Elyse : Pas dans ce sens là. Je veux dire...nous sommes amis, n'est-ce pas ?
Brad : Je ne le nierai jamais.
Elyse : Peut-être...devrions-nous devenir plus qu'amis ?
Elyse se rapproche de Brad.
Brad : Plus qu'amis ? Mais je...
Elyse : Je sais que tu as des sentiments pour moi, Brad, et c'est réciproque.
Brad parle en balbutiant et rougit.
Brad : Mais enfin...nous n'allons pas trop vite ? C'est vrai qu'après la guerre, je me suis souvent retrouvé seul, mais, je n'ai jamais vraiment entamé de relations amoureuses jusqu'à maintenant.
Elyse : Moi non plus. Mais n'est-ce pas le moment ? Nous sommes faits l'un pour l'autre, Brad, nous sommes complémentaires.
Brad : C'est vrai que je le veux, mais...
Elyse : Nous le voulons tous les deux. Approche, Brad.
Et le mage s'exécute. Mais avant qu'ils n'aient pu réaliser leur désir, la porte s'ouvre à la volée. Supris, Brad et Elyse tournent la tête vers le couloir qui leur est maintenant visible.
Brad : Lieutenant Jicella, nous étions occupés à...
Jicella : Vos petites amourettes m'intéressent peu. Je devais juste vous parler.
Elyse : Comment vous saviez que vous étiez ici ?
Jicella : Vous vous croyez imprévisibles ? C'est raté.
Brad : Lieutenant, mon dortoir est un lieu privé !
Jicella : Je vais où bon me semble et je suis ta supérieure, tu n'as donc rien à me dire, Brad.
Brad : Que voulez-vous ?
Jicella : Dorcan m'a dit de vous dire qu'il prendrait sa retraite et nominerait le nouveau maître demain soir, à vingt heures. Il veut que tout le monde soit présent, spécialement vous.
Elyse : Nous serons là.
Jicella : Je vous le conseille. Pour sa dernière apparition en public, il le faut. Pensez qu'après, vous serez débarrassé de lui.
Brad voulait lui répondre qu'un lieutenant devrait avoir plus de considérations pour son maître, mais Jicella est partie aussi vite qu'elle est venue. Perturbée, Elyse s'apprête à quitter la chambre.
Elyse : Finalement, nous ne devrions pas nous presser.
Brad : Tu as sans doute raison. Nous allons attendre le départ de Dorcan pour conclure.
Elyse : Crois-moi, j'ai hâte.
Elyse quitte son ami en lui souriant. Brad ne cesse de penser à elle, mais il n'oublie pas qu'il doit faire bonne figure lors du dernier discours public de Dorcan. Comme l'a dit Jicella et pour une fois, il est d'accord, il le faut.
Pendant que sa femme était en mission, Amroth n'a pas cessé de juger les membres, tel est son travail. Il s'est notamment occupé de Sollen et Mellissa et il a conclu que ce jeune couple était performant, mais qu'ils ne faisaient pratiquement attention qu'à eux-mêmes. Carcia et Gorvelin, qui font eux aussi souvent des missions ensembles, sans être en couple comme les deux cités auparavant, n'ont rien de plus à prouver : ils sont restés les fidèles compagnons d'Amroth. Ysille, apprentie mage de feu, il l'a déjà jugée l'autre jour, concluant que la jeune fille est prometteuse mais ne droit pas s'éloigner du droit chemin. Quant à Girlac, il considère qu'il est suffisamment harcelé par le lieutenant Havor et a décidé de le laisser rencontrer. Sa femme, il n'a pas à la juger, il connaît Angelica mieux que personne. De retour de sa mission où elle a vaincu puis enfermé la criminelle en fuite Rerina, elle s'est directement jetée dans les bras de son mari Amroth.
Amroth : Tu as réussi, Angelica. Je suis fier de toi !
Angelica : Ce n'était pas difficile. Arrêter une jeune fille du bas peuple apeurée, je pouvais le faire sans difficultés.
Amroth : C'est vrai, mais tu n'avais pas fait de mission depuis si longtemps...
Angelica : Tu sais pourquoi. Et petit à petit, j'espère redevenir l'archère que j'étais. Je ne veux plus faillir.
Amroth : Tu continueras de servir l'association de Graef comme tu l'as toujours fait !
Angelica : J'espère que tu as raison...
Comme leurs tâches sont complémentaires, Havor vient voir Amroth.
Havor : Tout s'est bien passé, Amroth ?
Amroth : Ca n'a rien de difficile, juger les miens.
Havor : Beaucoup méritent le coup d’œil. Et beaucoup ne le méritent pas.
Amroth : Chacun mérite sa chance. Je ne vois pas ce que l'on pourrait reprocher aux gens.
Havor : Ils ont tous des défauts, cela se voit. Bref, il paraît que ta mission a été un succès totale, Angelica.
Angelica : J'ai accompli la justice sans tuer personne et Rerina pourrit en prison.
Havor : Tant mieux alors. J'espère qu'il en est de même pour Aaron et Bronn.
Amroth : Apparemment, oui.
Havor : Je demande à voir.
Angelica : Bah, si vous voulez, ils arrivent.
Ayant chevauché, Bronn et Aaron sont rapidement de leur mission importante. Ils ont réglé les derniers détails et bien qu'opposés à la base, le berserker et l'espion se sont montrés complémentaires. Peut-être qu'ils pourront rester partenaires, à l'avenir. Havor les interpelle.
Havor : Vous avez réussi votre mission ?
Aaron : Bronn s'est très bien débrouillé, lieutenant. Peut-être avait-il juste besoin d'un peu d'aide.
Bronn : Le marquis Loytor est sauvé, ainsi que son fils. Les mercenaires ont été mis hors d'état de nuire et leur chef est dans une prison locale où il sera jugé pour ses crimes.
Havor : Tu ne l'as pas tué ? Ce serait bien la première mission où tu laisses des survivants.
Bronn : Je n'aime pas ce genre de sarcasmes, lieutenant.
Havor : Avoir réussi une mission ne fait pas de toi un honorable membre de l'association. Un honorable, lui, réussirait pas de exceptionnellement, il réussirait toujours. Sans compter que tu étais accompagné.
Aaron : Vous êtes sceptique, lieutenant ?
Havor : Oui, je suis sceptique. Et inquiet, par dessus le marché.
Amroth : Quelque chose ne va pas ?
Havor : Garv est parti en pleine nuit et n'est jamais revenu. Je crois qu'il nous a vraiment trahi.
Amroth : Peut-être que ton souci, c'est que tu t'intéresses trop aux autres. Pense un peu à toi.
Havor : Si je pense, c'est que je me soucie de leur sécurité. En l'occurence, Garv a des pouvoirs puissants et si il n'est plus ici, où va-t-il les utiliser ?
Aaron : C'est un mystère.
Havor : Il faut que j'en parle au maître. C'est urgent.
Amroth : Mais il est déjà en train de discuter avec Oella...
Havor : Quoi qu'elle puisse lui dire, ça n'aura pas plus d'importance que ce que j'ai à dire.
Ni une ni deux, Havor quitte la salle principale, remet sa tenue dans les couloirs qu'il traverse rapidement, grimpe les escaliers et parvient au bureau du maître. Sans plus attendre, il ouvre la porte sans frapper.
Maria : La moindre des politesses, ce serait de frapper, non ?
Havor : Désolé, maître, mais c'est urgent.
Debout devant le bureau où Pilan, Oella est vexée d'avoir été interrompue en pleine discussion entre Pilan, elle et Maria qui se tient toujours aux côtés de son époux.
Oella : Un mage doit toujours prendre le temps.
Havor : Tu n'as pas de leçon de sagesse à me donner, Oella.
Oella : Alors rend honneur à ta réputation et sois plus sage que moi, Havor.
Pilan : J'aimerais savoir pourquoi tu me déranges sans prévenir, Havor.
Havor : C'est à propos de Garv...
Pilan : De Garv ?
Pilan se met à rire, Oella suit le mouvement mais Maria reste insensible.
Oella : C'est précisément de quoi je parlais !
Havor : Ah bon, tu parles au maître de Garv ? Tu n'es pas censé apprendre la magie à tes "enfants" ?
Oella : Il a déserté l'association.
Havor : Je le sais. Et je demande qu'on le poursuive.
Pilan : Ce serait une perte de temps.
Havor : Une perte de temps ? Il a trahi ses principes ! Il vous avait juré fidélité !
Pilan : Etre fidèle toute une vie, n'est-ce pas un peu étouffant. Sans vouloir te vexer, ma chère Maria...
Maria : Ce n'est rien.
Pilan : Il mérite d'avoir un peu de liberté. Si il veut explorer des contrées lointaines, qui sommes-nous pour l'en empêcher ?
Havor : Et qu'est-ce qui dit qu'il est parti loin ?
Oella : Selon certaines rumeurs, il serait parti vers l'ouest. Tout porte à croire qu'il se dirige vers Haeli.
Havor : Je ne me fie pas à ce genre de rumeurs.
Pilan : Nous ne pouvons rien faire de plus. Laisse-moi avec Oella, s'il te plaît, je suis sûr que tu as encore du travail.
Havor : Donc on va le laisser s'échapper ? Comme ça ?
Pilan : Et pourquoi pas ?
Havor : Je refuse que ça se passe ainsi !
Oella : Tu as toujours obéi au doigt et à l'oeil à notre maître, Havor, plus que moi d'ailleurs, pourquoi te rebeller ?
Havor : Je ne me rebelle pas. Je veux juste retrouver Garv !
Oella : Bonne chance, dans ce cas. Cette fois-ci, personne ne t'aidera.
D'habitude soutenu par les siens, Havor quitte la salle énervé après avoir été humilié devant son maître et deux lieutenants. Néanmoins, il ne renonce pas à son enquête : il continuera de poursuivre son enquête, quoi qu'il en coûte.
Garv lui-même ne sait pas où il est parti. Mais quelle importance ? Il est bien là où il est. D'autant plus que son entraînement pour devenir un mage plus puissant qu'il n'est actuellement a débuté aujourd'hui. Dans une grande salle, Betea l'entraîne, secondée par Phyr et Dea. Cette salle circulaire comporte en son centre un sphère incolore dont Garv ignore l'utilité, cela le rend même plutôt curieux. Le matin, du moins au moment où il s'est levé, il a pu jeter un coup d’œil à un livre qui recensait des sorts interdits dont il ne connaissait pas l'existence auparavant et pour le coup, il est content de savoir lire. Mais la pratique l'intéresse bien plus. Alors qu'il vient d'apprendre un sort, Betea se remet devant lui et lui parle d'une voix ténébreuse :
Betea : Tu apprends vite. Très vite, même. Je sens que tu pourras bientôt aller sur le terrain.