Le bilan de la grippe porcine grimpe à 12 morts au Mexique
MEXICO - Une semaine après le déclenchement de l'alerte à la grippe porcine, le bilan officiel de l'épidémie a grimpé jeudi à 12 morts sur 260 cas confirmés au Mexique, où les habitants s'apprêtent à rester cloîtrés le long week-end du 1er Mai.
"On nous a confirmé 260 cas de personnes contaminées par le nouveau virus, dont douze ont perdu la vie", a annoncé le ministre mexicain de la Santé, José Angel Cordova, lors de son point-presse hebdomadaire sur la situation.
Cette brutale augmentation du nombre de décès (de 8 à 12) et de patients contaminés (de 91 à 260) ) s'explique, selon le ministre, par la performance du nouveau matériel utilisé par les laboratoires.
"L'augmentation du nombre de morts ne signifie pas que plus de personnes sont mortes au cours des dernières heures, mais que nous avons effectué davantage d'examens", a souligné M. Cordova, ajoutant que le nombre de décès "probables" restait établi à 84.
Cette nouvelle a douché le mince espoir suscité par le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, qui venait d'affirmer que le nombre de nouveaux patients hospitalisés - 18 seulement mercredi - était en baisse dans la capitale et tendait à se stabiliser.
"Nous n'allons pas en finir cette semaine avec le virus. Nous allons devoir vivre encore avec lui pendant un certain temps", avait-il toutefois averti.
L'aggravation du bilan risque de dissuader encore plus les Mexicains à sortir de chez eux pour la fête du Travail du 1er Mai.
Le ministère du Travail "a demandé la suspension des rassemblements de travailleurs et l'appel a reçu un bon accueil", a déclaré son porte-parole Efren Garcia.
On ne devrait donc pas voir, pour la première fois, des milliers de personnes venir fouler vendredi le sol du Zocalo, l'immense place centrale de la capitale mexicaine.
Les autorités avaient déjà fermé tous les lieux de restauration et de loisirs de la capitale, une mégalopole de 20 millions d'habitants.
Le président mexicain Felipe Calderon a appelé la population à profiter de cette période fériée pour "rester au foyer en famille", en rappelant que c'était encore la manière "la plus sûre" d'éviter la propagation du virus qui met le monde au bord d'une pandémie.
"Je vais rester chez moi. J'ai un enfant en bas âge et je dois le protéger", a expliqué à l'AFP Martha Fernandez, une femme d'affaires de 32 ans, un masque de chirurgien sur le visage.
Malgré l'impact sur l'économie du pays, le gouvernement a maintenu au moins jusqu'à mercredi toutes les mesures de fermeture qui touchent aussi les écoles et les sites touristiques.
Critiqué par l'opposition pour avoir tardé à déclencher l'alerte, M. Calderon a souligné que la grippe était "curable" et que le pays disposait de stocks suffisants de médicaments.
Mais les autorités n'ont pas caché que le coup serait très rude pour l'économie.
Le ministre mexicain des Finances, Agustin Carstens, a prédit une baisse d'un demi-point du Produit intérieur brut (PIB), soit une perte de 70 milliards de dollars.
La désaffection pour les hôtels et les activités touristiques, troisième source de devises, met en danger près de 450.000 emplois et représente pour Mexico un manque à gagner quotidien de 100 millions de dollars.
Ce choc s'ajoute aux prévisions pessimistes de la Banque centrale du Mexique, qui vient de publier un rapport établi avant la crise sanitaire, tablant sur un recul pouvant aller jusqu'à 4,8% du PIB cette année.
A l'aéroport de Mexico, les touristes étrangers ont poursuivi leur exode, faute de pouvoir visiter les ruines aztèques ou mayas, ou de crainte de rester bloqués, de nombreuses compagnies aériennes ayant suspendu les liaisons.
(©AFP / 30 avril 2009 21h59)
