En famille
J'y vais souvent, deux à trois fois par semaine.
C'est comme faire le plein.
La vendeuse me connait, elle doit me trouver bizarre.
Des fois je la regarde, j'attends un bonjour, je n'ose pas le lancer moi-même, de peur de la couper du roman de sa vie... un ange passe aux ailes de papier passe.
Le froissement d'une page qu'on manipule m'ébouriffe. L'une de mes phalanges la dévale et un frisson léger grimpe jusqu'à mon coude.
Je respire, je touche, je presse. Une page, deux pages, trois pages, je vais m'asseoir dans le fauteuil.
Il y a tous ces hommes et ces femmes compilés en opus, empilés, classés par ordre alphabétique.
Ils sont les amis parfaits ; se confiant à nous sans que l'on éprouve le besoin de leur rendre la pareille.
Je suis dans un couloir temporel. Il y a toutes les époques, toutes les sensibilités. Des essais philosophiques côtoient les mangas pornographiques. C'est un monde de tolérance, l'encre comme un pont entre hier et demain et moi, dans le présent, me désincarnant, échappant peu à peu au réel. Je me fonds peu à peu dans la peau de ce personnage en scaphandre, sur la couverture d'un pulp des années 70.
Je fouine, je cherche la perle. La trouvaille. Les pages sont jaunes. J'éternue et je poursuis ma quête. Je ne sais même pas ce que je cherche mais je suis persuadé que je vais le trouver. Et demain, ce sera autre chose. Combien y-a-t-il de livres, et pour combien d'humains ? Je n'aime pas les chiffres, ils me donnent le vertige.
Un autre bac. ceux-là ont bien vécu, aussi. Leurs maîtres sont morts ou les ont abandonné... à quand des posters de prévention dans les vides-greniers ? Il n'y a pas d'associations car les livres n'inspirent pas la pitié et les livres s'en moquent, ils vivent librement, ils n'ont besoin, pour se nourrir, que d'un regard, que d'un souvenir ou d'une pensée persista,te... c'est leur devoir que de passer de main en main, de communiquer, de transmettre... ils voyagent et leurs mots imprègnent une psyché, puis une autre, quelques quarante ans après.
Oh, ça vaut très cher, deux euros seulement. Plus cher que leurs avis, que leurs carrières, que leurs places dans la société. Plus cher que leurs propres mères. Ces hommes et ces femmes sont mes héros. Un jour, je pourrirai parmi eux. La fierté m'étreint rien que d'y penser.
La rêverie m'emporte. J'échappe à mon corps, traverse les époques et flotte au même endroit. Les années ont passé, l'encre a coulé, les pages ont été tourné... ce mec lit un livre à propos d'un mec qui lit l'un de mes livres... Bouquinception
je croupis au fond d'un bac, entre untel et untel, de ceux que je n'aurais peut-être jamais eut le temps de feuilleter. On me considère, la couverture effare, rebute, on me repose. On me tord, me jette et me bouscule.
Mais ce qui compte, c'est d'être parmi les siens.
Le reste on s'en fout.
Très sympa, ton texte, Yugo
Faut que j'essaye d'en gratter un ce soir
D'autres motivés ?
Ah vrai dire je voulais participer cette session mais l'image m'inspire vraiment rien
Bon, j'espère qu'on pourra au moins compter sur vous pour lire et commenter alors
Je vais essayer... mais je promet rien
Ben si on a que Yugo, les votes vont être vite faits...
Bon, j'ai bricolé un petit texte un peu à la va-vite, histoire que Yugo soit pas tout seul.
-------
Cœur d’Encre
Une douce tranquillité dominait la librairie depuis plusieurs jours, et le soleil, en entamant sa descente, dessinait un grand carré de lumière qui illumina le rayon des journaux.
Quelques moteurs de voitures bourdonnaient dehors, se rapprochant avant de s’évanouir.
Eliza détestait la tranquillité autant que le brouhaha, les clients difficiles, et l’overdose de requête. Quoique… Peut-être qu’elle haïssait la tranquillité bien plus que tout ça en fait. Quand il n’y avait rien à faire, elle ne pouvait que penser. Cogiter. Se plonger dans ses mondes imaginaires qui ne vivaient qu’en elle.
Pendant toute son enfance, l’on vantait son pouvoir d’imagination, surtout ses parents, et ses professeurs. Elle avait tendance à créer des univers, des races, des histoires, des personnages, qu’elle jetait ensuite à la poubelle car elle était incapable d’en faire quelque chose. Qu’est-ce que c’était frustrant. L’adolescence fut particulièrement difficile, car elle se focalisait sur ce qu’elle inventait plutôt que sur ce qu’elle devait faire. Elle avait pris la filière S parce que, citation parentale « Elle ouvrait plus de portes. ». Pas vraiment éreintant, Eliza avait des facilités avec les sciences, bien qu’elle ne souhaitait clairement pas s’y noyer dans son avenir.
Elle glissa son doigt le long des différents bouquins politiques, dont les couvertures montraient des visages faux, des sourires forcés, des yeux qui trahissaient l’ambition. Sous son autre bras, elle maintenait des bouquins qu’elle aurait dû ranger dans la matinée. Eliza était une vraie flemmarde, mais elle se réfugiait derrière le mot « procrastination ».
Avec l’arrivée du Bac, elle s’était focalisée sur ses études. Fallait avoir le Bac. Car sans Bac, pas d’études. Eliza ne voulait pas faire d’études. Rien que le terme d’université lui foutait une boule d’angoisse dans le cœur, qui déliait de longues lianes dans sa gorge pour la serrer étroitement.
Pourtant, elle passa les épreuves. Plus par pression sociale en fait. Et elle faisait de son mieux pour faire en sorte d’avoir de bonnes notes… Après tout, depuis la primaire, on lui collait l’étiquette de l’intello, avec ses grossières lunettes rondes, sa coupe impeccable, sa chemise bleutée, et ses manières de coincée.
Elle avait le parfait physique de la scientifique, avec ses éprouvettes, ses tableaux noirs remplis d’un langage qu’elle ne comprenait plus aujourd’hui. Ou alors l’informaticienne. Au choix…
Rien de tout cela ne l’intéressait vraiment, ce qui ne l’empêcha pas de s’orienter vers une école d’ingénieur.
Ah ah, la bonne blague. Même pas trois mois, elle a tenue. Crises d’angoisses à cause du métro, des heures extrêmement tardives, et du goût du cocktail café et vomi permanent sur ses lèvres.
Ce fut durant cette année qu’Eliza mit fin à son mariage avec les sciences. Plus jamais elle ne voulait en entendre parler.
Alors qu’elle retournait à son bureau pour s’y ennuyer de nouveau, Eliza tomba nez à nez avec l’affiche de l’évènement de la BD.
Elle scruta les personnages figés aux couleurs vives lui adresser des sourires, lui tirer la langue… Pour donner un air enfantin.
Oh bordel, qu’est-ce qu’elle avait envie de la déchirer, cette affiche.
Après avoir tenté la science, Eliza décida de se tourner vers le créatif. Une école d’art. L’envie d’écrire, qui sommeillait depuis son adolescence, commença à se raviver. Mais rapidement, les cours perdirent de l’intérêt. Et au bout d’un mois, elle s’en désintéressa totalement.
L’affiche lui rappelait cette année gâchée. Peut-être n’était-elle destinée qu’à l’écriture ?
Eliza en eut marre de rester debout, les coude sur la surface en bois du comptoir, à fixer l’écran vide de l’ordinateur… Elle fixa l’heure sur l’horloge au-dessus de la porte d’entrée et se mit à parcourir les rayons. Elle tomba sur celui de Science-fiction et fantasy. Tant de livres. Tant de sagas réparties en tant de tomes… L’ultime rappel.
Après ses deux échecs cuisant dans le monde universitaire, Eliza essaya de déterrer ses univers, ses races, ses histoires, ses personnages…
Elle rêvait alors d’une grande saga de fantasy, avec des idées d’intrigues. Puis petit à petit, elle perdit cette étrange ferveur qui l’animait. Et elle se rendit compte qu’elle n’arrivait pas à coucher cette saga dont elle rêvait… Elle en eut de véritables cauchemars… Quand elle arrivait à dormir.
Elle se rendait compte qu’elle n’était qu’une idiote de plus sur la planète, que ses ambitions étaient futiles, qu’elle se faisait des films, qu’elle n’arriverait à rien, qu’elle ne connaissait rien.
L’ultime ironie fut l’instant où elle décrocha un petit emploi dans la petite librairie de sa ville. Elle qui voulait tant écrire se retrouvait désormais en présence de noms qui s’étaient fait une place dans le domaine. Sa soif de connaissance et de lecture s’était transformée en un sentiment de noyade au milieu de tous ces bouquins. Tous ces gens qui avaient réussi. Tous ces gens qui étaient meilleurs qu’elle.
Quelque chose craqua dans sa nuque instantanément, ce jour-là.
Elle se sentait possédée…
La seconde d’après, elle était allongée sur le goudron dur et froid, entourée de pompiers, les vêtements noircis et en lambeaux, la peau brûlée à plusieurs endroits de son corps.
Une épaisse fumée noire s’évacuait de la vitrine brisée de la librairie, crachée par les diverses langues de flammes qui avaient terminé de dévorer le papier.
Putain, elle s’était bien fendu la poire sur le coup.
Maintenant, elle vivait dans un endroit tout tout blanc.
Comme des pages vierges à remplir.
Enculés…
Merci Helping!
J'vais essayer d'écrire quelque chose, mais je ne garantit rien vu que je ne suis pas encore chez moi
La librairie de Mamie
Les derniers rayons du soleil voilent d’or la vieille librairie. Sur un bureau, une plante aux feuilles jaunes et cassantes à cause du manque d’hydratation achève de mourir. Une odeur de vieux papier emplit l’air. Une odeur qui m’évoque à la fois toutes ces milliers d’histoire prêtes à être lues et cette impression de trésor caché. Il y a longtemps que la librairie de Mamie n’a pas été visitée, comme en témoigne le manteau de poussière dorée qui macule le sol, uniquement souillé par les empreintes de mes pas. Quelques souris ont commencé à grignoter les livres ou à fienter dessus. D’un air songeur, je retire les excréments d’une pichenette sur les couvertures cartonnées usées. Des souris, pour le peu que je m’en rappelle, Mamie en avait toujours eu horreur. Au fond de la pièce, un comptoir soutient une vielle caisse mécanique où le prix du dernier livre vendu apparait encore sur les petits panneaux de bois peint. Un cadre d’argent ternie gît, le dos à la face de Dieu, renversé. Je m’en saisis et ôte à l’aide de ma manche la pellicule de poussière sur le verre. Une photo aux couleurs délavées et artificielles m’apparait. J’y vois Papi, en costume qui tient par la taille Mamie. Les cheveux châtain bouclés au carré, elle présente un peu d’embonpoint. Maman, petite fille, parait heureuse avec ses parents, un grand sourire illumine son visage.
Nous n’avions jamais réussi à revendre le commerce après ta mort, Mamie. Maman se plaisait à dire que ton esprit faisait fuir les clients pour nous faire chier, comme tu l’avais toujours fait de ton vivant. Moi, Mamie, je n’ai que peu de souvenirs de toi. Je me rappelle que toujours quand je venais chez toi, je repartais avec un sac de confiserie et un bouquin. J’accordais plus d’importance aux bonbons, alors que seuls les livres ont traversé le temps. Nous nous focalisons trop sur ce qui est futile, éphémère, et je le regrette tellement… Après la mort de Papi, je t’ai revu qu’une seule fois, mais toi, tu ne pouvais plus me voir… Maman t’as rejoint il y a quelques jours. J’espère que vous avez pu trouver la force de vous pardonner. Moi, j’essaye de ne pas trop en vouloir à Maman de m’avoir éloigné de toi. A côté de la caisse, une tasse en porcelaine garde les traces d’un café qui n’a jamais été bu. Un carnet au papier jauni repose, les pages cornées. C’est une liste que Mamie a faite. Une liste pour moi. Une liste de tous les livres qu’elle aurait voulu que je lise.
Bon c'est un petit texte sans prétention, ni rien, disons que j'ai écrit sans trop réfléchir, plutôt pour exprimer ma plume
Je teste d'écrire un petit truc avant de dormir... si jamais je m'endors avant, bah tant pis
Elfi semble s'être endormie sur sa plume, alors tant pis
Nous avons trois textes, vous disposez donc de six points à répartir comme bon vous semble. Jusqu'à mardi prochain au coucher du soleil !
Ouais, j'ai écrit 5 lignes puis je me suis endormie comme une masse ^^" Pour une fois que j'étais inspirée Enfin tant pis, peut-être pour la prochaine fois, je serai là pour lire et voter en tous cas
Tu peux toujours écrire ton texte et le poster dans un topic à part
Alors, oui, mais à partir de la semaine prochaine
Yugo
Pas mal du tout le texte, ça se lit vit, c’est propre, je suis content de lire quelque chose de différent pour une fois. Un poil flou, le je c’est toi ou c’est ton livre ?
Helping
Les transitions présent/passé sont trop brutales. On ne voit pas bien l’intérêt de nous dérouler son CV, du moins, pas avant la chute. Quelques répétitions de temps en temps, idée sympa
Nono
Très bon également le texte et l’intonation, l’atmosphère, tout ça quoi.
Mes votes
Je me dois de mettre Yugo et Nono à égalité, je ne peux les départager. Mais je veux aussi donner des points à Helping parce que c’était pas mal !:oui: Ce sera donc :
+2 Yugo
+2 Nono
+1 Helping
Mes votes !
Yugo Bon texte, j'ai aimé. Il y a des coquilles, des répétitions, des erreurs de frappe. J'ai l'impression que ça a été écrit sur le vif, rapidement et sans relecture. Je suis pas fan de l'aspect "brouillon assumé", mais il y a aussi quelques belles tournures, il y a un fond qui peut toucher pas mal d'entre nous. Pas dégueu !
Helping Bon texte aussi, on retrouve un personnage qui peut nous parler. Il y a aussi des répétitions, des tournures maladroites qui rabaissent le texte. Mais l'effort est là et la fin est bonne, c'est appréciable.
Lepere C'est court, mais tu réussis parfaitement à installer l'ambiance. Passé l'atmosphère, y'a plus grand chose par contre, le fond est moins travaillé que les autres textes. Je te soupçonne d'être resté dans la facilité ^^.
Yugo +2
Helping +2
Lepere +1
Ggiot j'ai surtout écrit pour pas que les deux autres se retrouvent seuls
Le 31 août 2016 à 17:55:47 LePerenolonch a écrit :
Ggiot j'ai surtout écrit pour pas que les deux autres se retrouvent seuls
Cette abnégation !