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Pro Cycling Manager Saison 2018

Sujet : Mes billets actu cyclisme
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Niveau 10
16 juillet 2018 à 02:45:12

Bonjour, je suis un internaute qui fréquente habituellement le forum du jeu Tour de France mais je migre ici parce qu'il y a beaucoup plus de fréquentation.

Passionné par le cyclisme depuis 1994, je livre ici mes impressions du moment et ce chaque lundi.

Course, transfert, histoire, analyse...

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Niveau 10
16 juillet 2018 à 02:51:19

Cédric Vasseur/Nacer Bouhanni

Nacer Bouhanni est arrivé dans la structure Cofidis en 2015. A l’époque, son contrat et son statut ne choquaient guère. Taaramae et Coppel n’étaient pas à la hauteur. Auréolé de 5 victoires d’étapes sur des G.T, 4 sur des P.T majeurs ; il semblait alors en phase ascendante et en mesure de faire briller une structure qui avait renoncé à l’élite.

Néanmoins, il y avait déjà cette ombre : l’incapacité de Bouhanni à partager. Partager les objectifs, le calendrier et s’insérer dans la vie du groupe. J’ai souvent fait part des propos émis par ses équipiers ; pour vous faire plaisir je balance les noms : Mathieu Ladagnous et Mickael Delage. Deux coureurs discrets originaires d’Aquitaine. La présence de Bouhanni au sein de la Française des Jeux leur était pesante. Bouhanni s’est isolé avec Soupe et s’en est donc allé. Il lui fallait une équipe entièrement dévouée. Cofidis accède à ses demandes. Bouhanni est le boss de l’équipe. Il influence sur le recrutement. Des coureurs comme Chainel sont signés.

3 années se sont écoulées. S’il est dominant sur les courses continentales, Bouhanni a du mal à faire son trou sur les courses mondiales. Avec l’arrivée de Vasseur, Cofidis est en cours de restructuration. Les frères Herrada sont signés. Des routiers sprinteurs comme Sénéchal, Venturini et Van Genechten s’en vont. Vasseur prend l’initiative de règler ce qui apparait désormais une anomalie : le cas Bouhanni que l’on peut comparer au cas Pantani dans la structure Mercatone en 2002.

S’il n’a jamais atteint les sommets atteints par l’Italien, sa chute a été moins lourde que celle qu’a connu le pirate italien entre 2000 et 2002. Nacer Bouhanni a reculé dans la hiérarchie du sprint mondial. Grosso modo 12ème mondial dans ce domaine. Or, la structure est devenue beaucoup plus éclectique. Des coureurs plus jeunes pointent le bout de leurs nez. On a beaucoup parlé de Laporte comme un sprinteur. A tort. Comme le dit si bien Vasseur dans l’entrevue sur France TV, Laporte est un coureur complet qui peut faire de belles choses sur les Flandriennes (4ème sur Gand-Wevelgem). Son podium d’étape sur Paris-Nice et sa 13ème place sur Milan-San Remo démontrent aussi qu’il peut faire des choses dans des arrivées compliquées. Laporte n’est pas là pour jouer le rôle de Bouhanni. Il propose autre chose. Le comparer avec Bouhanni ; c’est comme comparer une jolie suédoise à une jolie brésilienne. Ce n’est pas exactement le même style de coureur.

Dans les propos de Vasseur ressurgissent l’ombre entrevue lors de son bail à la Française des Jeux. De leader autoritaire, Bouhanni est devenu un coureur marginalisé, non intégré à la vie de groupe. Les choses ont (mal) évolué. Elles peuvent encore (bien) évoluées. La porte est ouverte et le discours est optimiste. Très diplomate, Vasseur a lancé la balle dans le camp de Bouhanni. A toi de jouer !

Que va faire Bouhanni ? Que dois faire Bouhanni ? Changer ses représentations. Accepter le point de vue de son directeur, accepter de partager les objectifs et le calendrier avec les autres. Présentement, il n’a pas le choix. Sa côte a baissé. Il faudra accepter une nette baisse salariale. Les équipes de D1 mondiales ne l’attendent pas. Il devra forcément (re)passer dans une équipe qui aura plusieurs leaders. A moins que Bernaudeau ne lui laisse les clefs du camion Direct Energie.

Pour la suite de la saison 2018 et la saison 2019, Bouhanni a donc tout intérêt à emprunter le chemin proposé par Vasseur. Il n’en a peut-être pas conscience mais l’image d’un Bouhanni, équipier dévoué et altruiste sur une classique, ne serait-ce qu’une seule, aurait beaucoup plus d’impact sportif et extra-sportif que des victoires sur la Vuelta ou Paris-Tours.

Clément Betouigt-Suire : le mystère

Il y a 4 ans, j’évoquais ici-même un coureur cadet atypique d’1m98. Clément Betouigt-Suire gagnait alors quasiment toutes les courses en Aquitaine. Comme Thomas Boudat ou Mickael Delage en leurs temps. Sauf que Betouigt-Suire ne se contentait pas de vaincre ses adversaires. Il les écrasait. Y compris durant le championnat de France cadet. Je pronostiquais sans trop de risque un titre de champion de France junior. A peine Junior 1, il manqua le titre mondial d’un boyau. Son coffre est énorme. Il remporte une course contre des adultes après avoir fait 110km à vélo pour faire le déplacement et assister à une course de son frère ; Jauffrey, un très bon coureur amateur, de 6 ans son aîné. Clément Betouigt-Suire apparait alors comme un potentiel Tom Boonen bis. En 2017, il apparait dans le groupe de développement de la structure Sunweb. Une chute de trop stoppe net sa progression. Le contrat est résilié à sa demande. Il déclare être de retour pour 2018. Il n’en sera rien. Son compte twitter est inactif depuis un bail. Son site personnel a été supprimé. Il faudrait être un mage pour prédire son retour.

Agé de 20 ans désormais, on peut se poser la question de la motivation. A-t-il encore envie de revenir faire des compétitions sur route ? A-t-il d’autres projets ? L’avenir lui appartient. Le cyclisme n’est pas une finalité. Au pire des cas, il pourra aborder des jolies filles en boite de nuit avec une jolie phrase d’accroche sans mensonge : « Tu sais que je suis un prodige du cyclisme qui aurait pu faire une grande carrière ? »

Le cyclisme américain : l’agonie

Je vous cite ces 3 noms : Tejay Van Garderen, Taylor Phinney, Lawrence Craddock. Voici l’élite du cyclisme américain en 2018. Il faut creuser bien loin dans sa tête pour en trouver un 4ème.

En dehors du très surcôté Tour de Californie, une course (en parallèle du Giro) qui propose financièrement de jolies primes mais qui sportivement, sert surtout à rythmer la saison des coureurs européens et mettre en avant des quidams du continent américain, voici le bilan de l’élite américaine : une 8ème place à Paris-Roubaix (Phinney), une 9ème place à l’Amstel (Craddock), un podium d’étape sur le Tour de Suisse (Van Garderen). Même le cyclisme néo-zélandais se porte mieux.

Le phénomène n’est pas nouveau. Il y a 5 ans, le cyclisme américain montrait déjà des signes de faiblesse. Il y avait certes Talansky, Farrar et un Van Garderen plus jeune et plus prometteur qu’il n’apparait aujourd’hui. Mais on était déjà à des années lumières de la génération Armstrong. En dehors de ce qui ne restera qu’un champion du monde et double vainqueur d’étape sur le Tour, il y avait Hincapie, Landis, Hamilton, Livingston, Julich, Baranowski, Andreu, Vandevelde, Leipheimer…

De quoi composer une jolie équipe nationale sur le jeu Tour de France dans les années 90/00. Pour l’édition 2018 on se contentera d’une poignée coureurs américains mixés avec des coureurs canadiens, argentins, équatoriens dans une équipe Amérique sans grande saveur. De quoi aussi froncer les sourcils car le cyclisme américain c’est aussi et surtout 8 victoires consécutives annulées sur le Tour de France.

Il y a quelques années, on annonçait une relève. Adrien Costa. Le garçon s’est complètement perdu. Parti sur une autre planète quand son rival, Egan Bernal commence à s’envoler. Lui aussi pourra aborder des filles avec la fameuse phrase d’accroche mentionnée plus haut.

Le cyclisme américain est véritablement à la ramasse après avoir été une place forte du cyclisme mondial durant les années 80/90/00. Ce devrait être passager. Il y aura très probablement, dans 10-20 ans, une nouvelle génération américaine qui brillera sur le circuit mondial. On parle d’un pays de plus de 300 millions d’habitants doté d’une solide culture cycliste désormais. Mais présentement, le cyclisme américain mange son pain noir.

'''Bilan de la 1ère semaine du Tour

''''''Le contenu :'''

Déploré par le grand public, cette première semaine, très calme et formatée pour les sprinteurs se comprend dans un contexte Coupe du Monde. Cela a permis d’entrevoir une nouvelle hiérarchie dans le sprint. Tous les jours, les leaders ont été sous la menace d’un piège. Je conçois cette première semaine comme une course préliminaire. Les choses sérieuses commençaient avec cette étape des pavés.

Les sprinteurs :

On le sentait déjà l’an dernier, la génération des sprinteurs nés dans les années 90 a définitivement pris le dessus sur la génération précédente. Greipel (qui résiste bien à 35 ans), Cavendish (complètement hors du coup… ça sent la fin de carrière) et plus surprenant encore, Kittel (2 top 5 tout de même). Degenkolb et à un degré moindre, Kristoff ne semblent plus capables de lutter pour la gagne.

Sagan a démontré (une nouvelle fois) qu’il était bien un sprinteur « Or ». Top 5 mondial du sprint. Gaviria et Groenewegen ont été incontestablement les deux meilleurs sprinteurs sur le Tour et sont encore montés d’un cran. Avec Ewan, ils semblent former le trio dominant du sprint dans les prochaines années.

Démare n’a pas confirmé ses prestations de l’an dernier. Il n’est pas à la ramasse. 3 top 5 ce n’est pas rien. Ses équipiers sont moins performants que l’an dernier ; où le tandem Cimolai-Guarnieri avait été impressionnant. Mais sur les pavés il a coincé. Sa défaillance n’est pas sans rappelée son jour sans sur Paris-Roubaix. Démare manque de régularité.

Degenkolb, l’ancien poisson pilote de Kittel ne gagnera sans doute jamais de sprint massif. Il a néanmoins réalisé des places d’honneurs encourageantes (3,6,8,8,9). Sur les pavés, il a atteint le graal. Degenkolb doit clairement s’orienter encore davantage sur les classiques de début de saison.

Sans être des cracks, Pasqualon, Dupont et Laporte ont réalisé des top 10 voire des top 5. On ne pouvait espérer mieux de leurs parts. Colbrelli a fait 2 fois 2. Mais il semble que l’Italien ait besoin d’un final corsé pour lutter avec les meilleurs.

Les Français :

Pas de victoire d’étape. Avec 8 top 5, les Français n’ont pas été ridicules. Démare et Alaphilippe ne semblent pas être au top de leurs formes. Laporte et Latour ont fait des trucs. Les baroudes n’ont rien donné. Pour le général, Bardet et Barguil n’ont pas perdu trop de temps.

Les favoris :

Chris FROOME (8ème à 1’42) : le grand vainqueur de cette 1ère semaine. S’il a perdu du temps sur la 1ère étape, Froome a pu compter sur une équipe au top au clm/équipe et a été très solide sur les pavés. On a aussi eu la confirmation qu’il n’est pas taillé pour les montées courtes et violentes et que par conséquent, il n’a aucun intérêt à s’aligner pour les Ardennaises. Avec Thomas, positionné en 2ème position, 1’ devant, la Sky a quasiment réalisé un début de Tour sans faute. Poels en a fait le moins possible… on se demande pourquoi…

Adam YATES (9ème à 1’42) : classé dans le même temps que son illustre compatriote. A.Yates n’a pas craqué nerveusement. On connait son talent en montagne. Saura-t-il impressionné comme son frère en Mai ? Il devra néanmoins surclasser Froome en montagne pour espérer l’emporter. Quoiqu’il arrive d’ici Paris, A.Yates a conforté son statut de potentiel vainqueur de GT. Les jumeaux Yates sont en passe d’écrire de belles pages sur les GT dans les 6-7 années à venir.

Mikel LANDA (10ème à 1’42) : Certes Valverde est classé devant. Mais à 38 ans, Valverde ne réussira pas à réaliser ce qu’il n’a jamais su faire dans ses jeunes années : jouer la gagne en haute-montagne. Landa a réalisé un très bon début de Tour qui aurait pu être excellent s’il n’avait pas perdu 7s sur les pavés. Landa est nettement mieux classé que Quintana. Il est à l’heure actuelle l’arme n°1 de l’armada Movistar.

Vincenzo NIBALI (12ème à 1’48) : A 34 ans, Nibali ne semble toujours pas avoir décliné. Mais pour gagner le Tour, il devait compter sur un gros coup sur les pavés comme il avait su le faire en 2014. Or, il se retrouve déjà derrière Froome. Au vu de ce qu’il a produit sur les derniers G.T, Nibali est armé pour faire un top 5 sans éclat.

Tom DUMOULIN (15ème à 2’03) : Lui aussi devait compter sur une 1ère semaine favorable pour surpasser le coureur de référence (Froome) à Paris. Avec 21s, Dumoulin est encore dans le coup. Parviendra-t-il a maitriser tous les grimpeurs en montagne pour arracher la gagne ? Pour l’instant, le rouleur hollandais semble parti pour faire un top 5.

Romain BARDET (17ème à 2’32) : Bardet est en forme. Il l’a prouvé sur les pavés. Mais avec 50s de retard sur Froome, il lui faudra prendre au moins 2’30 sur le coureur référence en montagne. Or, les 6 étapes de montagne ne semblent pas être propices pour réaliser gros écarts. Il faudra être agressif et rouler fort dès les pieds de cols et ce dès Mardi.

Nairo QUINTANA (21ème à 2’50) : A 1’08 de Froome. Déjà. Quintana a été serein sur les pavés. Pour gagner sur le Tour, il devra être dominant en montagne, espérer une fatigue des concurrents qui ont fait le Giro mais aussi faire la diff sur son propre équipier, Landa. Si les choses tournent mal, cela peut précipiter le départ de Quintana de la structure Movistar.

Rigobert URAN (22ème à 2’53) : Pas de réussite pour Uran malgré une équipe qui semblait solide pour l’escorter. Plutôt suiveur en montagne, Uran n’a jamais su faire la différence pour la gagne en montagne. Il semble lui aussi plutôt placé que gagnant.

Daniel MARTIN (24ème à 3’22) : Le moins favori des 10 favoris mentionnés avant le départ du Tour, il est déjà le plus mal classé. Sa victoire d’étape colore une première semaine difficile. Mais à déjà presque 2’00 des favoris les mieux classés, Martin devrait se contenter d’une place dans le top 10. Pourquoi pas une nouvelle étape s’il prend le large dans un final pendant que les favoris se regardent dans le blanc des yeux.

Richie PORTE (abandon) : Souvent cité parmi les favoris, je n’ai personnellement jamais cru en Porte. A 33 ans il n’a qu’une 5ème place à son actif sur le Tour. Quasiment sa seule référence d’ailleurs. Vainqueur du Tour de Suisse, Porte m’apparaissait trop irrégulier et insuffisant en montagne pour régler tout le monde. Son abandon sur les pavés lui permettra peut-être de faire un truc sur la Vuelta.

LouisKohLanta
Niveau 10
16 juillet 2018 à 03:29:31

Je lis ca demain. Ca a l'air cool.

Juif-Syndicate3
Niveau 8
16 juillet 2018 à 12:31:34

J'ai tout lu, pas mal du tout

Kicker_
Niveau 10
16 juillet 2018 à 13:03:58

Très sympa à lire. Cependant pas un mot sur le dopage alors que c'est un élément essentiel de 2 des 3 sujets. :(

JejoTV
Niveau 9
17 juillet 2018 à 02:44:49

Très cool, bonne qualité d'analyse et agréable à lire

JejoTV
Niveau 9
17 juillet 2018 à 02:45:33

Mais du coup Kicker le dopage c'est pour quel sujet ?

Kicker_
Niveau 10
17 juillet 2018 à 07:37:40

L'après Armstrong aux USA et bien sûr le jeune français qui découvre le professionnalisme...

JejoTV
Niveau 9
17 juillet 2018 à 10:43:42

Pour l'après Armstrong ça paraît cohérent mais pour le jeune ça semble être lié à des blessures

LefouetienneJV
Niveau 11
17 juillet 2018 à 12:18:28

Continue comme ça :)

LouisKohLanta
Niveau 10
17 juillet 2018 à 15:22:20

J'ai lu. C'est bien meme si je suis pas d'accord avec tout..:hap:

Pseudo supprimé
Niveau 10
23 juillet 2018 à 00:05:46

Cavendish c’est finish

33 ans, l’âge du Christ. C’est aussi celui de Mark Cavendish, en cette saison 2018. Si Greipel résiste plutôt bien au vieillissement, ce n’est pas le cas de Cavendish. Son apparition sur le Tour ressemblait à une parade d’une légende du Tour. Cavendish n’a rien fait. 2 top 10 d’étape (8 et 10). Ces performances constituent les meilleures références de Cavendish cette saison. Et c’est bien là que le bât blesse. Depuis les championnats du monde 2016 (médaille d’Argent), soit près de 2 ans, Cavendish ne fait plus rien. Cavendish ne fera plus rien. Cavendish it’s finish. Combien de temps supportera-t-il de rester sur le circuit ? Cavendish pourrait prendre sa retraite ou tenter de persévérer une ultime saison. Mais à vrai dire je ne le vois pas rejouer les premiers rôles.

Son équipe, Dimension Data est à son image. Complètement pathétique. L’équipe sud-africaine est de loin, l’équipe WT la performante. 2 fois moins de points inscrits à ce jour que l’avant-dernière équipe de mon classement officieux (Katusha). Pis encore. Cofidis, équipe continentale fait mieux.

Des changements doivent être opérés chez Dimension Data et ça passera par une restructuration de l’effectif (on parle de Van Avermaet). Cavendish et son porte-flingue Renshaw constituent désormais le maillon faible de l’équipe.

Que gardera-t-on de Cavendish ? Sans doute ses 30 victoires d’étapes. Le sprinteur le plus talentueux de tous les temps ? Beaucoup le pensent. Pas moi.

Comment définit-on le titre de meilleur sprinteur de tous les temps ? Sur la vitesse atteinte à l’apogée du coureur ? Cavendish n’a jamais été aussi rapide et impressionnant que Kittel à son prime.

Sur son palmares ? Il me semble qu’un Sagan, sprinteur (mais pas que) le surpasse très largement.

Sur son nombre de victoires d’étapes sur le Tour ? Effectivement Cavendish est le n°1 de tous les temps. Mais quand on regarde bien on s’aperçoit que Cavendish a cartonné entre 2008 et 2011 quand l’adversité était très faible. Farrar, Goss c’était pas terrible. Ils ont vite disparu. Petacchi, McEwen et Zabel avaient entre 35 et 40 ans. L’avènement tardif de Greipel puis d’une génération bien plus talentueuse que celle à laquelle Cavendish s’est confrontée a largement atténué l’écrasante domination de Cavendish qui a continué à gagner… mais moins. 10 victoires d’étapes de 2012 dont 4 sur le Tour 2016. Sa dernière référence. Dans le même cycle, Kittel en a claqué 14. Sagan 11.

Oui Cavendish a le plus beau palmares en terme de victoires d’étapes sur le Tour pour un sprinteur mais non ce n’est pas le meilleur sprinteur de tous les temps. Il se situe à hauteur de Cipollini, l’homme aux 42 victoires d’étapes sur le Giro qui aura révolutionné le sprint dans les années 90. A la hauteur d’Erik Zabel. Moins rapide en sprint pur que l’Italien mais bien plus complet et résistant. 4 victoires à Milan-San Remo, 3 sur Paris-Tours, 1 à Hambourg et même à l’Amstel ( !?!), 6 maillots verts sur le Tour. A une époque où on comptait un McEwen, un Blijlevens, un Steels, un Wust, un Moncassin, un Svorada, un Kirsipuu, un O’Grady.
Il y a aussi Alessandro Petacchi. Le grand sprinteur des années 2000 dont l’histoire retiendra seulement 6 étapes sur le Tour mais 22 sur le Giro, 20 sur la Vuelta. 2 Milan-San Remo, 1 Paris-Tours. Certes à une époque où la concurrence était moins rude.

Geraint Thomas, escroc ou héros ?

A 32 ans, G.Thomas, aucun top 10 sur un G.T en carrière, pose des bâtons à Quintana, Bardet, Landa… et même à Froome.

Que penser de sa performance sur le Tour ? Jusque là Thomas avait montré qu’il pouvait jouer la gagne sur un P.T majeur. 6ème sur le Tour du Bénélux en 2014 à une époque où Thomas chassait les top 10 sur les flandriennes. C’est en 2015 qu’il commence à pointer son nez dans les généraux des P.T plus montagneux. 2ème du Tour de Suisse, 5ème de Paris-Nice. Il gagne Paris-Nice en 2016 et le Dauphiné en juin dernier.
Mais c’était des courses où les favoris des G.T ne sont pas à fond. Loin de là. Sa préparation était sans doute idéale. Optimale. L’avènement de G.Thomas sème le doute. Car il ne fait pour moi aucun doute qu’il gagnera le Tour ou du moins, finira sur le podium devant Froome.

On pourra toujours me parler de l’avènement des rouleurs. Mettons de côté les accusations sans preuve. Je suis troublé. Troublé par le fait que j’ai l’impression que le programme Sky permet de faire jouer la gagne à n’importe quel leader. Sur le Tour du moins. Wiggins, Froome, Thomas ou Tartanpion.

Ce n’est pas la victoire d’un coureur mais d’une structure, à la pointe des innovations techniques et stratégiques. Passe-t-on à une nouvelle ère, si proche de la F1 où le niveau des coureurs, potentiellement d’un niveau très proche, est déterminé par l'efficacité de leurs montures ?

J’en ai bien peur.

BMC et CCC

BMC va disparaitre après 12 saisons. On retiendra bien sur la victoire de Cadel Evans sur le Tour 11. La structure sportive va perdre Porte (un leader inefficace sur les G.T qui aura 34 ans l’an prochain), Dennis (un brillant rouleur qui fait peu de résultats) et Van Avermaet, un crack qu’on annonce un peu partout.

Mais la structure dispose d’une solide profondeur en son sein. Elle devrait littéralement changer d’identité en s’alliant avec CCC. Changer d’aire de recrutement. A vrai dire, le cyclisme américain et le cyclisme suisse sont au plus mal. Or il s’agissait des deux principales bases de recrutement de la structure BMC. Chez les juniors et les espoirs, les coureurs polonais et biélorusses marchent énormément. Un vent se lève à l’est de l’Europe et c’est sans doute parmi ces contrées européennes que la structure va focaliser. Chassant sur le terrain de Bora qui a pris une dimension impressionnante (top 3 du circuit mondial avec Quick Step et Sky) ; certes boostée par l’immense Sagan mais pas que. Bora révèle progressivement des coureurs d’Europe centrale et d’Europe de l’est.

Et puis, il n’est pas interdit de recruter même si dans l’immédiat (saison 2019), la structure va galérer à trouver un nouvel équilibre et de nouveaux leaders.

Tour de France Bilan 2ème semaine

Le scénario : Sky confirme sa suprématie. Je pense même que Sky n’a jamais été aussi dominant. Y compris quand Wiggins et Froome font 1 et 2. Bernal est capable de mener un train qui écrème tous les coureurs classés au-delà de la 8ème place du général à seulement 21 ans. Les rouleurs ont pris le pas sur les grimpeurs. Ils sont encore 3 pour la gagne. Selon moi Thomas a 85% de chances de l’emporter, Dumoulin 10%, Froome 5%. Le Tour des Français est très logique. Alaphilippe joue la gagne des étapes et le Pois. Avec la défaillance des meilleurs sprinteurs, Démare peut espérer la gagne d’une étape sur les étapes pour sprinteurs.

Le top 10 :

1 G.Thomas : Je ne le classais même pas parmi les 10 favoris du Tour. Thomas est méconnaissable et semble imbattable. Le Jaune à Paris ne peut pas lui échapper. Les étapes des Pyrénées ne sont pas assez difficiles. La montagne dans son ensemble n’était pas suffisamment difficile cette année. Un vainqueur sans saveur à l’image du Tour…

2 C.Froome à 1’39 : Froome est à la hauteur. C’est le meilleur vainqueur sortant d’un Giro sur le Tour depuis Pantani. L’étape de l’Alpe d’Huez a scellé la tendance. Froome n’est pas supérieur à Thomas sur ce Tour. Il est fort probable que l’an prochain, Sky prépare Froome uniquement sur le Tour pour une 5ème tandis que Thomas ira au Giro.

3 T.Dumoulin à 1’50 : Dumoulin est aussi fort que Froome. Le duel tant annoncé l’an dernier aura finalement eu lieu cette année, à la fois sur le Giro et sur le Tour. En dehors des 2 Sky, il parait être le futur vainqueur du Tour (pour les éditions à venir) le plus probable.

4 P.Roglic à 2’38 : Je ne l’avais pas glissé dans les 10 favoris mais j’étais persuadé que Roglic était capable de faire entre 5 et 10. Le voilà carrément 4ème. Roglic confirme le potentiel dévoilé l’an dernier notamment contre Contador. La hiérarchie sur les G.T est réglée à Lotto NL.

5 R.Bardet à 3’21 : Complètement déclassé par les rouleurs, Bardet demeure très fiable. Peut-être que Bardet devrait arrêter d’insister sur le Tour et faire les G.T à la carte ; selon les parcours proposés.

6 M.Landa à 3’42 : le grimpeur espagnol confirme. Lui et Bardet sont pratiquement de même niveau. La gagne sur le Tour semble bien difficile. Il joue clairement placé. Il a gagné la bataille interne contre Quintana.

7 S.Kruijswijk à 3’57 : il confirme son Giro 16. Kruijswijk est classé au-delà des attentes mais ce n’est pas vraiment une surprise. Dans une bonne forme, on pouvait deviner un Kruijswijk 7ème. Néanmoins, il a perdu le leadership dans sa structure.

8 N.Quintana à 4’23 : le talentueux colombien semble avoir perdu confiance en ses capacités. Pourra-t-il refaire un podium sur le Tour ? En tout cas, il n’apparait plus vraiment comme un vainqueur potentiel. Les autres G.T pourraient le servir à se relancer. Quintana n’est clairement plus un grimpeur dominant. Parmi les favoris, c'est le plus gros perdant de ce Tour.

9 J.Fuglsang à 6’14 : A l’instar de Kruijswijk, Fuglsang ne peut pas faire mieux. Il fait un bon Tour mais il parait très léger par rapport aux précédents leaders de la structure (ex-ONCE, Liberty Seguros faut-il le rappeler).

10 D.Martin à 6’54 : La malchance l’a déclassé. Mais Martin fait forte impression. Je le verrais bien sur la Vuelta l’an prochain. Il n’est pas assez complet pour gagner le Tour avec des rouleurs au top de leur forme.

LouisKohLanta
Niveau 10
23 juillet 2018 à 00:19:27

Toujours aussi bon :ok:

Moschetti
Niveau 5
23 juillet 2018 à 00:28:14

Je pense qu'il y a un léger contresens dans ta brève dédiée à Cavendish. Tu te focalises trop sur l'homme et pas suffisamment sur l'équipe, HTC étant une machine à gagner d'exception au train excellemment rodé. L'avènement de cette formation a fait du sprint une discipline d'équipe, un état d'esprit que l'on retrouve chez Quick - Step depuis quelques années. Kittel, que tu présentes comme plus impressionnant que Cavendish à leurs apogées respectives, a accompli sa meilleure année chez cette dernière, tout en étant passé auparavant chez Giant, qui a progressivement perdu sa culture du sprint. Sa première année chez Katusha donne lieu à des résultats bien décevants. À l'inverse, Viviani est cette année bien plus en vue, sans pour autant avoir franchi un réel palier : le sprint est bien une affaire d'équipe, du moins en ce qui concerne les purs sprinteurs.

LouisKohLanta
Niveau 10
23 juillet 2018 à 00:29:00

Par contre terrible de pas evoquer Nibali..:snif:

Juif-Syndicate3
Niveau 8
23 juillet 2018 à 01:38:39

Toujours très agréable à lire, c'est un plaisir .

Et oui dommage de ne pas évoquer Nibali , sinon je partage l'avis de mon VDDD pour Cavendish, l'équipe joue un rôle très loin d'être négligeable, qui font que le propos de base est sans douote à nuancer légèrement .

LouisKohLanta
Niveau 10
23 juillet 2018 à 01:43:24

Je crois que le probleme est aussi sa peur panique. Il est tellement tombé depuis 2 ans, le pauvre il est tetanisé et ose meme plus sprinter à fond (il l'admet lui meme)

Kicker_
Niveau 10
23 juillet 2018 à 06:35:19

J'ai trouvé l'analyse pertinente concernant l'escroquerie sky.

Je me gausse en voyant le classement de ce Tour, dont le favori est désormais un énième briton...
Thomas ou Froome, c'est Sky qui décidera. De toute façon, aucun d'entre eux n'est un grand champion.

LouisKohLanta
Niveau 10
23 juillet 2018 à 11:23:25

Sur ce dernier point desole de te contredire mais si, ce sont des champions.

Kicker_
Niveau 10
23 juillet 2018 à 12:08:59

Un champion se doit d'être exceptionnel, unique. Or les leaders de la Sky sont interchangeables et n'ont donc rien d'unique.
C'est quand même dingue qu'un pays qui n'a pas fait le moindre podium en 100 ans de Tour soit capable d'avoir 3 de ses représentants qui gagnent le Tour en 6 ans!!! D'autant que la fédé de cyclisme britannique n'avait aucun vivier de jeunes dans les années 2000 avec 10 fois moins de licenciés qu'en France par exemple...

Sujet : Mes billets actu cyclisme
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