pour les coms et pour l´info . J´espère bien terminer HPGS avant cette date fatidique du 21 juillet :
Bonne lecture :
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Inertio (suite)
Il se mit à errer en quête d’une activité constructive. Il s’immobilisa au beau milieu d’un escalier, entre les deux premiers étages, et réfléchit.
Ron, Hermione et Neville semblaient peu enclins à se lancer dans la moindre activité. Harry avait certes des choses à faire, pour lui-même… mais Ginny avait été la première à se réfugier dans son dortoir. Le bureau d’Abel se trouvait à l’étage du dessus, auquel il grimpa finalement ; mais son professeur de défense contre les forces du Mal ne l’attendait que dans plus d’une heure et demie…
Il entendit une porte s’ouvrir, pas très loin de l’endroit où il se trouvait, et il perçut un bruit très caractéristique. Deux ou trois élèves de Gryffondor avaient dû arriver par la poudre de Cheminette dans le bureau de leur directeur. Il sortit sa baguette magique et se tapota le sommet du crâne en pensant « Cameleo », puis se plaqua contre un mur de façon silencieuse et regarda passer Romilda Vane et deux de ses amies en pleine crise de gloussements. Il n’avait pas du tout envie de s’occuper avec elles… Il eut alors une idée, une dernière chose qu’il avait à faire, même si c’était celle qui lui plaisait le moins…
Toujours fondu dans le décor par le sortilège de Désillusion, Harry marcha sans bruit jusqu’à se retrouver devant une gargouille de pierre. Il vérifia que personne n’était suffisamment proche de lui pour pouvoir l’entendre puis murmura à l’adresse de la statue :
– Fraternité magique.
La gargouille fit un pas de côté, ce qui permit à Harry de se hisser sur l’escalier mobile en colimaçon qui le mena jusqu’au sommet de la tour directoriale. Il frappa à la porte et la voix sèche du professeur McGonagall l’autorisa à entrer, ce qu’il fit sans un mot. Au bout d’un moment, la directrice daigna lever les yeux des papiers sur lesquels elle s’était penchée pour regarder son visiteur.
Elle haussa les sourcils.
– Que venez-vous faire ici, Potter ? interrogea-t-elle.
Harry avait jeté un coup d’œil au portrait du professeur Dumbledore, qui faisait certainement semblant de dormir. Il ne se laissa pas désarçonner par la froideur que McGonagall manifestait à son égard.
– Je viens pour plusieurs choses, déclara-t-il sur un ton sérieux et ferme. Tout d’abord, pour m’excuser de ce que j’ai dit le soir du réveillon… Je m’en excuse et je le retire, ajouta-t-il raisonnablement ; je ne sais pas ce qui m’a pris, je suis désolé… Mais je… c’était une discussion privée entre moi et le prof… le portrait du professeur Dumbledore. Tout ce que je peux vous donner comme explication, c’est que je me suis emporté et que j’ai refusé d’admettre ce qu’il m’avait dit, sans essayer de comprendre… Enfin bref, professeur, j’espère que vous m’excuserez pour vous avoir parlé ainsi et pour avoir… dit ce que j’ai dit la dernière que nous avons parlé, et…
Mais il s’interrompit, pensant qu’il valait mieux commencer par attendre l’approbation de McGonagall. Il fut aussi surpris par la sagesse de ses propres paroles ; il se sentait soudain très adulte. Cependant, l’expression du visage de la directrice ne laissait pas paraître ce qu’elle avait pensé du discours d’excuses de Harry.
– Vous m’avez l’air sincère, Harry, répondit-elle d’un ton grave ; mais j’espère que vous mesurez la gravité de votre acte. En me parlant de la sorte, même en dehors de Poudlard, vous auriez dû être renvoyé, ou au minimum recevoir une belle retenue. Si je n’avais pas su quelles épreuves vous subissiez en ce moment, et si le professeur Dumbledore – son portrait – ne m’avait pas demandé avec insistance d’être indulgente, je ne me serais pas contentée d’une gifle, lui certifia-t-elle avec une sincérité qu’il ne valait mieux pas remettre en cause.
Harry acquiesça silencieusement, les yeux bas.
– Et j’imagine très bien la nature de votre seconde demande : vous souhaitez vous entretenir de nouveau avec le portrait du professeur Dumbledore, n’est-ce pas ? questionna McGonagall.
– Oui, professeur…, répondit Harry, si vous le voulez bien.
McGonagall ne répondit pas. Elle se contenta de se lever de son fauteuil, de se retourner et de lever les yeux vers le tableau de Dumbledore.
Le sujet de ce dernier ne faisait plus semblant de dormir, à présent, et affichait une expression des plus sérieuses. Il hocha la tête dans ce qui semblait être un signe d’approbation et la directrice sortit de son bureau sans le moindre mot.
Elle ferma la porte à clef, peut-être pour éviter le même genre de fuite précipitée que la dernière fois, pensa Harry.
– Bonjour, Harry, dit Dumbledore de sa voix douce. Je suis heureux de voir que tu as réfléchi et que tu as finalement décidé de revenir me voir.
Harry acquiesça, toujours sans ouvrir la bouche.
– Et aussi que tu as cessé de penser de moi que je suis un vieil imbécile…
Harry retrouva sa langue :
– Je n’ai jamais pensé ça de vous, Monsieur ! protesta-t-il vivement. Je…
Mais le portrait l’interrompit d’un geste de la main.
– Je comprends très bien, Harry, assura-t-il, et je ne te reproche rien, ne t’en fais pas. En fait, je comprendrais très bien que toi, tu m’en veuilles, vu ce que je t’ai dit la dernière fois que nous nous sommes vus.
– Je ne vous en veux pas, dit Harry, sans vraiment savoir s’il mentait ou pas, c’est juste que… J’aimerais comprendre pourquoi vous m’avez dit que…
Il n’eut pas le courage de finir sa phrase mais, une fois encore, Dumbledore parut comprendre parfaitement ce que ressentait Harry. Son visage exprimait la sagesse, et une peut-être aussi la gravité.
– C’est tout à fait normal, dit le tableau avec un air compatissant, et je dois reconnaître que tu mérites des réponses, Harry, mais je… Albus Dumbledore ne t’a rien dit de son vivant, et ce pour une bonne raison. Cette raison est malheureusement toujours autant valable aujourd’hui. Tu es malheureusement obligé de considérer Severus Rogue en tant que Mangemort ; et je ne peux pas te demander de lui pardonner ; mais si jamais, dans ton combat contre les forces du Mal, tu te retrouves face à Severus, et que tu te trouves en position de décider de son sort… n’oublie pas ce qu’Albus Dumbledore t’a dit en rêve, et ce que son portrait t’a confirmé, déclara-t-il sur un ton étrangement triste. Mais mis à part le cas où tu te retrouverais dans une situation semblable, il n’est pas nécessaire que tu te tracasses avec cette phrase qui t’a tant tourmenté. Même si ça te paraît incroyable, inconcevable… pour la dernière fois de ta vie, tiens t’en à ce que je t’ai dit. Suis mon conseil.
Harry fut surpris par les paroles du portrait de l’ex-directeur de Poudlard. Sommes toutes, on lui demandait de vivre comme avant : en considérant Rogue comme un ennemi – à cela près qu’il ne devait pas concrétiser toutes ses pulsions de haine à son encontre… Cela lui paraissait très difficile, surtout que Harry aurait beaucoup aimé savoir pourquoi Dumbledore tenait tant à s’obstiner à défendre cet assassin… Mais pour une fois dans sa vie, il décida de ne pas aller chercher plus loin. Il se débrouillerait pour ne pas avoir affaire à Rogue, voilà tout…
– Très bien, Monsieur, dit-il alors. J’essaierai…
– Merci, Harry, dit Dumbledore avec un sourire sincèrement reconnaissant – et soulagé. J’espère sincèrement que tu pourras vivre avec moins de soucis, un jour… Mais en attendant ce jour, je ne pense pas qu’il soit nécessaire pour toi de revenir me voir : ce serait même une mauvaise idée, à mon avis. Termine tes études en paix – si je puis dire – ; et ensuite, mène à bien ton combat contre Voldemort. Détruis les deux Horcruxes restants et pourchasse-le jusqu’à ce que tu puisses enfin accomplir ta mission, qui je pense, doit te tenir à cœur. Pour cela, tu n’as pas besoin de moi. Albus Dumbledore est mort, et même si j’ai l’impression de ne faire qu’un avec lui, je sais que ce n’est pas le cas : je ne suis qu’un portrait, affirma-t-il avec une vigueur qu’il semblait dégager difficilement. Je ne te serai pas d’une grande utilité ; en revanche, Abel, lui, le sera grandement.
Il marqua une longue pause pendant laquelle il fixa Harry d’un regard pénétrant… il était difficile de croire qu’il ne s’agissait pas d’Albus Dumbledore en personne… Puis il dit enfin…
– Bonne chance à toi.
Harry dit au revoir à Ron, Hermione et Neville, puis remonta l’escalier de marbre pour retourner au deuxième étage.
Après sa conversation avec le portrait de Dumbledore, il était remonté dans la salle commune où il avait retrouvé de nombreuses connaissances de Gryffondor revenues de leurs vacances. Outre Seamus et Dean (avec qui il était de nouveau en bons termes), Parvati et Lavande – cette dernière lui avait fait un discours hystérique, en donnant toutes les raisons excentriques pour lesquelles selon elle, Hermione n’était pas une fille pour Ron (Harry avait échangé un regard exaspéré avec la pauvre Parvati) –, il avait pu retrouver son enthousiasme en discutant du prochain match de Quidditch contre Serdaigle avec son équipe, dans laquelle il avait réussi à happer Ron et Ginny ; ils avaient ensuite rejoint Hermione et Neville, et Colin s’était incrusté comme il savait si bien le faire. Harry avait été très déçu de voir Colin emmener si vite Ginny vers leur bande d’amis de sixième année.
Ron avait proposé de faire une partie d’échecs, Hermione avait répliqué qu’elle ne jouerait plus à ce jeu tant que Ron n’essaierait pas de comprendre un peu l’arithmancie. Finalement, ils étaient restés à flâner dans la salle commune – Hermione était tout de même allée chercher un livre dans son dortoir, ce que Ron vit d’un très mauvais œil – jusqu’à ce que Harry estime qu’il était temps d’aller dîner. Il suivait les directives d’Abel.
A six heures moins cinq, il se retrouva donc devant la porte du directeur de Gryffondor. Il se demandait avec appréhension ce qu’Abelforth allait tenter de lui enseigner – tout en se jurant de faire le plus d’efforts possibles – quand il toqua.
Abel lui ouvrit et eut un léger sourire :
– Vous êtes un peu en avance, Harry. Mais ce n’est pas grave, ajouta-t-il.
Il lui fit signe d’entrer, puis referma la porte en la verrouillant d’un geste de sa baguette.
– Je voulais simplement que tous les élèves qui devaient revenir à Poudlard par l’intermédiaire de ma cheminée ne viennent pas nous déranger, et que nous n’ayons pas à nous interrompre pour dîner – vous avez bien dîné ? interrogea-t-il brusquement.
– Oui, Monsieur, répondit Harry, décontenancé.
– Abel, rectifia Abelforth. Bien, dit-il ensuite, satisfait, il n’y a donc pas de raison d’attendre ; nous pouvons commencer tout de suite.
Il marqua une pause et fixa Harry droit dans les yeux, intensément, d’un regard digne de son frère – mais différent malgré tout.
– J’imagine, Harry, que vous avez dû vous demander, pendant vos vacances, pour quelle raison j’avais demandé à Ron, Hermione et Neville de ne plus revenir ?
Harry hocha la tête, prêt à écouter.
– Et, par conséquent, vous avez dû vous interroger sur la nature de ce que je comptais vous enseigner – à vous seul, dit Abel en accentuant fortement ce dernier mot. Vous en avez déduit – je pense et j’espère – qu’il devait s’agir de sortilèges particuliers, qui serviraient à détruire Voldemort en personne ?
Harry acquiesça de nouveau, de plus en plus impatient.
– Eh bien, dans ce cas, vous avez en partie raison. Pour l’essentiel, en tout cas, assura Abel. Ce que je veux vous « enseigner », à vous, Harry, est bien plus important que tous les sorts que je vous ai appris dernièrement. En réalité, c’est la chose la plus essentielle que vous aurez jamais à retenir jusqu’à la fin de votre vie… Tout ce que vous avez appris jusqu’à aujourd’hui en matière de magie n’est rien comparé à cela… et j’oserais même affirmer que si vous parvenez à le maîtriser, vous serez de taille à affronter le tout puissant Lord Voldemort.
Le cœur de Harry battait plus vite dans sa poitrine. Le ton d’Abelforth avait quelque chose de solennel, à présent.
– En réalité, il s’agit d’un seul et unique « sortilège », faute d’un meilleur terme, déclara-t-il. Un sortilège qui surpasse tous les autres… En ce qui vous concerne, c’est le but final de vos séances d’entraînement avec moi.
– Mais si ce sortilège dépasse tous les autres, pourquoi ne pas l’enseigner aussi à Ron, Hermione et Neville ? demanda Harry. Cela pourrait leur être utile s’ils se retrouvaient en situation dangereuse. Ils font partie de l’Ordre, eux aussi, même s’ils n’ont pas à tuer Voldemort, déclara-t-il avec force.
– C’est vrai, admit Abel. Le problème, c’est qu’ils seraient sans doute incapables de jeter un jour un tel sortilège, ou alors ils en mourraient.
Harry se surprit à frissonner. Abel souhaitait lui enseigner un sortilège qui risquait de le tuer ?
– Il ne s’agit pas du tout d’un sortilège ordinaire, au sens ou nous l’entendons, poursuivit Abelforth. Si j’ai dit qu’il surpassait tous les autres sortilèges, c’est pour une raison simple : il est la source de tous les autres sortilèges et actes magiques : enchantements, maléfices ou sorts… D’ailleurs, « acte magique », est bien le mot exact pour définir ce sortilège… On l’appelle le « sortilège de Pure Magie », ou « sortilège d’Inertie Magique »… ou encore « sortilège de Vérité Spirituelle »… Mais au moins, en dehors de tous ces mystères, il se pratique avec une baguette et une formule magique : Inertio.
– Inertio…, répéta Harry, de plus en plus intrigué.
Il pressentait une immense difficulté, comme un énorme obstacle à franchir avant de repousser les limites de la magie ordinaire… Mais auparavant, il devait éclaircir un point.
– Abel… En quoi consiste ce sortilège, exactement ? Qu’est-ce qui le… caractérise ? demanda-t-il, en observant son professeur avec attention. Qu’est-ce qu’il a de si spécial ?
– C’est le sortilège de Pure Magie, répéta Abelforth. L’acte magique à l’état le plus pur qui soit.
– Mais… quels sont ses effets ? insista Harry.
– Ses effets… Il n’en a aucun, et en donne une infinité en même temps, déclara Abel. C’est tout et rien à la fois.