Suite dans un peu moins d'une heure, es gens
[Chapitre XXXIV : Morbides pensées]
Je regardai fixement la dizaine de fusils et de canons braqués sur moi, tel un condamné lâchant un dernier regard pour son peloton d’exécution. J’avais l’impression que mon processeur était comme en veille ; une petite voix dans ma tête me hurlait « bouge de là, abruti ! », mais je n’en faisais rien.
Un autre de ces projectiles à gaz atterrit à ce moment-là pile devant les Séparatistes qui me maintenaient en joue, et libéra son brouillard artificiel. Surpris, ils perdirent leur concentration, et je me réveillai enfin, sautant sur la droite pour éviter la pluie de tirs qui déferla un moment après là où je me tenais.
Raven surgit alors des ombres, et se mit à passer les Séparatistes au fil de son épée. Il avait vraiment le profil d’un assassin ; grand, mince comme une barre de fer, couvert de discrètes et minces plaques d’armure d’une teinte gris clair, ses yeux d’un bleu froid et parfois terrifiant, et surtout son don pour détourner l’attention de lui.
Je me joignis rapidement à lui, profitant de la fumée dégagée par le projectile, et me mis moi aussi à trancher des têtes.
Alors que j’en voyais enfin le bout, j’entendis une explosion et un sifflement de plus en plus aigu au dessus de ma tête. Je levai les optiques. Le vaisseau qui défonçait nos positions un peu plus tôt plongeait en chute libre, en flammes, droit sur notre position.
J’optai instantanément pour le côté le plus intelligent de l’héroïsme, et changeai de forme, avant de fuir de toute la puissance de mes roues vers une position plus sûre.
Le vaisseau s’écrasa violemment, et le souffle du crash me fit basculer en avant et entamer plusieurs tonneaux. Je me retransformai afin de mieux me réceptionner. Mauvaise idée. Je roulai par terre, me cognant contre les rochers, jusqu’à m’immobiliser enfin.
Meurtri et secoué, je relevai la tête, seulement pour voir Raven à quelques mécano-mètres de moi, se retenant visiblement de rigoler.
- Au lieu de faire le malin, lançai-je, dépêche-toi de sécuriser cette position !
J’étais toujours un des lieutenants de Halogen, ce qui impliquait que j’avais une certaine autorité sur d’autres Cybertroniens de la Garde d’Elite. Raven ne discuta pas, et se remit en marche vers la ligne de front. Je ne tardai pas à le rejoindre, jusqu’à ce que nous arrivions à les éloigner du gros de nos troupes.
Alors que la nuit s’allongeait, un cessez-le-feu mutuel s’instaura de lui-même, les deux camps ayant été saignés à blanc lors du premier assaut, et étant trop fatigués pour continuer plus longtemps cette nuit. La mort dans l’âme, je m’apprêtais à remplir mon boulot d’historien de la Garde lors d’une bataille, c'est-à-dire recenser les morts et leur donner la place qui leur revient dans les Annales.
Reartrail était mort. Dommage. J’avais presque réussi à m’en faire un pote, malgré son hostilité originelle, lors de notre première mission, celle qui avait démarré la guerre. Il est mort sans avoir compris que je lui avais pardonné.
Clanky était mort. C’était un brave petit nouveau, que nous avions enrôlé juste avant de partir pour les Tumulus, toujours prêt à jouer les gros bras lorsque ça chauffait.
Blowback était mort. Seaspray était mort. Dire que j’ai tellement peu parlé d’eux dans ces récits. J’en ai réellement le Spark brisé ; c’est dans ces moments que les Annales de la Garde me donnent l’impression d’être la simple nécrologie de ses membres. Tous des frères d’armes. Tous des amis, plus ou moins connus. Pourquoi, se demande-t-on alors ? Pourquoi eux, et pas moi ? L’injustice de la vie ? La volonté des Treize Primes ? C’est le destin des soldats, je suppose, de vivre alors que tous meurent autour d’eux. Les soldats vivent, et se demandent pourquoi.
En les comptant, près de trente Gardes d’Elite avaient péri dans cette bataille ; même si ça ne représentait qu’un quart de notre force, c’était quand même énorme. La seule fois où ça s’était déjà produit, c’était lors de la Bataille de Kaon, une des dernières de la guerre contre les Séparatistes. Là, leurs troupes s’étaient fait annihiler d’une manière si définitive, que je m’étonnais encore que tant aient pu se rassembler ici à Genesis.
De leur côté, d’ailleurs, la situation n’était pas brillante non plus. La moitié de leurs soldats y était passé. Nous étions maintenant presque à forces égales. Du point de vue du nombre ; ce que je savais, c’est qu’un seul Garde d’Elite vaut au moins une dizaine de ces pseudo-révolutionnaires. Je savais comment la bataille se terminerait demain. Et je crois que certains d’entre eux s’en sont aussi rendu compte.
Je traversai le campement de la Garde, pile entre les Séparatistes et le Fort Noir. Je saluai ceux que je connaissais vraiment, parlais un peu avec eux, pleurais avec eux nos frères disparus. Je vis Raven, assis seul dans un coin avec une tasse remplie d’Ethanol, ne parlant à personne, comme d’habitude. Je vins m’asseoir près de lui, et au bout d’un moment je dis :
- On n’en avait pas vu d’aussi coriaces depuis longtemps.
Il hocha silencieusement la tête.
- Merci pour tout à l’heure. M’en serais pas sorti sans toi.
Il acquiesça de nouveau, toujours en silence. Raven ne parle jamais, à personne. Il communique par hochements de tête et haussement d’épaules. C’aurait pu être comique si le personnage n’était pas aussi sinistre.
Je lui donnai une petite tape sur l’épaule, et repartis. Je m’arrêtai un instant devant le rocher sur lequel étaient assis Shackles et Jukemug, et les regardai un moment.
Ces deux débiles pourraient être de véritables pointures dans leur art s’ils ne gaspillaient pas leur potentiel et leur temps à déconner et à se chamailler. J’aurais sans doute beaucoup donné pour avoir des talents comme les leurs, qui s’étendaient de la manipulation télékinétique à la maîtrise des champs électromagnétiques, mais ce dont je suis sur, c’est que je prendrais la chose bien plus au sérieux qu’eux.
Qui le croirait ? Moi, Sentinâl Zénith, jaloux de ces deux bouffons ?
Les bouffons en question se voyaient d’ailleurs de loin. Tous les deux plus petits que le plus petit Garde d’Elite, ils faisaient tout juste la moitié de ma taille. Shackles, noir comme la suie, couvert de cicatrices improbables et incroyablement moche, se soûlait à l’huile de moteur lorsqu’il n’avait rien d’autre à faire; il s’y consacrait d’ailleurs en cet instant, et avec le plus grand sérieux. Jukemug, aussi blanc à l’extérieur que pourri de l’intérieur, borgne, trésorier improvisé de la Garde, et interrogateur à ses heures perdues, s’occupait en ce moment à tenter de faire péter les plombs à Shackles en faisant léviter de petites pièces de métal autour de sa tête, qui le frappaient de temps en temps.
Je ne m’arrêtai pas devant Halogen, mon supérieur et le second de la Garde d’Elite derrière Rodimus. Je ne me sentais pas capable de partager ma peine avec lui. Avec son air de brute solide comme un roc, son épaisse armure beige et ses optiques perçants teintés de bleu, il n’avait vraiment pas l’air d’un bot prêt à s’apitoyer sur le sort de nos frères. Mais c’était un bon officier, et je le respectai malgré ça.
Si je m’étendais ainsi sur la personnalité de mes frères de la Garde, c’est parce qu’une des choses qui me répugnent le plus dans ma fonction, c’est de ne m’ouvrir réellement sur eux que lorsqu’ils sont déjà morts. Je sais que c’est d’une mièvrerie écœurante, mais j’aime autant pouvoir parler d’eux lorsqu’ils sont encore là pour me dire ce qu’ils pensent de mes écrits.
Nous avons donc maintenu une trêve pour la deuxième moitié de la nuit ; notre camp et celui d’en face se sont mutuellement convenus de ne reprendre les hostilités que demain. Le temps de soigner les blessés, et de récupérer les morts.
Cependant, personne n’avait dit au Fallen qu’il était censé attendre jusqu’au matin.
Les portes du Fort Noir se sont ouvertes toutes grandes un ou deux mégacycles avant le lever du Soleil, et des êtres en sont sortis. D’après les récits de Chaindrive, le barman de l’Huile de Fer, c’étaient les créatures qui l’habitaient, et qui le faisaient croître.
C’étaient de très hauts êtres. Ils ressemblaient à des Cybertroniens, mais il y avait quelque chose de réellement dérangeant chez eux. Des cornes garnissaient leur visage ; leur dos était orné d’une paire d’ailes, mais qui semblaient organiques, et non mécaniques. Ils avaient quatre bras, leur corps était couvert de runes étranges, qui luisaient dans le noir. Et surtout, leur seule présence générait chez tout le monde une peur panique.
Une vingtaine de ces créatures du Fort a déferlé sur la plaine de la bataille. Nos guetteurs ont réussi à les distinguer à la faible lueur émise par l’épave flamboyante du vaisseau Séparatiste au milieu du champ de la bataille, et ont immédiatement donné l’alerte.
Je suis sorti de mon sommeil de stase complètement hébété, regardant autour de moi en clignant des optiques sans comprendre ce qui se passait, et puis je vis les choses se jeter sur nos rangs et ceux des Séparatistes, faisant voler des corps et des bouts de corps.
Je me mis immédiatement debout, juste à temps pour voir l’une de ces choses découper un de nos plus larges et plus puissants soldats comme s’il était fait de papier d’aluminium. Par les Primes ! me dis-je. Mais qu’est-ce que c’est que ces horreurs ?
Bastooooooooooooooooooon
Pour la Horde !!!!!!!!
Pour la Garde !!!
Thanator je ne veux surtout pas te brusquer ou quoi que se soit mais...
La suiiiiiiiiiite !
En cours d'écriture
[Chapitre XXXV : Les noirs éclats d’une étoile déchue]
Pas le temps de réfléchir. Je levai mon bras droit, le transformai en épée-tronçonneuse, et tonnai :
- En avant, Gardes d’Elite !
Et je me jetai vers l’une des choses du Fort qui venait droit vers moi. Enhardis par mon cri, les autres Gardes se saisirent de leurs armes et de leur courage, et repartirent à l’assaut vers leur nouvel ennemi.
J’évitai un coup mortel de la créature en face de moi, porté de bas en haut, et abattis mon épée-tronçonneuse sur son flanc. Elle s’y enfonça légèrement, et y resta coincée. Bordel, mais ils sont faits dans quelle matière, ces trucs ? L’abomination eut un petit rire, et me balança son bras en pleine figure, ce qui réussit à décrocher mon épée, et me fit voltiger.
A peine m’étais-je remis debout, qu’elle était déjà sur moi. Je parai un coup de griffe avec mon épée, mais la chose exerça une telle pression que je dus poser un genou à terre pour ne pas flancher. Il me flanqua un coup de genou en plein torse, me causant une douleur atroce, et mettant involontairement en marche mes phares.
En pleine lumière, la saloperie !
Ebloui, il grogna, recula en chancelant. Mais c’est ça ! pensai-je. Elles sont sensibles à la lumière !
- Ecoutez, tous ! criai-je. Allumez tous vos phares et vos projecteurs ! Ces choses ne supportent pas la lumière !
Ils ne se le firent pas dire deux fois, et en quelques cycles, le camp rayonnait de faisceaux lumineux à l’affut. Les bestioles du Fort émirent des sons inarticulés, et se replièrent dans les ombres.
Mais tout le monde était épuisé, et les réserves d’énergie de chacun étaient basses. Un à un, les faisceaux de lumière faiblirent, grésillèrent, puis s’éteignirent.
Les créatures repassèrent à l’attaque.
Je vis un de ces monstres se jeter sur Shackles ; celui-ci, encore sous l’effet de l’huile de moteur qu’il avait ingurgité, caqueta de surprise. Je ne sais pas ce qu’il a fait, mais l’instant d’après la créature s’est immobilisé, comme si elle s’était heurtée à un mur invisible.
Je saisis l’occasion, réunis toutes mes forces, et lui portai un coup terrible, en visant son cou. La lame de mon épée s’y enfonça à peine, et rencontra à nouveau un métal trop dur pour le trancher.
C’est pas possible, me dis-je ! Comme un forcené, je dégageai mon épée, et frappai de nouveau, encore et encore. Au bout de pas moins de huit coups d’épée, sa tête se décrocha enfin, et tomba à mes pieds.
Mes systèmes de refroidissement à plein régime, je soufflai, et regardai la créature, qui avait mis si longtemps à mourir. A côté de moi, Shackles se pencha sur le cadavre, toujours bourré. La tête de Jukemug apparut au dessus de l’épaule de son comparse.
- Bouge de là, Sentinâl. Ces choses, c’est notre rayon, pas le tien.
Soulagé de m’en éloigner, je me rendis compte que les autres monstres continuaient leur assaut, y compris dans le camp des Séparatistes. Malheureusement, ils n’avaient pas eu la même intuition d’allumer leurs lumières, et les hurlements résonnaient jusqu’à nous.
Me tournant vers les nôtres, je vis Halogen et Rodimus tenir tête à deux d’entre eux. Je me joignis à eux, et frappais l’une des créatures dans le dos. Elle se cambra, et Rodimus plongea son canon à impulsion dans son torse, avant de tirer.
J’eus la présence d’esprit de me baisser à temps pour éviter la décharge. Mais quand je me relevai, un gros, joli trou ornait le bide de la chose.
Je me rendis alors compte que quatre autres bestioles s’étaient mises en tête de s’acharner sur Halogen, et avant peu celui-ci avait disparu sous la masse sauvage et meurtrière de ses assaillants.
Comme un idiot, je me jetai vers le tas d’abominations en hurlant.
Un vrombissement se répandit alors, et un projecteur illumina à ce moment-là la pile qui surmontait Halogen. Je levai la tête, et vis qu’il s’agissait d’un large vaisseau d’escorte. Une pléthore de canons et de tubes lance-missiles se braquèrent sur l’amas de corps, et l’enfer se déchaîna.
Je lâchai un hourra en brandissant mon arme, devant l’arrivée du vaisseau. Dans mon Spark, je savais que dans le vaisseau se trouvait Guardian Prime. Enfin, notre leader entrait en lice.
Halogen réussit à se dégager de la pile brûlante et fumante des corps en train de fondre. Couvert de cicatrices, qu’il était, mais vivant.
Le vaisseau se posa devant nous, et un sas s’ouvrit. Guardian Prime en personne se tenait là.
- Allez, montez ! nous intima-t-il.
Nous ne nous le fîmes pas dire deux fois, et grimpâmes à bord du vaisseau, qui reprit les airs. Avant que je ne m’en rende compte, le vaisseau se dirigea vers le camp des Séparatistes.
- Ces abominations nous ont fourni un ennemi commun, tonna Guardian Prime. C’est là la seule issue à ce conflit ! On peut les rallier à notre cause !
Pendant qu’il parlait, je m’étais placé à l’un des sièges des artilleurs, et prenais en main la tourelle lourde qui était reliée à ce poste.
Le projecteur du vaisseau nous donnait une excellente visibilité, et tandis que nous survolions le camp Séparatiste plongé dans le chaos je déchargeai mon arme sur deux bestioles du Fort qui s’en prenait à nos anciens ennemis.
Il fallut que je tire à quatre reprises avec ma batterie de disloqueur à ions pour qu’enfin ils restent à terre. Alors que nous refaisions un passage, j’entendis les cris de joie sur notre passage. Peut-être bien que Guardian Prime a raison. En tous cas, maintenant on a une raison d’avoir des armes aussi puissantes que celle que je maniais.
Le vaisseau se posa au milieu des forces Séparatistes. Je descendis avec Halogen, restant en retrait derrière l’épaule gauche de Guardian Prime. Nous vîmes en face de nous un petit comité de cinq Cybertroniens, visiblement les derniers chefs de l’Alliance Séparatiste. Un hochement de tête suffit, pas de longs discours. L’instant d’après, nous courions côte à côte, le fusil au poing, traquant les créatures qui rodaient encore dans le camp.
Je levai un instant la tête, et vis que les créatures restantes – au bas mot une petite dizaine – remontaient la route du Fort Noir, chacune traînant plusieurs cadavres dans leurs mains.
- Empêchez-les de rejoindre le Fort ! alertai-je. Tirez sur elles !
Nos batteries les plus lourdes se braquèrent vers l’entrée du Fort Noir, et se mirent à pilonner les choses qui en approchaient. Je me transformai à nouveau en blindé, et remontai moi aussi la route, accompagné de Halogen et quelques autres, afin d’achever les blessés. Mais malgré nos efforts, les survivants parvinrent à traîner une dizaine de corps à l’intérieur des portes.
- C’en est assez ! tonna Guardian Prime. Attaquez ce foutu Fort !
Tout le monde obéit, et les Gardes d’Elite, puis les Séparatistes, braquèrent toutes leurs armes vers la muraille, et j’eus le droit d’assister au plus beau feu d’artifice qu’il m’ait été donné de voir depuis la bataille de Kaon.
De leur côté, Shackles et Jukemug faisaient leur part du boulot, en soulevant d’énormes monticules de débris et de roches rien qu’avec leur télékinésie, et en les jetant sur la muraille du Fort.
Chaque fois qu’une des créatures du Fort sortait sur une des murailles, nos snipers mettaient moins d’un nanoklik à le viser, et l’abattaient. Quelle que fut leur résistance, je doutais sincèrement qu’ils soient capables de survivre à une quinzaine de rayons de fusils de précision, et tous en pleine poire.
Un million, non, une centaine de millions de chuchotements se mit alors à résonner sur le flanc des montagnes qui encerclaient le Fort Noir et Genesis. Il prit peu à peu de l’ampleur, passant à travers les Cybertroniens réunis au pied du Fort, et continua de grandir et de forcir, jusqu'à atteindre l'intensité d’un hurlement.
Tout le monde leva la tête, une sensation d'angoisse s'épanouissant en eux, et se mit à regarder les éclairs qui tombaient et les nuages qui s’amoncelaient.
Les chuchotis passèrent comme un coup de vent, devenant omniprésents. Je regardai Shackles et Jukemug, et vit qu’ils étaient comme tétanisés de terreur. Je me retournai, et vis au loin une silhouette familière debout à petite distance du Fort Noir. Très familière.
Le ciel s’assombrit peu à peu, des filets de noirceur se mettant tomber du ciel et se mêlant aux éclairs. Le chuchotement s’évanouit, pour laisser place à un grincement mécanique provenant du Fort Noir, comme le brut d’une … transformation.
Une seule pensée me restait en tête, obnubilante. Le Fallen. Il sortait.
Au sommet d’une aiguille de roche non loin du Fort, cernée par des éclairs de plus en plus puissants, Heatwave éclata d'un grand rire, ses fins bras levés vers les nues pour accueillir les ténèbres qui s’accumulaient autour d’elle.
Je taurais bien demandeer de mettre Bitub dans ta fic mais j'ai peur qu'il se fasse one shot
Rêve pas trop, là le vieux salaud est en train de revenir, évidemment que ton chéri se ferait one-shot
[Chapitre XXXVI : La Fausse Résurrectionniste]
Plus personne ne tirait. Toutes les armes étaient baissées au sol, alors que le désespoir s’emparait de l’âme de chacun. Nous avions échoué. Le Fort Noir avait réuni assez de puissance pour ouvrir la voie au retour du Fallen. Le grincement continuait de résonner.
Les créatures du Fort étaient toutes sorties sur les murailles. Malgré ma terreur, j’étais estomaqué. Elles étaient au moins cent ! Heureusement pour nous que seul un petit détachement était sorti tout à l’heure …
Mais quelque chose n’allait pas. Elles ne semblaient pas spécialement heureuses, compte tenu de l’idée que leur Maître allait enfin pouvoir se libérer de ses entraves. Elles étaient furieuses, et je jurerais qu’elles hurlaient des imprécations.
Le rire de Heatwave résonna à nouveau, et alors je compris. Halogen avait raison. Elle n’avait jamais eu l’intention de faire revenir le Prime déchu. Le véritable plan de Heatwave consistait bel et bien à siphonner le pouvoir du Fallen et à le garder pour elle seule. J’ignore comment, mais elle avait trouvé le moyen de canaliser l’énergie du Fort, et du Fallen, vers elle, tout en gardant le vieux salaud enfermé.
Un éclair écarlate jaillit des murailles du Fort, sans doute émis par les créatures, et plongea sur Heatwave. Celle-ci leva la main, et une barrière électromagnétique absorba totalement l’éclair. Puis elle ferma le poing.
L’éclair fut renvoyé à son expéditeur avec une puissance décuplée, et arracha un petit pan de la muraille, en même temps qu’il fit fondre plusieurs des créatures.
Elle éclata de nouveau de rire.
- Et voilà ! hurla-t-elle comme une démente. C’est terminé ! Plus besoin de vous battre, car maintenant vous n’êtes plus rien face à moi !
Elle leva son autre main, et un long bâton, semblable à un sceptre, se déploya, avant de vibrionner et de luire d’une lumière rouge.
Je m’avançai dans sa direction, alors que les éclairs s’intensifiaient, et me transformai de nouveau en véhicule blindé. Je comptai sur la tempête de neige et sur l’obscurité pour camoufler mon approche. Heatwave, trop occupée à parader sur ses forces qui continuaient d’augmenter à mesure que la puissance du Fallen était filtrée vers elle, ne m’avait pas encore remarquée.
Je fis rugir mon moteur alors que je m’approchai d’elle, prêt à l’emboutir de plein fouet. Je comptai sur Shackles et Jukemug pour l’empêcher de me … Aaaargh !
Je ne sais pas ce qu’elle m’a fait, mais une douleur cuisante me parcourut, m’obligeant à me retransformer. Elle s’approcha de moi, et me souleva alors en l’air d’une seule main.
- Pauvre imbécile de Garde d’Elite, gronda-t-elle, ses yeux virant violemment au rouge. Vous n’êtes que des insectes sans valeur ! Cybertron est MA chose !
Et d’une violente poussée télékinétique, elle me fit voler sur un bon kilomètre, avant que je ne m’écrasasse sur le sol de roche.
Je crachai un peu d’Energon. Je crois qu’un circuit ou deux ont été explosés, sur ce coup-là …
Je me tournai sur le dos, le regard plongé dans la masse nuageuse au dessus de nous, et vit un gros objet passer à toute vitesse au dessus de moi. Par curiosité, je relevai la tête en grimaçant de douleur.
Le vaisseau de Guardian Prime avait repris les airs, et toutes ses armes étaient braquées sur Heatwave. Celle-ci, de surprise, ouvrit grand les optiques.
Toutes les batteries du vaisseau se déchaînèrent au même instant sur la position de Heatwave. Les canons à EMP, les disloqueurs à ions, les canons à protons, même le rayon à fusion.
La plus grosse explosion que j’ai jamais vue déchira l’atmosphère. Même les créatures du Fort Noir avaient cessé de hurler des injures pour observer le brasier. Au nom de tous les Primes, aucun Cybertronien ne pourrait survivre à un enfer pareil !
Quelque chose à la périphérie de ma vision attira mon regard. Je me tournai à temps pour voir un éclair rouge fuser en direction du vaisseau, et griller ses réacteurs.
Heatwave, le visage déformé par la rage, était à près d’un kilomètre de là où elle se trouvait lorsque la tempête de feu s’était mise à tomber. Maintenant elle peut aussi se téléporter ? me demandai-je. Bon. Je commençai tout juste à stresser.
Le vaisseau perdit de l’altitude, ses propulseurs détruits, et se crasha devant elle, avant de prendre feu. A la lumière des flammes, je me rendis compte que la moitié droite de son visage était brûlée, déformée. Je notai pour moi-même qu’apparemment, son temps de réaction restait un peu lent.
De l’épave calcinée du vaisseau émergea une haute silhouette. Mais pas celle à laquelle je m’attendais. Le Cybertronien qui sortait arborait une armure d’un rouge sombre.
Rodimus ? Mais qu’est-ce que le Chef de la Garde faisait dans le vaisseau de Guardian Prime ?
Il se mit en marche vers la Cybertronienne folle, dégainant une longue épée. Le brasier lui donnait une apparence encore plus terrible, alors qu’il allait à la rencontre de Heatwave.
Celle-ci eut un petit rire, avant d’accepter le défi que lui lançai Rodimus en sortant deux lames de ses avant-bras. Puis, elle se jeta sur lui avec un cri féroce.
Mon seul espoir était que le combat lui fasse suffisamment perdre sa concentration pour qu’elle ne puisse pas utiliser les pouvoirs du Fallen. C’était la seule chance que nous avions de nous en débarrasser.
Je tentai à nouveau de m’approcher d’elle, mais cette fois-ci, le plus discrètement possible. En me cachant partout où je pouvais, prenant couverture dès que possible.
Alors que Rodimus et Heatwave continuaient de ferrailler, je passai devant un petit tas de corps, et vis Halogen, sur ma droite, lui aussi en train d’avancer discrètement. Nous échangeâmes un hochement de tête.
Je n’ai pas exactement suivi le début du combat, mais à un moment donné Rodimus changea son bras gauche en son canon à impulsion. Il tenta de viser Heatwave, mais celle-ci dévia le tir avec son bras, avant de transformer son bras en blaster à plasma. Les deux armes se retrouvèrent face à face, et tous les deux tirèrent en même temps.
L’onde de choc repoussa les deux adversaires à plusieurs mécano-mètres l’un de l’autre.
Rodimus revint immédiatement à la charge, son canon braqué devant lui, et tirant sur Heatwave. Celle-ci se pencha sur le côté pour éviter le tir, puis elle vit que Rodimus s’apprêtait à lui décocher un grand coup d’épée qu’elle ne pourrait pas éviter.
A la surprise de Rodimus, elle se téléporta derrière lui, s’apprêtant à lui porter un coup mortel.
Mais Rodimus n’était pas le chef de la Garde pour rien. Il avait des réflexes. Il tendit aussitôt le bras en arrière, et tira de son canon à impulsion. Heatwave n’eut pas d’autre choix que de se téléporter à nouveau face à lui, et se mit en garde.
Rodimus se fendit alors pour éviter une décharge de son blaster, et enchaîna sur un coup d’épée que Heatwave réceptionna de justesse. Rodimus fit alors jouer sa plus grande force et sa plus grande masse pour obliger Heatwave à reculer, puis à poser un genou à terre.
Heatwave réussit à sourire, malgré sa position désavantageuse. Sa puissance continuait de croître, et l’on pouvait en sentir les ondes jusqu’au Fort Noir, où les créatures qui l’habitaient tentaient par tous les moyens de rompre la connexion entre le Fallen et la parasite.
Pendant ce temps, Halogen et moi continuions de progresser vers Rodimus et la déesse en gestation, toujours sous couvert de l’obscurité. Shackles et Jukemug semblaient enfin s’être réveillés, et avaient déployé autour de nous un champ magnétique polarisé, qui déviait même les plus fins rayons de lumière, nous rendant virtuellement invisibles.
L’épave du vaisseau de Guardian Prime n’était plus qu’à quelques mécano-mètres. A côté de moi, Halogen avançait avec une prudence et une lenteur que je ne lui connaissais pas.
- Il ne tiendra pas longtemps, on peut pas ralentir maintenant ! l’exhortai-je.
Halogen acquiesça, et accéléra. Au même moment, je vis Rodimus prendre un coup vicieux dans l’épaule.
Non !
Je me mis à courir avec l'énergie du désespoir, Halogen pas très loin derrière moi.
c'est la que Fallen vas ressuciter et il va la one shot
Sinon elle va diriger le monde et on sera tous à son service !
Remarque moi ça me dérange pas d'être à son service
J'adore
Continu Captain
Merci beaucoup, Dark
Willy Quitte à se faire dominer par quelqu'un, j'aime autant que ce soit par elle
Moi aussi
Dark a du rien comprendre à la fic
J'avoue, pauvre Dark C'est vrai qu'à la base j'ai écrit cette FIC pour être lue par des fans, qui s'y connaissent un peu
Et en plus, ma fic fait partie de l'univers des jeux et des bouquins Exodus-Exiles-Retribution, qui est tout de même la plus jeune des franchises
Mais j'avoue que pour les pouvoirs du Fallen, et ceux, assee proches, des deux timbrés, j'avoue m'être inspiré de ceux qu'on voit dans le film
De quoi encore un peu plus compliquer les choses
[Chapitre XXXVII : Dernier combat d’un Prime]
Je courais vers Rodimus et Heatwave avec toutes les forces qui me restaient, accompagné de Halogen. La situation était maintenant critique. Malgré l’avantage que paraissait avoir mon Commandant sur Heatwave, j’avais l’intuition que celle-ci était capable de le détruire sans difficultés.
Se redressant suite au coup d’estoc qu’il avait reçu un peu plus tôt, Rodimus mobilisa toute sa force pour lancer un grand coup circulaire autour de lui. Heatwave le vit arriver, sentit qu’elle ne pourrait pas le bloquer, et choisit de se téléporter. Mais elle ne fut pas assez rapide, et une estafilade apparut sur son épaule un nanoklik avant qu’elle ne disparaisse. Rodimus esquissa un sourire de victoire.
Sa nuque fut alors transpercée par une longue lame qui descendit dans son dos. Heatwave s’était téléportée au dessus de lui, et c’est elle qui souriait à présent.
Lâchant un grognement surpris, Rodimus tomba à genoux, et leva la tête, pour voir Heatwave atterrir devant lui, un éclat sadique dans ses optiques. Elle transforma son bras en son blaster à plasma, aligna la tête de son adversaire et tira.
Rodimus, le Chef de la Garde d’Elite, le plus puissant guerrier que Cybertron ait enfanté depuis l’époque des Primes, s’effondra, la tête percée d’un large trou. Au désespoir, je me retins de hurler de fureur, et me précipitai sur elle avec Halogen.
Elle tourna soudain la tête, comme si elle humait l’air. Nous avait-elle repérés ? Le camouflage des deux abrutis était pourtant bien actif ?
Elle brandit son sceptre vers moi, et je sentis que je quittai le sol. Je regardai mes bras, et vis que le cybertitane de mon armure était en train de se craqueler et de se fissurer. Qu’était-elle en train de me faire ? J’éprouvai alors une souffrance aigüe, comme si on me tailladait le corps de part en part.
- Tu es du genre obstiné, pas vrai, Sentinâl Zénith ? fit-elle avec un rire malsain. Eh bien tu seras récompensé en proportion.
Je sentis que tous mes membres étaient en train de se briser petit à petit. Je fermai les optiques, et me retins de crier, tâchai de supporter la douleur. Tous mes systèmes viraient dans le rouge. Un conduit au niveau de ma hanche se brisa, et je sentis le gaz de refroidissement s’échapper en sifflant.
Au supplice, j’entrouvrais un optique, et vit Heatwave, toujours en train de rire, et une ombre se profilant juste derrière elle. De surprise, j’ouvris le deuxième optique, et oubliait un instant la douleur sciante.
Heatwave ne manqua pas ma réaction, et se retourna à temps pour voir Halogen, une grimace de rage pure gravée sur son visage, son épée au clair. La Cybertronienne afficha un regard étonné, et ouvrit légèrement la bouche.
Le bruit du métal qui traverse du métal résonna dans ma tête.
Je retombais au sol à quatre pattes, le souffle court. Cette fois, je laissai échapper un râle de douleur, mais gardai les optiques ouvert.
La tête de Heatwave résonna en tombant au sol, et continua de rouler jusqu’à moi. Une expression de surprise était toujours gravée sur son visage à moitié défiguré. Son corps décapité resta debout pendant un petit moment, avant de finalement s’effondrer. Je me hissai sur un tas de débris, et gémis. Mais ce gémissement était teinté de soulagement. Nous avions tué la déesse folle dans l’œuf, avant qu’elle n’ait pu entièrement drainer le pouvoir du Fallen.
Une volute de fumée d’un noir d’encre s’éleva du corps de Heatwave, et ondula en direction du Fort Noir. Un souffle ressemblant à un hurlement de triomphe s’éleva dans l’air.
Mon Energon se glaça dans mes circuits. L’immense grincement mécanique provenant du Fort retentit de plus belle. Les créatures sur les murailles se remirent à s’agiter, mais cette fois je sentais qu’elles exultaient.
Dans un immense gémissement de métal, des pans de la muraille se rétractèrent, et pivotèrent, disparaissant à l’intérieur de la structure, tandis que d’autres émergeaient et se déployaient.
J’en aurais presque pleuré. Tuer Heatwave n’avait servi à rien. Les créatures avaient réuni toute la puissance dont ils avaient besoin, et Heatwave n’était plus là pour dériver le courant vers elle. Ils ouvraient la voie au Fallen.
La structure du Fort Noir changeait subtilement, au fur et à mesure que la voie s’ouvrait.
- Au nom des Primes, murmura Halogen non loin de moi, encore haletant. Le Fort Noir est en train de se … transformer ?
Le doute n’était pas permis. Les murailles se resserraient sur elles-mêmes, et se redéployaient selon un autre format, une autre structure.
Malgré mon état, je saisis tout de suite. Le Fort Noir ETAIT le portail de sortie du Fallen.
Je tentai de me tenir debout, et sortis mon fusil. Une main me barra le chemin.
- Laisse cela, Sentinâl Zénith. Tu n’es plus en état. Je vais m’en occuper moi-même.
Je levai les yeux, et reconnus Guardian Prime, dressé de toute sa hauteur. Mais où était-il tout à l’heure ?
Ses plaques d’armure de torse étaient déployées, et il semblait briller de l’intérieur. Je plissai les yeux pour tenter de distinguer quelque chose. Je vis un objet scintillant, fixé dans son torse. On dirait une sphère avec deux larges poignées, et qui rayonnait d’un éclat tel que je n’en avais jamais vu. Dans un flou, je me rappelai de certaines holo-images décrivant l’épée du leader des Primes. Ca ressemblait à la garde de cette épée.
- La Matrice de Comandement, me dit-il. Je l’ai reçu après avoir été nommé Prime. C’est le symbole de ma fonction, et un objet de grand pouvoir.
Il se mit en marche vers le Fort Noir, qui se changeait peu à peu en un grand portail hexagonal. Alors qu’il se mettait à courir de plus en plus vite, la lumière émanant de son torse s’amplifia, gagnant en force, jusqu’à devenir insoutenable à l’œil nu.
A travers mes optiques vitreux, je le vis, tel une étoile filante, foncer vers le Fort Noir. Un sourd grondement se mit alors à résonner, montant dans les aigus, jusqu’à devenir insoutenable. Tentant de rester conscient, je me rendis compte que le grondement avait un sens, et formait des paroles, très ralenties. Je crus distinguer « Guardian, piètre copie ».
Mes processeurs étaient récalcitrants, mais je résistai à l’appel de l’inconscience. Je vis la lumière pénétrer à l’intérieur du Fort Noir en pleine transformation. Un fracas, des hurlements et d’étranges lueurs en émanèrent.
Soudain une onde de choc traversa la vallée et toute la ville de Genesis. Le Fort Noir trembla sur ses fondations. De puissants rais de lumière filtrèrent entre les pans de la muraille, et s’intensifièrent. Le long grognement vira au gémissement. « Guardian Prime, je te tuerai », résonnait.
Des pans de la muraille se fracturèrent et tombèrent, les tours au sommet du Fort tremblèrent de plus en plus fort.
Enfin, alors que je succombai au souffle de l’onde de choc et tombai par terre, le bastion s’effondra finalement sur lui-même dans un immense rugissement de fureur.
Alors que mes systèmes s’éteignaient un à un et que ma vue se brouillait, j’entrevis une étoile émerger lentement des ruines, resplendissante dans son triomphe.
Je sombrai.
Continu !