Eh ben, j'ai hâte de voir ce que ça va donner ! C'est de plus en plus obscure cette histoire, je trouve ... Et ça c'est bien ! J'attends de savoir ou tu nous mènes, en espérant que t'es prévu ton coup... Ce qui n'est peut-être pas le cas .
J'aime la lettre de Pigma, c'est lui tout craché .
Merci beaucoup pour vos commentaires !
Je suis content que l'ambiance du récit change dans ce sens. Et oui, je sais où tout cela va mener la StarWolf. Le plus dur va être de garder à la fois de la cohérence et du sens. C'est ce que j'ai tenté de faire jusqu'à maintenant au simplifiant le plus possible les chapitres, et je suis satisfait du résultat
J'ai commencé à bouquiner un peu ta fic, pas encore toute entière à cause du peu de temps que j'ai devant moi en raison de mon travail et du reste, ainsi que de l'écriture de la mienne (j'ai peur de te voler des idées involontairement en lisant et écrivant en même temps !), mais du peu que j'ai lu jusqu'ici (faut aussi que je lise ta précédente fic !) je peux dire que tu as vraiment beaucoup de talent. Patience dans l'écriture et travail des personnages dans une histoire assez libre mais restant vraiment fidèle à l'univers de starfox avec une grande connaissance de ce dernier !
Tu sais alterner les différentes phases d'écriture et je compte bien suivre de près ta fic, tout autant que tu l'as fait des miennes et de celles des autres (si mon planning me le permet !)
Show must go on !
Merci Dave, ça fait chaud coeur
Content que l'histoire te plaise, c'est un des buts voulu
Concernant mon autre fic, ne te sens pas obligé de la lire. La différence avec celle-ci est qu'il y a davantage de délirs dans StarWolf, et on parle aussi et surtout des Aparoïdes (partie de la Série dont je ne parlerais pas dans cette nouvelle histoire puisque je l'ai déja utilisée de long en large).
Mais si tu tiens absolument à lire les deux histoires, rien ne t'en empêche bien sur
StarWolf Adventures
Chapitre 9 : L'Entretien d'Embauche
De légers soubresauts prirent Andrew au moment où il arriva au palier de la porte pourvue de l'inscription « Colonel WINTER – Directeur de The Lead Tower ». Derrière lui, son escorte venait de couper l'accès à l'ascenseur, qui descendait jusqu'au rez-de-chaussée de la bâtisse centrale. Jetant un œil par-dessus son épaule, le singe comprit très vite qu'il ne pouvait plus faire demi-tour. La gorge nouée, il choisit finalement d'affronter son destin en toquant docilement à la porte. Il attendit pendant quelques secondes dans le silence, se demandant s'il avait frappé assez fort. S'apprêtant à récidiver son geste, il finit par attendre distinctement un « Entrez » au travers de la porte en bois lissé.
Une odeur de cigare gagna les narines du macaque lorsqu'il pénétra dans la pièce, qui eût un haut-le-cœur l'espace d'un instant. L'énergumène plongé dans son fauteuil – qui semblait être le Directeur – l'avait prié d'un geste de bien vouloir s'asseoir, pendant qu'il terminait sa discussion holographique. D'abord hésitant, Andrew décida qu'il pourra mieux camoufler son stress assis plutôt que debout. Il retira le dossier du siège, en fit le tour et s'enfonça dedans, tout cela en faisant le moins de bruit possible. Visiblement, sa présence intéressait peu le personnage grassouillet, qui semblait préoccupé. Tournant la tête pour faire genre de regarder ailleurs, le primate ne perdit pas une miette de sa conversation. D'après le timbre de voix modéré, il en déduisit que le personnage contactait certainement un membre de la famille du défunt de la prison. La victime de Léon. Andrew songea pendant quelques secondes à son camarade et se souvint qu'il devait le sortir de là, d'une manière ou d'une autre. Présentement, le dialogue holographique tombait à pic. Le mercenaire avait tout le temps de se faire une idée de son soi-disant futur employeur. Il s'agissait d'un morse imposant au teint mat. Dépourvu de cheveux, la pilosité de l'animal se regroupait dans une épaisse et hirsute moustache brune englobant presque entièrement son petit nez arrondi. Le haut de son corps visible dévoilait un magnifique costume sans plis arborant une quantité faramineuse de médailles. Un style vestimentaire retranscrit dans la décoration du bureau. Là où Andrew posait ses yeux, il trouvait à chaque fois des photos et des images de batailles spatiales ou terrestres. L'emblème de Cornéria était représenté par un petit drapeau posait dans un recoin, qui arracha une grimace au neveu de l'ennemi juré de cette planète. Mais le singe ne devait rien laisser paraître de ses ressentis. Il avait un rôle à jouer.
Le pinnipède acheva sa discussion en se courbant à chaque fois qu'il lançait des excuses plates et nécessaires. Après quoi il rompit le contact holographique en appuyant sur un bouton et se pinça l'arête des yeux.
« Il est difficile d'annoncer ce genre de nouvelles aux gens qui ont placé leur confiance en vous pour qu'une telle situation n'arrive jamais... »
Le primate se demanda s'il lui parlait directement et s'il devait répondre, jusqu'à ce que le morse lui lance un coup d'oeil. Andrew se contenta alors de hocher la tête.
« Cet événement m'a un peu retourné. Ce n'est pas facile de se séparer d'un homme aux compétences qui n'étaient plus à prouver. Son départ va nous faire un vide, et pour moi, et pour sa famille... »
La voix grave du Directeur avait une teneur mélodieuse jurant avec son physique. Malgré cela, sans savoir pourquoi, elle inspira immédiatement le respect chez le mercenaire, qui continuait d'acquiescer. Ce dernier dût mal jouer la compréhension puisque le pinnipède le regardait avec une expression étrange. Le macaque remua sur son siège pour se donner de la contenance, puis le personnage lui demanda enfin qui il était et qu'est-ce qu'il venait faire dans son bureau. « La mission commence enfin » pensa Andrew pendant qu'il s'éclaircissait la gorge. Après avoir pris une inspiration, il répondit :
« Je m'appelle Werdan Ynnokio, et, je viens me porter candidat pour la place de second de la prison. »
Le Colonel l'étudia du haut en bas, en particulier son costume où il s'attarda un certain temps. La singe eût l'impression gênante que ses habits étaient un peu trop explicites et attendit avec impatience une réaction du morse. Ce dernier, ayant fini de le reluquer, afficha un air grognon. « Ca y est, je vais me faire remballer vite fait ! » s'imagina le primate qui tentait tant bien que mal de se calmer. Pourtant, au lieu de faire un quelconque reproche, le Directeur sortit d'un tiroir une théière et deux petites tasses.
« Le Capitaine Péretz adorait par-dessus tout le thé, nota le militaire en remplissant les récipients d'une eau aromatisée. Je ne devrais pas dire « adorer », mais plutôt... « dépendre » du thé, dans son cas.
- Il est délicieux, félicita Andrew en buvant une gorgée.
- Merci. C'est moi-même qu'il l'ait fait. De nos jours, les talents culinaires ne peuvent venir que du savoir familial. Les cuisines, les restaurants, les fast-food... trop industriel ! Nous perdons les connaissances astucieuses de nos aïeuls simplement pour aller plus vite. Un véritable gâchis. »
Le morse but à son tour une gorgée et la savoura en fermant les yeux. Le mercenaire remarqua que les effets du thé l'avaient détendu tout comme le pinnipède, dont les soucis avaient quitté les traits de son visage.
« Rappelez-moi votre nom ? demanda soudainement le militaire tout en reprenant une gorgé.
- Werdan Ynnokio » répondit le primate en tarant au maximum l'hésitation dans sa prononciation.
Cette fois, Winter ouvrit les yeux et lorgna le plafond pendant qu'il posait sa tasse sur la coupelle.
« Voilà un nom très... macbethien..., jugea-t-il en joignant les mains.
- Je viens de la région Delta, près de la zone du dépôt de carburant abandonné, s'empressa de rajouter Andrew, jouant son rôle à fond.
- Ah ! L'ancienne classification des terres ! ricana le morse. Les singes de cette planète se sentent toujours obligés d'utiliser les vieux procédés de cet infâme Oikonny, bien que ce dernier soit mort et que la dictature a été levée grâce à nous !
- Je... fit le mercenaire, essayant de passer l'affront qu'on venait de faire à son oncle. Je pense, reprit-il, que les habitants de la planète se facilitent la vie en gardant ce système – certes obsolète – mais qui leur apparaît avec évidence.
- Si vous le dîtes »
Un échange de regard fit comprendre au macaque qu'il devait modérer son tempérament dans la discussion.
« Je suis surpris de recevoir un candidat dès aujourd'hui, alors que j'ai envoyé les offres d'embauche seulement hier, révéla le Colonel en jetant un regard vers la fenêtre. Je me demande comment vous avez fait pour prendre tout le monde de vitesse, moi le premier.
- J'ai des relations dans la prison, riposta le mercenaire, qui s'attendait à cette question.
- Tiens donc ?
- Des cousins éloignés, précisa-t-il pour couper court au débat.
- Sachez, Monsieur Ynnokio, que je n'engage pas dans mes effectifs des gens par « piston », mentionna le morse sur un ton évident. Disposez-vous d'une quelconque attestation de votre parcours qui pourrait faire valoir vos compétences pour le poste concerné ? »
C'est chaud l'histoire!
Bel entretien, on est tenu en haleine du début à la fin.
Une seule chose me gène : Andrew n'aurais pas été du genre à oublier son ami et partenaire Léon sur le point de se faire exécuter. Cet entretient a vraiment du le déstabiliser!
Vivement la suite!
fight Oui c'est un peu le càs (du moins, c'est ce que j'ai essayé de faire retranscrire )
sombracier Hein dit !
Merci à vous deux
J'aime bien l'entretien, mais je trouve qu'Andrew est vachement culotté de sortir le coup de la loi comme ça, même si c'est bien trouvé. Reste à savoir s'il va réussir à jouer son rôle suffisament bien et sans interruption pour garder la confiance du morse... Hâte de voir comment il va s'en tirer !
Merci pour le com' !!
La suite est en construction mais mes études me retardent, tout comme mon ordi, toujours privé d'Internet.
J'espère pouvoir remédier a ca trés vite !
Te laisse pas décourager Raptor! Tu as plein d'admirateurs dans l'ombre qui n'attendent que la lumière de ta fic tous les soirs devant leur ordinateur pour te faire briller!(quoi, moi, qui a parler de moi? )
On ne dois pas se laisser faire, on es très occupés, on a un forum peu fréquenté, mais on aime ce qu'on fait!
Voilà, j'espère que vous passez tous un bon début de semaine(bah oui j'ai le droit de prendre des nouvelles de mes auteurs préférés).
Vive StarFox!
Merci pour ton encouragement !
Je pense souvent à poursuivre la fic (d'autant que les 1/3 tiers de la suite sont déjà écrits) mais je manque vraiment de temps avec reprise des cours (et les exposés que je dois accessoirement préparer). je verrais bien pendant les vacances si je peux reprendre.
J'espère aussi pouvoir poursuivre et continue cette histoire
Prends ton temps, je te fais 100% confiance. On sait tous ce que c'est le travail.
Bon courage!
100ème message !
This fic is now 20% cooler !
Ho ho ho !
Grâce aux fêtes de Noël, je viens enfin de pouvoir terminer ce chapitre 10. Je prie les lecteurs (s'il en reste !) de bien vouloir me pardonner pour tout ce retard, mais mes études me prennent un temps considérable. Je ferais le nécessaire pour poursuivre cette fiction
Bref, à travers ce chapitre, je vous souhaite un Joyeux Noël (en retard) et une bonne Année (en avance)
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StarWolf Adventures
Chapitre 10 : Le Loup dans la Grotte
« Quand je pense que je mange un clafoutis alors que j'étais censé me faire exécuter... »
Rarement, très rarement, les employés de la cantine avaient connu un calme aussi plat dans cette immense pièce. Et cela les inquiétait. Pourtant, il y avait foule, et plus que d'habitude. Toutes les têtes se tournaient vers le centre de la salle légèrement ex-centré à droite. L'attention des bagnards était totalement accaparée, si bien que certains, en essayant de manger sans regarder leur plat, retrouvèrent leur nourriture sur les genoux. Aucun mot ne sortait. Tous attendaient avec impatience une suite à la scène surréaliste qui se présentait devant eux. Plusieurs personnages étaient l'objet de cette réaction choquée. Tout d'abord un lézard, qui, malgré son air réticent, paraissait ne plus pouvoir calmer la faim dans son estomac. A côté de lui, une tête de cochon se faufilait entre deux piles d'assiettes. L'omnivore avait profité, tout comme le reptile, de la promotion de leur camarade, et s'était goinfré jusqu'à plus de places. Mais le soudain intérêt dont ils faisaient effet lui avait coupé l'appétit. En face d'eux, un singe vêtu avec élégance les regardait d'un air presque narcissique. Entouré de quatre soldats, le primate n'était par contre pas très satisfait du silence régnant autour d'eux. Leur objectif personnel avait été accompli. Mais la conséquence directe les plaçait sur les feux de la rampe.
« Ne me remercie surtout pas de t'avoir tiré de la potence, râla le nouveau Second de la prison.
- Te remercier ? Je ne t'ai rien demandé, répliqua le tueur, gêné par les menottes qui l'entravaient lorsqu'il portait la nourriture à sa bouche.
- C'est çà ! Tu as les nerfs parce que je t'ai sauvé la vie et que tu m'en dois une ! ricana le macaque.
- Et regarde maintenant le résultat, fit le caméléon en désignant l'assemblée entourant leur tablée. Tout le monde se demande ce qui est passé par la tête du nouveau pour empêcher la mise à mort de Léon Powalski.
- Wolf va être fou de rage, approuva le porc, qui n'aimait pas la façon étrange dont on les reluquait.
- Il l'aurait été d'autant plus en voyant Léon troué de toutes parts ! » vociféra le fonctionnaire dont l'éclat de voix fit sursauter certains pensionnaires.
Un silence encore plus profond survint à ce moment. Les prisonniers avaient l'impression d'assister à une remontrance du remplaçant de Péretz sur le grand mercenaire Léon Powalski. A ce rythme, ils ne donnaient pas cher de la peau du singe excentrique, et l'idée d'un nouveau meurtre ne les rassurait pas. A cette image, un frisson parcourut l'assistance, et les têtes ne cessaient de se baisser, de se lever. L'odeur bestiale macérée dans les combinaisons depuis plusieurs jours avait le temps de s'échapper par les amples manches des costumes et de se confiner dans l'espace de la cafétéria. L'air devenait de plus en plus suffoquant.
« Et le comble, c'est que tu traînes avec nous, lâcha le lézard en ne détachant pas son regard de son assiette.
- Mais je vais le... murmura Andrew en sachant pertinemment qu'il ne pourrait réaliser ses souhaits.
- Et donc, commença Pigma pour calmer le jeu entre ses deux partenaires, on peut bénéficier de tout ce qu'on veut maintenant que tu fais partie de la maison ?
- Je ne vois pas pourquoi tu poses la question, tu viens de te servir pour la quinzième fois... soupira le singe sur un geste las.
- Et qui ne sera pas la dernière ! ajouta le porc normalement. Ce que je veux dire, c'est que maintenant que tu es devenu Adjoint, tu devrais pouvoir être en mesure de retirer ces monstrueux bracelets... »
Il agitait l'objet en ferraille autour de son cou comme si on allait le lui enlever. Des rires étouffés s'échappèrent de la communauté carcérale en voyant ce mouvement.
« Désolé, mais je suis seulement habilité aux tâches administratives du complexe ! Ce serait d'ailleurs bien étrange que Knife nous distribuent soigneusement des missions si c'est pour qu'on puisse filer à la première occasion ! répliqua le fonctionnaire avec dédain.
- Maintenant que tu as été promu, je me demande ce qu'il prévoit de te faire faire, indiqua le reptile entre deux bouchées.
- Aucune idée, dit fatalement le macaque en s'affalant sur sa chaise. Je sais juste que ton meurtre a été nécessaire pour que je me fasse embaucher.
- N'oublions pas les clefs que j'ai piqué ! s'empressa de mentionner le cochon.
- Bien vu Pigma. En fin de compte, si on a un peu de jugeote, nous devrions découvrir le fin mot de ce petit manège sous peu, conclut le caméléon avec froideur.
- On va encore devoir intervenir dans cette prison ? geignit l'omnivore qui avait une sainte horreur du travail non rémunéré.
- Je crois que pour toi et Léon, c'en est terminé, estima le primate en joignant les mains sous son menton. C'est moi qui ait les clefs à présent. Et puis Léon est hors-jeu, nota Andrew en considérant la tenue orange de son compère.
- Et le patron ? demanda le porc.
- Peut-être qu'il effectue une mission aux mines, sans connaître sa nature, suggéra l'assassin en vérifiant qu'on ne les écoutait pas. Et puis, ce serait dans quel but ? »
Leurs interrogations sans réponse les firent cogiter durant de longues minutes. Perdus dans leurs réflexions intérieures, ils ne voyaient déjà plus les cuisines, les tables, la cantine, les détenus. Tout était plongé dans une incertitude obscure, un voile de doutes et d'appréhensions où le monde se perdait. Ce n'était plus qu'un tableau remuant de ses formes. Les bouches bougeaient sans pouvoir matérialiser de sons explicites. Les yeux perdaient de leurs éclats et les jambes ne parvenaient pas à s'extirper des tables. Une œuvre sombre, et pourtant très vivante. Car jusqu'alors égaré dans le néant des râles et des échanges houleux, un équilibre, cette fois, s'était installé. Et avait pris pour siège le centre de la pièce, où une réalité incongrue avait remplacé le cauchemar perpétuel.
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Les muscles hurlaient, gonflés à bloc, se pressant contre la chaire tendue. La peau devenait humide, puis moite. Le contact avec la terre, la poussière et la roche avaient de quoi la rendre plus ferme, plus ouvrière. Ça la travaillait, exactement comme les murailles percutées par les coups de pioches. Une lutte se déroulait : les os des organismes s'effritaient sous la répétition des efforts, tandis que des lézardes se multipliaient sur la roche. C'était un combat entre l'homme et la nature, à celui qui transformerait l'autre en poussière. La détermination des mortels face à la grandeur du monde.
Wolf s'écroula par terre et reposa son dos meurtri contre cette paroi qu'il n'avait cessé de marteler. Sa gorge sèche était grande ouverte, réclamant un tribu pour se désaltérer et reprendre la tâche. Toute une ironie que de boire les vertus de la nature pour assassiner ensuite cette dernière. Le loup avait la respiration courte et essayait de se concentrer pour en devenir le maître. Mais l'environnement assourdissant, les onomatopées bestiales des travailleurs et son cœur percutant en boucle sa poitrine lui faisaient perdre toutes notions réfléchies. Il était devenu entièrement esclave de son corps qui, par la soif, qui, par la fatigue, le renvoyait à un individu prisonnier de sa propre condition. Essayant de retrouver son souffle, il se retourna soudainement et caressa son « oeuvre ». Le mur minier arborait les marques de son labeur comme un tableau de médailles. L'animal le contemplait avec attention, se rappelant précisément de chaque trous, chaque crevasses, chaque fissures dont il était l'architecte. Le temps qu'il avait passé sur cette paroi abrupte lui revenait dans ses yeux comme les fruits savoureux du dur labeur. Sauf que... il n'était pas payé.
Il ne touchait ni salaire, ni indemnités, ni primes, ni compensation. Il creusait encore et toujours parce qu'on lui avait demandé de le faire. Non, rectifications, on ne lui avait même pas demandé. Les bénévolats ont la liberté du choix, sinon ils ne feraient pas ce qu'ils font. On l'avait soumis à cette tâche. Une lumière venait d'éclairer son esprit. Le mur de pierre lui était devenu étranger.
Le mercenaire se releva et considéra le chantier autour de lui. Les détenus de son affectation suaient sang et eau. Ils fracassaient sauvagement toute la mine, comme s'ils déversaient toute leur colère en espérant briser ce monde inanimé dont ils faisaient partie. La souffrance éloquente de leur visage était formidable lorsqu'elle était remplacée par une détermination insoupçonnée. Les murailles infinies se reflétaient dans leur regard de fer, comme le duel statique de deux entités inébranlables. C'était le caractère forgé dans la destruction. Plus loin, les entreprises de récupération étaient de la partie : les ouvriers courraient, se croisaient, se succédaient, s’affairaient à telle ou telle tâche ; les chefs hurlaient, braillaient, étudiaient, élaboraient les ordres ; les machines s'engageaient, se croisaient, déblayaient, avalaient chaque parcelle de cristal ou de pierre précieuse. La mine était une véritable fourmilière où le temps n'avait pas son mot à dire. A noter que faire partie de ce chaînon alimentaire était très évident : on ne le remarquait même pas. C'est lorsque l'on prenait le recul nécessaire qu'on se rendait mieux compte du lieu où l'on avait atterri.
C'est ce qui arrivait à Wolf, qui tournait la tête dans tous les sens pour comprendre ce qu'il faisait ici. Il regarda d'un air idiot la pioche dans sa main, puis la jeta d'instinct par-dessus son épaule. La douleur avait disparu, la foi était revenue. Il se déplaça ensuite vers les véhicules des entreprises.
Il ne dût pas être très discret car un maître de chantier avait ramassé sa pioche et se frottait l'arrière du crâne. Il l'invectiva en secouant l'outil en l'air :
« Hé le louveteau ! Ramène ta face de borgne ici ou je te l'enfonce dans le c... »
Il ne termina pas sa phrase et se fit couper par un soldat qui lui donna un coup de matraque dans le ventre. Le loup fut surpris pas cette scène, mais il comprit de quoi il en retournait lorsque le soldat lui lança un acquiescement de la tête. Wolf retroussa ses manches et continua sa route en feignant de chercher quelque chose. C'est qu'au fond, il cherchait réellement quelque chose : des indices pour sa mission.
Souvenons-nous qu'il avait constaté il y a de cela quelques jours la présence de représentants venus faire une inspection dans la mine, et il avait assisté de loin à une discussion entre l'une de ces personnes et un gardien travaillant à la prison. Le leader de la StarWolf n'avait rien pu gagner de cet échange, déjà à cause de la distance, mais aussi du boucan du diable engrangé par les instruments de forage. Il avait néanmoins étudié l'accoutrement du commercial, et avait gardé en mémoire un étrange emblème : « sans doute celui d'une entreprise », avait estimé le pirate. Si ça peut intéresser le lecteur, l'emblème représentait une tête de singe vue de profil, peint en brun, l'oeil blanc et le nez court, sur fond vert, entouré d'un demi-cercle sur le dessus et dont le bas affichait des initiales que Wolf n'avait su décrire. Mais qu'importe : la tête de singe lui suffisait largement.
Voilà pourquoi il quittait ainsi son travail et se dirigeait sans l'air de rien vers une pelleteuse gravitationnelle : l'emblème en question était marqué sur le blindage jaune du véhicule.
Le pirate regarda autour de lui, se glissa sous la cabine et y risqua un œil : elle était inoccupée. Il vérifia de nouveau l'authenticité du logo, et releva que ça concordait bien avec ses souvenirs. Il jeta ensuite un regard vers l'entrée de la mine mais ne vit aucun de ces personnages en costume cravate. L'inspection devait être organisée sur rendez-vous.
Se retournant vers la cabine, Wolf étudia soigneusement l'intérieur : boîte six vitesses, parois vitrées, siège troué, photo de famille accroché au retro, outils traînant partout et documents sortants de la boite à gants. Pas de quoi satisfaire le canidé qui en lâcha un juron. Il sentit tout à coup une main rigoureuse le prendre par l'épaule et le retourner :
« Je peux savoir ce que tu regardes ? lui cracha un gorille énorme en fronçant ses sourcils éparses.
- Je... commença Wolf, un peu sous le choc de la stature de la bête devant lui, j'ai vu que cette pelleteuse était à l'arrêt et je voulais m'en servir pour accélérer le rendement...
- Le rang de qui ?
- Le rendem... la production, si tu préfères, répondit le mercenaire en constatant les lacunes mentales de son interlocuteur.
- Ah ! C'est con, c'est ma machine, rétorqua l'individu en serrant davantage sa poigne sur l'épaule du loup.
- Argh gnne j-je crois que ton patron ne sera-aa pas content quand il apprendra-aaa que tu ne travailles pas... grinça-t-il en essayant de se dégager de l'emprise.
- Quoi ? Tu cherches les embrouilles ? menaça le gorille en appuyant un peu plus fort.
- Non ! s'écria le leader sous la douleur insoutenable. Je..., il essaya de baisser le ton de sa voix. Je souhaite seulement savoir quelle est l'entreprise qui se permet de prendre des pauses pendant que les autres triment dans un rythme affolant, les pensionnaires de prison y compris !
- Je t'interdis de parler de ma boîte comme ça ! éclata le grand primate en bloquant le loup contre le blindage de l'engin. S.A.S Monkeys&Sons est une entreprise respectable ! Alors va pas répandre des rumeurs débiles du genre là ou je te fracasse le crâne ! »
Wolf promit qu'il ne dirait rien de pareil puis fut projeté par terre. Le gorille le toisa méchamment pendant quelques secondes, ouvrit la porte du cockpit de son véhicule et grimpa à son bord. Le leader se releva et s'en alla en massant son épaule gonflée. Même s'il on lui avait fait goûté la poussière, il avait obtenu ce qu'il désirait : le nom d'une de ces étranges compagnies. Il réfléchit, assembla les pièces du puzzle et en conclut qu'à part des cailloux et des gravats, le seul intérêt ici était ce lien sombre entre les entreprises et les soldats de la Tour de Plomb. Il devait donc poursuivre son enquête.
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Le soir était tombé dans les régions des mines et de la prison. Les détenus retournèrent au complexe comme d'habitude par voie ferroviaire. Ils passèrent la porte sous le regard attentif du vigile et profitèrent un peu du plein air avant de retourner dans leurs cellules confinées. Chaque bagnard avait une expression figée par la fatigue. Ils échangeaient entre eux leurs impressions et leurs ressentis sur le travail, chacun espérant intimement qu'il prendrait bientôt fin. Wolf rentrait à son tour. Il entendait sans vraiment écouter les discussions calmes et échappées de ses congénères et semblait davantage respirer à plein poumons l'air frais ambiant, qui changeait du souffre des mines. Sa journée avait été pleine, que ce soit par le travail ou par ses recherches. Il connaissait désormais le nom de plusieurs entreprises. Il devait maintenant savoir ce qu'il devait en faire. Tout en réfléchissant, il remarqua que quelqu'un l'appelait dans un coin de la cour. Il se dirigea d'un pas léger vers cette main qui l'invitait en se balançant. La silhouette dans l'ombre se dévoila au fur et à mesure qu'il approchait, et il finit par reconnaître Katt.
« Qu'est-ce que tu me veux ? demanda-t-il sèchement en voyant cette dernière.
- Eh bien eh bien ! En voilà des manières, réprimanda la chatte en soupirant. Moi qui venais te dire bonsoir...
- Ah ? Alors bonsoir.
- Non attends ! pria la voleuse au loup qui était en train de partir. Tu pourrais rester un peu non ? Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus...
- Et qu'aurait-on nous à nous raconter, tu peux me le dire ?
- Je ne sais pas... dit Katt en faisant mine de réfléchir. On pourrait se raconter nos journées, notre situation dans la prison... on pourrait parler de tes compagnons, qui ont fait du grabuge en ton absence... »
Le regard du leader fut soudain envahi d'une étincelle de colère.
« Oh mais ne craint rien ! Ils sont hors de danger, rassura la chatte, amusée par la réaction du mercenaire.
- Que s'est-il passé ? s'enquit le pirate avec un brin d'inquiétudes.
- Ca, ce sera à eux de te le raconter, rétorqua la voleuse en s'avançant vers lui. Maintenant..., elle fit une pause et sortit un stylo et un carnet de notes d'une de ses poches arrières, dis moi le nom des entreprises que tu as relevé ».
Wolf ouvrit la bouche, frappé par l'incompréhension, ce qui le fit reculer. Il n'osa comprendre ce qu'il venait d'entendre. Il considéra le visage de Katt, devenu stoïque.
« Qu'est-ce que tu as dit ? souffla le loup en serrant les poings.
- … Knife m'a également assignée une mission... prononça doucement la féline, qui sentait devoir des explications.
- Que mais pourquoi comment tu... bégaya le mercenaire.
- Vous n'êtes pas les seuls à avoir votre vie sur un fil, indiqua-t-elle en dévoilant la même bombe attachée sur sa queue.
- Alors... commença le canidé en essayant de conserver son calme. Tout ce que tu nous as raconté étaient des conneries ?!
- Pas entièrement. Je devais dissimuler la vérité jusqu'à ce que chaque membre de ton équipage réussisse les objectifs qu'on leur demandait. De cette façon, vous pouviez suivre les instructions de Knife au moment voulu et sans vous poser trop de questions.
- Alors bon sang dis-moi ce que tu fais ici ? s'écria le pirate en attrapant les bras de Katt. Knife t'a menacé de mourir sur Cornéria quand tu as été capturé c'est ça ?
- Non... en fait, mon équipe, les Hot Rodders, ont été dénichés sur Titania par les hommes de Shears. Ce dernier a menacé de les exécuter si je n'exauçais pas le moindre de ses ordres... ».
Shears. Ce mot agit comme un écho dans l'esprit du loup. Il ne cessa de rebondir en lui jusqu'à atteindre la partie du cerveau. Le monde semblait être devenu une illusion pour le mercenaire, exactement comme dans la mine, mais cette fois-ci régissant toutes les vies des personnes qu'il côtoyait. Son quotidien était devenu une barrière entre l'illusion et la réalité. Une barrière définie par cette maudite prison.
Accusant la nouvelle, Wolf dévoila machinalement le nom des entreprises qu'il avait relevé sur le chantier. Il parlait de manière tranquille, gardant une voix rythmique et soulignant les phrases d'accents lorsque cela était nécessaire. Son rapport était net, concis, détaillé. Il n'aurait su dire cependant ce qu'il racontait. Sa bouche agissait d'elle-même ; il n'était que spectateur. Il cherchait sa volonté, évanouie dans la nature, dans le regard implicite de Katt. La chatte relevait les noms tout en soutenant le regard du pirate. Elle ouvrit à demi sa bouche et une expression fataliste recouvrit entièrement son visage. Ses yeux bleus s'humidifièrent au moment où Wolf termina sa liste et s'en alla. La voleuse baissa alors la tête, ne parvenant pas à refouler le flux de sentiments contraires qui assaillaient son âme. Le bruit des pas du loup s'estompèrent, et, alors qu'elle pensa qu'il était parti, elle fut surprise de le voir encore dans la cour, immobile.
« Je le tuerais... Je tuerais Shears... prononça le mercenaire sur un ton contenu.
- … J'aimerais tellement te croire... fit Katt en rangeant son carnet dans sa poche »
Ainsi le loup et la chatte se séparèrent, s'étant trouvés une cause commune mais continuant de marcher par dépit dans les sentiers aveugles où ils ont été jetés. Un univers, étroit, glauque et perdu, que l'on pouvait comparer à une grotte.
Fin du Chapitre 10 !
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J'ai mal géré la taille du texte
Wouah!
Tu nous offre une sacré suite pour les fêtes.
C'est énorme, mais ça fait plaisir.
Tu nous fait un super cadeau.
Je le lis dès que je le peux et je te donne mon avis (mais je penses déjà savoir que je vais aimer).
Raptorfire forever!
(Si vous êtes fan mettez un smiley )
Le style est très personnel et travaillé, l'histoire avance mais devient de plus en plus brumeuse...
C'est la marque des grandes histoires.
Je n'ai qu'une chose à déclarer : vivement la suite!
Ah oui, et je like->
Wahou ! Raptor nous gâte pour les fêtes. Surtout que j'aime beaucoup le style. Continues comme ça !