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Télévision & Séries

Sujet : Watchmen [HBO]
lechatbleu
Niveau 10
11 novembre 2019 à 16:51:52

Il y a ceux qui aiment Watchmen et qui automatiquement sont déçus (un peu logique), et ceux qui s'en foutent et qui prennent les fans de haut en prétextant qu'ils ne comprennent pas.

J'admire le travail de Lindelof depuis 15 ans (en plus d'aimer Watchmen) et pourtant je demeure mitigé. La série n'est pas "géniale" et je pense avoir largement argumenté en ce sens depuis le début. Par ailleurs je ne suis pas le seul. Encore faut-il avoir la force de lire et d'écrire des posts qui font plus de trois lignes.

Cela dit, pas grand chose à dire sur l'épisode 4. C'était l'épisode le plus "feuilletonesque" : il m'a paru moins riche et long que les précédents... Un bon épisode de série en réalité, mais peut-on parler encore de série quand on évoque une histoire de une saison constituée de 9 chapitres ? Difficile, dans ce cadre, d'être pleinement contenté par ce que cet épisode proposait.

Pour les séquences de Veidt, j'aurais tendance à également à penser que ce sont les meilleures. Dans cet épisode tout du moins. Et, plus généralement, il est vrai qu'en terme de qualité elles prennent le pas sur le reste de la série. La raison est assez simple en vérité. Comme je l'ai dit dans mes précédents posts, la série souffre d'avoir été travaillée et pensée à outrance : il n'y a pas de moment d'arrêt, de flottement, d'instants de faille permettant à l'émotion et par conséquent à la poésie de germer. La série est tellement obsédée par son désir d'être originale et à la hauteur du comics qu'elle est continuellement tendue dans sa structure, ce qui empêche aux intuitions de dépasser le concept.

Or l'intrigue de Veidt est tellement justement à part, isolée, comme libérée de cette structure et de cette obsession de perfection, du détail, du clin d’œil, qu'elle en demeure plus agréable. La vie jaillit davantage de ces séquences, ce qui est paradoxal au vu de ce qu'on y voit (un homme seul qui tue des clones). C'est presque un bol d'air, l'un des rares moments où la série paraît se tranquilliser et prendre son temps. C'est un aparté en somme, assez propre de l'allégorie du Black Freighter dans le comics. Et je sais d'ailleurs qu'ils ont tourné toutes ces séquences d'une traite, avant de passer au reste à Tulsa. Ça se voit.

Ce qui est agréable, également, avec cette "bulle" (autant narrative finalement que géographique), c'est que la série paraît libre de ses obsessions en terme de représentations. On sent que la série est obsédée par la question de la race et du sexe, et non pas seulement en tant que thème, mais dans sa façon d'incarner ses personnages. C'est très clair lorsque l'agent Petey, le "mâle blanc", se retrouve exclu de la rencontre entre les femmes "bad-ass" que sont Angela, Lady Trieu et Laurie. La série, intelligente et ironique, s'en amuse bien sûr, mais cela crée, encore une fois, une sensation de tension dans la narration. On ne peut se dépêtrer de cette idée de FORCEMENT détourner les codes, notamment au niveau des personnages féminins. La série a un côté malin, dans la confidence, coup-de-coude : je parlais d'esthétique de poseur, mais ce qualificatif s'applique également à sa narration.

En ce sens, le travail de Lindelof sur le personnage de Laurie est à mon avis à côté de la plaque. Il expliquait qu'il trouvait que le personnage, dans le comics, était trop unidimensionnel, sous prétexte qu'elle demeurait une jeune fille "dominée" par son amour pour le Dr. Manhattan, et qui pour s'en libérer va vers un autre homme (le Hibou). Or je ne vois pas en quoi c'est unidimensionnel : le personnage de Laurie dans le comics était beau, c'était presque le cœur de son récit (avec l'idée de la vie inévitable qui naît du viol, de la cohérence qui naît du chaos). OK ce n'était pas une femme forte, mais et alors ? Depuis quand un personnage féminin doit-il être fort pour être intéressant ? Au contraire, ce que Lindelof fait avec Laurie est justement unidimensionnel : pour tenter de complexifier son personnage, il décide de la rendre "bad-ass". Bad-ass avec des failles (et un godemiché), mais avec des failles. C'est un immense aveu d'échec à mes yeux. Comme si, dans ce nouveau Watchmen, le seul moyen de rendre les femmes intéressantes, de "twister" le cliché propre aux personnages féminins, c'était de les rendre aussi féroces et cyniques que les hommes. Alan Moore ne faisait pas cette erreur.
Enfin c'est juste un exemple (j'en donnais d'autres dans mes précédents posts), mais on sent ce travail du détournement, du twist, de l'originalité, dans chaque plan de la série, ce qui fait qu'elle est trop guindée. Et à côté de cela, les séquences de Veidt, totalement libres, sont fort agréables...

(Sinon pas mal de références à NoName de Lost dans cet épisode. Quand Lady Trieu dit "my mother told me I'll never lever Vietnam, so I found a loophole" ou le "I will escape this godforsaken place" de Ozymanadis. L'idée du monde boule de neige rappelle, évidemment, l'île...)

LittleBoots
Niveau 81
11 novembre 2019 à 17:03:03

C'est très clair lorsque l'agent Petey, le "mâle blanc", se retrouve exclu de la rencontre entre les femmes "bad-ass" que sont Angela, Lady Trieu et Laurie.

C'est fou d’être obsédé à ce point par ça, j'ai pas vu du tout la chose comme ça, c'est juste qu'il a bien moins d'importance.

lechatbleu
Niveau 10
11 novembre 2019 à 17:17:50

Le 11 novembre 2019 à 17:03:03 LittleBoots a écrit :

C'est très clair lorsque l'agent Petey, le "mâle blanc", se retrouve exclu de la rencontre entre les femmes "bad-ass" que sont Angela, Lady Trieu et Laurie.

C'est fou d’être obsédé à ce point par ça, j'ai pas vu du tout la chose comme ça, c'est juste qu'il a bien moins d'importance.

Oui, mais pourquoi est-ce qu'il a moins d'importance ? C'est écrit, donc volontaire. Pas du hasard. La série s'amuse depuis le début à partir à rebours de la figure du mâle banc. Moore la caricaturait, Lindelof le balance dans la marge. Tant mieux pour toi si tu ne le vois (encore que ça dépend des points de vue), mais ce n'est pas une obsession de ma part, c'est l'approche même du récit.

Le mâle blanc, star du casting, Don Johnson est tué dès le premier épisode. C'est volontaire et cela donne le ton à tout ce qui va suivre. Petey ne sert qu'à davantage représenter ça (tout en étant un relais spectatoriel symbolisant le fanboy, dont Lindelof en passant se moque gentiment pour expliquer, via une mise en abyme, qu'ici il ne satisfaire pas le fan).

Griff__29
Niveau 7
11 novembre 2019 à 17:42:44

Le 11 novembre 2019 à 16:51:52 lechatbleu a écrit :
Il y a ceux qui aiment Watchmen et qui automatiquement sont déçus (un peu logique), et ceux qui s'en foutent et qui prennent les fans de haut en prétextant qu'ils ne comprennent pas.

Faut arrêter de jouer les puristes aussi, tu peux très bien avoir adorer le comics, avoir adorer le film, et aimer cette série

lechatbleu
Niveau 10
11 novembre 2019 à 18:25:08

Le 11 novembre 2019 à 17:42:44 Griff__29 a écrit :

Le 11 novembre 2019 à 16:51:52 lechatbleu a écrit :
Il y a ceux qui aiment Watchmen et qui automatiquement sont déçus (un peu logique), et ceux qui s'en foutent et qui prennent les fans de haut en prétextant qu'ils ne comprennent pas.

Faut arrêter de jouer les puristes aussi, tu peux très bien avoir adorer le comics, avoir adorer le film, et aimer cette série

Jamais dit le contraire ! Et je ne suis pas un puriste, puisque j'apprécie -- et connais -- davantage le travail de Lindelof que Watchmen en général.
Je caricaturais simplement la situation, avec d'un côté les fans hardcore qui n'aiment pas la série parce qu'elle est "irrespectueuse", et de l'autre les "nouveaux spectateurs" qui au contraire vantent ses qualités comme si cela leur permettait de se situer "au-dessus" des fans. Dans les deux cas c'est une posture.

BonnetDeSoraI
Niveau 5
11 novembre 2019 à 19:33:26

Bordel ces combats d'infirmes :hap:
Même si j'ai un ressenti beaucoup plus positif que lui, force est de reconnaître que lechatbleu est le seul à faire preuve d'intelligence, de réflexion et d'analyse ici. C'est dingue quand même, sur les trois plus actifs de ces dernières pages, on en a un seul qui est capable d'utiliser son cerveau pour concevoir et formuler des idées pertinentes..... L'élite qu'on vous dit....

Incolore_
Niveau 56
11 novembre 2019 à 19:47:21

venir sur le topic sans argument en se la jouant condescendant :hap:

BonnetDeSoraI
Niveau 5
11 novembre 2019 à 19:53:00

Bah c'est un fait, ici il est le seul à avoir fait l'effort de comprendre et d'analyser ce qu'il a vu et de retranscrire ça sous la forme d'un pavé structuré et intelligible.
Quand je te lis toi et l'autre, je vois surtout une volonté du jugement pur, pas d'analyse et de compréhension, qui finit bien sûr toujours en dispute de sourds.

Incolore_
Niveau 56
11 novembre 2019 à 20:00:25

Le 11 novembre 2019 à 19:53:00 BonnetDeSoraI a écrit :
Bah c'est un fait, ici il est le seul à avoir fait l'effort de comprendre et d'analyser ce qu'il a vu et de retranscrire ça sous la forme d'un pavé structuré et intelligible.
Quand je te lis toi et l'autre, je vois surtout une volonté du jugement pur, pas d'analyse et de compréhension, qui finit bien sûr toujours en dispute de sourds.

ok, mais je cherche toujours tes arguments.

parce que on a déjà discuté il y a plusieurs pages de la réalisation et du propos du récit et de ce que ça tente de faire en terme d'adaptation.

c'est bien gentil de faire le fanfaron sur un topic mais t'as rien à dire de base, autant t'abstenir finalement, ou alors tu lances une discussion.

Pseudo supprimé
Niveau 10
11 novembre 2019 à 20:32:59

Très grosse référence à Lost a la fin de l'épisode Quand Will se lève tel John Locke :bave:

Sinon la série est toujours aussi génial, à la drole et captivante. Jean Smart est fantastique et que dire de Irons qui a l'air de prendre son pied.
Impossible de juger l'histoire et le propos pour l'instant car ce n'est tout simplement pas claire. La série prend son temps et tant mieux.
Tous les acteurs sont au top, la réal, la photo, la musique. Tout fonctionne et les scènes avec Veidt sont hilarantes La manière dont il balance les bébés dans la flotte :rire:"

30mars
Niveau 10
11 novembre 2019 à 21:18:53

Bonjour,

Je n'ai pas lu Watchmen, j'ai juste vu le film. Du coup je suis très loin d'être un expert et du coup j'ai des questions pour les gens qui sont fans du comics après avoir visionné le premier épisode de la série.
Est-ce qu'il y a un groupuscule de terroristes suprémacistes blancs dans le comics comme c'est le cas dans la série ? (c'est pas le cas dans le film).
Est-ce qu'il y a une thématique autour du racisme avec des événements de purification ethnique qui se seraient passés en 1922 comme on peut le voir dans la série ?
Ou est-ce que tout ça est inventé pour surfer sur l'air du temps mais n'a rien à voir avec le comics ?

:merci:

Genla
Niveau 56
11 novembre 2019 à 21:25:22

Est-ce qu'il y a un groupuscule de terroristes suprémacistes blancs dans le comics comme c'est le cas dans la série ? (c'est pas le cas dans le film).

Nope.

Est-ce qu'il y a une thématique autour du racisme avec des événements de purification ethnique qui se seraient passés en 1922 comme on peut le voir dans la série ?

Nope.

Pseudo supprimé
Niveau 10
11 novembre 2019 à 21:34:33

Le 11 novembre 2019 à 21:18:53 30mars a écrit :
Bonjour,

Je n'ai pas lu Watchmen, j'ai juste vu le film. Du coup je suis très loin d'être un expert et du coup j'ai des questions pour les gens qui sont fans du comics après avoir visionné le premier épisode de la série.
Est-ce qu'il y a un groupuscule de terroristes suprémacistes blancs dans le comics comme c'est le cas dans la série ? (c'est pas le cas dans le film).
Est-ce qu'il y a une thématique autour du racisme avec des événements de purification ethnique qui se seraient passés en 1922 comme on peut le voir dans la série ?
Ou est-ce que tout ça est inventé pour surfer sur l'air du temps mais n'a rien à voir avec le comics ?

:merci:

Rien de tout ça. Tu peux foncer :oui:

Ostramus
Niveau 26
11 novembre 2019 à 21:52:36

C'est moi où la Millennium Clock est furieusement inspirée de la tour de télécommunications de Montjuic à Barcelone conçue par l'architecte Calatrava ?

https://www.noelshack.com/2019-46-1-1573505535-watchmen-barcelone.jpg

30mars
Niveau 10
11 novembre 2019 à 22:57:13

Ah mais en fait ça a rien à voir avec Watchmen :ouch:
Y'a pas Rorschach, pas Dr Manhattan, pas le comédien...
Pourquoi ils ont appelé ça Watchmen en fait...
Bon du coup j'arrête là. La thématique des racistes ça m'emmerde profondément :(

r3lyeh
Niveau 15
12 novembre 2019 à 01:15:40

Le 11 novembre 2019 à 22:57:13 30mars a écrit :
Ah mais en fait ça a rien à voir avec Watchmen :ouch:
Y'a pas Rorschach, pas Dr Manhattan, pas le comédien...
Pourquoi ils ont appelé ça Watchmen en fait...
Bon du coup j'arrête là. La thématique des racistes ça m'emmerde profondément :(

Bah normal, l'intrigue se déroule 35 ans plus tard. La plupart des dinosaures sont décédés. Mais il reste Ozymandias et dr manhattan, ensuite on verra.

Jalis-Snake
Niveau 10
12 novembre 2019 à 02:56:11

Le 11 novembre 2019 à 13:37:15 Neufr0 a écrit :
C'est vraiment de mieux en mieux les épisodes et là on a une vraie dynamique qui se créé entre les persos. On est vraiment très loin de ce qu'on avait au début.

Les séquences de Veidt elles sont toujours à hurler de rire :rire:

De même. Beaucoup aimé l'introduction de Laurie la semaine dernière, cette semaine ça commence fort avec Lady Trieu.

Il me tue avec ses expériences. Il gère Jeremy Irons dans le rôle. J'aime beaucoup ses scènes. :noel:

Hinahoho
Niveau 7
12 novembre 2019 à 03:49:45

Le 11 novembre 2019 à 16:51:52 lechatbleu a écrit :
Il y a ceux qui aiment Watchmen et qui automatiquement sont déçus (un peu logique), et ceux qui s'en foutent et qui prennent les fans de haut en prétextant qu'ils ne comprennent pas.

J'admire le travail de Lindelof depuis 15 ans (en plus d'aimer Watchmen) et pourtant je demeure mitigé. La série n'est pas "géniale" et je pense avoir largement argumenté en ce sens depuis le début. Par ailleurs je ne suis pas le seul. Encore faut-il avoir la force de lire et d'écrire des posts qui font plus de trois lignes.

Cela dit, pas grand chose à dire sur l'épisode 4. C'était l'épisode le plus "feuilletonesque" : il m'a paru moins riche et long que les précédents... Un bon épisode de série en réalité, mais peut-on parler encore de série quand on évoque une histoire de une saison constituée de 9 chapitres ? Difficile, dans ce cadre, d'être pleinement contenté par ce que cet épisode proposait.

Pour les séquences de Veidt, j'aurais tendance à également à penser que ce sont les meilleures. Dans cet épisode tout du moins. Et, plus généralement, il est vrai qu'en terme de qualité elles prennent le pas sur le reste de la série. La raison est assez simple en vérité. Comme je l'ai dit dans mes précédents posts, la série souffre d'avoir été travaillée et pensée à outrance : il n'y a pas de moment d'arrêt, de flottement, d'instants de faille permettant à l'émotion et par conséquent à la poésie de germer. La série est tellement obsédée par son désir d'être originale et à la hauteur du comics qu'elle est continuellement tendue dans sa structure, ce qui empêche aux intuitions de dépasser le concept.

Or l'intrigue de Veidt est tellement justement à part, isolée, comme libérée de cette structure et de cette obsession de perfection, du détail, du clin d’œil, qu'elle en demeure plus agréable. La vie jaillit davantage de ces séquences, ce qui est paradoxal au vu de ce qu'on y voit (un homme seul qui tue des clones). C'est presque un bol d'air, l'un des rares moments où la série paraît se tranquilliser et prendre son temps. C'est un aparté en somme, assez propre de l'allégorie du Black Freighter dans le comics. Et je sais d'ailleurs qu'ils ont tourné toutes ces séquences d'une traite, avant de passer au reste à Tulsa. Ça se voit.

Ce qui est agréable, également, avec cette "bulle" (autant narrative finalement que géographique), c'est que la série paraît libre de ses obsessions en terme de représentations. On sent que la série est obsédée par la question de la race et du sexe, et non pas seulement en tant que thème, mais dans sa façon d'incarner ses personnages. C'est très clair lorsque l'agent Petey, le "mâle blanc", se retrouve exclu de la rencontre entre les femmes "bad-ass" que sont Angela, Lady Trieu et Laurie. La série, intelligente et ironique, s'en amuse bien sûr, mais cela crée, encore une fois, une sensation de tension dans la narration. On ne peut se dépêtrer de cette idée de FORCEMENT détourner les codes, notamment au niveau des personnages féminins. La série a un côté malin, dans la confidence, coup-de-coude : je parlais d'esthétique de poseur, mais ce qualificatif s'applique également à sa narration.

En ce sens, le travail de Lindelof sur le personnage de Laurie est à mon avis à côté de la plaque. Il expliquait qu'il trouvait que le personnage, dans le comics, était trop unidimensionnel, sous prétexte qu'elle demeurait une jeune fille "dominée" par son amour pour le Dr. Manhattan, et qui pour s'en libérer va vers un autre homme (le Hibou). Or je ne vois pas en quoi c'est unidimensionnel : le personnage de Laurie dans le comics était beau, c'était presque le cœur de son récit (avec l'idée de la vie inévitable qui naît du viol, de la cohérence qui naît du chaos). OK ce n'était pas une femme forte, mais et alors ? Depuis quand un personnage féminin doit-il être fort pour être intéressant ? Au contraire, ce que Lindelof fait avec Laurie est justement unidimensionnel : pour tenter de complexifier son personnage, il décide de la rendre "bad-ass". Bad-ass avec des failles (et un godemiché), mais avec des failles. C'est un immense aveu d'échec à mes yeux. Comme si, dans ce nouveau Watchmen, le seul moyen de rendre les femmes intéressantes, de "twister" le cliché propre aux personnages féminins, c'était de les rendre aussi féroces et cyniques que les hommes. Alan Moore ne faisait pas cette erreur.
Enfin c'est juste un exemple (j'en donnais d'autres dans mes précédents posts), mais on sent ce travail du détournement, du twist, de l'originalité, dans chaque plan de la série, ce qui fait qu'elle est trop guindée. Et à côté de cela, les séquences de Veidt, totalement libres, sont fort agréables...

(Sinon pas mal de références à NoName de Lost dans cet épisode. Quand Lady Trieu dit "my mother told me I'll never lever Vietnam, so I found a loophole" ou le "I will escape this godforsaken place" de Ozymanadis. L'idée du monde boule de neige rappelle, évidemment, l'île...)

Pour avoir regardé le film Watchmen (2009), et pour m'intéresser de près à l'écriture des séries et des films, je trouve que tes arguments montrent que, comme beaucoup visiblement, tu n'as peut-être pas bien compris certaines intentions de la série.

Pour commencer, le film Watchmen (ou le comics Watchmen) est une histoire qui a pour objectif de montrer un monde fictif que nous connaissons (un monde avec des super-héros) sous un angle plus cynique et plus réaliste par rapport aux problèmes qui gangrènent les USA au XXème siècle.

Et franchement... c'est exactement ce que propose la série Watchmen au XXIème siècle, du moins sous cet angle. Après, je vais essayer d'énumérer ce qui peut plaire et ce qui peut déplaire dans cette série (Je vais également essayer de fournir une réponse exhaustive mais pas trop longue).

Premièrement, la qualité d'une série (comme pour un film ou une chanson) est subjective. Ce qui est cool ou intéressant pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre.

Ce qui peut déplaire

- le schéma narratif de la série : premier problème, la série ne se suffit pas à elle-même. Une personne qui n'a pas vu le film (ou lu le comics) ne pourra pas aussi bien comprendre la série que quelqu'un qui est à jour. La série Game of Thrones n'avait pas fait cette erreur (par rapport à la rébellion du roi Robert) et c'est bien dommage, surtout que les deux sont produites par HBO qui cherche toujours un hériter à GOT (quelle ironie d'ailleurs).

- l'univers : second problème, et c'est peut-être le plus problématique. Watchmen (film et comics) est une histoire aux thématiques réalistes dans un univers surnaturel et... on ne le ressent pas assez dans la série. Cette approche du film, et du comics, donnaient à l'histoire plusieurs niveaux de lecture afin de pouvoir intéresser le plus grand nombre. Or dans la série, la représentation du surnaturel est beaucoup trop indirecte, c'est comme si dans GOT tu ne voyais pas les marcheurs ou les dragons mais juste des cadavres en spirale ou des mystérieux corps calcinés. La série donne juste l'impression de se dérouler dans un monde "un peu différent" ; t'as pas l'impression qu'un être comme le Dr Manhattan pourrait débarquer dans cet univers là et ça donne au nom de la série "Watchmen" un côté assez frustrant...

- le message : le film Watchmen (et le comics) se servait de ce que le peuple connaissait de la société américaine pour illustrer son propo. Or là, la série Watchmen se sert d'un modèle sociétal qui n'existe pas pour illustrer son propo et malheureusement... c'est assez problématique. Le racisme de la série n'est pas représenté de la même manière que dans la vraie vie aux USA, or pour le film la guerre du Vietnam a vraiment eu lieux et Nixon a vraiment été président. Pour faire du Watchmen, il aurait fallu adapté la réalité du XXIème siècle à l'influence de Veidt et du Dr Manhattan par rapport aux événements du film. De plus, le surnaturel n'est pas assez présent pour permettre à la majorité des téléspectateurs de prendre plus facilement de la hauteur sur les problématiques raciales de la série (comme dans le film Black Panther par exemple).

Ce qui peut plaire

- casting et production : par rapport au concept que propose la série, je vais dire quelque chose que je dis rarement : le casting et la production peuvent suffire à suivre cette série (du moins dans l'idée). Franchement, les personnages principaux, secondaires, figurants (même les gosses), la photographie, la réalisation... que dire ! La série est tellement bien produite et le concept est tellement intriguant (Veidt, les policiers, la 7e cavalerie, Will Reeves, etc) que, malgré certains défauts, je ne peux que féliciter ceux qui ont bossé sur ce projet.
Mention spéciale pour la bande son qui fait honneur au film et les dialogues qui sont juste... 🤤

- le concept : comme je le disais au début de ce commentaire, le film Watchmen (et le comics) nous montrait un monde de super héros cynique et réaliste par rapport aux problèmes qui gangrènent les USA au XXème siècle. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que Watchmen (film et comics) se concentrait principalement sur l'influence de la politique américaine dans un monde de super héros et sur l'influence qu'aurait réellement eu des super héros dans un monde réaliste. Après les événements du comics (ou du film), la lecture politique est proposé avec le contexte des afro-americains, la lecture extrémiste de Rorschach est proposé par la 7e cavalerie, les policiers masqué sont le fruit de l'influence des super héros dans un monde réaliste, Will Reeves nous offre la lecture sociologique d'Ozymandias et la lecture philosophique du Dr Manhattan semble être proposé avec Veidt. Et sous cet angle, la série Watchmen devient je trouve très pertinente !

Incolore_
Niveau 56
12 novembre 2019 à 08:34:25

Le 12 novembre 2019 à 08:26:02 LePique108-6 a écrit :

Le 11 novembre 2019 à 22:57:13 30mars a écrit :
Ah mais en fait ça a rien à voir avec Watchmen :ouch:
Y'a pas Rorschach, pas Dr Manhattan, pas le comédien...
Pourquoi ils ont appelé ça Watchmen en fait...
Bon du coup j'arrête là. La thématique des racistes ça m'emmerde profondément :(

4 épisodes et tu penses encore que le seul sujet de la série c'est la racisme. En gros t'aime pas réfléchir. C'est clairement pas pour toi, un peu trop fin à comprendre. T'as raison d'arrêter

il a vu que l'épisode 1 :hap:

LittleBoots
Niveau 81
12 novembre 2019 à 09:11:09

C'est quand même dommage d’arrêter après un épisode, ce n'est pas une série de Ryan Murphy quoi.

Sujet : Watchmen [HBO]
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