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Sujet : [SF][Roman] Vertige Stellaire
--crazymarty--
Niveau 10
06 janvier 2016 à 00:48:55

I.

3 ( 2 / 3).

Un voile passa dans le seul œil organique du jeune sous-officier.
— Ils avaient des machettes. Légèrement courbes, pleines de rouilles. Ils n'ont pas attendu pour me dire que cela serait long, très long. Ils ont pris leur temps... Ils ont tranché, petit à petit. Les doigts, la main, le bras. Ils ne prenaient pas la peine de me soigner correctement. Tout ce qu'ils faisaient, c'était mettre un garrot pour ne pas que je me vide, pour que je puisse continuer à souffrir. J'ai souvent perdu conscience, je me réveillais lorsqu'ils reprenaient leur torture. Ils ont pris mon bras, ils ont pris ma jambe de la même façon. Mais cela ne leur suffisait pas. Ils riaient. Ils me crachaient dessus... Et puis quand je n'avais plus la force de crier, de pleurer ou de prier le Dieu-Machine d'abréger mes souffrances, l'un d'entre eux a pris une cuiller. Il m'a regardé longtemps, il a dit " tu n'auras plus l'occasion de voir grand-chose, alors regarde-moi bien, et dis à ton dieu menteur que ses serviteurs doivent cesser d'être aveugle".
Le jeune homme passa une main mécanique sur son œil robotique. Il eut l'impression de caresser le mirage d'un miracle.
— Ils m'ont laissé saigner, comme un porc. Ils m'ont apporté de l'eau et des rations, m'ont gavé de force. Ils m'ont répété que je ne mourrais pas, pas encore du moins. Petit à petit, je ne savais plus où se tenait la réalité. J'ai rêvé ma torture et vécu des jours heureux de mon enfance, des siècles remplaçant les secondes. J'avais l'impression parfois, d'entendre ces chiens d'hérétiques. Ils parlaient sans être là, leur voix résonnait contre les murs de la grotte. Ils parlaient de leur cabane, de l'avancée des Externes. Je compris que je délirais, que j'allais bientôt vivre la fin de mon agonie... Quand j'ai réellement repris conscience, il n'y avait plus de grotte. Juste ce lit, un cybernaute qui souriait à mes côtés.
— Ils vous ont remis en état plus vite qu'ils ne l'imaginaient, adjudant. Presque moitié moins de temps que les protocoles standards.
— Je m'en serais bien passé, commandant.
Avec une curiosité qu'il trouvait écœurante, Guilhem scruta ses mains, retira le drap qui le couvrait, faisant jouer les articulations de ses jambes.
— J'ai failli à ma mission, et on m'a récompensé. Cela n'a pas de sens, commandant. Je ne mérite aucun honneur, et me voilà promu à un rang qu'on réserve aux héros...
— Regrettez-vous d'être toujours en vie, adjudant ?
Guilhem remit les draps sur ses jambes, et s'affala dans le lit.
— Que dira mon père quand il apprendra que je suis toujours vivant ?
— Je suis sûr qu'il sera très heureux...
Un sourire triste anima les lèvres du jeune homme.
— Vous ne le connaissez pas, commandant. Je serais sa honte. Son fils qui n'a pas su suivre sa trace. Je n'ai pas son courage, ni sa bravoure.
— Mais vous avez eu l'intelligence de rester vivant suffisamment longtemps là où personne n'aurait survécu. Cela ne vous trouble pas ?
— Comment ça, commandant ?
Flinn, jusqu'alors debout, s'installa dans une chaise disposé au pied du lit.
— Les cybernautes qui vous ont remis d'aplomb sont catégoriques. Personne, absolument personne, n'aurait pu survivre avec les blessures que vous aviez. Et vue l'ancienneté des plaies sur vos ... bras et votre jambe, il est probable que vous avez été torturé depuis au moins trois, peut-être quatre semaine.
Guilhem blêmit.
— Mais, commandant Flinn, c'est totalement impossible.
— Cela le serait pour quelqu'un à la condition physique normale.
Le sous-officier s'emporta d'un rire presque hystérique. Alors qu'il se calmait, il reprit.
— Commandant, vous avez bien vu ma carrure avant que les cybernautes ne me ... réparent. J'étais maigre, sans endurance. J'avais une santé relativement précaire.
— Des problèmes d'infections ?
— Rarement, et jamais très longtemps. Mais ...
— Des fractures ?
— Un bras cassé à l’adolescence. Les médecins s'étaient même étonne que ...
Une lueur passa dans son regard.
— Attendez commandant. Qu'est-ce que cela veut dire ?
— Avec un père capable de vous prodiguer les meilleurs soins dès que vous en aviez besoin et peu de problèmes réels potentiellement mortels, cela ne m'étonne pas que cela n'ait été remarqué. Mais vu l'état dans lequel vous êtes arrivé à bord de l'Ankara... Les cybernautes ont procédés à une batterie de test et d'analyse en tout genre. Et devinez ce qu'ils ont trouvé ?
— Je ne sais pas.
— Des nanites présente dans votre sang.
Guilhem souleva un sourcil, comme blasé.
— Et alors ? Mon père sert le Dieu-Machine, il était déjà un cyborg lorsque j'ai été conçu. C'est parfaitement normal qu'on en retrouve dans mon sang.
— Vous rappelez vous des taux nominatifs ?
— Quelque chose de l'ordre de cinq à dix millions par millilitres de sang.
— Et devinez quel était votre taux ?
— Je ne sais toujours pas, s'impatienta l'adjudant. Le double peut-être.
— Dix mille fois la concentration habituelle.
Guilhem écarquilla son œil.
— Vous plaisantez ?
— Absolument pas. Les tests ont été refait à vingt-trois reprises pour être exact. Les cybernautes sont restés béats face à cela. Ils en ont conclus que c'est cela qui vous a maintenu en vie aussi longtemps.
— Les dosages que j'avais eu en étant enfant était normal ... C'est impossible.
— Les nanites ont dû se créer à partir de vos réserves pour vous protéger. Vous avez dû commencer à en fabriquer en grand nombre dès que vous êtes arrivé sur Barnard Prime.
Cette réponse arracha un sourire à Guilhem. Il secoua la tête.
— Tout cela n'a aucun sens...
— Peut-être. Mais dans ce cas... Que pensez-vous des voix que vous entendiez dans la grotte ?
— Des hallucinations liées à mon état de santé. Déshydratation, douleur, anémie. Les causes doivent se compter par dizaine.
— Pourquoi ne pas imaginer que ce que vous avez entendu était bel et bien réel ?
— Parce que cela serait impossible ! Voyons, commandant, vous êtes un Inquisiteur reconnu. Vous êtes le traitement de choix contre toutes les hérésies connues envers le Dieu-Machine. Et vous seriez en train de me dire que les voix que j'entendais existaient ?
— Parfaitement.
— C'est un blasphème !
— Ne soyez pas stupide, reprit sèchement Flinn. Je ne m'avancerai pas dans de telles considérations si je n'avais pas de preuves solides.
— Eh bien, surprenez-moi à nouveau.
— La multiplication des nanites a eu un effet sur vos perceptions. Je ne saurais en expliquer les mécanismes, mais il semblerait que cette augmentation ait stimulé certaines zones de votre cerveau à même de développer une capacité de télépathie.
— Conclusion commode.
— Ce ne serait pas une conséquence si miraculeuse que ça... Car voyez-vous, adjudant, certaines espèces sont capable d'un tel "prodige".
— Citez en ne serait-ce qu'une seule.
— La mienne, adjudant.

Mandoulis
Niveau 25
26 janvier 2016 à 14:15:18

I-1/
coupait la chair noire J’ai au début pensé à un humain, mais tu confirmes ensuite qu’ils sont tous Naneyë. Mais dans mes souvenirs, les Naneyë sont des sortes de gros ours polaires. Ou alors seul le chef était blanc ? :doute:
Hrvot Comment ça se prononce?? :hap:
On lui avait remis le précieux objet en forme de grosse lentille entourée de divers composants métalliques lors de son arrivée au sein de la Confédération, voilà plusieurs années. OUIIII ENFIINNN Tu expliques clairement à quoi ressemble un aug’ ! :bave:

C’est bon, très bon. Tu nous replonges directement dans ton monde avec brio, je m’y suis directement immergé. Les descriptions qu’il faut, les références au passé nécessaires, rien à redire. Tu introduis le début d’une nouvelle intrigue, qui s’annonce déjà passionnante :cute: Peu de coquilles, de rares passages moches à la Marty :hap: J’y retourne directement ! :-p

+ À = ALT+0192 :hap:

Mandoulis
Niveau 25
26 janvier 2016 à 14:56:04

I-2/
En fait, quand tu disais que t’avais corrigé que la première partie, tu parlais du I-1 n’est pas ? :noel: Parce que là, dès le I-2, y’a plein de fautes, signalées par Word pour certaines en plus ! :fou:

L'expérience le troublait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Oui moi aussi ça m'a troublé sur le moment, je me demandais de quoi tu parlais.. Mais tu expliques après qu'en fait, c'est un élément nouveau. :bave:
Hhrodath ou Hhrodat’ ??
et n'importe quoi à Gregor. QUOI QUOI QUOI ??? C’est pas Siegfried le Très Saint Magister ??? :ouch:

Très bien, intéressant, parfait, rien à redire. Je continuerai demain, là j’ai des appels de clients qui me dérangent pendant ma lecture… :hap:

--crazymarty--
Niveau 10
26 janvier 2016 à 16:06:24

Merci Mandoudou :-) ... Erf, ouais, désolé, ça doit encore être bourré de fautes, je vais quand même revérifier, mais ça m'étonne pas trop si tu le dis.

Mandoulis
Niveau 25
26 janvier 2016 à 16:14:57

Le 26 janvier 2016 à 14:56:04 Mandoulis a écrit :
et n'importe quoi à Gregor. QUOI QUOI QUOI ??? C’est pas Siegfried le Très Saint Magister ??? :ouch:

Et sinon tu veux pas répondre? :hap:

--crazymarty--
Niveau 10
26 janvier 2016 à 16:23:18

Pardon, je vais vérifier ça et je te réponds :hap: ...
Bon, après vérification, je ne vois pas ce qui cloche
Gregor est le Commandus Magnus, Flinn est commandant de la Confrérie des Externes. Gregor est donc le supérieur de Flinn, depuis toujours, ça ne change pas... Je ne comprends pas pourquoi tu sembles surpris. Le Magister est bien Siegfried, ça n'a pas changé, si c'est ta question.

Ce passage n'est donc pas une faute, mais si tu veux plus de détails, fais le moi savoir :-) .

Mandoulis
Niveau 25
26 janvier 2016 à 16:30:16

AAAAHHHH mais oui c'est vrai!!!
J'avais cru que Gregor avait été Magister après Oddarick, mais après vérification dans le dernier épilogue, en fait non. My fault :hap:

--crazymarty--
Niveau 10
26 janvier 2016 à 16:36:51

C'pas grave, je suis là pour ça :hap: .

Mandoulis
Niveau 25
27 janvier 2016 à 14:31:06

I-3/
Miam miam miam encore un nouveau perso. Les Externes. Je le savais :bave: J’en veux plus. Bien mon commentaire inutile ? :noel: J’y retourne :hap:

I-4/
Côtés pas cotés [[sticker:p/1jng]]
Une simple allusion à une trahison me fait voir des complots partout :fou: Je suis en train de m’imaginer un tas de trucs sur Guilhem, de faire des tas de suppositions :fou:
Je ferrais :malade: TON FUTUR SIMPLE PUTAIN !! [[sticker:p/1jng]]
Le nouveau découpage des chapitres est bien plus humain, c’est agréable de savoir que l’on peut lire par petits bouts sans que l’on soit obligé de se taper 30 pages avant de pouvoir faire une pause et continuer le lendemain. :hap:

--crazymarty--
Niveau 10
27 janvier 2016 à 14:43:20

J'étais persuadé que la nouvelle version n'avait plus trop de vilaines pheautes, je te présente donc mes plus plates excuses :hap: ...

Mandoulis
Niveau 25
27 janvier 2016 à 14:47:13

Nan ça va, c'est pour la plupart des fautes d'accord ou d'inattention, sauf ton futur simple PUTAIN! [[sticker:p/1jne]] Tu m'écris des horreurs comme je n'en ai jamais vu :malade:

--crazymarty--
Niveau 10
27 janvier 2016 à 14:52:04

Pourtant, j'avais normalement tout changé... Enfin.

Mandoulis
Niveau 25
27 janvier 2016 à 16:05:42

I-5/
Quelque chose ne collait pas. Ah bah voilà ! Tu confirmes toutes mes suppositions ! Guilhem est un hérétique à la solde des aliens pas encore apparus, qui l’ont doté d’une fantastique quantité de nanites afin de lui fournir un prétexte pour s’infiltrer aux plus hauts niveau de la Confédération et frapper au moment opportun ! :fou:
Et tu appuies mes propos par l’immense paragraphe juste après. :hap:
Une pointe de sujet sensible ( :hap: ) parfaitement dosée, tu nous présentes les personnages de cette histoire un par un, tranquillement, très bien ! :oui:
Je continuerai à lire demain, là je suis sans cesse interrompu par des appels. Et demain, j’ai pas de russe à faire, donc je risque fort d’avaler des pages entières :bave:

Mandoulis
Niveau 25
28 janvier 2016 à 13:26:15

I-6/
RAS

I-7
Pfiou, ben le début c’est du lourd hein ! Tout ce passage de la navette dans la tempête, c’est pesant, avec des phrases à rallonge et plein de mots qui ne servent à rien. À retravailler peut-être un peu pour alléger tout ça.
Très bien la fin du chapitre par contre.

I-8/
OMG mais c’est d’un lourd par moment :noel: T’as écrit ça à différents moments ou quoi ? J’ai l’impression que t’es revenu au style du tout début, lourd, avec des descriptions qui n’ont parfois pas de sens, c’est vraiment très dur de rester dedans. Mention toute particulière au passage bercé par le chant éternel des alizés sous un ciel bleu et infini et aux litanies qui s'égrenaient dans l'air fraîchissant depuis près de deux heures le rendaient plus enclin à la sobriété et au recueillement silencieux, à la solitude que rien ne peut apaiser ou faire disparaître. :hap:
J’aurais voulu que tu insistes davantage sur le naufrage de la navette, pourquoi ils sont coincés, que je puisse ressentir davantage le désespoir, tout ça quoi… Au lieu de me faire des descriptions interminables de plages paradisiaques… :noel:

I-9/
Moui… la révélation du don arrive un peu comme un cheveu sur la soupe je trouve, reléguant au second plan l’idée de l’infiltration.
Rien à dire sur le reste.

Mandoulis
Niveau 25
29 janvier 2016 à 11:56:17

I-10/
On retrouve un chapitre actif et rythmé, l’intrigua avance, RAS.

I-11/

Y’a du Confrères partout, au lieu d’Externes :fou: T’as changé d’avis en cours de route ? :noel:
Je m’attendais à une plus grosse surprise pour le chef, je sais pas moi, Cyrill par exemple :noel:

I-12/
Y’a plein de passages blancs, c’est toi qui les as laissés ou bien c’est un problème technique ?
La fin laissait envisager des choses intéressantes, une histoire d’amour et toutes les difficultés que cela aurait entrainé, mais tu as aussitôt étouffé dans l’œuf ces possibilités.

I-13/
Et vu que ça faisait longtemps, on commence le chapitre par un pavé indigeste ! :bave: :noel:
Oh oui j’aime ce dialogue plein de tension ! :bave:

I-14/
Ragotages ? :ouch: T’es sérieux là ? :noel:
Bon ben sinon, je ne sais pas quoi dire pour commenter. C’est captivant, c’est bien mené comme toujours, y’a pas grand-chose qui change quoi…

I-15/
C’est une habitude de toujours commencer les chapitres par une description indigeste des lieux ? :hap:
Oh oui Siegfried enfin ! :bave:

Une première partie rondement menée, qui met en place tous les éléments et personnages nécessaires à la suite. Malgré quelques descriptions un peu lourdes parfois, l’ensemble se lit avec délectation, et il est difficile de s’arrêter pour remettre au lendemain la lecture. Merci beaucoup.
Je t’envoie tout de suite le fichier par MP pour que tu puisses jeter un œil dessus.

--crazymarty--
Niveau 10
05 février 2016 à 11:35:29

I.

3 ( 3 / 3 )

— La mienne, adjudant.
A nouveau, Guilhem se fendit d'un sourire plein d'ironie.
— Dans ce cas, jouons à un jeu. Dégrafez votre aug', fermez les yeux. Je vais imaginer un cube, d'une couleur bien précise. Nous verrons si vous êtes si capable que vous le dites.
— Parfait.
Flinn retira son implant, vida son esprit. La colère et le doute qui émanait de Guilhem remplissait la pièce. Soudain, une autre sensation l'envahit. Un cube posé devant le jeune homme tournait lentement sur lui-même. Doucement, il se teintait d'une couleur violente, presque vivante.
— Rouge, répondit Flinn.
— Coup de chance, maugréa Guilhem. Recommençons.
Le même cérémoniel se répéta, à la différence que Flinn donna une réponse — à nouveau exacte — bien plus rapidement.
— Peut-être avez-vous raison, commandant. Peut-être que votre espèce peut lire dans l'esprit des Hommes ... Mais ce que vous m'avez affirmé, c'est que moi, simple humain, je sois en mesure de réaliser une action physiquement impossible.
— Inversons les rôles. Mais laissez-moi changer l'exemple.
— A votre guise, commandant.
Un instant, Flinn se demanda s'il devait aller aussi loin avec l'adjudant. Même s'il possédait un talent latent, il n'était pas sûr de parvenir à le maîtriser. Et utiliser les images de ce qu'il avait vu lorsqu’il avait retrouvé le jeune homme dans la grotte lui parut d'un coup moins utile. "Il doit comprendre qu'il ne peut pas faire comme s'il pouvait négliger cette capacité". Sans douceur, le Naneyë laissa les images du souvenir pénible remonter à la surface. Il perçut la présence de Guilhem, résista aux griffes rougeoyantes de son âme encore taraudé par le vécu douloureux de la torture. Il serra les poings, pria le Dieu-Machine pour que l'expérience s'achève le plus rapidement possible. Et lorsque Guilhem se retira, le calme revint comme le reflux d'une vague sur une plage après la tempête.
— Commandant, je ...
La voix atone de l'adjudant s'éteignit dans la chambre.
— Et maintenant, adjudant ? Pensez-vous que je vous mente encore ?
— Je ... Je suis désolé, commandant. Je ne pensais pas que ... Que cela pouvait être possible.
— Alors comprenez-vous pourquoi je ne pouvais pas vous laisser mourir ?
Encore secoué, le jeune homme tarda à répondre.
— Pourquoi moi ?
— Il est des mystères que nul Hommes ou Naneyë ne peut ni ne doit comprendre. Mais pour moi, cela ne peut qu'être l’œuvre du Dieu-Machine. Il veille sur vous et vous a fait un présent avec ce don. Vous ne pourrez plus jamais ignorer ce que vous êtes en capacité de faire. La question qui subsiste est celle-ci : que ferez-vous de ce don, adjudant Guilhem de Choire ? Je peux vous proposer de me rejoindre au sein de la Confrérie des Externes à défaut d'autre département militaire. Je sais très bien que cela n'est pas une démarche habituelle pour un soldat humain.
— Ai-je vraiment le choix ?
— Ce n'est pas parce que je peux lire en vous que je dois vous donner la réponse...
Guilhem sourit.
— Je n'en attendais pas moins d'un Inquisiteur. Mais j'aurais besoin de temps pour réfléchir.
— Nous pourrons souffrir d'attendre quelques heures, mais guère plus, adjudant. Comprenez que la lutte contre les hérétiques qui sèment le chaos sur ce monde reste ma priorité.
— Bien sûr, commandant.
Flinn se leva, se dirigea vers la porte, avant de se retourner.
— Lorsque vous pensez avoir fait votre choix, adjudant, venez me trouver dans mes quartiers.
— Je peux me lever ?
— Vu l'état de votre nouveau corps, je ne suis même pas sûr que restez dans un lit à vous morfondre soit une bonne idée.
Les deux soldats se toisèrent, respectueux, et Flinn sortit de la chambre.

--crazymarty--
Niveau 10
18 février 2016 à 14:09:38

I.

4 ( 1 / 3 )

Flinn avait acquis la certitude que Guilhem viendrait le voir avant une paire d'heure. Il avait semé le doute dans l'esprit du jeune homme, il avait planté la graine de la vengeance avait suffisamment d’habileté pour en faire une potentielle future recrue. Le baronnet de Choire, retranché derrière son cynisme de façade, avait dû se rendre à l'évidence face aux propos nets et sans ambiguïté du commandant alien. Il avait débit le récit de ses souffrances d'une voix atone, sans émotion. Flinn avait eu un aperçu déplaisant des semaines de tortures qu'avait enduré cette victime d'une poignée d'hérétique. En se montrant paternel, il pouvait décemment croire que le talent du sous-officier pourrait lui servir. Si seulement il avait accepté sans délai...
Le Naneyë fit un crochet par le laboratoire des cybernautes avant de regagner sa cabine. L'homme qui avait sauvé Guilhem se nommait Ludvike Zaltan. Il brillait par sa discrétion, son efficacité, et cette curieuse manie de caresser son nez de temps à autre. Quand Flinn pénétra dans l'atelier du cybernaute, il le trouva face une prothèse de main récalcitrante sur laquelle les doigts du trentenaire s'acharnaient.
— Aedificator Zaltan ?
L’intéressé se détourna de son travail un court instant, avant de reprendre sa tâche.
— Il va bien ?
— Je suppose que vous parlez de l'adjudant.
— De qui d'autre, commandant. Nous n'avons pas de blessés, à part lui.
— Vous avez fait un travail remarquable, Ludvike.
Le cybernaute toucha son nez, rougit, et tarda à répondre.
— Vous savez que je n'ai fait que ce pourquoi on m'a formé, commandant. Je n'étais pas seul, et le sire de Choire possède un don exceptionnel.
— Justement, c'est de cela que je voulais parler avec vous. Je me demandais si vous aviez réussi à trouver ce qui pouvait expliquer cette anomalie.
— Toujours rien, hélas. Pourtant, j'ai mis beaucoup de monde à contribution. Peut-être qu'en refaisant d'autres séries de dosage d'ici à quelques jours, je pourrais être plus précis... Mais je pense que cela restera quand même un mystère.
— Cela ne l'empêchera pas de retourner sur le terrain ?
— Absolument pas. Et puis au vu de ce que son corps est devenu, je dirais même que cela constitue un sérieux atout. S'il se retrouve blessé, avec de telles quantités de nanites dans le sang, n'importe quelle partie de son corps — organique ou robotique — se remettra rapidement.
— Je pourrais donc l'emmener sur Barnard Prime d'ici quelques jours ?
Le cybernaute sourit.
— Je dirais plutôt quelques heures. Rien ne justifie qu'il reste ici.
— En espérant qu'il accepte de venir...
— J'imagine que vous lui avez proposé un marché.
— Votre perspicacité m'étonnera toujours, Ludvike.
— Et vous, commandant, votre pragmatisme.
— La fin doit justifier les moyens, non pas l'inverse.
— Une sage parole pour un sage homme.
Flinn se prit à rire de bon cœur.
— Ludvike, je suis bien content de vous savoir à mes côtés.
— Et moi donc, commandant.
— Pendant que j'y pense, l'un de vos hommes pourrait-il examiner mon armure avant que je ne retourne sur Barnard ?
— Bien sûr commandant. Je vous enverrais un custodes dès que nous aurons fini nos tâches. D'ici deux, peut-être trois heures.
— Ce sera parfait.
Flinn salua le cybernaute, et se dirigea d'un pas décidé vers ses quartiers.

Guilhem resta sans bouger de longues minutes. Que choisir, si choix il y avait ? La proposition du commandant Flinn n'avait rien d'une parole à la légère. Si un individu pouvait incarner l'héroïsme et la droiture des serviteurs de la Confédération, il remplissait son office à merveille. Le pouvoir magistral l'appuyait depuis de longues années, et la gloire qui l'auréolait rendait jaloux plus d'un officier supérieur. Guilhem avait entendu son père parler en des termes tout aussi dithyrambiques qu'acerbes du Naneyë. "Un fruit véreux". Et pour son plus grand déplaisir, il avait fallu que ce soit ce héros qui le tire de la jungle mortifère de Barnard Prime. Guilhem savait que son père ne louperait pas l'occasion, lors de son retour sur Terre, de lui dire combien il était couvert de honte par l'échec de son fils aîné. "Romain s'en serait sorti autrement, et le nom de la famille de Choire n'aurait pas eu à résonner de l'écho cuisant d'une telle défaite". Son frère cadet, la fierté de son père, l'éclipsait par la brillante carrière militaire qui se profilait face à lui.
L'adjudant savait pertinemment que le commandant Flinn ne lui proposerait pas une telle aubaine sans en tirer lui-même un parti avantageux. En sauvant le fils d'un aristocrate, il s'arrogerait encore un peu plus de prestige. Le don latent de Guilhem, cette ... télépathie, pouvait constituer un très gros argument dans les conditions de son intégration au sein de l'unité du commandant. S'il apprenait à s'en servir correctement, il pourrait espérer grimper rapidement les échelons de la hiérarchie militaire. Apprendre à deviner ce à quoi songeaient ses confrères, et utiliser cette masse de données à bon escient.
Un trait de génie frappa le jeune homme. Et si ce don lui servait non pas à jouer dans l'ombre, mais lui permettait de mettre à profit son intelligence au service de la plus prestigieuse agence confédérée ? Si sa télépathie lui ouvrait les portes de l'Inquisition ? Le commandant Flinn lui-même était un Inquisiteur reconnu et avisé. Un dévot zélé, tout comme Guilhem. Combattre l'hérésie l’intéressait bien plus que d'encadrer des scientifiques dans des missions soigneusement arrangé par son père. "Voilà une excellente occasion de sortir de son giron".
Guilhem ne tergiversa pas davantage. Il se leva du lit, contempla un certain temps son nouveau corps. Il tenait plus de la machine de guerre que de l'Homme chétif qu'il avait été. Il se sentait fier, fier et coupable de ce cadeau du Dieu-Machine. "Mais s'il m'a choisi, je dois le servir". Rasséréné, il se laissa tomber sur son lit, remplit d'une conviction nouvelle.

--crazymarty--
Niveau 10
01 mars 2016 à 16:05:40

Bon, toujours personne sur le pont à part Mandoudou :hap: ?

ggiot
Niveau 10
01 mars 2016 à 16:47:00

Moi je te lierai bien. Par quoi devrais-je commencer ?

Là je finis mes livres de cours et je commence une lecture plus cool, moins scolaire, parce que j'en peux plus. Ça me fera de la SF gratuite ^^

--crazymarty--
Niveau 10
01 mars 2016 à 16:48:59

Ggiot :d) tu peux commencer par Alter Ego, ou Rêves Mécaniques. Ou même ici, si tu as la flemme de te taper les deux opus précédents. Bon, du coup, certaines notions pourraient être un peu étrange, auquel cas je pourrais éclaircir ça par MP :hap: .

Sujet : [SF][Roman] Vertige Stellaire
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