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The Elder Scrolls V : Skyrim

Sujet : [Fic] Une vie d'élu
Newradion44
Niveau 10
26 décembre 2020 à 00:04:27

Merci mec je te suivrais toujours :noel:

Joyeux Noël :noel:

BlackDeViL24
Niveau 35
27 décembre 2020 à 21:47:24

Merci mon bon khey.

La suite demain. https://image.noelshack.com/fichiers/2019/25/4/1561027521-ordonnateur-columbo.png

Sozrag
Niveau 10
28 décembre 2020 à 11:15:01

Je suis en train de relire toutes tes fic pour me replonger dedans.
Prends de l'avance, le plus possible stp
:hap:

Newradion44
Niveau 10
28 décembre 2020 à 16:49:32

Le 27 décembre 2020 à 21:47:24 BlackDeViL24 a écrit :
Merci mon bon khey.

La suite demain. https://image.noelshack.com/fichiers/2019/25/4/1561027521-ordonnateur-columbo.png

J'attend l'auteur et un long chapitre par pitié :noel:

Newradion44
Niveau 10
28 décembre 2020 à 16:50:28

Le 28 décembre 2020 à 11:15:01 Sozrag a écrit :
Je suis en train de relire toutes tes fic pour me replonger dedans.
Prends de l'avance, le plus possible stp
:hap:

Toi aussi tu kiff lire quand tu a la blonde de retard :bave:

Se gaver littéralement de chapitre a en crever :bave:

Ne pas en voir la fin :bave:

Newradion44
Niveau 10
28 décembre 2020 à 20:49:29

Pas de chapitre :snif:

BlackDeViL24
Niveau 35
28 décembre 2020 à 21:32:49

Wesh désolé khey, je rajoute sans cesse du contenu donc ça recule l'échéance. https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png

Ce soir ça me semble mort, sorry. Mais demain ça devrait être bon. J'avance bien malgré tout.

Newradion44
Niveau 10
28 décembre 2020 à 23:06:56

Rhaaaaaaaaaaaa :-((

Je vais faire un sacrément noir l'auteur :noel:

Non je rigole le chapitre stp : :ange:

Newradion44
Niveau 10
29 décembre 2020 à 21:19:51

Le sacrement noir va partir :noel:

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 22:12:08

Je relis et je poste. :hap:

Newradion44
Niveau 10
29 décembre 2020 à 22:18:35

Je tiens plus khey :bave:

Newradion44
Niveau 10
29 décembre 2020 à 23:05:40

Mère de la nuit envoyez moi votre enfant......

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:25:51

Chapitre 14 : Welcome to the jungle.

Comme de fait, j'eus bel et bien l'impression de refaire mes classes dans un premier temps. Tous les éléments furent réunis pour me mettre dans le bain : passage chez le couturier de la garnison pour me filer les vêtements de sport qui allaient me coller à la peau pour les quatre prochaines semaines, remise de tout un tas de bouquins destinés à me rafraîchir la mémoire sur la théorie générale du parfait petit soldat Impérial, assignations des dortoirs ultra rudimentaires dans lesquels on allait vivre pendant plusieurs semaines, mise à niveau concernant l'emploi du temps qu'on allait devoir suivre au jour le jour...Tout y était, et d'ailleurs, j'avais désormais assez de recul pour pouvoir affirmer que l'armée, à bien des égards, c'était pas bien différent de la prison finalement. Mêmes règles, mêmes contraintes...On devait constamment respecter des horaires stricts et suivre des procédures appliquées à la lettre par des petits chefs bien décidés à nous casser les couilles jusqu'au bout. Exactement comme au pénitencier de haute sécurité de Fort Tharn en fin de compte, sauf qu'ici, les détenus étaient remplacés par des soldats.

Concrètement, la base militaire de Fort-Lancier était située à l'extrême est du Dun, à quelques kilomètres à peine de la frontière de Morrowind. Elle était un peu excentrée du reste du département, et était par ailleurs située dans l'un des rares arrondissements qui n'était pas encore totalement recouvert par la ferraille et le béton. Ici, au pied des montagnes de Valus, un peu à l'écart de l'infernale mégapole qui constituait le reste de Cyrodiil, persistaient quelques espaces verts que la Légion Impériale avait entièrement réquisitionné pour ses besoins personnels. Nous avions donc à disposition de rares et précieux hectares de forêts et de prairie, loin de toute activité civile, ce qui était un véritable atout pour les différentes formations que devaient suivre tout un tas de soldats.
Il y avait, pêle-mêle, d'immenses champs de tirs de toutes sortes – que ce soit pour les archers, les arbalétriers, ou même les artilleurs -, différents parcours d'obstacles et du combattant, pas mal de sous-bois et praires vierges destinées à apprendre et répéter en conditions réelles les nombreuses formations de combat, et bien évidemment, au beau milieu de toute cette verdure, de nombreux bâtiments destinés à des rôles bien précis, qu'il s'agisse de dortoirs, d'ailes administratives, de centres d'opération, ou plus simplement encore, de zones d’entraînement à thème.
En vérité, la base militaire de Fort-Lancier était vraiment immense. Peut-être même plus grande que la cité impériale en terme de superficie. Et le moins que l'on pouvait dire, c'était que l'Empire y avait mis les moyens. Combien de dizaines de millions de Septims devaient coûter des infrastructures de ce genre ? Car il ne s'agissait pas d'une garnison lambda pour le coup, mais d'une base de cavalerie impériale qui servait notamment de QG à un régiment de forces spéciales. A l'évidence, tout était constamment entretenu et remis à neuf ici, pour s'assurer que le personnel en place disposait des meilleures ressources. A titre de comparaison, la vieille base vétuste et dégueulasse du onzième de cavalerie, où j'étais autrefois affectée, avait une allure de refuge pour SDF...
Non non, ici, l'Empire mettait les moyens, et ça se voyait...

Les formateurs ne nous avaient pas menti. Le premier mois de sélection fut atrocement pénible, pour la simple et bonne raison que ce fut celui qui ressembla le plus aux classes à proprement parler, un degré de violence et de sournoiserie en plus. Notamment, l'on nous infligea toute une série d'épreuves destinées à tester notre résistance et notre détermination, et si ce genre de supplice m'avait déjà paru particulièrement pénible lors de mes classes à l'académie militaire impériale, ce n'était rien en comparaison de ce que nous firent subir les formateurs du RAC. En même temps, ils nous avaient prévenu : On était des soldats, pas des civils. Il fallait donc passer directement aux choses sérieuses...
-On a froid pétasse ?! Railla le sergent Roderic Hiriel, le gueulard, tout en me renversant un énorme seau d'eau glacée sur la tête.
-Non sergent ! Répondis-je aussitôt.

Cette épreuve notamment, fut épouvantable :
Profitant du fait que nous étions encore officiellement en hiver, les formateurs avaient eu l'excellente idée de nous faire rejoindre l'un des petits lacs situé dans le domaine de la garnison.
Là, à des températures encore négatives, l'on nous avait alors forcé à nous mettre en sous-vêtements, à gratter la couche de glace qui stagnait à la surface du lac, et à nous glisser dedans jusqu'aux épaules. Et non ce n'était pas une blague : on état littéralement à poils, dans de l'eau à un ou deux degrés, à se faire dénigrer comme les pires des merde et à fréquemment prendre des seaux d'eau gelée sur la gueule « parce que c'était bon pour le teint ».
Problème : les cheveux trempés givraient, les membres plongés dans l'eau glacée s'engourdissaient, et il fallait malgré tout parler, communiquer avec nos formateurs, prouver que le corps était capable d'outrepasser la douleur pour mieux se concentrer sur l'objectif. En l’occurrence, simplement tenir une conversation.
Quiconque avait déjà plongé dans un ruisseau montagneux pouvait témoigner de l'infernal supplice que représentait une immersion dans de l'eau glacée. C'était comme se faire poignarder, littéralement. Ça revenait à se prendre des centaines de coups de couteau partout en même temps, sur chaque centimètre carré de peau. Ça vous brûlait, ça vous tiraillait, ça vous pourfendait de part en part...Bien sûr, je comprenais l'intérêt de ce genre d'épreuve. Un civil aurait trouvé ça grossier et stupide, voir inutile, mais pour un soldat, c'était clair : le but était de nous faire comprendre à quel point le corps humain était solide, à quel point il pouvait encaisser bien plus que nous ne l'imaginions, et à quel point ce formidable outil nous serait utile dans notre future vie d'opérateur des forces spéciales.
Pour un civil, toute cette procédure n'avait aucun intérêt, mais pour un soldat, c'était primordial au contraire. Pouvoir encaisser la douleur et répondre à des questions, c'était prouver que l'on était capable de se concentrer sur un objectif en dépit d'une situation inconfortable. Par analogie, une personne capable de parler normalement alors qu'elle était pourtant plongée nue dans un lac gelé, serait une personne capable de se concentrer sur l'ennemi et de mener à bien sa mission, même au beau milieu d'un champ de bataille où ça gueulait et tirait dans tous les sens.
Le corps pouvait encaisser énormément de choses. On s'était habitué au confort, à l'eau chaude, à la bonne nourriture, et on pensait à tord que le fait de nous priver de tout ceci nous tuerait.
C'était oublier un peu vite que nos ancêtres avaient longtemps vécu dans des conditions qu'on jugerait ignobles aujourd'hui, et que loin de se laisser abattre, ils avaient au contraire posé leurs couilles sur la table et fait prospérer l'humanité comme aucune autre race ne l'avait fait avant elle.
Le corps pouvait encaisser bien des choses oui. L'épreuve, la vraie, était avant tout mentale, et c'était précisément là dessus que les formateurs appuyaient. Ils cherchaient à nous casser, mais également à nous transcender, à nous faire oublier notre petite vie confortable de citoyen impérial pour mieux nous ramener à notre véritable condition : Celle de prédateurs solides et implacables...
-Velarius, qu'est-ce que tu fous à la cavalerie ?! Questionna sèchement le sergent Clagius Senarel, le formateur en chef, en direction du seul Khajiit de la sélection. On sait tous que les poilus savent pas monter à cheval !
-Je suis la nouvelle génération de poilus ! Répondit aussitôt l'intéressé.
-Ah ouai ?
-Oui sergent ! On est pas discrets, on est aveugles dans le noir, on nage bien, et on monte à cheval ! Expliqua le Khajiit, transit par le froid, mais déterminé comme jamais. Et je baise les sœurs des Thalmors à tour de bras, pour la gloire de l'Empire !
-Hourra ! C'est ça qu'on veut ! L'acclama le sergent Senarel.

Le Khajiit prit un seau d'eau glacée sur la tête en guise de récompense.
-Matius ! Tu apprécies ton bain ? Questionna le sergent Hiriel en se tournant vers la recrue située juste derrière. Comment tu trouves l'eau ?
-Pa-pa-pa'fai'e se-se-se'yent ! Bégaya l'Impérial, tellement gelé qu'il en avait du mal à faire fonctionner sa mâchoire.
-T'es sûr ?! Se moqua le sous-officier. Tu peux tout arrêter si tu le veux ! Suffit de sortir ton gros cul de là et d'aller sonner la cloche des perdants !

Le sergent désigna un gros trépied à quelques mètres de nous, posé sur la berge et au sommet duquel trônait une grosse cloche. La « cloche des perdants » comme l'appelaient solennellement les formateurs, qui nous accompagnait en toutes circonstances, et qu'il suffisait de sonner pour marquer la fin de notre supplice.
-...Allez mon gars. Insista le sergent Hiriel en s'agenouillant sur la couche de glace, juste à côté du pauvre Matius dont seule la tête dépassait. Tu pourras rentrer chez toi et te faire un bon chocolat chaud. C'est vrai quoi, pourquoi t'infliger tout ça ?

Le sous-officier adoptait un ton presque paternel désormais. Presque rassurant.
-T'as vu où tu es ? Tu imagines où tu pourrais être ? Expliqua gentiment Roderic Hiriel. Là t'es en train de te faire chier pour...Quoi ? On prend le risque de se faire buter tous les jours pour un Empire qui se fout totalement de notre gueule, tout ça pour un solde de misère. On est des pions, des numéros. Tu veux passer ta vie à être un numéro alors que tu pourrais trouver un bon taff dans la fonction publique, rencontrer une petite meuf et une vivre une petite vie tranquille ? Putain, si je pouvais revenir en arrière, moi j'hésiterais pas en tout cas !

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:26:10

J'observai la scène sans piper mot, terrassée par le froid, mais également agacée par les manœuvres énervantes des formateurs. Évidemment qu'ils tenteraient de nous faire flancher par tous les moyens possibles. Par la force bien sûr, mais également par la sournoiserie...
-...Il n'y a aucune honte à sonner la cloche va. Poursuivit le sous-officier à l'attention de Matius. C'est même une décision forte si tu veux mon avis. C'est montrer que t'as les couilles d'envoyer chier tous ces abrutis, et de vivre ta propre vie, celle que tu souhaites réellement.

Matius posa soudain ses deux mains sur la glace, visiblement prêt à sortir de l'eau et à abdiquer.
Plusieurs cris de protestations s’élevèrent aussitôt parmi les recrues, chacun tentant par tous les moyens possibles de retenir et d'encourager le pauvre Matius.
-Non mec arrête !
-Tiens bon frère ! C'est juste dans ta tête !
-Gros arrête ! Si t'abandonnes maintenant tu t'en voudras toute ta vie !
-...Tu tu tu ! Laissez le donc faire ! Railla le sergent Hiriel avec un sourire mauvais sur le visage.

Matius parut hésiter, brièvement ragaillardi par les encouragements des autres recrues.
Hélas, la douleur semblait l'avoir définitivement emporté sur sa détermination, aussi finit-il par sortir de l'eau sous un véritable tonnerre de protestions et de cris désespérés, se diriger vers la cloche, et la sonner mollement, abattu et résigné.
-Et voilà ! Triompha le sergent Roderic Hiriel sans aucune foutue forme de compassion, alors que Matius était immédiatement pris en charge par d'autres formateurs, et évacué de la zone de l'épreuve. Regardez-le, ce gros fragile de mes deux ! Vous dites « bon courage », moi je dis « bon débarras » ! Un connard qui flanche ici sera le premier à flancher sur le champ de bataille ! Vous vous prenez un carreau dans le bide, et lui vous laisse sur place pour sauver sa propre gueule ! C'est ce genre de coéquipiers que vous voulez?!
-...Et toi Salvarus ? Grinça Clagius Senarel en approchant de la recrue suivante. Tu veux sonner la cloche des perdants ? T'as une tête de perdant ! Allez, dégage de mon lac et vas sonner la cloche des perdants !
-Plutôt crever sergent ! Répondit immédiatement l'intéressé, transit par le froid lui aussi, mais visiblement bien plus déterminé que Matius.
-Oh mais tu vas crever, t'en fais pas...Railla le formateur en chef. C'est pour ça qu'on vous forme après tout, pour crever à la place des autres...
-Pas moi sergent ! Répliqua la recrue. Moi je suis là pour buter les ennemis de l'Empire, brûler leurs maisons, et baiser leurs mamans !
-Je sens que t'as du mal à articuler ! L'apostropha à son tour le sergent Hiriel. T'as froid, avoue ? T'as la langue engourdie ?
-C'est à forcer de bouffer des chattes, sergent !
-Brave petit !

Salvarus prit un seau d'eau glacée sur la tête. Ce fut ensuite à mon tour d'être emmerdée...
-...Et toi Othril ?! Aboya le sergent Hiriel en s'agenouillant près de moi. Qu'est-ce que tu fous ici ?! C'est pas une école pour bonnes femmes putain, c'est le RAC, la crème de la crème ! Je veux des guerriers, pas des cuisinières ou des ménagères !
-Je suis un guerrier sergent ! Répondis-je aussitôt.
-Un ? Releva le sous-officier.
-Oui sergent ! Un guerrier avec un énorme clito cent pour cent impérial, et une grosse paire d'ovaires bien velus ! Et je les pose fièrement sur le front de tous ces putains d'Elfes bizarres avec leurs grandes oreilles !

Le formateur me jeta un seau d'eau à la gueule, non sans avoir étouffé un rire.

Les épreuves se succédèrent ainsi durant des jours et des jours, sans pause, sans répit, cherchant constamment à nous casser, mais également à nous renforcer.
-Je veux voir des guerriers, par les couilles de Molag Bal ! Gueula Roderic Hiriel alors qu'on nous faisait cette fois-ci pomper en rythme dans la boue, côte à côte, bruns et poisseux de la tête aux pieds. Et comptez plus fort bande de gros sacs à merde ! J'entends rien !
-Dix-neuf ! Résonnèrent nos voix à l'unisson. Vingt ! Vingt-et-un!
-On vous a dit plus fort, bande d'imbéciles ! Insista Clagius Senarel.
-VINGT-DEUX ! VINGT-TROIS !

Puis il y avait toutes ces courses à pied, en formation, en rythme, que ce soit en armure lourde sur le béton de la caserne, ou à poils dans le givre matinal des praires du nord-est...
-...Cinq lâcheurs, déjà cinq, et ça fait même pas deux semaines que vous êtes là ! Aboya Roderic Hiriel en trottinant à côté de nous. Je veux mon sixième à la fin de cet exercice, pigé ? Comme ça je pourrai monter mon escadron de lâcheurs ! Et je vous enverrai tapiner dans les ghettos du Dun ! Ah mais vous en faites pas, je sais rentabiliser mon investissement moi ! Je vais m'en faire du fric, avec vos petits culs de puceaux ! Mais je suis réglo comme mac hein, je vous donne cinq pourcent de mes bénéfices ! Alors, ça branche quelqu'un ?

...Puis les exercices psychotechniques, qui n'étaient pas bien difficiles en soit, mais qu'on avait toujours la bonne idée de nous faire faire vers trois heures du matin, quand on était totalement à bout, histoire d'être bien sûrs qu'on rate même les questions de logique les plus élémentaires...
-... Hlaano tu te fous de ma gueule ?! Jura le sergent Hiriel en attrapant furieusement la copie du seul autre Dunmer de la sélection, alors que nous nous trouvions désormais dans une petite salle de classe à peine éclairée par quelques bougies, en pleine nuit, et tous au bout de nos vies.
-Je...Pardon sergent ? Bégaya la recrue.
-La moitié du quart de quarante-huit, ça fait trois-cent quatre-vingt-quatre peut-être ?! T'es quoi pour une race de débile mental toi ?! Tu ne fais plus la différence entre les divisions et les multiplications maintenant ?!

Évidemment, c'était couru d'avance. Crevés et poussés à bout comme on l'était, même les calculs les plus simples devenaient tout à coup particulièrement compliqués.
Me concernant, je tenais bon, mais je sentais bien que la fatigue m'empêchait de réfléchir comme j'aurais dû le faire en temps normal. Et à ce sujet, les formateurs rivalisaient d'astuce, comme cette nuit où l'on nous avait encore une fois réveillé pour mieux nous forcer à écrire une dissertation ayant pour sujet « Les carottes, crues ou cuites ? », et en exigeant bien entendu un développement sur quatre pages recto verso.
-Who who ! Qui c'est que je viens d'entendre ronfler là ?! Vociféra Clagius Senarel en faisant le tour de la salle de classe comme un dément. Cinq minutes que vous êtes là, et vous avez déjà envie de pioncer ?! Il y a pas de fainéants ici ! Celui qui veut dormir, je l'envoie faire un tour de vingt kilomètres dans les bois avec le sergent Colollius ! Il adore marcher !

S'ensuivirent d'autres épreuves physiques, encore et encore, sans jamais nous arrêter...
-...putain mais QUI t'a donné l'ordre de rigoler tête de noeud ?! Aboya le sergent Hiriel en direction de Velarius, le Khajiit, lors d'une épreuve d'endurance matinale où l'on nous avait complètement immergé dans un marais boueux, et où seule notre tête dépassait de la vase.
-Je ne rigole pas serrppphhhfffpphhrrrr ! Pouffa la recrue.
-Ah ça fanfaronne hein ! Railla le sous-officier. Mais je vais vous faire passer l'envie moi ! Allez, tout le monde en apnée dans la boue ! Hop hop hop !

Des rires étouffés parcourent aussitôt l'ensemble des recrues, avant que nous nous exécutâmes, et plongeâmes volontiers dans la vase. En vérité, les semaines passaient, et le processus des formateurs était en train de porter ses fruits : Petit à petit, on ne craignait plus le froid, ni l'humidité, ni la saleté, ni la fatigue. Nos corps s'endurcissaient, nos esprits s'aiguisaient, et ce qui aurait autrefois été un calvaire, devenait peu à peu une partie de plaisir.
La preuve : on nous foutait littéralement la gueule dans la vase, et nous, ça nous faisait marrer.
-Allez allez, on apprécie le moment ! Commenta le sergent Senarel en faisant le tour de la marre boueuse. C'est bon pour le teint ! Ah vous en avez de la chance, d'être avec nous ! On prend soin de vous, pas vrai ?!
-...Pourquoi tu te marres aussi toi ?! Aboya le sergent Hiriel en venant coller sa tête contre la mienne. T'en a pas eu assez ?!
-Je... ! Mphhrrrphhhrrphhr ! Éclatai-je à mon tour.
-LA TETE DANS LA BOUE ! Gueula de nouveau le sous-officier.

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:26:30

Ce fut d'ailleurs vers ces moments là, lorsque les épreuves cessèrent d'être difficiles pour mieux devenir des formalités, que la structure du programme de sélection changea radicalement.
Encore une fois, les formateurs n'avaient pas menti. Sous leurs airs de bourrins cruels et injustes, ils maîtrisaient parfaitement leur protocole, et ça se voyait. Ils nous avaient prévenu, avaient bien précisé que le premier mois serait le plus difficile, et que ce serait ici que la plus grosse partie des candidats seraient écartés. Le programme de sélection changea donc brusquement de visage lorsque les épreuves de résistance physique et d’endurance laissèrent soudain place à une dernière semaine intensive de tests médicaux et d'entretiens psychologiques en tous genres. Bien sûr, on avait déjà eu quelques petits tests écrits lors de nos trois premières semaines de sélection, mais ils avaient essentiellement été employés pour mieux nous casser moralement, le fond ayant finalement peu d'importance. Or cette dernière semaine nous mit cette fois-ci face à de véritables épreuves intellectuelles, destinées à vérifier si nous étions oui ou non aptes à faire fonctionner nos méninges, à développer des raisonnements logiques, mais également à correspondre aux profils que recherchait le Régiment Autonome de Cavalerie.
En fait, cette semaine à elle seule éjecta autant de candidats que les trois premières semaines d'épreuves réunies, comme j'eus l'occasion de m'en rendre compte à la toute fin...
-...Tu coinces Othril ? Railla le sergent Senarel alors que nous étions cette fois-ci par groupe de trois, dispersés de part et d'autres d'une petite salle de classe silencieuse, tentant tant bien que mal de compléter des feuilles et des feuilles de tests psychotechniques.
-Non sergent. Je réfléchis sergent. Répondis-je, non sans éprouver un profond malaise malgré tout, et pour cause :
Les heures et les pages défiaient à un rythme si effréné que mon cerveau commençait à surchauffer. Bien sûr, pas mal d’exercices restaient relativement faciles...

«Exercice 41 :
 Si :
4+A = 3
5+B = 25
A+B = 19

Combien vaut A ?
1) 14
2) -1
3) 5

Exercice 42 :
Entourez l'intrus :

-Violon
-Harpe
-Flûte
-Luth »

Mais alors d'autres, par contre...

« Exercice 58 :

Combien voyez-vous de triangles dans cette image ? »

Et de me montrer une image composées de triangles, s'imbriquant les uns dans les autres jusqu'à former de nouveaux triangles entre eux, au point d'en former pratiquement une infinité si l'on cherchait à compter la moindre forme triangulaire apparaissant sur le dessin. Le genre d’exercice d’observation totalement débile sur lequel on pouvait perdre un temps fou, en plus de finir avec le cerveau grillé et un œil qui louche.
En fait, pris indépendamment les uns des autres, ces exercices n'étaient jamais bien compliqués, et ce n'était pas là leur but d'ailleurs. L'utilité inavouée de ces tests à rallonge, c'était de nous rendre confus, fébriles, de nous surcharger la tête de calculs et de raisonnements à n'en plus finir, jusqu'à nous faire perdre le fil. Le but final de ces exercices n'était donc pas tant de mesurer notre intelligence que notre aptitude à rester constants sur le long terme, et à vérifier si les exercices de fin, pas forcément plus compliqués que ceux du début, étaient eux aussi résolus de manière correcte.
Si l'on constatait une continuité dans les réponses, cela voulait dire que le candidat était apte à rester concentré sur un objectif ou une situation donnée. A l'inverse, si sa courbe de bonnes réponses chutait au fil des pages, cela signifiait clairement qu'il avait du mal à garder les idées claires dans la durée. Et ça pour le coup, c'était problématique pour un opérateur des forces spéciales amené à effectuer des missions pouvant parfois durer plusieurs jours d'affilée...
-On aura les réponses quand ? Questionnai-je en rendant ma dernière feuille.
-Mêle toi de ton cul ! Répliqua le sergent Hiriel en m'arrachant le questionnaire des mains.

Il y eu bien évidemment les tests de personnalité, bien relous et pervers, de plusieurs dizaines de pages, où on vous posait quatorze fois la même questions sous des formulations différentes, pour être bien sûr et certain que vous n'étiez pas un fragile, un sociopathe, une grande gueule, voir tout simplement un mythomane compulsif.

« Question 29 :
Entre ces quatre propositions, vous définiriez-vous plutôt comme :
-Docile
-Aventureux
-Indiscipliné
-Indépendant »

Et quelle était la bonne réponse, sincèrement ? Car il n'y en avait tout simplement aucune.
On attendait d'un soldat des forces spéciales qu'il soit concentré et rigoureux, mais certainement pas qu'il soit « docile ». A l'inverse, l'on n'attendait absolument pas non plus de lui qu'il soit « aventureux » ou « indépendant », car c'était justement des traits de caractère qui se mariaient très mal avec l'esprit d'équipe et le sang froid nécessaires à l'intégration d'une unité de forces spéciales.
« Indiscipliné » j'en parlais même pas...Quoi que...
Avec du recul, c'était peut-être la moins pire des quatre réponses, paradoxalement...

Il y eut ensuite les visites médicales, et elles non plus ne furent pas de tout repos. J'avais beau y être habituée de part mon travail, il n'empêche que celles-ci étaient vraiment poussées. On nous auscultait littéralement sous toutes les coutures. J'eus même l'impression d'être une pièce de collection, analysée par tout un tas d'experts en vue d'établir ma valeur sur le marché des œuvres d'art. Il fallait respirer fort, tousser, renifler, cracher, pisser, se coucher comme ceci, s'asseoir comme cela, parler puis se faire, écouter des sons diffus, regarder des chiffres minuscules sur des tableaux, se faire peser, se faire mesurer, se faire prendre des échantillons de sang, de salive, d'urine, de cheveux, se faire ausculter les oreilles, le nez, le dos, les genoux, des chevilles, les coudes, les épaules...Puis fallait courir sur un tapis Dwemer circulaire, à petit trot, puis à grandes foulées, sauter, s'accroupir, se remettre debout, s'allonger, se relever, sprinter puis s'arrêter d'un coup...Le tout sous les regards attentifs d'une dizaine de mages et de médecins occupés à analyser le moindre mouvement effectué par notre corps, et de s'assurer que la machine était parfaitement fonctionnelle avant de seulement songer à l'envoyer sur le terrain. Je croyais bien n'avoir jamais subi des examens aussi poussés...Même aux services de renseignements ils n'étaient pas allés aussi loin...

Et puis bien sûr, il y eut les fameux entretiens avec les psychologues. Levus Mico m'avait mis en garde contre ces foutus entretiens psychologiques, bien qu'il n'eut pas réellement besoin de le faire cela dit, car j'étais déjà parfaitement au courant du genre de questions qu'on allait me poser.
On allait subrepticement me pousser à bout, m'ouvrir le cerveau et le retourner dans tous les sens, s'assurer que rien de louche, de sensible ou d'incompatible ne pourrait se cacher là dedans.
Une manière de boucler la boucle en quelque sorte, car ces entretiens - surtout le dernier - étaient la conclusion de ce premier mois de sélection. Ils recoupaient à la fois les observations des formateurs vis à vis des épreuves physiques, les résultats des tests médicaux, et bien évidemment, ceux des tests psychotechniques et de personnalité. Autrement dit, un joyeux foutoir au sein duquel un véritable armada de psychologues allait tirer des observations, puis des conclusions. Et ils n'allaient pas se garder d'appuyer sur nos points faibles, là où ça faisait bien mal, histoire de parachever un premier processus de sélection tout bonnement impitoyable.
En fait, il y eu réellement deux entretiens à proprement parler. Un premier, plus abstrait, plus nébuleux, visiblement destiné à cerner ma psychologie ainsi que d'éventuelles faiblesses. Et un second, qui prenait quand à lui la forme d'un compte rendu final, et d'une longue discussion visant à débattre de mes motivations eu égard de tout ce que l'on avait appris sur moi durant ce premier mois de sélection.
L'un comme l'autre furent assez déstabilisants pour être tout à fait honnête, bien que ce ne fut pas pour les mêmes raisons...
-...On va faire de la libre association. M'expliqua calmement l'un des deux psychologues que j'eus face à moi lors du premier entretien, alors que l'on m'avait amenée dans un petit bureau dépouillé aux allures de morgue. Je cites un mot, et vous me citez spontanément le mot qui vous vient à l'esprit, sans réfléchir. Vous comprenez le principe ?
-Oui, je comprends. Répondis-je.

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:26:53

Le premier psychologue se concentra, et me sonda du regard durant de longues secondes. Son collègue quand à lui, un mage de la cellule psychologique, resta profondément silencieux pendant la première partie de l'entretien.
-Empire ? Commença finalement l'interrogateur.
-Maison. Répondis-je.
-Morrowind ?
-Ennemi.

Mon interlocuteur sourit, alors que de mon côté, je me sentais déjà rougir...
-...Arme ? Poursuivit-il.
-Ressource.
-Genoux ?
-Faiblesse.
-Arbalète ?
-Précis.
-Soldat ?
-Nécessaire.
-Oiseau ?
-Liberté.

Le mage griffonna plusieurs fois dans son carnet, sans piper mot. Je devais bien admettre qu'il me stressait l'imbécile, à rester là, silencieux et impassible comme une grosse pierre tout en notant – et sûrement en interprétant à mort – la moindre de mes réponses.
-...Chaos ? Enchaîna le premier psychologue.
-Euh je...Faibl...euh...Mal ? Bégayai-je.
-Cavalerie ?
-Métier. Me rattrapai-je.
-Trompette ?
-Musique.
-Opérateur ?
-Professionnel.
-Nuit ?
-Cau...Cauchemar...Hésitai-je, bien que ce fut pourtant ma réponse la plus spontanée.
-Feu ?
-F...Euh...Br...Brûlure. Bégayai-je carrément pour la deuxième fois.

Le mage griffonna de nouveau son carnet, alors que son collègue, pas beaucoup plus expressif, me toisa silencieusement durant plusieurs secondes. Un peu comme si il avait soudain entrevu quelque chose...
-Lave ? Reprit-il alors.
-Le...Euh...La...Brûlure. M'empêtrai-je à nouveau.
-Lave ? Insista brusquement le psychologue.

Putain...J'aurais dû m'en douter...
-...Douleur. Répondis-je enfin, sachant d'ors et déjà que cette réponse me vaudrait une investigation approfondie, pour la simple et bonne raison qu'elle arrivait après plusieurs cafouillages de ma part.

Je l'aurais donnée spontanément dès la première question, il n'y aurait pas eu de soucis, et l'on en serait resté là. Hélas, il ne fallait pas prendre les psychologues des forces spéciales pour des imbéciles. C'est évident, qu'ils avaient immédiatement cramé un problème chez moi...
-Morag Tong ? Enchaîna bientôt l’interrogateur.
-Mystérieux...Répondis-je, sans beaucoup plus de conviction dorénavant, dépitée et cassée net par mes hésitations fatales.
-Chouette ?
-Nocturne.
-Glaive ?
-Métal.
-Daedra ?
-Ennemi.
-Confrérie ?
-Blaireaux.
-Troll ?
-Monstre.
-Assassin ?
-Éradication.
-C'est bon pour moi, j'ai terminé. Conclut soudain le psychologue, et sans afficher la moindre émotion qui plus est. Autant dire qu'il était tout bonnement impossible de cerner dans quelle mesure je m'étais plantée...
-Vous avez un vrai blocage avec le feu, la lave et tout ce qui touche aux Daedras. Annonça sans détour le mage de la cellule psychologie. Je le mentionne car cela semble vous affecter bien plus que la plupart des gens. Par ailleurs, vous faites preuve d'une distance et d'un recul étonnant vis à vis de la réalité de terrain du légionnaire impérial. En tout cas pour ce que l'on attend d'un opérateur des forces spéciales. C'est peut-être parce que vous êtes officier, et probablement parce que vous avez passé six longues années au sein des services de renseignement, mais toujours est-il que votre esprit n'assimile pas les mots clefs du langage militaire de la même manière que la plupart des autres candidats.

Je restai silencieuse, l'esprit bétonné dans une gigantesque carapace protectrice.
Je ne savais tout simplement pas quoi penser, pas quoi répondre. Je voulais juste attendre que ça passe, et que se termine cet entretien porteur de malaises et d'humiliations.
-...Vous avez du mal à dormir ? Questionna le mage en me fixant à son tour de ses yeux perçants.
-Pas spécialement...Enfin pas la plupart du temps...
-Vous ne semblez pas être affectée par vos missions au sein des services de renseignement. Fit remarquer mon interlocuteur. Pourtant, il est communément admis que votre métier est extrêmement difficile à supporter sur le plan psychologique. Peut-être même plus que celui d’un opérateur des forces spéciales d'ailleurs. Comment expliquez-vous ce détachement ? Vous étiez tout de même infiltrée au sein de la Confrérie Dunmer. C'est tout sauf anodin...
-J'avais une mission à accomplir. Expliquai-je simplement. Je connaissais les enjeux et les conséquences. Je voulais aller jusqu'au bout, et je savais que je faisais les bons choix. Je veux dire...Vous auriez vu ce que j'ai vu...On ne peut pas éprouver le moindre scrupule à mener sa mission à bien, quand on est constamment confrontée à des ordures pareilles...
-Des « ordures » que vos rapports mentionnent tout de même comme étant globalement des « pauvres gens » et des « malchanceux ». Insista le mage en feuilletant des dossiers qui, pour le coup, ressemblaient furieusement à mes anciens rapports des services de renseignements.

L'individu sembla d'ailleurs relever assez vite ma perplexité.
-...Oui, ce sont bien vos rapports. Acquiesça le mage en réponse à ma question silencieuse. Privilège des forces spéciales. Nous avons pu mettre la main dessus.
-On ne peut pas se poser ce genre de question en mission. Répondis-je finalement. Pas quand autant de vies sont en jeu. On est conscient des choses, mais les conséquences sont trop importantes que pour se laisser aller au sentimentalisme. Il faut rester pragmatique. Ce sont des pauvres gens bien entendu, je le pense toujours, mais ils représentaient un danger pour la société impériale, et ce danger, je me devais de le combattre. Je devais mener ma mission à son terme. Voilà ce qui me permet de tenir le cap aujourd'hui, je suppose. Faire ce que je sais faire le mieux, un pas après l'autre, et ne pas me torturer l'esprit avec les choses sur lesquelles je n'ai de toute façon aucune influence.

Le mage griffonna rapidement quelque chose dans son carnet. Le psychologue quand à lui, continua de m’observer en silence.
-...Je conçois ce que vous dites. Reprit le mage en plantant de nouveau son regard dans le mien. Ça rejoint votre tempérament profondément pragmatique. C'est une bonne chose. A vrai dire, ce n'était pas vraiment dans cette direction que je souhaitais creuser. Dites moi un peu...

Mon interlocuteur s'interrompit, se gratta le menton tout en m'observant d'un air pensif, puis reprit :
-...Parlez-moi de vos cauchemars.

Je fus bien tentée de lui demander ce qui pouvait bien lui faire penser que je faisais des cauchemars, mais c'eut véritablement été le prendre pour un abruti de première, surtout quand j'avais conscience de m'être totalement cramée moi même à ce sujet.
Le vrai problème en l’occurrence, c'était qu'il me demandait désormais de me confier ouvertement sur un sujet dont je n'avais jamais parlé à qui que ce soit jusqu'ici. Par honte d'une part, mais aussi parce que je m'étais toujours imaginée que ce n'était pas bien grave. Après tout, tout le monde faisait des cauchemars non ? Je n'avais jamais vraiment prit la peine de m'en inquiéter plus que ça...
-Je ne sais pas d'où ça me vient...Commençai-je, préférant jouer la carte de la sincérité maintenant que j'étais flinguée de A à Z. Ça s'est calmé avec le temps, mais quand j'étais petite, je me souviens que j'avais un sommeil agité...
-Développez ?
-Je...C'est flou, mais...Il y avait du bruit, beaucoup de bruit. Ça me faisait peur. Puis du feu, de la lave partout. Et un boucan incroyable. C'était vraiment ça qui m'effrayait le plus en fait, cette lave, cet univers...Euh...Comme un paysage volcanique, avec du feu, du boucan, et euh...
-N'ayez pas peur, il n'y a pas de termes ou de phrases stupides lorsque l'on tente de décrire un rêve. Me rassura le mage. Je cherches simplement à comprendre.

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:27:10

Je rassemblai rapidement mes idées, et tentai tant bien que mal de visualiser de nouveau ces rêves qui m'avaient souvent hanté durant mon enfance. Ce qui n’était pas chose facile d'ailleurs, car c'était véritablement la première fois que l'on me questionnait à ce sujet, et que je devais donc y mettre des mots.
-...C'est difficile à expliquer. Repris-je. Dans mes souvenirs, je vois comme des immenses créatures naviguer dans la lave. Elles grondent. C'est assourdissant. Ça remue le ciel et la terre. Et ça me terrifie...
-Vous faites encore ce cauchemar aujourd'hui ? Questionna soudain le psychologue, reprenant la parole pour la première fois depuis son exercice de libre association.
-C'est très rare. Admis-je. Et c'est plus volontiers des souvenirs de souvenirs...Euhm...Comment dire...
-Je vois ce que vous voulez dire. Acquiesça aussitôt le mage. Je pense que vous avez vécu un traumatisme durant votre enfance. Hélas, rien n'est consigné nul part à ce sujet.

Il feuilleta de nouveau mon dossier :
-...Orpheline...Enfance à peu près sans histoire au sein de l'orphelinat de Terre-Neuve...Vocation militaire dès l'âge de seize ans...Hmmm...Il y a quelque chose quelque part, mais de là à dire quoi...Et je sais que vous ne vous en rappelez pas vous même, ça se sent dans vos explications...Hmmmm...Peut-être...

Le mage sembla hésiter, puis poursuivit, comme prit d'une intuition :
-Vous vous rappelez de votre vie avant l'orphelinat ? Vous étiez trop jeune pour avoir un souvenir net bien sûr, mais il est fréquent que les bébés, même de quelques mois à peine, conservent des images éparses de leur vie de l'époque. Rien à ce sujet ?
-Euh...Je vous avoue que...Réfléchis-je, tentant par tous les moyens possibles de me rappeler de quoi que ce soit datant de cette période de ma vie. Euh franchement...Il paraît que j'avais à peine un an lorsque j'ai été abandonnée par mes parents, alors honnêtement...
-Bon, ça ne fait rien. Conclut mon interlocuteur en refermant mon dossier. En ce qui me concerne, je pense qu'il y a quelque chose datant de cette époque. Quelque chose que vous avez vécu étant bébé, et qui vous suit depuis. C'est flagrant au vu de vos réponses à cet entretien. Alors bon, je vous rassure tout de suite : Rien de bien dramatique en sois. C'est beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit d'ailleurs. Et visiblement, ça ne vous empêche pas de dormir au quotidien, ni de vous en sortir dans la vie, mais par contre, ça semble tout de même garder une certaine emprise sur vous. Inconsciemment du moins. Ça peut même être un frein à bien des égards. Il faudra travailler là dessus...

Pour être honnête, je ne sus pas exactement comment interpréter sa réponse. « Travailler là dessus » ? Est-ce que ça voulait dire que ce blocage manifeste était suffisamment bénin pour m'intégrer au RAC, et éventuellement y travailler par après ? Ou bien fallait-il au contraire y voir un détail rédhibitoire, sur lequel je devrais toutefois travailler personnellement, loin du RAC, pour mon salut personnel ? C'était ça le plus chiant avec les entretiens psychologiques au final : on ne savait jamais vraiment si on avait réussi ou raté, si on avait fait bonne impression ou pas, car ces salopards de psy ne laissaient jamais rien transparaître. Pour eux, souvent, il n'y avait pas de « bonne » ou de « mauvaise » réponse, juste des réponses. Le problème en l'occurrence, était que certaines de ces réponses seraient malgré tout inadéquates avec les exigences du RAC. Et ça ouai, ça me faisait flipper. Où en étais-je finalement ? Étais-je en bonne voie, ou sur le point de me faire dégager ?
Mes cauchemars d'enfance, aussi anodins soient-ils, allaient-il réellement avoir un impact sur ma sélection ? Quelle importance aurait-ce selon leurs barèmes ? Faiblesse éliminatoire, ou excès de zèle d'un psychologue un peu trop curieux ?
-...Pourquoi tu veux rentrer au RAC, Othril ? Me questionna finalement le lieutenant Valgus Florius, le psychologue en chef du RAC, alors que je terminais ma semaine d'examens intensifs dans un petit bureau croulant sous les dossiers et la paperasse en tous genres.

Cette fois-ci, c'était la dernière, la finale des finales, car cette entretien était celui qui concluait mon premier mois de sélection, celui qui faisait la synthèse de tout ce qu'ils avaient appris sur moi durant les tests, les épreuves et les entretiens précédents.
-Parce que c'est logique pour moi lieutenant. Répondis-je, fatiguée, lassée, mais bien décidée à mener ma sélection à son terme. Je ne me vois nul part ailleurs qu'ici.
-Pour toi c'est logique, oui. Rétorqua aussitôt le psychologue. Mais pour nous, pas forcément. Et personnellement, je ne suis pas convaincu.

Le lieutenant Valgus Florius lut plusieurs notes à voix hautes. Et là, sans aucune forme de clémence, il me balança littéralement en pleine gueule toutes les conclusions qu'avaient dressés les différents formateurs, médecins et psychologues du RAC à mon égard.
-...Physiquement irréprochable...Médicalement apte...Lut mon interlocuteur en piochant ça et là différents rapports. Élément très efficace lorsque les exercices sont abordés séparément, mais fait toutefois preuve d'une réticence inattendue lorsque les tests s’enchaînent dans un ordre volontairement illogique...Suranalyse fréquente des faits et du contexte...Le candidat rencontre des difficultés à suivre une procédure qu'il juge – à juste titre toutefois – incohérente, ce qui peut possiblement se traduire par des conflits avec sa hiérarchie. Les tests psychotechniques situent le candidat largement au dessus de la moyenne, mais les tests de personnalité persistent dans le sens des premières constatations, et révèlent une propension potentielle à l'insubordination...

Je sentis mes joues s’empourprer subitement, et voulus aussitôt protester pour défendre mon dossier. Le psychologue leva toutefois la main avant même que je n'aies eu le temps de formuler le moindre mot, m'indiquant qu'il n'avait pas fini :
-...Le candidat fait montre d'une autonomie et d'une initiative potentiellement inadéquates avec les fonctions d'un opérateur de terrain subordonné à un commandement. En matière de mental, d'expérience et de connaissances, se situe largement au dessus des profils recherchés. Motivé, méthodique, rigoureux...Semble toutefois éprouver un détachement anormal vis à vis des problématiques inhérentes aux opérateurs de terrain...Le candidat raisonne souvent comme un officier et contourne les problématiques imposées par les exercices. Son statut de capitaine ainsi que son expérience au sein des services de renseignements le rendent potentiellement inapte à se fondre dans le cadre strict d'une unité de terrain des forces spéciales...

Je restai profondément silencieuse. En vérité, j'avais l'impression que l'on venait de me taper sur le sommet du crâne avec un énorme marteau de guerre, et de m'enfoncer dans le sol jusqu'aux épaules.
Je me sentais piégée, incapable de bouger, de me débattre. J'étais clouée sur place, et j'étais totalement à la merci de mes bourreaux. A peine leur suffisait-il de m'achever.
Comment avaient-ils pu déterminer tout ceci ? Surtout, comment avais-je pu le laisser transparaître ? Je n'étais pas débile, en tout cas pas à ce point là. Je connaissais la plupart de ces tests, pour les avoir déjà passé lors de mes années d'études à l'académie militaire impériale. Je n'étais pas une civile quoi, ni une seconde classe. J'aurais dû le voir venir, être préparée, blindée contre les questions inquisitrices des différentes cellules d'examen du RAC...
Mais non, je m'étais faite avoir comme une bleue. J'avais été percée à jour, foudroyée de part en part par les méthodes des examinateurs. Je n'avais rien caché du tout, ne m'étais blindée contre rien du tout. Peut-être étaient-ce leurs procédés, plus subtiles, plus insidieux que ceux de la grande Légion ? A moins que mon état de stress ne m'ait inconsciemment fragilisé, et que je me serais dès lors révélée telle que j'étais réellement, sans aucune carapace pour me protéger ?
En tout cas, une chose était sûre : ils avaient lu en moi comme dans un putain de livre ouvert.
Et ils s'étaient bien attardé sur chaque page, les enculés...
-...Donc voilà, comme tu peux le voir, on est relativement mitigés à ton sujet. Reprit le lieutenant Valgus Florius en refermant finalement mon dossier pour mieux se concentrer entièrement sur moi. Alors le coup de la vocation, c'est un peu léger je trouves. J'aimerais que tu m'en donnes un peu plus. Pourquoi venir ici au final ? Pourquoi revenir risquer ta vie sur le terrain, dans des sections de gens bien moins gradés que toi ? Tu es officier, capitaine qui plus est. Et tu es encore jeune. Si tu continues comme ça, tu pourrais bien vite passer major, rentrer dans la catégorie des officiers supérieurs, des légats...Tous tes entretiens parlent d'eux même. Tu es le candidat idéal pour un poste au commandement, et non sur le terrain. Ton dossier aux services de renseignement allait déjà en ce sens d'ailleurs. Et nous sommes arrivés exactement à la même conclusion. Donc explique moi ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui te motive à venir ici au juste ?

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:27:30

J'eus un peu de mal à reprendre mes esprits.
Putain...J'étais totalement désarçonnée. Je ne savais même plus quoi répondre...
-Et bien je...Commençai-je, hésitante. Je pense pouvoir apporter pas mal de...
-Non non, c'est pas la question. Coupa aussitôt le psychologue en chef. Moi ce que je veux savoir, c'est pourquoi TOI tu veux rejoindre le RAC.

J'ouvris la bouche pour répondre, puis la refermai, jugeant que ma première idée de réponse n'était peut-être pas la meilleure.
-Euh...Comment dire...Bégayai-je, essayant de gagner du temps.

J'entrepris de formuler une nouvelle proposition, en vain encore une fois.
La vérité : J'étais prise au piège...Je ne savais absolument pas quoi répondre..
-...Tu étais officier de cavalerie, et enquêteur au sein des services de renseignement...Commença calmement le lieutenant Florius, comme pour mieux m'aider dans mon infernale inaptitude à produire la moindre foutue réponse. Ton avenir est tout tracé dans d'autres domaines. Tu pourrais d'ors et déjà rejoindre les hautes sphères du renseignement, ou un poste au commandement de la Légion, peu importe l'unité d'ailleurs. Les jeunes officiers prometteurs comme toi, on se les arrache...

On aurait pu croire que Valgus Florius me flattait, et c'était probablement un peu vrai d'ailleurs.
Le problème, c'est qu'il me faisait aussi et surtout comprendre à demi-mots que je n'avais pas tout à fait ma place ici, car mes résultats ne correspondaient visiblement pas du tout à ce qu'ils recherchaient au sein de cette sélection.
-...Écoute, je regarde tes résultats, et ils sont très bon, je ne vais pas te mentir. Poursuivit le psychologue. Tes tests psychotechniques sont les meilleurs de la promotion, tu es également celle qui a le mieux résisté aux épreuves physique, et tes tests de personnalité sont très prometteurs aussi, d'une certaine manière. Il en ressort une excellente aptitude au commandement, une grande détermination, une profonde rigueur, et une analyse des faits claire et méthodique. Concrètement, tu as le raisonnement mathématique d'un officier, bien plus que tous les autres, et c'est justement ça qui nous pose problème en l’occurrence, comme tu l'as d'ors et déjà remarqué au vu des conclusions émises par mes collègues. Alors, qu'est-ce qui te motive à retourner sur le terrain, à te mettre au devant du danger, à accepter les décisions d'autres officiers qui – tu le sais, ça a clairement été révélé dans les résultats de tes tests de personnalité – vont parfois vous envoyer au casse pipe par incompétence, ou par entêtement ? A mon sens, ton recul et ton esprit d'analyse vont à l'encontre de l'abnégation aveugle qu'on attend justement chez un opérateur des forces spéciales. Comment peux-tu m'expliquer ton envie de rejoindre le RAC ? Parce que je t'avoue qu'on est tous très curieux face à ton dossier.

J'étais flinguée, je le savais...J'avais enterré ma candidature sans le vouloir, non pas parce que je m'étais mal préparée, mais tout simplement parce que mon profil ne correspondait pas à leurs attentes, ni plus ni moins. Et il n'y avait rien que je pouvais faire contre ça. C'était ainsi, j'étais comme ça. Teleri, trente-et-un ans, officier expérimenté et agent congratulé des services de renseignements...A quoi bon mentir ? A quoi mon camoufler la vérité ? Ils n'étaient pas débiles. C'était les forces spéciales après tout. Ils n'avaient eu aucun mal à me percer à jour...
Foutue pour foutue, comme étrangement soulagée de ne plus avoir la moindre emprise sur mon destin à partir d'ici, je pris une profonde inspiration, rassemblai mes idées, et me décidai finalement à répondre, honnêtement, sans plus me tracasser des conséquences qu'auraient mes propos à partir de maintenant :
-Je suis une personne de terrain. Expliquai-je finalement. Je ne regrette pas mes années aux services de renseignements. J'y ai rencontré des gens admirables, et y ai appris énormément de choses. Mais aujourd'hui, j'estime avoir largement fait le tour de la question. Leur manière de faire ne me convient plus, leur mentalité non plus. Je suis une Légionnaire, c'est ainsi. Je le sens. Je ne peux pas vous l'expliquer. Et je sais que je pourrais être efficace au commandement, mais je sais également que je n'y suis pas apte dans ma tête. En tout cas pas maintenant. Je trépignerais, je perdrais ma concentration, car je voudrais être sur le terrain avec les opérateurs. C'est là que je veux faire la différence, et que je pense pouvoir le faire justement. C'était pareil aux services de renseignement. C'est classifié, mais...
-Oui, l’opération de démantèlement de la Confrérie Dunmer. Nota le psychologue. On a un accès limité à ce dossier, mais juste assez pour savoir que la mission a été un franc succès.
-...Pardonnez-moi, mais je savais que personne n'aurait pu la remplir mieux que moi, et que ma présence au commandement n'aurait servi à rien compte tenu des circonstances. Confiai-je. Il FALLAIT que je sois sur place, et c'est pareil pour le RAC. Je peux analyser et planifier une opération de l'extérieur, mais j'ai besoin de la contrôler sur le terrain.
-Ça montre un manque de confiance flagrant envers tes collègues...Fit remarquer le lieutenant Florius. Ce n'est pas ce qu'on attend d'un Légionnaire censé travailler en équipe...
-...Non, car aux renseignements, j'étais seule justement. Répondis-je simplement. D'une certaine manière, je devais surtout compter sur moi-même. Et vous devez bien savoir que cette institution est gangrenée par la politique...
-Et pas la Légion Impériale ? Gloussa le psychologue.
-Oui, mais certainement pas à ce point là. Je crois que vous n'imaginez pas à quel point les services de renseignements peuvent être un nid de vipères...

Je profitai de la tournure de la conversation pour mieux embrayer, et développer calmement mes arguments :
-...La Légion, et surtout le RAC, sont l’opportunité pour moi d'en revenir à un véritable travail d'équipe. Poursuivis-je. C'est ça que je veux, c'est ça que je recherche depuis tout ce temps. A l'époque, le onzième de cavalerie ne m'a pas convenu pour plusieurs raisons. Vous savez bien comment ça peut se passer à la grande Légion...
-Ah ça...Acquiesça mon interlocuteur. Mais ça n'explique toujours pas ton envie de revenir sur le terrain, dans un régiment de forces spéciales qui plus est.
-Et bien comme je vous l'ai dit, je veux rejoindre une équipe de professionnels motivés. Je veux travailler avec les meilleurs. Et je veux avoir une influence sur le terrain, apporter mes compétences là où elles pourront réellement avoir une influence. Le commandement du RAC est compétent, je le sais. Je suis tout à fait prête à me fier à eux en dépit de mon grade, et à faire la différence en temps qu'opérateur. J'ai peut-être les qualités nécessaires pour être au commandement, mais je sais aussi et surtout que j'ai les qualités pour être sur le terrain, pour faire la différence sur le terrain. J'ai des choses à y apporter, plus que les autres je pense. J'ai de l'expérience, des connaissances, un recul que n'auraient peut-être pas d'autres soldats. Vous pouvez penser que c'est une aberration de m'envoyer dans une unité de terrain au vu de mes résultats aux différentes épreuves, mais moi je pense justement que c'est l'opportunité d'apporter un regard différent en opération. C'est l'opportunité d'analyser directement les événements sous un autre angle, et je pense que c'est quelque chose qui, parfois, peu manquer dans des sections essentiellement composées de sous-officier.

Le psychologue griffonna quelques chose sur son papier. Il ne chercha plus vraiment à débattre avec moi d'ailleurs. Tout juste classa-t-il mes différents résultats dans un dossier à part, y écrit une ultime note confidentielle, y apposa un cachet, et conclut :
-Bon et bien, en ce qui me concerne, j'ai ce qu'il me faut. Je vais transmettre ça au commandement, et ce sera à eux de décider. Ils vont débattre de vos différents dossiers ce soir, et vous aurez la réponse dès demain. En gros, tu sauras si tu passes à l’étape suivante, ou si ça s'arrête là pour toi.

Le psychologue se leva de sa chaise, et se dirigea vers la porte de son petit bureau. Je l'imitai aussitôt, comprenant là que l'entretien était terminé.
-...Ne te tracasse pas trop va. Tenta de me rassura le lieutenant Valgus Florius alors que je m'apprêtais à quitter la pièce. Il n'y a rien que tu puisse faire à partir de maintenant, hormis attendre. Pense à autre chose, repose toi, passe une bonne nuit de sommeil, et demain, quoi qu'il advienne, dis-toi que tout ceci sera derrière toi.

Je ne profitai pas vraiment de ma soirée au sein de la caserne. En vérité, on était tous tellement crevés qu'on passa la fin de journée dans notre dortoir, affalé sur nos lits, le regard vitreux, l'esprit vide. Personne ne parla, personne n'échangea le moindre regard. Douze candidats épuisés aussi bien physiquement que moralement, usés et mis à bout par cet infernal processus de recrutement, désormais voués à attendre que le couperet ne tombe, car il n'y avait plus rien d'autre à faire.
Pris ou pas pris ? Qui poursuivrait la sélection ? Qui serait recalé ? Et pourquoi ? Pour quel motif ? Pour quelles raisons aussi injustes que humiliantes certains seraient mis à la porte, quand d'autres auraient le privilège d'entamer les phases de formation ? Les formateurs nous l'avaient bien expliqué : après ce premier mois intense où le grain serait trié, viendraient cinq mois de formations intensives. On suivrait des tas de cours, d'ateliers et d’exercices destinés à nous préparer véritablement à ce que serait notre future vie d'opérateur du RAC.
Cinq mois...Cinq putains de mois...
Il n'en avait fallut qu'un seul pour me détruire aussi bien physiquement que psychologiquement, alors cinq de plus ? Ils nous avaient dit que ce ne serait pas facile...Et bien là aussi, ils n'avaient pas menti...Je croyais bien n'avoir jamais fait quoi que ce soit d'aussi difficile de toute ma vie. Et si par le plus heureux des miracles, je venais à être sélectionnée pour le reste de la formation, ce serait pour vivre quelque chose de plus intense encore.
Peut-être valait-il mieux que ça s'arrête ici en fin de compte...
-Allez ! Bonne nuit les puceaux ! Conclut le sergent Hiriel en venant verrouiller la porte de notre dortoir en fin de soirée.

Je passai une nuit de merde soit dit en passant. Je crois bien que je dormis la quasi totalement du temps, mais je fis des rêves bizarres, par intermittence, comme dans une sorte de sommeil à moitié conscient. Probablement que les conneries des psychologues ne m'avaient pas fait que du bien, car dans cette étrange et longue somnolence, je revis du feu, entendis du boucan...Et aperçus ces immenses ombres, imperceptibles et effrayantes à la fois, se mouvant lentement sur d'immenses lacs de lave...
Ce n'était plus vraiment un cauchemar en fait. Plus volontiers le souvenir d'un souvenir, comme je l'avais expliqué aux psychologues. Et il me parut encore plus énigmatique cette fois-ci, vestige curieux et insondable d'un lointain passé...
-Lève la tête...Grommela le sergent Hiriel en me forçant à relever le menton et à regarder bien droit devant moi.

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:27:46

Le lendemain matin, nous y étions enfin, alignés dans la cour intérieur de l'aile administrative, attendant le verdict alors que les différents formateurs se présentaient solennellement à nous.
Douze candidats crevés, perplexes, perdus dans leurs pensées.
Douze candidats attendant simplement que tout ceci ne se termine enfin...
-...Bon, déjà, je pense qu'on peut vous féliciter. Commença le sergent Clagius Senarel. Ce premier mois, c'était pas de la tarte, et vous êtes quand même douze à avoir tenu le choc. C'est plus que d'habitude. Donc félicitation à vous, quand même.
-APPLAUDISSEZ BANDE DE VEAUX ! Aboya aussitôt le sergent Hiriel face au mutisme ambiant.

Les applaudissements mous et las s'élevèrent parmi les recrues. On aurait été en pleine épreuve, on se serait sans doute tous prit une rafale de pieds au cul. Heureusement, les formateurs eux même semblaient crevés par ce mois au rythme endiablé, aussi n'insistèrent-ils pas face à notre manque de motivation.
-...Malheureusement, et croyez-bien que je suis sincère quand j’emploie ce terme, il n'y a que six places à pourvoir pour la suite de la formation. Poursuivit le sergent Senarel. Vous avez tenu bon, et vous ne nous avez pas facilité la tâche. On a donc été contraint de faire des choix. On ne peut prendre que les meilleurs. C'est ainsi...Bon, quand je citerai votre nom, venez vous placer en face du sergent Hiriel.

Le formateur en chef commença alors à citer les noms, par ordre décroissant, selon le classement qui avait été établi. Car oui, ces petits bâtards sans scrupules, non contents de nous avoir torturé pendant un mois, nous avaient carrément classé.
J'étais crevée, dépitée, je n'y croyais plus du tout, et pourtant, j'avais comme une pointe au cœur.
Comme un mélange de regret, et de désespoir.
Qu'est-ce que j'aurais aimé disparaître, là tout de suite...
-...Sixième, Hlaano !

Le seul autre Dunmer de la sélection quitta sa place dans la ligne, et vint aussitôt se placer en face du sergent Hiriel.
-Tiens-toi droit bordel ! Le fustigea aussitôt le sous-officier.
-..Cinquième, Salvarus !

Une autre recrue quitta les rangs, et vint se placer juste derrière Hlaano.
-...Quatrième, Previa !

Rebelote.
-...MAIS TENEZ-VOUS DROIT BORDEL ! VOUS ÊTES SOURDS OU QUOI ?! Gueula le sergent Hiriel.
-...Troisième, Velarius !

Le seul Khajiit de la promotion se précipita à son tour. Depuis ma position, je percevais déjà très nettement le relâchement dans la posture des sélectionnés. Ils étaient euphoriques, ça se sentait...
En même temps, il y avait de quoi. Ils avaient réussi la première partie du programme de sélection, ils étaient pris. Ils allaient maintenant passer à la vitesse supérieure, commencer leur formation d'opérateur, et mettre un premier pied dans ce monde incroyablement fermé et élitiste qu'était celui des forces spéciales. Forcément, qu'ils étaient heureux et soulagés. Ils avaient réussi, ils n'avaient pas enduré tout ça pour rien...
Ce devait être le plus beau jour de leur vie...
-...Deuxième, Vendicci ! Annonça le sergent Senarel.

...En ce qui me concernait...Bah...
Je ne regrettais rien. J'avais suivi mon intuition, j'avais tenté le coup. Ça n'avait peut-être rien donné, mais je savais que j'aurais éprouvé des regrets toute ma vie si je ne l'avais pas fait.
Au moins, je savais que je n'étais pas faite pour ça désormais. Ce n'était pas ici qu'était ma place.
Ils avaient raison au final : une voie royale m'attendait ailleurs. Dans une unité de commandement peut-être ? Ou bien aux services de renseignements, mais à un niveau supérieur, chez les décideurs ? Oui, je pouvais relativiser, d'une certaine manière, car ils m'avaient ouvert les yeux. Ma carrière ne s'arrêtait pas ici, que du contraire. J'avais un bon CV, un bon profil, et je trouverais sans problème une place dans une unité qui me conviendrait à merveille, lorsque j'aurais eu le temps d'y réfléchir un peu plus calmement. En tout cas, à un poste correspondant bien mieux à mes compétences que celui de soldat des forces spéciales. Et puis, le sergent Senarel n'avait pas tord : On avait survécu au premier mois de sélection, et ça, ce n'était pas rien. C'était même une fierté en fait.
Je pourrais même le mettre sur mon CV !
Au fond, tout n'allait pas si mal...
-...Première, Othril !

Je restai immobile, perdue dans mes pensées, fixant mollement le mur d'en face
Pour une raison inconnue, j'eus toutefois l'impression que mon cerveau venait de dérailler.
Mais pourquoi au juste ?
-HEY OTHRIL T'ES SOURDE OU QUOI ?! Beugla le sergent Hiriel. DEPECHE TOI DE REJOINDRE LA FILE BORDEL !

Mes jambes se mirent à courir sans même que je ne leur en ai donné l'ordre.
Plaît-il ? Pouvez-vous répéter monsieur ? Je n'ai pas bien entendu...
Qu'était-il en train de se passer là tout de suite ?
-Lève le menton et bombe le torse nom de dieu ! Râla le sergent Hiriel en me forçant de nouveau à me tenir bien droite. Un major de promotion doit montrer l'exemple !

Mes yeux ne voyaient plus rien. Mes oreilles n'entendaient plus rien.
Où étais-je ? Dans la file des sélectionnés ? Vraiment ? Pour de vrai ?
Et première de la sélection qui plus est  ?
Vous voulez dire...Première ? Moi ? Teleri ?
Était-ce une erreur ? Avaient-ils interverti des noms ? A moins que... ?
Je n'écoutai pas vraiment les recommandations du sergent Senarel. En vérité, j'étais totalement déconnectée, un peu comme un automate Dwemer qui aurait planté et aurait subitement stoppé sa fonction.
Je...Il y avait...Comment dire...
Comment on... ? Le ciel...Euh...Mon casque...
De quoi il parle devant ? Quelle heure il est ?
J'aurais aimé retourner voir Betto là tout de suite, terminer notre soirée, terminer...
Comment dire...

Mon cerveau se remit lentement en marche, petit à petit, pas à pas.
L'automate se réinitialisait progressivement, reprenant peu à peu sa fonction.
Putain...Ça y est...J'avais réussi...J’étais prise...
J'avais passé la première partie de la sélection...
J'allais rentrer au RAC...

BlackDeViL24
Niveau 35
29 décembre 2020 à 23:36:26

Bon il y avait 16 pages word, donc ça a prit un peu de temps.

Bonne lecture. :hap:

Sujet : [Fic] Une vie d'élu
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