pas prendre en considération et qui change par rapport à la quête traditionnelle du héros à laquelle tu voudrais abusivement rattacher le film.

Le problème c'est pas de voir un personnage chuter. C'est de voir un personnage uniquement chuter. Rien ne détermine le spectateur, dans le film, à accepter que le personnage embrasse finalement un destin héroïque. Parce que toutes ses quêtes sont des échecs qui ne lui apprennent rien avant ce retournement de veste final non assumé dans le film.

Et c'est cette asymétrie que je critique depuis le début.

Ce n'est pas de l'arbitraire.

Tu n'as pas compris ce que je dis ici. Toi, tu dis "Le déconstruire, c'est amener une force supplémentaire au récit.". Ce postulat est arbitraire. Tu as le droit de le porter comme jugement narratologique - même si c'est d'une immaturité extrême à mon avis - mais tu ne peux pas l'imposer comme un consensus de bonne foi, parce que c'est trop clivant pour ça.

Pelerinar
Niveau 36
09 octobre 2021 à 23:59:51

La notice d'intention de l'auteur ne m'intéresse pas ; ce qui m'intéresse c'est un film et ce qu'il montre.

Factuellement, le film montre deux destins au héros. Que le réalisateur n'ait pas eu les couilles ou les moyens d'imposer sa vision, peu m'importe.
La critique d'art, ce n'est pas copier des communiqués de presse, c'est faire usage de sa capacité de juger.

Ben c'est littéralement ce sur quoi je pose mon avis. Bien sûr qu'on s'intéresse à ce qui est montré mais dès lors où ce même réalisateur explique littéralement ce qu'il avait envie de faire, comment pourrais tu te lancer à la recherche d'un sens différent

Bien sûr que la fin est ambiguë. Mais cela peut pouvoir signifier tout simplement qu'une vérité est cachée. Ce n'est pas pour autant que cette vérité n'existe pas, en effet il l'explique littéralement qu'elle est la fin qu'il voulait.

Le problème c'est pas de voir un personnage chuter. C'est de voir un personnage uniquement chuter. Rien ne détermine le spectateur, dans le film, à accepter que le personnage embrasse finalement un destin héroïque. Parce que toutes ses quêtes sont des échecs qui ne lui apprennent rien avant ce retournement de veste final non assumé dans le film.

Et ben d'où ce propos que je t'ai sorti :

'''"Et on en revient donc a priori ce que je disais.
C'est le récit d'un homme sale, épris d'un désir ardent de grandeur. Il finira par se plonger en enfer dans le but d'y faire naître la vertu. Il n'y arrivera pas à aucun moment sauf à la toute fin lorsqu'il se rendra compte que le prix de cette vertu est sa propre vie

Comme le damné qui s'est plongé aux plus profonds de recoins de l'enfer pour se rendre compte que c'est uniquement par la mort, qu'il tendra à la sainteté."'''

Tu n'as pas compris ce que je dis ici. Toi, tu dis "Le déconstruire, c'est amener une force supplémentaire au récit.". Ce postulat est arbitraire. Tu as le droit de le porter comme jugement narratologique - même si c'est d'une immaturité extrême à mon avis - mais tu ne peux pas l'imposer comme un consensus de bonne foi, parce que c'est trop clivant pour ça.

Oui sur ce point j'ai extrapolé mais pas pour les autres

Oui rien nous montre Gauvain est prêt à se lancer dans une épopée héroïque. Mais c'est pas ce qu'il fait à la fin toute façon. A la fin du film, tout ce qu'il fait c'est se résigner à mourir pour éviter de contribuer à la chute d'un royaume dont il sait qu'il en sera la cause principale

Si on part du principe que la fin est ambiguë, soit Gauvain est un vrai héros car il se sacrifie pour le plus Grand Bien (en sachant que ce n'est que par sa mort que le Beau puisse demeurer) soit il n'est tout simplement pas un héros

Et ce pourquoi je ne comprends toujours pas ta critique de base qui était de dire qu'on arrive plus à écrire des héros aujourd'hui.

DevantJerusalem
Niveau 10
10 octobre 2021 à 06:23:40

Une oeuvre n'est pas le simple produit matériel de la volonté de son auteur, et en cinéma art collectif moins que dans tous les autres arts, c'est la base de la base de la théorie de la réception.

Pour le reste, ce n'est pas que tu comprends pas, c'est juste que tu n'es pas d'accord. Mais comme tu répètes en boucle la même chose à laquelle j'ai déjà répondu deux ou trois fois j'ai le sentiment qu'on a péniblement fait le tour.

Si tu veux voir une figure héroïque dans ce film en dépit de littéralement chacun de ses épisodes internes libre à toi.

Anacroniik-god
Niveau 10
10 octobre 2021 à 11:00:53

C'est super, je me suis fait censuré et ban mon message pour avoir dit qu'un Gauvin indo-pakistanais en représentation d'une légende arthurienne c'est stupide, merci la bien-pensance

DevantJerusalem
Niveau 10
10 octobre 2021 à 11:41:08

Ca aurait été bien oui de caster ce à quoi on imagine vaguement que serait censé ressembler un blanc d'il y a mille cinq cent ans pour pas qu'on se sente trop séparé du réalisme dans ce film où faut taper sur un homme arbre qui parle.

Mais faute de grives...

Mintoine
Niveau 3
10 octobre 2021 à 16:17:36

Personnellement je ne trouve pas que la fin soit ambiguë à cause des deux fins présentées car enfaite il n'y en a qu'une, l'autre n'est qu'une vision. Le personnage accepter sa mort et ça conclu son parcourt, il devient un héro.

Certes la fin est quand même ouverte ouverte car on ne sait pas si le chevalier vert le tue mais ce n'est pas important à savoir, la quête du héro est finie.

Après on peut argumenter sur l'intention de l'auteur mais quelque soit son intention, une fois qu'il a livré son œuvre, son interprétation appartient au public qui peut la faire en s'appuyant ou non sur les dires de l'auteur.

Sujet : The Green Knight - David Lowery
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