Excellente fic !
Hâte de voir la suite.
@Oisivete et @liverstatu
Merci :D
Dorénavant les chapitre qui contient des trucs potentiellement graphique ou choquant auront un petit avertissement au début et un résumé à la fin dans un post à part pour que la lecture ne soit pas obligatoire.
Celui-ci en fait partie. Même s'il ne se passe pas de choses terriblement choquants je préfère faire ça.
Chapitre 3:
Fidget se réveilla le lendemain matin, reposé pour la première fois depuis si longtemps… Le soleil était déjà haut dans le ciel, il pouvait le voir aux puissants rayons qui se frayaient un chemin à travers les interstices de la vieille bâtisse. Lui qui était habituellement debout avant l’aube avait perdu l’habitude de dormir tard, et de se réveiller lentement et tranquillement. Là, entre le sommeil et l’éveil, il pouvait être qui il voulait. Le monde perdait son emprise sur lui. Là, dans cet endroit béni, il pouvait s’imaginer dans une cabane au fond d’un bois, profitant de quelques dernières minutes de somnolence avant de se préparer à arpenter des chemins montagneux pour profiter de l’air pur et d’une vue imprenable sur une vallée, taillée au fil des ans par une vive rivière qui coulait en son centre. Son regard se perdait dans les grains de poussière dorés par le soleil qui virevoltaient ça et là, imitant le ballet hypnotisant des étoiles distantes, alors que son esprit vagabondait au loin, loin de cette vie éreintante et de ce monde obscur. Et, aussi, il avait chaud. Cette douce sensation de chaleur qui lui manquait tellement dehors sur le béton froid. Sa vision changea, et désormais il se trouvait sur une chaise longue, le bruit des vagues parvenant à ses oreilles alors que le soleil venait faire briller sa fourrure d’or, et qu’une petite brise lui caressait la peau en luttant contre la chaleur de l’astre. Sa crinière royale bougeait au vent, et il était pris d’une grisante sensation d’euphorie. Parvenant faiblement à ses oreilles, une douce voix l'appelait.
Finalement, il sentit qu’on lui prenait le bras, et il ouvrit les yeux pour apercevoir le visage de son hôtesse au dessus du sien.
“Ah, tu es réveillé. Tu dormais comme un bébé alors je n’ai pas voulu te déranger, mais la journée est déjà bien entamée.
-Vous avez bien fait” Répondit le lion d’une voix pâteuse en se frottant les yeux. Puis il se redressa sur son lit, arrangeant la couverture pour avoir une tenu décente. À cela la vieille fit un sourire amusé et dit.
“Pas la peine de te cacher, tu n’es pas le premier beau jeune homme que je vois en petite tenue.” Avant que Fidget n’ait le temps de répondre, elle enchaîna, plus sérieuse mais d’une voix toujours tendre. “Tu te doutes bien qu’héberger autant de monstres est une activité plutôt fatigante pour un vieux couple comme nous. Ainsi, nous demandons à nos pensionnaires de nous rendre certains services. Une sorte de travail.
-Hum… Oui je- ça me semble logique” Répondit le lion. En effet donner refuge à ce nombre de personnes ne devait pas être chose facile, et il lui semblait normal de payer une sorte de rétribution. Bien faible prix étant donné qu’il était logé, nourri, et pouvait garder sa liberté.
“Étant donné que c’est ton premier jour parmi nous, tu peux le passer à reprendre des forces. Mais j’aimerais que quelqu’un te fasse visiter et t’explique en quoi consisteront tes tâches.” Fidget hocha la tête. “Betty? Viens s’il te plaît.” À ces mots, une monstre aviaire entra dans la chambre. Ses plumes d’un blanc éclatant semblaient briller dans la pièce, et son port altier contrastait avec le corps arqué de l’humaine. En somme, la jeune colombe en face de lui était pour le moins très séduisante, et ses vêtements suggestifs n'arrangeait rien. Betty lui fit un sourire, puis s’approcha pour le saluer. Salutations qu’il lui rendit en détachant difficilement ses yeux de leur contemplation.
“Je vais vous laisser. Faites comme chez vous.” Dit la vieille femme en sortant, fermant la porte derrière elle.
“Donc t’es le nouveau hein?” Dit la colombe après un court silence. “Heureuse de te rencontrer.
-La même” Répondit Fidget. “Alors, comment ça marche ici?
-Habille toi que je puisse te montrer.”
Le lion attendit quelques instants, puis, voyant que la colombe restait tournée vers lui, il lui fit un petit signe de la main et dit “Tu peux… Tu sais, te retourner quoi?
-Chochotte, tu serais pas le premier que je vois à poil.” Dit-elle avec un petit rire en se retournant.
“T’es la deuxième à vouloir me voir à poil ce matin” Répondit Fidget en enfilant quelque chose “Je me suis fait sauver par un groupe d'accros au sexe ou quoi?” Ajouta-t-il sur un ton rieur. Betty ne répondit pas. Une fois qu’il fut finalement habillé, elle l'entraîna hors de la pièce.
Une fois dehors, il put détailler davantage la cave décrépie où il passerait désormais le plus clair de son temps. Les murs étaient faits de béton nu, et des ampoules pendaient çà et là pour prendre le relais sur le soleil quand celui-ci ne pouvait plus filtrer au travers des ouvertures en haut des murs. L’endroit était assez calme, et le groupe de monstres assis à la grande table centrale se tut au moment où il fit son apparition. Personne ne lui adressa la parole, et régnait seulement regards en coin et silence pesant, il lui restait encore beaucoup à faire pour s’intégrer. Mais ces regards furtifs étaient plus pudiques que provocateurs, et il ne doutait pas que les autres résidents seraient d'excellents camarades ; après tout, les temps durs forgeaient les meilleures amitiés.
“Ici, c’est le salon, et accessoirement la pièce centrale de nos quartiers. Tu es libre d’y faire à peu près tout, du moment que tu ne dérange personne” Dit Betty en embrassant la pièce de ses grandes ailes radieuses. Puis elle lui glissa, avec un clin d’œil. “Et pas de sexe dans les chambres, beau gosse.
-Si tout le monde matte autant que toi ça va être dur.” Rétorqua Fidget en lui rendant son clin d’œil.
“Tu as sûrement pas remarqué hier, mais le bâtiment est en fait un hôtel, donc on a de la place. Suis moi je vais te montrer les vestiaires.
-Les vestiaires?
-Madame Thériault nous fait travailler dans son hôtel, c’est le service dont elle t’as parlé.
-Je vois.” Acquiesça Fidget en entrant dans une salle qui ressemblait comme deux gouttes d’eaux à des vestiaires de sport. Le sol était fait de dalles en plastique beige, penchée pour orienter un quelconque liquide vers une grille d’évacuation, des bancs en occupaient le milieu, et des casiers en fer ornaient les murs, possédant chacun une petite étiquette au nom de son possesseur.
“L’allée de gauche c’est pour les hommes, et celle de droite les femme.” Précisa Betty en l’entraînant dans celle de gauche. Puis elle lui pointa un casier en lui donnant une clé, dessus était écrit le nom du lion sur un bout de papier dactylographié. Décidément, la maîtresse des lieux ne perdait pas de temps.
“Change toi, et promis cette fois je te regarde pas dans le reflet du miroir” Dit la colombe en s’éloignant vers le bout de l’allée, faisant résonner le claquement de la porte qui se referma derrière elle.
Le lion enfila rapidement ses nouveau vêtements, une tenue classique d’employé hôtelier. La taille était un peu grande, mais ce nouveau confort lui permettrait sûrement de regagner un peu de corpulence. Il restait cependant un objet qu’il regarda avec dégoût et incompréhension.
“C’est quoi ce collier?” Demanda-t-il rudement en le jetant dans les bras de l’oiseau alors qu’il émergeait à peine des vestiaires.
“Calme toi. C’est pour imiter les vrais.
-Et pourquoi on a besoin de ça?
-Parce qu’on se déplace en plein jour et à la vue de tous, génie. Les clients feraient instantanément fermer cet endroit s’ils nous prenaient sans, et on finirait tous dans les camps.” Répondit-elle en soupirant. “On en porte tous, pas la peine d’en faire tout un plat” Ajouta-t-elle en tirant sur son col, révélant la copie qui enserrait son cou, pliant les plumes qu’il couvrait.
“Et qu’est-ce qui me dit que c’est pas un piège?” Dit Fidget, méfiant. “Après tout ça pourrait très bien être un vrai, et on pourrait t’avoir ordonné de mentir.”
Sans rien dire, Betty détacha son collier et l’agita devant le visage du lion. “Tu sais très bien que je serais morte sur le champ si c’était un vrai, allez enfile ça et viens.” Fit-elle en lui rendant le sien, qu’il équipa en bougonnant. Cela ne lui plaisait pas, mais elle avait raison : c’était une mesure de discrétion indispensable, et s’il se faisait prendre sans… Dieu sait ce qu’il adviendrait de lui…
Elle le mena vers une volée de marches qui reliaient le sous-sol et la réception. La décoration était bien plus raffinée, bien qu’assez sobre. C’était un hôtel de banlieue, et le papier peint chatoyant ne parvenait pas à masquer le manque de moyens flagrants. Mais l’endroit dégageait néanmoins un certain charme. Un monstre était à la réception, et il ne leur accorda qu’un regard en guise de salutation étant donné qu’un client accaparait son attention.
“Le boulot est pas très compliqué. Si t’es affecté à la réception, tu fais le check-in. La restauration tu sers les plats, l'entretien le ménage, enfin tu saisis. Normalement on tourne assez souvent, mais certains sont plus… aptes à certains travaux…” Dit-elle avec un ton amer au fond de la voix, comme si ces mots lui arrachaient les lèvres. Son sourire revint néanmoins en un battement de cils. “Jack, là-bas à la réception par exemple. Il fait assez humain, donc le rapport au client est plus simple. Toi…” Dit-elle en le parcourant du regard. “Ça pourrait le faire, mais c’est la v- Madame Thériault qui choisis de toute façon.
-Ok, de toute façon je devrais pouvoir me débrouiller un peu partout.
-Super.” Répondit Betty en se dirigeant vers les couloirs qui menaient aux chambres. L’endroit n’était pas si large que ça, seulement une dizaine, peut-être une quinzaine, de chambres par étage sur quatre niveaux. Mais elles étaient plutôt spacieuses, ou du moins il le lui semblait, cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas habité un endroit aux proportions normales… Par rapport à sa tente l’endroit était un palace en tout cas. La colombe lui montra l'intérieur des chambres, et lui expliqua plus en détail ce qu’il devrait faire.
Partout où il passait, les conversations entre les autres résidents s’arrêtaient net, et tous les regardaient, chacun à sa façon. Certains étaient accueillants, d’autres au contraire le fixaient d’un mauvais œil. Il y avait des regards curieux, et des regards compatissants. Fidget mit cela sur le compte de sa condition de nouvel arrivant : tous le jugeaient, essayaient de percer le sourire plaqué sur son visage afin de faire bonne impression. Mais au fur et à mesure que la journée avançait, le lion commençait à avoir la désagréable impression que quelque chose n’allait pas rond. Il ne pouvait mettre le doigt dessus, mais des monstres qu’il avait déjà vu plusieurs fois aujourd’hui le fixaient tout aussi intensément que s’il les rencontrait pour la première fois, les conversations mouraient autour de lui, sans exception, et Betty avait l’air de lui cacher quelque chose derrière son sourire forcé.
Finalement, ce fut au détour d’un couloir qu’il eut sa réponse.
Alors que la colombe continuait de lui expliquer tout un tas de choses avec le même entrain que plusieurs heures auparavant, ils passèrent devant une chambre d’où sortait à moitié un humain. Accoudé, si on pouvait qualifier comme telle la pose qui trahissait son ivresse, au cadre de la porte, il les fixait depuis le bout du couloir, plus particulièrement Betty.
“Hey, toi, l’oiseau là. J’ai un problème dans ma chambre, viens voir ce qui se passe” L’interpella-t-il d’une voix pâteuse et entrecoupée de hoquets.
“Si vous avez un quelconque problème c’est l'accueil qu’il faut contacter monsieur. Vous pouvez le fai-
-Non, toi viens voir” Coupa-t-il Betty qui s'efforçait de garder un ton professionnel. Il la lorgnait si intensément qu’une aura de luxure semblait s’échapper de lui, alors que la colombe répondit, une pointe d’inquiétude au fond de la voix.
“Je ne peux pas vous aider monsieur, il faut vraiment que vous contactiez-
-Je peux venir voir” La coupa Fidget, qui tentait de sauver son amie de ce qu’il voyait arriver avec une certitude que seule l’expérience peut conférer. Il avait vu ce sort arriver à tellement d’entre eux, et s’il pouvait l’en épargner…
“Non, je veux elle.” Rétorqua l’homme. “Au prix que j’ai payé, j’ai encore le droit de choisir. Et puis j’suis pas pédé.”
Betty, tentant de rester ferme, prit à nouveau la parole. “Veuillez utiliser le téléphone dans votre chambre pour joindre la réception.
-T’es pas perspicace dit moi” Répondit l'homme d’une voix malsaine. “Dans ma chambre. Maintenant.
-Monsieur-
-C’est. Un. ORDRE!” S’emporta-t-il, faisant sursauter Betty qui se raidit instantanément. La peur se voyait sur son visage. Elle savait ce qui allait se passer. Ils savaient tous ce qui allait se passer. Une larme perla au coin de son œil alors qu’elle fit un pas mécanique, robotique, sans âme, en direction de la porte. Fidget tenta de s’interposer entre elle et lui “Elle vous a dit d’appeler-” Commença-t-il avant que l’homme ne lui assène une violente torgnole au visage qui l’envoya voler contre le mur d’en face, sonné.
Il pu voir comme à travers un rêve la colombe entrer dans la chambre, l’homme faire un sourire dégoulinant de perversité avant de fermer la porte. La dernière chose qu’il pu voir fut son autre main qui agrippa les fesses de Betty, lui arrachant un cri surpris et terrifié.
Fidget ne voyait plus rien. Mais il entendait. Les bruits, le pire était les bruits. Il aurait pu fermer ses yeux, il aurait pu enfouir son visage dans ses mains afin de se soustraire à cette vision répugnante, mais il ne pouvait rien pour les sons.
Là, impuissant, au sol dans le couloir, il entendait le lit frapper contre le mur. Fort. Et son esprit se représentait malgré lui ce qui se passait dans la pièce. Aux murs tremblants vinrent s’ajouter les sanglots, les cris, les supplications. Les grognements de plaisir. Il entendait sa voix, à elle, emplie de larmes. Il voyait son doux visage ravagé par la peur, la douleur et le dégoût. Ses plumes pures souillées par un humain sans âme. Et il entendait sa voix à lui, et c’était la pire voix qu’il lui ait été donné d’entendre. Elle était sale, elle transpirait le vice et la luxure. Et ses remarques, ses remarques que Fidget ne voulait pas entendre.
“T’aime ça hein salope.”
“T’es tellement large qu’on pourrait rentrer à cinq là dedans. Je suis pas le premier à passer hein.”
“De toute façon les monstres vous valez rien de plus que ça. Vous êtes des merdes, t’es qu’une pute, encore moins que ça, t’es moins qu’une pute. Tu me dégoutte salope.”
Mais ce n’était pas tout. Les bruits de chair venaient lier le tout, donner le tempo à cet orchestre macabre, infernal et vicieux. Il entendait ces claquements répugnants, qui lui donnaient envie de vomir.
Et le pire, pire que tous les bruits et toutes les visions du monde, c’était l’impuissance. L’impuissance qu’il ressentait en cet instant précis. Il ne pouvait qu’être témoin de l’horreur qui se déroulait derrière ce mur. Et il en vécu chaque minute. Chaque minute qui passait était une heure de souffrances en plus. Chaque tremblement des murs était une épine de plus qui venait se planter dans son âme et qui lui rappelait l’impuissance de sa race. Qui lui rappelait que même libres ils n’étaient rien de plus que de vulgaires proies pour des êtres pervers comme lui.
Finalement, le spectacle macabre s’arrêta dans un dernier grognement, et Betty sorti de la pièce. Ses vêtements étaient froissés, certains déchirés. Son visage était couvert de larmes, et ses yeux enflés et injectés de sang. D’ailleurs, des gouttes de sang s’écrasaient sur le sol sous elle, perlant probablement de son entrejambe. Ses plumes étaient pliées, arrachées par endroits, et elle parvenait à peine à marcher droit, comme une morte qui serait obligée de vivre. Ses pas s'enchaînaient, l’un après l’autre, plus mécaniques que jamais. Et, à travers ses larmes, Fidget pouvait voir clairement que la vie avait quitté son amie. Elle ne souriait plus, elle ne parlait plus, elle ne faisait même plus semblant.
Et le lion réalisa. C’était cela qu’elle lui cachait depuis le matin? C’était cela la raison pour laquelle personne n’osait parler devant lui, pourquoi on le regardait ainsi. Et si.. Et si ce n’était pas un cas isolé? Fidget fit le lien entre les paroles du porc et ce sentiment que quelque chose n’allait pas. Et alors que son choc atteignait son paroxysme, il entendit Betty prononcer deux mots faibles, fébriles, comme si elle avait dû mettre toute sa force dans ces quelques mots.
“Suis moi.
-Tu veux de l’ai-
-Non.”
Puis elle se dirigea vers la cage d’escalier, toujours à ce rythme mécanique, régulier, implacable. Betty se comportait comme une machine sans âme, qui avait perdu la grâce du vivant. Sa démarche n’était plus colorée et enjouée, mais monotone et grise. Elle le mena sur le toit du bâtiment, sûrement le seul endroit où ils pourraient être seuls, et où ils n’auraient pas à craindre d’être écoutés.
Dehors la journée touchait à sa fin. Le soleil brillait fébrilement, inondant le ciel d’une lueur sanglante. Ils s’assirent sur un rebord en béton, contemplant en silence le spectacle grandiose et macabre qui se jouait devant eux. La mort du soleil, cette pièce si répétitive et pourtant unique qui se jouait chaque jour prenait une toute nouvelle signification. Fidget n’osait prendre la parole, ne sachant à quoi pensait son amie. Finalement, celle-ci alluma une cigarette et tira une longue bouffée de fumée mortelle avant de prendre la parole d’une voix morne et sans vie.
“La prostitution… C’est ça le travail que la vieille conne exige de nous…” Son visage était tourné vers l’horizon, si bien que le lion ne pouvait distinguer son expression, mais sa voix était tout aussi claire.
Alors il avait raison, ce qui venait de se passer, cette abomination était chose courante ici. Un profond dégoût s’empara de lui, encore une fois les humains illustraient leur vice et leur folie. À nouveau ces traîtres s’étaient fait passer pour des alliés pour mieux les poignarder dans le dos et exercer leur domination. Cela lui donnait envie de vomir.
“La première fois…” Dit la colombe, coupant court aux pensées du lion. “La première fois c’était… On m’avait mit au courant, on m’avait donné le numéro de la chambre et… j’avais faim, j’avais froid, j’avais peur, alors je l’ai fait. J’ai sacrifié qui j’étais. Je pensais que ce serait juste l’affaire de quelques minutes, que ce ne serait qu’un mauvais moment à passer, bien dérisoire par rapport à ce que j’obtenais en échange. Quelle conne.”
“La première fois… c’était horrible. J’ai souffert, à la fois mentalement et physiquement. Il était sauvage, encore plus que celui de tout à l’heure, et j’ai porté les marques de ses assauts pendant des semaines. Mais les coups finissent pas cicatriser. Ce que j’avais perdu ce soir là ne reviendra, lui, jamais.
-Et pourquoi est-ce que tu es restée, pourquoi est-ce que tout le monde reste?
-Tu as vu comment c’est dehors. Et si on se faisait prendre, on subirait bien pire. Alors beaucoup ont juste, abandonné... Ils ont abandonné qui ils étaient, j’ai abandonné qui j’étais, pour… ça. Pour rester libre, et encore, c’est juste de l’esclavage sous une autre forme. Mais j’ai toujours cette illusion que, si je le voulais, je pourrais partir.
-Alors fais le, tu ne peux pas rester ici. Tu n’as pas de collier, tu as le droit de choisir ce que tu veux faire de ta vie, tu vaut mieux que ça.
-Sûrement Fidget, sûrement… Mais… C’est comme cette merde” Dit-elle en pointant la cigarette qu’elle tenait “On croit qu’on peut arrêter, on sait que c’est dangereux pour nous, ça nous dégoûte. Mais la vérité, c’est qu’on ne peut pas.”
“Toi par contre” Ajouta-t-elle en posant son doigt sur la poitrine du lion “C’est pas encore trop tard. Barre toi d’ici, fuis pendant que tu le peux encore. Fuis avant que la peur d’être capturé et la pauvreté ne te paralysent et ne te fassent accepter des choses inhumaines qui te dégoûtent et qui détruisent ton âme.
-Viens avec moi” Répondit-il. Betty se tourna vers lui, un sourire tendre malgré ses larmes et ses plumes emmêlées.
“T’es con. Je t’ai dit que c’était fini pour moi. Je vaut plus rien, et j’ai pas la force de faire ça. Je vais juste rester ici, à continuer de subir tout ça jusqu’à ce qu’une descente de flics nous emporte tous… Pars d’ici Fidget, s’il te plaît, ne fait pas la même connerie que moi
-Je comprends pas pourquoi tu-
-Y a rien à comprendre. Je me comprends pas moi même…”
Elle se leva ensuite, et avança jusqu’à la séparation avec le bâtiment d’à côté, s’arrêtant juste devant comme si une frontière invisible l’empêchait de passer.
“Va par là, va-t’en aussi loin que possible. Fuis cet endroit de merde, et essaye d’en trouver un mieux, un qui vaille le coup.”
Fidget la rejoint, et enjamba le minuscule muret de quelques centimètre de haut. Elle avait raison, il devait partir. Il ne pouvait pas rester juste pour essayer de la convaincre de partir elle aussi.
“Viens avec moi, tu peux pas rester là…” Tenta-t-il une dernière fois. Mais Betty ne prononça pas un mot, se contentant de secouer la tête.
Alors, le lion l'enserra dans ses bras, étreinte qu’elle lui rendit immédiatement. Son corps sembla se détendre au contact du sien, perdant cette rigidité cadavérique qui avait prit possession d’elle. Les deux se laissèrent aller à pleurer, tentant de se conforter l’un l’autre.
“T’es conne…” Lui dit finalement Fidget, la voix serrée par les larmes.
“Je sais…
-J’espère qu’un jour tu quittera cet endroit.
-J’espère aussi...” Conclut-elle, avant qu’ils ne se séparent et partent chacun dans leur direction. Lui vers un futur incertain, où il pourrait connaître à la fois la mort et la joie. Un futur dont il n’était pas maître, mais où il était libre, et qu’il pourrait orienter. Quant à elle, Betty repassa les portes de cet énième enfer, retournant à sa vie d’esclave libre. Elle inventerait quelque chose, dirait qu’il avait fui alors qu’elle ne le regardait pas. Elle serait sûrement punie, mais s’en moquait. Elle avait déjà tout perdu, elle se dégoûtait déjà suffisamment pour que plus de “travail” ne lui fasse ni chaud ni froid, du moins essayait-elle de s’en convaincre. Mais, pour la première fois depuis qu’elle était ici, elle se sentait bien, elle se sentait fière ; elle était heureuse d’avoir pu épargner à quelqu’un le sort terrible dont ils étaient tous victimes.
Résumé :
Fidget se réveille après une nuit réparatrice dans son nouveau refuge. La femme à qui l'endroit lui appartient lui apprend qu'il va devoir travailler pour payer en quelque sorte sa place, et appelle Betty, une monstre oiseau semblable à une colombe qui loge là pour lui faire visiter et lui apprendre en quoi son travail consiste.
En réalité l'endroit est un hôtel, et le travail des monstres consiste en celui d'employés d'hôtel. Fidget met donc un uniforme qui comprend un faux collier pour ne pas griller leur couverture, et suis Betty qui lui explique comment les choses fonctionnent.
Mais au cours de la journée, ils tombent sur un client ivre qui force Betty à venir dans sa chambre et en profite pour la violer tandis que Fidget reste impuissant dehors à entendre son amie subir ça.
En sortant elle l’amène sur le toit de l'hôtel et lui révèle qu'en réalité la maitresse des lieux les force à se prostituer, et que le reste du travail n'est qu'une couverture. Elle l'implore également de fuir tant qu'il le peux. Il lui demande de venir avec lui, mais elle refuse, disant qu'elle n'ose pas courir le risque d'être capturée et qu'elle préfère encore subir ça, même si ça la dégoutte.
Puis les deux se disent adieu alors que Fidget part au loin et Betty retourne dans l'enfer qu'est l'hôtel.
Désolé encore une fois pour l'attente, mais vacances obligent j'ai peu de temps pour écrire :/
Les commentaires et suggestions font toujours plaisir, et n'hésitez pas à en laisser :D
LA SUITEUH D;
Tu veux que j'te dise quoi comme commentaire wsh ? :c
Que c'est toujours aussi bien et toujours aussi bon à lire ? ;w;
Le 10 juillet 2017 à 18:49:58 UndyingUndyne a écrit :
LA SUITEUH D;
Tu veux que j'te dise quoi comme commentaire wsh ? :c
Que c'est toujours aussi bien et toujours aussi bon à lire ? ;w;
Je swui dakor
C'est malsain, horrible, choquant, affreux... en résumé, j'adore! Vivement la suite
C'est encore plus sombre que la voix de Crab
Excellent !
La zoophilie devait bien intervenir à un moment ou à un autre ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Sinon excellent chapitre. Dans un monde aussi sombre que celui que tu as créé, les scènes de violence extrême sont très importantes, et je dois t'avouer que j'attendais avec impatience le moment où tu t'y essayerais et où tu échouerais lamentablement. Malheureusement, ce fut une réussite complète et je n'ai donc rien à redire dessus, félicitations fdp. On a bien ressentit toute l'horreur de la scène dans toute sa grandeur. Cependant j'aurais toujours un truc à te reprocher ( ͡° ͜ʖ ͡°) , j'aurais bien aimé une description un peu plus poussée de ce que ressent Fidget. Certes, on comprend son sentiment d'impuissance, mais les autres émotions telles que le dégoût ou le désespoir lorsqu'il comprend la situation ne sont pas aussi bien retranscrises. Mais encore une fois, je chipote.
Dans ce chapitre, les descriptions des personnages étaient satisfaisantes, continue comme ça ! askip faire des critiques purement positives c'est sympa aussi ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Sinon, concernant ta fic en général, la psychologie des personnages est très détaillée et précise, ce que je trouve absolument génial et très bien écrit, en particulier dans ce chapitre. Les dialogues sont eux assez bien écrit, mais améliorables. 18,5/20 pour ce chapitre ces notes qui servent a rien ( ͡° ͜ʖ ͡°) mais j'aime bien donc tg ( ͡° ͜ʖ ͡°) .
@Undyne
Nan c'est bien ça =D Ou alors des coms comme Xei (aka pavé-man)
@Steelar et liverstatu
Merci =D
@Gamopli
C'est possible ça même? ( ͡° ͜ʖ ͡°)
@Oisivete
C'était exactement le but recherché donc je suis super heureux et satisfait que ça ait réussi! =D
@Xei (ça va être long ( ͡° ͜ʖ ͡°))
fuck you ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Merci? J'imagine? ( ͡° ͜ʖ ͡°) Après c'était assez "facile" comme scène, et j'ai de l'expérience dans le viol. (grâce au rp hein va pas imaginer des trucs ( ͡° ͜ʖ ͡°))Nan c'est bien les reproches, ça permet d'en tirer des choses. Oui forcément j'aurais pu passer des centaines de lignes à décrire les sentiments, mais une fic ça peut pas être parfait ( ͡° ͜ʖ ͡°) C'est pas comme un roman que tu peux peaufiner : une fois que c'est posté c'est trop tard pour changer des trucs. Donc y a sûrement plein de petits "manques" comme ça, et y en aura sûrement aussi à l'avenir.
Ah, c'est super étant donné que j'y ait pas accordé plus d'attention que ça Le talent mon bon monsieur ( ͡° ͜ʖ ͡°)Askip ouais ( ͡° ͜ʖ ͡°)
C'est super aussi ça J'espère que je vais réussir à garder cette fibre à l'avenir, mais quand j'ai écrit j'avais un rush d'inspi donc ça aide beaucoup ( ͡° ͜ʖ ͡°) Et les dialogues c'est vraiment pas mon fort malheureusement, donc j'espère que je vais réussir à les garder pas trop mauvais ni clichés Ftg tu pourras pas faire mieux que mon 20 au bac ( ͡° ͜ʖ ͡°)( ͡° ͜ʖ ͡°)( ͡° ͜ʖ ͡°)
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Sinon petite note à part, je viens seulement de rentrer de vacances, et j'ai pas encore entamé l'écriture du prochain chapitre, donc je sais pas trop quand il sortira, désolé pour l'attente :s (En plus je suis pas méga inspiré donc c'est relou ( ͡° ͜ʖ ͡°))
Wow, il aura mit du temps à sortir celui là, presque deux semaine :/
J'ai pas pu travailler dessus de toute la semaine dernière car j'étais pas chez moi, et comme ça prend plusieurs jours d'écrire et de relire et tout ça bah...
M'enfin, au moins il est là, et un peu plus long que les autres pour me faire pardonner.
Les commentaires sont toujours fortement appréciés
Chapitre 4 :
Victor ouvrit les yeux, comme chaque matin, dans un lit froid et trop grand pour lui. Les couvertures de soie l’écrasaient sur son matelas moelleux, et les rayons chatoyants du soleil venaient caresser son visage pâle après s’être frayé un chemin dans sa chambre nacrée impeccable, brillant ici et là de plaquages en or. Il balança son bras sur l’autre oreiller, vide, comme depuis toujours. Le jeune humain laissa échapper un long soupir, ses pensées noires ayant repris leurs assauts dès qu’elles se rendirent compte qu’il avait quitté les terres bénies d’insouciance du sommeil, lieu chéri qu’il parvenait de moins en moins à atteindre. Il fit valser ses jambes par-dessus son lit, écartant les couvertures d’une main et s’aidant de l’autre pour se lever. Victor s’empara rapidement du peignoir vermeil où étaient cousues ses initiales en fil d’or et en couvrit sa chair de poule. Il s’approcha ensuite de l’immense baie vitrée qui ornait le mur de sa chambre, et passa sur le balcon attenant, s'appuyant sur la barrière faite d’un métal noble façonné d’une main de maître. Il contempla la ville en contrebas de l’immeuble où il se trouvait, le plus haut de tous. V.C. ; Victor Copperheinmer, le fils du mégalomane qui s’était approprié le monde en plus d’une race entière, contemplait la ville qui appartenait désormais à sa famille. Le jeune homme se frotta les yeux du bout des doigts, essayant de faire reculer la migraine qui le prenait à chaque fois qu’il pensait à son père. Les rayons du soleil ne parvenaient pas à stopper ses frissons, alors il retourna s’allonger, broyant du noir dans sa chambre immaculée. Comme trop souvent, ses pensées allèrent à son dégoût pour les actes de son père, valsant avec sa culpabilité latente, le tout au rythme de la musique jouée par la peur et le désespoir que l’homme lui inspirait. Seule lumière d’espoir chassant les ténèbres festoyant était l’attente du jour, qu’il attendrait probablement toute sa vie, où Oscar Copperheinmer quitterait ce monde, et où lui, Victor Copperheinmer, fils du plus vil humain n’ayant jamais foulé la terre, pourrait mettre un terme à ces décennies d’horreur et de misère. Cette perspective d’avenir était la seule raison pour laquelle il vivait. C’était, finalement, sa raison de vivre, sa motivation qui le poussait à affronter ces journées vides et ces nuits froides. C’était la clé qui lui permettait d’enfermer ses idées noires au fin fond de son esprit.
Victor ne faisait pas grand-chose de sa vie. Il n’était pas particulièrement doué dans ses études, et son corps frêle le dispensait d’office de toute activité physique. Il n’était pas non plus spécialement extraverti ; préférant l’intimité de sa chambre vaste et vide aux soirées mondaines exiguës et bondées auxquelles il était forcé d’assister. En somme, il était tout l’opposé de son père : Simple, calme, gentil et, surtout, antispéciste. C’était probablement sa plus grande différence avec son géniteur, et rien ne saurait illustrer l’intensité de l’opposition qu’ils partageaient à ce sujet. Et cela n’était pas un secret, les deux se disputaient très souvent sur ce sujet ; dès qu’un esclave était maltraité, ou, au contraire, trop bien traité. Victor, en toute cohérence avec ses convictions, refusait de traiter les monstres à leur service comme de vulgaires moins que rien tout juste bons à assouvir leurs désirs. Et même s’il aurait pu vivre une vie “parfaite”, à l’abri du besoin et avec une cohorte d’esclaves prêts à exaucer ses moindres désirs, il s’y refusait. Il n’avait d’ailleurs aucun serviteur personnel, au grand désarroi de son père qui le traînait régulièrement au marché aux esclaves dans l’espoir d’enfin le raisonner.
Le grincement de la porte de sa chambre le sortit de ses pensées alors qu’un lézard humanoïde entrait.
“Votre père désire vous voir maître Victor.” Dit-il en faisant la révérence.
“Merci de m’en avoir informé…” Soupira le jeune homme “Vous n’êtes pas obligé de me parler comme ça vous savez.
-En effet, vous me l’avez déjà dit. Mais l’ordre vient de votre père, et vous connaissez l’étiquette qu’il nous for- demande de respecter.” Répondit le lézard, une diode verte clignotant au niveau de son cou.
Victor laissa échapper un grognement, et suivit le monstre hors de la pièce après avoir enfilé des vêtements pris au hasard dans une armoire ; l’avantage d’une garde-robe composée uniquement de jeans et de T-shirts était qu’il gagnait un temps fou lorsqu’il devait choisir une tenue.
“Ah, Victor! Comment tu vas?” Lui demanda son père d’une voix enjouée à peine fut-il rentré dans le salon luxueux où il attendait, vêtu d’un costard impeccable et taillé à la perfection. Oscar Copperheinmer était l’archétype du riche patron d’entreprise : droit, bien habillé, et hypocrite à en crever.
“Père.” Le salua Victor. “Comme chaque jour.” Ajouta-t-il froidement, d’une voix où ne perçait aucune émotion.
“J’ai pensé qu’on pourrait faire une activité père-fils divertissante aujourd’hui...” Commença-t-il, et sans avoir besoin d’écouter la suite Victor savait déjà ce qu’il allait lui proposer. Ou plutôt ce qu’il allait le forcer à faire, comme à chaque fois.
“Je te l’ai déjà dit mille-fois” Le coupa-t-il. “Je ne veux pas d’esclave.” Dit le jeune homme en insistant sur chaque mot.
“Je sais. Mais on sait jamais, tu pourrais changer d’avis.
-Non.
-Victor… Tu me déçois. Tu ne veux pas faire plaisir à ton père?
-Certainement pas.”
Oscar le regarda dans les yeux quelques instants, engageant un véritable bras de fer qu’il était sûr de gagner, comme toujours. Victor faisait mine de résister, mais les deux savaient très bien qu’au fond il était terrifié par son père. Puis celui-ci dit d’une voix autoritaire, gardant toutefois son sourire de platine.
“Ce n’était pas une question. Tu. Viens.”
Et, avant qu’il n’ait le temps d'émettre une protestation, Victor se retrouva assis tout au fond du siège arrière d’une des nombreuses voitures de luxe de son père, roulant droit en direction du plus grand marché aux esclaves de la ville. Oscar adorait se rendre là-bas, et son fils ne doutait pas qu’il prenait un grand plaisir sadique à observer les monstres emprisonnés et misérables. Du lèche vitrine pour milliardaire cruel en somme.
Ils arrivèrent donc sur une grande place pavée bordée par trois grands entrepôts. Les bâtiments étaient évidemment décorés pour être attirant à l’œil et donner une impression de modernité, mais ils n’en restaient pas moins que ça : des entrepôts autrefois utilisés pour stocker des marchandises. Vu les conditions qui y régnaient cela dit, on aurait pu croire que cela était toujours le cas.
Dans ce lieu de terreur, les monstres réduits en esclavage étaient classés comme de vulgaires animaux, par race, mais également par fonction. Ainsi, l’entrepôt principal qui enfermait le plus de créatures était dédié aux tâches domestiques, celui qui se trouvait à sa gauche retenait ceux qui étaient destinés à des applications plus professionnelles, allant du travail à la chaîne aux constructions de bâtiments improbables qui auraient été impossibles sans magie. Enfin, celui de droite et le plus petit des trois abritait les monstres dont l’utilité était plus “diverse”, le mot étant volontairement vague. Rien d’illégal, évidemment. En façade du moins. Victor avait vu de ses propres yeux ce qui s’y tramait réellement, et il aurait souhaité être doué de magie pour pouvoir exterminer un à un tous les humains qui s’y trouvaient ; lui compris.
Heureusement son père, apparemment pris de clémence, le guida vers le bâtiment principal. C’était le moins pire des trois : au moins les monstres à l’intérieur recevaient un semblant de soins pour attirer le client. Ils vivaient toujours dans des conditions misérables, pire que des bêtes. Mais au moins on leur fournissait des vêtements, et, de temps en temps, des endroits où manger et se laver.
En entrant, Victor fut assailli par le brouhaha omniprésent, mais également par les fortes odeurs de paille, de sueur, et de nourriture. Mais aussi par des odeurs plus crues de rejets naturels, sûrement relâchés par des monstres malades de terreur qui avaient dû être sévèrement punis pour leur mauvaise tenue… Parvenait également à ses narines un fin fumet métallique ; du sang. Rien d'inhabituel en somme pour cet enfer sur terre dans lequel il était obligé de passer le reste de la journée, mesurant pleinement sa chance de ne pas devoir y passer sa vie.
Son père parti de son côté, Victor se mit à errer au gré des couloirs improvisés, où stands de fast-food et cages de monstres affamés se côtoyaient, tentant de ne pas apercevoir l’évidence des monstres terrifiés et maltraités qui l’entouraient, se concentrant plutôt sur sa respiration pour réprimer l’envie de vomir qui lui venait en prenant pleinement conscience de l’horreur qui se tramait autour de lui. Et, simple spectateur impuissant, il ne pouvait que voir le vice et la complicité inhumaine dont tous faisaient preuve ici. C’était eux qui méritaient d’être enfermés dans des cages, pas ces pauvres créatures qui étaient déjà restées enfermées bien assez longtemps! S’il avait pu, il aurait libéré tous les monstres emprisonnés ici, tous les monstres emprisonnés du monde. Mais que pouvait-il faire…? Pour le moment. Que pouvait-il faire, pour le moment? C’était ces trois mots qu’il se répétait dès qu’il était témoin d’une chose qui le révoltait. Ce n’était que temporaire. Il abrogerait tout ça à la seconde où les rênes de Copperheinmer Industries lui reviendraient. Mais d’ici là, que de souffrances seraient subies... Que d’horreurs seraient infligées… Le mal serait déjà fait, était déjà fait...
Malgré tout, il s’obligeait à regarder chaque monstre. À détailler chaque visage trempé de larmes, chaque corps portant les marques de multiples blessures, chaque os visible à cause de la faim. Pour renforcer ses convictions. Pour qu’à chaque fois que sa détermination faiblirait il puisse se remémorer tout ça, se remémorer pourquoi il continuait de vivre. Pour qu’à chaque fois qu’il caresserait l’idée alléchante de la mort il trouve la force de continuer sa vie de misère, car elle était infiniment meilleure que celles de tous ceux qu’il voyait ici.
Il aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour aider ces âmes en peine. Mais il n’avait pas le droit de leur adresser la parole ; les colliers les empêchaient de répondre, et ils seraient punis par sa faute. Ni de leur donner à manger, pour les mêmes raisons. Chaque idée qui lui venait était écrasée par l’accablante vérité : il n’était rien, il ne pouvait rien faire, il n’était qu’un minuscule rouage dissident dans une machine monstrueuse qui se passait facilement de lui, incapable de freiner sa course macabre, et risquant de blesser ceux qui l’entouraient eusse-t-il tenté quoi que ce soit. Encore une fois, ses pensées revinrent au futur. Une fois que son père, l’engrenage sur lequel tout reposait, serait tombé, il serait libre de refaçonner le tout à sa façon. D’une façon plus juste et égalitaire. Où chacun serait libre de vivre sa vie sans jamais être inquiété par ses origines. Et il avait espoir. Il avait espoir car tout au long de l’histoire le même cycle s’était répété : les Hommes, inconscients et ignorants avaient asservi ceux qui n’étaient pas comme eux, puis quelques Hommes courageux s’étaient levés contre cette abomination, et finalement la liberté avait triomphé. Et il ne doutait pas qu’à nouveau le cycle serait complet. Il serait courageux, il serait fort, il mènerait le monde vers des jours meilleurs, vers des jours où l’horreur n’était pas célébrée comme la meilleur chose qui soit jamais arrivée à l’humanité.
Victor laissa échapper un soupir, revenant à la réalité. Les choses qui se passaient autour de lui étaient horribles, et on ne pouvait insister suffisamment, mais cela ne servait à rien de se lamenter. Soudain, alors que son regard glissait vers un autre monstre, celui-ci retint davantage son attention. Il semblait en bien meilleure condition que les autres alentours, sa fourrure encore épaisse et vive, et sa posture droite et fière. Il semblait, en opposition à tous ceux qu’il avait vu jusqu’à présent, défier du regard chaque humain qui osait le regarder comme une marchandise. C’était sûrement pour cela qu’il était toujours là d’ailleurs : les esclaves en aussi bon état partaient en général très rapidement, mais très peu d’humains appréciaient les monstres farouches, et ils préféraient en acheter un en moins bonne condition mais plus docile. Victor l’observa un peu plus que les autres. Il était à la bordure entre un chien et un renard, disposant des oreilles du second, et d’une queue touffue bien que plus mince que celle des autres goupils. Le reste de son corps était plus “classique” mais tout de même magnifique, couvert d’une fourrure bleue et blanche miraculeusement intacte. Ainsi il semblait taillé dans du quartz affublé de veines de saphir, se tenant droit et fier comme le ferait une statue de guerrier. Il dégageait un mélange de volonté et d’insoumission qui plut immédiatement à Victor, qui réalisa que même au milieu de toutes ces choses abjectes, certains trouvaient la force de résister.
Toutefois, cela semblait beaucoup moins plaire aux humains chargés de le vendre, qui commençaient vraiment à le regarder d’un mauvais œil, discutant très bas du sort qu’ils lui réservaient. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que celui-ci n’était pas des plus joyeux : au mieux il finirait à l’arrière du troisième entrepôt, au pire dans le sac d’un aspirateur. Depuis la distance, Victor pu les voir très nettement se mettre d’accord sur la marche à suivre pour se débarrasser de cette marchandise indésirable. Le jeune homme se demanda pourquoi ils ne lui ordonnaient simplement pas d’avoir l’air moins fier. Le monstre ne devait probablement pas leur appartenir, ou bien était-il peut-être assez déterminé pour lutter contre ces ordres peu contraignants ? Mais cela n’était pas important ; l’humain pouvait déjà les voir approcher dangereusement leur proie qui commençait à se douter que quelque chose allait mal tourner. Malheureusement pour lui, il ne pouvait ni fuir ni se défendre…
Victor ne pouvait laisser cela arriver, pas sous ses yeux. Soudain il se dit que s’il ne pouvait sauver tous les monstres de cet endroit, au moins pouvait-il aider ceux dont la vie était la plus à risque. Se traitant d’idiot pour ne pas être venu à cette conclusion plus tôt au lieu de s’accabler sur les horreurs qui se déroulaient autour de lui, il avança d’un pas décidé vers le stand, et arriva au moment où deux géants saisissaient le renard, l’entrainant vers les coulisses.
“Hé.” Les interpella-t-ils. “Il est à combien celui-là?
-Il est plus à vendre” Dit l’homme de gauche, apparemment bien heureux de ce qu’il s'apprêtait à infliger, et irrité par le fait qu’un adolescent venait retarder son plaisir journalier.
Mais celui de droite, qui semblait plus intéressé par l’argent, répondit autrement.
“200 euros, tout rond.
-Vous vous moquez de moi? C’est super cher! Je peux en trouver pour deux fois moins au stand d’à côté.
-Alors vas-y” Siffla le premier, reprenant déjà sa marche. Mais l’autre le retint en lui lançant un regard noir. Le monstre lui semblait plus que confus, et ne savait vraiment comment réagir. Toutefois il gardait tout son superbe et ne se laissait pas intimider.
“Oui mais ce que nous vendons est d’une qualité bien supérieure.
-Pas tant que ça apparemment, vu que vous étiez sur le point de vous en débarrasser.” Rétorqua Victor. L’homme de droite croisa les bras, plissant légèrement ses yeux.
“Écoute gamin, c’est la fin de la journée, et on allait simplement le retirer d’exposition.
-Et moi je voulais juste taper la discute” Répondit sarcastiquement le jeune homme. “Je vous le prend pour 120.
-Tu te fout de nous?” Répondit le balourd de gauche. “Bob vient de te dire 200.”
Mais l’autre, qui semblait-il se nommait Bob, avait l’air plus ouvert aux négociations.
“J’ai vendu toute la journée, et j’ai pas envie de trop me prendre la tête l’ami. Je te le fais pour 170, pas moins.
-Va pour 130 alors.” Répondit Victor. S’il avait hérité une chose de son père, c’était son talent dans les affaires, bien qu’il l’ait bien moins développé qu’Oscar. Son but ici n’était pas d’économiser, il était déjà multimilliardaire, mais plutôt de supporter le moins qu’il le pouvait cette industrie dégoûtante.
“Je crois qu’on s’est pas bien compris…
-En effet, je vous arrête alors que vous êtes sur le point de vous débarrasser d’un de vos monstre, et quand je vous demande le prix vous voulez me le vendre deux fois plus cher que la concurrence? J’ai l’impression qu’il y a une couille quelque part ouais.”
Bob tentait de garder son calme, mais il explosa finalement. “Tu sais ce qui se passe vraiment? Il me casse les couilles. On aurait dû le vendre à la première heure pour au moins 300 euros, et ce connard fait fuir tous les acheteurs.” Dit-il en donnant un coup au renard à sa droite qui fit un bruit de douleur étouffé. “Prends le pour 130, c’est bon, j’en ai ras le cul de ces conneries!”
Et c’est ainsi que Victor acquit son premier monstre, qui lui était totalement dévoué. Il était à la fois déçu d’avoir trahi l’une de ses plus grandes convictions, mais fier d’avoir fait une bonne action en le sauvant. Il avait pu voir sur les quelques papiers qu’il avait dû signer que le renard se prénommait Vaillance, un nom qui, du peu que Victor avait pu voir, semblait très bien lui aller. Ils auraient le temps de faire connaissance plus tard, et l’endroit n’était de toute façon absolument pas propice à cela : il l’oubliait souvent, mais les partisans de la cause monstre étaient très mal vus, et souvent harcelés par la police et autres organisations plus ou moins légales. Il était commun d’entendre que telle ou telle figure majeure des rares protestations avait été retrouvée morte. Soit par “suicide”, soit suite à des blessures magiques, et Victor ne se laissait pas berner par les journalistes qui instrumentalisaient ces morts afin de discréditer encore davantage les monstres. Il savait pertinemment que lesdites blessures étaient causées par des monstres contrôlés et envoyés par le gouvernement. Et bien que cela aurait pu sembler complotiste, le jeune homme avait vu passer de ses propres yeux, les fois où il espionnait son père, de nombreux documents attestant de cela.
Enfin, il eut néanmoins le temps de glisser quelques mots à Vaillance pour lui apprendre qu’il était amical envers les monstres, mais que son père en revanche l’était moins, et qu’ainsi il lui demandait de faire semblant devant lui, d’agir comme s’il recevait de nombreux ordres. Le monstre écouta sans broncher, il ne semblait pas avoir grand-chose à redire, mais il ne paraissait pas non plus lui accorder une confiance aveugle, ce qui était tout naturel.
Finalement, Victor retrouva son père à la sortie, qui n’en cru pas les yeux quand il vit Vaillance le suivre comme un chien obéissant. L’Homme resta bouche bée, tandis que son fils faisait semblant d’avoir changé et abandonné son combat.
“C’est… Le tiens?” Dit-il au bout d’un moment.
“Ouais. J’ai bien réfléchi, et je m’suis dit que finalement c’était des conneries tout ça. J’ai réalisé qu’au final c’était bien que les choses soient comme ça, et que ma vie serait bien plus facile si j’avais un esclave.”
Oscar s’approcha, un grand sourire aux lèvres. Pour la première fois depuis… toujours? Il semblait fier de son fils. Il lui donna une tape amicale sur l’épaule qui débordait d’une satisfaction répugnante.
“Je suis content de te l’entendre dire. Et, juste pour savoir, tu l’as payé combien?
-130 au lieu de 200. Comme si j’allais payer autant pour ces trucs.
-Haha, c’est bien mon fils ça” Fit Oscar en ébouriffant les cheveux de Victor, dont chaque mot qu’il prononçait lui arrachait les lèvres. Mais quelque part il prenait une certaine satisfaction à berner ainsi son père.
“Cela dit…” Reprit Oscar sur un ton plus neutre et sérieux. “J’imagine que tu ne veux pas le traiter selon mon exemple.” Victor fit non de la tête, et Oscar enchaîna en hochant la tête de façon… compréhensive? “C’est pas grave, chaque chose en son temps n’est-ce pas? Je suis fier de toi mon fils.
-Merci papa.” Répondit Victor avec un sourire douloureux mais nécessaire. Apparemment, il jouait à la perfection le rôle du fils ramené dans le droit chemin ; ce qui n’était pas plus mal finalement : moins son père se doutait de ses réelles motivations, moins il risquait de lui mettre des bâtons dans les roues une fois le moment venu. Alors, même si cela le répugnait, il jouerait la comédie. C’était une stratégie radicalement opposée à celle qu’il avait appliqué jusqu’à présent, mais si cela marchait…
Une fois arrivés à leur voiture, Victor pu apercevoir qu’un camion était garé juste à côté. Il avait oublié ce détail : quitte à être traités comme du bétail, autant que les monstres le soient jusqu’au bout… Et ils étaient donc transportés du marché jusqu’à leur demeure dans la remorque d’un camion brinquebalant au sol couvert de paille. Mais le jeune homme ne voulait pas que Vaillance ait à subir ça, et lui non plus semblait-il. Le renard regardait le camion où des monstres étaient déjà en train d’être chargés d’un mauvais œil.
“Papa… Est-ce qu’il peut monter dans la voiture avec nous?
-Qui?
-Vaillance.
-Qui c’es- Ton nouvel esclave?” Demanda-t-il d’un ton incrédule.
“Oui…
-Mais enfin tu sais bien que les voitures sont réservées aux humains. Il y a des limites à ne pas franchir.
-Oui mais je ne veux pas qu’il soit en mauvais état une fois qu’on arrive…” Tenta Victor.
“C’est la pire excuse que j’ai jamais entendu jeune homme.
-S’il te plaît…” Insista-t-il.
“Non. En plus il va mettre des poils partout.
-Je lui ferai nettoyer.
-...” Oscar laissa échapper un long soupir. Lui qui était d’habitude si rigide semblait s’être radouci aujourd’hui, et ce fut à la grande surprise de Victor qu’il accepta à contre cœur.
“D’accord. Mais c’est la seule et unique fois. Tu es beaucoup trop gentil avec tes esclaves et ça ne me plaît pas.”
Et c’est ainsi que Vaillance se retrouva dans un bien meilleur confort que ses semblables. Mais, en tant que seul et unique esclave de Victor, ce ne serait sûrement pas l’unique fois. Il ne pourrait pas agir en permanence comme cela devant son père, mais il comptait bien donner une vie la plus confortable possible au renard, dans les coulisses. Son esprit vagabondait alors que les lampadaires défilaient sur le côté de la route. Il imaginait déjà tout ce qu’il pourrait faire avec ce nouvel… ami? Il ne savait pas si Vaillance l'apprécierait, mais Victor ferait tout pour. Il avait désespérément besoin d’un ami, lui qui n’en avait jamais eu. Et c’était l’occasion de se rapprocher de quelqu’un qui de toute évidence partageait ses valeurs, chose extrêmement rare, voire inexistante, chez les gens qu’il côtoyait habituellement.
Il profita d’ailleurs d’être à l’arrière, à côté de Vaillance, pour le regarder un peu plus. Lui aussi semblait perdu, à la fois dans ses pensées mais aussi littéralement. En effet, les quelques bribes qu’il avait pu lui dire ne devaient pas vraiment l’aider à tirer au clair sa situation ou son futur. Ses traits nobles lui apparaissaient également plus clairement, et Victor les trouvait absolument ravissants, bien plus que ceux de nombreux humains qu’il avait vu. Il profita du fait que son père était concentré sur la route pour glisser discrètement sa main dans celle de Vaillance. Sa fourrure était surprenante, si douce qu’elle envoya un frisson dans son dos. Le contact sembla également surprendre le renard, qui se retourna vers lui avec un visage interrogateur. Victor fit simplement un sourire furtif, pour lui dire qu’il avait réellement de bonnes intentions, et qu’il comptait l’aider. Vaillance le lui rendit tout aussi discrètement, et le jeune humain ne put s’empêcher de remarquer avec soulagement que son collier restait inactif. Un autre frisson lui parcouru l’échine, et il fut pris de joie pour la première fois depuis longtemps. Le futur s’annonçait bien plus clair que ce qu’il ne pensait. Qui aurait cru que pour apporter un peu de bonheur dans sa vie il n’aurait qu’à prétendre être ce qu’il détestait et sauver un monstre du triste sort qui l’attendait?
Futur ship incoming 8D
Blague à part, comme d'hab' mon commentaire changera pas : bonne écriture, histoire qu'on prend plaisir à suivre et voilà voilà.
J'ai vraiment hate de voir la suite ! Rien à redire sinon .
Je veux des fanarts homo érotiques de Victor et Vaillance
Le 22 juillet 2017 à 21:09:25 Gamopli a écrit :
Je veux des fanarts homo érotiques de Victor et Vaillance
https://www.youtube.com/watch?v=2k0SmqbBIpQ
Le 22 juillet 2017 à 21:09:25 Gamopli a écrit :
Je veux des fanarts homo érotiques de Victor et Vaillance
Règle n°35.
C'est la 34 !!!!