Moi abominable ?
-Nogah : allumeuse
OMG il a osé
-Homm : abominable
-Between : grosse
On t'apprendra un jour, tkt
Bonne interview!
I/ Mandoulis, un personnage ambigu.
1) Ton style est tout à fait singulier ; tu es ce que l'on appelle un hippie de droite, voire d'extrême-droite, comme en témoigne ton récent soutien à Marine Lepen, sur ce forum. Est-ce que tu peux définir plus précisement ton mode de pensée ?
2) La bretagne, ça nous gagne, certes, c'est ce que dis la pub... mais toi, au contraire, tu sembles la fuir. Y a-t-il des chimères qui te poussent à fuir ton pays natal ?
3) À la fois solitaire et amoureux des gens, tu as récemment émis le souhait de gagner en stabilité. Penses-tu trouver l'apaisement de ton âme en Siberie ?
4) Nous ne sommes pas là pour faire la promotion ou le procés de telle ou telle orientation sexuelle. Cependant, lors de l'IRL, au restaurant, tu as semblés réagir vivement, bien que très bien brièvement – voire absolument furtivement - à la citation de Frédéric Mitterand que j'ai lancé : « Au dessus de quinze ans, c'est dégueulasse ». https://youtu.be/CRj6KPODtAc?t=16s Alors Mandoudou, y a-t-il des choses dont tu ne voudrais pas trop parler ce soir ?
5) Te connaissant depuis un bail, j'ai pu observer l'évolution de ta gimmick. Le temps a fait son boulot et voilà que tu passe de « La marmote écolo rigolote. » au « dirty hippie à la langue bien pendue ». Que signifie cette émancipation ? Besoin d'être plus sincère avec ces forumeurs que tu cotoies depuis si longtemps ? As-tu eus l'impression de ne pas avoir été vraiment toi-même, jusqu'ici ? Dans la vie et IRL.
II/ Mandoline le globe-trotter
1) L'équateur, l'irlande, bientôt la Sibérie, j'ai entendu le Kazakhstan... Quand vas-tu t'arrêter ? Dans quel pays n'aimerais-tu pas aller ? Les récents évenements terroristent douchent-ils tes idéaux universalistes ?
2) Tu consignes tes mémoires dans ces beaux livres que tu trimballes au gré de tes pérégrinations, tel un hobbit vaillant. Besoin d'éternité ? A qui reviendront ces fabuleux artefacts ?
3) J'ai longuement parcouru ton récit sur l'équateur. Le passage avec l'avocate qui tente de se caser m'a beaucoup amusé. Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de cette rencontre insolite ? N'était-ce pas le bon plan, une nana blindée dans une capitale ensoleillée ?
4) Bon, comme tu as roulés ta bosse un peu partout, il a dû t'arriver deux trois bricoles. Raconte-nous ta pire montée d'adrénaline en terre inconnue !
5) Pour survivre à l'étranger, comme ça, avec un petit pécule, faut être un sacré débrouillard. Vas-y, fais-nous une liste de tous les jobs et de toutes les combines que t'as trouvé pour gagner un peu de monnaie ! Et parle-nous plus en détail du job que tu viens de décrocher, tant qu'on y est !
III/ Mandoudou l'écriveur
1) La première fois que t'as fais cracher un stylo, c'était quand ?
2) Tu as l'air d'adorer l'encre. C'est essentiel, pour toi, de garder une trace manuscrite de tes Carnets ?
3) Hormis tes récits de voyage, on trouve un obscur texte de fantasy... Considères-tu que tu manques d'imagination ? Peux-tu envisager une écriture de fiction pure, à l'heure actuelle ?
4) Ecriveur, certes, mais qu'en est-il de la lecture ? Quels sont tes auteurs cultes et ceux que tu détestes ? As-tu suivis mes conseils de lecture, notamment à propose des carnets de voyage de Mallarmé ?
5) On a tous un projet secret que l'on a jamais commencé ou jamais terminé car trop ambitieux... c'est la même pour toi ? Raconte-nous les histoires que t'inventait dans ta jeunesse, divertis-nous un peu !
6) Lors de l'IRL, il y a un passage dans ton Carnet que tu ne voulais pas faire lire à Elfi. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ces quelques lignes ? Qu'avaient-elles de si polémique ?
IV/ Doudou le forumeur
1) Alors Doudou, ça fait des plombes que tu squattes notre piaule. À la base membre lambda, tu as gravis les échelons jusqu'à devenir un pilier, voire, pour certain, « un gourou ». Réfutes-tu ces accusations ? Quel regard portes-tu sur ton implication dans Ecriture ? Qu'est-ce qu'on t'apporte ?
2) Bon je vais pas te poser la question si tu aimes ou non Marty, de toute façon tout le monde le hait, c'est bien connu, mais que penses-tu de la confiance qu'il t'accorde ? Tu es un peu devenu son bras droit, ces derniers temps. Quand il partira, (s'il part un jour) serais-tu tenté par le poste de modo ?
3) L'Exode, le Zechgate, c'est loin, maintenant... Penses-tu que l'on devrait écrire la Bible d'Ecriture, pour que les prochaines générations sachent comment les Cieux se sont déchaînés sur notre contrée ? Est-ce que l'histoire peut définir l'avenir ?
4) Ecriture, c'est pour la vie ? Comment vois-tu ton avenir ici ? Est-ce que tu penses tourner la page un jour ?
5) Une IRL en Sibérie, pour ou contre ? Raconte nous un peu comment tu vas vivre là-bas, ce que tu vas y faire... fais nous voyager, c'est ce que tu sais le mieux faire.
V/ Doudoulito et le monde
1) à l'heure actuelle, quelle raison pourrait te conduire à rejoindre les rangs de l'état religieux armé (coucou le reférencement des espions de la C.I.A)
2) Comment envisages-tu le futur de l'humanité ? Peut-être un jour une nouvelle explorant ce nouveau pessimisme qui semble t'habiter dernièrement ?
3) L'écologie, au fond, t'as pas l'impression que c'est un truc de riche ? Ou tu crois vraiment que c'est l'avenir ?
4) Qu'est-ce que tu essaies de communiquer avec ton style vestimentaire outrancier et coloré ? Penses-tu qu'il faille obligatoirement se démarquer, dans ce monde ?
5) Le mariage pour tous, pour ou contre ?
VI/ Questions en vrac
1) Tu te retrouves tout seul, coincé dans un ascenceur avec Scary. Que fais-tu ?
2) Un membre de notre secte que tu juges inutile ou agaçant ?
3) Tu attribueras à chacun de ces membres un smiley/sticker : Titimathy, Ostramus, Samunchie, Polochon, Elfi, Nato et Between.
4) Quelle heure est-il ?
5) Une question pour quelqu'un ?
Bon, je vais écrire et poster ça au fur et à mesure afin de vous laisser le temps d'assimiler et ne pas vous assommer dès le début...
J'essaierai de m'en tenir à une partie par jour si je peux, mais sinon dans tous les cas je finirai ce week-end.
La présence d'un paquet de mouchoirs à vos côtés est fortement recommandée pour la lecture des lignes suivantes.
I/ Mandoulis, un personnage ambigu.
1/ Ton style est tout à fait singulier ; tu es ce que l'on appelle un hippie de droite, voire d'extrême-droite, comme en témoigne ton récent soutien à Marine Lepen, sur ce forum. Est-ce que tu peux définir plus précisement ton mode de pensée ?
Bon, y’a un paquet de truc dans cette première question. Je pense que pour comprendre le Mandou d’aujourd’hui, je dois tout d’abord vous décrire le Mandou du passé. Je crois que je suis prêt pour ça… Retournons donc quelques années en arrière…
À l’école, j’étais le gringalet à lunettes intello qui trainait avec l’obèse de la classe parce que nous étions tous les deux rejetés et persécutés par les enfants du commun. Toujours seul, à jouer avec des écorces, les fourmis et des bouts de bois dans la cour de récréation (la préhistoire pour certains, mais je vous jure que ça a existé ! )
Arrivé au collège, j’ai vomi dans les couloirs le premier jour tellement j’étais angoissé, je vous dis pas la réputation… J’ai néanmoins réussi à me faire deux amis. Samira, de l’embonpoint, également rejetée, et Thibault qui, bizarrement, était quelqu’un que je qualifiais à l’époque de « normal ». Notre trio a traversé le collège dans la même classe, j’étais heureux d’avoir de vrais amis.
En deuxième année de lycée, Thibault a commencé à faire sa crise d’ado, à jouer au kéké, il n’était plus intéressé par les clubs d’échecs et les maths mais par l’alcool, les drogues et la glandouille. Je me suis laissé un peu entrainer, mais seulement dans l’aspect glandouille, du coup j’ai redoublé mon année. Nous étions néanmoins toujours très amis, les deux inséparables, jusqu’à cette fin Mai, quand je l’ai croisé en train d’embrasser la fille pour laquelle j’avais le béguin et que je lui avais avoué la semaine précédente. Je ne lui ai plus jamais reparlé après cette trahison et j’ai commencé une période de ma vie que je regrette aujourd’hui, je me suis renfermé sur moi-même, dans ma bulle.
Deux années de plus au lycée, deux en fac de bio. J’étais le gars asocial tout seul dans son coin qui ne parlait à personne et qui jouait à pokémon. Je bossais, parce que je n’avais que cela à faire. Les seuls moments où je sortais de ma bulle étaient ceux où je pouvais interagir avec des individus qui ne me faisaient pas peur, dans lesquels je pouvais avoir confiance sans qu’ils ne me trahissent. Les enfants m’ont je crois empêché de sombrer complètement dans des tendances suicidaires, et c’est pour ça que j’ai décidé de leur consacrer ma vie. Je n’avais ni amis, ni famille sur qui compter, ils ont été les seuls à être là quand j’en ai eu besoin.
J’ai également perdu ma grand-mère maternelle à ce moment-là, Mamie Jeanne est partie en une année d’un cancer, elle avait 63 ans. C’était ma seule confidente, ça m’a encore plus renfermé, mais quelque part renforcé. J’ai développé un autre rapport à la vie et à la mort, j’en ai plus peur, je me suis fais une carapace à grands renforts de larmes, ma sœur peut mourir demain, ça ne me fera presque rien parce que je me suis mis en tête que ça devait arriver et que la vie doit continuer. J’avais envie de profiter de cette vie que j’étais en train de gâcher, mais j’étais coincé dans le rôle du personnage asocial, impossible de changer aussi brusquement.
L’année scolaire 2009/2010 a été celle qui aura changé ma vie. Après un stage en école primaire, je me suis aperçu qu’instit, c’était pas pour moi, car je n’apportais aucune joie aux enfants. J’ai donc voulu arrêter la fac parce que ça ne servait à rien, je n’avais pas besoin d’un diplôme pour bosser à plein temps dans l’animation. Mes profs m’ont dit que c’était stupide parce que cela se voyait que j’étais intéressé et que je pouvais terminer ma licence sans problèmes. Ils m’ont proposé l’idée de la troisième année en Erasmus, j’ai accepté, je ne les remercierai jamais assez. Septembre 2009, j’ai débarqué à Düsseldorf, Nordrhein-Westfalen. Je ne connais personne, personne ne me connais, je repars donc de zéro. Je parle aux gens, me socialise, participe à des soirées. Bon, j’étais encore extrêmement réservé, loin du Mandou que vous connaissez aujourd’hui, mais c’était déjà un début. J’avais une vie normale, des amis, je mettais néanmoins des écharpes de couleur pour apporter un peu de teintes à cette ville si grise et pour conserver cette distance que j’avais toujours eu avec la normalité. J’avais toujours été à part, et bien que voulant rentrer dans le rang, je souhaitais néanmoins rester différent, parce que j’étais différent et que j’avais déjà vécu tant de choses. J’ai beaucoup voyagé en Europe centrale, rencontré des personnes d’horizons différents, je découvrais le monde, je n’en ai pris que le meilleur, je me hippisais peu à peu. J’ai bu mes premières gouttes d’alcool en Avril, après avoir tenu presque toute l’année. (voir I.2/ pour plus de précisions là-dessus). Ma coloc espagnole, Maria, fêtait son anniversaire, elle a insisté, j’ai bu pour ne pas passer pour le relou de service. J’ai fini dans un état lamentable, j’ai adoré ça, j’ai remis ça trois fois par semaine jusqu’à la fin. Je rattrapais toutes ces années que j’avais perdu.
Retour en Bretagne, un autre Cyril en revenait, complètement changé. J’ai consacré deux années aux enfants entre ma terre natale et l’Allemagne, je me suis encore plus extraverti. J’étais différent, de par mon passé, de par mon présent. J’ai vécu deux formidables années auprès des enfants, je me sentais utile. Mais je recherchais autre chose, alors en Octobre 2012, je prenais l’avion pour l’Équateur. J’y ai vécu de fantastiques moments, j’étais moi, j’étais chez moi avec ma tente sur le bord de la route, ce fut une vraie révélation. C’était ce que je voulais vivre en permanence, j’étais si bien ! J’en raconterai davantage plus tard, certaines questions s’y prêtent. Retour en Europe en Juillet 2013, je suis resté quelques mois en Bretagne à travailler avec les enfants avant de partir en Janvier 2014 pour l’Irlande, où je vis encore aujourd’hui.
Voilà, c’est une très longue introduction, mais je pense que pour comprendre la personne que je suis aujourd’hui, comprendre mon passé est important.
Alors, hippie, je le suis en partie. Je me qualifie aujourd’hui de cette manière : un nomade polyglotte d’origine bretonne. Donc hippie oui, mais dans le sens idées, défense de la nature, aimer son prochain, apporter ce que l’on peut aux autres, profiter de chaque instant. Pas dans le sens actions : drogues (jamais touché à rien du tout), concerts hippies…
Après niveau politique, je ne me considère comme étant d’aucun bord en particulier, si ce n’est celui des réunionistes (voir indépendantistes). Je vote en général pour la personne et ses idées, par pour un parti. Bon, aux régionales et départementales, c’est à chaque fois UDB, aux municipales j’ai voté à gauche pour les projets présentés, aux présidentielles, c’était Bayrou et Sarko au 2ème tour. Je ne crois clairement plus dans la classe politique qui nous gouverne aujourd’hui. Ça fait des dizaines d’années que gauche et droite se renvoient la balle, et la France s’enfonce toujours davantage, surtout depuis le départ de Jacquot. La France est passée de grande amie de l’Afrique et du Moyen-Orient à celle d’ennemie. Le système politique ne fonctionne plus selon moi, il faut remuer toute cette merde, quoi de mieux qu’une Le Pen au pouvoir pour faire bouger ça et ouvrir les yeux des français abrutis par ces partis politiques ? Je ne cautionne pas ses dérives racistes et celles antisémites de son père, mais je la rejoins en revanche sur sa politique européenne, l’UE c’est bien, mais là, Merkel nous encule à sec pendant qu’Obama nous facefuck en faisant de gros doigts d’honneur à Poutine… Il est temps de dire stop.
Bon, j’espère que tout cela répond à ta question sur mon mode de pensée…
2/ La bretagne, ça nous gagne, certes, c'est ce que dis la pub... mais toi, au contraire, tu sembles la fuir. Y a-t-il des chimères qui te poussent à fuir ton pays natal ?
Déjà tu mets une majuscule à Bretagne stp J’y suis très attaché, les nombreuses années à faire partie d’un cercle celtique aidant, et je le revendique fièrement. Que le gars soit européen, chinois ou latino, je réponds toujours aux nouveaux venus que je viens de Bretagne et après j’explique.
Je voyage beaucoup parce que c’est le mode de vie que j’ai choisi. L’idée est de voir le monde, de vivre des expériences différentes, de travailler dans différents domaines, de profiter de chaque instant, de vivre ma vie, réellement. Et, le jour où je serai trop vieux pour continuer, je me poserai dans le pays qui m’aura le plus plu pour vivre mes derniers jours sans regretter un seul moment de cette riche vie que j’aurai eu. Voilà l’idée donc, voilà pourquoi je suis loin de ma Bretagne natale.
Mais tu as quelque part raison, je fuis. Je fuis ma situation familiale.
Mon père a toujours eu un penchant pour la bouteille, et ce n’était jamais la joie à la maison. Son père est décédé alors qu’il était jeune, sa mère (Je désignerai ma grand-mère paternelle sous le patronyme de « la Salope » dans la suite du récit.) les a abandonnés lui et son petit frère quand ils avaient 17 et 14 ans. Ils s’en sont sortis, ont reconstruit leurs vies, mon père s’est marié avec ma mère, a eu deux enfants, moi et Seb, mon frangin. Tonton Marc sortait avec Corinne, ils venaient souvent à la maison pour jouer aux cartes quand j’étais petit. La Salope est revenue, s’est immiscée dans la vie paisible de ses deux fils, Corinne est partie, ma mère a difficilement supporté ce retour de celle qu’elle avait toujours vue comme une sorcière. Mon père s’est mis à boire, Tonton Marc à se droguer. Il s’est jeté depuis la jetée du petit port de Larmor le 24 Mai 1999, jour d’anniversaire de la Salope. Joyeux anniversaire Maman. Mon père s’en est voulu parce que Tonton avait appelé ce soir là, il voulait parler, Papa n’avait pas le temps. Il a plongé plus profondément dans l’alcoolisme.
Ma mère était l’ainée de deux sœurs, leur père est également mort très jeune, ma mère est toujours passée au second plan, Tatie était celle qui comptait davantage aux yeux de Mamie Jeanne, c’est celle qui a pu faire de la danse, des études, voyager, ma mère n’a jamais eu droit à rien. Son couple et ses enfants étaient donc tout ce qu’elle avait et, quand la Salope est revenue, elle ne l’a pas supporté.
Malgré l’arrivée de ma petite sœur en Octobre 1999, sans doute par accident, les choses n’ont fait qu’empirer, ils se disputaient, les meubles volaient, ça criait, ça pleurait. Nous n’avions de cesse de le leur demander, mais ils n’ont jamais voulu divorcer. Même pas après cette nuit de 2001 où je me suis enfui de la maison, tenant mon frère par la main et ma petite sœur pleurant dans mes bras. Ils n’ont même pas remarqué qu’on s’est tirés, deux gosses de 13 et 11 ans, un bébé. Nous avons marché, mais je ne savais pas où aller, Tatie habitait trop loin, Thibault et Samira aussi. Il faisait froid, nous sommes finalement allés chez la voisine après deux heures d’errance. Elle a immédiatement appelé à la maison, ils n’avaient même pas remarqué que leurs enfants avaient disparu. Ça n’a rien changé, la maison a continué à être une dispute incessante.
Mamie Jeanne est partie en Novembre 2004, ma mère ne s’en est jamais remise, malgré la rancœur qu’elle éprouvait à son égard. Je crois qu’elles se sont réconciliées durant cette année de chute aux enfers, cette année que Maman a passé à s’occuper de Mamie, devenue dépendante. Elle nous en a préservé, écarté, nous n’allions plus chez Mamie pour manger parce qu’elle est était « fatiguée », parce qu’elle avait une grosse maladie. J’ai eu le choc quand nous lui avons rendu visite à l’hôpital, quand j’ai eu la vérité en face des yeux. J’en ai voulu à ma mère pour ça. Mamie partie, le peu de famille proche qu’il me restait s’est disloquée. Maman n’arrivait pas à faire son deuil, Tatie voulait boucler l’histoire d’héritage, ça a pété, nous avons été plusieurs années sans voir nos seuls cousins. Nous avons déménagé en 2007, dans la maison de Mamie, parce qu’elle l’avait souhaité sur son lit de mort. Nous avions enfin une vraie maison, un jardin. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que c’était une si bonne idée. Ma mère vit dans le souvenir de Mamie, huit ans après, les cartons sont toujours là, elle n’a rien déballé car c’est la maison de Mamie.
La Salope était interdite de visite, les disputes se sont apaisées, mon père n’a néanmoins pas arrêté l’alcool, sa rencontre hebdomadaire au bourg avec la Salope lui rappelant constamment la mort de Tonton Marc.
Dans un contexte familial aussi chahuté se sont développés différentes personnalités. Moi, tout d’abord renfermé, puis extrêmement extraverti, mon frangin, qui rejette tout contact bien qu’il vit toujours sous leur toit, et ma sœur, qui noie son chagrin dans la nourriture et les vidéos Youtube. À l’heure d’aujourd’hui, ils vivent encore tous les quatre dans la maison de Mamie Jeanne, dans un calme très relatif. Et moi je suis constamment sur les routes, toujours ailleurs. Et moi, je fuis, et moi, je pleure.
3/ À la fois solitaire et amoureux des gens, tu as récemment émis le souhait de gagner en stabilité. Penses-tu trouver l'apaisement de ton âme en Siberie ?
Au vu de ce que j’ai écrit précédemment, je doute de trouver l’apaisement dans le voyage. Je pense que la seule chose qui pourrait apaiser mon cœur serait bizarrement la mort de mon père. Il serait enfin en paix, avec Tonton Marc, et n’aurait plus cette culpabilité qui pèse sur ses épaules. Ma mère serait triste, mais sans doute quelque part plus tranquille. Cela l’aiderait peut-être à faire le décès de Mamie et à s’approprier la maison.
Je n’ai jamais été aussi stable que depuis que je suis en Irlande, depuis deux ans. J’ai mes amies, un travail, une petite routine. Mais j’ai décidé d’être un semi-nomade, et je ressens déjà le besoin de repartir, j’ai besoin de me sentir libre, d’être sur les routes, je dois bouger d’ici. La stabilité n’est pas pour moi, ma vie a toujours été instable. La Sibérie n’est qu’une étape de plus dans cette vie décousue que je mène. La découverte d’un autre pays, d’une autre culture. C’est une marche de plus dans une « carrière » que j’essaye néanmoins de construire, là, j’associerai enfants et langues, un pas de plus vers peut-être, un jour, le prof de langues…
4/ Nous ne sommes pas là pour faire la promotion ou le procés de telle ou telle orientation sexuelle. Cependant, lors de l'IRL, au restaurant, tu as semblés réagir vivement, bien que très bien brièvement – voire absolument furtivement - à la citation de Frédéric Mitterand que j'ai lancé : « Au dessus de quinze ans, c'est dégueulasse ». https://youtu.be/CRj6KPODtAc?t=16s Alors Mandoudou, y a-t-il des choses dont tu ne voudrais pas trop parler ce soir ?
J’ai réagi parce que, ayant travaillé avec des enfants, je trouvais ça absolument révoltant, c’est tout…
Après je ne sais pas ce que tu sous-entends sur mon orientation sexuelle, mais je pense qu’elle est assez claire comme ça, m’enfin non pas vraiment depuis peu (voir III.6/), mais une chose est sûre, je ne suis porté ni sur les animaux, ni sur les enfants. Si je les adore autant, c’est pour ce que j’en ai dit précédemment, c’est parce qu’il ne respirent que la joie de vivre. Ils sont innocents, ont soif d’apprendre, je peux leur inculquer mes valeurs de partage, les ouvrir sur le monde et les façonner à mon image d’hippie. En fait je prépare une armée pour conquérir la Terre !
5/ Te connaissant depuis un bail, j'ai pu observer l'évolution de ta gimmick. Le temps a fait son boulot et voilà que tu passe de « La marmote écolo rigolote. » au « dirty hippie à la langue bien pendue ». Que signifie cette émancipation ? Besoin d'être plus sincère avec ces forumeurs que tu cotoies depuis si longtemps ? As-tu eus l'impression de ne pas avoir été vraiment toi-même, jusqu'ici ? Dans la vie et IRL.
Non, je pense avoir été toujours sincère envers vous et envers tout le monde. Je dis ce que je pense, je pense un peu plus noir depuis peu quand je vois ce que devient le monde. La marmotte écolo idéaliste que j’étais en sortant d’Erasmus a mis un peu d’eau dans son vin en découvrant la réalité des choses. J’ai besoin de m’exprimer sur ce que je vois et ce que je ressens, cette interview en est la preuve. Donc oui, j’ai la langue bien pendue, et je ne la tourne pas sept fois dans ma bouche avant de parler.
La seule chose que j’ai jamais cachée, le plus gros mensonge de ma vie, c’est que je préfère les garçons (Voir III.6/ pour plus de précisions), mais ça, vous êtes maintenant parmi les rares au courant.
Voilà ce qui s'appelle se confier !
Histoire dure, malheureusement moins rare qu'on pourrait le penser à mon avis.
J'ai faillit mourir en lisant la partie deux
Ah ben oui t'as bien fait de couper ca en différente partie, en effet Bref, c'est intéressant, touchant aussi. Même si tu répond a des questions qu'on te pose même pas
Sinon t'as déja vu des Hippie conquérir quoi que ce soit toi?
Sacrée interview, sans doute la plus intéressante et la plus touchante que j'ai lu jusqu'à présent
tu me rassures pour les animaux, c'est vrai que j'ai négligé ton côté zoophile dans ces quelques questions
Désolé si je t'ai fait pleurer mon Nono
Choco, conquérir ton cœur peut-être?
Homm, c'est l'interview du mec qui raconte sa vie, donc forcément ça déchire
Yugo, je veux bien faire preuve d'ouverture d'esprit, mais il y a tout de même des limites...
Non mais franchement respect pour ce que tu as vécut et pour ton mode de vie, j'aurai surement pas les couilles de faire ça
(Prends ça comment un gros compliment, j'accorde pas mon respect facilement )
une histoire bien triste , j'ai failli pleuré, mais je pleure jamais en fait donc
J'avoue que je t'admire un peu, t'as eu le cran de partir et de choisir un vie de voyages, c'est un de mes rêves donc merci de prouver que tout est possible
voila c'était le moment faux-cul
Le 24 novembre 2015 à 09:09:46 Mandoulis a écrit :
Choco, conquérir ton cœur peut-être?
Hum, non, ca va pas être possible ca Doudou Mais je veux bien la suite de ton interview
II/ Mandoline le globe-trotter
1/ L'équateur, l'irlande, bientôt la Sibérie, j'ai entendu le Kazakhstan... Quand vas-tu t'arrêter ? Dans quel pays n'aimerais-tu pas aller ? Les récents évenements terroristent douchent-ils tes idéaux universalistes ?
Comme déjà mentionné précédemment, je ne m’arrêterai que le jour où je serai fatigué, et ce jour là, je me poserai définitivement pour vivre mes derniers jours. Ce sera sans doute un pays au coût de la vie peu élevé, vu que je n’aurais pas ou peu de retraite. Un pays chaud, pour mes pauvres articulations. Donc quelque chose comme l’Amérique latine, l’Afrique ou l’Asie du sud-est.
Pour l’instant, ce que j’ai de plus ou moins planifié, l’idée pour les quelques années à venir est la suivante : La Sibérie en septembre 2016, une école de langues où je travaille avec les enfants durant trois mois, le maximum autorisé par la visa. Trois mois au Kazahkstan, pour faire la même chose. Peut-être trois autres dans une des anciennes républiques soviétiques, et ensuite je rentre par voie de terre. Iran, Caucase, Turquie, Grèce, Balkans, Italie, Bretagne. Selon l’état de mes finances, un court séjour en Italie ou au Pays-Bas pour refaire des sous, un nouvel avion, le Mexique. Je visite et descend progressivement, jusqu’en Équateur, où je m’arrête et travaille comme prof de langues à l’université de Puyo ça, c’est le plan, mais mes plans ont toujours changé, donc rien n’est fixe.
Les USA sont le pays qui m’attire le moins. Parce que quand je visite, je visite également la culture. La culture américaine, très peu pour moi, les américains, même chose. Tous les autres pays m’intéressent, de la Corée du Nord au Lesotho, du Vatican au Vanuatu. Et que dire de la seule terre qui ne soit pas un état ? L’Antarctique !
Les évènements terroristes récents sont une facette dune guerre, et des guerres, il y en a eu de tous temps, de tous âges. Les guerres font partie de l’Histoire, elles font partie du présent, donc je les accepte parce qu’elles font partie de l’ordre normal des choses.
2/ Tu consignes tes mémoires dans ces beaux livres que tu trimballes au gré de tes pérégrinations, tel un hobbit vaillant. Besoin d'éternité ? A qui reviendront ces fabuleux artefacts ?
Besoin d’éternité oui, sans doute. Comme tout le monde, j’ai envie de laisser une trace sur cette Terre. J’ai envie que l’on se souvienne de moi, que l’on conte ma légende des décennies plus tard comme « le blanc qui était venu aider au village » ou bien « le gringo qui parlait toutes les langues ». Donc j’écris ces carnets de route pour laisser une trace, mais pas seulement.
J’écris également pour partager, et, pour ceux qui m’ont lu, ça se voit, parce que je m’adresse parfois directement à vous. Je considère que la vie que je mène est unique, et que si j’ai moyen de sortir des gens de leur routine miséreuse en narrant mes épopées, alors je fais quelque chose de bien pour ces gens et pour le monde. Donc j’essaye d’y narrer épisodes de la vie quotidienne, descriptions des endroits visités, parenthèses historiques, afin de former un tout qui se veut cohérent.
Enfin, j’écris aussi pour moi, pour coucher mes idées sur le papier, pour exprimer ce développement de ma personne et organiser mon esprit. Parce que je suis parfois perdu, et que j’ai besoin de ce carnet pour organiser ma tête. Il y a donc parfois également un côté personnel, parfois trop personnel… (On en revient encore au III.6/ )
J’aime beaucoup le terme d’artefact. C’est vrai qu’ils sont tout à mes yeux. Je serai détruit rien qu’à l’idée de les perdre. J’accepterai que l’on m’enlève tout, que l’on me vole tout, mais pas ça. À qui reviendront-ils ? À mes éventuels enfants, si je trouve un jour l’âme sœur. L’âme sœur qui devra avoir choisi le même mode de vie, suivra le même mode de pensée que moi, sinon ça ne marchera pas. Sinon, à mes neveux et nièces. Je les imagine fouiller dans une malle du grenier et découvrir les carnets de voyage poussiéreux de Tonton-Cyril-qui-envoie-des-cartes-postales-mais-qu’on-ne-voit-jamais. Les ouvrir, en humer le parfum, et les parcourir à la lueur d’une torche, s’évadant dans des contrées qui leur sont inconnues.
3/ J'ai longuement parcouru ton récit sur l'équateur. Le passage avec l'avocate qui tente de se caser m'a beaucoup amusé. Avec le recul, quel souvenir gardes-tu de cette rencontre insolite ? N'était-ce pas le bon plan, une nana blindée dans une capitale ensoleillée ?
J’en garde pas un super souvenir. Elle était trop chelou la meuf quoi… C’était mon premier couchsurfing quand je suis arrivé à Quito, et je n’aurais fait qu’y repasser, encore et encore, c’est peut-être pour ça qu’elle s’est imaginé des choses, pour moi, j’avais surtout un point de chute, elle était sympa et puis bon, je voulais lui donner un coup de main aussi. Elle ne cuisinait jamais, une femme de ménage venait, ok, elle était pleine de fric, mais elle était trop bizarre par moments. Elle agissait comme une gamine genre « Oh oui, un parc d’attraction ! On va faire un tour de manège dis ? » Mais comme une vraie gamine, en sautillant, en te faisant les yeux doux, ça fait peur quoi, tu te dis qu’elle n’est pas complètement développée mentalement… J’ai mis le temps à capter qu’elle était à fond sur moi, vu que je faisais plus attention aux signaux envoyés par les beaux mâles latinos Et quand j’ai réalisé, ben ça m’a refroidi quoi… Du coup je perçevais chacune de ses remarques comme une incitation à rester… Elle allait me trouver un job, je pouvais vivre avec elle, etc…
Mais bon, ce n’était définitivement pas le bon plan pour moi pour plusieurs raisons : Je suis voyageur, elle était casanière, je ne supportais pas son attitude de gamine, je ne cours pas après l’argent, et pis il lui manquait surtout une paire de couilles.
4/ Bon, comme tu as roulés ta bosse un peu partout, il a dû t'arriver deux trois bricoles. Raconte-nous ta pire montée d'adrénaline en terre inconnue !
Je pense que le pire qu’il m’est arrivé, c’est le jour où j’ai cru mourir.
14 Avril 2013, quelque part au nord de Cali, Colombie. Il fait beau, il fait chaud, l’asphalte étincelle, mon bazar repose sur le bord de la route. Mon immense sac à dos, trop grand, trop gros, est appuyé sur le tente. À côté, mon sac à bandoulière déborde de bordel divers et varié, nourriture, livre ou bouteille d’eau. J’ai pris le bus jusqu’ici, c’était le moyen de le plus simple de sortir de Cali, je suis sur la voie principale qui file au nord, ma destination, Bogota. Voilà deux heures que je suis là, pouce tendu, à espérer qu’un véhicule s’arrête le long de cette deux fois une voie. Il ya comme un petit restau sur le côté, avec un parking, il est donc facile de s’arrêter. J’ai déjà occupé mon esprit comme je le pouvais, j’ai dansé, chanté, compté les bagnoles, bref, je me fais chier et j’en ai marre.
« Hey hombre ! A donde vas ? » Je me retourne, l’inconnu vient de sortir du restaurant. Je lui explique où je vais, il peut m’avancer sur une cinquantaine de kilomètres. Il est à moto. Je lui montre donc tout mon bazar, ce n’est selon lui pas un problème. Sac sur le dos, l’autre en bandoulière, la tente plaquée contre mon torse, je monte derrière lui, enfile un casque. C’est la deuxième fois que je monte sur une moto, la première, c’était à Puerto Lopez, quelques mois auparavant. Je revenais du Parc Natiotal Machalilla, cétait une motocyclette et je n’avais pas tout ce bazar sur moi. Là, c’est une grosse moto, très grosse, je devrais donc être davantage rassuré. Je m’accroche à sa veste de ma main libre, il démarre. Je ne suis pas très stable avec le sac, mais cinquante bornes, ça devrait passer vite. Il fonce, j’ai envie de pleurer. Ça bouge de trop, je n’ai pas d’équilibre, je m’imagine basculer à tout moment. Je vois déjà les ambulanciers penchés sur moi, examinant ma jambe déchiquetée, mon bras éraflé par le goudron, me parlant avec leur accent à la con. Je m’imagine à l’hôpital, je me vois déjà mort. Je serre les fesses et ferme les yeux, compte les moutons, tente de faire abstraction de tout ce qu’il y a autour. Il me parle mais je ne l’entends plus, je suis ailleurs. La moto ralentit, s’arrête. Mes paupières se relèvent, je vacille. Je suis vivant, Dieu merci. La demi-heure la plus longue de toute ma vie. Je le remercie, il enfourche sa monture et disparait dans un vrombissement.
5/ Pour survivre à l'étranger, comme ça, avec un petit pécule, faut être un sacré débrouillard. Vas-y, fais-nous une liste de tous les jobs et de toutes les combines que t'as trouvé pour gagner un peu de monnaie ! Et parle-nous plus en détail du job que tu viens de décrocher, tant qu'on y est !
Alors, gagner des sous, je ne l’ai pas fait tant que ça. En général, je bosse en Europe et économise avant de partir, je l’ai surtout fait dans l’animation avec les enfants. J’ai néanmoins tenté de faire un peu de sous en Équateur, en vendant des bracelets et atebas (sans succès), ou bien des gâteaux dans les bus de Quito. Extrait :
Jeudi 3 Janvier 2013
Terminée la cuisine ! Crêpes, quatre-quarts et fars attendent sagement sur leur plateau. Maintenant, il va falloir vendre !
« Mesdames, messieurs, bonjour. Je vends des gâteaux français. Ce sont des spécialités de ma région, la Bretagne. Deux gâteaux différents : le far et le quatre-quarts, à cinquante centavos chacun, et les crêpes, symboles de la région, pour vingt centavos ! » En deux heures c’était bouclé. Je n’ai eu de cesse de monter et descendre des bus, répétant à chaque fois le même texte. Beaucoup de sourires, de curieux, je n’ai eu aucun mal à vendre mes produits. En enlevant le prix des ingrédients, j’ai fait un bénéfice de quinze dollars. Mais il me reste de quoi faire à la maison. Deux personnes m’auront particulièrement fait rire cet après-midi. J’attendais un bus, une voiture s’arrête et le conducteur me lance « Alors, on vend des galettes ? » Ce français m’aura pris pour trois dollars de quatre-quarts. Dans le bus, une mamie, incapable de choisir entre crêpe et gâteau, me demande : « Je suis à la diète, c’est lequel qui est préférable ? » Un très bon moment à échanger avec les gens, des sourires dans tous les coins, je recommence quand vous voulez ! Je file chercher des ingrédients ! ''
Concernant mon job actuel, que j’ai débuté Lundi, je suis chargé du service clientèle chez Citrix, qui distribue des applications et autres softwares à des compagnie. Je réponds en FRA/ANG/ESP/ALL, et suis chargé de deux choses :
-Le tri des appels sur les lignes de langues étrangères, en gros, je redirige les clients vers le bon service après avoir créé leur cas et collecté de brèves informations.
-Le service clientèle en anglais. J’aurais le training pour ça en Janvier, donc pour le moment, je sais pas trop en quoi ça consiste.
C’est situé pas trop loin du centre, petit-déj gratuit, fruits et barres de céréales à volonté, payé 29 000 à l’année. Nous ne sommes que trois collègues sur Dublin, pas de manager pour nous surveiller, le reste de l’équipe est en Inde ou aux US. Le job de planqué quoi.
Je m'étais dis que je posterai uniquement à la fin de l'interview mais bon.. Tu es un personnage formidable Mandou ! J'attends la suite avec impatience.
Et c'est pas fini mon cher Between!
III/ Mandoudou l'écriveur
1/ La première fois que t'as fais cracher un stylo, c'était quand ?
J’avais quatre ans, j’ai écrit CYRIL en lettres déformées avec un pastel et j’étais tout fier de ramener la feuille à la maison.
Plus sérieusement, ma plume a eu un parcours bien différent du vôtre, ou du moins, de la plupart d’entre vous. Alors que vous adoriez écrire des histoires dès la primaire, moi j’étais dehors dans les bois ou sur les rochers, profitant du calme de la Nature vu que c’était le bordel à la maison. Je jouais avec mon frère aux chevaliers, nous construisions des cabanes, nous capturions des insectes pour les torturer (le mythe du hippie s’effondre ), bref, toutes sortes d’activités physiques qui n’avaient rien à voir avec le fait de se poser au calme pour écrire.
J’aimais beaucoup la géographie et, quand j’ai commencé à me refermer sur moi-même après la trahison de Thibault, j’ai commencé à dessiner des cartes. Au début, de simples carrés de couleurs qui se faisaient la guerre sur mon quadrillage entre deux formules de maths. J’ajoutais des villes, des régions, imaginais des traités et des alliances dans ma tête. Avec mes maigres connaissances en géologie, je me suis lancé dans de vraies cartes, avec montagnes, marais, forêts, tout ceci en tenant compte des multiples facteurs tectoniques et climatiques afin d’avoir une carte géologiquement viable. Chaque peuple avait droit à sa couleur de feutre fin, et je pouvais m’imaginer dessiner leur Histoire, annotant mes cartes de flèches pour les conquêtes, hachures pour les annexions et autres. J’y passais une très grande partie de mon temps libre et de mes cours. Plonger dans mes mondes imaginaires m’aidait à fuir ma vie réelle qui ne me plaisait pas. Je pouvais y rester des heures durant, je ne m’en lassais pas.
Première année de fac, je trainais avec une fille venue de la campagne, un peu paumée. Un jour, dans l’amphi, me voyant encore plongé dans mes cartes au lieu de noter le cours passionnant sur la photosynthèse des gymnospermes de Mme Lambert, elle m’a sorti :
« Regarde là, c’est illisible, y’a plein de lignes qui se superposent ! Pourquoi t’écris pas tout ça au lieu de gribouiller tes bouts de papier ? »
J’avais dix-neuf ans, elle m’a lancé dans une voie que j’emprunte encore aujourd’hui, c’est comme cela que Crïly est né. Ma plume a perdu sa virginité grâce à Manon, vous devriez tous la remercier.
2/ Tu as l'air d'adorer l'encre. C'est essentiel, pour toi, de garder une trace manuscrite de tes Carnets ?
Je suis un peu vieux jeu. La technologie et moi, on ne s’entend pas très bien. Je n’ai eu un portable qu’à mes vingt ans, parce que je quittais la maison et que Maman a insisté. J’ai conservé le même type de portable préhistorique jusqu’à Noël dernier. ça ne fait donc même pas un an que j’utilise un smartphone. C’est la même chose pour l’ordi, mis à part pour les parties de Halo en LAN avec mon frangin (qui gérait tout le câblage évidemment), je ne l’utilisais jamais. Je préfère le support papier en effet, ça conserve ce côté vieux jeu, et cela m’a l’air bien plus réel. Ces mots, ce sont les miens, pas ceux transcrits par un ordinateur sur un écran.
Et puis mes carnets, ce ne sont pas que des mots, mais aussi des dessins et des cartes, et là, un clavier ne m’est d’aucune utilité. Et taper sur clavier est pour moi une véritable corvée.
On revient également sur le désir de transmission de ces artefacts qui deviendront la fierté de ma descendance.
3/ Hormis tes récits de voyage, on trouve un obscur texte de fantasy... Considères-tu que tu manques d'imagination ? Peux-tu envisager une écriture de fiction pure, à l'heure actuelle ?
Tu n’aurais pas dû aller fouiller… Il y a en effet un univers de fantasy qui traine, Crïly, celui à avoir vu mes premières lignes. J’ai débarqué ici en Juillet 2009, du haut de mes 21 ans, tout fier de L’Enfant de la Lumière, avec un enfant de pêcheur sauvant le monde du Mal suprême, complètement calqué sur le monde d’Eddings que je lisais à l’époque. J’ai ensuite essayé autre chose dans ce même monde, avec un prologue avec plusieurs personnages, également sur le fofo. N’allez pas regarder, je vous en supplie, en revanche vous pouvez regarder ma magnifique carte !
J’ai ensuite participé à plusieurs concours ici afin de travailler ma plume, et en parallèle, j’écrivais l’Histoire de Djonmisse-Terre-Bleue, contant les mésaventures des habitants du bourg, qui n’était autres que les forumeurs du fofo Pokemon Donjon Mystère Bleu, sur lequel je trainais tout le temps. Je n’ai malheureusement jamais achevé ce projet, j’ai des morceaux un peu partout, j’avais commencé à synthétiser et tout pour faire une histoire continue, mais lorsque la communauté s’est dispersée, j’ai laissé tomber. (Y’a environ 25000 mots)
J’ai réellement commencé les carnets de route en Août 2011, lorsque je suis parti pour quinze jours à vélo sur les routes de Bretagne, j’avais envie de garder une trace de ce voyage qui s’annonçait hors du commun (pour moi en tout cas). Mon tout premier journal de bord contenait 5497 mots, une carte et quatre dessins, Sur la route de Branféré.
L’année suivante, je partais en rando dans ma région tous les mercredis, ce qui a donné Les Échappées Bretonnes et Escale Parisienne, avec encore une fois une magnifique carte tracée à la main
Aucun de ces deux projets ne figure sur le forum, je vous les posterai peut-être un jour…
Mais revenons-en à mon manque d’imagination, je dérive là. Manquer d’imagination je ne pense pas, j’en fais preuve dans ma vie de tous les jours, et je m’invente toujours des mondes imaginaires à mes heures perdues En revanche, je me suis peut-être un peu enfermé, depuis l’Équateur, dans ce style de carnet de route, et j’ai du mal à m’en détacher. J’ai néanmoins, pas plus tard que la semaine dernière, rédigé un superbe texte à chute inspiré par une image moisie, que je vous invite à aller lire
https://www.jeuxvideo.com/forums/42-58-39942089-17-0-1-0-arret-sur-images.htm
Une écriture de fiction pure, non je ne pense pas pour le moment, et à vrai dire, je pense que ce ne sera malheureusement plus possible. Je suis atteint d’une grave maladie qui m’en empêche à jamais. Ça s’appelle la polyglotie. Voilà trois ans que cette terrible infection m’a frappé. Depuis, mon cerveau n’est plus le même, il efface des pans entiers de ma mémoire afin de rajouter des langues, du vocabulaire disparait à jamais, perdu entre mes neurones. Je ne trouve plus mes mots en français, je bégaye, c’est difficile à supporter. L’année dernière, j’en étais à un stade IV, selon les spécialistes. Aujourd’hui, avec l’ajout d’influx italiens, russes et néerlandais, j’ai atteint le stade VII. Ils disent qu’après le stade X, la situation est critique et irréversible, il est même possible d’oublier sa langue maternelle. Donc au rythme ou progresse cette maladie incurable, je pense que je serai tout bonnement incapable d’écrire dans un français correct dans très peu de temps. Vous ne lirez donc jamais la suite de L’Enfant de la Lumière
4/ Ecriveur, certes, mais qu'en est-il de la lecture ? Quels sont tes auteurs cultes et ceux que tu détestes ? As-tu suivis mes conseils de lecture, notamment à propose des carnets de voyage de Mallarmé ?
Je suis toujours sur le même bouquin papier depuis trois mois, donc non, je n’ai pas encore suivi tes conseils
Mon tout premier vrai livre, ce fut Charlie et la Chocolaterie, de Roald Dahl, il fut mon tout premier auteur préféré. Puis j’ai lu Le Hobbit, je suis tombé amoureux. Bon, je n’en suis pas aussi raide dingue que certaines personnes (suivez mon regard ), mais Tolkien restera à jamais une référence pour moi. J’ai ensuite toujours baigné dans la Fantasy, ma bibliothèque en est remplie. En vrac, Eddings, Grimbert, Jordan, Flewelling, Naomi Kovik, sans oublier Hobb et Martin bien sûr. J’aimais bien lire les pièces de théâtres à l’école, Corneille, Racine, Molière tout ça, les tragédies grecques, j’aime beaucoup. Certains classiques aussi…
Depuis quelques années, j’ai commencé à lire en langue étrangère. Mon tout premier fut le journal d’Anne Frank en allemand, puis j’ai enchaîné afin de conserver et pratiquer mes langues. Aujourd’hui, ma bibliothèque perso (celle de fantasy est en commun avec mon frangin) compte environ une quarantaine de livres, dans six langues différentes. J’ai du coup diversifié les genres, il y a là du médiéval allemand, du thriller anglais, de la SF italienne, des classiques en espagnol, des carnets de voyage en néerlandais. Je n’ai pas encore de livres russes, malheureusement, mais ça ne saurait tarder.
5/ On a tous un projet secret que l'on a jamais commencé ou jamais terminé car trop ambitieux... c'est la même pour toi ? Raconte-nous les histoires que t'inventait dans ta jeunesse, divertis-nous un peu !
Il y en a deux. Crïly, que j’ai déjà mentionné, mais qui est plus un monde à part entière avec ses traditions, il n’y a pas de réelle histoire dans laquelle je pourrais me lancer.
Et puis les Contes de Jivessé, mais je n’ai plus que des notes des évènements qui s’étaient déroulés sur PDMB, et je ne me vois malheureusement pas reprendre tout cela aujourd’hui.
Oui bon en fait, j’ai déjà répondu à ta question précédemment
6/ Lors de l'IRL, il y a un passage dans ton Carnet que tu ne voulais pas faire lire à Elfi. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ces quelques lignes ? Qu'avaient-elles de si polémique ?
Voici donc le III.6/ que vous attendiez tous ! En fait, je racontais dans ces lignes que Yugowski n’était qu’un con !
Non, plus sérieusement. ATTENTION SPOIL !!! CE QUE VOUS VOUS APPRÊTEZ À LIRE N’A PAS ENCORE ÉTÉ PUBLIÉ !!!
De par ma jeunesse renfermée, mon orientation sexuelle supposée et mon choix de vie nomade, je m’étais résigné à finir Mage Noir avec les pleins pouvoirs. C’était sans compter sur Naoko qui, ce samedi 16 Mai 2015, me dérobais ma virginité sous une tente perdue au milieu d’un champ, juste après lui avoir avoué que j’étais gay. Toutes mes convictions ont volé en éclats. Je pensais être gay depuis toujours, parce que dans les vestiaires je reluquais les garçons, parce que dans la rue, je m’attardais sur les beaux gosses, que la vue d’un décolleté ne me faisais aucun effet… L’ensemble des amis que je m’étais fait depuis l’université étaient des amiEs, sans exceptions. Alors je m’étais fait à l’idée que j’étais gay, j’avais fini par l’accepter, sans pour autant le clamer sur tous les toits. Naoko a explosé tout cela. Avec elle, c’était fun, c’était marrant, peut-être parce qu’elle était ma coloc depuis plusieurs mois… Quoi qu’il en soit, j’étais perdu, j’ai commencé à en parler avec mes amiEs ici, leur avouant par le même coup mon homosexualité. Y’en a même une qui m’a sorti « Ah bah on va enfin pouvoir parler d’hommes ! » parce qu’apparemment, c’était obvious. Je pense que j’ai commencé à me confier ici également, mais c’est tout, très peu de gens sont réellement au courant. J’ai surtout cherché à multiplier les expériences.
Ce sont ces passages que je cherchais à cacher à Elfi, car je les ai parfois écrits de manière très crue. J’ai rencontré deux gars différents sur un site pour les plans cul, j’ai pas réellement apprécié, je me suis dit parce qu’ils n’étaient pas complètement mon type. En même temps, vu ma tête et mon gabarit, je ne risquais pas de trouver des apollons qui veulent bien de moi. Afin de savoir si les hommes me plaisaient réellement ou non, j’ai donc déniché un adonis qui n’avait pas le choix. Extrait.
Spoil + Le passage qui suit pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes et aussi des plus vieux, et changer à tout jamais la vision que vous avez de Mandoulis. Donc soyez bien certains que vous souhaitez le lire
Jeudi 17 Septembre 2015
Voilà, rendez-vous est pris. 13h30 à Conolly Station. Je lui avais envoyé un long texto hier soir, comme ça il connait ma situation et sait ce que je veux. Je lui ai téléphoné ce matin, il a relevé que je n’avais pas d’accent français. Je l’ai trouvé sur un site officiel d’escorts. Vincent, vingt-trois ans, brésilien, 1m78, brun, mal rasé, c’est complètement mon type. Un beau regard, il dégage un fort charisme sur les photos. Masculin, bronzé, pecs et abdos légèrement dessinés, si je ne prends pas de plaisir avec lui, c’est que je ne suis pas gay. La pression monte lentement, je vais me retrouver dans le même lit que l’homme parfait, ma vie change peut-être aujourd’hui.
Il était très mignon, patient, un corps d’athlète, j’étais très excité. On s’est lentement déshabillés, je n’osais pas le toucher, j’avais quand même un peu honte. Il a voulu me rassurer, mais bon, ça ne changeais rien au fait que je me trouvais laid et qu’il se trouvait là pour de l’argent. Il a enlevé le bas, révélant une queue énorme, minimum vingt centimètres. Hésitant, j’ai fini par le sucer. Bon, rien d’extraordinaire, je le faisais juste pour lui donner du plaisir. Ce n’étais pas répugnant, parce que je savais qu’il était clean, et beau gosse avec ça. Nous avons changé les rôles avant de passer en 69, très jouissif. Il m’a demandé si je voulais aller plus loin. Tant qu’à être là, je me suis dit que c’était autant essayer. Et lui prendrait son temps, ferait attention. Une douleur insoutenable au début, forcément, vu la taille de l’engin. Ça s’est ensuite calmé, sauf quand il allait profondément. Pas de plaisir particulier, je pense que la sodomie n’est finalement pas pour moi. J’ai particulièrement apprécié les caresses, les baisers, être dans ses bras. Du coup, suis-je gay ? Ou bien ne rechercherai-je pas seulement une protection ? Des bras musclés ? Un sentiment de sécurité que je n’ai jamais ressenti étant enfant ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je vais réfléchir lors de mon trek à l’ouest, et en parler avec les deux seules personnes avec lesquelles je peux, Céline et Coralie. Je m’inscrirai peut-être sur un site de rencontres gay, afin de trouver des gens pour en discuter. Je ne tire que du positif de cette expérience avec Vincent, je ne le remercierai jamais assez.
Voilà, à l’heure d’aujourd’hui, mon cerveau est toujours dans le même état, je ne sais pas, je ne sais plus. J’ai eu quelques autres expériences avec des hommes, rien de fameux, rien qui ne m’aide. Je pense que je suis en fait à la recherche de quelqu’un sur qui je puisse m’appuyer, je pense que j’ai besoin d’un petit copain ou d’une petite copine. Sauf que je quitte normalement l’Irlande dans quelques mois, je ne souhaite donc pas débuter une relation maintenant. Le mode de vie que j’ai choisi m’en empêche. Céline (personnage que vous rencontrerez plus tard pour ceux qui lisent les Ancêtres) m’a conseillé de chercher un partenaire, même si ce n’est que pour quelques mois, afin d’en faire l’expérience. De réessayer avec des femmes aussi. Mais si cette toute première fois n’avait été aussi fun que parce que j’entretenais un lien particulier avec Naoko ? Cela voudrait dire que le sexe n’a de sens que lorsqu’il n’est pas pratiqué avec des randoms. Bref, aujourd’hui, en ce mercredi 25 novembre 2015, je suis toujours autant largué et perdu, vos conseils sont les bienvenus.
J'ai lu en diagonale, mais la ca devient vraiment chaud limite... euh, bah "limite" quoi
(J'ai des images en tête Mandoudou la, et c'est spécial )
Mage noir avec les pleins pouvoirs, putain... je sens Homm et Between qui ragent intérieurement.
Vous y arriverez, les gars, avec un peu d'obstination.