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Chapitre 29 (n°385) : Busy Kofler
Samedi 4 juillet 2026, Österreichring, Spielberg
Il est de retour ! Me voici revenu pour la première fois dans un paddock de F1 depuis mon départ en novembre dernier. Certaines choses ont changé depuis ma dernière visite et, à vrai dire, disons que je n’étais pas particulièrement impatient de revenir ; si j’ai quitté la F1, ce n’est pas intégralement par plaisir, alors je me voyais mal revenir jouer les guignols. Si l’on barre les dates où les emplois du temps de F1 et d’Indy étaient conflictuels comme ce fut le cas à Monaco/Indianapolis ou à Montréal/Fort Worth, il ne restait au final plus beaucoup de dates et j’ai préféré consacrer ces week-ends à ma famille plutôt qu’à venir en personne dans ce paddock.
Mon retour en Europe après le Grand Prix de Toronto disputé il y a treize jours m’a permis de ralentir un peu la cadence. Je n’ai rien fait du tout le week-end dernier, ce qui était très agréable après un surbooking assez colossal en Indycar. J’ai pu souffler, prendre du temps pour ma famille et pour moi et - mine de rien - ça fait un bien fou. Mais ce week-end, me voici de nouveau sur le pont à Spielberg, à l’occasion de mon rendez-vous préféré de l’année. Cette affirmation était vraie les années précédentes mais je crois qu’elle n’a jamais été aussi vraie : avec aucune obligation, je suis beaucoup plus libre pour réaliser les activités et événements qui me plaisent.
Aujourd’hui, je suis donc observateur privilégié de la qualification. Je suis arrivé hier soir à Spielberg et j’ai eu l’occasion de croiser mes potes Nyck de Vries et Luca Ghiotto mais ce samedi me donne l’occasion de saluer un monde plus large ; des anciens collègues comme Steven et Katarina, respectivement mon ancien ingénieur de course et ma chargée de relations publiques chez Audi, mais également quelques têtes de chez Red Bull restées chez Honda ; Josh le stratège à qui je dois mon succès ici-même l’an dernier, les ingénieurs comme Andrew ou Dimitriu, le responsable des opérations en piste GP Lambiase et également l’incontournable Richie Mackie. Richard a pris un peu de retrait et a laissé sa place d’ingénieur de course pour reprendre sa casquette d’aérodynamicien et il fait partie de l’équipe détachée au service de Lando Norris. Les performances de Honda sont décevantes - ce n’est pas faute de l’avoir dit à tout le monde - mais Richie continue à apprécier son job et c’est l’essentiel, même si la rumeur dit qu’il pourrait essayer de me suivre dans ma prochaine écurie. Encore faudrait-il que j’en ai une.
En effet, l’une des raisons derrière ma venue sur ce Grand Prix est cette nécessité de discuter affaires avec certaines grosses têtes du paddock. Sergueï a fait le déplacement devant l’enjeu et nous savons tous les deux ce que nous voulons ; on va mettre des petits coups de pression aux prétendants et voir qui offre quoi. Après Renault, ce sont Audi et Haas qui y sont allés de leur offre. Les projets sont différents : Renault est une écurie d’usine, Audi est une écurie de pointe et Haas pourrait articuler tout son organigramme autour de moi. Pour les deux premières on parle de rumeurs car rien n’indique que Ticktum ne prolongera pas dans le courant de l’année, tandis que la manoeuvre d’Audi consisterait à m’aligner aux côtés de Ráfaga dans un duo blockbuster pendant un an avant de signifier au plus mauvais des deux de faire ses valises pour permettre à l’écurie de respecter le plafond salarial.
On parle “d’offre ferme” de la part de Renault depuis le Grand Prix de Toronto mais, pour le moment, si je veux signer dans une écurie, il semblerait que seule Haas soit prête à m’accueillir ce qui, en réalité, ne m’intéresse pas. Ca peut paraître capricieux mais j’ai quitté la F1 pour éviter de lutter dans le ventre mou, or Haas est la définition même du ventre mou en F1. Si je reviens, je veux que ça soit dans une écurie compétitive et, même si ça pourrait être compliqué en raison des contraintes monétaires, ma priorité reste les grosses écuries.
Le seul moyen pour une écurie hors du top 5 de me convaincre, ce serait de me donner de réels arguments sur les perspectives d’évolution et, sur ce plan, beaucoup d’écuries font des promesses. Ravetto chez Ferrari et Wolff chez Aston Martin ont leurs deux pilotes et ils ont déjà suffisamment de problèmes de riche pour m’accorder de l’attention, tandis que la porte McLaren n’est même pas ouverte puisque seul George est en fin de contrat et qu’il ne bougera évidemment pas. Hormis ces trois-là, je rencontrerai tous les managers ce week-end, même Boullier chez China ! Mais en seconde partie de tableau, seule une écurie retient mon attention et cette écurie, c’est évidemment Sauber. L’écurie qui m’a permis de rouler en F1 pour la première fois et managée par le directeur d’écurie que j’estime le plus. Arturo sait qu’il part de loin et que son équipe ne fait pas partie de mes priorités, en revanche il existe de nombreux avantages à rallier le constructeur suisse ; assurance d’une équipe construite autour de moi, pas d’équipier qui cherche à me faire de l’ombre, un directeur dont je connais la compétence, une usine située à une demie-heure en voiture de chez moi. Ca serait une bonne chose et je pense que j’aurai déjà signé là-bas si l’offre m’avait été faite et que la voiture était plus compétitive.
Pour en revenir à la qualification du jour, elle n’est pas des plus passionnantes et, tout en la suivant depuis les salons VIP, j’essaie de gérer mes autres affaires car elles sont nombreuses ; même si les têtes pensantes sont sur le muret en train de s’occuper de leur équipe, je dois tenir à jour une sorte de cahier des charges m’indiquant qui est intéressé, à quel degré, et caetera. C’est une tâche réellement laborieuse. Mais malgré mon air déprimé quant à l’activité en piste, on note toutefois une surprise en Q3 ; sur le fil, Dan Ticktum vient voler la pole à George Russell. C’est la première pole de Renault depuis l’Italie en 2024 et la seconde de la carrière de Dan après un certain Grand Prix d’Abu Dhabi en 2022. Sacré disette pour celui qui n’a gagné que cinq courses en carrière dont deux cette année ; comme quoi on peut battre le grand Niki Kofler en formules de promotion et n’arriver qu’à sa cheville en termes de F1 !
Grille de départ GP d’Autriche 2026 :
1 Ticktum (REN) 2 Russell (MCL)
3 Ráfaga (AUD) 4 Ocon (FER)
5 Leclerc (FER) 6 de Vries (MCL)
7 Sigthórsson (HAA) 8 Gasly (AMR)
9 Ghiotto (DAL) 10 Nagase (HON)
11 Zhou (REN) 12 Zoranović (AMR)
13 Jokinen (AUD) 14 Wighels (SAU)
15 Benzoni (DAL) 16 Agostino (HAA)
17 Pöpfer (SAU) 18 Norris (HON)
19 Yifei (CHR) 20 Pham (CHR)
Dimanche 5 juillet 2026, Österreichring, Spielberg
Mon dimanche matin est, actif, c’est le moins qu’on puisse dire. Malgré mon absence du plateau de F1, je reste très sollicité par les médias et les fans, à qui j’essaie dans la mesure du possible d’accorder du temps mais, comme vous le savez, mes sollicitations professionnelles se chevauchent et je suis obligé de dire stop à certains moments histoire de pouvoir rencontrer certains patrons. Ce matin notamment, j’ai dû couper court à un interview avec la télé néerlandaise pour aller au rendez-vous le plus important du lot ; celui avec Cyril Abiteboul de chez Renault.
Renault a déposé la première offre et, très honnêtement, l’offre a de gros arguments. On a là un constructeur d’usine, dont la compétitivité est très acceptable - même si le rythme pur en fait l’équivalent de ce qu’était ma Red Bull l’an dernier - et dont le projet est intéressant. Le savoir-faire d’Enstone existe, c’est prouvé, et on me parle là d’un duo hautement intéressant ; Guan Yu Zhou et Niki Kofler. Malgré son adaptation difficile pour le moment, Zhou reste un pilote que j’estime énormément, que ça soit professionnellement ou personnellement. Il ne trouve pas vraiment ses marques au sein de l’écurie et, si c’est dommage pour lui, c’est aussi une opportunité. En signant là-bas, le futur numéro 1 s’assure de ne pas avoir trop d’ombre à court-terme, en attendant de voir si Joe est capable de se rendre plus menaçant.
Si on prend le cas Audi par exemple, je suis bien moins intéressé, notamment parce qu’on me propose d’essayer de remplacer discrètement Jukka Jokinen dès ma saison en Indycar terminée et que je ne trouve pas ça réglo envers un rookie qui fait ce qu’il peut dans un climat à chier, climat qui ne serait certainement pas plus chaleureux que celui que j’ai connu par le passé étant donné qu’on m’imposerait de voir la sale tête de Ráfaga presque quotidiennement. Il faudrait que je parvienne à dompter l’uruguayen pendant un an pour conserver ma place au sein de l’écurie et ça, je n’apprécie pas trop car ça peut être un échec spectaculaire. Non pas que je crois en les chances de victoire d’Arturo dans un combat de cowboys mais je pense que cela pourrait créer du dégât dans ma relation avec l’écurie et empêcher de réellement progresser en équipe à partir de 2028.
Il semblait donc, ce dimanche matin, que Renault soit en pole position, que ça soit pour le Grand Prix d’Autriche mais également pour la signature du pilote autrichien. Oui mais voilà : l’entretien avec Abiteboul m’a refroidi. Les questions que j’ai posé sont restées sans réponses dans certains cas et les réponses que j’ai obtenu ne me conviennent pas vraiment. De l’extérieur, il est facile de s’identifier à un projet mais, au moment de rentrer dans le concret, c’est parfois moins le cas. Si on ajoute à ces doutes le fait que l’offre se base sur un départ hautement improbable de Dan Ticktum, ça fait beaucoup d’éléments qui me poussent à croire qu’il y a un pot aux roses.
Néanmoins, il est temps de mettre ça de côté : il est quinze heures, l’heure pour moi de rejoindre la cabine de commentateurs d’ÖRF ; et oui, surprise ! La chaîne m’a proposé une pige, j’étais réticent au départ mais une certaine journaliste a réussi à me convaincre d’épauler Hausi et Wurzy pour le Grand Prix.