Le 14 avril 2024 à 09:28:19 :
Le 14 avril 2024 à 04:38:00 :
Bon beh je sais qu'on va me lapider, mais j'ai toujours trouvé Hardhome surcoté, et ça s'est reproduit cette nuit.Je réalise que c'est l'épisode qui crée vraiment la rupture pour moi. Sur le papier et d'un point de vue cinématographique, la deuxième partie de l'épisode est incroyable. C'est ultra bien produit, on sent une pure tension à la vision de cette marée de marcheurs blancs , ça pue la merde pour les humains, on a envie de s'agripper au canapé.
Sauf que c'est sans compter sur la construction de cette peur, parfaitement artificielle, digne des films d'horreur les plus médiocres tels que : la foule ou des protagonistes qui préfèrent regarder jusqu'au dernier moment plutôt que de fuir (par exemple Jon et Grenn qui regardent l'avalanche de mort-vivants pendant d'interminables secondes et qui s'assurent de les voir se relever avant de se décider à décamper ), des persos qui deviennent bizarrement passifs tout d'un coup (la meuf des free folks qui se laisse bouffer par des enfants, je vois bien l'écho au fait qu'elle avait sauvé les siens juste avant mais c'est juste mal amené ), ou les morts qui laissent Jon tranquille pendant sa baston avec le white walker et même qu'il peut tranquillement reprendre son souffle sans personne à 5m autour de lui , quelle aubaine. J'ignore comment ça se passe dans les livres mais là tout se produit bien trop rapidement, zéro build up un coup les WW sont pas là, un coup ils sont là et en avant pour l'anarchie.
Encore une fois ça ne manque pas de qualités, et les dernières minutes restent quand même terrifiantes lorsque les derniers humains sont terrassés, que le Night King avance et lève les bras, puis que les cadavres se lèvent lentement , et sans avoir rien à dire, tout le monde -Jon, les humains, le spectateur- saisit instantanément le formidable et ô combien effroyable danger qui s'annonce. Ça reste quand même drôle qu'ils prennent une fois encore le temps de bien profiter de la scène plutôt que de ramer.
Dommage que les 30 minutes complètes n'aient pas bénéficié de la même sensibilité d'écriture - l'épisode entier d'ailleurs.
(Oui j'ai un samedi soir très calme. )
Pinailler sur de tels détails, ce n'est pas de l'exigence, c'est de la mauvaise foi.
Tu ne sembles pas comprendre grand chose aux possibilités permises par le cinéma, à ce qu'est l'art de la mise en scène, au point d'aller inventer des défauts qui n'en sont pas à une scène aussi prodigieuse que celle de Durlieu.
Être dans un réalisme quasiment documentaire, cela a du sens dans la réalisation de certaines œuvres qui ont cette ambition, qui aspirent à s'approcher de la réalité la plus brute, jusqu'à montrer les réactions humaines les plus logiques face à certaines situations, et ainsi parfois être dans une démarche anti-spectaculaire. Cela fonctionne merveilleusement dans The Wire par exemple. Mais si The Wire est si brillante, ce n'est pas simplement parce qu'elle est réaliste, c'est pour l'ensemble de ses qualités, qui lui permettent de réussir à atteindre ses ambitions. Ce n'est pas parce qu'une oeuvre prétend être la plus réaliste possible qu'elle devient une oeuvre de qualité.GOT n'a jamais eu pour vocation d'être aussi réaliste. Déjà, sur la forme, la série est davantage portée sur une proposition esthétique et de pure cinéma. Ensuite, elle n'oublie pas de proposer des instants aux accents dramatiques forts, mis en scène avec un certain sens du spectacle et du tragique. Ce que tu reproches à Durlieu, on pourrait le reprocher à bien de grands films, notamment ceux de Sergio Leone, mais je vais prendre un exemple qui illustre ce que j'essaie de te prouver.
Dans La guerre des mondes de Spielberg, lorsque les tripodes arrivent sur la colline, la foule les regarde apeurée pendant quelques secondes, avant de se mettre à fuire progressivement. Un homme se met à marcher rapidement, toujours en portant le regard sur le tripode. Puis, un autre se met à le suivre, puis quelques autres, puis toute la foule.
Est-ce réaliste, dans le sens où, est-ce qu'une foule réagirait très exactement de la même manière dans la réalité vraie ? Probablement pas. Les gens se mettraient sûrement à fuire et à hurler de panique dès l'instant où le premier tripode laisserait apparaître une partie de ses formes métalliques et belliqueuses. Pourtant, la scène fonctionne très bien, et est bien plus intéressante et puissante en étant mis en scène de cette façon, que ce soit sur les plans dramatiques ou émotionnels. Pourquoi ? Car le cinéma, c'est encore une fois la recherche d'une esthétique, d'une tension, d'un rythme. Le but pour les auteurs de ces films, c'est que les spectateurs y croient en suspendant suffisamment leur incrédulité, en acceptant la tonalité inhérente à l'oeuvre afin de la trouver vraisemblable, et ce même lorsque les évènements racontés et montrés par cette même oeuvre ne sont justement pas racontés et montrés dans un réalisme documentaire.Concernant Cersei, j'estime qu'elle est littéralement le meilleur personnage de la série, et qu'elle le devient justement à partir de cette saison 5, en ayant une importante capitale. L'interprétation magistrale de Lena Headey y est aussi pour quelque-chose. Elle prend de mauvaises décisions ? Oui et ? Un personnage est-il censé ne prendre que de bonnes décisions ? Une oeuvre de fiction ne devrait-elle montrer que des personnages agissant avec une raison d'exception ? Cersei est intelligente jusqu'à un certain point, elle est davantage pressée que réfléchie, et comme le soulignait son père, elle surestime ses capacités, et c'est très exactement ce que nous montre cette saison, profitant aussi d'explorer les facettes de Cersei que nous ignorions jusqu'à présent. La voir aussi affaiblie et fragilisée, rabaissée dans son âme et sa chaire, dans sa position sociale et sa féminité, et ce par des fanatiques encore plus détestables qu'elle, c'est une des forces de cette saison. Mais Cersei reste vengeresse et malicieuse, et n'est pas du genre à se faire avoir deux fois, ce qui nous donnera tout ce que l'on pourra voir dans la saison suivante, et la construction de sa vengeance, qui reste peut-être la meilleure scène de la série.
HE'S BACK