Le 19 septembre 2017 à 13:39:
hsmaxpuissant a écrit :
Edo, Mardi c'est Ravioli, première ça tourne action couper c'est dans la boite
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La où on ne se pose pas la question sous les mêmes termes, c'est que tu poses "Qui a créé", ce qui est déjà orienté, la où j'aurais plutôt tendance à me demander "Comment a été créé", ce qui l'est tout autant.
D'ailleurs en cherchant un peu, je n'arrive pas a trouver une formule non orientée sur le sens de la vie, c'est rassurant en un sens de se dire qu'on ne peut pas rationaliser l'existence à ce point. A la limite tu as "Est-ce-que ça existe" mais ça n'apporte aucune réponse, soi on peut y répondre et ça n'a pas d'intérêt, soi on ne peut pas et alors alors on retombe dans la foi.
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Enfin, à l'origine, la religion est censée résoudre deux problèmes : l'existence du monde (la vie), et la mort.
Aujourd'hui, on n'a plus forcément besoin de la religion pour expliquer l'un et l'autre. C'est ce qui fait que cette époque est cool : je me sens très libre par rapport à la religion, et si je suis encore croyant, je sais que c'est librement puisque je pourrais adhérer à une autre explication non religieuse du monde.
La religion est vraiment sensé expliquer ça ? Elle n'est pas plutôt la réponse à "pourquoi la mort", "pourquoi la vie" ?
c'est une autre manière de dire la même chose, dans mon esprit. Je ne me pose pas la question "qui a créé", mais "qu'/qui est à l'origine"... En fait, c'est même pas ça parce que je suis finaliste : pour moi Dieu, c'est pas l'origine de toutes choses, c'est la "fin" de toute chose : l'objectif, ce vers quoi tend l'Univers. Donc je ne me pose même pas la question de savoir qui/quoi a créé le monde, ni quel est son origine. Pour moi, Dieu c'est la tendance de l'Univers vers toujours plus d'intelligence et de conscience. Mais de ce point de vue, je suis un hérétique en fait, je suis complètement en dehors des dogmes de l'Eglise catholique, même si je continue à prier à l'église un dimanche sur trois.
Je crois que fondamentalement, on se pose tous la même question : pourquoi suis-je là ? et qu'on décline cette qestion de manière différente en y cherchant une réponse. La différence majeure pour la religion c'est qu'elle pose aussi la question pour quoi (en 2 mots) suis-je là, en même temps. La religion implique une relation au père (même si seule la religion chrétienne autorise d'affirmer une filiation entre Dieu et soi, par l'intermédiaire du Christ, toutes les religions monothéistes font de Dieu une sorte de père puisqu'il est à l'origine de notre vie.) et donc, pose une question supplémentaire par rapportà l'athéisme et l'agnosticisme : celle de la raison pour laquelle nous aurions été fait.
Et il me semble que c'est une des raisons pour lesquelles les religions sont mal aimées aujourd'hui : car c'est justement cette question qui entraîne des obligations, des restrictions de notre liberté individuelle. Mais là, j'extrapole, je peux me tromper.
D'ailleurs je ne comprends pas le besoin de le faire, outre un doute sur sa propre foi, rassurée une fois que tout le monde pensera la même chose.
En passant, je crois que tu prends le problème à l'envers : à mon avis, c'est pas un doute sur sa foi, c'es plutôt un complexe de supériorité surcompensée qui nous a menés là : c'est quand on est persuéadés qu'on détient la vérité qu'on a assez d'assurance pour aller l'imposer aux autres. Mais suivant les ères de l'histoire, la christianisation est passée par des phases très différentes. Au moment où on a inventé ces notions de saints et d'anges-gardiens à prier à la place des dieux, c'était surtout parce que des personnes qui s'étaient déjà converties au christianisme continuaient de pratiquer des rites traditionnels par habitude, de venir se prosterner devant tel rocher pour guérir d'une maladie ou devant telle source pour que son enfant naisse en bonne santé, ou pour avoir une bonne récolte. Du coup, l'Eglise chrétienne a essayé de redonner un sens à ce qui n'en avait plus, à une époque où l'on n'avait pas toutes les connaissances scientifiques d'aujourd'hui et où les gens avaient pourtant besoin de réponses.
D'ailleurs, puisque j'ne parle, pour moi, la science et la religion sont plus proches que ce que certains religieux prétendent en déclamant à tout bout de champ que la scienc s'occuppe du comment et la religion du pourquoi ?
Cette déclaration, c'est une espère d'autojustification idiote de la religion, comme pour dire à la fois que la science ne concurrence pas la religion et donc qu'on en a toujours besoin, et que la religion ne concurrence pas la science pour rassurer les indécis ou les scientifiques croyants.
Mais pour moi, c'est stupide de vouloir cacher qu'il y a dans les faits bien une concurrence entre les deux, et qu'être croyant aujourd'hui, c'est justement fair ejouer cette concurrence...
Car sur chaque question que je me pose (qu'on se pose en général), on doit choisir si on va répondre par la voie de la science, celle de la religion, voire les deux si par hasard sur cette question-ci, les deux réponses ne sont pas incompatibles. C'est un travail intellectuel qu'à mon avis chaque croyant devrait faire : quelle est la place de la science et celle de la religion vis-à-vis des questions qu'on se pose.
Cantonner la religion à l'éthique, dans ce contexte, c'est pour moi une paresse intellectuelle qui permet de se donner bonne conscience à peu de frais. Et l'enjeu est très important puisqu'on ne peut et ne doit jamais ignorer la science, quelle que soit la question posée.
c'était ironique de ma part, tu l'auras compris. Mais je pense que je dois être lucide sur ma propre religion, et sur ses limites et fautes passées sinon, je ne suis pas un croyant libre, je suis juste un mouton. (de toute façon je suis limite/hérétique, je suis beaucoup plus proche du protestantisme en fait, même si pour certaines raisons, je ne me suis pas reconverti chez eux.)
Hum, trois petites questions alors (mais grande réponse !), si tu te considères comme "quasi-hérétique", comment peux tu en même temps te considérer comme catholique ? (sans rhétorique, c'est une vraie question que je me pose)
c'est une longue histoire de maturation (enfin, j'aime à le penser en tout cas) assez personnelle. Je ne me considère pas catho, en soi, je me considère juste chrétien. Si je continue à prier (jusqu'à maintenant) chez les cathos, c'est surtout parce que malgré les différences de dogmes, je crois au même Dieu que mes coreligionnaires : celui qui est révélé par la Bible.
Donc je trouverais çà un peu bête de la prier seul dans mon coin alors qu'on est censés être tous les crétures du même Dieu. C'est sur des points particuliers que je diverge de la foi catholique défendue par l'Eglise, comme sur la transsubstantion de l'Eucharistie (le fait que le pain se transforme en corps du Christ), par exemple :
Parce que si le pain se transformait vraiment en corps du Christ, pourquoi Dieu ne serait-il pas capable de lui en donner aussi l'aspect ? L'explication donnée par l'Eglise relève d'une explication artificielle, et d'ailleurs, quand on lit la Cène (le repas au cours duquel Jésus partage le pain avec les disciples), on comprend tout-à-fait qu'il agit symboliquement, et donc j'ai du mal à comprendre pourquoi l'Eglise catholique en a fait toute une histoire miraculeuse où le pain devient de la chair, mais sans son aspect, en essayant de coller une explication pseudo-aristotélicienne (substance/accident) par-dessus. C'est là où je me rapproche des protestants, car pour moi, le pain qu'on mange est davantage une histoire de partage fraternel que de recevoir Dieu en nous individuellement.
Je suis assez individualiste, en fait, mais là où je trouve que la religion chrétienne pourrait remettre du lien entre les hommes, de l'amitié véritable (on partage un repas en commun comme des frères), l'Eglise catho fait l'inverse et ça devient une histoire d'intériorisation individuelle de la divinité, et je trouve ça franchement dommage.
Cela dit, pour d'autres raisons, je ne deviens pas protestant. La dévotion à Marie, par exemple. Ou encore le rejet de la Lettre de saint Jacques.
Si tu es un "croyant libre", alors quel est l'intérêt de te coller une étiquette, ne peut on pas avoir la foi sans être affilié à une église, ce sont les déistes si je ne me trompe pas ?
Oui, sauf que je ne crois pas en un dieu inconnaissable, je crois au Dieu révélé par la Bible à travers l'enseignement du Christ, donc dans tous les cas, je suis chrétien.
'faut savoir qu'il y a plein de chrétiens qui ne croient plus du tout aux anges (d'ailleurs je suspends mon jugement sur les anges, peut-être que des entités purement spirituelles existent, ma foi, mais je suis agnostique en ce qui les concerne.)
Ça je me doute ! Qu'est ce que tu entends par "entités purement spirituelles" ? Des sortes d'esprits ? Des fantômes ? Des habitants d'un autre monde, celui de la "magie" au sens large ?
On pourrait les comparer aux fantômes, sauf que ce ne sont pas des esprits de personnages morts. Ce sont simplement des entités sans corps matériel, des entités qui ne sont pas limités par la matière, selon la croyance chrétienne. Jésus en parle dans une de ses paraboles, il dit qu'après la mort, nous sommes comme des anges (dans Matthieu, 22, 30).
Sauf si Dieu aurait envoyé des messages expliquant sa volonté en inspirant des prophètes. Mais je vois ce que tu veux dire Et puis, je pense que l'homme cherche Dieu aussi avec son intelligence, pas seulement avec sa foi (moi, c'est la philosophie qui m'a ramené à la religion en tout cas)
Si Dieu envoie ses messages à travers ses prophètes, ce sont alors les voies concernant ceux ci qui sont impénétrables, que leur dit-ils, pourquoi eux etc..
Ça fait tenir la qualité de prophète uniquement sur l'éloquence et la crédibilité. A ce compte là, seules les escrocs peuvent être prophètes. La foi c'est croire d'accord, mais si croire en une entité supérieure ne me pose pas de problème de fond, croire en un autre homme est tout à fait différent.
C'est bien pourquoi, il y a plusieurs prophètes dans l'histoire, et qu'on les reconnaît au fait qu'ils ont annoncé à l'avance des événements qui ont pu être vérifiés. Le but du prophète n'est certes pas de dire l'avenir, mais de dévoiler le plan de Dieu (je ne sais pas si on saisit bien la différence, mais elle est importante). En revanche, le fait d'voir su prédire à l'avance des événements imprévisibles leur permet de se faire reconnaître.
Et tous les prophètes ont un discours peu ou prou similaires, ils viennent rappeler que Dieu est miséricordieux (c'est la marque de fabrique de l'Ancien Testament). De fait, si un prophète dit au contraire que Dieu punit les mécréants (par exemple), on sait qu'il s'agit d'un faux prophète puisqu'il s'éloigne du message donné par les autres prophètes. Or, dans l'Ancien Testament, seuls les hébreux (les juifs) sont obligés d'adorer le Dieu unique, il n'y a pas d'obligation pour les autres peuples de le faire. En revanche, il y a une obligation de justice et de bonne conduite - quelle que soient leurs croyances - pour tous les peuples.
Je me mets à la place du croyant. Je n'entends pas Dieu, je ne peux pas interpréter ses signes s'il en envoie, en quoi un autre serait plus légitime que moi pour y arriver ? Nous entendons tous une puissance supérieure, c'est notre conscience. Si cette conscience est Dieu alors nous entendons tous Dieu, cet homme n'est pas plus légitime. Si cette voix n'est que ce qu'elle est, la conscience, en quoi les voix de l'homme seraient-elles autre chose ?
Mais notre conscience n'est pas une terre vierge indépendante, elle est éduquée (par nos arents, etc.) Le bien et le mal, nous sommes capables d'apprendre à les reconnaître (c'est pas bien de jouer au foot dans le salon, et de casser le vase de Maman), mais ce n'est pas inné. Au cours de l'histoire, la valeur de bien a souvent été attaché à la violence, à la bravoure du guerrier, à la justice rétributive personnelle - la vengeance autrement dit -, la pauvreté était perçu comme un châtiment divin donc on laissait le pauvre dans sa mouise et le concept de charité *solidaire* n'existait pas, contrairement par exemple à ce que dit l'Evangile qui cherche à instaurer la paix entre les hommes (Heureux les justes, pardonnez 70 fois 7 fois, fin de l'oeil pour oeil, etc.) et ça se voit déjà dans l'Ancien Testament (Isaïe, chapt.1, 11-20 : « Que m'importe la multitude de vos sacrifices ? dit d'Isaïe. Je suis rassasié des holocaustes de béliers, et de la graisse des veaux; je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous a demandé de fouler mes parvis ? Ne continuez pas de m'apporter de vaines oblations; l'encens m'est en abomination; quant aux nouvelles lunes, aux sabbats et aux convocations, je ne puis voir ensemble le crime et l'assemblée solennelle. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; elles me sont à charge, je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je voile mes yeux devant vous; quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas: Vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous; Otez la malice de vos actions de devant mes yeux; cessez de mal faire, apprenez à bien faire; recherchez la justice, redressez l'oppresseur, faites droit à l'orphelin, défendez la veuve. Venez et discutons ensemble. Si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige! s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. Si vous obéissez de bon coeur, vous mangerez les biens de votre pays; mais si vous résistez, et si vous êtes rebelles, vous serez mangés par l'épée; car la bouche de d'Isaïe a parlé. »).
Cela nous semble évident aujourd'hui, parce qu'on est imprégéns jusqu'au trognon de culture occidentale judéo-chrétienne, mais à l'époque où ç'a été écrit, c'était loin de l'être : les hommes n'avaient pas de problème de conscience à laisser mourir de faim les losers soi-disant abandonnés de dieux, et le héros typique, c'était Achille, le mec qui réclame ce qui lui est dû par le sang de ses ennemis. L'empathie est quelque chose que l'homme a appris au cours des siècles, pas quelque chose d'inné. Et c'est la religion qui la lui a apprise.
Au passage, comment fais tu pour concilier foi et philosophie, je veux dire, c'est plus ou moins la base de la religion mais j'ai du mal à saisir comment s'articulent foi, croire aveuglément, et philosophie, réfléchir au sens des choses.
Le fait est que beaucoup de *grands* auteurs chrétiens se sont moqués des intellectuels et des philosophes en revendiquant une part d'irrationnalité dans la religion. Cependant, la religion, ce n'est pas croire *aveuglément*, c'est croire parce qu'on a une bonne raison de croire. Et il y a eu des philosophes religieux (ne serait-ce que Descartes, pour citer le plus évident)