J'ai suivi le même genre de parcours si ça peut te "rassurer", master recherches à paname (donc zéro cours consacré à de la didactique, que de la littérature brute + la pauvre UE d'anglais des familles), agreg externe, et puis hop une cinquième et une quatrième en stage sans préliminaire. J'ai eu mon premier cours face à des élèves avant mon premier cours à l'INSPE. Les premiers temps sont loin d'être faciles mais on progresse vite la première année en commençant à trouver sa posture et puis peu à peu ça s'installe. Au moins, t'as l'avantage de n'avoir qu'un niveau, ce qui va te permettre de respirer considérablement sur les préparations (pense quand même à faire des contrôles à sujets différents, ils sont pas cons ils demandent qui à qui 
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Et c'est clair que la différence de niveau avec un 4e va faire mal
Ce qui est dur en fait c'est que la différence est pas tellement une différence de degré, où simplement ils en sauraient moins que toi, mais une différence profonde de nature. Ils n'envisagent pas du tout le texte comme t'auras sûrement été habitué à le penser par la pratique (universitaire ou personnelle), et ça nécessite presque - pour moi en tout ça ça l'a demandé - un réapprentissage de comment parler d'une lecture. Je crois que le plus important c'est de s'assurer avant de s'orienter sur de l'interprétation / explication qu'ils savent bien par eux-mêmes ne serait-ce que synthétiser ce qu'il se passe dans le texte et l'ambiance qui court dedans, et souvent ils ont déjà du mal avec cette étape, quel que soit le niveau d'ailleurs, en première pour le bac c'est pareil. Un truc tout con mais tu verras probablement pas mal d'élèves te parler de textes en utilisant du passé simple et une forme un peu abâtardie de narration qui paraphrase, ce qui fait bizarre quand t'as passé cinq ou six ans dans un ton interprétatif universitaire de commentateur objectif au présent.
Bon après je m'étale pas mal là-dessus, trop sans doute parce que c'est un sujet de réflexion qui me vient souvent et auquel j'ai beaucoup pensé. Sur le tas tu trouveras bien moyen de communiquer avec eux, je veux pas alourdir par mon propos.
- Pour les plans de classe, je commence par de l'alphabétique le premier jour et je les appelle dans le couloir. Ca me permet de retenir quelques blases et de commencer à voir les paires qui me vont / qui me vont pas. Assez vite je fais mon premier plan fille garçon un peu au pif puisque je les connais pas encore bien, et j'affine quand y a des soucis en faisant des permutations. J'ai des lycéens maintenant donc quand je change le plan je peux me permettre de le projeter au tableau et d'attendre qu'ils se rangent. Ca fait perdre un peu de temps la séance où tu l'installes mais ça en fait gagner sur toutes les autres. C'est largement rentable à mon sens, après c'est pas un universel, y a plein de collègues qui préfèrent travailler sans plan pour des raisons qui leur sont propres. Moi ça m'aide aussi à retenir les noms, j'ai une mémoire désastreuse des patronymes et des visages.
- Les premières heures avec mes élèves j'essaie de passer une sorte de contrat, de leur dire et leur montrer ce que j'ai comme style et comme comportement et ce que j'attends comme eux en miroir de comportement. J'essaie de leur faire passer tout de suite l'idée que certaines choses me cassent fortement les couilles (les retards, l'irrespect, le fait qu'ils n'écoutent pas entre eux) mais qu'à côté de ça ils peuvent parler sans aucun filtre, de toutes les idées qu'ils ont, et que plus on est dans une discussion ensemble sur l'art (et loin donc du cours magistral), plus globalement notre relation sera bonne. Mais ça c'est assez spécifique à ce que je veux créer comme lien avec mes élèves, c'est pas un absolu. Pour ce qui est de la présentation du grand cadre de l'année, je ne le faisais pas au début, maintenant ça me paraît pas mal de circonscrire un peu les choses, mais c'est aussi parce que je travaille avec des classes à examen et je veux que les enjeux soient posés assez vite. Je l'avais pas fait en stage avec les petits.
Quel que soit le niveau, globalement, je commence toujours par une petite activité qui essaie de faire comprendre ce que c'est simplement l'analyse : par exemple, je passe une séquence de film ou un tableau et je leur impose de le décrire objectivement, puis je repasse et je leur demande de m'expliquer en utilisant les éléments de description ce que à leur avis ça transmet comme message, comme sentiment ou les deux (la définition minimale de l'art sur laquelle ils doivent pouvoir se baser). Parce que je considère que l'analyse c'est le geste de base qu'on va développer tout le temps en lettres, quel que soit l'exercice.
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