tous les assassins ont la classe fonc gabriel aussi en tout cas je fais ce que je peux !
Chapitre 8
L’italien observait l’homme en noir a travers sa longue vu, a l’abri sur les toits. La situation ne tournait pas à l’avantage de son protégé qui se battait pourtant comme un lion. Poussé par les cris de rage de ses hommes, il faisait tournoyer sa baïonnette pour pourfendre le plus d’ennemis possibles. Le sang giclait à profusion chez les parisiens, qui se massaient vers la bataille. Elle tardait à se finir.
-Il est complètement stupide, ou complètement fou. Il va se faire tuer en bas.
Il détourna le regard vers sa sœur qui restait attentive. Elle semblait admirer le spectacle de cet inconnu qui se battait au mépris de la mort, sans aucun autre but que de sauver la vie de l’ennemi d’une cause qu’il n’a pas encore embrassé. Ses yeux restaient fixes dans sa direction. Elle se leva alors, prête à partir.
-Il nous donne ce qu’on veut, le marquis s’enfuit. Je vais à sa poursuite, ca sera rapide.
-Mais…et qu’est ce qu’on fait de lui ?
-Si ce n’est pas encore trop tard, va le chercher. Reste discret.
-Vous deux !!
Deux jeunes recrues se pressèrent autour de Giovanni qui se contenta de mettre les bras en croix. On lui enleva sa cape, et sa lame secrète. Il ne ressemblait maintenant plus qu’à un homme surarmé, a tel point que cela pouvait en sembler ridicule. Sa ceinture était composée de dizaines de couteaux de lancer parfaitement alignés, et cette collection se terminait par un couteau oriental gravé à la main d’écritures arabes stylisées. On lui retira son épée. Il ne lui restait plus que sa combinaison plaquée de métal impénétrable qui brillait au soleil du soir. Il se saisit de son couteau et sauta à la manière de Gabriel. Il atterrit sans un bruit au milieu de la bataille, puis se dirigea en marchant vers l’homme vêtu de noir qui s’essoufflait. Les gestes étaient plus lourds, plus approximatifs, et il risquait d’être mortellement blessé à tout moment.
Toutefois, Giovanni était déjà sur lui. Gabriel regardait de chaque coté, cherchant quelqu’un à abattre ou a esquiver d’un pas. Tous les soldats avaient fuit ou étaient morts. Beaucoup d’hommes jonchaient le petit champ de bataille qui s’était créé. Il était encerclé et avait le drapeau du régiment en main, qu’il faisait tourner tout autour de lui pour empêcher la foule d’approcher. La pique tourna un moment, telle une horloge folle, puis s’arrêta. Gabriel était épuisé, et reprenait son souffle. Il n’avait plus la force de continuer. Lentement, la foule s‘approcha de lui pour l’achever. Un homme leva un barbare couteau de boucher, et l’abattit sur sa victime à genoux, regardant le ciel, défaite. Mais sa course fut coupée par une main gantée qui se saisit du poignet, puis le brisa sur le champ. L’homme hurla sur le coup, puis fut propulsé d’un violent coup de pied sur un étalage qui vola en éclats.
La foule s’écarta, apeurée. Elle reconnaissait la capuche blanche. Certains s’enfuyaient déjà.
-C’est…c’est l’assassin ! L’assassin est parmi nous ! ! Fuyez !!
Mais certains restaient, peu enclins à abandonner leur proie. Lorsqu’un des hommes fit un pas en avant, il finit par se figer, les yeux hagards. Sa main se porta à son cou ruisselant d’hémoglobine, puis s’écroula.
-Il ne me plait guère de devoir tous vous tuer. Mais sachez que si cela s’avérait nécessaire, je n’hésiterais pas à vider un peu plus ma réserve de couteaux.
Les émeutiers se regardèrent, hésitants. Ils ne pouvaient croire qu’un seul pouvait faire la loi. Mais sa prestance, son élégance et sa précision au combat restait encrée dans leur rétine. La vision de leur compagnon, lame enfoncée dans la gorge et se vidant de son sang, complétait le tableau. Ils commencèrent à s’effacer lorsque Gabriel se releva, prêt à combattre aux cotés de son allié. Petit à petit, ils disparurent dans les ruelles sombres du crépuscule. La journée se terminait, enfin.
Le retour au repaire fut calme. Le mentor était revenu sans encombre, paraît-il. Gabriel et l’Assassin passèrent le portail en silence. Ils n’avaient pas osé discuter de ce qu’il venait de se passer. Gabriel réalisait petit à petit qu’il venait de courir à la mort, il en avait conscience et cela le troublait au plus profond de son âme. Il regardait le sol, médusé. Cependant, son tricorne cachait aux autres ses sentiments, et c’était toujours l’homme en noir que les recrues voyaient. A leur passage, elles s’inclinaient toutes, poing sur le cœur, sans dire un mot. Gabriel le remarqua et en fut étonné.
-J’ai l’impression que t’as fait de l’ombre à ta sœur, Assassin. Ca risque de ne pas faire plaisir au mentor si tu vois ce que je veux dire !
-J’aurais bien aimé te rejoindre sur ce sujet, Gabriel, mais ce n’est pas moi qu’ils saluent tous. C’est toi.
-Comment ça… ?
Ils entrèrent dans l’immense salle d’intronisation. Elle était allumée des mêmes torches de la veille. Tous les élèves avaient repris leur place sur les bancs. Ils se retournèrent tous vers le deux hommes. Gabriel observa. Sylvia était sur l’estrade, le regardant droit dans les yeux, elle souriait pour la première fois. Dans ses mains se trouvaient un tisonnier rougeoyant, sortant à peine d’un foyer central. Giovanni le poussa entre les bancs, l’obligeant à avancer parmi toutes ces capuches qui ne le quittaient pas des yeux. Un peu impressionné, il se présenta au mentor, qui l’attendait patiemment.
-Quel est ton nom, français ?
-Epervier. Gabriel Epervier.
-Gabriel, tu as maintes fois fais preuve de courage face au danger, et parfois même face à une mort certaine. Tu as gagné un duel face à l’un de nos meilleurs éléments, tu as servi la cause de notre confrérie au-delà même de ce que nous attendions de toi, gagnant le respect de tous. Que tu le veuilles ou non, ta vie est liée à la notre. Acceptes-tu de nous rejoindre, et de faire de nous plus que des amis, mais une famille ?
Gabriel la voyait sous un autre jour. Elle semblait pour la première fois peu sûre d’elle, et par la même vulnérable. Ses yeux bleus avaient quitté son regard pour se suspendre à ses lèvres. Ses traits s’étaient affinés depuis que la dureté qu’elle s’efforçait de garder chaque jour qui passait l’avait quitté. Cette communauté qui l’avait accueillie et soigné, et sauvé plusieurs fois de la mort, paraissait maintenant dépendre de lui.
-J’accepte. J’accepte avec joie.
-Tant mieux ! Parce que si t’avais dit non, j’aurais été forcée de t’assommer pour t’introniser dans ton sommeil !
Tous rirent de bon cœur avec elle, même Gabriel qui ne s’attendait pas à une telle décontraction de la part de cette femme d’habitude si mystérieuse et réservée. Le tisonnier vint marquer son annulaire d’une brulure qui scella à jamais sa destinée. Un nouvel homme venait de naitre sous les yeux de tous. Giovanni n’en avait rien loupé, et c’est au fond de la salle qu’il échangea quelques mots avec la dernière recrue faite assassin, très curieuse de ce nouveau venu arrivé à un rang de la confrérie si haut en si peu de temps.
-J’ai l’impression que vous fondez de grands espoirs en lui, maitre. Mais que savez-vous de lui en réalité ?
-Cet homme est prêt à tout pour se venger. C’est un Lion qui sommeille. A nos cotés, rien ne pourra l’arrêter quand il se réveillera. Il nous menera plus loin encore que nos ancêtres oseraient le croire.
up ?
Très belle Fic ! j'ai lu tout les chapitres en 45mn
J'viens de finir de lire, encore une fois c'est pas mal mais j'ai l'impression que le niveau baisse avec la femme qui devient un peu plus docile, trop vite à mes yeux.
M'enfin on verra ce que la suite donnera !
Merci à vous deux !
Ouais mais Sylvia est obligée d'être sympa maintenant, sinon elle se mettra toute la communauté a dos Logiquement hein
Enfin dans ma tête c'est comme ça quoi
oh et puis merde
Je prend beaucoup de plaisir a lire et tu peut t'estimer heureux car c'est difficile de me satisfaire (je n'aime pas trop la lecture )
ha bon bah ecoute c'est le genre de défis difficile a remplir et si tu préfères me lire plutôt qu'harry potter j'en suis très heureux
Pourquoi toi t'as des lecteurs
Parce que lui il est... Diantre aucune idée, son style me plait !
je met ma cape magique quand j'écris
Chapitre 9
A la fin de la cérémonie, Gabriel fut convié dans la salle d’entrainement aux armes, à l’écart. Sylvia et son frère souhaitaient s’entretenir avec lui en privé. La nuit était tombée et tous trois se trouvaient autour d’une table ronde, debout. Ils n’étaient éclairés que par quelques bougies qui peinaient à dévoiler leurs visages dans l’obscurité à peine chassée. Sylvia prit la parole la première. Elle avait repris sa voix autoritaire, et savait parler sans qu’on puisse l’ignorer. Lorsqu’elle ouvrait la bouche, tout le monde l’écoutait naturellement avec attention.
-Cela n’est pas officiel par soucis d’étique, mais nous te confions le grade de Maitre. Tu as le niveau et l’âge pour former les recrues. Elles te font confiances et t’admirent déjà. Je suis persuadée que c’est en grande partie grâce a ton passé si mystérieux…tu maitrises certains arts du combats extrêmement difficiles à apprivoiser, et ce n’est qu’avec un entrainement de plusieurs années qu’on peut les obtenir !
Elle s’était montrée menaçante sur ses derniers mots. Gabriel jeta un œil à Giovanni qui se contenta de rester dans l’ombre de sa capuche, gardant un froid silence.
-Donc… ?
-…la situation est claire : tu nous mens sur beaucoup de points ! Je ne peux pas croire qu’un vulgaire soldat soit capable de battre en duel notre dernier assassin promu ou de tenir en respect une foule de plusieurs dizaines de personnes en colère ! Dis m’en plus à propos de ce tatouage !
-Je ne me rappelle pas du moment où on me l’a fait. J’étais inconscient je vous l’ai dit.
-Tu veux nous faire croire que quelqu’un t’as tatoué ca sans ton accord et qui plus est sans aucune raison ? Tu nous prends vraiment pour des c… ?
-Ecoutez ! J’ai pris connaissance de notre ordre il y a à peine quelques semaines. Je peux vous en donner ma parole.
Elle regarda son frère qui fit un léger signe de la tête. Ils paraissaient en accord avec quelque chose de très sérieux. Une décision venait d’être prise.
-Il semble que tu ais vraiment perdu la mémoire en ce cas. Compte tenu de ton âge, et de ton niveau plutôt…raisonnable, nous pensons que tu étais déjà un maitre assassin avant même de nous rencontrer. Le plus inquiétant étant que…personne n’a voulu que tu te souviennes de ça jusqu’à maintenant…
-Je ne suis pas sur de vous suivre…je me souviens très bien de tout ce que j’ai fait dans toute ma vie ! Vous me prenez pour quelqu’un que je ne suis pas !
-Peu importe ! Nous te faisons assez confiance pour te confier le déroulement de nos intentions. Le Marquis du Plessis que j’ai gentiment neutralisé m’a tout de même confié que ceux qu’il pense être templiers se déchirent entre eux. Ils se livrent une sorte de guerre interne qui ne pourra que nous profiter. Le roi garde jalousement la pomme à sa portée dans un coffre. Il craint même sa confrérie capable de la lui dérober. Car c’est de ça qu’il s’agit, les grandes monarchies d’Europe se les disputent. Inutile de préciser qu’elles sont toutes nos ennemis. Ainsi, le monde est presque entièrement à leur portée…
Giovanni s’approcha de la table pour intervenir. Il y posa ses deux mains à plat et tourna les yeux vers la femme qui gardait son air des plus déterminé.
-…ce n’est pas le coffre le problème mais plutôt toute la garde royale qui l’entoure. Elle garde jalousement l’artefact sans même en connaitre sa véritable valeur. Le peuple souffre, et le Roi vit à Versailles entouré d’or ! Sans la Pomme, nous pourrons inverser la tendance.
Gabriel leva d’un coup la tête en les regardant chacun dans les yeux. Ses lèvres commencèrent à s’étirer puis à dévoiler ses dents, avant qu’il ne parte dans un fou rire aussi irrépressible que mal venu.
-…vous n’êtes pas sérieux ? Vous comptez vraiment dérober cet objet ? Sous surveillance de la garde royale ?! On parle bien des meilleurs soldats Européens à ce jour ? Ceux qui sont sensés assurer la protection de sa Majesté ?
-Ceux la même.
Gabriel rigola de plus belle, agaçant ses convives qui commençaient à perdre patience.
-D’accord d’accord ! Restons sérieux. Et quand vous parviendrez à renverser le Roi, que se passera t il ?
-Nous aurons délivré la première puissance mondiale de la gangrène. Les templiers en seront chassés et devront abandonner ce pays au peuple. Celui-ci pourra enfin vivre libre, selon ses idées. C’est ce qu’il souhaite, et nous l’aiderons à l’obtenir. Et c’est en soit possible, nombre d’intellectuels siègent à l’Assemblée nouvellement formée. Tel est notre credo. Tout est permis.
Gabriel reprit son calme et se caressa le menton, marquant le retour de son sérieux. Il réfléchissait. Il savait que la plupart des aides de camps des généraux partis autrefois en Amérique avaient eu l’occasion et l’honneur d’intégrer la Garde. Le moment de venger son frère était peut être enfin venu.
-C’est faisable. Je suis de votre avis. Mais si cela venait à marcher…
Sylvia et son frère le dévisageaient, cherchant une réponse dans ses paroles hésitantes. Sous leurs yeux sur la table, Gabriel posa son doigt ganté et entoura la France d’un cercle précis. Il reprit sa respiration et poursuivit.
-Si jamais…votre révolution à l’américaine venait à marcher, vous risqueriez de liguer tous vos ennemis contre vous. Leur offrir un ennemi commun n’est peut être pas un choix judicieux, sachant qu’ils se livrent en ce moment même à une guerre fratricide ?
-Et nous seront ce jour la aussi puissant qu’eux. Nous détiendront la Pomme dans très peu de temps. Il suffira ensuite d’un simple coup de pied dans la fourmilière pour tous les faire tomber.
L’entretien se finit ensuite par des paroles d’encouragement envers le nouveau Maitre assassin fraichement désigné. Mais Gabriel était plus troublé par ces révélations sur sa personnalité plutôt que celles sur le plan aussi fou qu’ambitieux dont on venait de lui faire part. Il se savait plus rapide, plus fort et plus malin que la plupart des autres soldats. Il n’avait jamais été vaincu malgré son caractère bagarreur qui lui amenait bien des tourments. Dans sa chambre au repaire, il regardait à travers la fenêtre la Lune qui brillait comme au jour de la prise de la Bastille. Il tâchait de se remémorer un passé oublié. Était-il vraiment un assassin sans même le savoir ? Depuis tout ce temps ? Il était resté bien longtemps en Amérique, il s’en souvenait. Mais ce n’était que des années d’errances et de traque désespérées contre ses ennemis. Ennemis qui au fil du temps, s’étaient transformés en fantômes.
Son tatouage se reflétait dans le verre de la vitre. Il était magnifiquement fait, d’un trait régulier et droit. Des images furtives lui revenaient lorsqu’il l’observait. Elles l’effrayaient. Il n’avait jamais osé les regarder en face. Il craignait qu’elles ne fussent un témoignage d’un passé qu’il avait fuit depuis tant de temps.
Sylvia entra sans frapper et le vit torse nu, le regard perdu dans le ciel. Elle l’observa, amusée, quelques instants. Il ne lui prêtait même pas attention.
-Demain, ton entrainement commence. Il va falloir que tu retrouves le corps que tu avais avant. Je suis sûre que la mémoire musculaire t’aidera à te souvenir de certaines choses…tu verras ! Les gestes se transformeront en réflexes.
-Je ne suis pas sur de vouloir me souvenir.
-Il le faudra ! Giovanni mène ses missions par la discrétion. Pourtant, il te terrasserait du revers de la main.
Gabriel quitta sa fenêtre et s’approcha doucement de son mentor. Ils étaient maintenant très proches l’un de l’autre. Il gardait un léger sourire en coin qui insupportait Sylvia. Elle n’osait pourtant pas le repousser.
-Me terrasser ? Tu le penses vraiment ?
Elle lui rendit son regard et, pas du tout déstabilisée, se reprit.
-Tu pourras peut être rivaliser à la fin de ta formation. D’ici la, tu ferais mieux de dormir. L’avenir de notre confrérie reposera un jour ou l’autre sur tes épaules à travers tes tâches. Je veux que sois prêt.
Elle referma la porte avec un peu de maladresse. Gabriel souriait un peu plus en entendant son pas précipité à travers la porte. Il alla se coucher, l’esprit embrumé. Trop de question s’entrechoquaient et il s’endormit sans avoir pu en répondre à une seule. A peine avait il fermé les yeux que la porte se rouvrit dans un fracas insupportable, suivit d’un jet de lumière à en bruler les paupières.
-C’est l’aube !! Debout !! Tu vas courir !!
L’ombre de Giovanni se dessinait dans le blanc immaculé. Gabriel gémit en lui lançant l’oreiller de toutes ses forces.
-Mourir ?
-COURIR !
up !
Encore de l'humour, de la prétention et de la nonchalance, j'l'aime bien ce Gabriel moi !
Sinon j'aimerai en apprendre plus sur ce Giovanni ! Me semble bien mystérieux le gredin !
Ouais ben tu sais déjà que c'est un descendant de Ezio, avec sa soeur D'autres détails viendront ensuite !
Merci de suivre sinon
Ben je suis aussi, mais j'ai la flemme de relire quoi
la suite !
Chapitre 10
L’entrainement de Gabriel était rudement mené par Giovanni qui lui enseignait tout ce qu’il lui restait à savoir. La discrétion, la rapidité d’exécution et la justesse de chaque geste était la clé de la survie de tout assassin depuis des siècles. Il apprenait à tromper l’adversaire en passant par les toits, à tuer sans se faire repérer, pourfendre le maximum d’adversaires en un minimum de temps. Nombre de ballots de pailles furent percés, découpés, hachés pour satisfaire l’homme à la capuche blanche qui veillait sur le bon déroulement de la formation de son nouvel apprenti.
Les semaines passaient et les troubles éclataient d’eux même à Paris. L'Assemblée Nationale s’octroyait de plus en plus de pouvoir au détriment du Roi, contraint d’accepter sous la pression du peuple. La confrérie laissait faire, sachant les événements bons à prendre.
Gabriel continuait l’entrainement, frappait, maniait l’épée et sa nouvelle lame secrète avec de plus en plus d’aisance. Ses muscles se reformaient, épousant la forme de l’armure légère qu’on lui avait confiée. Les deux hommes avaient l’habitude de conclure chaque journée par un combat singulier. Mais ce 26 aout 1789 quelque chose avait changé en Gabriel. Son professeur l’observait manier avec aisance un sabre, le faisant tournoyer de gauche à droite d’une seul main, avant de le lancer d’un trait dans un mannequin de bois. Il en fut transpercé au niveau de la tête sous la violence du choc. Giovanni sortit de l’ombre, bras croisé, et vint le rejoindre.
-Il semble que tu ais appris de nouvelles choses en mon absence, mon frère.
Gabriel reprenait son souffle après les nombreux exercices qu’il s’était lui-même imposé. Le Soleil frappait fort et la soif le torturait. Il essuya d’un geste la sueur qui inondait son front.
-Je…c’est un geste qui m’est venu sans raison…ça m’avait semblé naturel.
Giovanni alla reprendre le sabre, et du s’y reprendre à plusieurs fois pour l’extirper du bois. La lame avait manqué de casser sous la pression du choc. Il le lui rendit.
-L’entrainement est bientôt terminé, il y a du nouveau. L’Assemblée constituante vient parait il de voter un projet nommé « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Tu sais ce que ça veut dire ?
-Que vais enfin arrêter de massacrer de la paille.
-Oui, mais bien plus encore. C’est la fin de la monarchie mais surtout, de la société d’ordre ! Les nobles n’ont plus de privilèges, le clergé de même. Nous ne sommes plus les sujets de sa majesté, mais des citoyens avec des droits ! Il sera bientôt temps de les faire respecter.
-Mais il nous faut la pomme…
-…et je m’en charge dès ce soir. Tu m’accompagnes avec les autres.
Giovanni commença à s’éclipser, mais Gabriel le retint du bout de sa lame. Son professeur se retourna, interloqué.
-Pas de duel entre deux gentilshommes ce soir ?
-Disons que je préfère…rester invaincu face à mon apprenti.
La capuche blanche s’en alla. Elle quitta la petite arène ou Gabriel s’entrainait seul, aux regards des recrues qui souvent venaient le voir pour discuter, ou simplement le regarder frapper divers objets destinés à être détruits par les armes. L’homme était très aimé, et avait gardé l’esprit vif et prétentieux d’un jeune homme. Les recrues l’appréciaient pour ça. Il ne parlait pas comme un Maitre assassin ordinaire, mais jouait tout de même son rôle de guide. Plus loin, Giovanni entra dans la salle d’arme ou sa sœur l’attendait depuis peu de temps. Le rendez vous était convenu. Cette fois ci la pièce était éclairée de la lumière orangée et puissante du Soleil couchant. Des flots de lumière se déversaient dans les meurtrières des murs pour frapper le sol à leurs pieds. Le mentor passa la main dans ses cheveux roux, des gestes d’impatience la trahissaient.
-Il est prêt ?
-Je ne dirais pas ça. Il est fort, très fort.
-Plus que toi ?
-Cela n’a pas d’importance. C’est autre chose qui m’inquiète. Il ne fait pas preuve de sagesse, il ne sait pas rester humble. Il se laisse dominer par ses émotions, il agit selon son instinct. Il est colérique, impétueux. Il est difficile de l’instruire. Nous ne pouvons pas lui accorder le blanc.
-Je me doutais que tu allais dire ça, Giovanni. Ne t’inquiète pas, je suis sûre que la couleur que je lui ai réservée lui conviendra.
Gabriel, qui venait alors de se laver, pénétra dans sa chambre. La lumière qui traversait encore sa fenêtre éclairait avec insistance un buste en bois surmonté d’un manteau plus sombre que la nuit. Il jubila intérieurement et l’ausculta avec plaisir. Il n’avait pas de capuche, et était en cuir de très grande qualité. Des sangles le parcouraient pour y ranger un arsenal impressionnant. Les vêtements différaient de ceux que portaient les autres assassins. Un pantalon noir descendait dans des bottes de cuir aux bretelles de fer. Les gants étaient de cuir eux aussi, mais ne protégeaient pas l’index pour une meilleure utilisation des armes à feu. Ils étaient doté chacun d’une lame secrète, et celui de gauche était orné de plaques de fer menaçantes. Il ne se fit pas prier pour enfiler son nouvel uniforme. Le col boutonné jusqu’au bout remontait jusqu’à hauteur de son nez, ce qui cachait un peu plus son visage. Sylvia entra sans frapper, comme à son habitude.
-Je vois que ton nouvel équipement te plait ?
-Il est superbe. Un peu lourd mais…
Il fit sortir une de ses lames de son poignet et la porta à hauteur d’œil, attentif. Le bruit du métal poli frottant contre l’acier sciait les airs.
-…mais je saurais m’en accommoder. Pourquoi n’ai-je pas de capuche ?
-J’ai pensé que tu aurais préféré un substitut plus…familier.
Elle porta son regard sur la commode ou trônait le tricorne depuis plusieurs semaines. Gabriel s’en saisit et le déposa sur tête, pointe en tête, lui couvrant le regard. Un long miroir lui dévoilait sa nouvelle apparence. De nuit, il effraierait le plus malsain des meurtriers. L’homme en noir remarqua alors un sabre neuf, sans la moindre imperfection, déposé sur cette même commode. Il comprit qu’il s’agissait encore d’un cadeau. Des inscriptions mystérieuses écrites dans une langue orientale en parcouraient le tranchant sur toute sa longueur. Gabriel jeta un coup d’œil interrogatif à la jeune femme qui était son mentor.
-Il est écrit : « j’appartiens à un immortel ».
L’homme sourit, et le rangea lentement dans son fourreau. Il acquiesça de la tête en guise de remerciement, ne sachant quoi dire après avoir reçu un tel cadeau.
-Le suis-je ?
-Un homme qui ne s’est pas vengé de ses tourments passés ne peut trépasser avant l’heure. Plus tard, je te raconterai la légende de d’un de mes ancêtres. Il s’appelait Ezio Auditore Da Firenze. Sa haine l’a poussée à vaincre, mais ce fut son amour pour ses semblables qui lui a permis d’accomplir les choses dont il fut le plus fier.
-C’était un assassin lui aussi ?
-L’un des plus grands qui ait existé. Mais il est mort il y a bien longtemps déjà.
-C’est trop aimable de me comparer à quelqu’un d’aussi illustre. Merci beaucoup !
Sylvia, outrée, commença à bafouiller. Elle ne se rendit pas compte qu’elle jouait à merveille le jeu de Gabriel qui s’amusait à la faire quitter sa froideur habituelle.
-Je…je…je n’ai jamais dit ça ! Non mais de quel droit oses tu ?! Tu n’as pas le droit de… ! Tu vaux cent fois moins que cet homme si noble, si droit ! Toi tu… tu…
-Mentor, je crois qu’il vaudrait mieux que vous ne partiez avant de dire quelque chose que vous risqueriez de regretter.
Il l’avait fait taire en une phrase. Elle le regardait avec des yeux immenses, verte de rage et serrant les poings. Elle ne savait pas quoi répondre face à ce personnage qui osait manier à la fois prétention et sagesse en quelques mots. Il n’avait toutefois pas complètement tort mais cet aspect de la conversation échappait totalement à la jeune femme.
- Tu n’as pas à me dire ce que je dois faire ! Tu as intérêt à te présenter sur les toits dans une heure, et sois-la à temps ! Ou je veillerai personnellement à ce que tu te souviennes de ton retard pour le reste de tes jours !
Elle partit en claquant la porte, laissant perplexe le Maitre assassin qui ne pensait pas avoir fait autant impression. Il entendait encore une fois le pas pressé de Sylvia qui s’éloignait. Ses pensées cette fois ci ne s’échappaient pas. L’attente était interminable. Il partait pour la première fois en mission, et la tâche allait surement s’avérer difficile. Giovanni semblait pourtant sûr de lui. Il avait sûrement comme à son habitude prévu d’agir sans verser une goute de sang. Pourtant, Gabriel avait un mauvais pressentiment. On ne bernait pas aussi facilement la garde royale. Elle veillait nuit et jour, et l’accès à la caserne était à découvert sur une vingtaine de mètre. L’heure avait fini par passer, et il rejoignit les autres assassins sur le toit du repaire. Ils étaient peu nombreux. Excepté Sylvia, tous le saluèrent. Giovanni se contenta d’abaisser légèrement la tête. Gabriel se fondait dans la nuit, sous son manteau qui lui tombait jusqu’aux genoux. Giovanni se pencha vers sa sœur.
-Ce manteau à lui seul coute plus cher que notre repaire. Tu n’as pas lésiné sur les moyens.
-Gabriel est un tueur. Nos ennemis devront apprendre à le craindre.