Il ne restait dans la salle six personnes, un haut-elfe, un orc, deux bretons, un impérial et un elfe noir .
L'orc dérangeait Armegnon, il pensait que s'il rentrait dans le tunnel il déclencherai une nouvelle bagarre, et dans un lieu si étroit il y aurait sûrement des blessés.
Mais ce n'était pas la seule chose qui le faisait hésiter, car Baslod était partit dans les égouts avec le reste des civils. Il ne voulait pas se résoudre à abandonner son amis, le buveur de bière avait de nombreuse chance de se faire tuer sous les coups de la population voulant absolument sortir, mais le guerrier aussi. Il se demandait ce qui était le mieux à faire, essayer d'aider son amis en mourant a coup sûr ou l'abandonner et tenter de passer par ce nouveau chemin...
Il décida de prendre la galerie dégagé et qu'une fois dehors chercher son amis. Il prit une gorgée d'hydromel et entra dans le tunnel.
En fin de compte, Olaf et Ragnar n'avaient point fait long-feu face aux nouveaux arrivants elfes et à ce fameux Eddard, qui s'était permis de sérieusement redessiner le portrait de l'un, et de faire déguerpir à toutes jambes l'autre. Thardrik, tout en secouant légèrement son couvre-chef dans le but d'en ôter n'importe quelle hypothétique poussière, se surpris à sourire avec désinvolture. Il n'avait ni eu à fuir, ni à s'excuser platement afin d'éviter de se faire décapiter sans aucune autre forme de procès par l'un de ces nordiques enragé bien déterminé à le passer par le fer. Quelqu'un avait ouvertement et physiquement prit sa défense en toute bonne volonté, sans être payé ou menacé de quoique ce soit, et pour le corsaire, il s'agissait là presque d'une première. Le boucanier observa le mercenaire bréton mordre sa pêche à pleine dents après s'être présenté non sans panache aux deux Mers inconnus. Décidément, cet individu montait considérablement dans son estime, et cela était chose rare de la part du forban. Le flibustier hocha la tête en remontant inconsciemment sa paire de gants immaculée : il lui revaudrait ça. Si l'occasion se présentait, bien entendu, bien que l'écumeur doutait fortement de recroiser Eddard un jour. Thardrik fronça les sourcils, il semblait des plus aisé de jurer assistance à quelqu'un dans ses plus durs instants alors que l'on était certain de ne jamais le revoir. Pouvait-on vraiment appeler cela une promesse, en ce cas ? Ou n'était-ce qu'une illusion tenant du domaine psychologique, qui n'avait pour objectif que de conforter le corsaire dans son idée erronée de réciprocité envers le bréton qui venait probablement de lui sauver la vie ?
Le forban devint imperceptiblement plus livide qu'à l'accoutumée. Depuis quand réfléchissait-il à ce point ? Jamais il ne s'était remis en question jusqu'à maintenant. Le flibustier toussota furtivement, par tout les Daedras … sa conscience commençait sérieusement à aller de travers. Si cela continuait ainsi, elle finirait par définitivement l'entraver dans sa quête. Quelle quête ? Il n'en avait aucune à proprement parler. Thardrik Vidar ne paraissait pas être un individu remarquable, ni même capitaine de quoique ce soit. Qui était-il, en fin de compte, à part une personne vivant dans l'anonymat le plus total, attendant patiemment la mort en noyant son chagrin dans l'alcool ? L'écumeur pesta intérieurement : depuis sa pendaison à Solitude, quelque chose ne tournait pas rond. Puis il devina subitement ce qui le perturbait depuis si longtemps.
Comment se faisait-il que son cœur battait encore ? N'était-il pas théoriquement mort ? Le corsaire se retint de grelotter de peur. Pourquoi marchait-il, pourquoi respirait-il, pourquoi pensait-il ? La corde autrefois enroulée autour de son cou lui avait définitivement ôté la vie, et pourtant … il était là. Debout. A l'instar d'un être vivant des plus ordinaire. Était-il un revenant ? Un esprit ? Un ressuscité ? N'importe quelle de ces nombreuses éventualités le glaçait d'effroi dans tout son être. Le forban redoutait par dessus tout la magie, si bien qu'il craignait d'être affligé du pire sortilège qui soit : une malédiction. Thardrik frissonna d'épouvante malgré ses précédents efforts, cette possibilité le terrifiait promptement. Qui pouvait donc être l'abominable mage responsable de son état actuel ? Un sorcier Khajiit mal-intentionné ? Oui, ce devaient être eux ! Ou alors …
Mais bien sûr. Son Œil. Son Iris, Sa Pupille, l'Aube et le Crépuscule, l'Astre Unique. Lui. L'écumeur serra les poings avec rage. Tout était de Sa faute. Encore. Toujours. A jamais.
-La bête est partie ! Clama une voix lointaine.
Le boucanier fut brutalement extirpé de ses pensées à ces mots. Le Dragon … s'était en allé ? Improbable. Le flibustier tendit l'oreille : le silence qui régnait désormais en surface semblait confirmer les dires du garde apporteur de cette auguste nouvelle. De plus, les tremblements des fondations de la ville avaient cessés depuis peu, signe évident de l'absence du mastodonte ailé semant le chaos en extérieur, qui prenait un plaisir évident à piétiner Blancherive de ses gigantesques pattes griffues. Ainsi donc, la voie était alors de nouveau libre ? Parfait ! Le corsaire afficha soudainement une mine des plus joyeuse, avant que cette dernière ne se décompose en un battement de cil. A la vue des réfugiés s’entre-tuant pour la moindre place dans les obscurs tunnels juxtaposant la salle où il se trouvait, Thardrik se renfrogna drastiquement et fit discourtoisement la moue. Il n'était pas sorti de l'auberge, si les choses continuaient à ce rythme …
-Quelqu'un m'accompagne ? Demanda subitement Eddard.
Le forban leva le regard en direction du bréton, qui s'avançait alors d'un pas rapide vers un quelconque tunnel … vide de monde. Tiens donc. Le flibustier fit un léger tour complet sur lui-même : l'endroit semblait pourtant toujours bondé de sinistrés. Comment se faisait-il que ce passage soit si peu emprunté ? Le mercenaire s'était déjà totalement engouffré dans cette entrée des plus obscure, le laissant ainsi seul avec un dunmer ténébreux et son acolyte ermite atteint de mutisme profond. Thardrik renifla en silence. Ces deux individus le mettait au moins mal à l'aise, au mieux, ils lui inspirait une méfiance relativement conséquente. La dernière fois que le corsaire avait adressé la parole à un elfe noir, tout s'était assez mal terminé. Son interlocuteur lui avait sauté dessus et s'était largement permis de le molester jusqu'à se faire assommer par un de ses membre d'équipage. Ah, ce sacré Cyrio, un bon rougegarde, fidèle, loyal, fort, et accessoirement un vétéran de la Bataille de l'Anneau Rouge, un sacré gars. Sa mort avait considérablement attristé le corsaire, ce Vigile de Stendarr l'avait abattu sans lui laisser la moindre chance. D'un autre côté, l'écumeur n'avait alors plus eu à craindre de se faire mordre en pleine nuit par un quelconque natif de Lenclume assoiffé de sang. Ah, les vampires, de sacrés phénomènes.
Son attention se porta à nouveau vers la faille présente au sein de l’architecture de la pièce. Devait-il s'y glisser à l'instar d'Eddard ? Sans aucun doute. D'une part, il éviterait toute cette plèbe qui formait presque une muraille de corps infranchissable, si bien qu'il gagnerait certainement un temps précieux en emboîtant le pas au bréton. D'autre part, si jamais les ennuis le rattrapait, le boucanier pouvait toujours tenter de retrouver ce dernier en cas de pépin majeur. Et en fin de compte, le corsaire ne souhaitait pas réellement demeurer aux côtés des deux étranges personnages lui tenant actuellement compagnie. Si bien qu'après avoir accompli une dernière vérification maniaque de son accoutrement, il emprunta le même chemin que le mercenaire en jonglant avec un septim, tout en sifflotant doucereusement. Les paroles d'un vieux chant de marin lui vinrent soudainement à l'esprit, des couplets âgés de plus d'une quarantaine d'années, qui dataient de la Grande Guerre :
-Au trente-et-un de Vifazur,
Au trente-et-un de Vifazur,
On vit venir à toute allure,
On vit venir à toute allure,
Une frégate des Altmers,
Qui se glissait entre les îles :
C'était pour attaquer Anvil.
Buvons un coup, buvons en deux,
A la santé des amoureux,
A la santé de notre Empereur,
Et merde à tout ces Altmers,
Ils nous ont déclarés la guerre !
Et il poursuivit son trajet ainsi. En chanson.
« Alleeeeeez ! Mais tu vas te lever bon sang ! On va pas rester planter ici toute la vie...
Et la jeune femme recommença de plus belle, tirant de toute ses maigres forces sur le bras du colosse vert. Ce dernier semblait...absent. Alessia ne savait pas ce qu'il lui arrivait, mais son regard était rivé sur l'étroit couloir secret.
Elle se pencha à nouveau à sa hauteur et fit la moue juste devant ses yeux mais, alors qu'elle s'attendait à une réaction de sa part, elle ne vit que le vide dans ses pupilles. Il fallait le tirer de sa léthargie, et vite ! Sinon le passage allait se refermer...et ils se retrouveraient coincés avec la foule excitée et meurtrière.
La rousse commença avec une petite gifle sur la joue du Mer : aucune réaction. Elle réitéra l'action, mais avec plus d'entrain cette fois : toujours rien. Elle se caressa le menton pensivement, et finit par pincer le nez de Mash.
Cette fois-ci son idée fut payante, le géant sursauta et sa tête frappa le mur. Il avala une grande quantité d'air alors que ses yeux changer sans cesse de cible.
« Ah bah enfin ! J'ai bien cru qu'on allait rester ici toute la nuit...
L'Orque afficha un regard plein de questions, visiblement il ne se souvenait de rien.
« Ça t’arrive souvent de bloquer comme ça ? Tu cherchais ton cerveau, railla l'Impériale.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-T'as eu une absence...c'était bizarre.
Le mercenaire ne pipa mot, mais il savait très bien ce qu'il s'était passé : des souvenirs douloureux lui étaient apparus. Il ne voulait pas inquiéter la jeune femme, aussi il trouva une excuse toute faite.
« Sûrement les effets secondaires de la potion que j'ai bu plus tôt.
-Une potion ? Quelle potion ?
-Un élixir que m'a donné un alchimiste Altmer pour vaincre ma...phobie.
Alessia leva un sourcil en apprenant la nouvelle : l'Orque avait donc peur de quelque chose. C'était sûrement ça qui lui avait valut cette absence.
« Et de quoi aurais peur un si grand bonhomme ?
-J-je suis...claustrophobe...
-Que...tu as peur des espaces clos ? Et tu dis que la potion de ce type t'as permis de venir ici ?
-Oui, j'étais comme insensible à tout ce qu'il se passait. Je voyais très bien ce qui m'entourait, mais rien ne me dérangeait...pas même le corps d'un gamin éventré.
Elle déglutit lorsqu'elle entendit la fin de la phrase de son ami. Comment pouvait-on rester de marbre devant un corps éventré ? Cette potion l'avait-elle rendu aveugle ? Non, sinon il n'aurait pas pu s'apercevoir de telles chos...Aveugle ? Mais oui, bien sûr ! Pour stopper sa peur, il ne faut pas qu'il puisse voir son environnement !
« Est-ce que tu aurais un morceau de tissu sur toi ?
-Il y a bien ce chiffon, fit Mash en sortant la saucisse enveloppé dans une loque.
Sans dire un mot, la rousse se saisit du haillon et le tendit devant elle. Ensuite elle le découpa de façon à n'avoir qu'une large bande. Seulement, lorsqu'elle voulut le passa autour du visage de l'Orque, celui-ci l'interrogea.
« Qu'est-ce que tu fais ?
-Tais-toi et enfiles ça. Si tu veux qu'on sortes d'ici, il va falloir que tu me fasses confiance.
La demande de sa jeune amie intriguait le mercenaire. Elle semblait vouloir lui couvrir les yeux, mais pour quoi faire ?
« En quoi me rendre "aveugle" va-t-il nous aider à quitter les égouts ?
-Si tu ne sais pas où tu te trouves, tu ne sauras pas que tu es dans un espace confiné, c'est aussi simple que ça !, finit par émettre Alessia en souriant à l'Orque. Allez, fais-moi confiance !
Sa proposition paraissait indécente, mais quelque chose chez l'Impériale poussait Mash à l'écouter. Il se laissa donc faire.
Le morceau de tissu recouvrait le haut de son visage, mais il pouvait encore apercevoir les ombres alentours; sûrement à cause de la lumière.
« Très bien, maintenant tiens bien ma main et n'écoutes que ma voix, c'est bien compris ?
L'intéressé hocha la tête sans rien dire, puis il se mit en marche. La réactivité de la jeune femme stupéfiait l'Orsimer. Du haut de sa vingtaine d'année – et encore, il n'en était pas sûr – elle avait su mettre un terme à un problème que ni lui, ni Hamvir n'avait su résoudre. Et pourtant, l'idée était plutôt simple...un banal morceau de tissu.
Alessia, suivit du colosse vert, s'engouffra à l'intérieur du couloir. Quelques mètres plus loin elle pouvait entendre la voix d'un homme, il chantait à tue-tête. Un tel enthousiasme fit sourire l'Impériale qui pressa un peu le pas, désireuse de rencontrer cette personne que ni les ténèbres ou la situation ne semblait toucher.
- "Oh, vraiment navré Madame, j'ai éprouvé comme le "besoin" de m'engouffrer directement dans ce mystérieux passage. Ne vous intrigue-t-il pas ? Certes j'aurais dû vous inviter à me suivre mais je me suis quelque peu emporté. Hum ... Vous n'avez pas rencontré de problèmes entre la grande salle et ici ?" dit il avec un petit rire
Il se moquait d'elle en plus ? Elle fronça les sourcils en plissant les lèvres. Besoin ou pas il aurait du l'attendre ! Et non il ne l'intriguait pas plus que ça, ce n'était qu'un tunnel après tout ! Elle l'aurait bien giflé pour ce qu'il avait fait mais elle avait peur de s'écorcher sur ses écailles, et puis après tout ce n'était pas digne d'une dame de s'énerver ainsi.
Elle allait lui répondre quand il l'a coupa dans son élan pour interpeller l'homme qu'elle avait bousculé.
- "Alors Eddard, vous aussi vous êtes de la partie ?"
- "Hmm hmm"
Comment osait il ne même pas attendre sa réponse ? Pour parler à un vulgaire Breton commun ! Il avait peur que celui-ci les attaques ? Il avait pourtant l'air inoffensif celui-là !
Rodrik venait de passer à coté de lui avec les deux coffres, au moins voilà une personne à qui elle pouvait vraiment faire confiance... !
- "Bon, je suppose que tout le monde ici est juste motivé par la curiosité mais si l'un de vous a une idée concernant ce qui se trouve au bout de cette route, ça m'intéresse ! Ah, et puisque mon nom a été révélé, j'aimerai bien connaître les vôtres."
La curiosité ? Mais qu'est ce qu'ils avaient tous avec ce tunnel ? Il était magique ou quelque chose du genre ? Et il ne menait pas à la sortie ? Elle fronça les sourcils et regarda Jeelus, où l'avait elle suivi ? En tout cas il était hors de question qu'elle donne son nom à un vulgaire inconnu !
- "Je suis Rodrik, garde du corps de Dame Adèle ici présente"
Elle jeta un regard à Rodrik qui laissait transparaître toute la lassitude qu'elle avait actuellement pour le monde. Elle ne pouvait faire confiance à personne en fait.
Elle entendit quelqu'un chuter à coté d'elle, c’était l'Altmer fourbe. Bien fait pour lui ! Il essaya d'articuler quelque chose avec peine ce qui le rendait un peu plus pitoyable mais sa compagne Dunmer mit fin à sa tentative en traduisant ce qu'il avait à dire.
- "Il veut vous passer une fiole de grégeois, que vous puissiez vous éclairer. C'est relativement dur de parler avec la gueule en morceaux et une main devant la bouche."
Elle leva un sourcil et en plissant le nez tout en prenant la fiole. Pourquoi lui donnait il quelque chose ? Elle lui aurait bien jeté sa damnée mixture à la figure si elle n'avait pas été aussi pratique. Elle voyait bien mieux maintenant.
- "Et donc je... non aucuns problèmes dans la grande salle... Merci...", dit-elle à Jeelus.
Elle avait voulu dire quelque chose de plus profond et violent tout à l'heure mais elle avait déjà oublié ce que c'était. Elle s'était donc contenté d'une phrase lambda. Bah ! Ce n'était pas grave ! Elle trouverait un truc plus puissant à lui dire plus tard !
En attendant elle avançait pendant que derrière elle, au bout du couloir, un homme chantait un chant de corsaire. Elle avait déjà entendu ce chant une fois quand elle était petite, son père avait engagé des corsaires pour elle ne savait trop quelle raison -elle ignorait encore la politique à l'époque- et ils l'avaient chanté à leur table quand elle les espionnait dans la salle de garde. Elle venait d'apprendre à lire et les histoires sur les pirates découvrant des trésors étaient ses préférées. Elle était persuadé à l'époque qu'ils en possédaient des tonnes cachés sur une île. Elle ne leur avait jamais demandé mais il était très probable qu'ils n'en avaient pas au final. C'était des corsaires et non des pirates. Quoiqu'il en soit, pourquoi quelqu'un chantait cela ici ? Et puis comme l'avait dit Eddard, où allaient-ils finalement si ce n'était pas à la surface ?
- "Ce tunnel ne mène pas à la surface ?" répondit elle à Eddard
Ce tunnel n'était pas boueux et sur le moment ça lui avait parut être l'essentiel mais si il n'allait pas à la surface c'était une autre histoire...
Le mur s'était enfin ouvert. Déjà, les quelques personnes qui ne s'étaient pas ruées vers les sorties s'engouffraient déjà une à une vers leurs seul espoir, l'unique et ultime fil qui les maintenaient à la vie. Encore fallait il faire route avec quelqu'un... Mais qui ? Il se penchait pour apercevoir les différents groupes nouvellement formés. À vrai dire, il tenait surtout à éviter le reptile, bien que leur collaboration ne fut à l'heure actuelle forcée.
S'offraient à lui plusieurs choix; tenter une "paix des peuples" provisoire entre Jeelus et lui même, faire voile avec cet homme au chapeau extravagant qui chantonnait un air marin, ou bien faire route seul.
Il soupira et s'engouffra à son tour talonné par Merlin qui proliférait encore son flot de parole continue et inintelligible à si basse fréquence qu'on ne pouvait discerner les différentes syllabes.
C'est alors que ce dernier fut prit d'une sorte de spasme et se mit à courir comme un possédé, hurlant à la mort; hurlement entrecoupé par des crises de rires sporadiques.
Veryan réagit au quart de tour, il se mit à poursuivre Merlin qui vint s'arrêter aux côtés du groupe de Jeelus, leur adressant un nouveau cris cette fois fort compréhensible:
"_BONJOUR VOUS !! OU DONC ALLEZ VOUS ????"
Autant gêné qu'affligé, Veryan tira le fou en arrière afin de l'empêcher de nuire malgré ses râles dignes d'un soldat à l'agonie sur le champ de bataille et le força à reprendre la marche au pas de course. Lui qui voulait passer inaperçu, l'effet semblait être pour le moins ... Un échec.
Il baissa la tête espérant que personne ne le prierai d'expliquer ce comportement...
Eddard avait acquiescé discrètement. En effet, quoi de plus "discret" qu'un "hmm hmm" lorsqu'il s'agit de répondre à une question ? De toute évidence, cet homme cherchait à ne pas se faire remarquer, ou bien il n'avait aucunement envie de parler avec Jeelus.
Voire aucunement envie de parler tout court, peu importe avec qui ?
"Bon, je suppose que tout le monde ici est juste motivé par la curiosité mais si l'un de vous a une idée concernant ce qui se trouve au bout de cette route, ça m'intéresse ! Ah, et puisque mon nom a été révélé, j'aimerai bien connaître les vôtres." dit-il d'un air faussement enjoué.
Accessoirement, il avait posé sa main sur la poignée d'une de ses deux lames ; la plus courte. Eh bien, qu'est-ce qu'il nous faisait là ? De la méfiance ? Imagée, qui plus est ? Certes Jeelus aussi était sur ses gardes, mais seul son regard le traduisait. Il regarda Eddard avec un air incompréhensif marqué sur le visage. Tout compte fait, cet homme souhaitait parler. Ou plutôt, il avait envie de s'entourer ? Boh, le Reptile n'en savait rien en fait. Présentement, il était question de donner son nom. Après tout pourquoi pas, lui il connaissait bien celui d'Eddard. Mais s'il ne lui avait pas donné son nom auparavant, ça n'était pas pour rien !
Alors, pouvait-il le lui donner maintenant ?
"Raquen. Vous avez déjà vu un truc comme ça ? C'est la fermentation à votre avis ?"
Jeelus se retourna rapidement en direction de l'Altmer : il s'appelait donc Raquen. Le Saxhleel n'accorda pas la moindre attention à ce que l'Elfe pointait du doigt, et il se tourna à nouveau en direction d'Adèle mais de sorte à garder un oeil sur Eddard.
L'instant d'après, le dénommé Raquen trébuchait et s'écrasait pitoyablement au sol. Quelle entrée minable ... A tel point que Jeelus ne se retint pas de rire ouvertement, surtout lorsqu'il remarqua que le pauvre bougre n'était même plus capable d'articuler correctement. Il demanda donc à son acolyte de parler à sa place ... Par tous les Daedras. Une Dunmer.
Jeelus recula de deux pas en mettant très clairement la main sur la poignée de sa lame et en commençant à foudroyer la sombre Elfe de ses yeux vairons. Bordel, voilà qu'il était coincé dans un tunnel avec une de ses sous-race ! C'était elle ou lui, pour sûr !
Non il fallait absolument se calmer. En tant normal il aurait dégainé son épée courte et se serait rué tel le fou furieux qu'il était sur cette catin elfique, sauf que là, l'espace était confiné, très confiné. Sans compter le fait qu'il allait probablement se retrouver seul face à cette "Irène", Raquen ainsi qu'Eddard, très probablement. Et puis Adèle risquait d'être blessée. Non, franchement c'était une très mauvaise idée. Pour l'heure, cette catin resterait en vie ...
Jeelus s'était calmé aussi vite qu'il ne s'était emporté. Bon. A part ça, il avait été question d'une femme que Raquen aurait aimé. L'Argonien se retint de rire : cet Elfe minable était retourné par son histoire de coeur à tel point qu'il se méprenait et confondait son Aimée avec la sombre sous-race qu'il avait en guise d'acolyte. Décidément ... Certes, Jeelus était lui aussi très troublé lorsqu'il repensait à Meeh-Mei, mais jamais il ne l'aurait confondue avec une Dunmer bon sang, jamais. Il lui arrivait de faire quelques rapprochements avec Adèle, mais là encore la comparaison pouvait être considérée comme élogieuse même si c'était une Brétonne. Et jamais il ne s'était pris à dire son nom à haute voix devant plusieurs inconnus ...
Autant il aurait pu avoir de la compassion pour Raquen ne serait-ce que parce qu'il a, lui aussi, perdu son Aimée ... Autant il n'en aurait pas le moins du monde car cet Elfe était ridicule dans sa façon de repenser à celle dont son coeur avait été épris. Un peu de tenue, bon sang ... D'abord la confondre avec une Dunmer, puis exposer ses problèmes sentimentaux à haute voix devant des inconnus ... Du grand n'importe quoi.
Désormais adossé à une paroi et perdu dans ses pensées, le Saxhleel ne remarqua même pas que le Haut-Elfe tentait une de ses mystérieuses fioles à Adèle. Mais c'était dangereux ces choses là ! Et si cet objet venait à exploser malencontreusement car la Brétonne ne savait pas s'en servir ? Et si cela venait à carboniser tout le monde dans ce tunnel par le biais d'une déflagration ? Bon sang c'était tout simplement suicidaire ... Ils étaient tous fous.
Jeelus hésitait à partir loin de tout ce groupe d'un pas rapide, mais cela n'était probablement pas une bonne idée que de s'enfoncer seul dans un tel endroit. Et puis Adèle risquerait de lui en vouloir encore plus. Humf. Cette dernière finit par prendre la fiole dans sa main, puis elle se tourna vers le Reptile. Elle semblait comme contrariée, au moins un petit peu.
"Et donc je... non aucuns problèmes dans la grande salle... Merci..."
Le Saxhleel haussa un sourcil : oui, elle était définitivement contrariée. Peut-être aurait-il dû s'abstenir de la taquiner ? Peut-être l'avait-elle mal prit ? Après tout, Jeelus n'était pas doué pour la taquinerie mais plutôt pour la méchanceté pure et simple ; même Meeh-Mei n'appréciait pas lorsqu'il la taquinait. Soit, il était donc définitivement mauvais pour ça.
Ou bien était-ce simplement Adèle, omnibulée par ses manières de noble, qui vivait mal le fait de se faire embêter par un homme qui lui était presque inconnu ? Un lézard bipède, qui plus est ? Oui c'était probablement ça. Le visage de l'Argonien se referma, puis il tourna la tête en direction d'Eddard, sans pour autant bouger de la paroi sur laquelle il s'était adossé en croisant les bras. Maintenant qu'il y repensait, même Rodrik s'était présenté à cet illustre inconnu qu'était Eddard ; il s'était présenté lui-même, ainsi qu'Adèle. Le Saxhleel était donc le dernier à ne pas avoir divulgué son nom à tout le monde, fort bien ...
Il allait maintenant s'attirer moulte soupçons s'il ne le faisait pas.
Il grogna discrètement, se retenant de jurer : il n'aimait pas du tout être forcé à faire quoi que ce soit. Et là, tout de suite, il était d'une certaine manière obligé de divulguer son nom. En présence d'une Elfe Noire, qui plus est ... Par tous les Divins, il était tombé bien bas.
Lui qui aimait être le plus mystérieux possible. Il soupira bruyamment et pencha la tête.
- Je m'appelle Jeelus-Tei, fils de feu Seewul, fier dignitaire de la caste Archéenne de Gideon.
Comme à son habitude, il donnait ce petit effet lorsqu'il se présentait. Eh bien, c'était un minimum non ? Il donnait rarement son nom à des étrangers, alors autant que cela soit bien fait lorsqu'il s'y autorisait. Bien entendu, il s'attirait souvent les foudres d'autrui quand il se présentait : soit parce qu'on le trouvait trop hautain, soit parce que l'on était jaloux de lui.
Soit, "c'est la vie", mais il fallait bien qu'il se présente, et même s'il s'était efforcé de le faire sans le moindre artifice, sa présentation aurait été plus "impressionnante" que celle de la plupart des personnes ici présentes, selon lui. Ah, la modestie ...
Quelque chose qu'il n'avait pas, et n'aurait probablement jamais.
"BONJOUR VOUS !! OU DONC ALLEZ VOUS ????"
Le Saxhleel connaissait cette voix de détraqué. Cette voix d'homme complètement dingue, bon pour l'enfermement. Cette voix de mage fou. La voix du Mage Fou. Bon sang, c'est pas vrai ...
Il vit débarquer ce fou furieux avec Veryan juste derrière, vraisemblablement épuisé - et à juste titre - par les bêtises du vieil homme. Jeelus grogna sans tenter de s'en cacher. Il baissa les yeux en attendant que le Chasseur daigne s'eclipser avec son acolyte, et espérant secrètement qu'ils se fassent dévorer par une mystérieuse et abominable créature qui se terrerait au fin fond de ce tunnel secret. Qu'ils disparaissent, vite !
Cloîtré dans un tunnel aux côtés de deux Dunmers !
Il n'aurait pas pu imaginer pire scénario ...
Une enivrante humidité régnait dans les égouts. On pouvait voir ruisseler la condensation perlantes de façon aléatoire sur les murs. Les peaux démangèrent et les vêtements commencèrent à coller. Gabriel devait changer de vêtement, il était trempé. Mais comment sortir de ce trou...
Le curieux spectacle s' était déroulé assez rapidement. Tandis qu' il examinait le mur, une elfe vint asséner un violent coup de pied au mur, qui par miracle s' ouvrit.
Une immense et sombre galerie se laissait apercevoir. Alors que le groupe commençait à s' agiter. Gabriel, de son côté s' apprêtait à entrer, sans porter d' avantage attention. Il était plongé dans ses réflexions. Il se retrouvait ici, dans les égouts de Blancherive, après avoir perdu un bras lors le l' attaque d' un dragon. Difficile de déterminer la réelle raison de sa venue. Derrière la curiosité devait certainement se tapir quelque chose d' autre. Mais quoi donc d' aussi important ?
Quelques vers d' une chanson payarde virent l' arracher à ses pensées.
" -Au trente-et-un de Vifazur,
Au trente-et-un de Vifazur,
On vit venir à toute allure,
On vit venir à toute allure,
Une frégate des Altmers,
Qui se glissait entre les îles :
C'était pour attaquer Anvil.
Buvons un coup, buvons en deux,
A la santé des amoureux,
A la santé de notre Empereur,
Et merde à tout ces Altmers,
Ils nous ont déclarés la guerre ! "
Le curieux personnage de tout à l' heure venait de passer devant lui tout en chantant. Gabriel se mit alors à soupirer. A ses côtés se trouvaient divers personnes se présentantes les uns les autres.
Péniblement, le prêtre se leva. L' argonien qui se présentait fièrement ne pris même pas la peine de s' interrompre afin de le laisser passer.
Il sourit lui narquoisement puis partit sur les traces du corsaire.
_____________________________ POST MDJ ______________________________
http://www.youtube.com/watch?v=v43gEt84q7c
Après ces quelques pérégrinations, le groupe parvint enfin à rejoindre une alcôve véritablement titanesque, aux immenses battants de granit et d'acier, surplombant quiconque par son imposante taille et son architecture séculaire. Il paraissait des plus incroyable qu'un tel portail se situait alors sous les infâmes égouts de Blancherive, et plus improbable encore était le fait que cette gigantesque porte soit à cet instant grande ouverte, prête à accueillir n'importe quel nouvel arrivant sans discrimination aucune. Le petit contingent d'individus hétéroclites resta un moment figé devant cette entrée remarquable, avant de s'engouffrer définitivement au plus profond de l'abysse, sens et réflexes en alerte. Aucun d'entre eux ne pouvait déterminer s'ils approchaient bel et bien de la surface, ou si leur attroupement arrivait à la fin de son long périple souterrain. Tous étaient égarés dans le noir, tous avançaient dans la cécité intégrale, toute notion de repère avait disparue pour laisser place à la découverte sous sa forme la plus concrète : l'exploration. L'avancée en territoire entièrement inconnu.
Le groupuscule progressait avec prudence au sein d'une très large antichambre, dont les murs regorgeaient de fontaines sculptées à même la pierre, dépeignant les visages des Jarls ancestraux de l'antique châtellerie des plaines. L'on pouvait reconnaître entre tous le grand Olaf le Borgne, son unique pupille toisant les quelques intrus présents avec sévérité, Alrik le Clairvoyant, dont l'absence de pilosité faciale trahissait sa terrible maladie l'ayant rendu totalement imberbe dés son plus jeune âge, Elfride la Blanche, représentée coiffée de sa fameuse couronne de rose mythique, ou encore Osgeir le Pieux, au faciès bardé d'une multitude de balafres. Étonnamment, les plus récents prédécesseurs de Balgruuf semblaient absents de cette auguste assemblée, comme si la création de ces admirables statues avait soudainement cessée du jour au lendemain. Le dernier portrait en date présentait le Jarl Siger, mort le 3£433 à seulement treize jours d'intervalle du décès de Martin Septim. Au delà de cette période, aucun régent n'avait fait graver son glorieux profil dans cette étrange salle, ce qui paraissait réellement anormal : jamais l'on avait vu un haut-dignitaire nordique refuser d'être immortalisé par un quelconque art, que ce soit en ballade, tableau ou statuette.
La compagne freina soupçonneusement sa marche lorsqu'un brasero s'illumina subitement au centre de l'antichambre, révélant aux yeux de chacun un minuscule attroupement d'individus drapés de larges bures grises à capuchons, tous réunis autour d'une seule et même table circulaire en bois massif, grossièrement réalisée par un quelconque artisan de fortune. Ils étaient trois, une femme et une paire d'hommes, dont l'un d'eux semblait bien peu préoccupé par la situation actuelle, tant il sifflotait d'un air faux dans le but précis d'agacer volontairement ses congénères. Le contingent demeura judicieusement dans l'ombre à la vue de ces mystérieux inconnus, camouflé par la pénombre ambiante, tandis que les étrangers lançaient un regard mauvais au plaisantin qui ne cessait de chantonner gaiement. Les aventuriers pouvaient observer à loisir ces étranges énergumènes, dissimulés par l'obscurité qu'ils étaient, si bien qu'ils tendirent l'oreille afin de comprendre l'objet de cette curieuse réunion.
-Farid, cessez cela immédiatement, clama soudainement l'un des inconnu d'un ton particulièrement mauvais. Cette assemblée est à caractère sacré, alors veuillez respectueusement conserver le silence.
-Cesser quoi ? Je fais exactement la même chose que vous, j'attends. Vous voulez que je cesse de patienter ? Je ne demande pas mieux, ça fait des heures que je tape du pieds en me demandant quelle heure il peut bien être, riposta son interlocuteur.
http://www.youtube.com/watch?v=zmhJmmtMPE0
Son compagnon soupira profondément. Il retira lentement sa capuche, dévoilant ainsi ses traits burinés et austères, puis cracha au sol sans aucune forme de courtoisie quelconque. C'était un bréton, âgé d'une cinquantaine d'années tout au plus, aux longs cheveux coiffés en queue de cheval et à la pilosité grisonnante, le visage entaillé par une large cicatrice lui barrant horizontalement l'intégralité du visage. Il pesta silencieusement en transperçant avec rage son interlocuteur des iris, puis fit brutalement tomber sa bure au sol, laissant alors apparaître son accoutrement des plus distingué. L'homme était vêtu d'une simple chemise d'albâtre masquant à grand-peine la cotte de maille enfilée autour de son buste, tandis que ses jambes s’enchâssaient dans de lourdes grèves de plates rouges, preuve indiscutable que l'intéressé avait probablement été engoncé dans une armure complète dans un passé peu éloigné. Le natif de Hauteroche dégagea la sueur qui commençait à perler sur son front, puis reprit la parole de sa voix grave et gutturale :
-Ne commencez pas à abuser de ma patience, garçon. J'étais contre votre intégration au sein de cette confrérie, et je me maintiens toujours sur mes positions : vous n'êtes qu'un vulgaire parasite qui ne mérite que la potence. J'espère avoir été assez clair.
-Oh, zut, et moi qui trouvais que l'on s'entendait si bien, répondit sardoniquement le dénommé Farid. J'allais même vous demander en épousailles.
Le fantasque défit sa robe avec empressement, dévoilant sa peau mate et ses yeux de braise. Il avait un sourire étincelant, qui rayonnait dans le noir complet, affichant ses dents proéminentes qui semblaient dangereusement plus aiguisées que la moyenne, s'apparentant plus à des crocs qu'à de réelles molaires. Sa chevelure n'était qu'un large amas de longues nattes lui descendant jusque dans le bas du dos, et sa barbe imitait ce même schéma de construction à la perfection. Ses pupilles orangées brillaient d'une telle vivacité qu'il était difficile de soutenir le regard du rougegarde, au rictus moqueur perpétuel phénoménalement agaçant. L'individu était mieux bâti qu'un chef de guerre orque dans la fleur de l'âge, ses bras s'avoisinaient à des troncs d'arbres colossaux, ses mains pouvaient réduire en pulpe sans aucun mal le crâne d'un enfant d'une quinzaine d'années, et sa très haute taille frôlait dangereusement les deux-mètres-et-demi. La cuirasse de peau tannée dont il s'était affublé renforçait considérablement l'impression de bestialité qu'il dégageait à cause de ses nombreux attributs physiques hors-du-commun, si bien qu'il était intimidant même à des dizaines de mètres de distance. Plus sinistre encore était son armement, un marteau de guerre pharaonique dépassait fugacement de son dos, tandis que deux cimeterres aux allures meurtriers pendaient à sa ceinture, accompagnés d'une demi-douzaine de couteaux de lancers et de carreaux d'arbalètes.
-Vous pouvez déblatérer ce que vous voulez sur moi, poursuivit-il, mais cela n'empêche pas que sans mon intervention, vous seriez toujours entrain de rechercher une solution à votre problème de dragons. Merci qui ?
-Merci à celui qui vous a payé pour aller chercher ce fichu Parchemin des Anciens, lui rétorqua le bréton.
-Oh, que vous êtes mauvaise langue. Ça fait quoi … deux ans ? Oui, deux ans qu'on me cherche partout dans tout Tamriel pour le récupérer. L’Empire est encore sur l'affaire, ils sont un peu lents à la détente, les petit gars. Vous savez, on m'a coursé pendant un sacré bout de temps après mon larcin. J'ai eu de tout au derche : un légat impérial, un foudrelame orsimer, un lézard adorateur de daedra, une brétonne totalement fanatique qui se promenait partout avec un espadon magique, un manchot pratiquant le Thu'um et …
-Vous avez déjà raconté cette histoire plusieurs milliers de fois, le coupa net son interlocuteur.
-Je sais, mais j'adore toujours autant la fin : tous sont rentrés bredouilles. Ah, les aléas de la vie, que voulez-vous. Si j'avais su que ce serait aussi simple d'infiltrer la Tour d'Or Blanc, j'y aurais déjà fait plusieurs passages depuis longtemps, ricana le rougegarde.
-Silence, ordonna sèchement la seule femme présente d'un air qui se voulait autoritaire.
http://www.youtube.com/watch?v=gfW1bkPI8Kc
La petite troupe avançait toujours, éclairée par les diverses fioles de Raquen. Eddard restait méfiant, mais la présence des autres le détendait un peu. Forcément quand on avait un Orsimer avec soi, les chances de survies augmentaient considérablement. Quand il traversèrent une impressionnante porte, ils se firent tous plus discrets. Eddard était partagé entre sa curiosité malsaine et sa petite voix intérieurequi lui disait que ce qu'il allait y trouver n'allait pas lui apporter que des bonnes choses.
Sa curiosité l'emporta, évidemment. Il ne pouvait quand même pas retourner en arrière après avoir vu les sculptures sur les murs. Comment Blancherive pouvait abriter un tel endroit sans que personne n'en sache rien ? Enfin, "personne", c'était sans compter les trois individus regroupés autour d'un brasero situé en plein centre de l'immense salle.
Tout comme le fit Jeelus, Eddard s'écarta un petit peu du groupe et s'approcha aussi silencieusement qu'il était possible des individus qui s'étaient réunis. S'il n'était qu'intrigué au début, lorsque l'un d'eux revendiqua le vol d'un parchemin des anciens, toute son attention fut captée. Bon sang, si le bréton à la queue de cheval lui semblait du genre retors et réfléchi - soit des traits de caractères extrêmement dangereux si réunis -, c'était bien le Rougegarde qui lui semblait être le pire. Le fait de savoir qu'il était derrière l'histoire du vol de parchemin prouvait bien que ce type était quelqu'un de très doué, mais .. ce gars était immense. Juste immense en longueur comme en largeur, c'était une énorme montagne de muscle. Si même d'ici il peut s'en rendre compte, qu'est-ce que ça doit donner d'être juste en face de lui ... il devrait éviter à tout prix une confrontation avec cet homme. Aussi ne devait-il surtout, surtout pas se faire repérer. En suivant la conversation, il finit par poser un nom sur chacune des têtes: la jeune femme qui l'avait mené ici lui et les autres se nommait Algard, le Bréton imposant Kriegric et le Rougegarde plus imposant encore s'appelait Farid.
Se joint au petit comité un nouvel individu, clairement plus vieux, dont le nom fut révélé bien rapidement : Lucius.
"Nahkriin, Aak Dov Zaam ! Meyzsahrotmaar, Strunrahgoluznahgaar, Aar Laat Konahrik, Yuvonthurunslaad ! Nahkriin !"
Quoi ? Cette langue ne lui disait rien, mais qu'est-ce qu'elle était étrange. Et pourtant elle lui était familière, quelque part. Cette réflexion le turlupinait, l'aurait-il entendu quelque part av-Oh putain..
Ce truc qu'ils psalmodient, "Nahkriin" .. c'est le truc que tout le monde entendait durant l'attaque du dragon. Merde, ces types avaient un lien avec ce qui s'est produit au dessus ? Mais ils assistaient à un truc extrêmement grave en réalité! Une goutte de sueur froide lui parcourut l'échine. Kriegric fut le dernier à parler, terminant en disant :
"Feyn Jul Taazokan, Qahnnar. Nust Hon Thu'um !"
http://www.youtube.com/watch?v=XiDI4GZMVF0
L'instant d'après, il était au sol. En se relevant tant bien que mal, il crût entendre quelque chose comme "Saignez moi ces fils de chiennes !". Et merde .. !
Une foule d'individu s'approchèrent. Eddard se crût perdu l'espace d'un instant, mais il reprit confiance en voyant que tout ces adversaires potentiels se séparaient pour affronter chacun d'entre eux. Seuls deux d'entre eux se mirent en tête de le tuer lui. Mauvais choix.
Aussitôt qu'il dégaina son épée, ses adversaires s'arrêtèrent à une distance raisonnable. Ils espéraient être assez rapide pour le tuer avant qu'il ne dégaine, hein ? Raté. Il évalua rapidement ses adversaires. Armure lourde pour l'un et légère pour l'autre. Le premier maniait une lourde épée bâtarde tandis que son camarade avait une simple épée accompagné d'un bouclier léger similaire à ceux qu'utilisaient les soldats impériaux. Ça n'était pas parti pour être simple, un adversaire lourd et un autre léger, ils n'auraient pas du tout la même vitesse ou force de frappe.
Le premier à frapper fut le combattant lourd. Il donna un coup latéral, et l'esquiver fut aisé. L'autre combattant était immobile et semblait attendre une ouverture pour le tuer d'un seul coup ..
Il devait être prudent, ce genre d'adversaire était dangereux : Leurs coups sont faciles à esquiver mais si vous êtes touché, vous êtes mort.
Alors qu'il allait frapper à son tour, son adversaire le devança. La lame d'Eddard bondit et bloqua le coup. L'impact fut néanmoins si violent qu'Eddard recula, titubant.
Assurant sa prise à deux mains, il contre-attaqua mais son adversaire contra sa botte avec un revers dédaigneux. Ils continuèrent comme ça quelques secondes, avançant et reculant sans arrêts, la prestesse d'Eddard compensant les assauts vigoureux de l'Impérial. Il n'y avait qu'eux deux désormais. Le fer grêlait de tout les côtés, mais le bréton tenait bon, maniant son épée avec ses deux mains pour contrer la puissance de la lame bâtarde de son ennemi.
Et puis il reçut un violent choc au dos. La fièvre de la bataille lui avait fait oublier la présence du second ennemi, plus léger, qui ne s'était pas fait prier pour le frapper avec son bouclier à l'arrière du crâne et en partie au dos. Bon sang .. !
Alors qu'il s'écroulait sur le ventre, Eddard se débrouilla pour se retourner sur le dos. Il tenta se bondir sur l'impérial qu'il affrontait jusque là, mais l'autre impérial lui agrippa fermement le poignet avec son bras et commença à serrer fort, si fort .. ! Le bréton dût se résoudre à laisser tomber l'épée qu'il serrait si fort depuis le début de l'affrontement.
IL discerna un rictus monstrueux dans le regard de l'impérial, qui leva son épée, la pointe de la lame en direction de la gorge du bréton.
http://www.youtube.com/watch?v=WIXKJco85Pc
Mais. Crève. Donc.
Ce furent les pensées d'Eddard alors qu'il enfonçait la lame de Stahlrim. Il ne retira la dague du ventre de son adversaire que pour l'y réinsérer peu après. Et encore une fois. La pression exercée jusque là sur son bras droit ayant disparue, il saisit fermement son ennemi encore en pleine agonie et le projeta vers son camarade, encore troublé par la brusque tournure des événements.
"Bien, on reprends, veux-tu ?!"
Il reprit son épée et s'élançait vers son dernier ennemi encore debout. Les assauts reprirent, mais ils étaient à sens uniques cette fois ci. L'impérial essaya de contrer une de ses attaques et de le repousser en arrière pour inverser le cours du combat, mais Eddard profita de cet instant pour enfoncer sa dague dans la main gauche de son adversaire. Dans un cri de rage, ce dernier lui donna un violent coup de pied, qui eu pour effet de le faire reculer de quelques pas. Quant à sa dague, eh bien, elle avait changé de main. Son adversaire était fatigué, respirait à pleins poumons et avait une dague profondément enfoncée dans une de ses mains alors qu'il était supposé manier une épée bâtarde.
Ce fut sur le visage d'Eddard qu'un rictus quasi malsain se profila cette fois ci. Il s'approcha prudemment de son adversaire qui, dans un ultime effort, leva son épée avec une seule main et frappa sur le Bréton. Mais le coup, en plus d'être désespéré, se révéla être pâteux. Eddard passa à côté d'une simple pirouette et toujours dans son mouvement, frappa successivement en dessous de l'épaule droite, en plein milieu du dos et enfin sur la jambe gauche de son adversaire qui s'écroula. Le fait de tournoyer autour de son adversaire était perturbant mais il en avait terminé avec ces deux types maintenant. Enfin, presque.
Il rengaina son arme, certain d'en avoir fini, et retira la dague de la paume de son adversaire. Ce dernier, encore en vie, semblait se noyer dans son sang. Une bonne chose, qu'il souffre.
Maintenant .. maintenant, on se tire d'ici. Vraiment ? La fièvre du combat lui donnait envie de rester encore un peu, et de tuer encore, encore, plus !
Mais son sens commun le rattrapa, et il se doutait bien qu'un autre combat ici pourrait lui être fatal .. il prit la direction de la sortie mais s'arrêta un instant. Le Rougegarde de tout à l'heure, ce "Farid" .. était littéralement en train de massacrer Jeelus-Tei. Eh bien, désolé pour lui, mais il n'allait pas risquer sa peau en affrontant ce colosse. Ce n'est qu'en se retournant vers la sortie qu'il le vit.
http://www.youtube.com/watch?v=LBM4fTmISW0
Kriegric était devant lui. Très bien, il ne le souhaitait pas particulièrement mais s'il devait tuer un type de plus, alors soit. Après tout, ce Bréton ne pouvait pas lui causer tant de soucis que ça après qu'il soit passé sur les deux Impériaux de tout à l'heure, hein ?
Eddard courut vers son adversaire, son épée dans la main droite et sa dague dans celle de gauche. Il piqua vers son adversaire, ou en tout cas vers l'endroit ou se trouvait son adversaire. Kriegric avait fait un mouvement de côté, et se trouvait à la gauche d'Eddard qui n'avait pas encore tout à fait reprit appui sur ses jambes. Quoi ? Pour se défendre d'une quelconque attaque, Eddard donna une attaque latérale dans la direction de Kriegric. Sa dague ne couvrait pas une large distance, mais ça devrait lui offrir quelques instants de répits.
Il fit face à son ennemi qui, cette fois ci, frappa d'estoc. Eddard esquiva la première attaque, puis la seconde, puis la troisième, et la quatrième, et toutes celles qui suivirent. Et à chaque esquive, Eddard perdait un peu plus de souffle. Il n'arrivait même pas à frapper, Kriegric frappant à un rythme très élevé. Eddard enrageait.
"Mais pourquoi est-ce que je suis le seul à fatiguer ?!" se dit-il. La rage provoquée par ce sentiment d'impuissance commençait à se manifester, ses mouvements étaient moins soignés.
C'est à cet instant que son ennemi changea soudainement de tactique et donna un coup latéral à la hauteur de la tête du Bréton. Eddard ne dût son salut qu'à un bond in extremis en arrière. La pointe de la lame lui passa sous l'oeil gauche, et une partie de son visage fut rapidement ensanglantée.
"RAAH !!"
Il frappa d'estoc à son tour, mais ne brassa que de l'air. Il tenta une seconde attaque, avec sa dague cette fois-ci. Son coup fut aussi vigoureux que la dernière attaque de l'impérial qu'il avait tué quelques minutes auparavant ..
Kriegric le frappa au visage du plat de sa lame.
"Il est plus fort que moi."
C'est en rencontrant le sol qu'il réalisa que lutter contre cet homme était inutile. Il releva sa tête alors qu'il était face contre terre dans un grognement. "Je dois partir". Le coup l'avait ironiquement projeté dans la direction de la sortie, un autre tunnel. Bien ..
Il bondit en avant alors qu'il était encore à quatre pattes, se releva et courût dans cette direction. Il ne se retourna qu'un instant et balança son épée lame en avant en direction de Kriegric. Qu'il le poursuive ou non, ça devrait au moins occuper son esprit l'espace de deux ou trois secondes. Et il n'avait pas besoin de plus de temps pour déguerpir.
Son visage encore partiellement en sang, il pénétra dans les ténèbres du tunnel en haletant.
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Adèle pénétra dans le tunnel et y trouva tous les survivants. Enfin... survivants si l'on peut vraiment appeller ça comme ça. En effet tous étaient mal en point ou à moitié morts. Elle vit Jeelus couché par terre, du sang s'échappant de son flanc et de sa bouche. Il avait visiblement passé un sale moment face aux dunmers... Elle s'agenouilla devant lui et vérifia son pouls. Il semblait être vivant. Elle soupira de soulagement. Bon, il fallait maintenant qu'elle se rappelle comment on utilise un sort de soin... après quelques instant de réflexions elle tenta quelque chose qui... sembla marcher au vu de la légère lumière blanche qui s'échappait de ses mains et de la plaie qui semblait se refermer petit à petit. Elle savait bien qu'elle avait bien fait d'apprendre cette magie ! C'était la plus utile après l'illusion à son avis ! Lancer de la glace et invoquer des "trucs" moches, très peu pour elle. Il lui fallait du concret ! De l'utilitaire ! Et sa situation actuelle lui indiquait qu'elle avait eu raison. La plaie la plus importante de Jeelus venait de se refermer. Peut être devrait elle aider les autres blessés... ? Oh et puis non ! Seuls Jeelus et Rodrik lui importait ! Rodrik qui venait de pénétrer le couloir et... qui avait deux fleches plantées dans le corps en plus de la blessure qu'il avait reçu. Elle poussa un petit cri juste avant de le voir s'effondrer. Elle se rua sur lui. Il n'allait pas mourir ! Elle lui interdisait de mourir ! Qui allait s'occuper de la défendre elle et ses coffres ? Elle allait devoir s'occuper de lui aussi. Elle se posa à coté de lui et commença les soins. Elle devait faire vite, elle ne savait pas vraiment si il restait des gens pour retenir leurs adversaires et si ils débarquaient dans le couloir... elle devrait peut être abandonner Rodrik même si... non. Elle devait se dépêcher.
http://www.youtube.com/watch?v=dVsLKJs1j8E
Hélia. Une petite fille. Toute fragile, toute palote, mignonne comme une minuscule pâquerette des champs. Enveloppée dans sa grande robe blanchâtre, rayonnante au soleil, elle se balançait d'un pied sur l'autre, testant son équilibre par jeu, comme tout les enfants de son âge. Elle ne devait même pas dépasser le mètre cinquante, et elle était fine comme une baguette. Elle était belle. Non pas comme une femme, mais comme une gamine. L'on avait peur de ne serait-ce que l'effleurer, à l'instar d'une verrerie en cristal, même si elle était bien plus précieuse que cela. Ses cheveux blonds lui arrivaient jusqu'à la nuque, ses yeux bleus clairs pétillaient de joie à la vue de Thardrik. Elle s'approcha en écartant les bras, et de sa petite voix aiguë, la bambine lui adressa ses quelques mots emplis de félicité :
-Papa ! Tu es revenu !
L'homme se baissa et l'étreignit doucereusement. La petite fille riait, heureuse qu'elle était de le retrouver. Il ne la voyait pas souvent. A vrai dire, leur dernière rencontre remontait à très longtemps. Il lui promettait toujours de lui rapporter des fleurs de ses longs voyages, mais à chaque fois, il oubliait, et revenait les mains vides. Il n'avait jamais été un très bon père. Thardrik ferma lentement les deux paupières. Rien de tout cela n'était vrai. Il le savait pertinemment. Mais qu'en avait-il sérieusement à faire ? Hélia était là, pour quelques secondes seulement, c'était tout ce qui comptait. Elle allait partir. Comme toujours. Elle allait pleurer. Comme toujours.
Elle allait mourir. Comme toujours.
Son sang commença à perler. L'homme ne voulait pour rien au monde rouvrir les yeux, mais une force anormale lui fit écarquiller les iris. Hélia était aveugle. Ses deux pupilles n'étaient plus que pulpe sanguinolente, sa gorge grande ouverte laissait échapper un flot d'hémoglobine continu, ses phalanges avaient été sauvagement arrachées, tout comme sa langue et ses dents. Ses organes gisaient à terre, dans un océan de liquide rouge et putride, dans lequel sa dépouille baignait paisiblement. Elle ressemblait à un pantin désarticulé, ses bras et jambes avaient été fracturés de manière horriblement cruelle, son crâne fendu reposait à terre, immergé dans cette atroce mer rougeâtre. Thardrik n'esquissa pas un geste.
Il n'avait plus qu'on œil. Comme toujours.
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Mundus respirait à nouveau. La mort était de retour, et fauchait à grands coups de faux les âmes alentours, non sans en tirer un plaisir macabre. Lucius avait disparu de son champ de vision. A vrai dire, il ne s'était pas déplacé d'un pouce depuis le commencement de cet immonde massacre. Le corsaire gisait au sol, livide comme un cadavre. Son Iris le brûlait atrocement. Plus que jamais auparavant. Thardrik n'avait qu'une envie : d'enlever son bandeau afin de se débarrasser de cet ardent fardeau. Mais il ne pouvait s’exécuter ainsi en toute impunité. Trop de monde était présent autour de lui. Attirer l'attention de Farid et de Kriegric sur sa personne paraissait être une idée des plus suicidaire, si bien qu'il se devait d'être le plus discret possible.
L'épée d'Eddard reposait à terre.
Le boucanier gémit en se relevant, et la ramassa en grognant de douleur. Où pouvait bien être le duc de Hauteroche ? Peu importait, du moment qu'il était loin, très loin de sa position actuelle. Thardrik se rua vers la sortie en boitant, craignant que le temps ne se fige à nouveau et que l'Impérial vienne le tourmenter une seconde fois. Il n'en fut rien, à son plus grand soulagement. L'écumeur s'engouffra dans l’obscurité du tunnel le plus proche, puis aperçut une silhouette familière marcher devant lui, haletante et sanguinolente. Malgré les ténèbres qui les entouraient tout deux, le flibustier devina qu'il s'agissait d'Eddard, au vu de son armure de cuir et à sa carrure des plus imposante, bien que la notion « d'imposant » avait considérablement changée dans l'esprit du forban après avoir contemplé l'immense colosse qu'était ce dénommé Farid. Thardrik se racla la gorge, puis prit douloureusement la parole :
-Vous avez oublié ça en route, déclara-t-il en plissant les yeux.
-Des intrus, rugit le haut-dignitaire de Hauteroche. Saignez-moi ces fils de chienne ! Jusqu'au dernier ! "
Ainsi, ils s' étaient fait lamentablement repérés. Gabriel fut immédiatement prit en chasse par ce qui semblait être une sorte de rôdeur. Balayant la pièce du regard, il ne fut pas surpris par le fait de chacun était en train de se battre. Le chasseur se mit à courir dangereusement vite, vers le prêtre. Il devait pas arriver au corps à corps. Il ne fallait pas le laisser approcher. Il était assez difficile de marcher.... combattre à une main serrait impossible.
De plus, Gabriel n' avait pas d' arme sur lui sans oublier qu' il était trop fatigué pour se battre. Dans cet état, il n' aurait aucune chance et allait certainement se faire balayer tel une brindille. Équipé de son épée elfique qu' il tenait, le bosmer approchait dangereusement vite. Le bosmer tenait son arme à l' envers... Un style de combat plutôt exotique... dont l' efficacité restait à prouver. Arrivé à bout portant, il lança un couteau de jet, qui vint effleurer le visage du prêtre pour finir sa course planté dans un mur.
Gabriel constatait que tout le monde avait fuit. Il devait faire de même s' il voulait comprendre ce qu' il venait de ce passer. Autrement, il périrait empalé. Le prêtre se mit à courir vers un piller qui venait alors se s' effondrer, évitant miraculeusement les volées de flèches. Le rôdeur sauta au dessus de cet obstacle pour venir plaquer au sol le malheureux.
Avec l' élan, ils roulèrent tous deux dans la poussière bien que le bosmer finit par prendre le dessus. Il saisit le prêtre à la gorge et le frappa au visage. Une première fois, puis deux, trois, quatre. Mais au cinquième coup, le poing du rôdeur vint heurter le sort de barrière. Il profita de ce moment d' inattention pour le pousser hors d' atteinte. Le bosmer fut projeté contre le mur tandis que le prêtre se relevait. Avant même qu' il eut tant que dégainer, il prit un violent coup de genou dans la figure. Le prêtre posa sa main sur le manche de l' épée du bosmer et asséna un coup de pied dans le foie tout en dégainant.
Par miracle, il avait réussi à prendre le dessus du combat. Le bosmer était maintenant agenouillé la tête en sang dans les mains
Le prêtre lui posa la lame sur le cou. La tête roula au sol avant de finir s' arrêter dans une flaque. Gabriel ne bougeait plus. Il regardait la tête rouler, immobile. Le bruit sourd d' éboulis vint le tirer de sa rêverie, l' obligeant à suivre les autres fuyards.
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( http://www.youtube.com/watch?v=jouJeRWF56U )
4E190
Le Saxhleel déambulait dans cet interminable couloir, décoré à la fois par des tableaux dont le prix était très variable mais dont la somme restait exorbitante, par des miroirs et par des tapisseries. Dépassant toutes les portes sans vraiment y accorder la moindre attention. Toutes identiques, à tel point que seuls les habitants de cette demeure pouvaient savoir quelle porte correspondait à quel endroit. Puis il arriva devant cette Porte, cette magnifique Porte.
Celle qui trônait au bout du couloir, l'Unique. Celle qui était franchie dans la joie ou la crainte selon l'intéressé. Celle qui représentait comme un portail vers un autre monde, pour beaucoup. Celle qui dégageait une aura palpable, mais incompréhensible pour toute personne n'ayant pas caressé son bois. Cette Porte sur laquelle Seth était gravé de la manière la plus soignée qui soit. Cette Porte, en réalité différente de toutes les autres.
Moitié de vie.
"Elle est morte. Et toi avec."
Ainsi le déclin, la déchéance la plus totale. Le Saxhleel referma la Porte, tremblotant, et affrontant une énième fois le regard transperçant de Seewul. Jamais il n'aurait dû ouvrir cette Porte. Au grand jamais il n'aurait dû répondre à l'appel de son Père. Au grand jamais ...
Mais quoiqu'il eut fait, rien n'aurait pu changer le sort qui lui était réservé.
Seewul avait vu clair, comme à l'accoutumée, et avait comprit que Sa mort était synonyme de la mort mentale de son Fils Unique. Mais mieux valait la décadence d'un être illégitime suite au décès d'une moins que rien, plutôt que la création d'une relation inacceptable.
Ainsi le déclin, la déchéance la plus totale.
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(stoppez la musique)
Jeelus entrouvrit un oeil, et parvint non sans mal à reconnaître Adèle. Mais il le referma aussitôt, et se laissa à nouveau aller. Il était à l'aise, tout compte fait, il ne savait pas vraiment ce qu'il se passait mais il était à l'aise. Il tenta de comprendre, mais sans ouvrir les yeux car il n'en avait pas vraiment la force. Il avait aperçut la Brétonne, juste devant lui, ainsi qu'une lumière blanche éblouissante qui contrastait très fortement avec la pénombre ambiante.
Qu'est-ce qu'il se passait ? Ou plutôt, que faisait-elle ?
A en juger par le bien-être par lequel il était envahi depuis quelques secondes, il s'agissait très probablement d'un sort de guérison. Adèle maîtrisait donc la magie ... Et surtout, elle était en train de le soigner. Le soigner ... Bon sang, c'était à ne plus rien y comprendre.
Depuis quand, lui, Jeelus-Tei, se faisait-il soigner par autrui lorsqu'il était dans un mauvais état ? Depuis quand des gens lui accordaient de l'importance ?
Depuis quand des gens lui souhaitaient autre chose que du mal ... ?
Il retrouvait peu à peu ses forces, et c'est à ce moment là qu'Adèle poussa un petit cri et s'éloigna de lui. Bien que son temps de réaction laisse à désirer, Jeelus sursauta environ cinq secondes après qu'elle ait crié, et ouvrit les yeux avant de balayer le tunnel du regard, alerte.
Le Reptile reconnut tout le monde. Eddard, Raquen, Irène, Adèle, Rodrik, l'Orque, la rousse, l'Impérial, le prêtre Altmer, et même ce pirate. Seules deux personnes manquaient à l'appel : Veryan et le Mage Fou. Jeelus esquissa un sourire narquois, laissant apparaître toutes ses dents aiguisées. Avec un peu de chances, ce sous-être et son imbécile de compagnon étaient morts pendant le combat ? Peut-être Farid leur était-il tombé dessus ? Il manqua de rire.
Un Dunmer de moins dans cette foutue province ...
Il releva la tête et lança un regard de mort, quoique discret, à Irène, cette sous-race.
Avec un peu de chance, elle serait la prochaine.
Le Saxhleel se débrouilla et parvint tant bien que mal à se remettre debout en s'appuyant contre une paroi. Il se maintint fermement le crâne en gémissant, pris de vertiges.
"Quelle brute ce Rougegarde, bon sang ... Je viens de me rendre compte qu'en fait, je hais les natifs de Lenclume. Sincèrement. Ces bouffeurs de sable ..." lâcha-t-il à haute voix.
Il tituba jusqu'à Adèle et Rodrik en s'aidant du mur sur lequel il s'était adossé précédemment ; le garde du corps semblait très mal en point. Jeelus grimaça lorsqu'il remarqua que le pauvre bougre avait deux flèches plantées dans le corps. Brrr ... Cette belle Alfgard ne se laissait visiblement pas faire. Il faudrait la remettre à sa place un de ces quatre. Après tout, s'il avait survécu à Farid, il pourrait bien rivaliser avec cette Nordique archère ...
L'Argonien se décida alors à s'accroupir aux côtés de la noble Brétonne, sans pour autant quitter Rodrik des yeux. Il s'efforça de ne pas croiser le regard d'Adèle, ne sachant pas du tout comment réagir face à un tel élan de gentillesse. C'est vrai, après tout elle venait de le soigner. Il passa sa main sur son flanc droit et remarqua qu'en effet, sa plaie s'était refermée : elle avait fait du bon travail. En temps normal, il aurait été laissé pour mort - ou bien quelqu'un aurait profité de son piteux état pour finir le travail du Rougegarde et des deux Dunmers - et il se serait réveillé des heures et des heures plus tard, obligé de sortir de ce foutu tunnel seul comme un grand. Oui il était relativement habitué à ce genre de situation embêtante.
Alors que là ... Une gentille et "charmante" Brétonne lui était venue en aide, alors qu'il ne la connaissait que depuis quelques heures. Il lui revaudrait ça un jour, c'était sûr et certain.
Il se râcla la gorge, toujours en fixant Rodrik et sans cligner des yeux.
- Je ne sais pas comment vous remercier Adèle mais ... Humf ... Merci.
Il n'était vraiment pas doué pour les remerciements. C'était sûrement une des premières fois de sa vie entière qu'il remerciait quelqu'un, d'ailleurs, car il n'avait jamais eu la moindre raison d'être reconnaissant envers autrui auparavant. Mais cette fois ... Ah, les temps changent ?
- Je suis navré pour Rodrik, je vous ai tous les deux cherchés du regard à plusieurs reprises pendant la "bataille", mais impossible de vous trouver. Si ce foutu Rougegarde, Farid, ne m'était pas tombé dessus, j'aurais pu vous chercher plus intensément et vous venir en aide après m'être occupé des deux Elfes Noirs mais ...
Mensonge. Après avoir tué le deuxième Dunmer, Jeelus n'avait pensé qu'à une chose : abandonner les recherches et partir dans le tunnel pour attendre le duo Bréton. Pour le coup, il avait vraiment, vraiment honte ... Encore un sentiment qu'il n'avait que trop peu l'habitude de ressentir. Décidément ... En plus de lui faire penser à Meeh-Mei, Adèle avait quelque chose en elle qui le faisait changer. Enfin, qu'avec elle il l'espérait, car il est très bien comme il est avec les autres. Surtout avec les Dunmers. Oui, il est vraiment irréprochable avec ces sous-êtres.
- Enfin, j'espère qu'il ne vous est rien arrivé à vous au moins ? Vous allez bien ?, s'interrogea-t-il en soupirant et en haussant un sourcil, toujours sans quitter Rodrik du regard.
Rodrik était toujours étendu devant elle. Bon... elle allait devoir retirer les flèches avant de commencer à le soigner. Elle frissonna rien qu'à imaginer le bruit de la flèche sortant de la chaire. Le sang allait aussi tacher sa robe mais... à vrai dire cette robe était déjà fichue depuis longtemps et le sang de l'argonien l'avait déjà souillée quelques minutes auparavant. Elle inspira profondément et posa sa main sur la hampe de la flèche. A trois elle tirerait...
Un... Deux...
- "Je ne sais pas comment vous remercier Adèle mais... Humf... Merci."
Elle sursauta et manqua de briser la hampe de la flèche. Jeelus venait de se réveiller visiblement, mais il l'avait surprise avec son arrivée non prévenue ! Mais... elle était tellement concentrée et stressée que n'importe quoi l'aurait fait sursauté en fait... Elle lui jeta tout de même un regard noir pour lui faire comprendre qu'il lui avait fait peur.
- "Je suis navré pour Rodrik, je vous ai tous les deux cherchés du regard à plusieurs reprises pendant la "bataille", mais impossible de vous trouver. Si ce foutu Rougegarde, Farid, ne m'était pas tombé dessus, j'aurais pu vous chercher plus intensément et vous venir en aide après m'être occupé des deux Elfes Noirs mais..."
Ce n'était pas vraiment grave. Rodrik avait triomphé au final... et sans cette maudite -mais non moins très belle- archère qui l'avait criblé de flèches ils seraient plus ou moins en meilleure forme ce qui... était évident. Mais au niveau du combat il n'avait pas eu l'air d'avoir besoin d'aide, même si au final elle ne l'avait pas vraiment regardé se battre et que donc elle n'en était pas vraiment certaine. Mais ça avait surement était le cas, il avait du bien se débrouiller. Elle aurait peut être du le soutenir un peu plus en le regardant mais les septims étaient au sol et elle devait les ramasser...
- "Enfin, j'espère qu'il ne vous est rien arrivé à vous au moins ? Vous allez bien ?"
Il ne lui était rien arrivée non si on oubliait le fait qu'elle avait du fuir une bataille dans les égouts -qui n'étaient pas vraiment des égouts en fait...-. Et le fait que son garde du corps était étendu par terre presque mort ne lui inspirait pas vraiment de sentiment que l'on pourrait qualifier de "Bien". Mais elle n'allait pas lui répondre ça, faire de l'ironie n'aurait pas fait avancer les choses.
- "Je ne suis pas blessée si c'est ça que vous voulez savoir. Par contre Rodrik lui..." elle fixa la hampe de la flèche. Bon... elle devait surement tirer un coup sec mais... oh et puis si elle faisait un peu plus de dégâts elle le réparerait juste après. Elle arracha la première flèche et commença à soigner la blessure.
"Ne vous en voulez pas de ne pas être intervenu, Rodrik a plutôt bien négocié son duel mais... la nordique l'a bien amoché juste après celui-ci. Et puis vous avez eu vos propres problèmes comme j'ai pu le constater en vous soignant... Je comprends mieux vos blessures si vous avez du vous battre face à la montagne de muscles... Et ne vous en faites pas pour les soins, il est naturel que je vous soigne vu que c'est dans mes capacités et que vous étiez surement la personne la plus méritante pour les recevoir. Vous êtes un ami après tout -Et puis vous en aviez vraiment besoin... un instant j'ai cru que vous étiez mort.- " elle retira la deuxième flèche "Dès que Rodrik sera d'aplomb je suis pour que l'on partes d'ici... Je n'ai pas vraiment envie de me retrouver dans un nouveau combat et je crois que votre corps non plus..." évidences, évidences... elle ne sortait que des évidences. Mais c'est vrai, il fallait se dépêcher. "Vous avez une quelconque idée de qui étaient ces gens ?"
Elle venait de refermer la dernière plaie de Rodrik mais celui-ci ne se réveillait toujours pas. Elle tiqua, si il restait assoupi plus longtemps elle devrait le gifler pour le réveiller.
Armegnon était assis par terre, avec les coups qu'avaient subis encaissé son armure, elle tombait en miette . Tout le haut de ses protections étaient cassées, l'impérial décida de sortir une genre de cape et de capuchon de son sac qui était lui aussi pas mal amoché, et de les équiper a la place de son armure maintenant inutile.
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Cela lui donnait un look de voleur ou même d'assassin mais c'est tout ce qu'il avait sous la main. Par contre pour remplacer son épée il ne trouva qu'un simple bout de bois qui traînait par terre, ce n'était pas le top c'est sûr mais cela suffisait au guerrier qui avait plus l'air d'un voyageur. De plus pour se déplacer il devait utiliser le bâton trouvé, car avec les coups du marteau récemment reçus ses jambes étaient affaiblis au point de ne plus pouvoir tenir le poids de son corps sans aide.
http://www.youtube.com/wam/watch?v=ZFO_Ml0DUig&hd=1
Armegnon regarda autour de lui, tout le monde était en plutôt mauvaise état, ceux pouvant utiliser les sorts de soins le faisait seulement pour eux... En même temps il y a très peu de gens en Bordeciel qui aiderait de simple inconnus, certains était empoisonné d'autres juste blessé. « c'est peut être le moment pour sympathiser avec quelques personnes ... » se demandait Armegnon, car pour l'instant il n'avait eu aucun contact avec les gens du groupes, il ne voulait pas être leur amis mais juste faire connaissance. Quitte à faire le retour avec eux autant avoir quelqu'un avec qui parler. Plus il regardait plus il comprenait que tout le monde était a cran, mais il décida d'aller voir l'orc car s'il y avait une personne a avoir de son coté c'était bien la brute de service.
(coupé la musique)
L'impérial s'approcha donc de la brute pour faire connaissance, et il espérait que ça ne se termine pas en bagarre à cause d'une qu'il aurait pas du dire.
«Salut, moi c'est Armegnon» Lança Armegnon au bourrin de service, le guerrier était pas très bon question sociabilité, ce qui excusait le fait qu'il soit pas très bon pour parler...
http://www.youtube.com/watch?v=uFo9whvbx4Q
Thardrik avait donc survécu. Eddard se retourna vers lui. Il y voyait mal : sa blessure au visage le lancinait et il gardait l’œil gauche fermé. L'ouvrir ne faisait qu'intensifier la douleur, pour une raison qu'il ne cherchait pas à comprendre. C'était parti pour lui laisser une cicatrice en dessous de l’œil. Si le coup avait été porté un poil plus haut, alors l'ethnie et l'âge n'auraient plus été les seuls points qu'il aurait eu en commun avec Thardrik.
"Vous avez oublié ça en route."
Cette voix .. ?
Thardrik avait ramassé son épée et la lui ramenait. Bien amical de sa part. Il l'avait perdue dans un acte désespéré et irréfléchi. Désespérée et irréfléchie, cela qualifiait très bien tout son combat contre ce Kriegric, en fait. Alors qu'il n'avait fait que mouliner dans le vide, son adversaire l'avait taillé en pièces. Pire, il s'était fait toucher du plat de la lame. Il a du être tellement pitoyable tout le long que son adversaire avait du s'imaginer qu'il chargerait encore une fois sur lui et qu'il s'empalerait alors. Heureusement qu'il avait eu la présence d'esprit d'abandonner et de prendre la fuite.
Présence d'esprit, une bien belle façon de nommer ça .. se faire tuer là bas derrière n'aurait pas vraiment été une mauvaise chose. Cela lui aurait au moins évité l'obligation d'exhiber au monde la marque de sa défaite.
"Merci .." répondit-il d'une voix qui trahissait son état de fatigue, tandis qu'il remettait l'épée dans son fourreau.
En tout cas, Thardrik s'en était pas trop mal sorti de son côté. Il n'avait pas l'air gravement blessé comme lui et .. et tout les autres en fait. Il ne leur avait pas prêté la moindre attention mais alors qu'il avançait, il observa tout autour de lui ce qui se passait.
Jeelus était couché au sol, retenant ainsi deux autres personnes qui n'avançaient donc plus. Ils devraient vite bouger s'ils ne voulaient pas être rattrapés .. ! Mais quelque part, ils retiendraient bien les ennemis quelques secondes si ces derniers arrivaient jusqu'ici. C'était un mode de pensée bien peu glorieux, mais rassurant. Plus loin encore, l'Impérial, l'Orque et la jeune femme de tout à l'heure - comment cette dernière avait survécu à tout ce qui s'est produit derrière ?! - discutaient en avançant, et encore plus loin on pouvait apercevoir Raquen et Irène. L'un des deux aidait l'autre à avancer. Quant à Thardrik, ses vêtements avaient été partiellement mis à mal, mais il s'en était mieux sorti que certains visiblement. En tout cas, une chose était sûre : aucun d'entre eux ne s'en était sorti indemne.
"Je crois que .. " il fut pris d'une petite toux, ainsi que d'un vertige, aussi s'arrêta-t-il un instant. ".. que je vais sérieusement envisager cette idée de partir pour l'île sans dragon ni Khajit. Ni aucun des tarés qu'il y avait derrière.."
Finalement, il détacha son fourreau - dans lequel se trouvait toujours son épée - et le tendit à Thardrik.
"Prenez là. Je l'ai perdue derrière. Et vous en ferez probablement meilleur usage que moi, étant donné ma piètre p-prestation.."
Eddard semblait bien mal en point. Son visage était recouvert d'une épaisse couche de sang cramoisi camouflant la majorité de son faciès, à l'instar d'un masque écarlate que l'on porterait au grand carnaval de Sentinelle lors du Festival de la Nouvelle Vie. Le bréton gardait son œil gauche constamment clos, comme s'il avait été victime d’une récente énucléation, si bien qu'il ressemblait à un homme tout nouvellement borgne, même si l'on pouvait encore distinguer son globe oculaire présent sous sa paupière scellée. Kriegric devait être un redoutable adversaire pour avoir ainsi terrassé le mercenaire, qui s'était déjà indubitablement distingué au combat devant le corsaire, alors pourchassé par deux clients mécontents de la Jument Pavoisée. Thardrik fronça les sourcils, il ne tenait pas à recroiser le duc de Hauteroche en de si mauvais termes, et surtout pas désarmé et sans hommes de mains à ses côtés.
-Merci, lui répondit Eddard d'une voix étrangement faible.
Le flibustier haussa les épaules. A vrai dire, il s'était emparé de l'épée du bréton plus par simple gage de survie que par pur altruisme. Une arme digne de ce nom paraissait toujours plus dissuasive qu'une simple plume, et à juste titre. Thardrik avait eu à l'idée de la garder à son flanc, mais Eddard semblait bien plus fin bretteur que lui, et depuis cet affrontement improbable avec ce pugiliste Khajiit, les lames n'inspiraient plus assez confiance à l'écumeur. A quoi bon avoir une épée quand votre adversaire supporte un empalement brutal sans même broncher un tant soit peu ? L'on n'y reprendrait pas le forban à deux fois : désormais, il laisserait faire les autres. La mêlée, ce n'était pas pour lui. Ça ne l'avait jamais été, à vrai dire. Seule la fuite l'avait gardé en vie et intact. Ou du moins, presque intact.
-Je crois que … que je vais sérieusement envisager cette idée de partir pour l'île sans Dragons ni Khajiits. Ni aucun des tarés qu'il y avait derrière, poursuivit-il faiblement.
Une décision que l'on pouvait qualifier de sage. Quel âge avait-il donc, quarante ans tout au plus ? Le corsaire sourit tristement, les gens comme eux se faisaient vieux dans leurs carrières respectives. Les mercenaires ne dépassaient que très rarement la quadruple décennie, par perte de force ou d'agilité, ou tout simplement par décès prématuré, et les capitaines pira... corsaires n'avaient plus la même endurance que les marins sous leur commandement, alors dans la fleur de l'âge. Prendre sa retraite … quel doux rêve de vétéran. Thardrik siffla fugacement, il n'était pas du genre à se reposer jusqu'à attendre une mort paisible, seul, allongé pour l'éternité sur des draps de vieillard. Cela n'avait rien de lucratif. L'argent ne tombait pas du ciel, ou alors que très rarement, il fallait bien que quelqu'un aille le débusquer. Et ce quelqu'un représentant bien trop souvent sa personne.
-Prenez-là, lui dit soudainement Eddard en lui tendant son fourreau. Je l'ai perdue derrière. Et vous en ferez probablement meilleur usage que moi, étant donné ma piètre p-prestation …
Le flibustier cligna de l'iris, puis adopta une mine dubitative. Ainsi donc, le bréton lui confiait son arme ? C'était … inattendu. Et aussi assez malvenu. Même sérieusement amoché et à moitié dépressif, le mercenaire demeurait meilleur guerrier que lui, il ne pouvait pas baisser les bras maintenant. Pas tant qu'ils avaient une horde d'assassins aux trousses, potentiellement à quelques mètres derrière eux. Thardrik se racla une nouvelle fois la gorge, il éprouvait des difficultés à dialoguer depuis … depuis Lucius. Mais il fallait convaincre Eddard coûte que coûte, sous peine de succomber tout deux aux coups de Kriegric, Farid et leurs innombrables sbires.
-Si vous voulez mon avis, c'est une très mauvaise idée, marmonna-t-il d'un ton rauque. Ce n'est pas en abandonnant votre lame que vous allez racheter votre honneur, et vous ne pouvez pas rester à vous morfondre sur votre défaite. A moins que vous vouliez rester votre île à ruminer jusqu'à la fin de vos jours, ce qui ne me paraît pas être une perspective des plus réjouissante. Et accessoirement, si vous ne voulez pas qu'on se fasse charcuter par une cohorte de trous du culs bas de gamme, vous devriez la garder, je m'en sers aussi bien qu'un couteau à fromage.
L'écumeur lui prit le fourreau d'entre sa poigne, y rangea l'épée du mercenaire avec attention, puis lui tendit l'arme à nouveau. Une quelconque lumière détourna l'attention du corsaire pendant une fraction de seconde : l'Argonien qui avait osé affronter Farid se faisait soigner par la brétonne aux cheveux roux, tandis que son homme de main gisait à terre, inconscient et peut-être mort. Thardrik se détourna de la scène, et toisa son interlocuteur d'un air grave.
-Au passage, continua le corsaire, vous devriez vous faire examiner par quelqu'un de compétent. Les blessures, ça s'infecte vite, et quand ça concerne les yeux, c'est jamais une partie de plaisir.
Il désigna le jeune femme du menton, puis revissa son chapeau de sa main libre afin qu'il soit parfaitement droit. Quand il en aurait le temps, il y épinglerait de nouveau sa plume vermeille. Pour quoi passerait-il, dans le cas contraire ?
http://www.youtube.com/watch?v=m0NqNq_hnqQ
"Si vous voulez mon avis, c'est une très mauvaise idée. Ce n'est pas en abandonnant votre lame que vous allez racheter votre honneur, et vous ne pouvez pas rester à vous morfondre sur votre défaite. A moins que vous vouliez rester votre île à ruminer jusqu'à la fin de vos jours, ce qui ne me paraît pas être une perspective des plus réjouissante. Et accessoirement, si vous ne voulez pas qu'on se fasse charcuter par une cohorte de trous du culs bas de gamme, vous devriez la garder, je m'en sers aussi bien qu'un couteau à fromage."
Il ouvrit la bouche pour répondre vivement, mais aucun son n'en sortit. La réponse de Thardrik lui fit le sentiment d'une puissante gifle en plein visage. Lui, se morfondre et ruminer ? On lui avait déjà dit qu'il était beaucoup de chose, mais quelqu'un qui se morfond sur son sort ? Mais quelle autre possibilité lui restait-il ? A peine démarrait-il sa nouvelle vie que ... qu'il s'était fait battre.
Par un fin bretteur, alors qu'il sortait lui même d'un combat ardu.Quelle honte y avait-il en cela ? Eddard s'était déjà abandonné à la défaite il y a longtemps et il n'avait aujourd'hui que trop conscience de ce que cela lui a coûté. Pourquoi avait-il fait tout ces efforts jusqu'à maintenant si ce n'est que pour reproduire les mêmes erreurs face aux mêmes épreuves et - par dessus le marché - se faire ramener à la raison par un type qu'il ne connaissait même pas la journée d'avant ?
Sa phrase ou il parlait d'une île était ridicule. Il se connaissait, il n'était pas du genre à mourir tranquillement de vieillesse dans un lit entouré d'une famille pour l'accompagner dans ses derniers instants. Et même s'il le désirait, il se doutait bien qu'il ne vivrait pas assez longtemps pour ça. En revanche, il pouvait s'assurer d'une chose. Peu importe l'histoire dans laquelle il vient de se fourrer, il en ressortirai en vie. Et avec la tête de ce Kriegric si les dieux sont bons. Il ne pouvait pas abandonner ou mourir maintenant, il avait encore à faire avant de disparaître pour toujours. Le flibustier avait raison : il ne pouvait abandonner maintenant.
"Au passage, vous devriez vous faire examiner par quelqu'un de compétent. Les blessures, ça s'infecte vite, et quand ça concerne les yeux, c'est jamais une partie de plaisir. "
Eddard récupéra son arme, et l'attacha au niveau de sa taille plus fermement qu'elle ne l'était auparavant. Il essuya partiellement le sang qui inondait jusqu'à maintenant son visage, et - ignorant la douleur présente de toute manière - rouvrit son œil gauche afin d'y voir mieux. Thardrik venait de lui dire de se relever et de faire face au lieu de se morfondre. C'est ce qu'il allait faire.
Pour quoi passerait-il, dans le cas contraire ?
D'un voix plus posée, il prit enfin la parole :
"Bon, eh bien j'imagine que les îles chaudes et les morts tranquilles ne sont pas pour les gens de notre espèce. "
Et il se mit en direction de la Brétonne, qui était en réalité en train de soigner ses compagnons grâce à de la magie. Si Jeelus-Tei semblait en avoir pris assez pour le reste de sa vie, autant le dénommé Rodrik - qui lui avait précédemment révélé son identité - semblait presque mort. Ce n'est qu'en s'approchant suffisamment qu'il remarqua que les plaies - des flèches à n'en point douter - avaient été refermées. Il allait probablement s'en remettre sous peu, en fait. Cette femme était donc bien plus capable que ce que son apparence superficielle laissait entendre !
Il lui adressa la parole, avec le ton le plus humble possible, même s'il semblait un peu pressé. Il l'était en fait, après tout des hordes d'ennemis surgiraient bientôt.
"Je m'excuse du dérangement, mais il semblerait que vous ayez des connaissances en magie."
La blessure qu'il avait au visage laissait comprendre sa demande.
"Je me doute bien qu'on ne se connais pas plus que ça mais il semblerait que nous soyons dans le même camp. S'il réapparaît, je pense bien mieux affronter notre ennemi commun si mon visage ne me torture pas."
Elle était un peu plus petite que lui, aussi se pencha-t-il sa hauteur.
"S'il vous plait."
Chaque pas était plus difficile que le précédent, l'alchimiste sentait le sang de sa camarade se répandre sur sa tunique. Voyant les difficultés de son amie à marcher, Raquen s'arrêta et posa la Dunmer contre un mur. Elle saignait abondamment, mais hors de question qu'elle meure. Il avait échoué avec Cam, pas avec elle.
-Avale ça. Dit il en lui tendant une potion.
Normalement l'élixir lui permettrait de rester en vie. Mais quelque chose clochait, ses muscles étaient contractés aux points qu'ils risquaient d'exploser, mais ce n'était rien comparé à son visage. Ses dents s'effilaient jusqu'à devenir aussi pointu qu'une lance, ses yeux d'habitude rouge arboraient une couleur or. Raquen recula prestement en comprenant de quoi il s'agissait.
-Irène, calme toi, si tu transformes ça pourrait te tuer.
-Je... Je le fais pour ma... Survie! Casse, casses-tois.
Ses ongles s'allongeaient et ressemblaient désormais plus à des griffes qu'a autre chose, l'alchimiste s'enfuit en courant en direction du groupe.
-Une lycante! Hurla l'altmer.
Un hurlement retentit à travers les égouts. Déséquilibrant l'haut elfe, le son bourdonnait dans ses oreilles à un point qu'il aurait voulu être sourd à cet instant. Raquen sortit son couteau et se prépara un éventuel combat contre son ancienne partenaire, maintenant louve garou. Un deuxième hurlement retentit, l'elfe se baissa instinctivement et fit signe aux autres de faire de même. D'autres cris résonnèrent dans le tunnel, mais ils diminuaient en intensité, sans doutes que la lycante s'éloignait d'eux pour retourner à la grande salle.
-Je plains les pauvres gus de la grande salle. Ils vont se faire déchiqueter.
Sans doutes que les hurlements d'effrois et de douleur des civils les informeront de l'état d'obstruction des égouts. L'alchimiste eut un rictus en pensant au charnier qui les attendrait. Raquen alluma sa dernière fiole de grégeois et demanda aux autres.
-Quelqu'un veut passer devant?
Lui non, hors de question de se frotter à Irène. Il avait déjà failli y passer quand elle s'était mordre et qu'elle s'était transformer, ce devait être sa cinquième transformation. Peut être la sixième, quoi qu'il en soit l'elfe noire même si elle n'avait pas une puissance faramineuse, pouvait se révéler dangereuse pour un groupe de combattants fatigués par un combat éprouvant. Mais un problème se présageait, l'elfe noire devrait bien revenir à un moment donné. Comment justifier le fait que l'alchimiste se baladait avec une lycantrophe.