Création

Ils sont arrivés plus tardivement, alors que vous deux, je vous ai retrouvé sur des topics de 2005/2006.

Ostra est arrivé à l'été 2004, pour info.
Moi, je suis arrivé effectivement un peu plus tard, fin aout 2006.

Ben je l'ai pas vu sur les topics.

Remboursez !

Non content de me blacklister tu M oublie ? Volontairement ?

Moi aussi j'ai traversé les âges monsieur ! Je suis la depuis le tout début. ... non mais !

Tin, mais c'est juste une question... Vous avez vraiment besoin de jouer à qui à la plus grosse?

moi je suis la depuis presque 4 mois

Ouais grave, en fait au lieu de poster un simple message qui "s'insurgeait" ironiquement de ton oubli, j'en ai pas dormi... J'ai pleuré toute la nuit^^

(Puis tu sais très bien qu'on était la depuis le début avec Ostra, mais ca c'est autre chose )

(Et je fais-réagis comme je veux d'abord )

Le 02 mars 2016 à 13:31:47 Mandoulis a écrit :
Ils sont arrivés plus tardivement, alors que vous deux, je vous ai retrouvé sur des topics de 2005/2006.

Ma première fiction date de décembre 2004 : https://www.jeuxvideo.com/ostramus/forums/message/554944248

Le 02 mars 2016 à 13:40:08 Mandoulis a écrit :
Ben je l'ai pas vu sur les topics.

Les années 2005-2006 furent celles où j'ai le plus posté :
https://www.jeuxvideo.com/recherche/forums/0-58-0-1-0-76-0-ecriture.htm?search_in_forum=ostramus&type_search_in_forum=auteur_topic

Voili voilou, j'ai répondu à l'interview. Merci à Mandou d'avoir posé les questions, j'espère que ces douzes pages de fatuité répondront à toutes vos attentes:

I/ Moicesmoi, pilier de la communauté

1/ D’où te viennent ces deux pseudos, Moicesmoi et FatuiteR ? Que signifient-ils ?

De ma tête. Pour le premier, c’était à mon inscription sur JV.COM. J’étais dans l’incapacité de trouver un pseudo qui n’avait pas été pris. Du coup, rageur, j’ai tapé mon excellentisme nom de famille. C’était déjà pris. Donc, je me suis exclamé « Mais… Moi, c’est moi ! ». Et voila comment la légende débuta.
Pour le deuxième, j’aime simplement le mot « Fatuité ». Très bonne sonorité. En plus, c’est sympa à caser dans un diner mondain. Enfin, j’imagine, j’ai jamais été dans un diner mondain. Le « R » vient simplement du fait que je m’étais fait un pseudo « Fatuité » mais que j’ai oublié le mot de passe, donc, il a fallu me réinscrire. Un « R », ça marche autant pour revisité, réinscription, et raton-laveur. Bien que je ne pense pas que le dernier soit pertinent.

2/ 14 Décembre 2005. 18:30:53. Tu postes ton premier texte sur le forum Écriture, L’ange de la nuit. Quels souvenirs cette nouvelle te rappelle t’ils ? Quels sentiments conserves-tu de ton arrivée ?

Ça, c’est de l’archéologie. Je me rappelle globalement de l’intrigue, ça s’intégrait dans mon projet de fantasy du moment. Si on prend en compte mes compétences de l’époque, je pense que je m’en étais plutôt bien sorti. Bon, si je la relis aujourd’hui, je trouverai certainement que c’est naze, mais je préfère rester dans mes illusions. Après, je ne pense pas ce soit mon premier texte sur le forum. Si je me souviens, j’avais fait supprimé les premiers, comme ils s’inscrivaient dans un projet évoluant constamment, et que ça me soûlait de refaire des topics en mode « réécriture de X, version 512 ».

Quant aux sentiments à mon arrivée, c’est mitigé. Je pense qu’il faut éviter la nostalgie sur ce coup-là, et même se permettre un petit tacle. Quand je compare le traitement des nouveaux aujourd’hui et celui de l’époque, j’aime beaucoup l’évolution que je voie. À l’époque, il y avait des habitués dont l’attitude était clairement problématique. Je me souviens encore que quelqu’un (dont heureusement j’ai complètement oublié le pseudo) avait répondu à un commentaire d’un nouveau sur son texte (le texte de l’habitué, hein) : « T’es nouveau, t’as pas le droit de critiquer ». Ou un truc du genre. Alors, faut replacer dans le contexte, évidemment. Il y avait un ton humoristique, derrière ce commentaire extrême. Mais même ainsi, personnellement, je n’apprécie pas ce type d’humour. Un mec débarque dans un endroit où il y a déjà des habitués, il fait des efforts pour lire ce qui est produit, et un mec random lui sort un délire de potes de derrière les fagots… Je veux bien qu’on soit sur le net, mais bon, la subtilité, ça existe, et pour une bonne raison.

Donc, quand je me rappelle mon arrivée, je me rappelle surtout de ça en premier, cette impression d’une communauté extrêmement aversive, avec certaines figures dont l’attitude humaine était très discutable.
Après, pour recentrer la question sur moi-même, il faut se rappeler qu’en 2005, j’avais 14 ans. Je me débattais avec certaines problématiques personnelles et je n’avais pas vraiment la maturité émotionnelle pour l’exercice. Je m’étais pointé avec mon texte, et comme il était pas très bon, ça s’est pas bien passé. Même si, mauvaise foie oblige, le manque de tact de certains lecteurs m’avait déjà questionné à l’époque. J’ai eu une fréquentation en dents de scie, en fonction de l’humeur, plus ou moins maladive, que j’avais. Malgré tout, je suis resté. L’idée de confronter mes textes à des lecteurs a fini par me plaire et je me suis prêté au jeu. Surtout que, après certains commentaires qui me restent en travers de la gorge (non pas pour le fond, mais bien pour le ton), les autres étaient courtois et parfois sympathiques. Mais je dois avouer que ce n’est pas ce qui m’a fait resté. Ce qui a fait que j’ai passé beaucoup de temps sur « Ecriture », ce sont les textes. Dans mon jeune parcours littéraire, quand j’étais enfant et en partie durant mon adolescence, j’ai toujours eu un problème : l’accès aux livres. Acheter des bouquins, c’était un luxe chez nous. Je vivais à la campagne, il n’y avait pas de libraires dans le village, donc, je n’avais un livre que toutes les X semaines. Puis, il y avait aussi le prix. Ça peut sembler con, mais pour un foyer où, à partir du 25 du mois, on se lavait à l’eau froide, acheter un livre, c’était beaucoup. Du coup, avoir accès à tous ces textes, gratuits, avec pour seule condition d’accepter de me niquer les yeux sur un écran, c’était le pied.

Donc voila, début difficile sur « Ecriture », mais la suite s’est mieux passée.

3/ Tes textes se multiplient, la communauté s’accroit. Comment t’es-tu intégré ?

Déjà, en revenant de temps de temps. Il y avait une certaine vie dans le forum, je m’en mêlais peu. De temps en temps, un petit coucou sur le blabla, mais en règle général, je me tenais à carreau et je faisais mon truc dans mon coin. Bon, c’est encore un peu le cas aujourd’hui. J’étais quand même un bon lecteur, même si on me lisait moins que moi je ne lisais les autres (tu le sens mon deuxième tacle, là ? HEIN ? MON GROS PIED RANCUNIER DANS… ‘fin bref). Je postais de temps en temps, mais, à l’époque, c’était vraiment des petits trucs sans conséquence, plus pour m’entraîner.

La grosse intégration, je pense que c’est clairement au moment du succès de l’arène. Alors, pour les plus jeunes, un petit rappel s’impose. L’arène des duellistes était un topic de confrontation de textes, uniquement dans le genre de la fantasy. On créait un personnage via une fiche de personnage et deux participants se mettaient d’accord pour faire un duel (parce qu’à trois, c’est une truelle). On choisissait les conditions du dit-duel (lieu, personnage, blablabla,…) et chacun écrivait son texte. Ensuite, un jury déterminait le vainqueur, son texte devenant alors « canon » dans l’histoire de l’arène. Il y a eu une période où l’activité était très importante sur ce sujet, à tel point que certains participants, Negatum notamment, avaient émis l’idée de développer un projet d’histoire et d’univers communs sur cette base. C’est vraiment sur cette période que j’ai appris à apprécier « Ecriture ». La vie du sujet, ses habitués, ses discussions, et l’exercice en lui-même. C’était sympa.

4/ Le Hobbit, Carnavale, Kaim, Azerty, AshRuins, Neg’, quelles émotions ressens-tu à la vision de ces noms sortis d’outre-tombe ?

Bah là, pas grand-chose. En fait, ça dépend de la question. Si tu me demandes ce que je ressens à l’idée que y’avait des gens qui sont plus là… bof, quoi. D’un côté, c’est dommage, mais la vie continue. Parfois, il faut accepter de laisser les vieux au bord de la route en partant en vacances.

Après, si la question, c’est qu’est-ce que je ressens pour ces individus spécifiques, c’est autre chose. Le Hobbit a été un bon modo, sa seule décision contestable a été lors de la passation de pouvoir. Carnavale et AshRuins, bof. Jamais vraiment pris le temps de discuter avec eux. Leur travail était sympatoche, et je l’appréciais, à des degrés divers en fonction des textes. Pour Kaim, il était déjà pas très présent quand j’étais là, et les seuls échanges que j’ai eus avec lui étaient quand je commentais son cycle. Et vu mon appréciation des textes, c’était pas tétra-cordial. Azerty, tout ce que je me rappelle de lui, c’était que le pauvre garçon virait hystérique dés qu’un texte faisait une référence au catholicisme. Sans oublier que c’était un aficionados du cycle de Kaim (je peux pas dire qu’il le voyait comme le Saint-Evangile, vu la première caractéristique, mais bon, vous comprenez l’idée). Quant à Negatum, là, je dirais que c’est le plus gros regret. Il avait une certaine compétence en écriture, mais je ne l’ai vraiment vu à l’œuvre que pour l’arène. J’aurais aimé en revenant sur « Ecriture » voir comment il avait évolué, s’il avait changé de style ou de genre. C’est dommage.

5/ Avec Elfi, tu es le seul à avoir ainsi traversé les âges, comment l’expliques-tu ? Pourquoi continues-tu à venir chaque jour en ces contrées ?

Le seul, tu es sûr ? D’accord, d’accord, j’arrête le troll. Je ne l’explique pas. Franchement, j’imagine que ceux qui ne sont plus là se sont dits à un moment qu’il fallait passer à autre chose. Les conditions ayant été ce qu’elles ont été pendant toute une période, certains ont laissé tomber en mode « c’est mort ». Ce qui me permet de te corriger, puisque il y a une autre erreur dans ta question. Je n’ai pas traversé les âges, puisqu’il y a une période où je n’étais pas là. On y reviendra après, il y a une question où j’expliquerai tout. Je n’ai pas quitté « Ecriture » en grandes pompes, comme le fruit d’une décision mesurée, après d’intenses réflexions. C’est plus arrivé comme ça, parce que pas le temps, et d’autres éléments. Je suis revenu parce que j’ai le temps, et je me suis rappelé qu’il existait effectivement un endroit dédié à l’écriture que j’aimais bien. J’écris tous les jours, j’ai des projets littéraires que j’affine et qui sont pour moi des buts et objectifs à longs termes. En résumé, ma passion, c’est l’écriture, il est donc normal que je fréquente un endroit de passionnés.

6/ Comment as-tu vécu l’Exil, période ô combien troublée de notre passé ?

Encore une fois, plus de détails plus tard. Disons que, pour donner une idée, juste avant l’Exil, il y avait eu un mail général envoyé à ceux considérés comme des « habitués » et j’étais sur la liste. J’ai vu ce mail un mois après son envoi. Ça donne une idée de comment j’ai géré le tout.

Perso, lors de la scission, je me suis mis à traîner sur les deux forums, « l’ancienne Ecriture » et « Nouvelle-Ecriture ». Au niveau de la communauté, la plupart des gens que j’appréciais était sur NE, donc, je discutais là principalement. Au niveau des textes, je n’ai jamais fait de distinguo sur la plateforme. Je lisais tout aussi bien sur NE que sur l’AE, même si, comme je connaissais plus de monde sur NE, j’avais mes habitudes de lecture là-bas. Ça a pas duré longtemps, vous saurez plus tard pourquoi.

7/ La Renaissance a mis fin à plusieurs années de règne tyrannique et stérile. Une foule de jeunes gens aux hormones en vrac a alors débarqué. Comment te sens-tu dans cette communauté recomposée ? Qui préfères-tu et, au contraire, avec qui n’accroches-tu pas très bien ?

Franchement, je me sens bien. J’avoue que j’ai une certaine distance. Je passe pas mes journées à discuter sur le blabla, je ne participe pas aux concours et autres. Mais j’aime bien la position que j’ai. Il y a toujours quelque chose d’intéressant sur le forum, que ce soit au niveau des discussions ou des textes, j’apprécie les gens, et les productions de chacun font que j’ai beaucoup de respect « d’auteur » envers les anciens (les fossiles quoi) et les « nouveaux », même s’ils ne sont plus nouveaux maintenant. Bref, la communauté comme elle est est pour moi une entité stimulante d’un point de vue émotionnel (dans le bon sens du terme) et intellectuel. J’ai envie de dire : GG à nous.

Après, évidemment, y’a les traditionnelles engueulades et autres. C’est clair que quand je vois Yugo qui trolle, Marty qui prend la mouche ou Choco qui poste ses idées réac’, j’ai envie de mettre des claques. Mais bon, il y avait bien pire sur l’AE, et puis, j’ai appris à apprécier la chose simple qu’est la saine insouciance. Fort heureusement, les engueulades sur le lolternet, c’est quelque chose de très inconséquent, quand on réfléchit un chouia sur le monde dans lequel on vit.

Après au niveau des préférences… Bah, c’est la question piège. Si j’oublie quelqu’un dans ma liste de gens que j’apprécie, le dit quelqu’un va me retrouver et tuer toute ma famille. Ou simplement grogner trois secondes derrière son écran. Bon, allez, on va se prêter au jeu. J’aime bien les fossiles que nous sommes, toi, moi, elfi, crazy, yugo, choco… ça fait du bien de se dire qu’on est pas le seul crouton à gueuler sur les jeunes qui mettent leur musique barbare trop fort. J’aime bien lePere aussi. D’un côté pour sa cohérence, sa détermination et sa compétence dans ses écrits, mais aussi parce qu’il est sympa. Puis, il a une bonne bouille et il a trop le swag en short. Homm et Pyro me font marrer, c’est déjà pas mal et ils ont l’air de gentils margoulins. Sinon, lolotteuh a l’air sympa, mais j’ai jamais vraiment discuté avec elle. J’avoue que quand Ciel est arrivé, j’étais un peu en mode « Quel est donc cet énergumène complètement agité ? ». Mais après quelques jours, j’ai commencé à apprécié cet excès constant d’énergie, et il est sympa, même si il a des tendances « brute de décoffrage » qui ont du mal à s’accorder avec le reste. Je crois que j’ai fait le tour. Ah non, y’a Ostra aussi. J’aime bien le sens du ridicule du personnage qu’il s’est créé, même si parfois, il le pousse un peu trop à mon goût. J’aimerais bien le voir se ramener en mode « Bon les mecs, on s’prend une bière ? » plutôt que le sempiternel « Je vous autorise, piètre mortel, à contempler ma personne pendant que je déguste mon ambroisie ». ‘Fin soit, une petite demande comme ça, mais y’a pas de mauvaise pensée derrière. Voila, désolé si j’ai oublié des gens.

8/ Tu t’es depuis peu investi davantage dans le fofo, avec les Actualités. Pourquoi donner de ton temps ainsi ?

On revient sur la distance que j’ai parfois. Je me sentais pas bien à l’idée d’être dans la communauté, surtout avec une certaine considération dû à mon statut de meuble oublié dans le grenier. Ça m’est déjà arrivé IRL, que certaines personnes prennent mal mon détachement. Y’a pas de mauvaises de pensées derrière, c’est juste la manière dont j’interagis avec le monde. Mais bon, certaines personnes ont des préjugés. Même s’il y a peu de chance que ça se produise ici, puisque nous sommes entre personnes de bonnes familles, je n’avais pas envie de prendre le risque et je sentais qu’il me fallait un quelque chose pour m’investir. Les concours ne me branchent pas trop, la composante « compétitive », même si elle est poussée au minimum, me dérange. Puis, je bosse sur mes propres projets et interrompre mon travail deux ou trois jours pour produire un court texte, c’est compliqué.

Donc, je me suis lancé dans les actus. Alors, il faut savoir que c’est quelque chose que je faisais déjà du temps de l’ancienne écriture. Ça n’avait pas duré longtemps, comme de un, c’est très chronophage comme taff, et de deux, je n’avais pas la régularité nécessaire à l’exercice. Il s’avère qu’en fouillant dans les vieilleries sur mon PC, j’ai retrouvé le document bloc-note où j’écrivais les anciennes actus. En voyant ça, je me suis dit que j’allais retenter aujourd’hui, par goût de la nostalgie. Ça a bien tourné, au fond. Même si voila, j’ai encore quelques petites insatisfactions avec le tout. Quand j’avais fait le topic, j’avais ajouté aux actus une petite ligne : « De plus, j'invite ceux qui le désirent à partager leurs coups de coeur, en postant quelques lignes de commentaires sur un texte qui leur aurait plu... ou déplu, mais ça, c'est un peu pupute ». Personne n’a jamais repris l’appel, c’est dommage. J’ai l’impression que le tout est considéré comme mon projet personnel, et ce n’est pas quelque chose que j’aime. Il arrivera un moment où je n’aurai plus le temps nécessaire pour faire tout ce taff par moi-même, et alors, j’aimerais avoir quelques individus compétents sous la main pour prendre une partie de la charge. Ce n’est pas pertinent pour le moment, mais c’est quelque chose que je garde dans un coin de ma tête. Et puis, j’aimerais aussi avoir quelqu’un pour s’occuper des poèmes qui arrivent régulièrement. Je n’ai aucune compétence pour juger de la poésie, et ça donne parfois l’impression que je n’aime pas le genre. Alors que pas du tout, c’est juste que je ne sais pas comment on commente un poème. Du coup, j’aimerais avoir quelqu’un qui se chargerait de « l’instant poésie », pour donner la visibilité qu’ils méritent aux pouêtes de nos contrées.

9/ Pour quelles raisons pourrais-tu un jour nous quitter ?

Manque de temps, crise cardiaque fatale, hiver nucléaire, envie de partir vivre à poil dans les bois, enlèvement par des extraterrestres,… Techniquement, y’a beaucoup de raisons. Ce n’est pas dans mes intentions. J’aime bien l’endroit. Donc, j’y reste.

'II/ Moicesmoi, maiscesquitoi ? '

10/ Qui es-tu ? En voilà une bonne question ! Tu t’épanches peu sur le blabla, au contraire de certains. Nous savons donc peu de ce que tu fais IRL. Quelques détails font surface par-ci par-là, comme des études de psycho, du chômage, un coin ensoleillé de Belgique, mais nous n’en savons pas plus. Peux-tu nous éclairer aujourd’hui sur qui se cache derrière ce pseudo ?

Y’a pas grand-chose à savoir. J’ai un master en psychologie clinique de l’adulte. Aujourd’hui, je vis depuis plus d’un an avec ma mère, mon frère et mon chat, dans une chouette maison, avec un unique radiateur fonctionnel, qui nous a été attribué par les services sociaux. Je suis dans cette magnifique période du stage d’insertion, qui est un statut spécial qui veut dire en vrai : chômeur sans revenu. Je cherche un emploi, et suis globalement passé par toutes les phases caractéristiques du jeune dans cette condition : appropriation de la culpabilisation, désespoir, baisse des attentes au niveau de l’emploi (parce que oui, cinq ans d’études et un master en poche, c’est pas du tout une preuve de tes compétences).

11/ Une photo de ton chat dépeceur d’humains ?

C’est Balou. Il n’est pas très intelligent… ni très joli… ni très gentil… mais c’est mon ami !

12/ Peux-tu nous en dire un peu plus sur cet endroit fabuleux de Belgique où semble apparaitre le soleil ? Depuis quand vis-tu là ? Pourquoi être autant isolé au fin fond du plat pays? (Pas si plat par chez toi d’ailleurs…)

Le fin fond de la campagne ardennaise, où, à l’instant où j’écris ces lignes, il neige comme un guedin. La petite ville de Bastogne est un lieu paisible, ce qui est le politiquement correct pour signaler qu’on se fait chier grave. C’est ma région d’origine. Mon enfance, je l’ai faite dans un village voisin, une dizaine de kilomètres. Mais quand les emmerdes financières au niveau du foyer ont commencé à se faire trop grande, on a déménagé à Bastogne, en appartement, pour l’année d’après se voir confier une habitation dans les quartiers sociaux. C’est sympa, de mon salon j’ai une vue sur l’art rupestre du quartier, les voisins, c’est un petit bâtiment qui sert de mosquée, et y’a une plaine de jeux en face. On sait jamais, qu’on aimerait entendre les gosses s’égosiller à longueur de journée, dés qu’il y a un peu de soleil. La ville a certains avantages, il y a les services d’usage (piscine, librairie, bibliothèque,…), mais comme on est en environnement rural, on a aussi l’avantage des ballades dans des régions boisées. Même si c’est naze, comparé au village de mon enfance. Sinon, y’a aussi les réfugiés hébergés dans la caserne qui mendient devant l’église. Mais ça, tout le monde s’en fout. Comme du couvre-feu instaurée sur la rue des cafés, qui ferment tous à trois heures du mat’ désormais, depuis que la commune a décidé qu’elle en avait marre de retrouver des gens poignardés vers les cinq heures.

Je n’y reste pas tellement par choix. J’imagine qu’un jour, j’atteindrai cet âge où j’apprécierai cette tranquillité et ce calme. Mais pour l’heure, dés que j’ai une occaz, je me tire de ce trou à rat et je retourne sur Liège. C’est là où j’ai fait mes études, là où j’ai mes potes, là où j’ai laissé trop de choses pour les oublier.

13/ Comment envisages-tu ton avenir ? Que souhaites-tu faire de ta vie ?

L’avenir sur le long terme est difficile à imaginer. Comme je l’ai dit, j’ai plus ou moins tiré une croix sur la psychologie. Par la force des choses. Quand je me pointe en entretien pour un poste de psy, et que y’a trois autres gars avec cinq années d’études supplémentaires à 3000 euros l’année, je comprends que je fais pas le poids dans la compétition. Donc là, je propose mes compétences aux postes pour lesquels je suis surqualifié, en espérant que, quand je me pointerai en entretien, mes cinq années d’études pour obtenir mon master seront plus importantes que les intérims que les autres postulants accumulent.

Mon but n’est pas de finir là, évidemment. Je suis plutôt fixé sur mon projet. Septembre, je reprendrai sans doute des études. J’ai du mal à réellement faire un plan concret, puisque tout dépend des conditions dans lesquels je me trouverai en juillet. Si j’ai accumulé suffisamment de pognon ou que j’ai la possibilité d’un emploi qui m’assurerait un revenu plus ou moins stable, l’idéal serait de retourner sur Liège, et de (re)faire mes études là-bas. Sinon, faudra faire avec ce que j’ai. L’aide social m’avait bien aidé la première fois, bourse et revenus d’intégration m’ayant permis, si pas de vivre, au moins de survivre. C’est une option, même si je ne me fais pas d’illusion, et que j’en suis à ce stade où traiter avec les différents organismes est devenu une pénitence.

En attendant, outre ce côté centré sur la recherche d’emploi, mon gros projet actuel est l’édition. Je veux profiter de cette période certes très chargée émotionnellement mais aussi très creuse sur le plan des activités pour passer à un niveau professionnel sur le plan de l’écriture. Je me sens très limité dans mes possibilités d’évolution avec les outils à ma disposition, actuellement. Me confronter au milieu pro est la seule méthode qui me vienne à l’esprit. Puis bon, c’est aussi le rêve de gosse et tout ça. Avoir une forme de reconnaissance des institutions consacrées que sont les éditeurs aiderait aussi pas mal au niveau de mon estime de moi-même. Je suis déterminé sur ce point, et le long harcèlement des éditeurs ne fait que commencer. Prends garde, monde littéraire !

14/ Comment occupes-tu ton temps libre ? L’écriture, c’est évident, mais sinon ? Du sport ? De la musique ?

Outre l’écriture et la lecture, la recherche d’emploi et la gestion constante de mes émotions, je fais peu d’activités. Je suis pas musicien, mais j’écoute de la musique, évidemment. Plus quand on arrivera à la question consacrée. Le sport, c’est délicat. Mes études m’ont clairement laissé dans un état physique déplorable. Je n’étais pas super sportif avant, mais je me baladais beaucoup, et une fois par semaine, j’allais courir une heure, au son pop-rock d’une playlist digne de Rocky Balboa. Heureusement, j’ai repris mes ballades, et dés que le temps s’y prêtera plus, je compte me remettre à la course. Aussi, la piscine pas loin de chez moi à rouvert, donc, dés que je me sentirai prêt et pas trop overbooké sur trop de fronts, j’ai l’intention d’aller perfectionner ma technique de brasse-coulée (le plus important, c’est de ne pas tenter de respirer sous l’eau). Outre ça, je fais aussi pas mal de « recherches » en regardant des documentaires, en relisant certains passages de mes cours, en fouillant certaines références, en quêtes d’articles scientifiques pertinents pour les problématiques que je développe dans mes écrits. Là, je viens de me lancer dans la série documentaire « The making of a murderer », qu’est pas mal, même si c’est pas tout à fait lié à un quelconque projet actuel. Je suis pas très série ou film, mais de temps en temps, je fais une exception, quand ça m’intéresse. Dernier point, qu’est quand même une activité qui occupe pas mal de mon temps, ce sont les jeux vidéos. Je suis un gros joueur, et je suis les activités autour de certains jeux, particulièrement Hearthstone, où je m’envoie les rediffusions des championnats et suit certains des joueurs pros, comme Kolento ou Strifecro.

15/ Nous avons de grands amateurs de chanson sur le fofo, et toi qu’écoutes-tu ?

La plus grande partie de ma playlist est de la chanson française. Renaud et Brel sont en tête, j’ai aussi l’intégral de Balavoine, même si je n’aime qu’une partie très restreinte de son travail. J’aime beaucoup « Messine » de Saez, le reste de sa discographie, même si je l’ai, je suis plutôt mitigé. J’ai un peu d’électro, par-ci par-là, mais c’est minoritaire. J’ai aussi pas mal de sons rocks et pop-rocks. La complète d’Oasis est là, même si je ne l’écoute plus trop, dû au fait que je l’écoutais avec une certaine demoiselle et que maintenant, les souvenirs sont tristes. Sur ce genre, je reste accroché depuis des années à 3 doors down, The Strokes, et surtout Breaking Benjamin. J’ai aussi du Noir Désir, mais l’écoute est sporadique. Quelques bandes-originales traînent, Skyrim, The Witcher 3, ou la première saison de Digimon Aventure (la musique originale, hein, de la série japonaise).

16/ >>La question des djeuns<< T’as chopé de la gow récemment ?

Non. Question suivante.

Quoi ? Bon, pour plus de détails, je pense que vous avez compris que les relations affectives sont pas ma plus grande priorité actuellement. Aussi, j’ai une nature de solitaire et quelques héritages de problématiques sympatoches dus au divorce de mes parents, quand j’étais enfant. Enfin, mon isolement social n’est pas d’une grande aide sur ce plan. De temps en temps, je rencontre une fille intéressante, mais il est dur de concilier mes propres attentes sur le plan de la relation et les siennes.

III/ Moicesmoi, une plume inépuisable

17/ À quel âge as-tu couché tes premières lignes sur le papier ? Quelle histoire racontaient t’elles ?

10 ans. C’était une histoire de fantasy inspiré des ressources qui me fascinaient à l’époque. Plus de détails dans l’ancienne interview. Aujourd’hui, l’univers est affiné, mais je n’ai aucune intention d’en faire quoi que ce soit. Peut-être une petite nouvelle si le cœur m’en dit, mais rien de prévu à cet effet.

18/ Papyrus et calame ? Papier et stylo ? Clavier d’ordinateur ? Quel support a ta préférence lorsque tu laisses courir ta plume ? Te faut-il un fond musical ? Quelques gouttes d’alcool ? Les volutes de fumée d’un joint ?

Ordinateur. J’envoie souvent quelques musiques spécifiques pour m’ambiancer, mais je coupe quand je me lance vraiment. J’écris sans alcool ou autre psychotrope, si ce n’est le café. Ma période de la journée habituelle est le matin, au lever, avant de passer sur « Ecriture ». Question de biorythme, c’est dans la matinée où je suis le plus efficace d’un point de vue mentale et physique. J’écris entre une et trois pages, la plupart du temps deux, mais c’est variable, en fonction de ce qui est écrit. J’essaie de me retenir d’en faire plus, comme je considère que ce serait trop rapide et qu’il me faut le temps de bien réfléchir à la suite de l’écrit. Aussi, c’est pour moi très usant mentalement d’en faire trop. Par exemple, lorsque j’ai fini le dernier projet (« L’empire des fous »), je m’étais lancé dans une session d’à peu près une vingtaine de pages. J’ai été incapable d’additionner deux et deux durant la semaine qui a suivie.

19/ Quels sont les thèmes qui inspirent le plus ton imagination ? Ceux que tu apprécies aborder ?

Clairement le champ social, les rapports de forces en son sein. Je travaille principalement avec, dans le meilleur des cas, des marginaux, mais la plupart du temps, des déviants. Par exemple, les deux personnages principaux de mes derniers gros projets sont respectivement une tueuse à gage et un délinquant qui s’est rangé. Il y a une forme de politique qui apparait, de temps en temps, plus en sous-sous-texte que vraiment comme un sujet central. Ce qui m’intéresse dans tout ça, c’est le ressenti. Quel est le devenir des individus, dans cette espèce de trou de merde qu’est notre société postmoderne, leur moi profond, leur conditionnement, dépassé ou subi ?

20/ Écris-tu pour toi ? Pour les autres ? Un besoin de reconnaissance ?

La reconnaissance est un motivateur puissant, peu importe l’activité. Avoir une forme de renforcement après toutes ces heures de travail est un plus non négligeable. Après, oui, j’écris pour moi, mais pas seulement. Si je n’aimais pas l’écriture, je ne le ferais pas, tout simplement, d’une certaine façon, c’est pour moi. Après, pour progresser et en faire quelque chose de concret, je dois passer par des lecteurs, donc oui, l’écriture est aussi pour les autres. Certes, je ne publie pas tellement sur le forum, plus parce que mes projets actuels sont destinés à l’édition et ont donc la forme qui va avec. Or, je déteste le système de publication de JV.COM, surtout pour les textes longs. J’ai juste l’impression que ça stagne, que ça prend six mois, à me replonger encore et encore dans le même texte alors que, personnellement, je suis déjà passé à autre chose.

21/ J’ai trouvé un nombre impressionnant de nouvelles entre 2006 et 2010. Qu’est-ce qui alimentait une telle production ?

Ma tête. J’avais mes idées, je les écrivais dans des nouvelles / longues fictions. Et je postais. Le nombre n’est pas si impressionnant que ça. On a les nouvelles du début, en mode « par-dessus » la jambe, l’arène qui était un terrain motivant dû à sa forme, puis il y a le projet tournant autour du policier. Comme c’était un projet très stimulant au niveau personnel, mais aussi aimé par les lecteurs, j’ai posté pas mal de pages. Voila. C’est durant cette période que j’ai développé le plus d’éléments, que ce soit au niveau du style, que de mes habitudes d’auteur. Le sentiment de progression a été une grande motivation, jusqu’à un certain point.

22/ Puis plus rien, le néant, jusqu’à l’année dernière. Que s’est-il passé ? Manque d’inspiration ? N’as-tu simplement pas posté ?

Aha ! On y est. La grande explication teasée plus avant. Alors, en première note, sachez que je n’ai jamais cessé d’écrire durant la période concernée. Je travaillais sur des projets, des nouvelles, dont la dernière en date a été postée sur ce forum en février 2013. C’était durant la période des événements qui nous intéressent, lors d’un rapide passage éphémère. En règle générale, je n’étais pas sur les forums, que ce soit l’AE ou NE.

À partir de septembre 2009, mon parcours scolaire m’a imposé des changements drastiques. J’ai réussi, par un miracle d’aides financières ridicules mais essentielles, à avoir accès à l’université, où j’allais faire mes cinq années pour décrocher mon master, en septembre 2014. J’ai dû déménagé, loué un appart minable en périphérie de Liège (en réalité, juste une pièce vide que j’ai rempli avec ce que j’ai pu, la cuisine et la salle de bains étant communes). Du coup, je me suis retrouvé loin de ma famille, mes amis, soumis à la pression financière et de l’organisme assurant ma survie. À cela s’ajoutait les études, difficiles, l’impératif de ne jamais échoué dans quelque matière que ce soit. En arrivant, j’ai même développé un comportement très proche de l’anxiété sociale, qui s’est en partie résolu de lui-même, ou en tout cas, qui a diminué au point de ne pas être un handicap dans la vie de tous les jours. Il y a eu quelques problèmes émergeant ici et là, notamment au niveau du logement, mais pour ça, j’ai réussi à géré. En vérité, il a fallu attendre le milieu de 2012 pour que je réalise (ou plutôt que j’accepte de me l’avouer) le problème. Je faisais une putain de dépression. J’étais incapable de gérer la situation. Et j’ai vu une partie de moi-même que j’espère ne plus jamais avoir à revoir. À ce moment-là, j’ai été me coller sous consultations psy, malgré les problèmes financiers que ça pouvait causer. Il a fallu plus d’un an et demi de thérapie, mais j’ai finalement réussi à m’en sortir. C’était pas fendard. Et c’est principalement pour ça que j’ai été absent des forums. J’étais juste trop occupé à essayer de ne pas me jeter à la flotte.

23/ Je déterre des antiquités, le DEEM, ça te dit quelque chose ? Qu’est devenu ce recueil de nouvelles policières au final ?

Allez, un truc plus joyeux. Donc, récapitulatif pour les membres du forum qui n’ont pas d’arthrose. Vers 2009, je m’étais lancé dans l’écriture et la publication sur le forum de nouvelles policières. Elles s’inscrivaient toutes dans un projet à quatre phases, que j’avais décidé d’être trois recueils de nouvelles et un roman. La première phase s’étant bien passé, je me suis lancé dans la deuxième. Ça a été chaotique, c’est passé d’un recueil de nouvelles à une nouvelle et un roman. Ces deux phases ont été publiées sur le forum.

La troisième, ça s’est pas passé comme cela était planifié. Je m’étais lassé de la forme de la nouvelle et voulait écrire un truc plus conséquent. J’avais des difficultés alors, puisque le personnage central du truc était une nana pas très intéressante. Du coup, j’ai écrit un roman, avec un autre personnage, et qui devait servir d’amorce pour la phase finale.

Que je n’ai pas écrite comme je le désirais. Plutôt que de conclure le projet, j’ai écrit un roman qui devait servir d’introduction au tout, et ouvrir plus d’opportunité pour l’avenir. Le but caché était l’édition. Au terme de la production, j’ai eu un truc complètement bâtard, pas forcément super bon, mais pas médiocre non plus. Je ne me sentais pas l’édition complète, j’ai tenté deux, trois endroits, par acquis de conscience, Edilivre a été le seul à accepter. J’ai signé chez eux, mais comme je n’ai pas pris les services « optionnels » mais payants (parce qu’un éditeur qui propose à un de ses auteurs qu’un expert réécrive son ouvrage, c’est pour moi la définition d’un fist anal), ils m’ont effacé de leur banque de données et enfoui mon contrat sous une pile de détritus. Bande de bâtards.

Donc, projet conclu, pas comme je l’avais imaginé, mais conclu. Que reste-t-il ?

Les projets sur lesquels je bosse. « Un monde sans crime », « L’empire des fous », et celui actuel, que j’espère terminé dans un ou deux mois, « La main invisible ». En gros, on reboot. Quelques personnages ont les mêmes noms, plus ou moins la même personnalité, mais la plupart ont été réécrit, et les autres nouvelles ne sont pas canons. Même le genre est différent. Ça, c’est ce que je propose à l’édition. Ce qu’il y avait avant, ce ne sont que des pages que je laisserai partir avec le vent. Oh, poésie.

24/ Pour ceux qui ne t’ont encore jamais lu (ce serait faire preuve de beaucoup de mauvaise volonté), un texte à leur conseiller ? Vas-y, fais-nous envie !

J’allais dire « Le gobe-histoire », mais la question suivante en parle, donc… ça ferait redite. Je peux pas renvoyer à ce que j’ai fait avant, c’est passé de mode, complètement has-been. Et depuis que je suis revenu, je n’ai posté que trois textes sur le forum. Un texte de fantasy dont j’ai jamais posté la fin (je vous l’ai dit que je détestais le format de parution de JV.COM), « Le gobe-histoire » qu’à bien tourné, et « L’engin à se flinguer ». J’imagine que c’est vers ce dernier que je dois renvoie les lecteurs. Ça fait 13 pages, et c’est correct, certains passages plus inspirés que d’autres, parfois même un peu trop.

25/ Ton dernier texte, Le gobe-histoire, a fait l’unanimité sur le forum. Un commentaire pour tes fans en délire ?

Merci, plèbe en liesse. Maintenant, je vais pouvoir vivre sur la gloire de ce texte sans jamais rien poster d’autre.

Blague à part, merci à tous ceux qui l’ont lu. Avoir du soutien, c’est cool. J’espère pouvoir vous refournir une nouvelle bientôt (date indéterminée, ça ne veut pas dire que je travaille sur une autre nouvelle, ça veut juste dire qu’à un moment j’en posterai une, ne me demandez pas quand). Après, ça fout la pression, puisque j’ai l’impression que mon travail ultérieur n’arrivera jamais vraiment au niveau de ce texte-ci. Mais bon, ça, on n’y peut rien.

26/ En littérature, quels sont tes auteurs fétiches ? Des œuvres à nous conseiller ?

J’ai pas vraiment d’auteurs fétiches. Là, j’essaie surtout de diversifier mes lectures et d’aller taper dans tout ce que je veux lire, au moins pour ma culture. Vian, Proust, j’ai un Baudelaire qui traîne, bref tout ce petit beau-monde qu’on dit classique mais qu’on ne lit jamais. J’élargis aussi en dehors de la littérature et du roman, je viens de sortir de Jankélévitch, je vais bientôt reprendre Ricoeur. Pour mélanger les genres, Sartre a pas écrit que des conneries et Nietzsche est une valeur sure. J’ai l’intention de me lancer dans Proudon et aussi quelques penseurs russes, comme on est à peu près du même bord politique. Faudra aussi que je me bouffe du Smith (l’économiste anglais) pour mon projet actuel. Je conseillerai bien Camus, mais c’est compliqué. Les œuvres de Camus sont intéressantes prises une à une, mais leur vraie force n’apparait réellement que si on les croise avec sa biographie (la peste, par exemple, prend une nouvelle dimension si on considère l’ouvrage comme un traité anti-fasciste, en gardant en tête les diverses actions de Camus dans la Résistance).

IV/ Moicesmoi, penseur tranquille

27/ De quel bord politique te placerais-tu ? Peut-on avoir ton bref avis sur les nationalismes qui montent un peu partout dans le monde occidental ?

Je considère le système de représentation, utilisé dans nos démocraties représentatives, comme un système archaïque et à dépasser. Si l’usage d’un nombre limité d’individus qui se voient confier tous les pouvoirs, tous les droits, et tous les privilèges se justifie au sortir des révolutions historiques, à notre époque de technologie de masse, à la communication facile par le biais d’Internet et des réseaux, ce système ne fait aucun sens. Les femmes et hommes politiques sont issus d’un autre âge, et il faut commencer à opérer la transition vers une démocratie populaire et coopérative. Diverses initiatives ont déjà émergé dans ce sens, dans le monde de l’économie par exemple, avec certaines entreprises s’organisant sur la forme de l’horizontalité entre les postes. On espère, sur le plan politique, que l’usage plus soutenu des référendums pourra montrer la voie, bien que cela passe par la volonté des politiciens, et qu’on voit mal des gens avantagés par le système se mettre à le changer. Néanmoins, la fracture de plus en plus grande entre les élus et les électeurs amènera une forme de pression qui fera bouger les choses. Comment, ça, c’est toute la question, et toutes les craintes peuvent émerger. La parole pacifiste et de la coopération a du mal à survivre et à se faire entendre, aujourd’hui.

Le nationalisme est un sujet particulièrement intéressant. On remarque que, si les partis nationalistes ont la côte, ce n’est pas le cas de leurs idées. Le succès de ces partis tient principalement à la manière dont ils s’inscrivent dans le champ de la politique actuel. La pauvreté de la pensée politique des autres joue en leur faveur. Beaucoup des partis majoritaires, au niveau des intentions de votes, des faveurs médiatiques, et de la place qu’ils occupent dans l’espace politique, ne présentent qu’un nombre limité d’idée de société, qu’ils appliquent pareillement. Un exemple très marquant à ce niveau-là s’est passé en Belgique. Le précédent gouvernement (soi-disant socialiste) a pris pour décision d’exclure du chômage un certain nombres d’individus et de les envoyer vers les services sociaux. En arrivant au pouvoir, le gouvernement actuel (soi-disant libéral) a repris la mesure. Il y a bien sûr une différence à prendre en compte, qui est que le deuxième gouvernement a durci et appliqué a plus d’individus. Néanmoins, c’est une différence d’intensité, et non pas de nature. Preuve par l’exemple, qu’au fond, la diversité des partis ne représentent pas une diversité de projets.

Les partis nationalistes s’inscrivent dans cette logique, grâce à leur histoire et leur communication. Historiquement, le nationalisme est vu d’un mauvais œil, car beaucoup de ces partis ont collaboré durant l’occupation, et leur discours est avant tout un discours anti-mondialiste, qui faisait tache dans la logique d’après-guerre (collaboration financière entre les différents pays pour reconstruire l’Europe dévastée) et durant les trente glorieuses (arrivée de l’économie mondialisée, et constitution de l’Union Européenne, pour favoriser cette même économie). Les partis nationalistes ont été ostracisés, à tord ou à raison, chacun est libre d’en juger. Maintenant, c’est le retour de bâton. Les partis nationalistes communiquent de façon à se faire voir comme opposer aux partis dits traditionnels. Nous pouvons constater, peu importe la grille de lecture que nous utilisons, même la plus ultra-libérale, une précarisation des conditions de vie des individus les moins avantagés (aujourd’hui, on les appelle les défavorisés, avant, c’était des opprimés). Du coup, la logique est simple. Les votes pour les partis nationalistes ne sont pas des votes pour leurs idées, mais des votes contre un système oppresseur, pour lequel les partis traditionnels ont travaillé durement. Il y a beaucoup d’autres facteurs inspirant le dédain envers les partis traditionnels (les « affaires », notamment). Mais la logique au fond est celle de la perception du manque d’alternative, faussement résolue par le triomphe de ceux qui se présentent comme cette alternative. Actuellement, ça ne risque pas de s’arranger. Pour éviter de répondre des problèmes que posent leurs projets politiques trop similaires, les partis traditionnels ont changé leur stratégie de communication. Pour se différencier les uns des autres, ils mettent désormais en avant les individus, plutôt que les idées. Ça pose d’énormes problèmes. Le vote est maintenant stratégique, c’est en fonction du triomphe de l’un sur un autre sur le plan politique présent, plutôt que sur sa capacité à installer un système durable pour l’avenir, que se font les élections. Le résultat est catastrophique, puisque les partis nationalistes peuvent désormais passer dans une stratégie de campagne pro-active. Si le monde des politiciens est un monde de personnes plutôt que d’idées, il est aisé de favoriser les émotions sur la raison. Ça se lit clairement dans certains propos d’électeurs. Quand on parle politique, on ne dit pas que les projets ou les décisions sont erronées. On dit que les politiciens sont des traîtres, des vendus, des salauds, à coups de « casse-toi, pauvre con ». Tant que les élus choisiront cette méthode de communiquer, nous ne pouvons pas attendre de solutions ou de plans rationnels de leur part. C’est pour ça que les prochaines évolutions politiques doivent venir de la participation citoyenne, d’individus hors de ce champ délétère pour l’avenir.

28/ La démocratie est encensée de tous bords. Mais n’a-t-elle pas des limites ? Après la Belgique et son record de 249 jours sans gouvernement entre 2010 et 2011, l’Espagne fait aujourd’hui face au même problème et, depuis le week-end dernier, l’Irlande également. Un pays peut-il réellement fonctionner avec cette multiplication des partis ?

Le record est de 541 jours, mon petiot (si on ne compte pas le gouvernement en « affaires courantes »). J’ai déjà fourni quelques éléments de réponses dans la question précédente. Alors, signalons déjà que les failles des représentants ne marquent en rien les failles de ce qui est représenté. La démocratie, c’est une idée, sur laquelle on peut faire beaucoup de variations. Je suis pour la démocratie populaire, que l’on pourrait appeler « totale », c'est-à-dire que tous les citoyens puissent s’engager directement dans le vote, l’exécution, et la constitution des lois. C’est l’idée, et l’application demande de la restreindre, en constituant des groupes de travail d’acteurs de terrain et d’experts dans les matières, par exemple, même si d’autres modèles sont envisageables. Mais là n’est pas la question. Ma thèse est la suivante : les problèmes que les représentants rencontrent témoignent avant tout des problèmes liés à l’organisation même de la vie politique et non pas de l’idée censée la régir. Comme je l’ai dit, ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de parti qu’il y a beaucoup d’idées. Tant que l’on devra choisir entre des individus, quel qu’ils soient, vous rencontrerez des problèmes d’accord entre eux. Si l’on vote pour des projets ou des idées, présentés de manière concrète, alors, le vote est sans appel et ne peut être truander.

29/ « L’amoncèlement de nénufars par les extraterrestres présente un certain cout et amène une certaine ambigüité pour nos joaillers. » Ton avis sur cette phrase 100% nouvel orthographe ?

Que c’est une problématique de fond indéniable. L’usage des nénufars est un sujet de société que nous devons ramener au premier plan du débat public.

30/ Le gouvernement français souhaite mettre en place le paquet de cigarette neutre, c’est-à-dire, sans marque, et sans les photos dégueulasses. Qu’en pense le grand fumeur que tu es ? Cela va-t-il inciter les gens à arrêter de fumer ?

À arrêter ? Non. L’habitude et les mécanismes de la dépendance ne passent pas par l’habillage du paquet. Je dirais même que sur ce point, c’est contre-productif. Les paquets ont habituellement le numéro de la ligue anti-tabac, donc, si on passe au format totalement neutre, on perd cette indication, utile pour ceux qui veulent arrêter.

L’avantage serait plutôt pour dissuader les gens de commencer. Les paquets sont étudiés et désignés pour être attractifs à l’œil, et donc attirer les individus. Remplacer par un emballage neutre, ou même répulsif, peut empêcher le début de la consommation chez certains individus. C’est toujours ça de pris.

V/ Moicesmoi, les bonus exclusifs pour 4.99€ seulement !

31/ Quel est le pays dans lequel tu rêverais de vivre et pourquoi ?

Pourquoi, y’a un problème avec la Belgique ? Blague à part, sans doute un pays chaud, mais pas trop éloigné non plus. Espagne ou Portugal. Après, je me sens bien chez moi, donc, j’ai pas de raison de changer.

32/ 03+30*0+303-033*00-0.33= ?

305.67.

33/ Un qualificatif qualifiant notre inqualifiable Schreibenführer pour le qualifier au mieux ?

Compétent. Après m’être replongé dans le passé durant cet interview, je remarque que notre modo est très investi, donne pas mal de son temps, participe à l’ouverture du forum. Et il est sympa, quand il boude pas.

34/ Slip, caleçon ou feuille de vigne ?

Cette question… String léopard, voyons !

Merci pour cet interview, et pour tous ceux qui auront le courage d’aller jusqu’au bout. Maintenant, j’en vais rattraper les lectures que j’ai pas pu faire tant que je bossais sur ça.

Interview très complet, merci

Je t'en prie

Lu, une bonne interview, mais de quel droit me traite tu de margoulins ?!

Très bonne interview, merci à vous et merci FatuiteR !

Tout est très intéressant, merci à toi de t'être autant livré!

C'était intéressant

J'ai bien aimé le passage sur le passé du forum, puisque je suis un grand nostalgique... Et si être "réac" c'est être en colère contre toute les idées a la con qu'on nous impose comme "progressiste de goooche", alors j'assume a 100% ! Et je t'attend pour les claques

Ta vision du non sens politique actuel, je le partage aussi, tes possibles solutions me plaisent mais me paraissent peu crédible, en fait. Les puissants laisseront jamais les moins puissant décider a leur place, question de principe, presque, j'ai envie de dire. Pas sans coup de pied au cul, je pense.

Bref, intéressant, posé et mesuré. Du Fatuite quoi

Interviews 2.0

Marty, par Mandou – 2 Octobre 2015
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Chocobo, par Mandou – 8 Octobre 2015
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Ggiot, par Marty – 10 octobre 2015
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Elfi, par Tweenou – 17 Octobre 2015
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Taupinet, par Mandou – 1er Novembre 2015
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Homm, par Choco – 6 Novembre 2015
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Yugo, par Tweenou – 9 Novembre 2015
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Nono, par Mandou – 12 Novembre 2015
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Mandou, par Yugo – 23 Novembre 2015
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Ardui, par Mandou – 13 Décembre 2015
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Tweenou, par Mandou et Homm – 31 Décembre 2015
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Moicesmoi, par Mandou – 5 Mars 2015
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Coming soon…