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Sujet : [SF][Roman] Vertige Stellaire
--crazymarty--
Niveau 10
24 décembre 2015 à 15:41:49

Bonjour à toutes et à tous :-) .

Après vous avoir proposé la lecture d'Alter Ego et Rêves Mécaniques, je me devais de clore cette série de roman d'une façon - à peu près - digne et correcte. Pour les ahuris n'ayant pas suivi les aventures de nos sympathiques apprentis tyrans, je me vois dans l'obligation de vous inciter fortement à lire les deux opus précédents.
Par ici, Alter Ego :d) https://www.jeuxvideo.com/forums/1-58-195602-1-0-1-0-alter-ego-2-0.htm
Et par là, Rêves Mécaniques :d) https://www.jeuxvideo.com/forums/1-58-212043-1-0-1-0-reves-mecaniques.htm

Ne soyez donc pas surpris de retrouver certaines références aux deux romans précédents. Ne soyez pas non plus surpris de la continuité de l'univers, c'est - je crois - assez logique.

Trêve de bavardages, je me tais et vous laisse avec le texte. Soyez sages, petits polissons :hap: ...

Ps : tout commentaire à minima construit sera fortement encouragé, même s'il est accompagné de menace de démontage de ma personne à coup de clef à molette... J'essaye d'assumer les frustrations de mon fan club :noel: ...

--crazymarty--
Niveau 10
24 décembre 2015 à 15:43:30

VERTIGE STELLAIRE

2162

I. 1 (1 / 3)

La nature chantait.
Des profondeurs de la jungle, la symphonie d'une vie âpre et dangereuse serpentait entre les arbres aux couleurs humides et éclatantes. Le cri d'un singe ou le long piaillement d'un oiseau invisible, le claquement violent d'une mâchoire d'animal inconnu, le bourdonnement perpétuel et hypnotique des insectes volants, tous les bruits de cette verdure montaient aux oreilles de Litj. Il détourna un instant son regard du chemin boueux où ses pas imprimaient de profondes marques en relief, contemplant le dessin complexe et changeant de la canopée qui s’étalaient plus de trente mètres au dessus de lui. L'espace d'un instant, il se concentra sur les bruits, se sentit envahi, puis secoua la tête. Tout cela n'avait pas de sens. La pointe d'un regret perça quelques secondes la surface calme de sa conscience, et il se demanda s'il aurait dû - cette fois encore - suivre le mirage de gloire que lui promettait le commandant. Ce n'était que sa seconde mission, mais Litj s'était déjà retrouvé dans la même situation. Des regrets, accompagnés de l'image de son officier lui passant une main sur l'épaule et le regardant avec cet air mi amusé, mi attristé, et qui lui disait : " Je n'avais pas tout prévu, Litj". Et au soldat de répondre : " Je suis fier de vous servir, mon commandant". Et le temps passant, Litj espérait que les missions se succéderaient comme autant de bouée lancé dans la mer de la vie, vains espoirs de mettre du sens sur un parcours qui cachait mal la vanité de son existence. Et Litj, trop naïf, se lamenterait alors d'avoir pû croire que le commandant était différent de tous les autres.
Un coup de coude en guise d'avertissement le ramena à la réalité verte et collante. Le sergent Fletch le dévisagea sombrement, et Litj se redressa sur toute sa hauteur. "Un peu plus et je lui rentrais dedans", songea-t-il. Cela aurait été du plus mauvais effet. Fletch n'aimait pas l'indiscipline, et il supportait encore moins les rêveries de son subalterne. Litj s'était vu remettre en place de manière nette mais non moins martiale à plusieurs reprises. La dernière avait entaillé sa lèvre inférieure, et une jolie cicatrice coupait la chair noire d'un trait boursouflé. Il passa la langue sur le souvenir cuisant, et reprit l'attitude que ses semblables attendaient de lui. Comme poussées par un souffle divin, ses épaules se redressèrent, son armure cliqueta, et ses jambes se raidirent. Il consulta son aug', qui afficha une série d'informations, de cartographies et d'indications diverses toutes plus simples les unes que les autres. Rien ne se passait. La mission avait débuté trois jours auparavant, et ils n'y avaient croisé personne. "Comme si cette planète les avaient dévorés".
Une stridulation siffla dans l'espace réduit de son casque. Les analyses thermiques qu'il avait lancées quelques minutes auparavant revenaient. Une pointe d'appréhension assécha sa langue. Il attrapa l'épaule du sergent Fletch, à moins d'un mètre de lui.
- Litj, vous n'avez pas fini vos pitreries ? gronda le sous-officier.
- Du mouvement, chef.
- Où ?
Le soldat pointa un doigt vers une direction vague, sur sa droite. Le sergent hocha la tête, et d'un pas leste se dirigea vers la tête de la troupe. Des ordres fusèrent dans les oreillettes, tandis que le cliquetis des holster concurrençait soudain les sons de la nature. Quelque chose les attendait, caché dans la forêt.

Le seconde classe Litj avait aperçu quelque chose sur ses radars. Fletch était venu jusqu'en haut de la colonne de militaires pour trouver le commandant Flinn. Il n'avait récolté qu'un regard empli d'animosité et quelques paroles sèches crachées dans sa langue natale. Fletch s'était raidi, légèrement incliné, puis avait fait demi-tour en beuglant quelques ordres auprès de son escadron. Flinn, à nouveau seul, soupira. Litj était un bon élement à son gout. Il ne comprenait pas pourquoi le sergent s'acharnait dessus au moindre écart. Il n'avait jamais mis en danger la division, jamais commis quoi que ce soit de répréhensible pour qui que ce soit. Il était honnête, serviable, discret, et fidèle. "Un trop bon soldat pour cet imbécile", songea l'officier.
Flinn consulta distraitement les données envoyés par l'aug' de Litj. Le rendu de la forêt indiquait une multitudes de tâches colorés, l'activité infrarouge ne distinguant pas les animaux à sang chaud d'éventuels humains. Impossible d'obtenir un résultat probant avec cette méthode. Flinn se demanda comme le seconde classe avait obtenu son résultat. Il consulta le second visuel, et la réponse lui sauta au visage.
Une tâche vaguement carrée, de section de quatre à cinq mètres de cotés, se distinguait des lignes verticales constituées par les troncs. Et dans ce carré, des silhouettes vagues et floues s'agitaient. Tout autour, une multitude de petites tâches rougeoyantes qui s'animaient, comme un ballet désorganisé. Cela n’intéressait pas l'officier : la nature pouvait bien s'exhiber sous ses yeux et offrir ses plus exotiques présents que Flinn les auraient foulés du pied sans ciller. Mais ces quatre formes humaines ... Un possible repère pour des rebelles en fuite, admirablement dissimulé dans la végétation, mais qui ne résistait pas au traçage infrarouge.
"Les imbéciles" s'amusa Flinn, en songeant que les Hommes qui avaient dû construire cette ridicule cabane n'avaient certainement aucune technologie embarquée avec eux susceptible de les avertir de la présence d'un poursuivant. "Toujours la même chose... Des fuyards rapides avec quelques armes, pas de sondes ni de radars... Quelques meurtres et plus personne ne se souvient qu'ils ont existé". La banalité de cette poursuite rassura quelque peu le commandant. Il n'aurait pas à aborder le problème différemment des autres missions. Capture, interrogations et soumission forcée étaient les trois plaisirs qui attendaient les malheureux imbéciles qui croiseraient la route de Flinn. Il n'en ferrait qu'une bouchée, et c'était là une certitude.
- Commandant Flinn ?
Son premier adjudant se tenait à sa droite, légèrement en retrait. Sa voix grave et anguleuse le ramena au terrain.
- Vous avez vu la même chose que moi, Gülmort, n'est-ce pas ?
L’intéressé hocha la tête, avant de poursuivre.
- Je dirais quatre ou cinq là dedans. Mais le visuel n'est pas net... Il y a une grosse source de chaleur diffuse ...
- Peut-être les armes, ou simplement une ...
Gülmort cria.
- Merde ! Ils sont en train de fuir ! Commandant, nous sommes repérés!
- Donnez l'assaut, adjudant.
Une poignée de seconde s'écoula, puis la clameur de vingt-cinq soldats Naneyë vibra sous la voûte des arbres.

Ostramus
Niveau 26
24 décembre 2015 à 16:15:02

Une double balise ? :ouch2:

This is serious business.

[[sticker:p/1jnf]]
Mandoulis
Niveau 27
24 décembre 2015 à 16:22:01

C'est ça le cadeau de Noël? :ouch: je suis déçu, je l'ai déjà... :noel:

--crazymarty--
Niveau 10
24 décembre 2015 à 17:16:28

Merci du spoil Mandoudou :hap: ...

Mandoulis
Niveau 27
24 décembre 2015 à 18:21:45

:ouch: Qu'est-ce que j'ai spoilé? :ouch:

--crazymarty--
Niveau 10
25 décembre 2015 à 19:05:51

Et je balance la suite sous peu :hap: ... Même si tout le monde s'en fout royalement :hap: ...

--crazymarty--
Niveau 10
27 décembre 2015 à 12:16:14

I.
1 ( 3 / 3 ).

Sur ces mots, le commandant rabattit son casque. Litj en fit de même. Dans un silence de cathédrales, ils marchèrent pendant un temps qui parut interminable au soldat. Lorsqu'une lueur apparut au fond du boyau, il aurait juré qu'ils avaient quittés la jungle depuis des heures.
- Lancez une analyse thermique, suggéra le commandant d'une voix métallique. Litj reconnut le micro de sous-vocalisation. Il n'en comprenait pas encore très bien le fonctionnement, mais il parvenait à l'utiliser.
- Analyse lancée, mon commandant.
- Parfait, soldat. Informez-moi des résultats dès que vous les aurez.
Le commandant poursuivit sa marche. Litj ne comprit pas immédiatement ce qu'il tentait de faire.
- Mon commandant, que ...
- Vous restez ici. J'avance un peu plus loin.
- Mais, mon commandant, les protocoles militaires standards déconseillent de ...
- Serait-ce de l'insubordination, soldat ?
Si Litj avait eu une peau semblable à celle des Hommes, il en aurait blêmit.
- Non, bien sûr que non mon commandant, jamais je ne me permettrai un tel affront...
- Je préfère ça.
Le ton sec convainquit Litj de se taire. Le silence se fit plus pesant à mesure que le commandant s'éloignait. La clarté de sa torche découpait des formes fantaisistes sur les parois de la grotte. Là où il était Litj, certains couloirs souterrains avaient le même aspect dentelé, la même masse, et dégageaient le même sentiment de mystère. Une vague nostalgie étreignit le soldat. Alioth lui manquait parfois, quand ces petits rien découverts aux hasards de ses pas convoquaient en lui des souvenirs lointains, des promesses d'enfants enfouies dans les sables de son passé. La radio grésilla. Le signal - très mauvais - incita le soldat à modifier la fréquence préétabli. Au bout de quelques secondes, l'écho froid et métallique de la voix du commandant crachotait ses notes dans ses oreilles comme un parfum glacé et solitaire.
- ... réception très mauvaise, Litj. Me recevez-vous ? A vous.
- J'ai basculé sur un canal auxiliaire de secours, mon commandant. Réception en qualité standard. A vous.
Il y eut l'ombre d'un rire dans le ton de la voix de Flinn. Litj le devinait heureux, cela le réconforta.
- Soldat, vous avez bien de la chance de m'avoir accompagné. Je suis tombé sur un véritable trésor. A vous.
- Un trésor mon commandant ? Vous avez retrouvé quelque chose d'intéressant ? Une source d'énergie digne de ce nom ? A vous.
- Vous allez me rejoindre, Litj. J'ai laissé une trace virtuelle de mon passage. Vous n'aurez qu'à régler votre aug' sur ma fréquence habituelle.
- Je vous rejoins tout de suite. Terminé.
- Terminé.
Un trésor ? La curiosité du soldat s'aiguisa d'autant que le commandant était resté très obscure sur la nature de ce qu'il avait découvert. Il eut beau chercher, il ne parvint pas à trouver ce qui pouvait ravir à un tel point l'officier. Au cours de sa carrière, il avait déjà du croiser bon nombre d'objets insolites, peut-être même de véritables reliques des temps pré-confédérés. Des objets de hautes valeurs pécuniaires mais sans aucun intérêt techniques ... Et la planète où ils se trouvaient actuellement n'était pas colonisé depuis plus d'une décennie. Aucun artefact ancien, aucune relique... "C'est étrange" songea Litj. Il pressa davantage le pas. La trace virtuelle du passage du commandant Flinn se matérialisait sur son champ visuel par l'intermédiaire de son aug', dessinant un vague trait aux couleurs éclatantes. On lui avait remis le précieux objet en forme de grosse lentille entourée de divers composants métalliques lors de son arrivée au sein de la Confédération, voilà plusieurs années. Il attachait beaucoup d'importance à ce maigre objet. Tous les militaires qui n'étaient pas eux même des cyborgs en possédaient uns. Certains allaient même jusqu'à dire que tout le génie de la Confédération et de ses serviteurs résidait dans cet ordinateur embarqué. Litj n'avait pas compris la subtilité de la remarque jusqu'à ce que vivre sans cet aug' lui devienne proprement impossible. Et sans cet aug', dans la situation où il évoluait ... Il ne préférait même pas y penser.
- Je vous ai en visuel, Litj.
Il sursauta. Il ne discernait aucune lumière.
- Mon commandant ?
- Passez en infrarouge et coupez moi cette foutue torche. Elle ne servira à rien ici.
Le soldat s’exécuta. Les formes de la caverne changèrent. Son œil droit, livré à l'obscurité, ne discernait plus grand chose. Mais son œil gauche, collé à l'optique de l'aug', distinguait une foule de détails. Les lignes de la cavité se contorsionnaient en de savantes striures. La terre avait été creusée à cet endroit. Et toutes les lignes semblaient converger vers un seul point de fuite, auprès duquel se tenait le commandant Flinn. A moins d'un mètre de l'officier, un cube d'une vingtaine de centimètre de section lévitait et tourbillonnant paresseusement. Il se dégageait une faible chaleur de l'objet.
- Un travail d'orfèvre, murmura Flinn.
Litj s'approcha avec précaution.
- Vous savez ce que c'est ?
- Je ne pensais pas en voir un dans son environnement d'origine ... Un cube alien ...
- Un cube alien ?
Personne n'aurait pu distinguer Litj, mais son visage affichait une moue étrange. Il hésitait entre le dédain et la curiosité.
- On a déjà ramassé une dizaine de ces artefacts sur divers monde. Ils n'ont aucune origine humaine connue. C'est un dossier assez confidentiel, vu que personne ne comprend ce que sont ces cubes ni à quoi ils pourraient nous être utiles.
- Il faudra le ramener ?
- Très certainement. Et je ne comprends pas pourquoi les rebelles ne l'ont pas emporté... Peut-être ne l'ont-ils pas vu ? Les câbles bifurquaient vers la gauche peu après la position où vous vous teniez, Litj. Vous avez remarqué ?
- Eh bien, mon commandant, je n'ai fait qu'écouter vos consignes, et je n'ai pas spécialement prêté attention à ...
- Je ne vous ai pas demandé si vous aviez exploré l'autre couloir, Litj.
L’intéressé ne répondit pas.
- Nous balisons l'emplacement, une équipe s'occupera de récupérer l'artefact. Nous n'avons pas le matériel nécessaire avec nous.
- Et les major cybernaticus ?
- Même eux ne pourraient pas.
Litj réprima un frisson. Il vouait un grand respect à ces hommes qui semblaient plus proches de leurs machines que des hommes de la compagnie. Ils vivaient entre eux, ne parlaient presque jamais, mais leur savoir était essentiel au bon fonctionnement de la technologie que convoyait les militaires avec eux. Il était d'usage d'affirmer que les cybernautes avaient réponses à toutes les problématiques techniques, et que si eux ne trouvaient pas de solutions, c'était qu'il n'en existait pas.
Le commandant s'affaira quelques minutes autour du cube. Il dépose trois petites balaises de positionnement en forme de tétraèdres, qui bourdonnèrent en s'activant. Litj effectua les branchements et synchronisa l'ensemble sur la fréquence adéquat. Même ici sous terre, le croiseur qui orbitait autour de la planète détecterait le chant des ondes caractéristiques d'une balise signalée pour un cube. Et les officiers à son bord s'occuperaient du nécessaire pour envoyer le cube vers la Terre.
- Un problème qui ne nous concerne plus, s'amusa Flinn.
- Et que faisons-nous à présent ?
- Le couloir, Litj ... Il faut savoir ce qui alimente ces maudits câblages.
Le commandant conseilla à son subalterne de rallumer la torche. Lui-même avait activé les senseurs infrarouges dissimulés dans son armure, et ne distinguait pas de forme de vie digne de ce nom. Le couloir courrait sur une centaine de mètre, morne et rectiligne. Flinn ne comprenait pas l’intérêt d'une telle construction si loin dans le sol. Et pourquoi diable les rebelles avaient-ils construits un cabanon en pleine forte plutôt que de se réfugier ici ? Ça n'avait aucun sens... Ils auraient pu survivre des semaines dans ces boyaux sans être repérés, pour peu qu'ils n'aient pas abusé de sources d'émissions de chaleurs trop puissantes. Mais lorsqu'il arriva au bout de la longue rectitude des murs, et qu'un coude envoya son chemin vers une pièce carrée d'où provenait de sinistres complaintes, Flinn comprit que les rebelles n'étaient pas aussi désorganisés qu'il n'y paraissait.

AdAeternam
Niveau 11
28 décembre 2015 à 20:36:06

"Quelques hamacs pendaient entre les murs, se disputant l'espace avec un réseau de câblages électriques s'échoua sur une table déserte."

Hum :( :hap:

Sinon rien à redire.

Pseudo supprimé
Niveau 8
29 décembre 2015 à 08:55:02

" Le sol vibra, la nature trembla, les oiseaux pépièrent en s'envolant, l" [[sticker:p/1kkq]]

J'ai tout lu,mais je me suis ennuyé comme jamais...

--crazymarty--
Niveau 10
29 décembre 2015 à 13:29:57

Sinon, ça vous tuerait d'argumenter un peu, Kipiani et AdAeternam ?

John-Loyf
Niveau 10
30 décembre 2015 à 21:01:57

J'aime bien après je trouve qu'il se passe pas grand chose même si c'est l'intro. C'est bien développé mais peut être un peu trop je trouve. Après je trouve que c'est bien écrit et bien pensé juste que j'accroche pas totalement au style :oui:

--crazymarty--
Niveau 10
31 décembre 2015 à 13:52:49

Merci de ton avis John :-) .

Pour le style, j'entends et je comprends tout à fait : il est riche, et je sais que c'est pas la tasse de thé de pas mal de monde. T'en fais pas :-) .

--crazymarty--
Niveau 10
31 décembre 2015 à 15:19:44

Pour information, les passages en italique sont les pensées des personnages. Dans le cas présent, il s'agit bel et bien de télépathie.

I.

2. ( 1 / 2 )

Le générateur était là. Un fut cylindrique haut de deux mètres qui laissait s'échapper une multitude de câbles, et dont un certain nombre semblaient sectionnés. Une tiédeur embrumée d'une odeur d'ozone réchauffait la pièce. Et dans un des coins opposé au seul accès, une ridicule paillasse portait la dépouille gémissante d'un homme affreusement mutilé.
- Par le Seigneur Mécanique, murmura Flinn.
Litj serra les dents. Il avait déjà vu des cadavres dans des états effroyables, mais ils ne lui avaient jamais causé autant d'effroi à la vue. Comme si leur propre mort les rendaient plus présentables, plus acceptables. L'humain blessé qui se tenait devant lui se tordait de douleur. Une plaie suppurante barré la moitié de son visage. Un bras et une jambe avait disparu. Presque nu, on pouvait distinguer qu'une gangrène dévorait peu à peu son épaule gauche, tandis qu'une fine rosée de sueur perlait sur toute sa peau.
- Ils l'ont laissé agoniser... C'est une mort atroce... Litj, faite venir un cybernaute dans les plus brefs délais. Je ne sais pas si nous pourrons le sauver, mais il faut essayer.
- Pourquoi, mon commandant ?
Flinn pointa un minuscule implant dissimulé à la base de la gorge du blessé.
- On ne trouve ce genre de matériel que dans la noblesse de la Confédération. Et étant donné qu'il n'y avait pas d'aristocrates sur ce monde au moment de la révolte ... Peut-être un officier capturé. Cela expliquerait pourquoi ils ne l'ont pas achevés ... Les chiens d'hérétiques.
Litj n'osait plus bouger. Il dévisageait Flinn, qui s'était figé dans une attitude fermée, le regard noir.
- Mon commandant ... Je m'occupe de faire venir ... Les secours.
Il fit le nécessaire pour établir un contact radio, mais n'obtint pour réponse qu'une soupe sonore en bruit blanc.
- La liaison est impossible mon commandant ...
Flinn soupira.
- Redirige-toi vers la surface. Mais revient dès que tu auras signalé notre position. Et tant que tu y es, préviens le reste de l'unité.
- Bien, mon commandant.
Flinn entendit le pas lourd et brut de son soldat s'éloigner. La caverne redevint un antre humide et aussi sombre que la nuit. Seules quelques diodes clignotant sur le générateur donnaient une faible lueur, qui jouait étrangement sur la carapace d'acier de l'armure de Flinn. Il restait penché sur le blessé, et tenta vainement d'établir le contact avec lui, sans succès. Lorsqu'il lança un appel d'identification par onde courte, il parvint cependant à établir son identité. Un jeune engagé de vingt-sept ans répondant au nom de Guilhem de Choire, promu au grade d'adjudant, et fils du général Alfred de Choire, élevé au grade de baron par lettre patente du Très Saint Magister. "Un aristocrate à qui ils auront fait payer leurs frustrations" songea Flinn. Il avait tout intérêt à le sauver s'il voulait jouir du prestige de la mission. Cyniquement, le cas de ce triste sire pourrait presque justifier la situation dans laquelle il s'empêtrait. Les rebelles se trouvaient être en position de force par leur fuite, et ils auraient presque pû attirer le respect du commandant s'ils n'avaient pas massacré un jeune nobliau servant dans les armées. Sans grande conviction, Flinn retenta de lancer un semblant de contact par le biais de la procédure d'identification standard. Il n'espérait pas grand-chose, mais peut-être que si le jeune adjudant ne sombrait pas totalement dans la folie ou l'inconscience ... Curieusement, la réponse en retour automatique s'avéra positive. Flinn songea à la merveille de cette technologie confédéré : sans avoir besoin de parler, deux individus - pour peu qu'ils possèdent les implants cérébraux adéquats - pouvaient échanger des informations avec une efficacité redoutable, sans le filtre déformant des émotions. Mais ce que Flinn perçut en lançant une salutation protocolaire dépassa son entendement.

Guilhem se sentit violé. Mentalement. Une paire de main sans délicatesse était rentré dans sa boite crânienne et avait soigneusement écrasé chaque circonvolution de son cerveau en une pulpe juteuse. Il voulut crier, mais ne parvient qu'à rendre son supplice plus douloureux. Les mains s'acharnèrent davantage, mais la douleur semblait s’atténuer. Il ne ressentait plus qu'une vague forme de chaleur, et la frénésie de cette intrusion sembla prendre du sens. Il sentait une voix se glisser en lui. Il ne comprenait absolument aucun des mots qui résonnaient en lui, mais il avait la certitude que son bourreau lui parlait. Mais cette conversation n'avait qu'un seul sens possible. Guilhem laissa le temps filer, et l'étranger alla, puis reflua, puis revint et repartit. Il tentait de lui demander de s'en aller pour de bon. Il crut devenir fou lorsqu'il perçut la saveur âcre et grasse d'une langue qu'il n'avait jamais entendu. Cela n'était pas humain. Il perdit à nouveau la course du temps, flotta une éternité dans les limbes, et revint vers l'étranger. Une lueur apparut, et il trouva un point pour se retenir et rester dans cette étrange réalité. Il comprit qu'il ne rêvait pas, mais que la voix s'écoulait en lui. Cela ressemblait à ce que les implants de communications lui permettaient de faire, mais les mots n'avaient pas la même consistance, la même couleur. Cette fois-ci, cela le touchait à un niveau beaucoup plus profond.
La voix ne se montrait plus menaçante. L'étranger semblait être là pour l'aider. Douloureusement, il reprit la mesure de sa situation, quelques bribes d'image envahirent son esprit et troublèrent le calme que l'étranger et sa voix avaient instillé en lui. Il se savait blessé.
- Je suis venu en paix.
Ce n'était pas ce qu'il entendit, mais bien ce que comprit Guilhem. Une sensation étrange. Le sens se passait des mots, des images. Un langage qui lui semblait à la fois familier et nouveau.
- Je ne veux plus souffrir.
Contre sa volonté, son corps ' prima en premier. Il ne pouvait que constater, impuissant, les événements s’enchaîner.
- Je trouverais le moyen de t'aider. Les secours viendront. Tu pourras guérir.
- Allez -vous en.

Guilhem se serait maudit d'avoir eu une telle pensée. Mais il était las, tellement fatigué, et il ne comprenait rien de cette étrange expérience. Il pensa qu'il délirait. La voix répondit, comme un écho dans la nuit.
- Je resterai avec toi jusqu'à ce que tout aille bien.
L'expérience le troublait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. La toile rigide et glacée de la réalité se délitait en longue traînées de tissu, et comme un naufragé en perdition, Guilhem tentait d'agripper tout ce qui se présentait sous sa main. Tout semblait exister par cette voix étrange et profonde, tout ce qui pouvait être sa perdition comme son sauvetage.
Un réflexe venu du fond de son être surgit, couteau armant un poing dressé vers le ciel. Une longue coupure fendit la trame de ce mystère. Guilhem perçut la voix s'éloigner, tandis que les ténèbres de la folie se pressait au-dessus de lui.

Flinn resta interdit. Il n'avait plus connue cette expérience depuis tant d'années. Plus troublant encore, comment un humain, un être aussi simple, chétif et mourant de surcroît, pouvait réveiller en lui cette sensation si particulière ? Hhrodat' disaient les légendes, pour évoquer cette expérience de deux conscience en contact si rapprochés, affranchis de la contingence des lois physiques. Télépathie, pour les humains, particulièrement inaptes à ce type de pratique. Et lui-même, talent latent de ce hhrodat' lointain, qui allait de pair avec l'histoire si héroïque et si tragique qui avait mené le peuple Naneyë à l'état de régression que Flinn lui connaissait si bien.
- Vous l'avez sentit ?
Litj répondit par le biais de sa radio, surpris.
- Sentit quoi, mon commandant ?
- Le mourant, reprit Flinn. Il a fait ... quelque chose d'assez exceptionnel.
Flinn se maudit de manquer de clarté à ce point. Ça ne ressemblait pas à un hhrodat, mais s'en était un, authentique, véritable. Le soldat Naneyë avait senti l'esprit de son frère humain, et sans qu'un traître mot ne soit échangé, ils avaient communiqué de la façon la plus fidèle possible. Flinn avait vu la douleur, la folie, l'égarement de l'esprit du garçon. Il avait perçu un gouffre sombre, un abyme sans fin où il menaçait de tomber lui-même. Tout au fond, pierre incandescentes, se lovaient les souvenirs du blessé. "De la douleur à n'en plus finir" songea l'officier. Il avait pleinement conscience que le jeune homme dont la dépouille en sueur se crispait à ses pieds n'était pas un être commun. Et que plus que son don, c'était ce passé si noir et si mortifiant qui en faisait une véritable aubaine pour sa situation.
Flinn retint un sourire carnassier. Pour peu qu'il sauve cet aristocrate, il serait couvert de gloire.

--crazymarty--
Niveau 10
01 janvier 2016 à 21:08:02

I.

2. ( 2 / 2 )

- C'est un véritable petit miracle, commandant.
Flinn hocha la tête. Le cybernaute se concentrait sur la liste de diagnostic qu'il avait pu tirer des observations de son patient. De temps à autre, il pianotait sur une un appareil dont Flinn n'arrivait pas à déterminer la fonction. Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il se demanda ce qu'éprouvait le cybernaute face à l'un de ses semblables. En officiant au sein de la Confrérie des Externes, il ne côtoyait habituellement que des Naneyë. Et pour bon nombre d'entre eux, les rares cybernautes humains appartenant à cette branche militaire atypique de la Confédération représentaient la plus grande majorité de leurs contacts avec des humains. Étrangement, personne ne se plaignait de cette particularité. Les cybernautes se montraient bien souvent laconiques, tout comme les soldats alien. Ils n'aimaient pas s'épandre sur des sujets dont personne ne semblait saisir l'importance profonde. De la même façon, ils ignoraient avec la plus grande politesse le désir ardent qui habitait chaque Naneyë de monter au combat pour prouver leur bravoure. Aussi, pour Flinn, la tirade que constituait l'intervention du cybernaute ne pouvait que l'inciter à prendre au pied de la lettre ce qu'il tentait de signifier : Guilhem de Choire était un véritable miraculé.
- Nous pourrons le remettre sur pied rapidement. Nous avons ce qu'il faut pour un humain de corpulence moyenne.
- Et votre avis là-dessus, major ?
Le cybernaute soupira. Son attention se perdit dans un regard embrumé de fatigue. Un regard double, celui d'un homme et d'un cyborg, dont le corps ressemblait avec une ressemblance frappante à celui de l'aristocrate, une fois qu'il aurait été opéré. Mais le cybernaute n'avait que peu d’intérêt dans ce genre de considération esthétique. Il voyait parfaitement vers quel constat l'officier souhaitait l'embarquer, et cette perspective le gênait un peu.
- Commandant Flinn, nous savons tous les deux qu'il n'aurait pas dû survivre.
- C'est bien ce que je pensais, commenta l'officier. Des blessures trop graves, des infections, une gangrène...
- Et puis son état délirant. Sa déshydratation.
"Sans parler de sa capacité psychique. Hhrodat ou télépathie, peu importe, je l'ai senti. Il n'a rien de normal. Et à part son aspect physique ...". Flinn doutait que le cybernaute accorde du crédit à ses allégations, ainsi qu'à l'étrange expérience dont il avait été partie prenante. Pour l'immense majorité du corps scientifique, tout cela relevait du mythe. L’Homme n'avait aucune capacité à projeter ses pensées hors de son corps, et plus particulièrement de son cerveau. Prétendre le contraire passait pour une stupidité, voire une hérésie. Mais Flinn n'avait pas rêvé ... Tout comme il se savait fidèle au Dieu-Machine. L'étrangeté de sa situation souleva quelques considérations spirituelles qu'il décida de résoudre plus tard.
- Que préconisez-vous, major ?
La question était purement formelle. La caste des cybernautes, qui détenaient le monopole du soin médical hors de la Terre, se bornait à la doctrine cybernétique. Les améliorations et les guérisons du corps humain endommagé ne pouvaient passer que par la pose d'implant robotique, mécanique et cybernétique. Aucune chirurgie reconstructrice ni présence de génie génétique. Ces domaines restaient pour l'un du domaine de l'Histoire, et pour l'autre d'obscures théories qui noircissaient des pages et des pages d’encyclopédie, ou bien qui occupaient quelques cybernautes œuvrant dans d'antiques laboratoires, attendant pieusement des résultats.
- Nous remplacerons ce qu'il a perdu, commandant. Le bras, la jambe ... Hélas ou tant mieux, nous ne nous arrêterons pas là : Ses deux yeux sont atteints d'un glaucome aigu. Il est sûrement aveugle depuis quelques jours. Sans parler des organes abdominaux, des hématomes diffus au niveau du cerveau...
- Combien d'heures ?
Le cybernaute haussa les épaules, huit, peut-être dix. Cela ne posera pas de problèmes.
- Je veux qu'il soit sur pied le plus rapidement possible, major.
- J'y comptais bien, répondit l’intéressé en souriant. J'ai cru comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un ... individu de basse extraction. Et que pour cette raison ... Il aura sans doute envie de prendre part à cette chasse. Par esprit de revanche.
Flinn hocha à nouveau la tête. Le cybernaute leva les yeux au ciel.
- Et arrêtez avec ce tic, commandant ! Cela en énerve plus d'un de vos hommes ...
- Qu'ils s’énervent contre la bonne personne. Quant à vous, faites-moi prévenir quand tout sera prêt. Il est hors de question de laisser un homme de la valeur de notre blessé seul pour son retour parmi les siens.
L'officier salua avec raideur son technicien, et ils se séparèrent sans ajouter un mot.

Une heure suffit à rapatrier le jeune adjudant à bord de l'Ankara. Le croiseur gardait une orbite géostationnaire au-dessus de la région mutinée, en prévision des urgences éventuelles. Flinn avait également pris la navette de liaison, et alors que le corps mutilé du baronnet de Choire gisait entre les mains expertes des cybernautes, lui s'était retranché dans ses quartiers. La cabine qu'il occupait ne comportait qu'une couchette, le nécessaire de rangement réglementaire, un point d'eau et un bureau avec un terminal com personnel, mais cet équipement passait pour luxueux auprès de ses hommes. Flinn ne voyait dans cette pratique qu'une façon de maintenir une pompe à même de perpétuer des traditions séculaires aux seins des fonctions militaire. Une façon détourné d'affirmer l'ordre existant, ainsi que de maintenir une autorité qui se passait de mots, et qu'il trouvait parfaitement ridicule. Il se devait pourtant de répondre à ce genre d'obligation. "Après tout, que diraient-ils si celui qu'ils considéraient comme un héros étaient exactement comme eux ?". Allongé sur son couchage, il songeait à cette mission, promesse d'une gloire bien plus complexe que prévue. Il aurait été heureux de se reposer sur des hommes plus expérimenté, d'accomplir simplement quelques protocoles militaires qu’ils connaissaient à merveille. Il savait qu'il préférait agir seul, bien davantage que de commander des soldats qui auraient très bien pu se passer de compagnie. La Confrérie des Externes avait beau n'être composé en majorité que de Naneyë, elle jouissait d'une réputation de corps armé exemplaires, efficace voire redoutable. Gregor l'avait placé ici pour lui permettre de jouir de plus de prestige qu'une carrière en solitaire pouvait lui apporter. Mais Flinn se devait de constater qu'après trois missions bouclées et une quatrième en cours, le silence et la paix de l'esprit en étant seul face à ses seuls choix lui manquaient.
"Tout cela n'a aucun sens". Il ruminait à ce que cette journée lui avait offert. Le cas de Guilhem de Choire était en passe d'être tranché. Sauvé, le jeune homme se montrerait sans doute reconnaissant. "Mais un certain nombre de certitudes se fissurent...". Il n'y aurait pas mis sa main à couper. Flinn comprenait cependant la nécessité de le conserver dans son giron pour apprendre ce qu'était le don qu'il avait percé à jour, tout comme la cause d'un tel prodige. Technologie ? Mutations génétiques ? D'autres causes plus obscures, de vieilles croyances de magies, se cachaient-elles profondément sous la réalité de ses perceptions ? Flinn était certain de n'avoir pas fantasmé cette expérience. Il l'avait vécu trop intensément pour qu'elle ne soit que le produit de son esprit. Aussi certain que le cube qu'il avait découvert était identique à tous ceux retrouvé sur divers monde.
Cette simple idée le réconfortait. Trouver un tel artefact était synonyme de gloire et de décorations. L'un des derniers objets de cette nature découvert par un simple soldat lui avait valu une mécanisation sur le champ et une monté en grade quasi stratosphérique. Flinn se trouvait en situation de demander à peu près tout et n'importe quoi à Gregor. Et ce dernier savait se montrer généreux quand il le fallait ... Il lui faudrait réfléchir sérieusement à ce qu'il espérait tirer comme récompense de ce cube. Être un officier de plus haut rang lui octroierait plus de pouvoir, mais moins d'indépendance. Il devrait composer avec des subalternes souvent exigeant et plus sûrement issu d'une aristocratie peu malléable. Jouer aux intrigues de cour sans y être convié n'était sans doute pas la meilleur des options. Même s'il choisissait d'aller retourner vivre sur son monde natal, Flinn ne pourrait pas espérer un sort plus tranquille. En tant que fils cadet du chef de meute, il n'obtiendrait aucun rôle d'ampleur à même de satisfaire son envie de pouvoir et d'influence. Et doucement, encroûté dans de confortables habitudes tenues loin de champs de batailles, son prestige deviendrait la relique d'un passe qu'il ne lui serait guère utile. "Rien n'est simple", pensa-t-il en se relevant. Il jeta un œil à son armure, songea qu'il lui faudrait également consulter un cybernaute pour les vérifications d'usage. Tandis qu'il revêtait une longue cape noire dont les épaulettes étaient cousues des fils de son grade de commandant, on frappa à la porte. D'un ton maussade, il invita son visiteur à entrer.
- Le cybernaute vous fait demander, mon commandant.
Le soldat nota le tic de l'officier, mais n'en fit montre.
- Bien, répondit Flinn. Prévenez de mon arrivée.
- Très bien, mon commandant.
Il laissait ses questions derrière lui. Durant le trajet qu'il le conduisit auprès du bloc médical, il s'amusa de ce que le cybernaute lui avait dit à propos de la durée de l'intervention pour sauver le jeune. "Il ment mal, et je n'ai même pas fait attention. Je devrais peut-être prendre quelques semaines de congés ?". Il s'amusa de sa propre ironie.

--crazymarty--
Niveau 10
02 janvier 2016 à 21:02:03

Pas de suite,aujourd'hui, je n'ai pas corrigé le prochain chapitre :hap: ...

--crazymarty--
Niveau 10
03 janvier 2016 à 21:00:36

I.

3. ( 1 / 3 )

Une odeur âpre de désinfectant emplit les narines de l'officier lorsqu'il pénétra dans la chambre. Il s'étonna de retrouver la même ambiance olfactive dans tous les lieux de soin que les Hommes avaient construits, sur Terre ou dans l'espace. La même froideur, la même sobriété, le même sentiment de vide se déclinait dans des endroits tous différents. Comme des écrins mettant en valeur les malades, les hôpitaux et les infirmeries rutilaient par leur simplicité.
Détournant les yeux de cette fade mise en scène, Flinn se concentra sur l'objet de sa visite. Assis dans son lit, le blessé qu'il avait recueilli semblait patienter sans hâte. Avec une certaine cruauté, le Naneyë songea que Guilhem de Choire — avant cet incident — ne devait pas répondre aux canons de la beauté qui avaient cours dans la plupart des grandes cités confédéré. Non qu'il fut affreusement laid ou difforme, mais davantage du fait qu'il émanait de sa personne une forme d'harmonie brisé, de construction inachevée. Le ton sanglant et flamboyant de sa chevelure courte jurait presque avec sa peau épaisse, où se dessinaient un réseau de ride précoce. Son nez brisé semblait trop gros sur une morphologie fine, presque androgyne. Sa bouche se tordit en un rictus désagréable, où l'ironie dégoulinait à grosses gouttes. Et le dernier œil organique qu'avaient daigné lui laisser les cybernautes éclatait de malice et d'intelligence, le plissant en un trait épais où un vert sombre semblait luire dans la pénombre de la chambre médicale. Une odeur de sang planait dans la pièce, achevant de mettre Flinn mal à l'aise.
— C'est un honneur que de rencontrer mon sauveur.
Flinn songea que le ton de sa voix sonnait faux. Qu'il maîtrisait trop parfaitement chaque syllabe, chaque intonation, et que cette maîtrise donnait à cette phrase d'apparence anodine une coloration pénible, culpabilisante. Avec une adresse qui dissimula sa gêne, le Naneyë répondit :
— Je n'ai fait que mon travail, adjudant.
— Et j'en admire le résultat, commandant Flinn.
La pique fit sursauter Flinn. Il ne savait plus sur quel pied danser.
— Messire de Choire, je ne comprends pas ...
— A d'autres, mon commandant. Parlons franchement.
Un soufflet n'eut pas été plus douloureux pour Flinn. La bonne humeur de surface faisait place à une haine vicieuse, profonde. Il comprit rapidement qu'il serait risqué de trop ou de trop peu parler avec l'individu qu'il avait en face.
— Vous êtes en colère, adjudant. C'est légitime, après ce que vous avez dû traverser...
— Qu'en savez-vous ? coupa froidement le jeune homme.
— Effectivement, je n'en sais rien.
— Et j'imagine que sauver un noble comme moi a tout d'une opération intéressante sur le plan du prestige et de la gloire militaire... Ne niez pas, mon commandant. Vous êtes connu comme tel. Un opportuniste à la recherche de la moindre occasion pour monter dans la hiérarchie, prendre du galon... Pour le moment, cela vous a plutôt bien réussi, c'est vrai...
Flinn serra les poings, mais resta lèvres closes. La provocation, évidente, n'était qu'une expression de la colère de la victime d'une vendetta stupide. Une vendetta qui lui avait coûté son corps et son honneur. Flinn, trop droit et trop évident, constituait une cible de choix pour cette colère. Résigné, l'officier acceptait cette tâche ingrate. Il avait vu le potentiel latent du jeune homme. Et la simple perspective d'une telle chance pour la Confédération méritait bien de souffrir un peu dans son ego.
— Et si vous me racontiez cette histoire, adjudant ?
Un sourire carnassier anima les lèvres de Guilhem de Choire.
— L'ours sort de sa tanière ? Mais vous avez raison, il est plus agréable d'être voyeur que victime. Beaucoup plus confortable...
— J'entends que vous soyez malheureux de votre sort, adjudant. Mais entendez également que je suis votre supérieur hiérarchique direct. Et que part ce fait, je n'entends pas que vous dépassiez certaines limites.
Le ton de Flinn ne souffrait aucune contestation. Le jeune homme le dévisagea de longue seconde, soupira, détourna son regard à l'opposé de son supérieur.
— C'est difficile, mon commandant. J'ai échoué dans ma mission.
— Et quelle était cette mission ?
L'esprit de Guilhem se perdit en souvenir de dorures et de fêtes sans fin, d'une jeunesse insouciante à l'ombre de son général de père. Comme un coup de vent, l'école militaire, les premières missions à l'extérieure du système solaire, toutes plus ennuyeuses et convenues les unes que les autres. Jusqu'ici, sur Barnard Prime, jusqu'à ce que son sang ne se répande sous les coups répétés d'une machette. Mauvais endroit, mauvais moment pour Guilhem de Choire. L'émotion étreignait sa gorge. Il sentait que sa voix défaillirait. Mais étrangement, il sentait qu'il pouvait faire confiance à ce commandant. Un alien certes, mais comme si quelque chose passait entre eux, au-delà des mots. Un souvenir fugace s'approcha de la surface de sa conscience, mais replongea aussitôt dans les limbes de l'oubli. Ce quelque chose lui échappait. Guilhem soupira, puis se lança.
— Je devais accompagner une équipe scientifique. Une mission sans risque, du travail d'entomologie à distance de toute colonie humaine.
— Et les choses ne se sont pas passées comme prévue ...
— C'est le moins que l'on puisse dire. Cela faisait environ trois semaines standards que nous étions arrivés sur la planète lorsque nous avions dû retourner vers la plus proche colonie, pour assurer le réapprovisionnement en aliments. Nous ignorions alors ce qui se passait sur la colonie capitale. Alors que nous passions la seconde nuit dans un hébergement gérée par les armées, nous avons été attaqués par des rebelles. Des hérétiques libertaires qui n'ont pas cherché à comprendre si nous étions armés, si nous représentions une véritable menace. Les scientifiques ont tenté de parlementer, ils ont gagné une balle en pleine tête chacun. Quant à moi ...
Sa voix s'éteignit.
— Mon père, le général Alfred de Choire, s'était assuré qu'il n'y avait aucun risque. Il pensait me revoir quelques semaines plus tard... Cela a dû lui faire un choc d'apprendre que j'avais disparu.
— Nous ferons le nécessaire pour le prévenir, promit Flinn. Mais je vous en prie, adjudant. Continuez votre récit.
— Est-ce bien nécessaire ?
— Vous tenez peut-être l'occasion de vous venger.
— En êtes-vous certain, commandant ?
— Si j'en apprenais plus sur vos ravisseurs, je suis sûr que nous pourrons les retrouver. Ils devront sortir de leur forêt à un moment où un autre. Et nous devons nous tenir prêt à agir.
— Bien sûr ...
A nouveau, Guilhem marqua un temps de pause.
— Il faisait nuit. Ils avaient des brouilleurs, je n'ai même pas pu lancer un semblant de SOS. Et plus tard, j'ai appris que les quelques forces militaire de la colonie avaient été massacrées. Je n'aurais rien pu faire... Il faisait nuit, ils m'ont mis un sac sur la tête, et ils se sont enfoncés dans la forêt. Je le sais car j'entendais les animaux et les bruits de la nuit, comme ceux qui entouraient le camp des scientifiques. Nous avons marché longtemps, très longtemps. Je n'ai pas réussi à savoir combien de temps, mais lorsqu'ils se sont arrêtés pour de bon, je me suis retrouvé dans une grotte. J'étais seul, il faisait presque froid. Ils m'ont laissé dépérir, avant de décider que je pouvais constituer une menace. Un des hommes, le chef je présume, m'a alors clairement dit que je ne repartirai pas vivant de Barnard Prime. Que je serais le prétexte de leur violence envers la Confédération pour tous les hommes morts dans leur lutte contre le Dieu-Machine.
— Et ils ont commencé leurs sévices.

--crazymarty--
Niveau 10
05 janvier 2016 à 16:03:08

Je posterai la suite dans la journée, désolé du retard... Il serait également de bon ton de poster un peu entre chaque chapitre, histoire de ne pas être noyé dans la masse :hap: .

Mandoulis
Niveau 27
05 janvier 2016 à 16:17:42

Le 05 janvier 2016 à 16:03:08 --crazymarty-- a écrit :
Je posterai la suite dans la journée, désolé du retard... Il serait également de bon ton de poster un peu entre chaque chapitre, histoire de ne pas être noyé dans la masse :hap: .

Parce que tu t'imagines que qqn lit? :hap:

--crazymarty--
Niveau 10
05 janvier 2016 à 16:27:28

Oui, je suis jeune, con et naïf :hap: .

Sujet : [SF][Roman] Vertige Stellaire
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