Anecdote : World War (partie 1) :
Lirand jeta une enveloppe dans la direction de Shan. L’assassin, réveillé depuis à peine une dizaine de minutes, étouffa un bâillement et attrapa la lettre qu’il ouvrit.
-Qu’est-ce ?
-Le Grand Maître, répondit l’informateur.
-Hum…
-Qu’est-ce que ça dit ?
-La Confrérie a envoyé de nombreux assassins en Amérique. Et nous tombons comme des mouches. A Londres, la guilde a commencé une grande campagne de recrutement dans les quartiers les plus pauvres.
-C’est tout ?
-Non, elle m’ordonne de rejoindre le champ de bataille avec les autres Assassins.
-C’est quand même étrange quand on y pense. Tu es un Assassins Britannique mais tu t’apprêtes à combattre des Anglais aux côtés des Américains.
-Je ne suis pas un Assassin Britannique mais un Assassin, tout simplement.
-Bien parlé.
Shan reposa la lettre sur une table et alla s’asseoir dans un fauteuil.
-La ligne de front est à cinquante kilomètres à l’Ouest. Parait qu’il neige tout le temps là-bas. Enfin…
Lirand reprit sa lecture. Shan, lui, prit sa faux en mains et l’observa. Il remarqua un petit bouton en acier au sommet du manche. L’assassin appuya dessus et il y eut un déclic. L’extrémité s’ouvrit et libéra une chaîne rétractable terminée par une petite boule de métal.
Shan se leva, prit la chaîne, la fit tournoyer et la lâcha.
La boule d’acier traversa la pièce comme une flèche et alla exploser un vase avec une incroyable précision.
Lirand sursauta.
-Eh ! Qu’est-ce que tu fais ?!
-Je ne savais pas qu’il y avait cela dans la faux.
Shan appuya de nouveau sur le bouton pour rétracter la chaîne. Il la reprit, la fit tournoyer de nouveau et la lança. Elle alla s’enrouler autours du porte manteau, comme un serpent.
Shan tira d’un coup sec et le porte manteau fut attiré vers lui.
La lame de sa faux siffla et deux morceaux du porte manteau tombèrent au sol. Shan rétracta complètement la chaîne en restant appuyé sur le bouton. Après que la boule d’acier soit rentré dans le manche, l’extrémité se referma avec un déclic.
-Pas mal…
-C’est vrai que c’est pratique, remarqua Lirand. Mais tu sais, ce genre de faux était très répandu autrefois, au Japon. C’était une arme très prisée par les Assassins Orientaux.
-…
Lirand referma le livre qu’il était en train de lire et se leva. Il alla ramasser un chapeau melon sur le porte manteau écroulé, le mit sur sa tête, enfila une veste chic et ouvrit la porte.
-Où vas-tu ? lança Shan.
-Faire un tour. Toi, un cheval t’attend aux écuries, à l’entrée de la ville. Rend-toi à Menwood, un bourg situé à cinquante kilomètres à l’Ouest. On te renseignera sur la marche à suivre pour rejoindre la guerre.
-Merci pour tout. Pour m’avoir accueilli et sauvé.
-Ce n’est rien. Ah, au fait, quand tu seras à Menwood, trouve Willy Jefferson. Un assassin au service de la Confrérie Britannique. Il t’expliquera tout.
-Merci encore.
Lirand fit un signe de tête, un sourire, et disparut.
Shan enfourcha son cheval et tira un peu les rennes. Sa monture recula un peu, se plaçant face aux grandes portes de la cité. Shan talonna son destrier qui partit aussitôt au galop.
L’assassin galopa longtemps. Au bout de trente minutes, la neige se mit à tomber et la route devint un chemin, puis, un sentier. Il traversa un bois entièrement blanc et là, le sentier disparut complètement.
Shan remarqua que sa monture était épuisée. Il tira légèrement les rennes pour la faire ralentir.
Là, il remit sa capuche en place et regarda les environs. Il était certain d’avoir entendu un bruit. Soudain, cinq hommes jaillirent des buissons en poussant des hurlements.
Ils étaient vêtus de peaux de bêtes et portaient des coiffes à plumes. L’un d’eux avait un long bâton dans les mains mais les autres tenaient tous des tomahawks, des petites haches de lancers aussi efficaces au corps à corps.
Des indiens.
Shan grogna, tira sa faux et mit un coup sur la croupe de son cheval.
Le canasson repartit au galop, affolé. Shan, lui, enleva ses pieds des étriers et leva sa faux. Une branche le happa et il se sentit quitter la selle du cheval.
Il fit un saut périlleux arrière et retomba dans la neige.
Les indiens, surpris par ses pirouettes, s’arrêtèrent.
Shan déploya sa chaîné et en attrapa une partie qu’il fit tournoyer jusqu’à entendre le vent siffler. Puis, il la lâcha.
La petite boule d’acier fusa vers l’indien le plus proche, tel un minuscule boulet de canon, et le percuta. La tête de l’indien explosa presque et il fut projeté en arrière dans un nuage de sang.
Shan tira d’un coup sec avant de renvoyer sa chaîne qui alla s’enrouler autours du manche du tomahawk de l’indien mort. L’assassin fit se rétracter la chaîne et tendit sa main libre. Il la referma sur la poignée du tomahawk.
Les quatre indiens restant sortirent de leur torpeur et s’élancèrent.
Shan esquiva un coup de tomahawk, planta le sien dans la nuque d’un de ses adversaires et tourna sur lui-même en enfonçant la lame de sa faux entre les deux yeux d’un autre indien.
Il lâcha son tomahawk et libéra sa chaîne qui alla s’enrouler autours du pied d’un indien. Shan tira d’un coup, déséquilibrant son adversaire et, dans le même mouvement, lui fendit le crâne d’un double coup de faux vertical.
Demi-tour, feinte, parade, déviation, coup de taille.
Le dernier indien recula, amputé d’un bras. Shan, d’un mouvement du pied, projeta un tomahawk dans les airs et le rattrapa de sa main libre avant de le lancer. L’arme de jet alla se ficher dans la poitrine de l’indien.
Au bruit du combat succéda un long silence.
Shan, entouré de cadavre, soupira.
Il prit sa chaîne ensanglantée et la fit tournoyer un instant avant de l’envoyer vers un arbre. Elle s’enroula autours d’une branche.
Shan tira d’un coup sec, se propulsant vers la dite branche, à laquelle il s’accrocha grâce à sa faux.
Il se balança un instant et se projeta vers une autre branche, et ainsi de suite. Il s’arrêta au sommet d’un grand chêne blanc et mit sa main en visière pour voir où il était.
Un sourire se dessina sur ses lèvres quand il aperçut, à l’horizon, la petite bourgade de Menwood.
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