Blabla 18-25 ans

Un cor de guerre se fit entendre au loin. Enfin, ils arrivaient. Le galop furieux des chevaux les amenèrent bien vite jusqu'à nous. Je fis signe aux archers et snipers de se préparer.
Ils n'étaient plus très loin.
J'abaissais mon bras pour lancer le signal, une cohorte romaine dirigée par Janus-Pater se mit en formation, pour résister à la poussée des chevaux.
Le piège installé la nuit même fonctionna à merveille, la plupart tombèrent dedans, quelques autres réussirent à sauter par-dessus, cueilli en plein vol par des flèches et des balles.
L'armée romaine se révéla plus qu'efficace, réussissant à stopper la vague, pendant que d'autres sortaient des maisons afin de tailler les flancs ennemis.
King-Drogba hurla l'ordre de faire un maximum de prisonniers, ce qui se révéla aisé, cependant je restais sceptique. Comment ont-ils pu tomber si facilement dans notre piège ?

La bataille étant passée, j'allais voir King-Drogba pour voir l'état des prisonniers, et ceux qui étaient en état de répondre. J'en trouvais un, enchaîné dans un coin.
« Qui es-tu ?
-Fuzi0nAgain.
-Comment en êtes-vous arrivés à vous allier avec des musulmans pour faire la guerre ?
-...
-Réponds-moi, t'as plutôt intérêt à le faire, les romains seront beaucoup plus durs. Peut-être préfères-tu être battu de verges et finir crucifié ? Ça te rappelle quelque chose ? Bien, on va pouvoir avancer.
-N'es-tu donc pas au courant ? On a eu une révélation, comme Moïse autrefois ! Le buisson ardent Jean-Amassou, Dieu s'est exprimé ! Nos armées ravageront l'île et tueront les incroyants, c'en sera fait de vous, qui...
Je le remerciais de son témoignage, au travers de quelques droites dans la tronche pour satisfaire nos alliés romains qui regardaient la scène, tout en lui disant qu'il n'avait aucune connaissance des Ecritures. Commençant à comprendre ce qui pouvait se tramer ici, une reproduction assez mal faite du Projet Bluebeam, il me fallait partir au plus vite, pour rejoindre une plus grosse bataille, et retrouver Zozowok, vite.

Le soleil étirait l'ombre du cortège vers la froide obscurité de la nuit à venir. Pour ne pas attirer les soupçons, nous avions pris un itinéraire de retour différent, remontant un peu vers le Nord pour simuler un trajet de caravanier et nous descendions à présent par le champ de bataille vers le fort Al-Robotomi, où ses hommes l'accueilleraient avec le profond respect de la loyauté éprouvée.

Un lumière déchirait les dunes parmi la nuit. Robotomique semblait scruter les environs. Était-ce un camp des Petits Bras ? Au fur et à mesure que les dromadaires s'approchaient sans hâte, la tension s'évacuait : une monture pour deux hommes perdus dans le désert du Califat, s'ils venaient en armes, mon ami me montrerait que la stratégie de son fort se fonde tout autant sur l'accueil d'autrui que sur l'exploitation de cette lacune qu'ont les opposants de l'Islam. Mais quand il aperçut notre cortège pittoresque, l'un des deux hommes se leva et fit de grands gestes en criant dans notre direction.

Quand le vent eut fini d'absorber sa voix, nous réalisâmes sans descendre de nos dromadaires qu'il s'agissait de deux Chrétiens. Robotomique se présenta à eux sous le nom de Bad-Bill et leur expliqua avec calme que le vent fait bouger les dunes qui jamais ne se ressemblent ; s'ils ne connaissent ni son origine selon la période de l'année ni les étoiles dans le ciel, ils mourront ici sans même pouvoir revenir sur leurs pas. Nos dromadaires sont chargés de sel mais avec la promesse d'un achat et d'un retard dû au poids supplémentaire, ils peuvent négocier une place sur le cortège. Les deux hommes se décomposèrent sans parvenir à saisir l'ironie dans le regard braqué sur eux qui les mettait au supplice. Jean-Amassou décréta qu'il prendrait son cheval, DieuPardonne serait contraint de suivre à pied.

Une fois la route reprise, nous dévoilâmes nos identités respectives. Jean-Amassou semblait rendre Grâce d'avoir été sauvé de DieuPardonne. Je m'amusais que ce dernier n'ait pas été exilé ou tué après avoir fait transformé Merrino en mérinos, lui avouant durement à sa réplique prétentieuse que son ami été mort. Jean-Amassou saisit l'occasion pour parler du motif de sa venue inopinée, tant et si bien improvisée qu'elle l'avait mené de Charybde en Scylla.

Lourdement armé grâce aux rapines de King-Drogba, entraîné par Janus-Pater et sa garde prétorienne, le village avait remporté une victoire éclatante sur la coalition et, informé par un Fuzi0ngain — gonflé d'orgueil et de vengeance après avoir été molesté par ses frères protestants venus me sauver — que le buisson ardent permettait l'établissement du Royaume des Cieux et la paix entre les Hommes, Jean-Amassou avait été envoyé nous trouver pour mener un affrontement décisif. L'issue s'imposait à tous comme une évidence : en écrasant les Petits Bras au cœur de leur foi, les Bibliks se retrouveront isolés et les villages Chrétiens libérés du joug de la coalition. Impatient de rejoindre PeaceBeUponYou, l'agent de l'Alliance ne cessait de témoigner toute sa reconnaissance.

Les chefs de guerre s'étaient entendus durant une partie de la nuit sur la stratégie à adopter. Il était primordial d'utiliser à bon escient toutes les capacités militaires disponibles, aussi variées soient elles, et de les coordonner dans une bataille dont la seule issue acceptable était une victoire éclatante.

Il fut demander à tous de patienter encore une journée, simplement pour prendre le temps de faire les repérages essentiels sur le terrain, menés par Zozowok avec l'aide du dénommé Robotomique, un chef militaire des muslims. Pendant que ces deux hommes étaient partis en reconnaissance dans le but d'affiner les tactiques de combat, les païens passèrent la plupart de la journée à se défier à des jeux de lutte, et à se mettre en condition psychologique pour combattre. Le soir venu, à la nuit tombée, ils s'isolèrent un moment pour invoquer les Dieux et pour se donner force, courage, et détermination.

Chacun connaissait à présent sa mission à accomplir pour le succès de la bataille se présentant. Depuis le Nord, les cavaliers mèneraient l'assaut, bénéficiant d'un effet de surprise grâce au relief se trouvant devant le sanctuaire des petits bras. Les hommes à pied provoqueraient les sbires de l'EI regroupés au Sud, là où le combat serait le plus attendu et évident. Quant aux païens, ils devaient escalader la falaise puis les murailles menant à la citadelle discrètement, dans le but de l'investir, semer la confusion et ouvrir les portes au besoin.

Ainsi, les troupes des petits bras seraient encerclées et auraient à combattre sur plusieurs fronts, pris en tenaille. Lorsqu'il était temps de se mettre en marche pour partir au combat, PeaceBeUponYou alla trouver les païens pour leur signifier que l'heure était venue. Ce qu'il vit le laissa sans voix. Un groupe d'hommes, ainsi qu'une femme, tous torses nus et couverts de peintures rituelles, en armes, semblant totalement transcendés.

Jamais il n'eut l'occasion dans sa vie auparavant de croiser des regards aussi déterminés et sans aucune peur. Silencieusement, ils échangèrent un hochement de tête. Le groupe prit la route rapidement vers le sanctuaire des Petits Bras et gagnèrent la falaise au bout de quelques heures, guidés par les étoiles et illuminés par la Lune bientôt pleine.