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Acte I : Le second rêve
Comme le GreatFox ne pouvait supporter l’attraction des Trous Noirs, Fox avait demandé à ROB d’utiliser l’Arwing de Peppy par les commandes externes du vaisseau, c’est-à-dire, avec le tableau de bord du GreatFox. De cette façon, ils pouvaient toujours rester en contact.
Le renard dormait paisiblement. Emporté par le bruit léger des moteurs et la chaleur compressé du cylindre, il s’était octroyé une petite pause suite aux instructions données. Un Vortex ne se passait pas en un claquement de doigts, il en savait quelque chose, puisque lui-même, une fois, s’était inconsciemment risqué à surmonter cette étape, peu avant la Guerre de Lylat. Cette pause lui permettait de méditer dans son subconscient, de son passé, de son présent et de son avenir …
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" Le ciel azur offrait à la Mer, annexée à la ville, un éclat bleuté sans pareil. Comme un miroir entre deux mondes différents.
L’écume projetée par les corps agités brillait dans l’air, de par la lumière étincelante du jour. Le sable beige était témoin de cette parfaite complémentarité, entre délassement et divertissement, marqué par les empreintes de ces animaux anthropomorphiques, ingénus de l’information qu’ils venaient de laisser sur le sol. Cette joie homogène redonnait de la couleur à ce monde gris en temps normal. Mais tout était normal. C’était seulement la façon dont ces bipèdes voyaient les choses qui décidait du blanc, du bleu, du vert, du rouge ou du noir. Aujourd’hui, sur la plage, l’arc-en-ciel endossait ses plus belles nuances.
Dans les parcs, la verdure s’épanouissait à cette énergie apportée. Le vent, léger et rafraîchissant, emportait les pétales de fleurs dans son courant, offrant aux gens présents un spectacle féerique pour les yeux. Le glissement de la brise dans le feuillage des arbres et des buissons procréait un bruissement apaisant. Le son de l’écoulement d’une fontaine était camouflé par les rires de familles, réjouis du beau temps. Les enfants s’essayaient à différentes activités. Dans les grandes zones de terrains verts, des garçons mettaient leur combativité et leur solidarité en cause, avec un simple match de football. Dans un coin plus dégagé, des filles testaient leur adresse et leurs facultés d’observation en gérant la vitesse de leur cerf-volant. Des adultes en tenue de sport courraient sur les allées imputées, alors que les pistes cyclables grouillaient de vieux vélos ou bicyclettes. Les personnes plus âgées observaient sur des bancs tout ce petit monde avec attention, avec, en même temps, une réjouissance et une once de regret dans le regard.
L’agglomération aussi masquait sa grisée quotidienne. Les fenêtres des habitations, selon leur positionnement, reflétaient les rayons de Solar qui n’étaient pas contenus par quelques cumulus de passage. Plus bas, dans la rue, un léger embouteillage bloquait la circulation. La chaleur pouvait mettre à vif les caractères les plus stressés, mais étrangement, il y avait une entente communale saisissante. Les véhicules des voies principales avantageaient avec sympathie ceux qui s’étaient orientés sur des routes secondaires. Le bruit du klaxon ne venait jamais perturber l’ambiance extravagante d’un cirque ayant élu domicile dans un coin de rue, dont déjà plusieurs enfants encerclaient la zone de part leur rires innocents. On pouvait discerner plusieurs couples sur les trottoirs parmi la population, allant ici et là, se préoccupant plus du bien-être de leur conjoint que celui de la destination. Dans les boutiques, les épiciers et autres commerçant discutaient avec les clients de sujets dépassant de loin le simple produit en rayon. Le sourire s’établissait sur tous les visages, comme une maladie contagieuse, mais en aucun cas mortel ni désagréable. Mais parmi cet altruisme général, une tête affichait l’inverse de la joie.
Un renard marchait dans la rue, seul. Les mains dans les poches de sa veste, il semblait réfléchir, la tête penchée vers le sol. Les personnes autour de lui, de leur bonté naturelle, le laissaient passer à chaque fois qu’il y avait un risque de collision. Mais le renard s’en fichait. Il ne savait pas depuis combien de temps il déambulait. Il ne savait pas où ses jambes l’amenaient. Plongé dans ses pensées, il ne faisait que errer.
« Qui es-tu ? »
Le canidé s’arrêta à ces paroles, et se retourna vers leur origine. Un homme encapuchonné sirotait tranquillement un thé aromatisé sur la terrasse d’un café.
C’était un tigre d’une cinquantaine d’années. Son pelage jaune doré et agrémenté de tâches noires présentait au menton une petite barbe blanche. Il portait un long drap vert foncé en guise de cape, qui recouvrait le haut de sa tête et qui descendait jusqu’à ses pieds. Il était recouvert d’une tunique blanche, ceinturée par un tissu rouge au niveau des reins. L’habit était aussi long que la cape sur le côté droit mais rattaché à la jambe gauche pour l’autre côté. Ses avants bras disposaient de bracelet en pierre avec des minuscules pierres de différents pigments. Un énorme bambou était reposé sur sa table, alors qu’un de ses accoudoirs supportait la masse d’un sac d’un aspect plutôt lourd.
L’homme posa sa tasse sur un coin de table, lécha ses lèvres dont le nectar du liquide était encore répandu, et leva la tête vers le ciel, affichant une joie certaine sur le goût du breuvage. Il ouvrit ensuite les yeux et fixa le renard de ses yeux bleus.
« Qui es-tu ? » Reposa-t-il comme question avec un ton un peu plus imposant qu’avant.
L’intéressé fronça les sourcils et s’interrogea sur la nature de cette interrogation qu’il trouvait très indiscrète :
« En quoi cela vous regarde-t-il ? »
« … Vois-tu, parmi toutes les personnes que j’ai observé aujourd’hui, tu es certainement celui qui m’a le plus interpellé. Tu sais pourquoi ? » Demanda le tigre en tournant la tête vers un groupe de gens.
« Peut-être parce qu’en me voyant, vous vous êtes dit que je devais être très impressionnant » Fit-il, sans cacher le sourire d’arrogance qui venait de s’étaler sur son visage.
« Non. Uniquement parce que tu es pitoyable »
Les yeux du renard s’exorbitèrent à la prononciation de cet adjectif. Son corps resta immobile pendant plus d’une poignée de secondes. Sa bouche s’ouvrit de moitié à cause de la consternation engendrée, révélant alors ses canines inférieures. Sa cavité se referma peu à peu pour serrer la mâchoire en signe de mécontentement, tout comme ses poings dont la colère avait pris le total contrôle.
« Qui êtes-vous pour oser m’insulter ?! Je suis le grand Fox McCloud ! Tâchez de vous en souvenir si vous ne me connaissiez pas ! » Pesta-il en levant le poing devant lui au niveau de son torse.
« Grand, grand … Tu y vas vite en compliments dis-moi … Voilà pourquoi tu ne sais pas qui tu es … » Commenta l’homme en reprenant une gorgée de son thé.
« Je ne comprends absolument rien à ce que vous dîtes. Vous ferez mieux de vous faire soigner » Critiqua Fox en indiquant ensuite de la tête un signe de salut.
Le renard reprît son chemin, quelque peu énervé de la discussion. Il traversa hâtivement un passage pour piétons, bifurqua à un carrefour, et longea une série de bâtiments. Ne voyant presque personne sur le trottoir, il ralenti le rythme, conscient de ne pas être dérangé une fois de nouveau dans ses réflexions. Il s’approcha de barreaux qui empêchaient tout approche près de l’affluent qui s’écoulait tranquillement vers un flux plus important. La mobilité de l’eau l’aida à replonger dans son recueillement.
« Fuirais-tu la vérité ? »
Fox se retourna en sursaut, dégainant son blaster et mettant un genou au sol pour esquiver une quelconque attaque. L’étonnement de canidé prit forme sur son visage, de part une bouche démesurément ouverte. Le même vieillard se tenait assis sur la même chaise, devant la même table et le même bar. Comme s’il n’avait jamais bougé.
« Assis-toi »
Une chaise se déplaça jusque derrière l’intéressé, et ce dernier se posa dessus, sans trop comprendre ce qu’il se passait. Il voulut se rapprocher au plus près du personnage énigmatique, mais la chaise se chargea de cette tâche et plana jusqu’à ladite table. Un serveur, au costume blanc avec le nœud papillon significatif, s’avança jusqu’à lui et lui déposa une tasse de café accompagnée d’une petite cuillère et de sucre en sachet. Le nouveau client se trouva désemparé de ce qui était en train de se passer. Il voulut signaler l’erreur de commande au garçon, mais ce dernier avait disparu. Il considéra le liquide devant lui avec inquiétude, puis, se risqua à le boire. Après une gorgée, il ne constata aucune différence avec un vrai café.
« Alors comme ça … tu prétends être « Fox McCloud », c’est bien ça ? » Sollicita le tigre qui posa son bambou à ses pieds, permettant à son invité de disposer d’une place sur la surface d’appuie.
« Vous le faîtes exprès ? J’ai déjà répondu à cette interrogation stupide » Précisa le concerné, affichant une grimace pour s’être brûlé la langue.
« C’est juste que … tu n’en a pas l’air »
Fox resta quelques instants à le regarder dans les yeux pour comprendre la signification de cette phrase. Il chercha à savoir si les mots posés avaient une quelconque chance de se finir en conflit. Il reposa sa tasse de café, et demanda sereinement :
« Et qu’est ce qu’il vous fait dire ça ? »
« Regarde la foule autour de toi … tu ne remarques rien ? »
Le renard regarda les alentours en bougeant sans cesse la tête d’un point à un autre. Il remarqua qu’il venait étonnamment de retourner au centre ville, alors que quelques secondes plus tôt, il était encore à regarder les poissons du ruisseau un peu plus loin. Mais le ruisseau semblait avoir disparu, et le décor précédent aussi. Mais pour le moment, il se chargeait d’assimiler l’indication du type, pour qui il résultait plusieurs questions. Il épia donc les passants, mais ne trouva rien de suspect, sauf peut-être une certaine gaieté qui lui était agaçante. Il se retourna vers le tigre, et haussa les épaules pour montrer la hauteur de son irrésolution. Ce dernier soupira en baissant les yeux vers son récipient désormais vide, puis se redressa :
« D’habitude, ils ne t’acclament pas comme une star ? »
A ce moment, on pouvait sentir une énorme indignation dans le regard du dit héros. Le jeune homme étudia une nouvelle fois le comportement des gens, il chercha dans leurs yeux une once de fascination, un brin d’admiration, ou même un poil d’exaltation vis-à-vis de lui. Mais il ne pouvait voir que de l’indifférence dans leur façon de voir. Ce détachement l’insupportait, à tel point qu’il brisa l’anse qu’il tenait entre les doigts, dispersant les bouts de verre et le reste du liquide entamé un peu partout sur la table. Le tigre le regarda droit dans les yeux. Fox bougea son regard, pour camoufler son anxiété. Il chercha des mots, pour couvrir son silence. Il serra son pantalon, pour éviter de trembler. Il eut pendant un long moment une respiration trépidante, qu’il avait du mal à cacher à la personne en face de lui. Il relâcha un moment un énorme souffle. Non pas un souffle extrait volontairement par l’hôte de l’oxygène accumulé, mais un souffle sortant des entrailles et du cœur du personnage. Un souffle froid, unique en son genre. Un souffle basé sur les émotions. Un souffle, qui provoquait plusieurs réactions et hypothèses sur la nature de l’être ayant crée cette expiration jusque là bloquée par une quantité de causes, peut-être aussi nombreuses que l’infini. Mais ça, seul l’intéressé connaissait sa propre vérité, dont il avait cependant du mal à masquer.