- Chapitre 14 : Comme un au revoir…* [Première Partie]
Le ciel qui couvrait la forêt s’éclaircissait pour laisser enfin place au matin. La nuit chez Ganon avait certes été assez confortable, elle n’en avait pas moins paru interminable… Surtout pour Peach, qui n’avait cessé de se poser diverses questions, les yeux bien ouverts. Elle aurait dû dormir, mais non, elle n’y était pas parvenue. Son esprit était bien trop chargé. De temps à autre, elle avait jeté quelques regards sur les autres au lieu de s’interroger.
En ce moment même, Wolf sommeillait toujours sur le lit de leur hôte : puisqu’il était malade et que personne ne pouvait l’approcher, il avait droit à quelques privilèges. Cartoon, Yoshi et Peach elle-même se partageaient le sol, ou plutôt des couchettes au sol, gonflées et moelleuses à la fois. Sheik dormait sur le canapé au salon. Par contre, Ganon avait tout fait sauf se reposer. À défaut de ronflements, Peach l’avait entendu faire du rangement, lire un peu, grignoter et sortir avant l’aube. Sûrement pour travailler. Le pauvre… Il ne se fatiguait peut-être jamais !
Alors que ses cinq autres amis, eux, s’épuisaient plus facilement à cause du virus, et en ce moment même justement, Peach ignorait tout de leur sort.
En fait, beaucoup de questions restaient sans réponses : quel était ce gant blanc qui était passé au-dessus du vaisseau de Wolf et Yoshi ? Si c’était ce qui avait transmis le virus au mercenaire, que faisait-il à cet endroit ? Se pourrait-il qu’il ait un rapport avec ce qu’il s’était produit sur le Champ de Bataille, là où tout avait commencé ? Avait-il quelque chose à voir avec le nom « MDR-03 » ? Et Cartoon… Fallait-il vraiment lui faire confiance, ou bien le considérer comme un ennemi infiltré ? Ce dernier cas serait difficile à reconnaître, et pourtant…
- Raah, je réfléchis trop ! explosa Peach en se tirant les cheveux, avant de se rendre compte qu’elle aurait pu réveiller les autres en criant ainsi.
Elle se mit à parcourir la pièce d’un regard, à la recherche d’une distraction, en attendant que les autres émergent de leur sommeil. Elle avait été tellement perdue dans ses pensées qu’elle en avait négligé les éléments présents autour d’elle, mis à part ses camarades de chambre. Un journal était posé sur la commode… Peach se leva doucement et marcha sur la pointe des pieds pour récupérer le bulletin. Il datait d’hier. Cela lui rappela que ses aventures avec les autres smasheurs avaient commencé depuis même pas une semaine… Seulement ! Il s’en était passé, des évènements. Et ce que la brawleuse découvrit à la une de ce journal allait encore noircir le tableau :
- « LUIGI MARIO, LE SCANDALE » ?! lut-elle dans un murmure, en fronçant les sourcils.
Le titre était si frappant que le papier tremblait dans les mains douces de Peach, au fur et à mesure que celle-ci lisait. À la dernière ligne, sa bouche s’ouvrit sans sortir une seule parole. La nouvelle venait de lui couper le souffle…
Que faisait ce journal dans cette maison ? S’il se trouvait là depuis hier, alors il avait sûrement été lu, et dans ce cas…
Peach ne prit même pas le temps de s’habiller un peu plus décemment. Elle resta en soutien-gorge, jupon, pieds nus, et descendit les marches en froissant le journal et en se retenant de grogner. Elle vit tout de suite Sheik, sur le canapé, les cheveux détachés, le bas du visage toujours voilé, le corps couvert d’une couverture. En temps normal, cela aurait fait fondre la jeune femme, elle qui avait toujours été un modèle de tendresse et de naïveté. Mais elle était bien trop énervée pour apprécier ce qu’il y avait devant elle.
Bordant à présent la causeuse, elle se pencha vers l’endormi et le secoua suffisamment fort pour qu’il daigne lever les paupières. Elle agita ensuite le bulletin :
- Alors ? C’est quoi ça ?
Sheik plissa les yeux pour pouvoir lire le titre. Il paraissait encore fatigué.
- Hm… C’est sur l’arrestation de Luigi…
- Exact ! C’est étonnant que tu aies pu comprendre tout de suite de quoi traite l’article, rien qu’en regardant l’article…
Les lèvres de Peach s’entrouvrirent, montrant qu’elle grinçait des dents. Elle leva ensuite sa main droite, celle qui tenait la publication, comme si elle s’apprêtait à poignarder le blond voilé qu’elle avait réveillé. Celui-ci n’eut même pas le temps de se protéger, qu’elle lui donna déjà des coups sur la tête avec son journal :
- Pourquoi tu ne m’as rien dit, POURQUOI !? Si j’avais été au courant plus tôt, j’aurais pu aider Luigi et il n’aurait plus à aller en prison ! Tu n’es qu’un égoïste !
La dernière attaque arriva sur le canapé, et non sur Sheik qui avait déjà disparu sous un gros nuage multicolore. Au lieu de chercher l’endroit où il avait dû réapparaître, Peach lâcha tout le papier et se prit la tête dans les mains. Cette affaire avait pris beaucoup trop d’ampleur, comme l’avait dit Luigi selon l’article.
Une main hâlée avec des doigts couverts de fourreaux lui tapota l’épaule, l’extirpant ainsi de ses idées noires et l’empêchant de pleurer. La jeune femme reconnut Sheik, qui se tenait tout habillé derrière elle. Il avait sûrement dormi avec ses vêtements, ce n’était pas possible qu’il se soit changé pendant sa téléportation. Et vu ses yeux rieurs et apaisants, il n’avait pas l’air d’en vouloir à Peach.
- Mon beau et doux fruit défendu… Ganon aussi était au courant, et – attends, laisse-moi continuer – et si nous ne t’avons rien dit , sache que c’était pour ton bien. Tu as déjà assez de soucis comme ça, nous le savons. Nous avons élaboré un plan pour t’aider, et il marchera…
Soudain, il tourna Peach face à lui, avant de se métamorphoser entièrement en… Peach bis ! C’était comme contempler son propre reflet. La copie était elle aussi en sous-vêtements. La seule chose qui la différenciait de l’originale, c’était l’expression qu’elle arborait : elle affichait un air taquin qui ne collait pas avec le sérieux donc Sheik avait fait preuve à l’instant.
Juste après cette transformation qui laissa la vraie Peach sans voix, le double haussa les épaules, gloussa un peu et se mit à sautiller dans la pièce en clamant :
- Tu vois ! Sous cette apparence et avec cette voix qui sont normalement tiennes, je volerai au secours de Luigi ! Je prouverai qu’il est tout à fait innocent ! Je raconterai les faits sans le faire passer pour un criminel ! Car je sais ce qui s’est passé ! Enfin, pas en détail, mais je le saurai bien assez tôt, il le faut ! Et comme ça, tu pourras aider tranquillement tous tes autres amis… qui mourront si tu manques à tes devoirs, juste à cause d’un seul cas important qui se règle plus aisément…
Là, elle cessa de jouer partout, et revint face à son modèle… pour déposer un baiser confiant sur ses lèvres roses et pulpeuses. La jeune blonde en resta hébétée, mais Sheik n’en prit pas note et retrouva sa forme originelle. Il posa ses mains sur les joues de Peach et, en la regardant droit dans les yeux, il acheva d’un ton assuré :
- …Et tout le monde sera content. Convaincue ?
Quelle question. Après tout cela, Peach fut seulement capable d’hocher vivement la tête en signe d’approbation. De toute façon, si elle disait non, elle aiderait les autres mais Luigi demeurerait coupable aux yeux de tous… Ou bien elle défendait celui-ci et livrerait alors plusieurs vies à une mort certaine… Et puis, elle songeait également à Mr Game & Watch, qui se serait sacrifié pour rien. Accepter le plan de Sheik était beaucoup plus sage, bien qu’il fût risqué : et si au Royaume Champignon, on découvrait que c’était une copie de la princesse ?
- Je te promets que je ne te décevrai pas, chuchota le magicien comme s’il avait lu en elle.
Il fixa un moment l’accès à la cave, si bien qu’on aurait pu croire qu’il avait juré en impliquant cet endroit-là. Peach suivit son regard, pensant déjà à la suite des évènements.
Deux heures plus tard, tout le monde fut prêt et déjà dehors. Wolf ne portait plus sa tenue de malade. Il l’avait remplacée par un ensemble à présent propre, composé de bottes violettes et bleues, qui s’accordaient avec son pantalon et son haut noirs, et à sa veste bleu clair. En guise d’accessoires, une ceinture dorée séparait le torse et le bas du corps, et le loup avait des genouillères et des épaulières à pics, en plus de coudières noires. Ses pattes étaient couvertes de gants à griffes, et il portait une arme au niveau de la taille. Enfin, quelques protections médicales apportées par Ganon (telles qu'un masque et des gants en papier quasiment transparents) étaient ajoutées à ses vêtements de travail. Ceux-ci donnaient une image très intimidante de leur possesseur… qui ne pouvait plus la soutenir puisque le virus l’affaiblissait trop pour cela. Ce MDR-03 était un vrai fléau, et malheureusement il n’était pas le seul…
- T’es encore plus ringard habillé comme ça qu’avec ta robe de grand-mère ! Comme si t’avais pas assez de pics ! se moqua Cartoon en voyant Wolf après changement.
Le mercenaire se retint de l’attirer vers lui pour le transpercer (s’il s’approchait lui-même de l’enfant, il ne se passerait peut-être rien).
En ce qui concerne Yoshi, il craignait toujours le courroux de la princesse. Cependant, il avait tenu à être clair et à lui dire la vérité sur la recette, même si pour cela il devait encore se faire étrangler…
- La raison pour laquelle moi-même je ne peux pas déchiffrer cette liste, c’est que ce n’est pas moi qui l’ai écrite, et en plus… Celui qui a fait ça n’aime pas qu’on critique son écriture… Il pourrait botter les fesses des autres sinon… C’est lui le chef, donc… Je vous en prie, Votre Altesse, ne me bottez pas les fesses…
- Mais je ne t’en veux pas, répondit Peach avec son habituel sourire. Par contre, appelle-moi Peach et tutoie-moi s’il te plaît, je ne comprends pas pourquoi tu me vouvoies tout d’un coup…
Ouf ! Elle avait retrouvé la sérénité imperturbable qu’on lui connaissait. Du coup, le reptile sentit ses angoisses disparaître… Et sa nervosité revenir, la preuve étant encore son pied qui tapotait le sol.
Quand à Cartoon, il avait arrêté d’embêter Wolf. Il se cramponnait maintenant à la jambe de Sheik pendant que celui-ci aidait Ganon à préparer le départ de leurs compagnons. Le garde-champêtre s’était levé tôt afin de faire des courses. Il avait acheté une trousse de secours, des médicaments à part, des potions, de la nourriture, quelques couteaux en guise d’armes et un petit supplément pour Cartoon. C’était pour savoir ce que pouvait bien être cet objet, que l’enfant s’accrochait au mollet de son ami. Mais tout ce qu’il obtenait comme réponse, c’était « tu verras plus tard ». Sheik et Ganon étaient bien trop concentrés sur leur travail pour discuter.
Finalement, leur tâche ne leur prit pas beaucoup de temps, mais tout de même un peu d’énergie car ils avaient utilisé leurs pouvoirs magiques et leurs forces en même temps. Ils rassemblèrent tout le groupe afin de lui montrer ce qu’ils venaient de terminer.
- Nous avons restauré le vaisseau cramé, avec quelques places en plus, expliqua Ganon en s’essuyant les mains avec un torchon. Vous allez pouvoir partir, maintenant.
Les deux compères s’écartèrent pour dévoiler le résultat. La bouche en cœur, les autres découvrirent avec fascination ce qui allait leur servir de moyen de transport.
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By Crazy