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Final Fantasy XII

Sujet : [Fanfic][Roman] Projet Préquelle FF12 - Ordalies du Zodiaque
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Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:22:24

:salut: le forum! Vide ou pas, je tiens à m'y exprimer :gni:
Avant de retourner à la liste des sujets face à ce :pave: , je me permets juste de vous présenter mon projet sur ce premier post.

Certains d'entre vous me connaissent sûrement sous ce pseudo ou MistressThief; d'autres pas. Je suis une forumeuse qui a décidé il y a plusieurs années de consacrer un projet d'écriture à cette oeuvre fascinante qu'est le jeu Final Fantasy XII. J'en ai parlé à certains qui se reconnaîtront ( :-))) ), et j'accueille tout le monde sur ce topic :fete:

Ecriture sur quoi? :d) Une préquelle au jeu du point de vue d'Archadia.

Quels sont les thèmes? :d) Fantasy (bien sûr :-p ), guerre, aventure, romance, et divers sujets psycho-sociaux.

Quels sont les personnages? :d) Tous ceux d'Archadia, donc : Vayne (et la famille impériale), les Hauts Juges, le docteur Cid, et pas mal d'autres que j'ai inventés.

Ca se présente comment? :d) Il y a plusieurs romans prévus, et quelques-uns terminés.

Je vous laisse avec un texte, les Ordalies du Zodiaque, qui se passe au cours de l'histoire principale mais que je publie ici, sur ce forum, en avant-première :cool: Il s'agit d'une suite de combats de mon personnage féminin principal, nommé Sentia (prononcer "cène-tia"), contre des créatures que vous reconnaîtrez certainement.
Pour chaque chapitre, vous avez le titre, la localisation, et je suggère une piste musicale (principalement dans mon genre favori - le metal - mais pas seulement) :cd:

Plus d'infos sur mon projet juste après!
Merci et bonne lecture :ange:

[ATTENTION : le jeu étant destiné au +16 ans, l'histoire est destinée au même public]

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:23:25

https://image.noelshack.com/fichiers/2020/16/1/1586813935-zt-cover-fr-small.jpg

--- Introduction

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=-33h6yIXrbY : Wave of Darkness [Kingdom Hearts III OST] – Yoko Shimomura | Genre : Instrumental
Lieu : Palais Impérial d’Archadès / 13ème étage (Archadia)
Date : 19e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
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Le sang.
Rouge, impur, visqueux ; c’était cela qu’elle voulait voir couler en abondance des chemins erronés de sa jeunesse. Un éternel flot de doutes aussi grand que sa douleur, voilà qui pourrait la sauver indubitablement.
Sentia Larse eut une grimace, à défaut de pouvoir rire. Être sauvée ? Jamais cela n’arriverait.
L’homme qui l’avait abandonnée avait abandonné avec elle tous leurs espoirs communs, qui étaient finalement uniquement ses espoirs à elle. Toutes leurs belles années depuis ce magnifique jour de 669, toutes ces matinées de félicité et ces soirs d’extase, tous ces projets et tout ce qui avait pu les rassembler, tout ce qui pouvait exister en somme, s’était volatilisé en un instant.
Quatre années de torture s’étaient ensuivies, quatre années durant lesquelles elle avait soulevé et plongé sa dague vers son bras, sa jambe ou une autre partie de son corps comme elle était en train de le faire à cet instant, afin de déterrer le sang et enterrer ses illusions.
Et tout cela pour quoi ? Pour devenir une impératrice. Sentia tenta de rire à nouveau, mais les muscles de son visage, comme tous les autres, lui faisaient franchement mal. Elle n’avait jamais rien eu d’une impératrice : ni la naissance, ni l’éducation, ni les qualités politiques, et encore moins la volonté. L’homme qu’elle aimait plus que tout l’avait jetée à cette fonction car, selon lui, c’était « son devoir ». Épouser un homme âgé et ennuyeux ? Troquer toutes ses activités de femme libre pour des hypocrites représentations diplomatiques dans lesquelles elle était censée sourire à toute épreuve ? Dire adieu à tout ce qu’elle avait défendu, pour vivre désormais dans la peau du pays qui lui avait tout pris ? Jamais. Jamais de la vie !
La dague dans son poignet lui arracha un dernier cri de douleur avant qu’elle se levât.
Les jambes tremblantes, qu’elle ne sentait plus du tout, elle tituba vers sa garde-robe et saisit les vêtements les plus légers et sombres qu’elle put trouver tandis qu’elle pensait à ce que lui avait dit… Qu’est-ce qu’était l’entité qui lui avait parlé déjà ? Une divinité ? Il ou elle avait dit s’appeler Gerun et être un Occuria. Cela lui faisait une belle jambe ! Qu’avait-elle à faire des Occurias, s’ils existaient, et de ce qu’ils avaient à raconter ?
En serrant les dents, elle parvint à enfiler une jupe noire et un vieux justaucorps qui lui allait encore malgré son poids perdu. Machinalement, elle se saisit de ses deux katanas accrochés au-dessus de son lit et sortit de la pièce.
Si Gerun avait effectivement l’intention de lui présenter des créatures miraculeusement puissantes, elle attendait de les voir. Sans se soucier du sang qui coulait le long de ses membres, Sentia arpenta le couloir du treizième étage et actionna l’ascenseur pour descendre au rez-de-chaussée et quitter le Palais impérial. Mi-morte mi-vivante, elle perdit conscience des lieux qu’elle traversait, tandis qu’elle entamait une longue marche vers le sud.

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:23:57

--- Chapitre 1 : Le Nuage Ténébreux au sommet du désespoir

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=Wbw6HuuOu6k : Mae d’Agua – Kiko Loureiro | Genre : Instrumental
Lieu : Côte de Phon / Plage de Vaddu (Archadia)
Date : 20e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Famfrit, apôtre du Verseau
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Sentia traînait son corps plus qu’elle n’avançait sur la côte du sud-ouest. Bouger lui était encore difficile mais la sensation du sable chaud contre ses pieds nus lui était agréable. Ces années de solitude et de désespoir lui avaient fait oublier à quel point des choses simples pouvaient lui procurer satisfaction. Avait-elle dormi depuis la dernière fois qu’elle avait utilisé sa dague ? Il lui sembla que oui, et pourtant elle n’en avait aucun souvenir. Fatiguée, elle s’arrêta pour s’asseoir un instant au bord de l’eau, sur un rocher. C’est alors qu’au loin, une barque devint visible et s’approcha.
À bord de l’embarcation, une jeune femme qui s’était visiblement habillée aussi rapidement qu’elle, tenait sa main en visière tandis qu’un scorpion géant, à l’arrière, ramait avec sa queue. Cette femme, avec ses cheveux blonds tressés, sa petite taille et sa démarche vulgaire, Sentia la connaissait, mais son cerveau marchait au ralenti, et elle ne la reconnut pas tout de suite.
— Toi, là. Tu n’as pas vu mon capitaine ?
La tête de Sentia lui faisait très mal, une migraine qui l’empêchait de se concentrer et rendait toute interaction avec quiconque difficile. Mais soudain, en un éclair, le souvenir de la femme pirate lui revint. Bien sûr ; c’était la Muréna intrépide et incorrigible, partie en mer depuis presque toujours au grand dam de Cid, le petit idiot de l’Académie de Sciences.
— C’est le petit rouquin avec un lance-bombes, précisa Morphine Muréna.
— Non, parvint à articuler Sentia, je l’ai… pas vu.
Morphine cligna des yeux en la dévisageant des pieds à la tête puis eut un sourire moqueur :
— Alors c’est toi qu’il a choisie pour remplacer ma sœur ! Les empereurs n’ont vraiment pas de goût, de nos jours. Allez Véjovide, on s’en va.
Et le scorpion rama de nouveau jusqu’à ce que la barque disparût à l’horizon.
Péniblement, Sentia se releva et marcha jusqu’à atteindre une crique escarpée. Elle enjamba les branches et les algues sur son passage et s’avança plus profondément vers le large, hissée sur les roches abruptes. En avançant, des morceaux de réflexion lui parvenaient à l’esprit. Pourquoi allait-elle là ? En quoi cette escapade allait-elle éloigner son malheur ? À quoi rimait tout ceci ? Secouant la tête, elle s’apprêta à rebrousser chemin lorsqu’elle tomba nez-à-nez avec un être à forme humaine.
Tout son corps brillait, et il était assis, d’un air nonchalant, sur un énorme galet devant elle. Les courbures du corps lui laissaient évoquer une femme, mais la taille de l’être de lumière trahissait sa jeunesse. Il lui était impossible de distinguer les traits de son visage, mais elle lui donnait quinze ou seize ans tout au plus. Sentia aurait très bien pu détourner la tête si celle de la fillette n’avait pas été fixée sur elle.
— Faites attention, dit-elle à la brune blessée. Vous allez glisser, autrement.
La tête ailleurs, Sentia l’ignora et tenta d’escalader le rocher suivant.
— Ce n’est pas malin, fit la jeune fille en croisant les bras. Il arrive bientôt.
— Qui…
C’est alors que des hectolitres d’eau de mer se déversèrent sur son corps, la balayant du rocher comme une mouche et la plongeant instantanément au cœur de l’océan.
À toute vitesse, Sentia tenta de se relever, d’avoir pied au milieu de la marée cataclysmique provoquée par une puissance inconnue située non loin d’elle. Cependant, chaque mouvement lui faisait mal, et chaque coup porté par les trombes d’eau la faisait souffrir davantage et la poussait vers le fond. Très vite, elle but la tasse, incapable de se contrôler au milieu de cet environnement qui régnait en maître, et sa conscience vacilla. Etait-ce ainsi qu’elle était condamnée à mourir ? Noyée à l’épicentre d’un évènement surnaturel venu sans crier gare ? Sentia, à bout de forces, était proche de l’abandon.
— Eh ! Famfrit ! Qu’est-ce que tu fais là ? Gerun ne t’a pas autorisé à venir, il me semble !
La voix de la jeune fille lui parvint, comme dans un rêve. Etait-elle déjà morte ?
— Et ça c’est pour vous. Dites donc, vous n’êtes pas passée loin !
Sentia cria, mais au lieu de sons, c’est de l’eau qui sortit de sa bouche, par flaques. A la vitesse de la lumière, son corps avait été relevé et jeté sur un rocher.
— C’est bon, Famfrit, reprit la jeune fille. Tu peux t’en aller.
Sentia se tourna vers elle et constata qu’elle avait une queue de poisson. Près d’elle, un être couvert d’une armure bleue et or se tenait debout, haut de plusieurs mètres. Il avait une queue consistant en une chaîne terminée d’un boulet, et portait sur son bras un anneau avec une autre chaîne, terrifiante d’épaisseur et de longueur, au bout de laquelle pendait un énorme vase. Sentia considéra ce spectacle irréel en tentant péniblement de reprendre son souffle, et le contrôle de ses membres trempés jusqu’aux os.
— Non ! Famfrit ! Que fais-tu ?
Lentement, la créature s’avança vers la femme allongée. Chaque pas sonnait dans sa tête le tocsin de la mort. Famfrit s’arrêta à quelques pas d’elle et, de nouveau, remplit son vase avec l’eau de la mer, avant de revenir à la charge.
— Voilà ! Vous commencez à comprendre, lui dit l’adolescente d’un air ravi.
Sans réfléchir, Sentia avait esquivé l’attaque d’eau et s’était remise sur ses pieds. Il lui sembla que le poids de l’océan était toujours contenu dans son corps, et que celui-ci était plus engourdi que jamais, mais quelle était l’alternative ? Une nouvelle noyade ? Sentia serra les dents et fit apparaître ses katanas au bout de ses bras.
Sautant une nouvelle fois, elle asséna plusieurs coups à l’être d’eau, mais celui-ci esquivait ou parait à l’aide de son vase sans aucune difficulté.
« Au moins, se dit-elle, je l’occupe suffisamment pour qu’il ne pense plus à créer un autre tsunami ».
Un duel à glacer le sang s’engagea. Famfrit attaquait à l’aide de ses chaînes, ou de magies d’eau simples, et Sentia s’appliquait à sauter ou parer de la plus sûre des manières au fur et à mesure. En retour, elle attaquait, et à force de persévérance, réussit à arracher des dégâts.
Famfrit, qui se comportait jusqu’alors avec confiance, entra dans une rage sourde et envoya son vase frapper directement Sentia au bassin. Elle chuta du rocher où elle s’était perchée et grimaça de douleur.
— C’est bien ! encourageait l’être de lumière. Vous pouvez l’avoir ! Relevez-vous !
— Je croyais que c’était ton ami ? fit Sentia en obéissant.
— Les éons sont mes amis, créés par les Occurias de la même manière que moi, mais les choses sont plus compliquées que ça…
A court de temps pour discuter, la guerrière esquiva le coup suivant de la créature et répliqua avec une combinaison de coups de sabre qui fit vaciller Famfrit.
— C’est ça ! Continuez ! Génial ! s’extasiait la spectatrice, comme si la vision de la défaite de son ami lui apportait un bonheur inégalé.
Sentia continua à frapper jusqu’à ce que la douleur aux bras rendît ses mouvements incontrôlables, puis bondit en arrière.
— Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! s’écria la jeune fille.
— Je sais, oui, merci ! fit Sentia avec une moue en se concentrant.
Famfrit étant visiblement un monstre d’eau, il n’y avait qu’une seule solution pour l’emporter. Récitant ses incantations en silence, elle attendit avec patience le prochain mouvement de l’éon. Celui-ci semblait préparer une magie à son tour, et contre toute attente lança la sienne le premier : tout le sable se mouilla, et ses pieds s’enfonçaient sous terre à une vitesse inquiétante. Elle pouvait perdre pied à nouveau et perdre la vie par la même occasion… quelle calamité ! Elle poursuivit encore et encore son incantation, fermant les yeux en espérant qu’elle réussît, et tout à coup eut l’image de Phonmat en tête. Ce petit fils d’empereur qui était au final, contrairement à son frère, tout simple, et surtout l’adorait avec un cœur innocent… Pour lui, et pour la beauté de la mer, Sentia choisit de ne pas abandonner son sort et, se débattant à la dernière seconde pour se retrouver au-dessus du sable, sauta le plus haut possible et lança sa magie :
— Fournaise !
La cuirasse de l’éon se carbonisa, et les flammes enveloppèrent son corps massif, brisant le vase en mille morceaux. L’adolescente n’en pouvait plus de sauter de joie, crier de sa voix aiguë et tourner sur elle-même.
— Ça n’aura pas été facile…
Enfin, Famfrit tomba, genoux à terre, puis la tête contre le sable, qui cessa peu à peu de se mouvoir. Son corps disparut sous forme de poussière dans un coup de vent, et à sa place, un médaillon noir tomba.
— Prenez-le ! C’est pour l’invoquer dès que vous en aurez besoin, expliqua la jeune fille.
— Comme si j’avais envie de le revoir !
Sentia s’en approcha tout de même et s’en empara. A son tour, elle tomba genoux à terre. Phon serait-il fier d’elle, s’il la voyait ? Mais cela n’arriverait jamais : pour tout le monde, elle devait être la courtisane parfaite, ayant vécu sa vie loin des épées et des fourneaux, la noble ordinaire qui avait eu l’extrême chance d’épouser un empereur. A bout d’énergie, elle entra dans une crise de larmes.
— Qu’est-ce qui vous arrive ? s’inquiéta la jeune fille en accourant.
Sentia ne répondit pas et leva ses bras au ciel :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:24:34

--- Chapitre 2 : Une frayeur de Titan

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=L1FLpyYVC48 : Nightfall – Xandria | Genre : Métal symphonique
Lieu : Lave Dannate / Volcan principal (Rozarria)
Date : 21e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Bélias, apôtre du Bélier
---
« Un, deux ; un, deux ; un, deux ; trois, quatre, cinq. »
Les pas de la vieille Bérale lui revenaient en mémoire comme de l’eau de roche. Qu’était-elle devenue ? Celle qui lui avait enseigné la danse et s’était accessoirement occupée de ses premières années devait avoir atteint un certain âge. Mais tout cela était bien loin. Après une rapide et douloureuse simulation de ce début de chorégraphie, la jeune femme revint à la réalité.
Suite à son combat dans le monde du Verseau, Sentia s’était demandé ce que les paroles de Gerun avaient voulu dire. Mais la fatigue avait été telle qu’une fois de plus, elle ne se souvint plus de ce qui s’était passé entre le moment où elle avait rejoint le Palais impérial et celui où elle avait commencé à marcher vers l’ouest.
A l’ouest se dressait l’ennemi de toujours, le grand rival du pays qu’elle était désormais censée représenter : l’empire de Rozarria. Evitant les grandes villes et la civilisation, Sentia avança le long de chemins isolés jusqu’à arriver à un lieu rocailleux, comme le début d’une chaîne de montagnes. Accusant le coup des pentes de plus en plus aiguës, elle traîna de nouveau ses jambes endolories vers ce qui semblait être le sommet du paysage.
Là, elle s’arrêta et prit le temps d’étudier les chemins qui s’offraient à elle pour parvenir à la prochaine étape, choisie au hasard. C’était un sommet pas plus haut que les autres, mais de couleur différente. Empruntant le trajet le moins pénible, elle prit de longues inspirations et finit par arriver audit sommet.
— Ben alors, vous en avez mis du temps !
Surprise par la voix à la fois familière et étrangère, Sentia sentit la colère monter et se retourna vivement vers… la jeune fille, balançant deux jambes minces et vêtue de blanc.
— Je ne te permets pas !
— Eh, dites ça à Bélias. Il arrive… très bientôt, répondit-elle en consultant une montre sortie de sa poche.
Tout à coup, le brouillard qui recouvrait jusqu’alors le sommet montagneux s’amincit. Il laissa entrevoir un cratère, un grand cratère dans lequel bouillait quelque chose dont la vapeur la brûlait même à distance. Soudain, dans un frisson, elle comprit. Elle était arrivée à la zone volcanique de Rozarria, Lave Dannate.
Comme Famfrit, la créature de feu qui apparut devant elle surgit de la lave en un éclair, soulevant avec elle des tornades de flammes. Sentia se tint en garde et fit apparaître son épée à deux mains. Bélias, le titan orange et marron doté de cornes, s’apprêtait à charger. Elle para difficilement et courut pour esquiver le prochain coup, magique cette fois.
— C’est une magie de feu ! s’écria l’être de lumière.
— Je sais, merci !
— Faites attention à vos blessures !
Elle avait raison. Bien qu’elle n’eût pas pris de dommages à proprement parler, ses plaies le long de ses membres la brûlaient terriblement après être passée tout près d’une puissante flamme. Il fallait en finir au plus vite ou elle allait en payer le prix. Tête baissée, elle fonça sur le monstre.
— Noooon ! Reculez ! Ça sera pire !
L’accueillant avec sa longue pique décorée, Bélias réussit à l’atteindre avec ses griffes malgré son mouvement d’esquive. Sentia hurla de douleur et tint sa jambe blessée.
— Pour en finir rapidement, utilisez une magie d’eau, suggéra la jeune fille.
— Me prends-tu pour une mage débutante ? s’énerva la combattante. Je sais bien que c’est le plus efficace, mais ces magies ne sont généralement pas assez puissantes ! Ça se voit que tu ne me connais pas.
— Je vous connais au contraire très bien. J’ai connaissance de vos forces, vos faiblesses – car, bien que je vous admire, vous en avez –, vos espérances et vos désillusions. Il faut continuer à croire en vous et…
— Je n’ai pas le temps de « croire en moi » ! cria Sentia en évitant un nouveau coup du Titan.
Pourquoi devrait-elle croire en elle alors que personne ne le faisait ? Et plus précisément, pourquoi devrait-elle croire en elle alors que Lui l’avait lâchée ? Cette pensée lui causa un sentiment de tristesse immense qui la déstabilisa et la laissa prendre un nouveau coup.
— Reprenez-vous ! l’encourageait la jeune fille. Vous ne pouvez pas abandonner maintenant ! Et les blessures de feu, vous savez, sont les plus douloureuses…
« Non », pensa Sentia en obéissant à moitié, « Les blessures les plus douloureuses sont celles de l’âme, lorsqu’on doit s’en séparer, qu’on ne croit plus en rien et qu’il n’est plus possible d’être réparé ».
En dépit de cette pensée, elle se ressaisit et avança prudemment vers Bélias. Celui-ci tenta de lui donner un nouveau coup de pique, qu’elle para avec son épée. Etant très proche de la bête, elle sentit qu’elle ne pourrait pas éviter le suivant et recula de deux pas, toujours en garde, avant de lancer une magie d’eau qui atteint sa cible de plein fouet.
— Bien joué ! s’égaya la jeune fille.
— Ça ne lui fera pas grand-chose… tempéra Sentia.
En effet, Bélias avait visiblement subi des dégâts suite à la petite flaque qui l’avait touché, mais restait debout et se préparait à l’attaque. Profitant de ce court moment de trêve, Sentia serra les dents et lui décocha plusieurs coups d’épée. Le Titan tituba.
— Ouais ! Génial ! s’époumonait la spectatrice.
Puis, d’un air désolé, en se tournant vers la bête :
— Désolée, Bélias… Mais essaie de comprendre, c’est pour ton bien.
Sentia, qui était de l’autre côté, n’avait pas pu entendre, mais vit Bélias foncer sur elle, dans une expression de grande colère.
— Hé ! Qu’est-ce que tu lui as dit ? fit-elle, apeurée.
Sans entendre la réponse, elle dut esquiver plusieurs coups de griffe ainsi que la pique que le Titan tendait droit vers elle.
— Mais pourquoi es-tu furieux, tout à coup ?
— Depuis le temps que vous combattez, j’aurais cru que vous saviez que les ennemis font preuve de capacités décuplées lorsqu’ils sont proches du Coma, commenta la jeune fille.
— Mais là, on ne dirait carrément pas la même créature !
Bélias continua d’attaquer sans temps de pause, et lorsqu’il s’approcha suffisamment de son adversaire, fit apparaître de gigantesques flammes que Sentia ressentit du plus profond de ses os.
Le temps lui était désormais plus que compté.
— N’abandonnez pas ! répétait l’être de lumière.
La jeune femme ressentait une souffrance physique au-delà de tout ce qu’elle avait pu endurer jusque-là, en comptant les aventures passées à l’armée. Ses jambes flageolaient et elle peinait à rester debout ; quant à ses bras, les mutilations qui s’y trouvaient lui faisaient un mal dément au contact du feu du Titan. Tout en elle et autour d’elle respirait la désolation et la défaite. Et pourtant, elle devait avancer. Et pourtant, elle devait gagner.
— Le rocher !
Sentia plana vers la direction pointée par son alliée et se posa sur un rocher hors de portée de Bélias, lui faisant gagner de précieuses secondes durant lesquelles elle s’attacha à reprendre sa respiration, ce qui atténua légèrement sa sensation de douleur et de désespoir.
— Bélias est hors de contrôle… comme Famfrit ! se désola la jeune fille. Je ne sais pas ce qui leur arrive, à tous…
Sentia prit la remarque en considération, réfléchit à la meilleure manière d’attaquer en économisant ses forces, prit sa décision et décolla du sol.
— Vous pouvez y arriver !
La combattante affina son saut pour chuter devant le Titan, et commença par esquiver le coup qu’il avait préparé. Depuis son côté brûlant, elle cogna et cogna encore avec son épée, épuisant peu à peu ses réserves de myste. Bélias accusait les coups sous les exclamations de la jeune fille qui mimait des mouvements de boxe, et, enfin, une attaque plus puissante que les autres quitta la lame de Sentia pour mettre la créature à terre.
— Ouiii !
— Ce n’est pas fini…
Se retournant pendant que Bélias se relevait, elle prit son élan et attaqua de plus belle de tous les côtés, essuyant de féroces coups de pique au passage, mais tenant bon. Comme la première fois, un déluge offensif vint s’abattre sur le Titan qui se mit à vaciller.
— Inondation !
Le volcan derrière eux entra en ébullition. Des quantités astronomiques de lave s’échappèrent du cratère, avec, au-dessus d’elles, encore davantage de vapeur d’eau. Cette dernière s’éleva dans les airs, se condensa en nuages de plus en plus nombreux, pour finalement retomber en pluie violente sur le corps de la créature de feu. Très vite, la pluie s’épaissit autour de Bélias, formant une large colonne d’eau similaire à une tornade. Sentia prenait conscience de son estomac vide, sa peau mutilée par les blessures et attaquée par l’eau que l’on sentait de toutes parts, et son cerveau avait comme cessé de fonctionner. Machinalement, elle se dirigea vers la tornade aquatique, fut emportée dans les airs, et, perdant l’équilibre, tenta de rester à la verticale tandis que ses larmes coulaient, sa sueur trempait ses vêtements, et, au comble de la frayeur et du traumatisme, un flot progressait également le long de ses jambes. Soudain, le courant qui l’avait élevée au-dessus de la bête se mit à changer de sens, et sa chute commença. Fermant les yeux, elle tint très fort son katana et son sabre de ninja, chargé de l’élément Eau, dans chacune de ses mains ; et, lorsqu’elle arriva à hauteur du Titan, exécuta tout ce qui lui restait de son passé :
— Un, deux ; un, deux ; un, deux ; trois, quatre, cinq.
Ses jambes et ses bras armés, fiers d’avoir dansé peut-être pour la dernière fois, retombèrent en même temps qu’elle sur le sol, tandis qu’une formidable explosion aquatique retentissait à l’emplacement de Bélias.
— Oulà !
Sentia et la jeune fille sautèrent sur le rocher pour éviter d’être englouties. Après de longues minutes, le calme revint sur le sol montagneux humide, et la femme épuisée put y remettre les pieds sans risquer d’être emportée par le courant. Anéantie, elle tomba à genoux devant le médaillon qui gisait à la place de Bélias, porta l’objet vers le soleil mourant et laissa les larmes se mêler à la pluie artificielle.
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:25:12

--- Chapitre 3 : Le Grand Courroux des hautes montagnes

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=t4qfPAvzumw : Arising Thunder – Angra | Genre : Power Metal
Lieu : Col du Mosphore / Cime céruléenne (Nabradia)
Date : 22e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Adrammelech, apôtre du Capricorne
---
Lorsque Sentia reprit conscience, elle était au pied d’une falaise, et surtout au centre d’une meute d’ouargues qui la lorgnaient, les crocs acérés. Elle se releva précipitamment, puis retomba aussitôt : ses jambes lui faisaient terriblement mal. Elle inspira profondément, puis se mit debout pour de bon et chercha à se dégager des canidés en marchant précautionneusement.
Elle jeta un coup d’œil autour d’elle et ne vit que terres arides et monstres affamés se chassant les uns les autres. Que pouvait bien être cet endroit ? Peut-être le col du Mosphore, cette chaîne montagneuse recouvrant le centre du royaume de Nabradia. En marchant, les larmes coulaient toutes seules en repensant à la solitude de la vie qu’elle avait menée pendant déjà quatre ans, et qui l’attendait certainement dans le futur. Comment avait-elle pu survivre ? C’était insensé. Il avait vraiment voulu l’envoyer en enfer… Une chose était sûre : le décor autour d’elle commençait à tourbillonner, la soif nouait sa gorge et son cœur s’arrêterait bientôt de battre.
— Croa ! Croa !
Sentia s’abaissa aussitôt et sa poitrine rejoignit le sol. Derrière son dos, une nuée d’oiseaux géants croassait et planait vers une destination inconnue. La jeune femme ouvrit un œil et observa l’un d’entre eux : c’était un condor, espèce typiquement nabradienne. Pas de doute, elle était bien au Mosphore…
— En effet.
Sentia sursauta et se retourna, assise sur la roche : la jeune fille transparente était de retour.
— Toi alors !
La fillette se mit à rire et descendit du piton rocheux où elle s’était réfugiée.
— La route à prendre est par ici, au nord-ouest, dit-elle en désignant un buisson haut et verdâtre.
Sentia la suivit, pensant moins à ses douleurs et plus à ce qui l’attendait cette fois-ci.
Le fantôme la conduisait, lentement mais sûrement, à travers des rochers plus élevés les uns que les autres, évitant habilement les condors et autres humbabas, et se faufilant derrière les pythons avant qu’ils eussent pu détecter leur présence. Ces tactiques lui rappelaient les infiltrations réalisées lors des missions avec Lui. Cela lui arracha à la fois une larme et un sourire.
— Je ressens sa présence… murmura la jeune fille. Il est tout près. Mais il faut faire un détour pour l’approcher.
Derrière de nouveaux buissons, Sentia vit apparaître avec stupeur des chemins faits de feuilles qui formaient un pont entre deux plateaux rocheux. Elle n’avait jamais remarqué aucun d’eux lors de ses multiples patrouilles dans cet endroit…
— Qu’attendez-vous ? Il faut les franchir d’un pas déterminé, sinon ils disparaissent.
Elle se dépêcha de la rejoindre et faillit tomber à cause de la pente du plateau où elle avait mis le pied : elles venaient d’atteindre les sommets du Mosphore. Derrière elles, le soleil se couchait graduellement, leur offrant une vue imprenable sur toute la vallée nabradienne.
— C’est le dernier… prévint la jeune fille.
Sentia avala sa salive et tituba sur les feuilles qui manquaient de s’effondrer dans le vide. Lorsque son pas atteignit la Cime céruléenne, un atroce cri s’éleva.
— Adrammelech ! s’écria le fantôme en fonçant vers le centre du plateau.
— Attention ! prévint Sentia, détectant une puissance magique inégalée.
La jeune fille recula juste à temps pour éviter un éclair aveuglant d’intensité.
— Viens derrière moi ! ordonna Sentia.
— Vous êtes décidée à vous battre, à présent ? dit l’autre d’une voix sarcastique.
N’avait-elle trouvé meilleur moment pour plaisanter ?
Juste au moment où le fantôme fut à l’abri, Sentia lança une barrière magique pour les protéger des nouveaux éclairs qui s’annonçaient.
— Attention ! Adrammelech... prévint à son tour la fille en blanc.
— Quoi ? demanda Sentia en se retournant, ignorant la masse électrique qui s’élevait dans les airs.
— … vole.
La décharge atteignit la jeune femme de plein fouet, paralysant ses membres et brûlant sa gorge endolorie. Sentia hurla, se débattit et roula ses yeux dans leurs orbites, mais l’électricité n’en finissait pas de se propager dans son corps.
— Adrammelech ! répéta le fantôme d’un air courroucé.
Un terrible cri se fit entendre une nouvelle fois, et à travers un court moment de lucidité, la prisonnière des éclairs parvint à distinguer une gigantesque créature ailée de couleur verte, décorée de traits rougeâtres et dotée de griffes menaçantes.
— Cela suffit ! s’énerva la silhouette fantomatique en s’interposant.
Adrammelech ferma sa gueule, jusque-là grande ouverte, et parut observer le spectre flageolant. La décharge s’arrêta.
A son tour, Sentia recula, tétanisée, et tenta de reprendre le contrôle de ses membres, tous ensanglantés. Prise d’une toux soudaine, elle mit sa main devant sa bouche, et la récupéra dans le même état.
— Il faut le calmer, lui aussi ! lui cria la jeune fille en agitant ses bras.
— J’aimerais bien, mais j’en ai pas la force !
— Ce n’est rien, vous pouvez le faire ! criait la petite en réitérant ses gestes.
La jeune femme soupira et fit apparaître sa dague.
— Ça ne servira à rien ! Il vole !
— Je le vois bien, qu’il vole ! s’énerva la combattante. Je vais essayer quelque chose.
Serrant la dague autant qu’elle le pouvait dans sa main meurtrie, elle se concentra et prépara l’une des techniques qui lui avaient été apprises pour atteindre les ennemis aériens.
— Allonge !
Le coup de dague partit et atteignit sa cible… mais pas avant que le maître des éclairs lui eut asséné un formidable coup de griffe.
Sentia tomba et serra son épaule en grinçant des dents.
— Vous n’avez pas autre chose ? demanda la jeune fille en croisant les bras.
Les larmes aux yeux, elle faillit hurler son désespoir et sa colère lorsqu’une idée lui vint.
Du mieux qu’elle put, et plus longtemps encore que pour lancer Allonge, elle ferma les yeux et se concentra, tout en s’approchant dangereusement du monstre. Adrammelech lui décocha un second coup de griffe, mais elle tint bon. La joue dégoulinante de sang, elle dressa son index et son majeur vers la créature :
— Glace !
Adrammelech s’effondra aussitôt, momentanément.
— Bien joué ! s’écria la jeune fille. Je vois que vous avez appris votre leçon.
— Tais-toi ! s’époumona Sentia. Tu ne vois pas qu’il faudra des millions de sorts comme celui-ci pour en venir à bout ? Si seulement j’avais plus de pouvoir magique… Dis, toi, le fantôme, tu serais pas faite de myste, par hasard ? Je pourrais pas t’en prendre un peu ?
L’éon volant se précipita soudain sur elle. Elle évita de justesse et faillit sortir ses deux katanas. Frustrée, elle ne put que relancer un sort de glace simple et gagner quelques secondes.
— Je n’ai pas de pouvoir magique à vous transférer, répondit enfin le spectre qui voletait au-dessus d’Adrammelech. Je suis une créature mystique qui n’a pas été créée pour combattre.
— Je suis sûre que tu mens ! s’énerva Sentia.
— Je ne mens pas, regretta l’autre. Ah ! Pauvre Adrammelech. D’abord Famfrit, puis Bélias, puis toi… Qu’est-ce qui vous arrive, mes chers amis ?
— Tu en as combien comme ça, de « chers amis » ? questionna la combattante en évitant un nouveau coup de griffe.
— Douze, répondit-elle après un sourire narquois.
— DOUZE ??!
Ebranlée par la nouvelle, elle ne put éviter l’attaque suivante du monstre, qui la mit à terre.
— Adrammelech est l’éon du Capricorne. Le début de l’année, l’ébauche d’une ère nouvelle où Gerun entend bien avoir la mainmise sur l’histoire des humains et des autres races.
Terrassée, Sentia réussit à mouvoir ses doigts et se mit à genoux.
— Il est étrange que vous ayez du mal contre lui, poursuivit la jeune fille. Il est bien moins combatif que l’éon du Bélier – signe de votre cher ami Bergan – par exemple, que vous avez battu.
— Je n’étais pas aussi amochée contre le Bélier ! se plaignit Sentia en roulant à terre pour éviter un éclair. Et laisse Bergan en-dehors de ça !
A y réfléchir deux fois, elle n’était pourtant pas sûre d’être plus « amochée » que contre Bélias. A chaque fois, elle se sentait proche de la fin, et parvenait malgré tout à la victoire. Il fallait réitérer l’exploit… Elle n’avait pas d’autre choix.
— Je suis sûre qu’il y a une solution ! l’encouragea la jeune fille, toujours dans les airs. Pour toi aussi, Adrammelech ! Résiste !
— Pourquoi tu l’encourages ? se vexa Sentia en cogitant.
Il devait certainement y avoir une technique pour s’en sortir. Une technique qui reposait sur la même base que l’état d’esprit dans lequel elle avait réussi à lancer les sorts de glace… Mais oui !
— Concentration !
Et là-dessus, elle retomba à terre.
— Relevez-vous ! criait le fantôme en agitant bras et jambes. Une nouvelle fois ! Allez !
Un éclair atteignit la jeune femme au genou gauche tandis qu’elle tentait d’obéir. Perdant espoir, mais tentant le tout pour le tout, elle ferma ses yeux larmoyants en espérant que son corps tînt le temps de lancer la technique une nouvelle fois. Fort heureusement, Adrammelech s’éloigna d’elle.
— Attention ! Il va lancer Fulguration ! alerta le spectre en imitant le vol des abeilles.
Sentia sentit un rocher encadrer son cœur à cet instant. Etait-ce la fin ? Un souffle impérieux l’incita à faire fi de l’information et de lancer Concentration jusqu’au bout. L’éon haut dans les cieux, elle se releva pour de bon et sentit, enfin, le myste envahir son périmètre.
— Croaaa !
Adrammelech recula ses ailes, signe du rapprochement de l’attaque finale. La jeune fille perdit un peu d’altitude et cacha ses yeux de ses mains.
— Oui ! oui ! oui ! oui !
La positivité de l’énergie que ressentait la combattante n’avait d’égal que les moments de félicité clandestine passés avec Lui. « Mais maintenant, pensa-t-elle, c’est de Moi qu’il s’agit. Il n’y a que Moi pour faire cette action. Je dois m’en sortir. Et je vais m’en sortir ! »
Sautant aussi haut que son état le permettait, Sentia, incapable de rejoindre le monstre en volant, prépara une attaque de glace aussi précise que puissante. Se sentant plus vive et vigoureuse qu’auparavant, elle acheva sa préparation au moment où les premiers éclairs commencèrent à apparaître au bout des ailes du Grand Courroux. S’élançant à pleins poumons, ouvrant ses yeux au maximum, la mage noire réussit à enfermer lesdits éclairs juste à temps dans un bloc de glace. Déchaînant toute sa magie, elle accentua l’influx de son myste et les parois gelées enveloppèrent peu à peu le torse, la tête, puis l’intégralité du corps de la créature.
Hurlant à la mort, la combattante ferma et ouvrit ses poings tandis qu’elle chutait. Lorsqu’elle atteignit le sol et que ses mains furent droites, glacier et éon avaient disparu dans un immense éclat.
Rejoignant le sol à son tour, le fantôme resta bouche bée.
— Eh ben… J’ai trouvé un autre monstre, moi !
A bout de souffle, Sentia se laissa tomber, et, considérant les cieux qu’elle n’avait pu atteindre :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:26:03

--- Chapitre 4 : Au bout des ratures, l'Impur

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=bo3pK9GAVCM : Poison – Pablo Nouvelle ft. Tulliae | Genre : Musique électronique / Soul Pop
Lieu : Grottes de Zertina / Piste céleste (Jagd Yensa)
Date : 23e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Cúchulainn, apôtre du Scorpion
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Sentia ouvrit difficilement les yeux… avant de les refermer aussitôt. Une masse de sable s’était levée du désert où elle s’était effondrée et l’enveloppait complètement. Désert… ?
Elle se risqua à ouvrir un œil, vite douloureux, pour observer les alentours. Une vouivre planait au-dessus d’une falaise. Ici et là, des poissons dorés sortaient du sable et y rentraient avec empressement. Enfin, des gallinacés bleus roulant sur eux-mêmes achevèrent de lui faire comprendre où elle avait atterri.
— La mer de sable de Nam-Yensa… Je suis dans le Jagd !
— Exact.
— Où es-tu ?
Reconnaissant la voix de la jeune fille, elle tourna sa tête de tous les côtés pour tenter d’apercevoir sa silhouette maigrelette, mais ne la vit nulle part. Un nouveau coup de vent sablonneux la remit à terre.
« Il faut que je m’en aille d’ici le plus vite possible », pensa-t-elle. « Je reconnais le myste du Jagd. Je n’aurai pas le même problème que l’autre fois, mais il vaut mieux que j’économise ma magie pour l’horreur qui va suivre. »
Et elle se mit à courir vers le lieu le moins chargé en myste. C’était certainement la sortie vers une autre région. Ce faisant, elle repensa au combat contre Adrammelech. Pourquoi n’avait-elle pas pu voler jusqu’à l’éon ? Combattre un éon volant dépourvue de magie avait été un calvaire. Pouvait-il y avoir pire… ?
Tendant ses bras en avant, elle finit par tomber sur quelque chose de solide. Palpant la surface, elle conclut à une cavité rocheuse et s’y engouffra. Plus de tempête de sable ! Elle en profita pour souffler un bon coup. Mais il faisait si froid, dans cette grotte… Si seulement elle pouvait ressentir une fraction de la chaleur qu’elle ressentait avec Lui…
— Désolée, je ne pouvais pas vous parler davantage. Je n’ai pas beaucoup de défauts mais le sable abîme mes parois spectrales…
L’écho qui se dégageait de ces paroles était si assourdissant que Sentia poussa un énorme cri et voulut fondre dans la roche contre son dos. L’apparition de la silhouette fantomatique, à l’orée de cette grotte sombre et froide où rien n’était visible, acheva de la faire bondir d’effroi.
— Eh ! Madame ! Ce n’est que moi !
La jeune femme ouvrit grand ses yeux, déglutit, et jeta un œil autour d’elle avant de se concentrer sur le spectre désormais familier.
— Ne me fais plus une peur pareille. Et par pitié, ne m’appelle plus Madame.
La jeune fille ricana :
— Je suis obligée d’être polie avec vous. Sinon, ma mission sera compromise…
— Quelle est ta mission, au juste ?
La petite plaça son index devant ses lèvres transparentes avant de désigner le plafond.
Sentia bondit une nouvelle fois : un slime verdâtre venait d’en tomber et se dirigeait vers elle. Pas question d’user des magies de vent avec lesquelles elle avait voulu chasser la tempête de sable ! Et pas le temps de trouver une quelconque solution pour s’en débarrasser, d’ailleurs.
— On décampe !
Stupéfaite, la fillette croisa les bras sur place avant de planer vers sa compagne. Derrière elles, les mollusques visqueux émettaient un bruit liquide en se déplaçant. Elles coururent ou volèrent pendant plusieurs minutes, évitant toutes sortes d’autres monstres, dont d’effrayants archéo-eibis aux ailes fines prêts à les déchiqueter. Enfin, elles arrivèrent, en prenant un raccourci invisible au détour d’une falaise, à une surface plane où aucune créature ne rôdait. Sentia souffla de nouveau.
— J’étais pourtant sûre qu’il y avait un cristal de régénération à cet endroit de Zertina… se demanda-t-elle tout haut.
— Ah, fit le fantôme. Vous savez donc que vous êtes à Zertina. Je vous déconseille de vous reposer ici.
— Je ne suis pas un spectre, moi ! J’ai besoin de respirer avant de pouvoir courir. Et je ne vole toujours pas… je ne sais pas pourquoi ! s’énerva Sentia, impuissante.
— Mais vous n’avez pas besoin de courir. C’est ici.
La combattante alla demander de quoi elle parlait lorsqu’instinctivement, ses katanas apparurent dans ses mains. Un son atroce se fit entendre depuis le fond de la caverne. Son souffle régulier s’arrêta tout d’un coup : la puissance magique de la créature qui s’avançait dans la brume était, malheureusement, encore supérieure à celles rencontrées jusqu’ici. Une larme de désespoir coula depuis son œil droit tandis que le gauche s’humidifiait. Comment survivre ?
C’est alors que la brume se dissipa, presque tout d’un coup, et le monstre le plus corpulent qu’elle n’eût jamais aperçu se tint devant elle. Elle prit une seconde pour réfléchir puis fonça sur lui. Au cours de son élan, elle troqua ses katanas pour sa dague acérée. Dès qu’elle arriva au côté de la créature, elle lui décocha plusieurs coups avant de s’éloigner, pressentant un grand danger. Et en effet, de la blessure ouverte infligée par la dague s’échappèrent quantité de gaz malodorants et porteurs d’une magie néfaste.
— B… Bien joué, commenta le fantôme bouche bée.
— Cette ordure va être beaucoup plus difficile à achever que prévu ! Comment se fait-il qu’il y a ces gaz ? Tu sais à quoi ils servent ?
— Oh, rien de spécial. Seulement du poison. Beaucoup de poison. Ainsi que des éclats des sorts Nécrose, Inertie, Inaction, et Lenteur… Vraiment rien de particulier.
— Vraiment ! s’emporta Sentia en contournant une nuée de gaz. Et qu’est-ce qu’il m’arrivera si ça me touche ? Tu sauras me soigner ?
— Je ne suis pas une combattante, vous ai-je dit. Je ne suis pas ici pour cela.
Se tournant vers elles, le monstre souleva une patte pour la ramener au sol très rapidement dans leur direction. La roche du sol se fissura sur son passage.
— Lui aussi, c’est ton ami… ? demanda la combattante, les yeux exorbités.
— Oui, répondit la jeune fille. Cúchulainn a été envoyé en Ivalice pour ingurgiter la moindre « ordure », comme tu l’as appelé. Mais ce n’est pas de sa faute s’il est devenu tout amoché… Il a pris sa tâche trop au sérieux. Maintenant, il ne reconnaît plus personne…
L’éon tenta une nouvelle attaque, similaire à la première. Sentia en profita pour se glisser sous la masse énorme et planter sa dague de l’autre côté. Cúchulainn hurla.
— Tu m’excuseras… ! fit la jeune femme en s’éloignant loin de la nouvelle salve de gaz.
— Courage, Cúchulainn… Résiste ! fit l’autre d’une voix triste en secouant la tête.
Sentia grinça des dents et s’apprêta à repasser à l’action lorsqu’elle hurla à son tour.
— Je sens mes forces qui m’abandonnent !
Cúchulainn, lui, paraissait plus fort que jamais.
— Je n’étais pas au courant de cette capacité, avoua le spectre en se tenant le menton. Ca doit venir de l’environnement de Zertina.
— Pas du tout, ça vient de lui ! insista la combattante en désignant la créature qui ricanait.
Deux lames traversaient la tête de celle-ci, en forme de losange. Des symboles mystérieux, comme une trace d’anciens tatouages, étaient visibles sur la peau verte de l’éon. Les bras monstrueux de Cúchulainn, protégés par des brassards d’armure ornés de grosses épines, étaient aussi effrayants que les minuscules pattes couvertes de jambières aux motifs rouges, et que les fentes sombres de ses yeux surplombant une dentition digne d’un dragon des mers. Cette vision, associée à la puanteur de l’arène, provoqua chez Sentia une sensation de malaise qui remontait à son enfance. Pourquoi certaines personnes devaient vivre dans ces conditions et pas d’autres ? Et pourquoi lui avait-on confié à elle le commandement des uns et des autres ? Ces deux mondes étaient pour toujours dénués d’équilibre…
— Ohé ! Ce n’est pas le moment de rêvasser !
Rappelée à la réalité par les cris du fantôme, elle voulut fuir mais ses jambes la clouaient sur place. Elle utilisa alors la force de ses bras pour ramper, mais l’éon se rapprochait dangereusement. Pour s’en sortir, elle rassembla sa magie et lança un sort de feu. Elle put détecter quelques dégâts chez sa cible, mais rien qui l’empêchât de poursuivre sa route avec un sourire diabolique.
— Mauvaise affaire ! expliqua la jeune fille. Cúchulainn est très bien entraîné côté magie…
Il fallait donc poursuivre les attaques physiques. Mais comment faire avec un corps qui lâchait prise et se rapprochait du Coma d’un instant à l’autre ?
— Graouh !
Elle évita de justesse un coup direct du bras surarmé vers le sol où elle gisait, en roulant sur elle-même. Cúchulainn, très concentré, translata son regard vers sa nouvelle position, toujours en montrant ses dents. La jeune femme frémit et ferma les yeux. Il lui fallait trouver au plus vite le moyen d’en finir. Lui, avec Sa grâce et Sa majesté, l’aurait certainement trouvé depuis longtemps…
— Graouh !
L’éon leva de nouveau le bras et celui-ci entama sa descente. Par réflexe, Sentia se cacha le visage d’une main et leva l’autre, celle qui tenait la dague, vers le ciel. Quelques secondes plus tard, elle n’entendait ni ne sentait toujours rien. Que s’était-il passé ? Elle ouvrit les yeux et constata que sa dague avait percé le ventre de la créature, proche du sol. Cúchulainn criait de douleur.
— J’ai compris !
Sentia fronça les sourcils et, de toute la force de ses bras, s’appliqua à transpercer l’énorme panse de l’éon, d’où s’échappaient encore une fois des nuages entiers de gaz toxique.
— Pourquoi ? demanda la jeune fille hébétée. Vous ne pourrez pas l’éviter !
Mais Sentia s’en moquait. Seule importait la victoire. Déjà, le poison pénétrait ses voies respiratoires et elle avait du mal à reprendre son souffle. Mais progressivement, les pattes de Cúchulainn chancelaient, le monstre avait peine à riposter et ses altérations positives ne suffisaient plus à lui octroyer l’avantage. Elle continua à donner des coups de dague partout où elle le pouvait, à mesure que des blessures apparaissaient sur ses bras et ses joues, à mesure qu’elle se sentait la force de raturer toutes les erreurs de sa vie. Enfin, elle fut la cible de l’altération Lenteur et la fréquence de ses dégâts se réduisit de moitié. A ce stade, elle tenta de respirer mais quelque chose bloquait au niveau de sa gorge. Larmoyante, elle faillit abandonner lorsque le colossal éon vacilla d’une manière dangereuse. Elle roula de nouveau le plus vite qu’elle put et exulta lorsque le monstre tomba. Autour d’eux, les nuages violacés avaient envahi le petit havre de paix des grottes de Zertina. Nulle part se trouvait le moindre souffle d’air pur. Le gaz traversait le fantôme de toutes parts, et celui-ci, malgré l’absence d’effet, ne cessait de s’agiter.
— Ce n’est pas… terminé…
Bravant le dégoût que lui inspirait la panse majoritairement ouverte et dégoulinant de liquide noir et de gaz, elle saisit le premier morceau de peau verte qu’elle trouva et se hissa sur Cúchulainn.
— Ah ! Au secours… Mais, que faites-vous ? interrogea le spectre.
Sentia se concentra et troqua la dague pour son épée à deux mains. Ne lui restant plus beaucoup d’énergie, elle se courba sous le poids de l’arme, mais parvenait à la porter. Au moment où les fentes malicieuses de la créature s’ouvraient dans une expression d’horreur, la jeune femme se servit de son ventre pour se propulser en hauteur. Cúchulainn, au moment où elle atteignit le pic de son vol, s’apprêtait à se relever. Cependant, la vitesse de la chute fut suffisante pour que la combattante pût placer son coup d’épée à temps, tranchant le monstre en deux.
— Incroyable ! s’exclama la jeune fille, peu à peu isolée dans une bulle d’air pur à mesure que le gaz se dissipait.
Devant elles, Cúchulainn disparaissait, particule par particule, et ne laissa bientôt plus que le médaillon du Scorpion. Une fois le gaz totalement évacué, Sentia inspira bruyamment puis tomba à terre.
— Félicitations ! fanfaronna la fillette en la rejoignant. C’était digne de Nabrialès !
Mais les larmes que la combattante retenait se mirent à couler tandis qu’elle se lamentait :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:26:48

--- Chapitre 5 : L’Ange de la Mort emporte le Démon de la Vie

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=3GJ2qhdh7KY : Erase Me – Elysion | Genre : Métal gothique
Lieu : Mines de Lhusu / Site n°7 (Bhujerba)
Date : 24e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Zaléra, apôtre des Gémeaux
---
Sentia ouvrit les yeux et se crut toujours dans la grotte.
Cependant, le décor était bien différent. De l’autre côté des murs de magilithe, des chauves-souris voletaient en émettant des sons suraigus. Proche de la zone où elle se trouvait, elle reconnaissait des capitaines maudits, ces morts-vivants typiques des… mines de Lhusu. Elle se trouvait sur le continent volant de Dorstonis, proche de la cité céleste de Bhujerba. Prise d’une nausée, elle se leva machinalement et se traîna vers un cristal régénérateur qui se trouvait là. Mais hélas, elle ne sentit même pas la moitié de son énergie physique revenir. Elle prit le temps de respirer, s’adossa contre le mur et scruta un instant le plafond rutilant.
Bergan du Bélier. Que faisait-il, à présent ? Etait-il toujours en quête de combats plus difficiles les uns que les autres ? Il aurait été ravi de se trouver avec elle face à ces géants. Et Drace du Sagittaire, alors ? Celle qui avait fait mine de s’intéresser à son malheur alors qu’elle ne comprenait rien ? De quel « espoir » parlait-elle ? Il n’y avait aucun espoir, à présent qu’Il l’avait abandonnée. Lui, bien sûr… A eux quatre, ils en avaient vécu, des aventures. Drace et Lui étaient passés maîtres en magie de soutien, en contrôle de la vigueur, de la vitesse et en sagesse de l’art du combat. Tandis que Bergan et elle avaient toujours foncé sur leurs ennemis tête baissée, se croyant invulnérables – ce qu’ils étaient, grâce à leurs camarades restés en retrait. Rien ne pouvait les arrêter. Telle était la force que lui avaient apportée ces trois amis. Ses meilleurs amis. Ses seuls amis…
Les larmes coulaient tandis qu’elle hésitait à se rendre à la pièce connexe, cernée par les magilithes et ne donnant sur aucune issue. La seule amie qu’elle avait à présent, si elle en était une, était cette étrange fillette qui ne vivait que sous forme de spectre. Qu’était-elle exactement ? Pourquoi se trouvait-elle à ses côtés à chaque combat ? Quel était son objectif ? Et surtout… Où était-elle à présent ? Pour la première fois, il n’y avait aucune trace de fantôme, alors même qu’un ennemi imposant l’attendait dans la zone voisine. Soudain, elle tendit l’oreille. Elle aurait juré avoir entendu… Des cris ? Qui pouvait bien crier dans un endroit pareil ? Il s’agissait vraisemblablement d’un cri de détresse. Mais comme les autres fois, elle se sentait beaucoup trop faible pour affronter une épreuve supplémentaire.
— A l’aide !
Cette fois, pas de doute. Elle serra ses deux katanas contre elle et franchit la limite qui la séparait du danger.
— Qu’est-ce que… fit-elle, complètement abasourdie.
— Au secours !
Devant elle se trouvait le spectacle inédit de, non pas une, mais deux créatures au centre de l’arène. Un immense squelette ailé de couleur violacée et aux motifs dorés lévitait paisiblement, aussi effrayant qu’intrigant. Sentia frotta ses yeux, de peur d’avoir des visions. Mais non… Ce que le squelette tenait, le long de son aile droite, était bien la jeune fille des combats. Elle semblait cette fois-ci exister sous forme de morte-vivante et non plus de spectre, complètement encastrée dans l’aile, de laquelle sortaient une demi-douzaine de griffes aussi redoutables que des lances.
— Mais qu’attendez-vous ?! cria-t-elle ! Sortez-moi de là !
— Attends… Je ne… Vous êtes deux… Les Gémeaux ?
— Oui, je suis des Gémeaux… ! fit la jeune fille d’un air coupable. Mais j’ai toujours dit à Gerun que je n’avais rien à voir avec Zaléra ! C’est d’ailleurs pour cela que j’ai été…
C’est alors que ledit Zaléra battit des ailes en vociférant un son aussi dérangeant que mille stryges en même temps.
— Sauvez-moi ! résuma la prisonnière.
Sentia remarqua que les yeux, sans doute suppliants, étaient couverts d’un bandeau rouge, et que les cheveux étaient longs et noirs, aux reflets violets comme ceux de son co-éon.
— D’accord, accepta la combattante en étirant ses bras le long de son corps. Mais comment je fais, moi, pour t’éviter ?
— Frappez-moi ! Assommez-moi ! Peu importe ! Il ne m’arrivera pas grand-chose… L’essentiel est de me séparer de ce détraqué !
Il ne fallait pas le lui dire deux fois. La jeune femme prit son élan et allait s’élancer, lorsque Zaléra déploya son aile droite – faisant sursauter la fillette au passage – et trois morts-vivants supplémentaires apparurent.
— Des âmes en peine, hein ? Amenez-vous !
— Ne m’oubliez pas ! fit la captive en remuant dans tous les sens.
Sentia acquiesça et évita un coup de lance de la première âme en peine. Elle riposta avec deux coups de katana ainsi qu’une magie de feu, et le squelette disparut. Se tournant vers les deux autres, elle constata qu’ils avaient déjà préparé leurs magies – de foudre et de glace – et s’apprêtaient à les lancer. Elle poussa un cri de douleur lorsqu’elles l’atteignirent, et posa un genou à terre. Les deux squelettes en profitèrent pour sauter vers elle avec leurs lances. La combattante ferma les yeux et se concentra.
— Coup du pèlerin !
Les dégâts, accumulés au fur et à mesure de ses pas à travers contrées et dangers, s’abattirent sur les deux morts-vivants qui tombèrent d’un seul coup. Sentia grinça des dents : elle savait qu’elle ne pourrait plus utiliser cette technique une autre fois.
Elle se releva et dévisagea Zaléra d’un air décidé. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’elle : une âme innocente était en jeu – aussi embêtante fût-elle.
— Fuyez ! fit celle-ci de sa voix enfantine.
— Comment ça ?
— Vous ne pourrez pas gagner ! L’élément de Zaléra est la mort. Vous n’avez aucun moyen d’échapper au Coma, et comme vous n’avez pas de compagnons, vous pourrirez ici pour l’éternité.
« Merci de me le rappeler », se dit Sentia, légèrement désabusée.
Mais elle n’avait pas dit son dernier mot.
« Si je suis suffisamment rapide, il pensera – ou ils penseront ? – uniquement à défendre et n’aura – n’auront ? – pas le temps de riposter avec Mort. »
Elle s’exécuta en s’élançant avec ses katanas, frappant les os aussi fort qu’elle le pouvait. Visiblement, cela faisait des dégâts, car Zaléra reculait en criant de nouveau. La prisonnière cria elle aussi. Mais elle s’exclama aussitôt :
— Ne faites pas attention à moi ! Continuez ! Mais fuyez !
— Je ne comprends rien à ce que tu dis ! fit Sentia en serrant les poings.
Zaléra se tourna vers elle, et des lumières rouges apparurent au fond de ses cavités oculaires. Et alors, il n’y eut plus qu’elles. La solitude. La trahison. La responsabilité. La haine. La couleur froide de la tristesse éternelle. La…
— MOOOORT ! hurla la captive, agitée au point de faire tomber l’éon, qui lançait son sort.
Sentia courut. Aussi loin que ses jambes meurtries purent la porter. Voilà un poids qu’elle ne pouvait pas assumer. Et pourtant c’était ce qu’elle voulait depuis le début… Pourquoi courait-elle ? Pourquoi ne s’arrêtait-elle pas ? Pourquoi ne pas finir en chair à canon au fond de cette mine lugubre ? Les larmes s’échappaient tandis qu’elle atteignait la limite de la zone, à bout de souffle.
Un mélange de lueurs rouges et noires s’échappa du monstre tandis que la jeune fille s’égosillait à faire percer les tympans. La combattante, reprenant ses esprits, s’aperçut que ses yeux étaient grands ouverts, et que son cœur continuait à battre. Mais la mort… Elle n’avait pas réussi à se la donner jusqu’alors. Elle leva en conséquence sa dague et la dirigea vers son avant-bras qui peinait à cicatriser des précédentes blessures. La main tremblante, elle grinça des dents et finit par abattre l’arme sur sa cible, marquant de nouveau la peau blanchie par les années de réclusion. La douleur la faisait grimacer de plus belle, mais elle continua, tenace et précise, de s’infliger toujours plus profondément ces mêmes mutilations qui l’avaient conduite devant Famfrit. C’est alors qu’elle l’entendit :
— Que faites-vous ?
Elle releva sa dague, déterminée.
— Ne tombez pas dans le piège !
Cette fois-ci, elle s’arrêta net. Qui parlait ? La fillette ? Elle tendit l’oreille, mais la distance était trop grande pour qu’elle perçût la moindre parole distincte. La jeune femme déglutit, considéra son arme quelques secondes, puis la lâcha en soupirant dans un demi-sanglot. Pourquoi faisait-elle cela ? A quoi cela rimait-il ? Avait-elle échappé à la mort de Zaléra pour s’en infliger une autre, plus lente et plus pénible ? Les bras flageolants, elle se retourna définitivement pour foncer dans la salle de l’éon.
Dès qu’elle arriva devant la double créature, la jeune prisonnière fit un énorme sourire, que Sentia distingua parfaitement étant donné sa forme de zombie dépourvue de lumière. Très vite, la combattante tenta d’attaquer, et prépara sa plus féroce magie de feu… qui eut pour effet de disparaître sitôt l’éon touché.
— Nous sommes immunisés à tous les éléments, expliqua la jeune fille avant que la partie squelettique la fît voltiger pour riposter.
Sentia était bien trop faible pour utiliser une magie noire non-élémentaire, catégorie qui demandait beaucoup de ressources. Ce qui voulait dire que…
— Attention ! Il va recommencer ! Quand je crierai, vous vous enfuirez !
Elle n’allait pas s’enfuir. Tête baissée, elle ressortit ses katanas, qui avaient visiblement un résultat sur le monstre, et s’appliqua à frapper celui-ci le plus de fois possible. Très vite, la souffrance dans laquelle ses bras la mettaient lui arracha des cris de douleur, qui se mêlaient au cri féroce de Zaléra, bonne et mauvaise partie confondus. Au fond du site numéro 7 des mines de Lhusu, tout le monde criait dans une cacophonie morbide qui rebondissait sur l’éclat des magilithes et restait coincée dans les afflux de myste ambiants. Sentia sentait que la fin était proche… Elle n’allait plus pouvoir attaquer et Zaléra allait la mettre dans le Coma. Néanmoins, elle cèderait peu à peu et non pas d’un seul coup : sentant que son bras droit était hors d’usage, elle cessa de l’utiliser et se concentra sur ses assauts à l’aide de son bras gauche, le moins précis et le moins fort – les dégâts étant déjà de facto réduits de moitié. Etait-ce faisable ? Elle n’en savait rien, et Zaléra, sa force vitale baissant, faisait usage de toutes sortes de techniques dont Sentia n’avait pas la moindre cure. Soudain, un craquement d’os se fit sentir. Les cris de la prisonnière se firent plus aigus, mais la combattante savait qu’il fallait continuer. Zaléra se tourna vers elle et ses yeux s’allumèrent de nouveau. Ne sentant plus son bras, elle poursuivait ses efforts machinalement, sentant que si le monstre réussissait à lancer Mort, elle demeurerait là pour toujours. Enfin, au comble du supplice, elle rata sa cible : l’éon chancelait dans tous les sens, tournait sur lui-même… et finalement tomba d’un seul coup, se volatilisant au passage. Le médaillon des Gémeaux était posé au centre de la pièce.
Sentia courut le récupérer, et, à bout de forces, tomba à terre et scruta le moindre recoin de la pièce. Aucune trace d’une quelconque autre âme que la sienne…
— Eh ! Eh… t’es là ?
Personne ne lui répondit.
— Eh ! Je ne sais même pas comment tu t’appelles… Je ne t’ai pas tuée, hein ?
Ses yeux se remplirent de larmes et, sentant qu’elle allait s’évanouir, décida de ramper jusqu’au cristal voisin afin de poursuivre les recherches. C’est alors qu’elle la trouva, là, au pied des magilithes, brillant de mille feux.
— Tu es là !
Elle tomba sur elle et l’entoura de ses bras… qui se refermèrent sur eux-mêmes, la jeune fille étant transparente. Lentement, celle-ci bougea, étira ses membres, puis prit la parole :
— Je… Je suis vivante ?
— Oui, sous ta forme spectrale.
— Je sais bien que je suis sous ma…
Elle s’arrêta net et baissa la tête.
— Je suis une shaman qui travaillait avec Gerun. Mais Gerun et les autres Occurias ne se sont plus occupés de moi ces derniers temps. J’ai acquis une certaine liberté et je me suis intéressée au monde des humains et d’Ivalice. Cette information est tout ce que je peux vous offrir comme récompense de m’avoir sauvée.
Sentia ne se sentait pas encline à quémander un supplément. Elle garda seulement ses bras à la même position, imaginant que la petite pouvait sentir un semblant de chaleur de ce geste, et murmura, le regard ailleurs :
— Je veux mourir…

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:27:27

--- Chapitre 6 : Le rassemblement du Condamnateur

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=gcNy987fNm4 : Falling Down – Lecrae | Genre : Hip-hop
Lieu : Tombeau de Raithwall / Cloître des flammes (Jagd Yensa)
Date : 25e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Zéromus, apôtre du Cancer
---
— Quel mois on est ?
La vieille Bérale avait plus d’un tour dans son sac. Pour étaler le peu de connaissance qu’elle avait, elle n’avait jamais manqué de lui poser cette question à chaque nouveau mois, après avoir enquêté auprès de quelqu’un de mieux renseigné.
— Scorpion.
— Oui ! Bravo, ma petite. Ta mère serait fière de toi. Elle en avait des choses dans sa tête, ta mère…
Mais les images autour de Sentia s’apparentaient davantage, plutôt qu’au réveil des fleurs et au chant des oiseaux, à la froideur glaciale du mois du…
— Cancer, dit-elle tout haut.
— Exact !
La jeune fille-fantôme apparut et semblait sourire.
— Aujourd’hui, nous allons au tombeau de Raithwall pour rencontrer un autre de mes amis, poursuivit-elle sur un ton de présentatrice d’émission.
— Eh bien, au moins c’est clair… !
Sentia réalisa l’étendue du désert dans lequel elle se trouvait, puis considéra le temple se tenant en face d’elles. Elle hâta le pas, traversant la cour attenante à l’extérieur avant d’accéder au téléporteur en face de la porte principale. Avant de l’utiliser, elle se retourna vers la cour et sourit.
— Garuda…
— Oui ? répondit la jeune fille immédiatement avant de placer ses deux mains sur sa bouche.
Sentia fit une grimace sarcastique en sa direction puis actionna le téléporteur.
Elles se retrouvèrent au centre de la pièce principale du tombeau, de couleurs marron et ocre. Plusieurs marches menaient à d’autres escaliers qui donnaient sur des axes latéraux de la bâtisse antique. Sentia allait prendre le chemin de gauche lorsque sa compagne l’interpella :
— Pas ici. Le mur démonique s’actionnerait. Venez, j’ai une solution.
La jeune femme ne comprenait pas de quoi elle parlait mais la suivait quand même des yeux. Le fantôme se glissa dans des interstices entre plusieurs gros blocs décoratifs avant de… disparaître dans un mur.
— Eh ! se plaignit Sentia bruyamment. J’ai pas de corps spectral, moi ! Reviens ici !
L’être transparent revint – ou du moins sa tête sortant du mur.
— Eh bien, sautez !
La combattante suivit son regard et vit des marches en contrebas, de l’autre côté de la rambarde entourant la plate-forme où elle se trouvait. Elle s’exécuta et descendit lesdites marches. L’être de lumière était réapparu, et planait joyeusement à son côté.
— Je suis si heureuse d’être libre à nouveau ! s’exclama-t-elle en tourbillonnant.
— Tant mieux pour toi. Mais où vas-tu ? Il n’y a rien ici.
— C’est ce que nous verrons !
La jeune fille toucha un pan de mur et, avant que Sentia pût protester, la terre trembla et une partie du mur recula, formant une parfaite porte sur une autre zone.
— Mais… fit-elle, ébaubie.
— Allons-y ! s’écria le fantôme en voletant en avant, reprenant ses tourbillons de joie.
Il y eut encore deux ou trois astuces similaires que Sentia suivit machinalement, se trouvant dans un état mental instable après le dur combat de la veille. Enfin, les deux compagnes arrivèrent dans une structure formée de plusieurs carrés.
— C’est le Cloître des flammes. Bélias n’est pas là, puisque vous l’avez vaincu. C’est quelqu’un d’autre que vous trouverez… Après vous.
La brune déglutit et descendit un premier escalier.
— C’est donc l’apôtre du Cancer, expliqua l’autre en s’arrêtant de tournoyer. N’oubliez pas que c’est le signe de votre mère, le vôtre et celui de vos enfants.
— Eh ! Minute. Je n’ai jamais eu l’intention d’avoir d’enf…
Un gigantesque bruit se fit entendre depuis le centre des carrés, où une masse sombre dégageait une magie effrayante. Quelques secondes plus tard, une horde de capitaines maudits se précipitaient vers les visiteuses interloquées. Cette fois-ci, katanas en main, Sentia sentait des courbatures, en plus des douleurs habituelles. Pas étonnant, vu le dernier combat. Mais elle n’avait guère le choix : il fallait se débarrasser des squelettes, avant de pouvoir en découdre avec ce qui l’attendait derrière.
Elle s’élança alors, ses réflexes affûtés lui permettant de se débarrasser d’un bon nombre d’entre eux rapidement.
— Génial ! Continuez ! s’époumonait son alliée spectrale.
Comme avec Zaléra, les squelettes usaient de leurs lances pour faire des dégâts, et ses os commençaient à être sérieusement atteints. Elle s’apprêta à faire appel à la magie pour attaquer plus efficacement ceux qui restaient, mais elle n’arrivait pas à réciter la moindre incantation.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Pas de magie ici, résuma la jeune fille en haussant les épaules.
C’est alors que la masse sombre terrée au fond bougea, faisant trembler le sol à chaque pas.
— Zéromus, laisse-lui le temps de…
Mais visiblement, ledit Zéromus n’avait le temps de rien, car il provoqua un tremblement beaucoup plus large que les précédents, et Sentia tomba à terre.
— Dépêchez-vous ! supplia la fillette.
— Je fais ce que je peux ! pesta la combattante, se relevant tant bien que mal. Est-ce qu’il contrôle la terre ?
— Non… Pire…
Sentia ne voyait pas ce qui pouvait être pire que ne pas être capable de se tenir debout durant un combat, mais elle laissa sa réflexion de côté et prit son épée à deux mains pour faire tomber les capitaines restants plus rapidement. Le temps jouait contre elle.
— Bien joué !
Le dernier capitaine maudit tombé, Sentia courut vers la plate-forme centrale… et se heurta à une autre créature sortie droit d’un cauchemar.
— Zéromus… Elle est du Cancer. Vous devriez bien vous entendre ! présenta distraitement la jeune fille.
L’éon était de couleur noire, flanqué de touches bleues et jaunes flamboyantes. Sa taille était particulièrement haute, et certaines parties de son corps rappelaient un insecte, plus précisément une abeille. Il était également doté d’une pince de crabe en guise de bras gauche – le droit n’en étant pas moins effrayant, tel un trident acéré. Sa tête minuscule était surmontée d’une pique, qu’il dirigea droit vers la jeune femme.
— Attention ! fit le spectre en volant loin d’eux.
Sentia voulut la suivre – avant de se rappeler qu’elle ne pouvait pas faire usage de sa magie d’air, ni de magie du tout. Pendant ce temps, Zéromus avait de nouveau lancé un tremblement de terre perturbant, qui ne s’arrêtait pas. Sentia courut ici et là, trébuchait, tombait et se relevait, dans une séquence infernale qui ne se termina que lorsque, totalement impuissante, elle se retrouva au-dessus du sol contre sa volonté, et d’un coup sec, fut envoyée vers le plafond.
— Qu’est-ce qui se passe ? répéta-t-elle, épouvantée à l’idée d’être collée tout en haut de la pièce, et pouvant retomber à n’importe quel moment.
— L’élément de Zéromus est la gravité. Bonne chance.
Sentia faillit étriper la fillette, qui volait tranquillement près d’elle, lorsqu’elle se retrouva de nouveau jetée sans ménagement contre le mur de gauche, puis de droite.
— Comment je suis censée me battre, moi ?
C’est alors que Zéromus, aidé de son dard dorsal qui dégageait un éclair lumineux, annula toutes les gravités qu’il venait de créer et la femme brune tomba à plat ventre sur le sol.
— Maintenant !
— Je sais !
Elle décolla immédiatement vers l’éon et lui décocha un formidable coup d’épée à l’abdomen. La créature vacilla, avant de la heurter violemment de son bras-trident. Sentia se pencha en avant, puis se concentra sur ses assauts afin d’en finir le plus vite possible – si elle se retrouvait une fois de plus au plafond, c’en serait fini d’elle. Le fantôme observait le combat en silence.
« Qu’il est coriace, celui-là ! » pensa la combattante en évitant un nouveau coup de trident. En effet, il lui fallut beaucoup plus de temps que contre Zaléra, par exemple, pour voir la créature enfin en difficulté. C’est alors que Zéromus souleva son dard encore une fois, et une masse spatiale transparente mais immensément lourde vint s’abattre sur la jeune femme. Lorsqu’elle atteignit la terre, Sentia l’avait suivie.
— Non ! Ce n’est pas le moment de flancher ! criait le fantôme.
Sentia posa un pied à terre, puis l’autre. Elle avait la nette impression qu’une bonne moitié de son énergie vitale – initialement pas énorme – venait de se consumer en un instant. Quelle était cette magie ?
Sentant ses forces faiblir de manière irréversible, elle prit de nouveau ses katanas et enchaîna les combinaisons d’attaques avec succès. Le spectre suivait le moindre des ses mouvements avec attention, tandis que Zéromus peinait à lancer un sort ou un assaut simple.
— OUI !
Enfin, dans un bruit de vaisselle rouillée, et sous les yeux ébahis des deux visiteuses du temple, l’éon chut sur le sol antique définitivement. Le fantôme se rapprocha de la combattante et contempla la scène en silence. Comme pour les autres apôtres, chaque particule de Zéromus disparut progressivement, et le tout se changea en médaillon. Sentia se baissa et le tint entre ses doigts. Un fil le parcourait.
— Félicitations ! Maintenant, nous avons le médaillon du Cancer. Cela nous en fait combien, au total… ? Je vous conseille de toujours les avoir sur vous. Mettez-les autour du cou, par exemple.
— Tu rigoles, j’espère ? Seul mon imbécile de père porte des bijoux par douze ou par treize…
— Ce n’était qu’un conseil.
Sentia réfléchit une minute. « Cette gamine en sait beaucoup plus sur ces créatures que moi. Si elle veut que je les garde, c’est qu’il y a une bonne raison » se dit-elle.
Elle obéit donc et enfila les colliers du Verseau, du Bélier, du Capricorne, du Scorpion, des Gémeaux, et du Cancer. Elle sentit une puissance nouvelle traverser son corps. Ces éons étaient-ils vraiment les siens, désormais ? Venait-elle de dompter Bélias – et ses congénères – à la manière du Roi-Dynaste ? Mais tout cela dans quel but ? Au bout du compte, elle était toujours aussi malheureuse. Sentia s’agenouilla au centre du tombeau et déclara :
— Je veux mourir…

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:28:12

--- Chapitre 7 : Le Grand Ordonnateur et Ivalice tremblante

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=hbOO1Wbq3oo : Land of the free ? – Pennywise | Genre : Punk rock
Lieu : Cataractes de Ridorana / Colisée (Jagd Naldoa)
Date : 26e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Hashmal, apôtre du Lion
---
— Où suis-je ?
Saisie d’un mal de tête comme elle n’avait jamais eu, Sentia se releva lentement du champ de ruines où elle se trouvait. Autour d’elle, un ensemble de bâtisses abandonnées surplombait le paysage désolé depuis sans doute des centaines d’années, et des oiseaux croassaient au-dessus de la mer.
La mer ?
— Bienvenue aux Cataractes de Ridorana. Vous êtes sur le terrain du Lion.
— Cancer, Lion, … ? comprit la jeune femme en secouant la tête. Je ne veux rien savoir de la bestiole qui va suivre. Dis à tes amis Occurias de remballer leur marchandise là-haut et de ne plus m’embêter !
La fillette semblait sourire.
— Le prochain apôtre ne sera pas celui que vous croyez. Ne vous en faites pas, dit-elle chaleureusement.
La mer de Naldoa était calme, ce jour-là. Sentia se sentit légèrement revigorée, par rapport aux débuts des autres combats. Au loin, le Phare de Ridorana était visible, dominant toute l’île de ses pierres antiques et ses chutes d’eau spectaculaires. Elle se mit à marcher, et se rendit compte très vite que ses blessures étaient loin d’être cicatrisées.
— Comment ai-je pu faire une chose pareille ?
Elle s’arrêta pour compresser ses chevilles et, surtout, ses poignets, afin d’atténuer un petit peu la douleur.
— Ne vous inquiétez pas, lui dit la fillette en posant un bras invisible autour de ses épaules. C’est désormais du passé. Et puis, vous m’avez sauvée, ce jour-là.
Sentia sourit, mais son sourire devint bientôt moqueur :
— Dis donc toi, tu es devenue bien câline par rapport au début ! Tu as l’air de drôlement tenir à moi. Est-ce uniquement parce que je t’ai sauvée ?
— Bien sûr que non ! avoua l’autre. Mais ce n’est pas…
Soudain, la terre se mit à trembler. Comme avec Zéromus.
Immédiatement, elles se mirent en route pour le Colisée, se rapprochant du Phare.
— Il est là !
Une créature terrorisante se tenait au centre de la zone. Le monstre avait, comme les autres, une forme vaguement humanoïde, ainsi que des sabots en guise de pieds. Mais le détail qui acheva d’épouvanter la jeune femme était ses bras : chacun d’eux était un gigantesque crochet juxtaposé à une sorte de tunnel recourbé, décoré de symboles géométriques. Pour finir, la tête du Lion était ornée d’une longue crinière blanche et de défenses orangées.
— Vous parliez bien de la terre, la dernière fois ? questionna la fillette en s’élevant davantage au-dessus du sol.
— Oui, pourquoi ? fit Sentia en évitant tant bien que mal de chuter.
— Eh bien, regardez…
Aussitôt, un rocher d’un mètre cube apparut de nulle part au-dessus de sa tête.
Sentia hurla mais ne put éviter le bloc entièrement, et celui-ci vint s’écraser sur son bras gauche.
— Tu n’étais pas obligé de commencer par ça, Hashmal… protesta le fantôme en s’approchant de l’éon.
Mais celui-ci s’agitait sans cesse et faisait apparaître d’autres rochers, plus ou moins éloignés de la combattante.
— Qu’est-ce que tu as aujourd’hui ?
Sentia se releva péniblement et les rejoignit au centre du Colisée.
— Regardez, Madame ! Ses bras…
Elle observa attentivement Hashmal et s’aperçut que ses bras étaient liés par d’énormes menottes.
— Pouvez-vous le libérer, s’il vous plaît ? supplia la jeune fille.
— Pour qu’il m’attaque dans la foulée ? Non merci ! Et puis, je n’ai plus qu’un seul bras.
Mais la petite colla ses deux mains de lumière et s’agenouilla devant elle. Pourquoi ces créatures belliqueuses étaient-elles si importantes pour elle ?
La jeune femme soupira, fit apparaître son épée à deux mains, prit son élan et cassa la chaîne des menottes en deux. Une seconde plus tard, le crochet d’Hashmal était enfoncé dans son flanc.
— Oh non ! s’écria la fillette, se rapprochant et s’éloignant tour à tour de la scène.
Des larmes de douleur s’échappèrent des yeux de Sentia tandis qu’elle arrachait le bras de la bête qui la tenait. Elle recula aussitôt, tituba mais tenait bon. Il fallait continuer. Le combat était loin d’être terminé. Elle respirait profondément, paniquée à propos du prochain choix à faire. Défendre ? Et s’il créait un nouveau séisme ? Attaquer ? Avec quelles forces ?
Tout à coup, Hashmal se rua vers elle, défenses en avant. La jeune femme serra un katana dans sa main droite et commença ses assauts, après avoir évité ceux du monstre.
« Ca ne suffira pas… » se dit-elle. « Les dégâts que je fais de cette manière sont ridicules ! »
L’éon fit apparaître de nouveaux rochers, tout en tentant de l’atteindre avec ses crochets, et Sentia esquiva les uns puis les autres du mieux qu’elle put.
— Bien ! l’encouragea le spectre.
Elle poursuivit ses attaques physiques avant de prendre une grande inspiration et de questionner tout haut :
— Est-ce que la magie fonctionne ici, cette fois ?
— Je n’en sais rien. Vous pouvez toujours essayer ! répondit la jeune fille en haussant les épaules et tournoyant loin d’elle.
Aussitôt dit, la jeune femme expira le plus lentement qu’elle put et pensa exclusivement aux particules qui entouraient son corps, tendant son bras et fermant les yeux. Peu à peu, une masse d’air s’accumula au bout de ses doigts.
— Formidable ! commenta la fillette en revenant en trombe.
La tornade miniature gagna en volume, et avant qu’Hashmal eût même tourné sa tête vers elle, Sentia s’élança à une vitesse phénoménale avant de lui décocher un coup de sabre dans le dos.
Planant au-dessus de l’ouragan qu’elle avait créé, la combattante avait beaucoup plus de marge pour esquiver les coups furieux du Lion, ainsi qu’une tranquillité définitive en ce qui concernait les séismes que ce dernier créait. Elle rejoignit la fillette dans les airs et considéra la situation.
— Il vaut mieux que je change d’endroit, conclut-elle.
— Pourquoi ? demanda sa compagne.
Sentia ne répondit pas et vola à toute vitesse vers le Phare. Cependant, la célérité de l’éon n’était pas en reste, et, pas après l’autre, il la rejoignit bientôt au pied de l’immense construction séculaire. Elle choisit de se placer de l’autre côté de son adversaire et lança un sort d’air dans sa direction. Hashmal le balaya d’un geste de son double bras, puis chargea ce qui semblait être une attaque magique dans l’un de ses tunnels. La jeune femme décida d’éviter en prenant de l’altitude, et s’éleva au niveau du premier étage du Phare afin d’éviter le sort. Cependant, le canon chargé, l’éon, doté d’une gravité digne de Zéromus, plaça patte après patte sur le mur extérieur du Phare et grimpa avec agilité jusqu’à sa hauteur.
Affolée, Sentia lui lança un sort d’air à la figure, qu’Hashmal reçut de plein fouet. Visiblement, cela était très efficace, car cette fois-ci, c’était lui qui fuyait. Dévalant étage après étage les lieux les plus mystérieux et dangereux de Ridorana, femme et monstre se poursuivaient, ayant le trajet tout tracé, évitant vieilles pierres et chutes d’eau, montant toujours plus haut.
Bien décidée à attraper sa cible, la mage noire lançait des sorts d’air en rafale, que le monstre esquivait en majorité. Pour mieux viser, elle se déplaça latéralement, mais Hashmal l’imita, dans la direction opposée, et parvint à s’en sortir. Les deux adversaires se mirent ainsi à tourner autour du Phare, sans cesser leur ascension folle.
Soudain, un rocher se détacha de la partie de la tour au-dessus de Sentia, et se dirigea droit sur sa tête. Elle ne put l’éviter mais comprit que les pouvoirs de l’éon englobaient plus qu’elle ne le croyait. Reprenant ses assauts, Hashmal lançait tour à tour des rochers du Phare et des petits blocs de pierre à très grande vitesse depuis ses canons. A son tour, la combattante parvint à éviter la plupart d’entre eux, et concentra son regard sur le sommet. Peu après la Spirale des Cieux, cette zone aux multiples téléporteurs, elle s’arrêta net et amassa de nouveau une grande quantité d’air près de son bras droit. Lorsque le monstre s’arrêta en face d’elle, profitant du répit pour préparer une attaque, Sentia déchaîna aussitôt le flux qui lui avait permis de s’élever quatre-vingt-dix étages au dessus du sol.
Hashmal fut propulsé à l’intérieur du Phare, et Sentia sur le point de chuter. Prise de terreur, elle s’accrocha à la première pierre qu’elle vit et demeura un instant sur le bord du bâtiment. L’éon ne bougeait plus. Elle avait terminé. Tremblante, elle passa une jambe à l’intérieur de la pièce, puis l’autre. Pourquoi ne se transformait-il pas ? Avait-il encore de l’énergie ? Elle se prépara à réattaquer, formant une boule d’air au creux de sa main droite, et s’apprêtait à la lancer lorsque la pièce s’illumina.
Sentia recula, effrayée de toutes les particules éparpillées à travers l’espace où elle se trouvait, mais se rendit vite compte qu’en contrepartie, l’éon avait disparu. Elle s’approcha du lieu où il se trouvait, sourit et se baissa pour ramasser le médaillon.
— Je ferais mieux de rentrer par un autre moyen que celui par lequel je suis arrivée… pensa-t-elle tout haut. Ce mal de tête accentué par le vertige que j’aurai ne me servira pas beaucoup…
Fort heureusement, une dalle ascensionnelle se trouvait en face de la pièce, et la jeune femme put redescendre au niveau du rez-de-chaussée. Marchant lentement, elle quitta le Phare et se mit en route vers le bord de l’île, collé aux chutes que formait la mer de Naldoa.
— Vous auriez pu en finir beaucoup plus vite, se plaignit le fantôme lorsqu’elle la rejoignit.
— Eh bien enfin, je te retrouve ! lui dit Sentia avec une grimace de dépit.
Se tournant vers la mer, elle serra le médaillon contre elle et l’enfila avec les autres. Sa tête lui faisait terriblement mal. Mais pas autant que la situation dans laquelle Il l’avait mise, et qui était irréversible.
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:29:07

--- Chapitre 8 : Le Corrompu, honnête geôlier de la Déesse

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=yVwxXn7EvDI : Avalanche – Cellar Darling | Genre : Rock folk
Lieu : Gorges de Paramina / Rivière gelée (Jagd Ramooda)
Date : 27e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Mateus, apôtre des Poissons
---
Sentia se réveilla avec une sensation dérangeante, venant du bout de son nez. Elle s’aperçut peu à peu que ce dernier était froid, de même que l’intégralité de son corps. Elle ouvrit les yeux et réalisa qu’elle s’était assoupie sur de la neige. Elle se mit à genoux et considéra les alentours. De la neige à perte de vue, des étendues glacées ici et là, ainsi que des squelettes ténébreux et autres monstres typiques de la région qui patrouillaient autour d’elle.
Elle se concentra ensuite sur elle-même, et constata que, bien que la douleur fût toujours présente, ses blessures avaient recommencé à cicatriser. C’était comme si quelqu’un s’en occupait chaque soir, et prenait soin que ce malheureux corps ne subît pas de dommages irréversibles. Quelqu’un… ? Mais oui, la viéra ! Il n’y avait qu’elle pour avoir ce rôle. Elle qui, contrairement à Drace, l’avait toujours soutenue en silence pendant ces quatre années, avait pansé ses blessures, et pris soin de ne pas perturber sa solitude et sa réflexion. Elle avait une vive image d’elle-même allongée sur son lit, entourée de ses armes, et de la viéra tenant son bras sans mot dire, mais bientôt cette image devint si floue qu’elle ne sut plus si elle était réelle.
Sentia soupira et commença à marcher vers le nord. Arrivée à la Rivière gelée, elle s’arrêta un instant. Une tempête de neige rendait la zone impénétrable. Pourtant, une source de myste chaleureuse émanait de son centre. La jeune femme décida de braver le climat et, pas après pas, s’avança vers sa cible. Le myste était de plus en plus dense, et une magie étrange rôdait à proximité. Etrange car elle ne semblait pas émaner d’une seule créature.
— Bienvenue… Madame.
Au cœur des gorges de Paramina, un paysage insolite se livrait à la jeune femme : un coucher de soleil de toute beauté illuminait la flore gelée et se reflétait sur le carrelage infini de glace. La source du myste accueillant, épargnée par la tempête de neige qui faisait un cercle autour d’elle, dansait harmonieusement près de la jeune fille-fantôme, stationnée près d’eux et tournée vers Sentia.
— Qui est-ce ? demanda celle-ci.
— Mateus. Ou plutôt, Mateus et quelqu’un qui a eu moins de chance que moi. Elle est pour toujours liée à lui.
En effet, à y voir plus clair, Sentia remarqua une forme féminine bleue, toute droite au centre d’un carcan pourpre et noir, composé de plusieurs parties et tenant un effrayant trident. Son corps était terminé par une queue de poisson.
— C’est la Déesse des Glaces. Mateus l’a emprisonnée.
— Eh bien, conclut la jeune femme, ce Mateus n’a pas l’air de m’en vouloir. Je peux donc par…
Le trident faillit atteindre Sentia en plein ventre. Elle s’écarta juste à temps et sortit sa dague. Décontenancée à l’idée d’amocher la Déesse des Glaces, elle tenta tant bien que mal de frapper les parties sombres de la créature qui la contrôlait. Etonnamment, celle-ci sembla très vite mal en point. Mateus était-il plus faible que les autres ? Elle respira profondément et s’apprêta à repasser à l’attaque.
La Déesse des Glaces continuait à danser, tentant de se positionner devant le couteau afin d’éviter à Mateus de se prendre les coups, mais la combattante tenait bon et sa précision ne faillit pas. L’éon semblait souffrir, poussant des cris stridents et agitant sa queue de poisson de plus en plus vite.
Sentia s’arrêta un instant pour reprendre son souffle une nouvelle fois, persuadée que Mateus était proche de la fin, lorsque ce dernier lança un sort qui retourna littéralement toutes ses convictions.
La jeune fille hurlait, la tempête faisait rage, et la combattante fut instantanément envoyée dans les airs sans signe avant-coureur. Sentia retomba sur la neige, incapable de respirer, et ses membres furent de nouveau très froids, au point de lui causer de nouvelles douleurs. Très vite, elle essaya de se relever mais une quantité phénoménale de neige s’abattit sur son dos et la plaqua sur le ventre.
— Relevez-vous ! Ce n’est pas fini ! criait le spectre.
Mais Sentia ne l’entendait pas. Noyée sous des montagnes de neige, elle nageait dans le vide, le regard noyé dans un blanc absolu, les membres gelés incapables de rencontrer le moindre rayon du soleil couchant. D’autres quantités de neige s’échappaient des hauteurs de Paramina et couvraient la Rivière gelée, comme une invitation à l’hérésie et au massacre. L’avalanche se poursuivit durant de longues secondes, pendant lesquelles Mateus était toujours protégé du moindre flocon dans une sphère d’air, et la jeune fille avait évité le pire en volant haut au-dessus de la scène. Toutefois, à l’instant où le torrent de neige s’arrêta de rouler, elle fonça vers le bas, à l’endroit où sa compagne gisait.
— Où êtes-vous ? questionna-t-elle, inquiète. Je ne peux pas accepter votre défaite ! Vous devez survivre !
C’est alors que les mètres de neige laissèrent place à une formidable explosion, qui créa un passage entre l’extérieur et Sentia. Cette dernière respira bruyamment, expectorant du liquide de son nez et de sa gorge, et portant ses mains à sa poitrine. A bout de forces, au fond du trou, elle avait lancé un sort de Ravage qui avait réussi à atteindre la surface.
— Vous pouviez faire attention ! fit le fantôme, que le sort avait traversé.
Incapable de répondre, la jeune femme continua de respirer, de plus en plus régulièrement, de moins en moins effrayée. Elle était vivante. Sa magie noire l’avait, encore une fois, tirée d’un mauvais pas, et ses capacités physiques avaient réussi à amener son adversaire dans un état critique. Ledit adversaire étant particulièrement dangereux tel quel, il fallait l’achever le plus rapidement possible. Cependant, Mateus, qui avait observé la scène, ne le voyait pas de cet œil et s’activa à relancer des mottes de neige dans sa direction, ponctuées de piques de glace.
— Concentrez-vous ! recommanda la jeune fille, et Sentia sut à cet instant ce qu’elle avait à faire.
— Concentration !
Une fois encore, elle regagna toutes ses capacités magiques, et en profita pour faire appel à l’élément Air qui avait été crucial contre Hashmal, et tellement d’autres fois par le passé. Désormais apte à voler ainsi que sa jeune compagne, il ne lui resta plus qu’à éviter les soufflets de neige qui s’abattaient sur elle par dizaines, et à détruire les piques de glace à l’aide de son arme avant qu’ils pussent l’atteindre.
L’apôtre des Poissons était constant dans son offensive, cruel dans son adversité proportionnellement à ses capacités, habile dans ses charges, et puissant dans ses sorts. Mais Sentia, mue par un désir croissant de… de quelque chose qu’elle ne s’expliquait pas, sautait, volait de plus en plus haut, apaisant ses peurs, gelant sa souffrance, et détruisant charges et sorts d’une même impulsion de rage.
— Couvre-moi de neige ! s’exclamait-elle. Gèle-moi jusqu’à la mort ; je demeurerai toujours ici ! Les saisons changeront… mais pas moi !
Balayant la dernière salve lancée par Mateus, elle vola jusqu’à lui et, espérant le pardon de la Déesse des Glaces, se concentra une dernière fois pour lancer le plus puissant éclair qu’elle eût jamais produit.
Déesse et geôlier à terre, Sentia haletait, tandis que la tempête de neige autour d’elle se calmait peu à peu. Sentant ses propres entrailles prises par l’électricité qu’elle avait générée, elle prit le temps de laisser celle-ci quitter son corps, et d’admirer la magie doucereuse de glace se matérialiser en médaillon qui tomba sans bruit au creux de la neige.
— Fantastique ! fit la jeune fille en l’enlaçant. Comment vous sentez-vous ?
— Je me sens… bien, répondit-elle en se laissant tomber en tailleur. Et puis tiens, puisque tu t’es décidée à dire quelque chose de gentil, je vais te faire une confidence.
— Je sais ! Vous allez m’expliquer cet élan poétique que je n’aurais jamais soupçonné chez vous.
— Ce n’est pas cela, sourit Sentia, mais c’est peut-être lié. Je pense que j’ai ressenti quelque chose de fort durant ce combat… parce qu’il m’en rappelle un autre. Que j’ai dû terminer de la même manière. Je l’ai combattu ici même, à Paramina, pour protéger les copains d’Ephédrine qui habitent dans le sanctuaire. J’étais dans une zone voisine, avec mes amis, et… la viéra a utilisé une flèche dimensionnelle de foudre pour entamer l’énergie vitale du dragon. Yong, c’était son nom. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans cette flèche. Ça aurait été la première défaite de tout l’Empire… Par la suite, tout le monde s’y est mis. Bergan bien sûr, Drace, notre ami seeq, et puis… Lui, bien évidemment. J’ai tout donné, ce jour-là. Lorsque nous sommes sortis victorieux de cette bataille, j’ai su que j’avais la force d’affronter… beaucoup plus dur. Et j’ai cru comprendre que Yong allait laisser la place à un autre dragon, un de ces jours…
— Ce n’est pas vous qui l’affronterez, commenta le spectre en s’éloignant de quelques pas. C’est une équipe particulièrement… Enfin peu importe. J’ai la capacité de lire dans les pensées donc je connaissais déjà cette anecdote, mais j’ai apprécié vous l’entendre raconter de vive voix.
Sentia ressentit soudain une vive douleur émotionnelle maltraiter son cœur. Pourquoi n’était-ce plus possible de revivre de tels moments de camaraderie ? Pourquoi le groupe avait dû être dissous, et de la pire des manières ? Pourquoi n’était-Il pas plus affecté que cela par la perte de cette bonne entente, Lui qui avait été le trait d’union entre tous les membres de la bande ? En plus d’avoir jeté ses sentiments amoureux, Il semblait avoir perdu toute conscience amicale. Quant à elle, elle était condamnée à cette existence misérable dans laquelle Il l’avait enfermée pour toujours.
Nerveuse et exténuée, elle s’exclama :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:29:52

--- Chapitre 9 : La Figue et le Sycophante

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=lLKXAiGLarU : Game over – BrainDeZtruktor | Genre : Hardstyle
Lieu : Désert ouest / Faille centrale (Dalmasca)
Date : 28e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Shemhazai, apôtre du Sagittaire
---
— Après la tempête de neige, une tempête de sable ! Allons bon.
Après une nouvelle nuit passée aux bons soins de la viéra, la combattante de trente-deux ans progressait lentement dans une contrée désertique, loin vers le sud. Elle avait déjà choisi son arme pour le combat à suivre : ce serait l’épée à deux mains.
— Cette saleté de Dalmasca ne mérite pas mieux que ces fichus déserts pleins d’alraunes pourris et de loups enragés.
Obligée de fermer les yeux, elle avançait en se fiant à son instinct, à la sensation au bout de ses pieds, ainsi qu’au myste environnant.
— Et mince, il n’y a pas cette maudite gamine pour me guider…
Arrivée à la Faille centrale, elle releva la tête et s’arrêta un instant, créant une bulle d’air autour d’elle afin de mieux respirer.
— Bienvenue au Désert ouest, ma chère. Je t’attendais.
Sentia trembla. Qui venait de parler ? Elle pouvait parier qu’il ne s’agissait nullement de la jeune fille qu’elle connaissait. Qui d’autre ? La voix était féminine, et peu humaine. Elle décida de lancer un tourbillon d’air vers la source du son. Mais s’il s’agissait au final du petit fantôme ?
« Tant pis », se dit la jeune femme en lançant son sort, « elle me pardonnera. »
Le vent se fraya un chemin à travers le sable jusqu’à encadrer une créature droit devant elle, avant de se dissiper. Sentia n’avait pas eu le temps d’observer les détails, mais il s’agissait visiblement d’un nouvel éon, de taille beaucoup plus petite que les précédents, et dont les couleurs les plus perceptibles étaient le rouge et le vert foncé. Elle n’était pas sûre, mais le monstre avait peut-être le visage masqué.
— Je vois qu’on est curieuse ! fit la voix d’un ton que Sentia ne supportait déjà pas. Très bien, me voici.
Comme pour Mateus, les particules qui gênaient la vision s’envolèrent, et la brune put cette fois distinguer très clairement le masque qui recouvrait le visage de la belle parleuse. Son corps avait des traits de cheval, comme des sabots. Elle était également ailée et possédait de petits canons au niveau des épaules. Enfin, son corps de manière générale était jonché de motifs paranormaux qui lui donnaient la chair de poule.
— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ? l’interpella la créature. Je pensais que tu avais une amie du signe du Sagittaire ? Serait-elle plus belle que moi ?
— Shemhazai ! Je t’ai cherchée partout, s’exclama une voix familière. Voyons, ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à…
— Tut-tut-tut, l’arrêta tout de suite l’éon. Toi, la souillon de Gerun, tu rabats ton caquet et tu me laisses travailler.
La silhouette abattue du fantôme apparut alors derrière la femme-jument, et s’approcha de Sentia. Cette dernière décida de parcourir la distance qui la séparait de l’éon, et prépara son épée.
— Oho ! Crois-tu être supérieure au pouvoir des âmes, ma très chère ? C’est ce que nous verrons.
Et Shemhazai tira depuis ses mini-canons une salve de sorts dont émanait une lueur pourpre ou rose.
Ne réussissant pas à tous les éviter, Sentia s’en reçut certains en pleine tête, et fut aussitôt en proie à une vive douleur.
« Je ne dois pas abandonner », se dit-elle en dégainant son épée. « Je ne ressens pas un pouvoir aussi gigantesque que celui des précédents garnements. Je peux m’en sortir ! »
Et elle décocha les premiers coups à l’éon, a priori troublé.
— Continuez ! l’encouragea le spectre. Concentrez-vous ! Vous en manquez plusieurs.
— J’ai mal à la tête ! cria Sentia en faisant de son mieux pour atteindre sa cible.
Et en effet, malgré une douleur qui gangrénait ses nerfs et son moral, malgré l’épée qui atterrissait dans le vide certaines fois, ses attaques portaient globalement ses fruits. Shemhazai ripostait, sortant ses bras qui formaient une arbalète et décochant à son tour des carreaux qui atteignirent la combattante aux chevilles et aux épaules. Elle bougeait énormément en se battant – Sentia put se rendre compte, lorsqu’elle était tournée de l’autre côté, qu’un étrange récipient, comme un sablier décoratif, pendait de sa longue queue. Atteinte au point de mettre un genou à terre, la créature rassembla un champ de myste autour d’elle et murmura quelque chose d’inaudible.
— Attention ! prévint le fantôme. Cachez-vous !
La combattante obéit juste à temps, en allant se réfugier de l’autre côté de la faille. Derrière elle, Shemhazai sautait, raclait le sable de ses sabots, tournait en l’air, chargeait ses canons, et poursuivait ses incantations. Soudain, elle se tourna vers Sentia :
— Toi ! Tu as quelque chose sous ton habit.
— Je n’ai rien qui t’appartienne.
— TU MENS ! Montre-moi ce fruit défendu que tu caches depuis si longtemps…
— Je n’ai rien ! insista la jeune femme en joignant le geste à la parole et… en touchant un solide sphérique au niveau de ses côtes.
Elle en sortit un fruit violet, qu’elle porta aux lueurs du soleil pour être sûre qu’elle ne rêvait pas.
— Madame ! cria alors le spectre. Ne l’écoutez pas ! Et continuez à fuir !
Shemhazai lui envoya immédiatement un carreau d’arbalète qui la fit tomber sur le sable. La seconde d’après, au milieu de ses hurlements, la plus spectaculaire attaque magique à laquelle elle eût jamais assisté se produisit. Une masse noire, verte et violette décupla de volume en quelques secondes et explosa dans le désert, produisant un bruit sourd et faisant fuir les hibours et aigles plongeurs. Certains d’entre ceux-ci, touchés par le gigantesque sort, s’effondrèrent sans se relever.
— C’est le bombardement d’âmes, expliqua la jeune fille en redressant péniblement sa petite tête. Dès qu’elle le prépare, vous fuirez. C’est promis ?
Sentia ne pouvait pas distinguer ses yeux mais elle avait l’air anormalement sérieuse et émue. Shemhazai était-elle si dangereuse que cela ? Que se serait-il passé si elle avait subi ce déchaînement astral ? Et puis d’abord, comment cela se faisait-il qu’un éon fût doté de parole ? Mais avant qu’elle eût pu obtenir une quelconque réponse à ses questions, elle sentit une main humaine tapoter son épaule.
— Quoi encore ? dit-elle en se retournant, avant de s’immobiliser bouche bée.
— Bonjour, dit une nouvelle voix féminine.
Sentia recula de plusieurs pas et porta les mains à sa poitrine.
« Non. C’est… C’est impossible », se dit-elle. « Celle que je vois ne peut pas exister ! »
Et pourtant, une femme aux cheveux courts rouges comme la braise et rêches comme de la paille, de petite taille et à la jambe droite éclopée lui souriait.
— Courez ! répéta le fantôme avant de se recevoir un nouveau carreau.
Mais Sentia ne l’écoutait plus. Hébétée, elle entama sa marche vers la nouvelle venue, incrédule et émerveillée. Cette odeur… cette démarche… ces petits yeux qui ressemblaient tellement aux siens… et surtout, ce sourire…
— … Maman ?
— Mais oui, c’est moi, répondit la rousse.
Sentia tomba à ses pieds et éclata en sanglots.
— Il y a tellement de choses que je voulais te dire ! J’ai tellement souffert de ton absence ! Mais le plus important est : pourquoi m’as-tu abandonnée ? N’as-tu pas de cœur ? As-tu vraiment cru que j’allais pouvoir survivre sans toi ?
La rousse sourit et répondit :
— Pourquoi je t’ai abandonnée ? Mais c’est très simple. Je me suis aperçue – trop tard – que tu étais inutile. La preuve en est que tu n’as jamais été qu’un fardeau pour ton père. Un fardeau également pour ceux qui ont tenté de prendre soin de toi après lui, et pour l’Empire de manière générale. Regarde-toi ! tu es pathétique. Je n’ai pas enfanté d’une telle honte pour la voir finir dans les larmes.
Et là-dessus, elle dégaina une épée que Sentia connaissait très bien.
— Voyons ce que tu vaux au combat !
Face à l’épée d’émeraude, Sentia dégaina le sabre qui représentait le titre qu’elle avait tant chéri.
— Mais je ne peux…
Sans transition, la rousse l’attaqua. La lame de l’épée la blessa à l’épaule gauche, et s’apprêtait à frapper de nouveau. Comment faire ? Pouvait-on combattre ses propres parents ? A quoi cela rimait-il ?
— Pourquoi ?
Malheureusement, la boiteuse semblait très loin de toute volonté de répondre. Sérieuse dans sa démarche, elle jetait ses forces dans la bataille et son second coup promettait d’être dévastateur. La brune ravala ses larmes et se mit en position de défense.
Fer contre fer, mère et fille se livraient un combat qui devint sans merci, Sentia tentant de trouver un point faible à la technique minutieuse de sa génitrice, et celle-ci exécutant des assauts francs et précis. La brune se retrouva rapidement en position de difficulté : jamais de sa vie elle n’avait eu affaire à bretteur si doué, si agile, et si déterminé. Il s’agissait là sans hésitation du niveau de Drace : le sommet de l’escrime d’Ivalice. Elle parait tant bien que mal, ne positionnant pas son sabre de la meilleure manière à chaque fois, et ses pieds, devant tant d’acharnement, ne pouvaient que reculer. La rousse ne lâchait pas son sourire narquois ni son expression maligne tandis qu’elle enchaînait les combinaisons.
En même temps que la brune se concentrait pour au moins cesser de reculer, une question la taraudait : comment diable était-il possible de faire autant avec une simple épée à une main ? Sa mère attaquait, parait, et se déplaçait avec une fluidité inégalée à l’aide d’une arme certes mythique, mais qui n’était pas faite pour ces effets. Sentia l’avait utilisée maintes fois depuis qu’elle l’avait ramenée de la Vieille Archadès, et jamais elle n’avait réussi à se mouvoir avec autant de classe et autant de facilité, en la tenant dans sa main.
— Allez-y ! fit la voix de la fillette au-dessus d’elles. Il ne faut pas réfléchir !
« Facile à dire », pensa Sentia, « tu es la fille de dieux ! »
Perdant définitivement l’avantage, elle recula une dernière fois avant d’être désarmée par surprise.
— Alors ? dit la rousse en plaçant sa main libre sur son côté. On a perdu sa grosse épée impériale ? On a oublié du coup comment se battre ?
Sentia n’aimait pas du tout le ton qu’elle prenait, mais sa gorge était toujours nouée par l’émotion et elle n’osait pas, et surtout ne pouvait pas contre-attaquer. Elle s’apprêta à lancer un sort lorsque la voix du spectre s’éleva à nouveau :
— Surtout pas ! Vous allez finir cramée !
Elle avait raison. D’après la vieille Bérale, sa mère était la plus grande mage noire de tous les temps – encore davantage qu’elle-même. Il ne valait mieux pas la provoquer sur ce terrain-là. Mais que faire ? Sentia ne pouvait attaquer ni physiquement, ni magiquement, ni faire usage de techniques ou d’objets offensifs. Avait-elle perdu ? Elle observa alors Shemhazai qui, abritée derrière la faille, se délectait du spectacle. Que signifiait tout cela ?
— Elle vous manipule ! hurla le fantôme avant de subir deux carreaux consécutifs du Sagittaire.
Manipule ? Comment était-ce possible ? C’était bien sa mère qu’elle avait devant elle, il n’y avait pas de doute possible… Mais elle était morte ! Quand bien même, elle avait tellement besoin d’elle… Elle devait être vivante… Son mal de tête s’intensifia et elle se mit à trembler.
— Oui ! s’écriait sa mère. C’est cela ! Tremble ! Frémis à mes pieds comme la misérable gueuse que tu es.
Sentia se pinça les lèvres pour ne pas pleurer. Ses yeux parcoururent rapidement la scène. Il y avait encore un espoir de s’en sortir… Pour cela, il fallait simplement que le climat fût de son côté. Elle s’aperçut avec enchantement qu’une bourrasque de sable s’approchait depuis le sud. Dès qu’elle fut à son niveau, elle s’y jeta et récupéra son arme au sol, avant de foncer sur la rousse abasourdie. Cette dernière détecta sa présence, mais pas assez vite pour éviter le coup de sabre que sa fille avait préparé depuis la tornade sableuse, et qui trancha son corps en deux.
Sans attendre, la combattante se rua vers Shemhazai, qui s’était mise à vaciller. En quelques coups d’épée, l’éon tomba, murmurant :
« Comment tu as osé !... Fille indigne ! » avant d’expirer.
Sans enthousiasme, Sentia récupéra le médaillon du Sagittaire et le plaça autour de son cou avec les autres. Puis elle retourna de l’autre côté de la faille, là où le faux corps de Sophia Larse avait brièvement figuré.
— Ma mère n’a pas eu la vie tendre, et je n’ai sans doute jamais été un ange pour quiconque, mais elle ne m’aurait jamais parlé sur de cette manière. Je sais au fond de moi que ma naissance a été pour elle sa plus grande réussite… certainement pas un échec.
— Pourquoi l’épée ? A mains nues, vous l’auriez vaincue en un instant ! questionnait la jeune fille en s’approchant.
Sans répondre, Sentia tomba à genoux, et sentit les larmes l’envahir sans prévenir :
— Il n’empêche que… Elle est morte deux fois… Je l’ai tuée deux fois !
L’ayant rejointe, le fantôme tendit un bras vers ses épaules et baissa la tête.
— Au moins, maintenant, vous savez ce que cela fait, déclara-t-elle doucement.
La jeune femme leva son regard brouillé vers le ciel et cria :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:30:49

--- Chapitre 10 : L’Ephémère contre l’Intemporel

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=RzWjSWCTc_s : Let the wind blow – LEDApple | Genre : K-Pop
Lieu : Plateaux de Cérobi / Plateau nord (Archadia)
Date : 29e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Chaos, apôtre du Taureau
---
— Nous nous approchons de la fin, annonça la fille-fantôme en tourbillonnant dans les airs.
— Vraiment ? Dis-moi que les derniers sur la liste sont les plus aisés à combattre.
— C’est-à-dire que… vous vous doutez bien que c’est l’inverse.
Les deux compagnes marchaient le long de plateaux venteux, où des moulins imposants se hissaient. Le soleil perçait à travers de gros nuages gris, que des charybdis enthousiastes tentaient d’atteindre. Derrière une colline, un dragon blindé dormait calmement au milieu des bruyants loups gris.
— Je suis vraiment heureuse que vous ayez vaincu Shemhazai. Elle vous sera très utile à partir de maintenant.
— Je n’ai absolument aucune envie de reparler à cette jument déraillée, déclara Sentia d’un ton sec.
Elles poursuivirent leur marche jusqu’à l’extrême nord-est.
— C’est ici, dit le fantôme en redescendant au niveau du sol. Ceci dit, j’espère pour vous qu’il n’apparaîtra pas…
— Vous vous donnez rendez-vous dans votre monde avant de vous rendre en Ivalice, ou c’est comment ?
— J’espère vraiment que vous ne le trouverez pas… répéta la fillette en frémissant.
Mais c’était peine perdue. Déjà, un grondement phénoménal, venant de l’autre côté des moulins, bouleversait le paysage déjà sombre.
— Bon, quelle arme vais-je choisir… se dit la jeune femme en fouillant dans ses affaires.
Mais bien que toutes ses armes fussent présentes, aucune ne parvenait à atteindre ses mains.
— Qu’est-ce qui se passe ?
Sentia ouvrait ses mains, fermait ses mains à l’endroit où le manche de la dague se trouvait, mais la préhension de celui-ci ne se réalisait pas. Sentia fermait ses mains continuellement dans le vide. Elle réessaya avec un katana et obtint le même résultat.
— Je ne peux pas… Je ne peux pas attaquer ?
La fillette prit une grande inspiration avant de détaler très haut :
— Vous êtes sur le Plateau nord de Cérobi et vous êtes face au grand Chaos. Bonne chance.
— Eh ! Attends ! Où vas-tu ?
Mais elle ne répondit pas et alla se réfugier sur le toit du moulin central.
Pétrifiée de peur, Sentia se tourna vers la nouvelle créature qu’elle devait affronter. Le myste qui s’en dégageait était vaguement familier, mais il s’agissait bien d’une créature maléfique. En s’avançant, elle reconnut les cornes du Taureau, le signe de Zecht. Zecht, qui avait été bien silencieux pendant tout cela, se contentant de reprendre la tête de l’Ordre des Juges comme le lui avait commandé l’Empereur.
Elle se concentra de nouveau sur son adversaire et vit qu’il était moins grand que la taille totale le laissait entrevoir : il était assis sur une énorme stèle dorée aux motifs orangés, et ses bras, détachés du reste de son corps, semblaient être liés à des sortes d’échasses qui avaient plutôt l’air d’épées.
— Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
Elle n’eut pas le temps de songer à une réponse : Chaos lui lança une tornade en pleine face dès qu’elle fut à sa portée. Machinalement, elle se protégea en lançant son propre sort d’air, mais elle se rendit bien vite compte que cela n’allait pas l’aider à gagner : l’éon absorba l’intégralité de sa bourrasque.
Alors quoi ? Impossible d’attaquer, impossible de se défendre avec le même élément…
— Prends ça !
Elle lança un sort de feu aussi puissant que son état le permettait, mais Chaos ne subit absolument aucun dommage.
« C’est pareil pour les autres éléments, je suppose… » pensa-t-elle.
Non ! Pas tous. En tant que créature d’air, Chaos devait être vulnérable à la terre. Mais les sorts de terre étant ce qu’ils étaient, Sentia n’arriverait jamais à rien en suivant cette piste. Et pourtant, le monstre repartait déjà à l’attaque, envoyant des sorts de plus en plus puissants dans sa direction à mesure qu’elle réfléchissait. Elle ne put qu’éviter en volant au-dessus de l’ouragan, c’est-à-dire utiliser une autre aptitude aérienne, qui soignait son ennemi au lieu de faire des dégâts.
Restant dans les airs un instant pour se protéger, elle se rendit compte avec effroi que deux autres épées entouraient le corps de Chaos, lorsque ce dernier se retourna. Comme s’il lisait dans ses pensées, l’éon envoya immédiatement l’une d’entre elles dans les airs et la jeune femme, incapable de parer avec la moindre arme, ne put que redescendre sur la terre ferme pour l’esquiver.
Chaos se mit alors à enchaîner les sorts, et Sentia entama sa course. Détalant de toutes ses forces, elle esquivait assaut après l’autre, son trajet formant un cercle autour de l’éon.
« Je ne peux pas continuer ainsi ! » se dit-elle avec colère. « Il va m’épuiser avant même d’avoir subi le moindre dégât… »
Désespérée, elle leva sa tête vers le moulin central. La jeune fille y était toujours cachée, mais lui faisait des signes de ses bras. Comme si elle mettait les paumes à plat sur… la terre.
La terre ?
— Je n’y arriverai jamais ! s’écria Sentia, la gorge nouée.
Mais le fantôme hocha plusieurs fois la tête avant de disparaître derrière une sorte de clocher. Cependant, au moment où elle voulut se retourner vers son adversaire, elle se rendit compte que ce dernier était déjà présent à ses côtés, deux épées sur quatre pointées sur elle, et une nouvelle bourrasque prête à l’asphyxier. Sentia hurla mais c’était trop tard. Son corps était pris dans la tornade, un vertige la prenait peu à peu, et ses bras, se prenant des coups d’épée aléatoires, lui faisaient extrêmement mal.
La combattante n’avait plus le choix : elle devait se débrouiller pour lancer ces maudits sorts de terre. Il y avait bien la magie noire non-élémentaire, mais elle nécessitait une quantité d’énergie qu’elle n’avait pas eue depuis quatre ans. Sentia canalisa ses forces. Elle sentait que le sort dont elle avait besoin ne nécessitait pas beaucoup d’énergie magique. Elle le savait ; il était là, au bout de ses doigts…
— Ah !
Elle se retrouva face contre terre avant de s’en rendre compte. Frustrée et désemparée, ses doigts se replièrent sur le sol sur lequel elle gisait. Sentant la lame de l’une des épées de Chaos proche de sa tête, elle ferma les yeux et sentit le chagrin l’envahir. Puisque c’était la fin… Il n’y avait plus qu’à s’enterrer. Elle continua à gratter la terre, creusant et creusant jusqu’à avoir assez de glaise pour recouvrir ses bras, ses jambes, son visage…
Pendant ce temps, l’épée était immobile. Bien que très proche de la jeune femme, elle ne planait plus vers elle. Au loin, l’éon lévitait sur place, et avait cessé tout geste offensif. Ayant étalé de la terre sur toute sa peau, Sentia en jeta une motte sur l’épée, qui recula aussitôt. Reprenant confiance en elle, la combattante se leva et étira ses bras à l’horizontale. Sans utiliser de magie d’air, elle sauta, de plus en plus haut, et réalisa qu’un tas de terre se créait sous ses pieds à chacun de ses mouvements. Elle atterrit donc sur celui-ci, et tendit ses bras vers Chaos. Mû comme une traînée de boue, le sol se détacha partiellement et fut propulsé dans la même direction. La créature tomba immédiatement de sa stèle dorée.
Encouragée par ces résultats, Sentia rassembla son énergie magique et s’appliqua à jeter le plus possible de terre sur le monstre, par la force de son nouveau sort et celle de ses mains. Chaos se protégeait, barrant la route aux projectiles indésirables à l’aide de ses énormes bras, mais les dégâts étaient réels. Son adversaire poursuivait ses assauts, encore et encore, jusqu’à se fatiguer et prendre le temps de reprendre son souffle.
« Si seulement j’avais plus de puissance… Maintenant que j’y arrive, il me faudrait un sort de plus grande envergure mais c’est impossible ! »
Impossible ?
L’apôtre du Taureau profita de ce moment de répit pour contre-attaquer avec un sort d’air cubique. La guerrière l’esquiva en translatant sa position, et voulut lancer à son tour une magie, lorsque l’impossible se produisit.
— Génial ! hurla la voix de la jeune fille depuis les hauteurs.
Le sol, sous la stèle vacillante sur laquelle Chaos s’était redressé, s’était mis à trembler.
« Alors comme ça, si je bouge en même temps, ça crée un tremblement de terre ? Il fallait le dire plus tôt ! » se dit Sentia, regagnée par la motivation.
Elle se mit à courir, sauter, et se mouvoir le plus rapidement possible, évitant les irrégularités du plateau et passant sous les arbres. Ce faisant – ce qui n’était pas chose aisée – elle tentait de fermer les yeux et concentrer son énergie magique sur la terre qui l’entourait. Le sol tremblait sous ses pas, mais au moins, Chaos subissait des dommages. Sa course formait le même cercle que précédemment, mais cette fois-ci, c’était elle qui attaquait. L’éon manquait de s’effondrer sous terre, mais se relevait à chaque fois et la poursuivait tant bien que mal. Soudain, la jeune femme aperçut deux petits monticules, l’un plus bas que l’autre, et grimpa sur l’un, puis sur l’autre, avant de déclarer d’une voix forte :
— Par la force de Mitron et le soutien de Fandaniel, je te châtie ici-même, et offre à tes actions un arrêt définitif.
Elle effectua plusieurs mouvements de bras, puis les joignit droit devant elle en écartant ses mains.
— Cataclysme !
Le cercle qu’elle avait formé se matérialisa en fusion d’impulsion de myste, celui-ci se propageant depuis le périmètre jusqu’au centre du disque avant d’exploser, la terre tremblant de plus belle.
Sentia resta concentrée, transférant l’intégralité de sa magie dans sa fusion, des gouttes de sueur descendant le long de ses tempes.
— Courage ! Et toi, Chaos, fais attention ! cria le fantôme, à peine audible.
Mais l’éon avait perdu la bataille. Péniblement, il se raccrochait à des mottes de terre pour ne pas sombrer, mais celles-ci se secouaient et éclataient aussitôt. Peu à peu, Sentia ne lâchant rien, le sort s’étendit à l’intégralité du Plateau nord, et ce qui avait été un léger tremblement se mua en un effroyable séisme. Les loups tombaient comme des insectes, le dragon blindé était visiblement blessé, et les volatiles fuyaient dans tous les sens en émettant des sons désespérés.
Enfin, le sol cessa de trembler et la combattante redescendit à son niveau. La topographie du Plateau nord avait été irrémédiablement modifiée : ici et là, les monticules avaient changé de place, la végétation était sens dessus dessous, et surtout, un pan entier de la carte s’était élevé, créant un nouveau relief sur lequel Sentia vint se percher pour contempler le paysage. Seuls les moulins semblaient avoir été épargnés.
— Oh non !
Chaos, vidé de son énergie vitale, sombrait dans la roche au centre de la zone. La guerrière courut vers lui, et arriva au moment exact où il fut transformé en médaillon. Ce dernier étant entièrement enterré, Sentia ne put que tirer sur le fil qui le retenait, et qui était sur le point de disparaître.
— Je savais que vous en étiez capable.
La jeune fille apparut à son côté, tandis qu’elle levait le symbole du Taureau et l’observait à la lumière du soleil, qui était revenu. Capable, peut-être, mais cela ne changeait rien à son souhait…
— Je veux mourir.

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:31:45

--- Chapitre 11 : Le manifeste du « Je reste » du Juge Céleste

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=BdWhmnxWgp0 : Dreamcraft – Exlibris | Genre : Power Metal
Lieu : Plaines d’Ozmone / Pré de Dagan (Bancour)
Date : 30e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Exodus, apôtre de la Balance
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Le menton haut, la guerrière arriva sur le champ de bataille.
Comme à Cérobi, des étendues plus moins couvertes de végétation l’attendaient. Un vieux vaisseau s’étant écrasé sur la zone centrale, des débris aériens décoraient çà et là le terrain. Vers l’est, Sentia reconnut des sentiers pour chocobos, plusieurs espèces de ces derniers étant réunies à proximité. Des lapins typiques d’Ozmone sautillaient lorsqu’elle s’en approchait de son pas décidé, tandis que des wouhs battaient des ailes inlassablement sans oser poser une patte sur elle.
— Bonjour Madame, dit la fille-fantôme en apparaissant au détour d’un talus.
— J’ai failli attendre.
— Vous voyez tout l’espace ic…
— Où est-il ?
— Oh, fit la jeune fille en baissant la tête. Vous savez donc de qui il s’agit…
— Ne me prends pas pour une idiote. Où. Est. Il.
Sentia fulminait, de l’électricité brûlant au bout de ses doigts.
— Doucement… Exodus est mon ami le plus âgé et il ne supporterait pas que…
— Peu importe. Je sens sa présence et je dois le battre.
Le spectre soupira.
En effet, au centre du Pré de Dagan dans lequel les compagnes cheminaient, un être singulier les attendait. Se tenant tout droit sur une plate-forme surplombée d’une gigantesque balance, ce qui ressemblait à un vieil homme austère tenait un manche d’épée richement décoré, qui servait de fléau à la balance. Les couleurs qui se dégageaient de l’éon, comme la stèle de Chaos, étaient le doré et l’orangé. De plus, Exodus était revêtu d’un habit violet terminé par une longue cape, de laquelle sortaient une demi-douzaine de piques. Enfin, de lui émanait une étrange lumière bleutée.
« J’y arriverai », se promit la guerrière en l’observant attentivement. « S’il y en a un que je dois battre sans rien laisser passer, c’est lui. »
Le vieil éon et la jeune humaine échangèrent un regard empreint de rivalité avant de se mettre en position de combat. Exodus engagea les hostilités avec une attaque physique, que Sentia para avec son épée à deux mains. Mais la puissance apportée au coup n’était pas évidente à contenir, et elle dut se décaler au dernier moment.
— Faites très attention et regardez toujours au-dessus de vous ! recommanda le fantôme, sans s’éloigner comme elle l’avait fait pour Chaos.
— Merci, l’amie !
Sentia avait du mal à esquiver les diverses attaques physiques que l’apôtre de la Balance lançait sur elle, alors elle demanda :
— Tu crois que je peux voler ?
— La magie d’air – comme les autres – ne lui fera pas grand-chose, mais au moins elle ne le soignera pas. Vous feriez donc mieux de voler, oui !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Cependant, peu habituée à voler ces quatre dernières années, la combattante ne parvint pas à se mouvoir aussi rapidement qu’elle l’aurait souhaité. Elle réussit cependant à éviter la plupart des assauts d’Exodus, et à parer le reste.
Balance ! Balance ! Balance ! Pourquoi ce signe existait-il ? Pourquoi celui qui avait prêté serment devant l’Empereur et le Ministère de la Justice avait-Il laissé tomber ses valeurs ? Ou alors peut-être l’abandonner faisait-il partie de ses valeurs ? La laisser arpenter un sentier semé d’embûches, souffrir mille morts et en ressortir aussi vive qu’un brasier, faisait-il partie de ses plans ? « Je refuse ! » cria-t-elle intérieurement. Elle allait détruire ces valeurs et contrecarrer ces plans. Oui, elle allait tout détruire : rien n’allait plus exister que sa volonté à elle.
— Détruire, détruire, détruire !
Elle accompagnait chaque cri d’un coup d’épée qui faisait chanceler l’éon.
— Continuez ! Et toi, Exodus, tiens bon ! fit le fantôme en volant aussi près que possible de la scène.
Sentia serra les dents. Toujours à encourager ses « amis », fussent-ils du signe le plus lâche…
— Attention ! Magie ! avertit la jeune fille en s’éloignant.
Mais il était trop tard. Perdue dans ses pensées, Sentia n’avait pas vu la terrible combustion qui précédait le sort Fournaise arriver. Ce dernier détona à sa position exacte et lui causa immédiatement de douloureuses brûlures qui ravivaient ses blessures qu’elle avait crues oubliées. Elle posa un genou à terre et Exodus en profita pour lancer une attaque physique, que la guerrière évita en roulant sur elle-même et en contre-attaquant à l’épée dans la foulée.
— B… bien joué ! commenta le fantôme.
— Cette saleté de Fournaise est censée être ma spécialité, grommela Sentia en époussetant ses genoux.
Tout près d’elle, l’éon débordait de colère, promettant une riposte sans précédent. Il se releva à son tour, et parut changer de stratégie. Sentia remarqua alors qu’au-dessus de chaque plateau de la balance lévitait une sorte de bassine à anneaux, dans laquelle était fixé une étrange roche. Ces roches se mirent à tourner de plus en plus vite, leur couleur virant à celle des flammes alors qu’il préparait un nouveau sort. La jeune femme courut juste assez loin pour éviter un redoutable Ravage, qui calcina la moindre touffe d’herbe sur son passage.
— Continuez comme ça ! l’encouragea la jeune fille.
Elle se souvint alors de ses mots, un peu plus tôt. Faire attention à ce qu’il y avait au-dessus. Mais pourquoi ? Elle obéit, par curiosité, et poussa un cri de surprise en constatant que de nombreuses autres roches incandescentes étaient rassemblées, plusieurs mètres au-dessus du terrain de combat, et se tenaient prêtes à tomber. Sentia avala sa salive et décida de franchir la distance qui la séparait d’Exodus, épée en avant. Son arme atteignit sa cible avec succès… mais la créature ne subit aucun dégât additionnel.
— Il est devenu invulnérable aux attaques physiques, expliqua la fille-fantôme en s’éloignant des roches. Et comme vous pouvez le voir, son élément est le Météore. Il a développé cette capacité en espérant que le monde soit réduit à néant, après nous avoir tous oubliés. Le néant l’a toujours fasciné, maintenant que j’y pense. Il nous racontait souvent des histoires là-dessus…
Ses mots furent interrompus par la pluie de roches qui s’abattit sur la scène. Les deux compagnes les évitèrent tant bien que mal, courant et volant entre les météores, déviant leurs trajectoires d’un coup d’épée ou utilisant le pouvoir de la transparence.
— Il faut l’achever ! parvint à articuler la jeune fille. Vous avez Fission ?
— J’ai tout ! répondit Sentia en s’écartant d’un gros bloc enflammé planant vers elle.
« Je n’arriverai jamais à lancer Ravage avec toutes ces blessures, mais elle a raison : Fission fera l’affaire », pensa-t-elle.
Elle considéra ensuite le champ complètement envahi par les astres miniatures d’Exodus et se mordit la lèvre : « Si j’y arrive… »
Mais pourquoi hésiter ? Pourquoi s’arrêter alors que l’adversaire était là, à sa portée, et qu’il était du même signe que celui qui l’avait trahie ? Pourquoi d’ailleurs focaliser sur cette histoire de signe alors que ce monstre en souffrance n’avait rien à voir avec l’homme au plan odieux qui l’avait mise à terre durant quatre ans ? Battre Exodus allait-il annuler son mariage et faire revenir Ses sentiments ? Bien sûr que non. Mais au moins, cela allait éteindre la rage extrême dont elle faisait preuve en cet instant. Il fallait en finir avec ce vieillard. Pourquoi ne serait-ce pas possible ? Parce que le pré était recouvert de roches volantes ? Et alors ?
— Toi, tu disparais, et moi… Je reste ! Voilà ce que j’en fais, de tes météores !
Et alors, ce fut l’exploit.
Sentia récupéra une trombe d’air à ses pieds et s’en servit pour se propulser avec une puissance inouïe. A la fois motivée et concentrée, elle enjambait littéralement l’espace protecteur de l’éon en s’aidant des météores, pas après pas. Loin de lui causer des dégâts, ces derniers, tombant toujours en nombre, étaient saisis en plein vol et servaient de tremplin à ses pieds. Ne sentant ni la chaleur ni les coups, elle poursuivit son trajet inébranlablement, énergiquement, avant d’arriver pour de bon devant sa cible. Au moment où elle atterrit, le sort fut lancé et explosa précisément sur la balance. Celle-ci pencha d’un côté, entraînant le corps d’Exodus, tandis que les météores au-dessus des plateaux s’éteignaient lentement.
Petit à petit, le myste qui entourait le plus ancien des éons se dissipa, et Exodus disparut.
— Je n’ai pas envie de le garder, dit la guerrière en contemplant le médaillon de la Balance.
— Gardez-le, conseilla le fantôme. Il vous servira loyalement.
Puis, après une pause :
— Je n’avais encore jamais imaginé quelqu’un battre Exodus de cette façon. C’était magistral !
Sentia voulut sourire, mais n’y arrivait pas.
Elle avait réalisé l’impossible – battre des créatures de légende, et la plus ancienne en particulier. Elle avait déchaîné sa rage et exprimé sa passion. Mais au final, dans quel but ? Qu’est-ce que cela allait lui apporter ? Avoir une décoration de plus autour du cou ? Pouvoir invoquer un allié de poids avec qui elle n’avait nullement envie de collaborer ? Elle n’avait pas même la moindre curiosité de collaborer avec la jeune étourdie des dieux. Alors quoi ? Allait-elle combattre seule pour le restant de ses jours ? L’épreuve qui lui avait été imposée allait-elle avoir raison de son affabilité et de son penchant pour le travail d’équipe ? Mais même si elle retrouvait goût à tout cela… Qui voudrait guerroyer à ses côtés ? Cela faisait bien longtemps que plus personne n’entendait parler de la grande Larse à la tête de régiments entiers ; Il l’avait parfaitement fait disparaître de l’espace public. Et ceux qui la voyaient dans cet état n’aimeraient sans doute pas serrer un seul doigt de sa main…
— Vous allez bien ? s’inquiéta le spectre en s’approchant d’elle.
Mais la jeune femme ne put que lever vers elle son regard larmoyant et s’écrier :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:32:36

--- Chapitre 12 : La trêve blanche du Grand Séraphin

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=3oP8wOi0ZZI : Memories Fall – Dark Sarah ft. Manuela Kraller | Genre : Métal symphonique
Lieu : Jardins Chatoyants de Nabreus / Promontoire de l’éternité (Nabradia)
Date : 31e jour du mois du Scorpion, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Ultima, apôtre de la Vierge
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— Nous y sommes… Madame.
Sentia releva la tête, ses yeux rencontrant les rayons délicats du soleil printanier. Ces mêmes rayons illuminaient l’étendue verte incommensurable dans laquelle elles se trouvaient. Des arbres, des parcs, des fleurs se déroulaient à perte de vue, tous plus éclatants les uns que les autres. A certains endroits, des étangs avaient été aménagés, et une paisible rivière traversait le tout.
— Les Jardins Chatoyants de Nabreus.
Etrangement, pas une seule âme autre qu’elles-mêmes ne se promenait dans les lieux. Personne n’avait eu donc l’idée de prendre l’air ou se dégourdir les jambes ce jour-là ? Zecht, lui, adorait cette idée, et s’y attachait chaque fois que ses affaires l’amenaient à Nabradia, se déguisant du mieux qu’il pouvait pour ne pas être reconnu. Mais à cet instant, il ne s’agissait pas de Zecht.
Ephédrine Muréna.
Cette mage blanche folle qui avait eu l’idée de partir à vingt-sept ans. Quitter sa famille, quitter Zecht, et quitter son mari – qu’elle lui avait légué bien généreusement. Sentia avait cru qu’elle-même mourrait une année plus tard, puis une autre, et ainsi de suite jusqu’à avoir survécu quatre ans après ce mariage de malheur. Ephédrine n’avait pas été si patiente. Les choses de l’au-delà l’avaient appelée à un moment précis, et elle s’en était allée. Sentia n’avait jamais cru qu’elle lui manquerait, ou qu’elle aurait laissé un souvenir si présent dans son cœur. La vie offrait de bien étranges surprises.
— Je… Je dois vous annoncer que vous ne sortirez pas vainqueur de ce dernier combat.
La jeune femme s’arrêta net et considéra sa compagne, les mains sur les hanches.
— J’aimerais avoir le choix, tu sais ! Il ne manque plus que celui-là, et ensuite tes amis les dieux me donneront ce que j’ai demandé, n’est-ce pas ?
— Je suis sérieuse, dit l’autre en baissant la tête. Je suis celle qui connaît le mieux Ultima et je sais très bien que c’est impossible.
— Ultima, tu dis ?
— Oui. Elle et moi sommes amies depuis… très longtemps. Je suis beaucoup plus proche d’elle que des autres. Et pourtant… Elle a beaucoup changé. Nous avons des objectifs communs, mais elle a choisi des méthodes radicales pour arriver à ses fins, mobilisant tous les autres éons. Encore plus qu’eux, elle n’est pas ressortie indemne de la Guerre de Mille Ans ; c’est pourquoi Gerun et sa bande l’ont envoyée ici.
— Je ne comprends pas ce que tu dis, mais je ne vois ni de Prima ni d’Ultima, ici. Avançons.
La fille-fantôme la suivit à travers un chemin isolé, virage vers un carré de verdure au fond duquel une haute et volumineuse statue abritait, au-dessus de quelques marches, une double porte solidement fermée.
— Il y a quelque chose, là-dedans ? demanda Sentia.
— Oui, mais nous n’en avons pas besoin. Regardez plutôt…
La combattante leva la tête, une fois encore, vers le soleil, et s’aperçut que celui-ci était sur le point de se coucher. N’était-ce pas pourtant le début de la journée ? A moins que…
— Je suis désolée, Ultima, dit la jeune fille d’un ton sinistre.
Depuis le ciel, ce qu’elle croyait être les rayons dorés du crépuscule se métamorphosèrent en une littérale chute lumineuse, au centre de laquelle se tenait une sorte de cocon précieux qui tournait sur lui-même. Peu à peu, le cocon s’ouvrit, et trois paires de sublimes ailes d’or s’étendirent de part et d’autre d’un être dont elle ne distinguait pas encore les détails, mais qui scintillait de mille feux. Lentement, les miroitements se dissipèrent, révélant une majestueuse robe blanche pudiquement retenue par deux bras verts féminins. Sentia baissa les yeux et remarqua que la dernière des créatures divines se tenait sur une plate-forme qui avait l’air d’un bel ouvrage d’ébénisterie, terminé par une hélice. Enfin, elle releva son regard et croisa celui d’Ultima, à la tête aux longs cheveux et aux traits fins, surmontée d’une haute coiffe décorée d’ailettes blanches. Trois chaînettes embellissaient son front.
— Alors c’est elle… Ultima ? fit Sentia interloquée.
La jeune fille s’interposa entre les futures adversaires et prit la parole :
— Ultima – tu n’as pas à t’en vouloir. Ce qui est arrivé est le passé. Nous sommes là pour t’aider à récupérer et aller de l’avant.
Mais l’éon ne semblait pas préoccupé par ces mots et continuait à toiser l’humaine de son regard sévère. C’est alors que Sentia perçut un bruit, un bruit sourd qui venait du mécanisme sur lequel était posée Ultima, comme si quelque chose était coincé.
— Bien vu, Madame, dit soudain la jeune fille. Son hélice est bloquée. Veux-tu que l’on t’aide, Ultima ?
Mais l’éon ouvrit des yeux résolus et déploya ses ailes. La fillette se réfugia derrière le promontoire tandis que Sentia sortit ses deux katanas. Tout de suite, Ultima se mit à attaquer, à l’aide de sa plate-forme très résistante qui lévitait au-dessus du sol. Le matériau était si dur, et Ultima si puissante, que la jeune femme ne put éviter les dégâts. Fort heureusement, ces derniers n’étaient pas très élevés, mais sa condition physique ayant atteint ses limites, Sentia sentait bien que sa résistance n’allait pas faire long feu.
Soudain, la créature cessa ses attaques physiques, se plaça au centre de la zone, ferma les yeux et lança un sort que la combattante n’avait nullement vu arriver. Ce sort, lui, lui causa des dommages qu’elle ressentait jusque dans ses os – probablement des dégâts de lumière vu qu’elle avait juste eu le temps de voir un rayon blanc traverser son corps de part en part. La douleur était énorme, la situation insupportable. Comment pouvait-elle placer la moindre attaque dans ces conditions ?
Mais déjà, Ultima reprenait ses coups continus, décidée à ne pas lui laisser le moindre répit. Honteuse et dépitée, Sentia fuit derrière le promontoire :
— Tu avais raison, dit-elle en pleurant. Je n’arriverai pas à la battre.
— Vous n’arriverez pas à l’achever mais vous pouvez lui causer des dégâts. Vous en êtes capable !
Le spectre vola à son côté et poursuivit :
— Vous n’avez pas battu autant d’éons, et de manière générale surmonté autant d’épreuves, pour échouer ici. Je vous en prie, Madame, ressaisissez-vous… Donnez-lui au moins un coup – juste un seul.
Et elle porta aussitôt ses mains à son visage, incapable de voir ce qui allait suivre.
« Juste un seul. »
Elle sentait déjà le souffle rauque d’Ultima derrière elle, prêt à la mettre en pièces. Sentia prit à son tour une longue inspiration et se décida à courir. Fuyant à nouveau le mécanisme redoutable de son adversaire, la combattante se plaça à l’autre extrémité de la zone et attendit que l’éon la rattrapât, sabres en mains. Les deux coups entrèrent en collision, dans un éclat qui produisit des étincelles. Ultima ne lâchait rien ; elle poussait et poussait, jusqu’à ce que la jeune femme lâchât prise. Mais celle-ci revint à la charge aussitôt : utilisant le peu de magie qui lui restait, elle s’éleva au-dessus du sol et croisa le fer directement sur le corps de l’éon, qui recula.
« Juste un autre. »
Elle ajouta un coup et encore un autre. Le fantôme avait raison : Ultima perdait manifestement de l’énergie vitale, la toucher n’était pas impossible. Néanmoins, l’éon poursuivait ses attaques, et relançait même le sort imprévisible. Serrant les dents, noyée dans la douleur – à laquelle elle réalisa s’être habituée –, Sentia continuait à user de ses katanas sans ralentir la cadence, avant qu’enfin elle fût propulsée à quelques mètres.
Que se passait-il ? Comme pour Chaos, il était désormais impossible d’attaquer physiquement. Qu’à cela ne tînt ! La mage noire prépara ses meilleurs sorts de glace, de foudre et de feu, et attendit avec impatience le résultat.
— … Oui !
A son grand soulagement, les magies avaient bel et bien atteint leur cible. Ultima tanguait sur sa plate-forme, incapable de riposter. Sentia en profita pour épuiser toute sa magie, lançant sort sur sort et s’attendant à voir l’éon tomber d’un instant à l’autre. Mais lorsqu’elle eut fini, elle s’aperçut avec horreur qu’Ultima ne tombait pas. Ultima était consciente. Ultima était en colère.
Sans transition, l’apôtre de la Vierge lança un cri qui maltraita ses tympans. Effrayée, la jeune femme courut se réfugier une nouvelle fois auprès de sa compagne, prostrée contre la pierre du promontoire et silencieuse. Elle s’accroupit à côté d’elle, attendant que la furie de l’éon fût passée, et constata que chez l’être de lumière se distinguaient des mouvements de respiration, et même une odeur. Etait-elle vivante, après tout ? Sentia avait toujours cru que les fantômes étaient des morts réincarnés.
— Vous avez bien fait de venir, dit-elle enfin.
Sentia continua à l’observer quelques secondes avant de se lever à demi pour observer les alentours.
— Vous n’auriez pas survécu à Luminescence, ajouta la fillette d’une voix blanche.
Outrée, la guerrière considéra le paysage de Nabreus, dont le ciel était désormais voilé par des courbes de lumière dégagées par Ultima. La lumière modifiait tout ce qu’elle touchait, explosant au sommet des arbres les plus hauts dans un scintillement aveuglant, laissant des traînées blanchâtres sur l’herbe des parcs, et… Et… Non, c’était impossible.
Sentia cligna des yeux plusieurs fois mais dut se rendre à l’évidence : la rivière, la splendide rivière qui divisait les Jardins Chatoyants… était désormais toute blanche. L’élément Eau avait complètement disparu, ne laissant qu’un sillon lumineux parcourir le trajet au milieu de la verdure, à la suite de formidables feux d’artifice.
Ultima paraissait reprendre son souffle. La guerrière en profita pour repartir à l’attaque et lui asséner de nouveaux coups de katana. Une nouvelle fois, ses efforts portèrent ses fruits, et l’éon reculait encore et encore. Mais tout d’un coup, alors qu’elle se croyait être sur le point de l’achever, elle fut de nouveau projetée. Cependant, quelque chose avait changé par rapport à la fois précédente. Intrépide, Sentia leva ses armes une nouvelle fois… mais ne put les abaisser sur sa cible. Il y avait comme un champ de force qui l’empêchait de faire un seul pas de plus.
— Laissez.
Médusée, la jeune femme poussa un cri en entendant la voix familière auprès d’elle :
— Mais que fais-tu ici ? C’est extrêmement dangereux, gamine ! Retourne te cacher !
— Je vous ai dit que vous n’y arriveriez pas. A partir de maintenant, vous ne pourrez plus lui faire subir le moindre dommage.
La petite avait sans doute raison. Ce maudit champ de force la bloquait de manière définitive, et ne semblait pas vouloir se dissiper. Mais quand même…
— Retourne te cacher, te dis-je. Je trouverai bien quelque chose.
— Vous ne trouverez rien parce que, dans sa configuration actuelle, aucun humain ne peut l’atteindre. Il existe une seule technique permettant d’achever Ultima… Et cette technique est connue de moi seule.
— Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ? Et puis, je croyais que tu ne te battais pas ?
— Reculez.
Ni à l’aise ni convaincue, Sentia dut se résoudre à obéir, d’autant plus que la créature ne semblait avoir aucune agressivité envers la fillette.
Cette dernière leva son regard masqué ainsi que ses bras maigres, et à son tour, fit scintiller les particules à proximité. Bientôt, un cercle de lumière se créa autour d’elle, et elle haussa ses bras à la verticale. Sa robe et celle d’Ultima s’agitaient nerveusement à mesure que le vent se levait.
— Pour toi, Ultima… La meilleure d’entre nous… Rejoins le chemin de celle qui te vaincra et éclaire-le de ta lumière éternelle ! Bénis les morts au paradis, et fais entrer les vivants dans une ère de succès et de grandeur à la hauteur de leurs mérites ! Grand Séraphin, protectrice des deux mondes, établis le pont vers la Cité Perdue et fais à jamais preuve de ta vaillance ! L’Astre de la Rédemption !
Et là-dessus, elle tendit ses bras vers son amie. Le cercle de lumière se mua en une boule rutilante qui s’envola au-dessus d’elles, avant de redescendre sous la forme d’un gigantesque solide de la taille de l’éon. Ultima reçut l’astre de plein fouet et tomba, vaincue.
Quelques minutes après avoir récupéré le médaillon de la Vierge, la guerrière et la jeune fille se trouvaient au niveau du parc central de Nabreus. Silencieuses, elles observaient le ciel reprendre des couleurs naturelles et la verdure resplendir de nouveau. En soupirant, Sentia, qui tenait toujours ses deux katanas, considéra la rivière blanche, qui n’avait pas retrouvé son état initial.
— C’était mon dernier combat, conclut-elle en jetant ses deux armes dans le sillage lumineux.
Dépitée, elle se tourna vers la jeune fille qui était toujours sans voix. Ayant dû combattre sa meilleure amie, le spectre devait se trouver dans un état mental confus et douloureux. Sentia pensa à l’enlacer, mais étant donné la nature de l’être de lumière, ses bras ne se refermeraient que sur eux-mêmes. Totalement vidée, elle s’étala de tout son long sur l’herbe en se lamentant :
— Je veux mourir !

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:35:42

--- Chapitre 13 : Le néant spatial du Gardien des Préceptes

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=XL4iZVCBgQk : The Dark Eternal Night – Dream Theater | Genre : Métal progressif | Anecdote : Cette chanson est basée sur le mythe lovecraftien de Nyarlathotep, effrayante créature sortie des ombres
Lieu : Cité perdue de Gilvégane – Grand Cristal / Sommet du Cristal (Jagd Difohr)
Date : 1er jour du mois du Sagittaire, 678 (ancien calendrier valendien)
Adversaire et signe zodiacal : Zodiarche, apôtre du Serpentaire
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Clair-obscur.
Le monde que Sentia Larse tentait d’apercevoir à travers son regard brouillé n’avait pas de teinte fixe. Du vert, du noir, du jaune, du blanc… Les couleurs se mélangeaient dans un assortiment de tons et d’humeurs, à mesure qu’elle ressentait au sommet de son crâne un horrible mal de tête.
S’éveillant lentement de son dernier sommeil maudit des dieux, la jeune femme s’agenouilla et ouvrit grand la bouche tandis que ses yeux distinguaient peu à peu les détails de l’endroit insolite dans lequel elle se trouvait. Des enceintes d’apparence poreuse encadraient ces lieux vidés de tout esprit, tout son et toute civilisation – un coin de tranquillité hors du temps et de l’espace.
— Mais où suis-je ?
Comme les fois précédentes, elle avait un vague souvenir de la viéra pansant ses blessures et l’invitant à dormir, mais elle ne se souvenait pas d’être sortie du Palais impérial le lendemain pour parcourir des kilomètres avec ses armes pour seule compagnie. Ses armes… Les katanas dont elle s’était débarrassée… Un nouveau terrain de combat… Mais pourquoi ? Elle avait vaincu les douze éons des Occurias. Y avait-il autre chose ? Ou peut-être que Gerun avait décidé de lui accorder l’objet de son désir, à savoir la mort. Sentia frémit à cette idée. Déjà ? Allait-elle devoir dire adieu à Archadès sans l’avoir jamais dominée ? A ses anciens amis sans leur avoir dit leurs quatre vérités ? Aux petits Eder et Phon sans les voir grandir ? A son père et à Bérale sans un dernier geste pour eux ? Etait-ce vraiment la fin ?
— Bonjour… Il y a quelqu’un ?
Un écho cent fois plus puissant qu’à Paramina lui répondit. Dépitée, elle se décida à se lever et à avancer. Mais où ? Elle baissa la tête et hurla à en faire retourner les morts. Au-dessous d’elle, le vide. A droite, le vide. A gauche, le vide. Devant et derrière, la même chose. Le néant absolu. Prise d’un vertige soudain, elle s’agrippa à la première chose qu’elle vit à proximité, à savoir un téléporteur, qui la transporta aussitôt dans une autre zone. Après un nouveau hurlement de terreur, elle se calma en observant les reliefs attentivement : elle ne se trouvait pas exactement dans le vide, mais sur une plate-forme translucide représentant des motifs étranges, et d’où émanait une lueur verte. Avec précaution, elle y posa le bout d’un pied, puis le deuxième. Elle n’allait pas tomber.
La jeune femme continua à avancer, en évitant de regarder en bas et autour – ce qui était quasiment impossible – et remarqua plusieurs ouvertures encadrant la plate-forme, et séparées par des barrières brunes. Elle se dirigea vers l’une d’elles, déglutit, puis tendit une jambe vers le vide. C’est alors qu’un chemin – constitué du même matériau vert que la plate-forme – apparut dans un bruit éclatant, et l’invitait à descendre dans les profondeurs. Elle réitéra son geste sur une autre ouverture, qui cette fois-ci donnait sur un chemin montant, et choisit d’arpenter ce dernier.
De cette manière, elle monta et monta, utilisant les téléporteurs sur son passage ainsi que des mécanismes antiques l’invitant à toucher des portails – également verts – qu’elle ouvrit avec succès pour poursuivre son chemin. Elle monta et monta, jusqu’à ce qu’elle ne pût plus monter. Au sommet de ce monde, elle reconnut, fort heureusement, son amie, la fille-fantôme.
— Je suis si heureuse de vous retrouver ! fit celle-ci.
— Moi aussi, avoua Sentia. Mais je ne comprends pas… Pourquoi est-ce qu’on se trouve ici ?
— Je ne comprends pas non plus ! Ce n’était pas du tout prévu dans ce que j’ai pu obtenir de Gerun !
Inquiète, Sentia fit le tour de la plate-forme, dénuée de barrières, et leva les yeux.
— Il n’y a personne. Est-ce que je suis destinée à mourir ici ?
— Je ne pense pas, fit le fantôme. Les Occurias ne s’embarrassent pas d’humains dans leur demeure.
Et elle ajouta, devant la curiosité apparente de son interlocutrice :
— Vous êtes ici à la maison… Au Grand Cristal, où résident les dieux.
Incrédule, Sentia continua d’observer les parois qui lui paraissaient à présent dorées. C’était vrai qu’on aurait dit le contour d’un cristal, vu de l’intérieur…
Tout à coup, un son strident retentit et une force extérieure fit tanguer la plate-forme.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? Tu as entendu ce que j’ai entendu ?
— Oui, Madame, mais je n’ai aucune idée de ce que c’est. On aurait dit un serpent mais je ne comprends pas… Il ne devrait y avoir personne ici…
Le bruit se répéta une deuxième, puis une troisième fois. Les deux compagnes se rapprochèrent l’une de l’autre, et se tinrent les mains dans une préhension factice fidèle à leur peur commune. Avec une lenteur qui leur arracha des cris d’angoisse, une ombre dansante s’approcha du centre de la plate-forme.
Le cœur au bord de la poitrine, Sentia leva lentement la tête et ouvrit un œil.
Il s’agissait bien d’un serpent. Un serpent couleur de sang. Suspendu à l’arche la plus glauque qu’elle eût jamais vu, il s’avançait vers elles en sifflant. Comme l’arche, ses écailles étaient richement décorées, et deux cornes noires s’en hissaient, ainsi que deux très longues antennes courbées. Paralysée par la peur, la jeune femme remarqua d’autres détails insignifiants de chaque côté de l’arche verdâtre, comme un motif en forme d’hippocampe surmonté d’une prolongation dentelée, ou encore une sorte d’éventail plus bas.
— Je… Madame, il faut se lever…
Mais Sentia n’avait aucune intention de se lever. Elle avait demandé la mort et les Occurias la lui avaient enfin apportée. Il n’y avait plus rien à dire.
— Madame, il s’agit d’un nouvel éon. Je ne l’ai jamais vu, mais le myste qu’il dégage me rappelle quelque chose !
Sentia soupira et obéit enfin, levant un genou après l’autre.
— Tu m’avais pourtant dit que les éons étaient au nombre de douze !
— C’est ce que je croyais ! se défendit la jeune fille. Puisque je vous dis que je ne l’ai jamais vu !
Néanmoins, la taille de celui-ci n’avait rien à voir avec celle de tous les autres. S’il demeurait plus grand que les deux compagnes, il ne s’agissait plus là d’un géant qui paraissait pouvoir détruire la carte de la zone en un souffle. Et pourtant, ce myste…
— Tu crois que son attaque ultime est plus puissante que celle de la femme-jument ?
— Que le Bombardement d’âmes de Shemhazai, non. Que Luminescence d’Ultima, oui. Et largement.
La fillette n’avait jamais paru aussi sérieuse. Se tenant toute droite devant le monstre, elle affichait une détermination qui échappait à Sentia. Qu’avait-elle à perdre ou à gagner de ces combats ? N’était-elle pas chez elle après tout, auprès des Occurias, immortelle et invulnérable ?
— Madame, dépêchez-vous. Ça sent le Ravage en série…
Elle avait raison. Le nouveau venu prenait soin d’ouvrir grand sa gueule, de se tourner vers une cible privilégiée, et de lancer un sort de magie noire aussi puissant qu’inopiné. Malgré elle, Sentia acheva de se lever et se mit à courir sur la plate-forme. Pourquoi fuyait-elle ? Pourquoi n’acceptait-elle pas son sort ? Qu’y avait-il de si inacceptable dans la mort ? Dans le néant ? Dans l’oubli ? Mais non, ses jambes refusaient de s’arrêter, son cerveau refusait de s’étouffer, et son cœur refusait d’oublier.
Cependant, la portée des attaques de l’éon était telle qu’elle se prit un sort en pleine figure, puis un autre dans le dos. Pendant ce temps, la jeune fille demeurait immobile près du centre, et le monstre, qui l’attaquait également, ne réagissait pas lorsque le moindre de ses coups traversait le corps frêle et transparent.
— Pourquoi t’ont-ils envoyé ici ? Pourquoi est-ce qu’ils n’arrêtent pas de changer de plan et de se mêler de mes affaires ? Réponds !
Et contre toute attente, le monstre répondit. Il interrompit ses attaques un instant, bougea à l’aide d’ailettes fines fixées sur son dos, et siffla en direction du fantôme.
— Je vois, dit celui-ci en baissant la tête.
— Tu comprends ce qu’il dit ?! s’étonna Sentia en s’arrêtant pour reprendre son souffle.
— Oui, mais ça ne nous sera pas très utile. C’est un bébé éon qui n’a jamais grandi, et la seule phrase qu’il sait dire est : « Mon nom est Zodiarche ». Malgré cette appellation, je ne ressens rien en rapport avec le zodiaque. Tous les signes ont été éprouvés. A moins que…
La fillette claqua des doigts – sans que cela ne produisît le moindre son – et s’exclama :
— Mais oui ! Je n’avais même pas remarqué quelle nuit nous étions. Connaissez-vous le signe de votre petit Eder ?
— Eder-Cilt ? Il est du Serpentaire, mais je ne vois pas le…
Sentia s’arrêta net. Il était vrai que le premier fils de Gramis passait son temps à lire des livres plus mystiques les uns que les autres, et avait trouvé cette vieille légende qui promettait un avenir héroïque à ceux qui étaient nés la nuit entre le Scorpion et le Sagittaire, ce qui était son cas. Il avait appelé cela le Serpentaire et s’en vantait à qui voulait l’entendre. Se pouvait-il que cette légende fût vraie, et surtout que les Occurias eussent créé un éon pour ce maudit signe ?
Egarée, la jeune femme ne s’était pas rendue compte que Zodiarche était arrivé à sa hauteur, et lui donnait un coup de tête qui la mit instantanément à terre.
— Je ne peux pas me battre… se lamenta-t-elle, les yeux embués de larmes. Je n’ai plus mes armes fétiches…
Soudain, elle renifla et congédia ses larmes d’un revers de manche. Comment était-ce possible ?
Elle s’agenouilla devant eux, écarquilla les yeux et tendit le bras vers le bord de la plate-forme : ils étaient bien là. Ses katanas. Mais une chose en eux avait changé. Une chose fondamentale : elle ne reconnaissait plus leur force. Ils étaient dotés d’un atout supplémentaire. Un élément.
— Nous avons une chance ! fit la jeune fille, qui avait assisté à la scène. Vous avez à présent des armes de lumière. Et quelque chose me dit que ça sera très utile…
Des armes de lumière ? Comment était-ce possible ? La lumière était l’élément des mages blancs. Elle ne s’en était jamais embarrassée. Mais l’occasion était trop bonne – d’autant plus qu’elle détectait chez Zodiarche une affinité qu’elle n’avait trouvé que chez ses ennemis les plus coriaces : les ténèbres.
Elle se plaça en position de combat, mais ses membres lui faisaient toujours aussi mal. Elle avait l’impression que le moindre faux pas allait rouvrir toutes ses cicatrices – y compris celles de son cœur. Et pourtant avait-elle le choix ? Oubliée dans une prison dorée à Archadès, éprouvée dans une prison dorée chez les dieux, on ne lui donnait aucun répit. Et puis voir cette jeune shaman tenir courageusement tête seule au plus redoutable des éons lui était un spectacle insupportable.
Evitant soigneusement l’attaque suivante de Zodiarche, elle se plaça latéralement et lui décocha un coup avec l’une de ses nouvelles armes. Elle sentait que la créature disposait d’une énergie vitale immense, colossale, mais pas infinie. Le sabre de lumière avait bel et bien fait des dégâts.
— Continuez ! l’encouragea le spectre, se plaçant à proximité.
— Ecarte-toi ! ordonna la guerrière entre deux coups.
Mais l’autre se contentait de reculer d’un pas ou deux, joindre les mains comme si elle allait lancer un sort, et visiblement observer la scène sans s’éloigner davantage.
Elle n’était plus « Madame », elle était la petite Sentia, mage noire, nouvelle venue à la Haute Archadès, apprentie de Zecht, qui apprenait comment positionner ses pieds et utiliser tous ses muscles pour asséner les attaques les plus efficaces à son adversaire. Et se demandant si ses plans porteraient leurs fruits un jour. Avec une grimace de frustration, elle s’appliqua davantage dans ses coups. Bien sûr que ses plans allaient porter leurs fruits. Et si ce n’était pas le cas, elle en trouverait d’autres, des plans. Elle aurait toute une vie pour les bâtir. Il fallait seulement abattre ce maudit éon…
— Madame ! Attention à Ravage !
Il n’y avait de temps ni pour des Ravages, ni pour l’écouter davantage. Le sort de Zodiarche atterrit et lui blessa l’épaule, puis la cheville, puis la joue. Il fallait endurer. Il fallait être patiente. Régulière et assidue, la guerrière poursuivit ses assauts et s’aperçut que malgré son énergie phénoménale, Zodiarche était de moins en moins en forme. Le fait que ses armes, ses propres armes qui l’avaient accompagnée partout, fussent à présent élémentaires, la motivait et elle se délectait de chaque cri de la bête blessée avec leur aide.
Tout à coup, l’éon des ténèbres, comme ceux avant lui, érigea une barrière contre les attaques physiques et les katanas blancs n’eurent plus aucun effet. Prudente, Sentia recula, craignant le pire. Et en effet, de l’autre côté de la plate-forme, Zodiarche se concentrait et préparait une nouvelle attaque. Une attaque magique. Une attaque magique d’ampleur démesurée. Une attaque magique d’ampleur démesurée qu’elles ne pouvaient pas éviter.
— Madame, le terrain ne permet pas de se cacher ; il faut contre-attaquer.
— Tu es bien drôle, toi ! Contre-attaquer comment ? Je me sens très faible…
— Il faut absolument y arriver, insista le spectre. Et si vous doutez d’y arriver, laissez-moi douter avec vous.
Et là-dessus, la petite se plaça en position de défense, ses bras tendus à l’horizontale en direction de l’éon.
— Mais tu es complètement folle ! cria Sentia. Cache-toi derrière lui si tu veux, mais ne reste pas à sa portée…
La jeune fille secoua la tête et ne bougea pas. La combattante soupira, considéra le spectacle d’horreur sous ses yeux, et, la mort dans l’âme, prépara un sort de Ravage. Le tout dernier. Il arriverait ce qu’il arriverait, mais elle aurait tenté. Devant elles, la gueule grande ouverte, Zodiarche lançait son attaque : un déferlement de courbes sombres, chargées d’un myste malfaisant capable de tout détruire sur son passage. S’il les atteignait, c’était terminé.
— Il arrive ! prévint le fantôme.

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:36:45

[Chapitre 13, suite]

Sentia acquiesça. Prête à déchaîner tout le myste dont elle disposait, elle accueillit le Trou Noir avec un hurlement de panique, et faillit lâcher sa préparation minutieuse. Fort heureusement, son sort heurta celui du Serpentaire dans un éclat de lumière voilée, et ne s’éparpilla pas.
— Ca y est, il faut tenir ! cria la jeune fille, tendant ses bras ainsi qu’elle-même le faisait.
Transie de peur, elle obéit, ne gâchant aucun effort mais ne parvenant pas à réaliser la toute-puissance de son adversaire, qui poussait de son côté avec ce qui semblait être une facilité déconcertante. Alors c’était cela, la charge ultime d’une créature divine ? Le summum de la force en Ivalice et au-delà ? Et il fallait qu’elle, une simple humaine des taudis, parvînt à la stopper ?
— C’est impossible, conclut la jeune femme d’une voix tremblante sans lâcher sa poussée. Nous n’y arriverons jamais.
Peu à peu, Zodiarche gagnait du terrain. Son Trou Noir enveloppait la majorité du sort de la mage noire, et était sur le point d’engloutir les deux compagnes. En un éclair, Sentia considéra tout ce qu’elle léguait à l’univers : rien d’autre qu’une image. Elle avait beau être l’image d’une femme forte et à succès, cette face-là avait été totalement anonyme aux yeux du monde. Jamais la vieille Bérale ne saurait que sa fille adoptive avait posé le pied dans la haute cité, et y avait établi une carrière fulgurante que seul un mariage impérial avait osé arrêter. Jamais les orphelins de la Vieille Archadès ne sauraient que c’était cette fille solitaire et aussi hermétique que son père qui avait gagné tant de batailles et mené tant de régiments. L’institution archadienne avait tout fait pour que son sort fût secret, dans les bons moments comme les mauvais. Et il n’y avait que ce nom, « Larse », pour faire le lien entre la vie qu’Il avait détruite, et celle qui suivrait. Parce qu’il devait bien y avoir quelque chose, après. Un jardin secret où elle pourrait faire le point sur ce qu’elle avait vécu et enfin se reposer. Un cadre accueillant avec de nouveaux visages, des esprits lucides et attentionnés – peut-être la jeune fille-fantôme qui avait été à ses côtés ? – qui prendraient soin d’elle et la guideraient. Mais la vie d’avant, elle, serait définitivement close. Plus d’émotions. Plus de plaisir. Plus de changements abrupts au cours d’une même journée. Plus d’éclats de rire. Et plus de moments comme celui-ci, de détresse extrême, où il n’y avait aucune issue rationnelle à une solution donnée, et où pourtant elle continuait à croire. Croire en quelque chose, quelle qu’elle fût ; ainsi était définie la seule chose qu’elle désirait en cet instant :
— Je veux vivre ! Je veux vivre ! Je ne veux plus faire face à ces choix, à ces horreurs ; mais je ne veux pas cesser d’exister pour autant ! J’ai faim, j’ai froid et j’ai très peur ! J’ai beau pleurer tous les jours, extraire tout le sang de mon corps, battre vos créatures, il n’y a rien qui me calme ! Je ne veux pas mourir comme ça… S’il vous plaît ! Que quelqu’un arrête ça !
Bouche bée, la fillette continuait de défendre contre l’attaque de Zodiarche tandis qu’un genou de Sentia fléchissait. Mais soudain, les colliers que celle-ci portait autour de son cou se mirent à bouger, et l’un d’entre eux s’éleva jusqu’à sa bouche et s’illumina. Aussitôt, une forme bien plus imposante que celle de Zodiarche en sortit, dans un éclat blanc qui aveugla la scène. Incrédules, les deux compagnes virent se joindre à elles les ailes, puis la robe et l’intégralité du Grand Séraphin, qui lança immédiatement Luminescence sur leur adversaire commun.
— Ultima ! s’exclama Sentia en continuant à défendre. Je ne t’ai pas appelée. Rentre là d’où tu viens !
— Elle veut vous aider, expliqua le spectre. Avec elle, nous allons peut-être le faire !
Ne sachant comment accueillir cette nouvelle aide imprévue, elle cligna des yeux et se concentra sur son sort. Grâce à celui de la Vierge, le Trou Noir baissait de volume, et les sorts venant des trois créatures féminines gagnaient du terrain.
— Est-ce que tu peux utiliser la même technique que la dernière fois ? L’Astre machin-chose ?
— L’Astre de la Rédemption ne fonctionne que sur Ultima, répondit la fille-fantôme. J’ignore son effet sur Zodiarche. Je ne prendrai pas le risque de l’aider, ou qu’il renvoie les dégâts sur mon amie.
Le cri de la Vierge encouragea sa nouvelle maîtresse à croire qu’une solution était possible. Toutes les trois appuyèrent leur assaut combiné du mieux qu’elles purent, et Sentia, ne sentant plus ses jambes, canalisa ses pensées sur sa magie non-élémentaire, sublimée par la lumière d’Ultima. C’est alors que celle-ci fut projetée en arrière par un élan invisible, et toutes les magies s’annulèrent en même temps.
— Ultima !
Mais c’était trop tard. L’éon de lumière avait franchi le périmètre de la plate-forme, et tombait dans le vide. Sentia accourut au bord de la zone mais elle avait déjà disparu.
— Madame ! cria la fille-fantôme. La magie ne fonctionne plus mais il n’est plus invulnérable aux attaques physiques !
Accélérant comme jamais elle ne l’avait fait, la guerrière fit le chemin inverse et ne s’arrêta que devant l’éon des ténèbres. Ressortant ses katanas blancs, elle sauta jusqu’à atteindre le haut de l’arche, et abaissa ses armes sur le monstre rouge. Croisant les bras encore et encore à mesure qu’elle sentait l’énergie vitale de Zodiarche proche de la fin, elle brava les coups de tête, les sifflements stridents et les Ravages que la bête en furie enchaînait. Pour qui se prenait-il, cet éon insolent qui se permettait d’éliminer sa camarade ? Pas plus qu’Exodus il ne dicterait les lois du monde, ou comment les choses se faisaient. Il n’y avait qu’elle pour disposer de ses propres éons. Hélas, sa vision était brouillée depuis le Trou Noir, et, atteinte de Cécité, la jeune femme dut redoubler de vaillance pour donner un nombre de coups suffisant à affaiblir davantage sa cible.
Butant sur la barrière physique, Sentia recula à nouveau, haletante, et se tourna vers sa jeune compagne. La fille-fantôme, anéantie, était à genoux au centre de la zone. Subitement, la guerrière entendit un bruit mécanique venant de l’extérieur de la zone. Elle se rua au bord de celle-ci et aperçut avec un immense soulagement le Grand Séraphin, qui remontait depuis les profondeurs en s’aidant de son hélice auparavant rouillée.
— Ultima ! s’extasia la jeune fille en sautant sur son amie.
— Très bien, décida Sentia, on remet ça !
Aidée du myste foisonnant dans le Grand Cristal, elle parvint à lancer un autre Ravage tandis que Serpentaire et Vierge se faisaient à nouveau face dans un duel au sommet des aptitudes divines. La jeune fille n’était pas en reste : postée en première position, elle continua à tendre ses bras dans une attitude mystique qui enthousiasma la combattante et l’incita à donner tout ce qu’elle avait. Tout à coup, Sentia sentit un corps étranger sur son épaule droite. Elle y déplaça son regard et vit une mèche de cheveux blonds d’une parfaite raideur qu’elle reconnut immédiatement.
— … Ephédrine ?
— Hein ? fit la fille-fantôme. Concentrez-vous, au lieu d’invoquer les morts… on y est presque !
La jeune femme replaça son attention sur son épaule… Les cheveux avaient disparu.
Solidaires, tenaces et aguerries, les trois alliées reformèrent le sort combiné, et celui-ci fonctionna comme la fois précédente. Cependant, Zodiarche, cette fois-ci, reculait. Le serpent s’abaissait de plus en plus, ses ailettes avaient de plus en plus de mal à suivre, et, enfin, Luminescence et Ravage parcoururent le reste de la distance qui les séparait de leur cible et achevèrent la bête en un même coup fatal.
Hors de son corps, hors du temps et de l’espace, l’âme de Sentia riait aux éclats. Elle tomba à plat ventre sur la plate-forme tandis que l’arche se dématérialisait et que le serpent considérait ses ennemies avec un dernier geste de haine. Le médaillon du Serpentaire tomba à sa place, aussi rutilant que les autres. Ultima sourit en direction du spectre et disparut également. Un long silence s’ensuivit.
— Je suis… Je suis si heureuse d’avoir pu récupérer Ultima. Au moins elle.
— Comment cela ? questionna Sentia, incapable de se relever.
— Je vous dois bien quelques explications supplémentaires… fit la jeune fille en s’asseyant. Très bien. L’Ultima d’avant la Guerre de Mille Ans n’a rien à voir avec ce qu’elle est devenue après. J’ai bien cherché à comprendre les raisons de ses agissements mais… Elle se montrait froide, fière et têtue. J’ai bien cru que je ne retrouverais jamais mon amie. Mais grâce à vous, mon rêve s’est réalisé. Ou du moins, une partie.
— Tu as un autre rêve ?
— J’ai un autre ami. C’est un être… qui sera, lui, très difficile à récupérer, je le crains. Il s’appelle Venat. C’est un Occuria.
— Tu es amie avec un Occuria ?!
— Oui. Venat n’a jamais été comme les autres, manifestant souvent son désaccord face aux façons de faire de Gerun. Mais là, nous avons atteint un point de non-retour. Alors, Venat est parti•e. J’ignore où Venat se trouve, mais je peux vous dire que vous serez concernée dans peu de temps.
— Moi ?!
L’être de lumière se déplaça vers elle, approcha son bras de son dos, et Sentia roula sur elle-même latéralement sans le vouloir. Avant qu’elle eût pu poser la moindre question, la jeune fille avait une main posée sur son ventre nu. La sensation n’était pas humaine, mais réelle. Comme une sorte de fraîcheur.
— C’est l’une des rares parties de votre corps que vous n’avez jamais blessées. Je vous en suis très reconnaissante. Mais prenez garde : Venat la convoite autant que moi.
— Mais de quoi est-ce que tu parles, à la fin ?
— Vous comprendrez un jour, conclut le spectre en retirant sa main. Cependant, si un jour vous entendez parler de Venat, fuyez.
— Entendu. Aucun Venat n’entrera un seul des trente-cinq étages de ma demeure.
En signe de gratitude, le fantôme déposa ce qui ressemblait à un baiser sur son ventre avant de se relever et d’ôter le bandeau qui recouvrait ses yeux depuis le début. Néanmoins, la jeune femme la voyant de dos, elle ne put rencontrer son regard.
— Merci infiniment. Les humains ont des ressources incroyables. Prenez soin de mon Prince. Adieu, Madame.
Et avant que Sentia pût ouvrir la bouche, elle avait disparu.

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:37:37

--- Conclusion

Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=-gaTH2ZtyD8 : Primeiro Amor – Bittencourt Project | Genre : Instrumental
Lieu : Palais Impérial d’Archadès / Jardins du Palais (Archadia)
Date : 2e jour du mois du Sagittaire, 678 (ancien calendrier valendien)
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Pour la première fois, Sentia Larse Solidor avait pleinement conscience d’elle-même après la fin d’un combat. Après avoir emprunté les téléporteurs dans le sens inverse, elle parcourut la Cité Perdue de Gilvégane, où les monstres l’évitaient soigneusement. Les ignorant également, elle fit le tour des plates-formes jusqu’à trouver un téléporteur qui disparut dès qu’elle le toucha, et qui l’emmena directement à la jungle de Golmore. De même, après de nombreux pas au milieu des lycaons infernaux et des morbols anciens qui s’écartaient sur son passage, elle trouva sous un arbre un nouvel appareil qui la transporta alors aux plaines de Giza, en territoire dalmascan. Puis, là, près du terrain de jeux des lapins du bonheur, elle fut envoyée à la forêt de Salika. Un myste similaire aux appareils précédents l’attira à un parterre de fleurs roses, où, après que des sprinteurs lui eurent libéré le passage, un dernier mécanisme la fit atterrir dans l’enceinte de la Haute Archadès.
Avec ses imposants katanas dans ses mains, ses longs cheveux noirs hirsutes, ses vêtements sombres à moitié déchirés, et surtout le sang qui coulait le long de ses membres, de ses joues, et donnait un teint peu avenant à l’intégralité de sa peau, l’Impératrice avançait non sans créer des rumeurs étranges partout où elle passait. D’aucuns, effrayés, s’éloignaient aussitôt, tandis que d’autres s’arrêtaient pour observer cette figure étrange, sortie droit du monde des morts et pourtant bien vivante. Comme elle l’avait fait avec les monstres du Jagd, Sentia les ignora. Ceux qui étaient sans cesse à la recherche de rumeurs ne valaient pas mieux que des monstres à butin, de toute manière.
Elle dépassa le Sénat et vit enfin sa demeure. Ce lieu qui était devenu le sien voilà quatorze ans. Quatorze ans de combats, quatorze ans d’émotions, et bien sûr quatorze ans de preuves. C’était seulement grâce à ses preuves qu’elle était parvenue au sommet. Seulement grâce à son courage et à sa persévérance qu’elle avait réussi à conquérir la raison du Haut Juge, avant de conquérir Son cœur. « Accomplis ton devoir », avait-Il dit. Pour qui s’était-Il pris ? Elle n’avait plus à le mettre sur un piédestal. Désormais, elle était non seulement sa supérieure mais était arrivée – certes, avec son aide – à un niveau qu’il ne pourrait jamais atteindre. Pourquoi l’avoir abandonnée ? De quel devoir s’agissait-il ? Pas plus qu’avant les épreuves elle n’avait d’idée, mais puisqu’elle en était là, elle allait avancer. Elle allait se changer elle-même, modifier la manière dont elle raisonnait, celle avec laquelle elle éprouvait les choses, deviendrait instruite et cultivée. Puis elle allait changer le monde : Archadia, d’abord, puis Ivalice tout entière. Pour y arriver, elle mettrait toutes les cartes dans sa main et ne reculerait devant rien. Et s’il y avait le moindre espoir pour le ramener auprès d’elle, elle allait le saisir avec véhémence et passion. Elle l’aurait tous les jours, toutes les nuits, et se moquait allègrement des diseurs de leçons. Ce n’était pas un mariage qui allait l’arrêter.
En souriant, Sentia Solidor atteignit les portes du Palais impérial et s’apprêta à en parcourir les marches, lorsque les gardes croisèrent leurs lances devant elle.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce ainsi que vous accueillez votre impératrice ? tonna-t-elle, les yeux prêts à sortir de leurs orbites.
— P… Pardon, Madame ! Toutes nos excuses !
— Veuillez passer, je vous prie. Bienvenue, Votre Altesse.
Elle grogna et tourna à gauche. Elle n’avait pas envie de monter tout de suite. Derrière l’escalier central, elle emprunta le passage qui menait aux jardins.
Dès qu’elle y pénétra, elle fut submergée par une sensation qu’elle n’avait guère éprouvée depuis quatre ans. Captivée par la beauté des fleurs, par la simplicité de l’herbe et la douceur de cette brise de fin d’après-midi, elle prit le temps de savourer cette promenade et de remplir ses poumons d’air frais. A sa droite, nichée contre un mur, une femme drapée de blanc allaitait son nouveau-né. En voyant Sentia, elle protégea le bébé de ses bras, puis défit son geste quelques secondes plus tard. L’Impératrice sourit et poursuivit son chemin.
Le dallage brun était froid, austère, et s’étendait toujours tout droit, longeant l’immense bâtiment à trente étages, le centre névralgique d’Archadia. Curieuse, elle leva son regard vers les croisées des premiers niveaux, et ses yeux turquoise suivirent les allées et venues des valets entre l’étage et le sous-sol. Soudain, elle plissa les yeux – le soleil couchant dérangeant sa vision. Avait-elle bien vu ? Au-dessus de l’étage des invités, dans les bibliothèques du deuxième, un homme était à la fenêtre, un livre à la main. Comme à chaque fois, malgré son attitude incompréhensible suite à leur mariage, l’empereur Gramis la considérait avec tendresse. Il ne lui envoyait ni signe, ni parole ; il se contentait de se tenir là, au-dessus d’elle, et de profiter de la douce image que lui offrait son jardin.
Alors, pour la première fois, Sentia Solidor alla à la rencontre du regard de son époux, et lui sourit.

FIN

Miss_Ety
Niveau 14
14 avril 2020 à 00:39:34

:hello: encore une fois.
J'espère que vous avez apprécié ce petit voyage en Ivalice :ange:
Il y a certainement des choses que vous avez aimées et d'autres non - je suis ouverte à toutes les critiques et surtout, tous les avis et théories que vous pouvez avoir suite à votre lecture :-p
Je suis consciente d'avoir introduit un certain nombre de personnages qui ne peuvent pas être expliqués dans un récit aussi court, mais ils font tous partie intégrante de mon projet. [NB: le "Lui" est un personnage du jeu :hap: ]

A ce sujet, si cela vous intéresse :

  • J'ai écrit un roman, Crimson Birth, (en français) au sujet d'un personnage qui est apparu brièvement au chapitre 9. Je vous donne le lien vers ma page, où vous trouverez le résumé ainsi que des liens de téléchargement (PDF et ebook): http://phantasia12.teria.org/recit.php
  • J'ai écrit (la moitié d')une histoire en anglais au sujet du passé de Gabranth. Pour l'instant son enfance à Landis jusqu'à sa fuite vers Archadès. Ca s'appelle Even A Stray Has Pride. Voici le lien: https://www.fanfiction.net/s/9152813/1/Even-a-Stray-has-Pride
  • Voici plus globalement ma page Wattpad où je publie certaines choses liées à ce projet (pour l'instant Crimson Birth et EASHP y figurent) : https://www.wattpad.com/user/Miss_Ety

Enfin, j'ai achevé récemment la relecture du Prologue (20 chapitres - 189 pages) de mon histoire principale : à savoir Archadès, les Hauts Juges, Vayne (qui a 15 ans - Vous souvenez-vous de l'évènement mentionné dans le jeu qui se produit à cette époque? :hap: ), Sentia et le docteur Cid.
Si ça intéresse des gens, je le mettrai à disposition (PDF et ebook) sur le premier lien :oui:
J'y mettrai aussi le récit que vous venez de lire, les Ordalies du Zodiaque (le format forum c'est pas l'idéal :non: ).

Sur ce, bienvenue en Ivalice (du moins, mon interprétation) et à bientôt :-p

Mistress / Ety

[][Kanon][]
Niveau 10
26 avril 2020 à 12:41:27

Salut Mist ! :-p

Alors je te fais un petit retour, c'est simple j'ai adoré.

On s'y voit bien, l'univers d'Ivalice est maîtrisé, les références font bien plaisir, ta plume est légère et fluide à la lecture, j'aime beaucoup le ton que tu as donné à l'ensemble.
Et j'aime bien le point de vue de la narration, on croirait presque qu'il s'agit d'elle-même mais à la 3e personne. :noel:

Tu as évité de tomber dans la facilité en rendant ton personnage trop fort (bon, un poil mais c'est justifié à chaque fois :hap: ) donc c'est crédible.

Après même si le concept de l'Ordalie est pleinement assumé je t'avoue que j'aurais aimé une histoire plus traditionnelle venant lier les combats, mais bon ce n'est qu'un prologue venant expliquer le passé de ton personnage principal, je n'aurais probablement pas eu cette réflexion si j'avais lu l'histoire principale avant.

Mais je continue à penser que ce format limite ta plume, de la même manière qu'un film "de superhéros" limite la liberté et créativité d'un réalisateur au cinéma. En fait avec un niveau d'écriture moins élevé je n'aurais pas eu cette sensation, là ça m'a donné le sentiment que ce format gâchait un peu ta plume qui, ne peut s'épanouir dans le cadre imposé par ce format.

Avant de commencer une petite note, je vois de plus en plus d'auteurs qui commencent à bouder le subjonctif imparfait, et les troquent contre leur version du présent, remplaçant : "Avant qu'il chutât" par "Avant qu'il chute".

D'après certains cela favoriserait la fluidité de la lecture et la simplifierait pour les moins littéraires, qu'en penses-tu ? Je trouve cette idée un peu triste surtout quand on a été inspiré par les classiques de la littérature, mais si ce temps venait à poser problème que ferais-tu ?

Allez !

(J'ai tout placé sous spoils donc ça ne peut pas être aéré tu m'excuseras)

:d) Intro
Une intro simple et efficace qui donne le ton assez sombre à l'histoire, j'aime particulièrement les petits détails comme le poids montrant d'avance qu'elle n'est probablement pas parfaite, loin de l'archétype ennuyeux de la fille parfaite qu'on est presque conditionné à se dessiner tant on y est habitué.
Evidemment c'est bien écrit, tu sais écrire et bien, ta plume a une identité je ne reviendrai pas dessus tu l'as compris.

:d) Chapitre 1 : Famfrit
Un super premier chapitre, le fait qu'on y soit lâché comme ça sans plus de détail a fait naître une pointe de curiosité chez moi, ça m'a plu.
Tu as réussi à retranscrire un combat intense et assez détaillé, qu'on aurait plutôt l'habitude de voir en animation, avec tes mots et le tout sans lasser, chapeau.
L'intrigue marche, on se demande qui est la petite, Sentia a de la personnalité, on comprend qu'elle est une sorte de Bushi/Noir, le combat est crédible, écoute ça fonctionne bien.
Ce qui me plaît vraiment, c'est que même si tu te bases sur une mythologie et une histoire qui existe déjà, on sent que tu y as développé ton propre univers, la narration fait référence à des personnages qu'on ne connaît pas encore, et avec détail c'est donc maîtrisé, Sentia semble avoir un lourd passif, tu n'hésites pas à lancer Fournaise d'entrée de jeu, tu n'essaies pas de présenter l'univers et séduire le nouveau lecteur puisque ton histoire vise des initiés, c'est intelligent.
Et plus tard on réalise qu'il n'y a pas vraiment de progressivité d'un combat à l'autre (sauf les derniers mais c'était nécessaire) c'est ce qui rend le tout réaliste.
Bref on imagine difficilement mieux pour un premier combat.

:d) Chapitre 2 : Bélias

La personnalité de la petite s'affirme, j'aime. Je ne sais pas vraiment comment tu as réussi à lui donner ce caractère étrange, en plus de tout ce qui l'entoure on sent clairement qu'il s'agit d'un être particulier. D'ailleurs la suite le confirmera et ce sera un de mes chapitres préférés, tu as eu de l'idée je dois l'avouer que je ne m'y attendais pas. :content:
La petite référence aux PV critiques :cool:
Le combat était cool.

:d) Chapitre 3 : Adra

Un de mes chapitres préférés, tu as particulièrement bien retranscrit la souffrance de Sentia et la difficulté du combat ici, j'ai franchement pensé qu'elle allait perdre.
Beau combat !

:d) Chapitre 4 : Cuchu (mon éon préféré :cool: )

La relation entre les deux filles se développe, c'est sympa.
J'ai explosé de rire sur les slimes qui tombent du plafond, combien de fois je les ai évités par flemme de bousiller de la magie pour rien :rire:
La topologie de Zertina me semble respectée, avec la carte en tête je pouvais à peu près suivre où elle était, pas mal.
Le combat en lui-même était bien sympa, il a fait honneur à Cuchu, tu as bien insisté sur le dégoût qu'il inspire, son gros ventre, ses exhalaisons toxiques, la fatigue de Sentia est palpable.
Bon c'est probablement mon amour de Cuchu qui parle mais à mon avis elle aurait dû avoir son cristal avant de le combattre, vu l'état dans lequel elle était, réussir à battre un éon basé sur le poison ( :coeur: ) et donc l'endurance alors qu'elle est à bout me paraît un poil excessif, mais le combat avait une dimension plus stratégique que les autres, j'ai bien aimé l'astuce dont elle a fait preuve avec lenteur pour ralentir le poison, donc j'accepte. :hap:

:d) Chapitre 5 : Zaléra

Un des meilleurs chapitres de loin, un des rares à faire véritablement avancer l'histoire, avec un bon twist à la clé, bien amené et pertinent, tu as bien exploité le chara-design de Zaléra (et de tous les éons généralement)
De plus on a pas mal d'infos sur les juges avant le combat, et ça c'est super.
Le combat comme le chapitre était une véritable réussite, on (ou je) ne comprend pas tout ce qu'il se passe par rapport à la fille, ça appuie vraiment le mystère, j'ai adoré, et puis même l'idée de l'origine de la fille c'est du génie !
Superbe description de coup du Pélerin
En revanche un dialogue m'a l'air assez artificiel, celui ci : " Nous sommes immunisés à tous les éléments "
Vu l'urgence je m'attendais plutôt à : "Non pas d'éléments !", "N'utilisez pas d'éléments !" ou "Les éléments sont inutiles !", car en plus d'être un peu long en français, la phrase sonne un peu jeu vidéo alors que jusqu'ici tu t'en étais particulièrement bien affranchie (eh il faut bien trouver des trucs à redire :hap: )
C'était assez inquiétant et touchant à la fois comme chapitre, probablement le meilleur finalement.

:d) Chapitre 6 : Zéromus

La relation entre les deux est bien ancrée, on dirait deux vieilles amies.
Le combat semblait un poil plus court que les autres, mais ce n'est pas pour me déplaire car ce chapitre a laissé plus de place aux dialogues, il est beaucoup plus léger et après tous ces combats c'était ce qu'il fallait.

:d) Chapitre 7 : Hashmal

Le combat est intéressant mais il m'a semblé moins ponctué de dialogues que les autres, laissant donc un bloc descriptif que j'aurais probablement lu en diagonale si tu n'avais pas ce niveau d'écriture, avec un niveau moindre c'était l'indigestion assurée.
Bon il n'empêche que le chapitre était plus lourd que les précédents, je comprends facilement la volonté d'en faire de plus en plus mais deux ou trois remarques de la petite ne seraient pas de trop pour le couper, sauf si c'est volontaire évidemment.
De toute façon je déteste les cataractes de Rido et tout ce qui a trait au phare dans le jeu, j'ai même préféré le grand cristal :rire:

:d) Chapitre 8 : Mateus

J'aime particulièrement tes débuts de chapitre, celui-ci n'y fait pas exception.
(Concentration qui rend tous les PM l'amie ? Il va falloir changer ça sinon rien ne justifie qu'elle ne l'ait pas utilisé depuis le début, à moins que j'aie mal compris :hap: )
J'ai trouvé ce chapitre particulièrement bien équilibré en combat et dialogues, c'est tout simplement bon.

:d) Chapitre 9 : Shemhazai

Le chapitre est absolument génial, il tranche vraiment avec les précédents même s'il se rapproche de celui contre Zaléra, ici le combat sert directement le scénario, il y a de l'enjeu, des émotions, on en apprend plus sur Sentia et ça c'est super, un des meilleurs chapitres.
DU DÉBUT A LA FIN tout sert l'histoire, le meilleur chapitre avec le 5, de loin. :oui:
Formidable !
+J'ai adoré la personnalité de Shemhazai. :rire:

:d) Chapitres à venir

Pour ces trois-là je te donnerai un avis le week-end prochain, ils sont particulièrement denses je vais les relire. :oui:

Un petit avis :

Si l'Ordalie reste sur ce format, je te conseille vivement de la présenter seulement quand tu auras déjà avancé dans ton histoire principale.
Pour l'instant Sentia est une inconnue pour le lecteur, donc son passé n'a pas tant d'impact pour le moment, alors que si on la connaît déjà comme personnage majeur du présent, <spoil>voir comment elle a réussi à devenir aussi forte et à maîtriser tous les éons
aurait un impact massif.
Donc mon conseil serait soit d'avancer dans ton histoire principale, habituer le lecteur à Sentia, puis envoyer toute l'Ordalie d'un coup, soit l'envoyer petit à petit au moment où ça aurait le plus d'intérêt au niveau de ton scénario (si es sur une plateforme de mécénat l'Ordalie pourrait même être un contenu additionnel payant :bave: haha je t'embête )
Mais avant et en une seule fois je déconseille. :oui:</spoil>

Quoi qu'il en soit chapeau Mist j'ai passé du bon temps sur ton livre ! :fete:

Et on est d'accord toutes mes observations (sauf celle ci-dessus que je t'invite vivement à suivre sauf si tu ton idée est assumée) relèvent du peaufinage, j'ai tout lu en appréciant et sans chipoter, dans les faits tout peut largement rester comme ça. :oui:

Miss_Ety
Niveau 14
26 avril 2020 à 14:39:04

:cute: Une réponse, et quelle réponse!
[Remarque importante: il n'est pas du tout nécessaire de répondre à mon topic de la même manière; un simple avis sur mes idées ou ce qui vous a marqué est suffisant :o)) ]

Kanon :d) Merci d'avoir pris le temps et de lire, et de travailler ta réponse!
Mais d'après ta dernière remarque: En gros, tu me demandes de supprimer le topic? Pas de bol, je ne suis pas modo et il n'y a plus de modos permanents sur ce forum :hap:

Pour le subjonctif imparfait, je ne sais pas si ça dérange tant que ça :question:
Comme tu peux le voir, tu es le seul à avoir répondu donc je ne sais pas quelle est la perception des éventuels autres lecteurs par rapport à ça.

Je comprends tout à fait ta remarque sur l'articulation de mon projet, là je lâche un topic comme ça sur une étape au beau milieu de l'histoire principale, et beaucoup de questions restent en suspens. Mais je m'attendais à les voir là, les questions :cute: Et à lire les hypothèses des lecteurs là-dessus :-d

Comme je le disais, j'envoie le Prologue (avec un peu plus de contexte mais ce n'est pas la partie qui "englobe" les Ordalies) sur demande :oui:

Les Ordalies du Zodiaque sont d'ores et déjà téléchargeables sur le premer lien de mon message précédent :oui:

Merci encore Kanon pour tous les compliments, et j'attends ton avis sur les 3 derniers éons avec impatience! :cute:

N'hésitez pas à répondre aussi les autres, ne soyez pas timides :o)) Même un avis sur l'intro seule est bon à prendre :ange:

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Sujet : [Fanfic][Roman] Projet Préquelle FF12 - Ordalies du Zodiaque
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