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Sujet : [Nouvelle] L'Esprit de l'Ecole
HelpingFR
Niveau 25
13 avril 2016 à 12:51:17

-Déjà, Pierre semble être de loin le plus coupable. Or, c'est celui avec qui t'as passé le moins de temps dans la première scène d'exposition. A voir si dans la réecriture, tu devrais pas accentuer sa description.

En effet. Il faudra que j'approfondisse sa description dans le premier chapitre. :(

-Peut-être que ça fait un bail que j'ai pas été en cours de français, mais le bizutage qui tourne mal ne me parait pas super cliché. En revanche, il y a pour moi quelques passages qui cassent le coté réaliste de la scène: Je sais que c'est censé être des débiles, et je regarde assez les couvertures de Detective Mag en achetant mes clopes pour voir que ça arrive, ce genre de trucs. Mais ça m'a pas l'air non plus d'être des psychopathes. Y a aucune réelle "raison" que tu expliques sur le fait qu'ils décident de le victimiser à ce point: ils ne semblent pas avoir d'historique entre eux de violence ou quoi que ce soit, ils ne se vengent de rien. Luc n'est pas vraiment présenté comme une victime avant cette scène, il a quelques amis, tout ça. Okay, c'est gratuit, mais quand on voit la violence de ce qu'ils lui font faire et ce qu'ils risquent même si Luc s'en tire, ça parait disproportionné. De la même façon, ils me semblent qu'ils attendent bien trop longtemps pour le repêcher.

Voilà donc un des trucs que j'avais oublié de mettre et que j'essayais de retrouver. Après, ça fait germer une nouvelle idée, vu que dans un sens, les prochains chapitres se focaliseront sur la cible de Luc, ce qui serait propice à un approfondissement des relations entre ce dernier et sa victime :oui:

-Et pourquoi Luc décide de rester avec eux ? Je veux dire, ils s'approchent de la rivière, il ne les aime pas. Si il veut montrer son courage ou s'insérer dans le groupe, tu dois le dire, une phrase et je te laisse tranquille.

En fait, il les suit par peur et contre son gré, c'est ce que je voulais insinuer en précisant qu'il était "emprisonné par le bras de Lucas"

-Enfin, petit point technique: présente l'école AVANT qu'on découvre qu'il y a un putain de fleuve à l'intérieur.

L'un des choix les plus difficiles dans la construction du chapitre 2. Commencer à décrire l'école, et donc, exposer le fait que Luc était coincé à l'intérieur, pour enchaîner sur le récit de la scène de la mort et donc se répéter sur la révélation du confinement de Luc ? Ou bien relater les événements antérieurs, et profiter de cette révélation de confinement pour directement enchaîner sur la description de l'école.

Après, je pense que le mieux serait de présenter ce fleuve derrière la forêt qui sépare le parc/l'école de ce dernier dans le premier chapitre, donc ça reviendrait à rajouter ce remaniement dans la liste de choses à corriger dans le chapitre 1 :oui:

Ou plutôt ce qu’il n’avait jamais eu. La joie, le respect, la popularité, un corps séduisant, une certaine inconscience, une insouciance parfois louable. Il n’aimait pas trop l’école, ni les cours. Il détestait les autres élèves, toute classe confondue. Leurs regards méprisants, leurs sourires moqueurs, leurs rires humiliants, leurs vies meilleures que la sienne. Au fond de lui, il les enviait.

Tu devrais le faire sentir, pas nécessairement le décrire comme ça. C'est un peu ce qu'on ressentait dans la première scène, mais l'idée serait de jouer d'avantage sur la description entre leur monde et son monde, et moins décrire simplement ses émotions. Je suis pas clair :hap:

Comme ceci par exemple ? :

Il aimerait tant vivre autre chose que le malheur, qu'on le regarde avec autre chose dans les yeux que de la méfiance, du mépris ou de la pitié, avoir un corps dont il n'aurait pas honte dans les vestiaires. Il enviait chez les autres le fait qu'ils ne se prenaient pas trop la tête, leur facilité à s'amuser en ignorant le stress quotidien de l'avenir... Leur façon de relativiser la vie. Luc n'arrivait pas à se détacher de son sérieux, le travail était la seule chose dans laquelle il excellait un minimum, à tel point qu'il se focalisait dessus. Difficile pour lui de s'amuser sur des choses simples quand la pression de contrôle ou d'épreuves se profilait à l'horizon.

D'une part, personne ne parle comme ça.

J'ai pas trop compris :(

La mort semblait au départ juste faire son boulot, elle va pas en plus prendre le café pour donner des conseils de vie à un jeune ado tué. Et en plus, mec, t'es en train de spoiler ta fic, t'es au courant ? :noel:
On sait bien que dans les histoires de vengeance, il y aura une problématique sur le coté juste de cette vengence. Tu n'es pas obligé de balancer toutes tes cartes maintenant. :)

Ben en fait, c'était surtout pour montrer que la Mort s'y connait en esprit vengeur. Son but est de le mettre en garde sur ce qu'il risque de faire et de le faire culpabiliser avant qu'il passe à l'acte, je sais pas si ça tient vraiment, mais c'était ce que je voulais que la Mort exprime. :oui:

Et pour le spoil, on verra :hap:

Bref, merci pour ton temps et ton avis :oui:

HelpingFR
Niveau 25
14 avril 2016 à 11:21:51

Pour en revenir au post de Nono, qui relève les diverses horreurs issues de ma correction partielle de certaines phrases :hap:

Il ferma les yeux en espérant que l’éclat de la faux ne traverse pas ses paupières.

J’ai pas compris

Ben, en fait, quand tu ferme tes paupières, la lumière, si elle est trop intense, traverse ces dernières.
Mais je crois que je vais renoncer à ce type de phrase :hap:

Oula il est super puissant en fait ! provoquer un orage c’est pas rien … :hap:

C'est de l'ironie ? :hap:

LePerenolonch
Niveau 10
14 avril 2016 à 18:00:41

Non c'est pas de l'ironie du tout :hap: Attends stp je sais pas si tu te rends compte de l'energie que ça demanderai de provoquer un orage :fou:

Homm
Niveau 15
14 avril 2016 à 18:36:27

Lu le premier chapitre.

Quelques maladresses dans la forme et un départ assez banal qui ne m'ont pas transcendé. En revanche, j'ai commencé à bien accrocher lorsque que le narrateur décrit les attardés qui composent sa classe minable, j'ai trouvé ça mieux écrit et ça la arraché quelques sourires.

Lors de ce passage, je me suis identifié au personnage principal tant ça me rappelait quelques moments de la scolarité :hap:

HelpingFR
Niveau 25
25 avril 2016 à 19:32:20

Luc découvrit un différent lui. Un ancien lui. Un lui révolu. Son visage commençait à se décomposer, un mince filet de sang gouttait de sa bouche, son nez commençait à disparaître. Ses lèvres se retroussaient pour découvrir les gencives ensanglantées. Les vers avaient commencé à entamer leur repas, Luc pouvait voir ses propres os, au niveau des jambes. Encore un rappel de sa condition. Il était mort, coincé et il n’avait aucun avenir. Il posa la boîte contenant le précieux trésor et referma sa tombe en joignant es mains. Les monticules de terre roulèrent sur eux-mêmes et plurent sur la dépouille.
Un grondement retentit, mais la pluie s’était arrêtée. Les nuages avaient été transpercés par les rayons du soleil et semblaient pressés de partir. Luc se rassura en voyant un autre tas de nuages menaçants un peu plus loin. Il avait raté la fin du cours de Chimie, mais il n’en avait pas cure. La récréation avait sonnée. Luc se pressa pour retrouver Mélanie, traversant une vingtaine d’élèves. La météo inhabituelle était le sujet populaire de l’instant. Luc trouva enfin Mélanie, près des sacs. Elle avait cédé à la folie. Ses affaires étaient éparpillées sur les gravats. Ses amis débarquèrent aussitôt, suivant une Vanessa inquiète.

— Mel ! Calme-toi ! » Fit Matthieu en posant sa main sur l’épaule de son amie.
— Je ne trouve plus mon portable ! Et… — Elle chuchota en voyant Monsieur Samba — mes médicaments. »
— Je suis sûr qu’on les a foutus en haut du mur. » Supposa Lucas en indiquant l’emplacement du regard. Même dans la détresse de ses amis, il conservait cet espèce de sourire malsain. « On les avait foutu en haut du mur. » Corrigea Luc.
— Va les chercher… S’il te plaît. »
— J’suis trop lourd. »
— J’y vais. » Trancha Quentin, toujours aussi volontaire.

Cette fois, il n’attendit pas le paroxysme de la crise de nerf de son amie pour se lancer à sa rescousse. Quentin était doué en escalade, il ne se reposait sur les branches fragiles qu’en cas d’extrême besoin. Un véritable lézard. Il arriva en haut, et revint bredouille.

— C’est pas vrai ! » Hurla Mélanie. Ses yeux s’embuèrent de larme et elle réfugia ses doigts dans ses cheveux. Son teint avait pâli. Luc jubilait.
-—Ne t’inquiète pas. Je suis sûr que ces farceurs vont vite se lasser de leurs conneries. » Tenta de rassurer Pierre.

Les visages des six adolescents se décomposèrent. Visiblement, Pierre venait de raviver le meurtre. Une farce dont ils ne s’étaient pas lassés. Luc s’en réjouit. La sonnerie les rappela au présent. Vanessa aida sa copine à remettre ses fournitures dans son sac avant de disparaître dans un cortège de lycéens râleurs.
Pendant les deux derniers cours de la matinée, Luc n’avait pas lâché Mélanie d’une semelle.
La jeune fille tremblait légèrement et elle gigotait dans sa chaise. Elle regardait compulsivement autour d’elle et Luc sentait ses muscles crispés, notamment ses mains. Elle griffait la surface des tables avec ses ongles, froissait légèrement les pages des livres de cours. Luc était aux côtés de Quentin, Vanessa et Lucas, qui, eux aussi, étaient plus attentifs à l’état de leur amie qu’au contenu du cours.

— Il faudrait peut-être songer à l’envoyer à l’infirmerie. Peut-être qu’ils ont des médocs pour la détendre là-bas. » déclara Vanessa.
— Pas la peine, on finira bien par retrouver ses médicaments… Et son portable. » répondit Quentin.
— Il faudrait qu’elle prenne conscience qu’elle en prend trop. Imaginez si dans sa panique, elle finit par dire à quelqu’un à propos de vous-savez-quoi. »
— Elle le ferait jamais. »
— Pourtant, Matthieu craint la même chose. »
— Et qu’est-ce que tu conseille, hein ? » trancha Vanessa.
— J’en sais rien. »
— De toute façon, tout ça c’est de ta faute. C’est toi qui a donné l’idée de cette farce. Toi seul. »
— Et pourtant, vous avez tous suivi hein ? »
— Comment tu fais pour supporter ça ? »
— Tu crois sincèrement que je vais me mettre à angoisser parce que ce petit con est mort ? J’ai tout la vie devant moi. Je m’en fous. »
— T’es vraiment un malade des fois. »
— Arrêtez de vous disputer, putain. On va finir par attirer l’attention. »

Quentin avait mis fin à la conversation. Visiblement, la culpabilité le sortait de son habituelle nonchalance. Les trois adolescents scrutèrent de nouveau leur amie qui gesticulait d’anxiété sur sa chaise. Mélanie sursauta lorsque la sonnerie annonça midi. Les portes de l’établissement vomirent des élèves affamés qui se précipitèrent vers le bâtiment du self. Luc se rendit compte à quel point manger lui manquait. Il n’avait jamais faim depuis sa mort, à quoi bon après tout… Mais mettre des aliments dans sa bouche, mâcher leurs surfaces molles ou croustillantes, sentir le sucre et le sel sur sa langue… Toutes ces sensations capables de faire oublier bien des maux. Comme les Terminales rentraient tôt, ils furent les premiers à entrer. Au menu, steak-frites, mousse au chocolat et autres aliments qui indifféraient les lycéens. La clique des six meurtriers se rassembla sur une table propice à les accueillir. Vanessa était la plus vorace, et Luc constata qu’elle avait grossi depuis le week-end de l’évènement. Lucas mangeait sereinement, étrangement silencieux. Quentin évoquait quelque histoire inintéressante que Matthieu écoutait en souriant. Ce dernier vit Esther passer et la salua avec son air séducteur. Luc voulu lui en mettre une, mais sa main traversa le crâne du jeune garçon.
L’esprit se focalisa sur Mélanie, qui semblait imiter Pierre. Leurs visages paraissaient figés, tous deux blafards. Leurs regards fixaient sans intérêt le tas de frittes grasses imbibées de sauce. L’état de Pierre satisfaisait Luc. Mais il s’intéresserait à lui plus tard. Le traître se punissait lui-même. Luc espérait toutefois qu’il mettrait un point final à cette flagellation morale.

— Vous devriez manger. » signala Matthieu en voyant les assiettes encore pleines.
— Je n’y arrive pas. » répondit Pierre d’une voix faible.
— Vous n’allez pas vous laisser mourir quand même. »
— Peut-être que ce serait la meilleure chose à faire… après ce qu’on a fait. »

Lucas posa une main sur l’épaule de Pierre.

— Allez vieux. On veut pas te perdre. C’est passé, c’est fait. On ne peut pas retourner en arrière. Tu vas surmonter ça. »
— Ou… Oui… D’accord. » acquiesça Pierre, secoué par quelques spasmes nerveux.
— Et arrête de ressasser tout ça. Ok ? Arrête d’y penser. Si tu veux penser à quelque chose, pense à l’avenir. Regarde, après on ira prendre le soleil. Ça va nous détendre. D’accord. »
— Il me faut mes foutus médocs. » trancha Mélanie qui avait enfin levé les yeux de son assiette.
— On les retrouva Mel. Mais gaspille pas ça. Mange aussi. »
— Si on les retrouve pas, je risque de faire une crise, ou autre chose… Et je vais devoir aller à l’infirmerie. Et ils finiront par deviner que je n’ai pas suivi le règlement. Mes parents vont être furieux parce que je ne suis pas l’ordonnance. Putain, j’suis dans la merde. »
— Si tu penses que tu vas faire une crise, c’est ce qui finira par arriver. Suis le conseil que j’ai fait à Pierre. Alors mange… Un peu. Si tu n’en veux plus, je prendrais le reste. Ce serait dommage de gaspiller ça. » assura Lucas.

Lucas, Matthieu, Vanessa et Quentin finirent leurs assiettes rapidement et demeurèrent à table en attendant Pierre et Mélanie. Finalement, les deux lycéens abandonnèrent après une dizaine de coups de fourchettes et Lucas et Vanessa héritèrent des restes. Ils quittèrent le self ensemble et Lucas se détacha du groupe pour chercher un bon endroit dans le parc où s’allonger pour profiter du soleil. Luc en profita pour vérifier l’avancée de la prochaine vague de nuages pluvieux. Pas assez proches pour ruiner la pause de midi, mais suffisamment pour refroidir la fin de la journée. Il se détacha de cet amas grisâtre pour observer Mélanie se séparer de son groupe en courant. Luc vola pour la rattraper et découvrit sa destination. Les toilettes avaient été rouvertes, et une longue traînée humide s’étendait des portes comme une langue sombre. Mélanie arriva devant une cuvette et vomit son midi dedans. Quelques frittes encore intactes baignaient dans ce mélange ocre. Luc était aux premières loges, faisant face au visage quasi-cadavérique de Mélanie.

— Tout va bien Mélanie ? » s’alarma une fille derrière Mélanie que Luc identifia sans délai.
— Casse-toi, Esth… »

La garce fut coupée par un nouveau vomissement. Luc était certain que cette fois, elle avait expulsé le petit-déjeuner.
Esther insista et commença à tendre le bras pour aider l’ingrate à se redresser.

« Fous-moi la paix ! »

Un mince filet de vomi pendait sur son menton. Elle gifla Esther au moment même où Madame Sinclair passait devant la porte des toilettes des filles.

— Que se passe-t-il ? » tonna-t-elle.
— Mélanie ne va pas bien. Je voudrais l’emmener à l’infirmerie. » répondit Esther.
— J’ai pas besoin d’aller à… l’infirmerie. » protesta Mélanie, luttant contre une nouvelle remontée gastrique.
— Tu es toute pâle mon enfant ! Laisse là t’emmener voir Madame Healy. Elle s’occupera de toi. »

Face à l’autorité, Mélanie baissa les yeux et ravala son égo en même temps que son dîner de la veille.
Luc avait envie de bondir de joie en voyant l’état de Mélanie se dégrader, la forçant à se plier à Esther et à aller au dernier endroit où elle voulait aller.

HelpingFR
Niveau 25
25 avril 2016 à 22:01:01

Pour les ouvriers, c'était "arriver" et non "arrivés" :noel: En effet, ça sonne mieux en deux phrase :oui:

A dire vrai, ça va faire un moment que j'ai pas vraiment pu admirer à 100% un lever de soleil, mais je me rappelais de ces nuages qui donnaient des choses étranges dans le ciel avec des couleurs que je n'avais jamais suspecté :noel:

Pour les majuscules, c'est un vieux réflexe que j'essaie de bannir. Depuis que j'ai vu que les majuscules, c'est pas très propre dans les dialogues, j'essaie de me faire à la règle :oui:

même ta description du climat y occupe une place centrale.

Pas compris :(

Merci pour ton temps et ton commentaire :oui:

HelpingFR
Niveau 25
25 avril 2016 à 22:59:30

Le 25 avril 2016 à 22:05:54 BradPriwin a écrit :
En gros j'ai juste vu que tu insistais beaucoup sur le climat (le ciel, le nuage, toussa quoi) et selon moi ce n'est pas une mauvaise chose mais tu dois être particulièrement méticuleux pour ces descriptions alors :oui:

En variant le vocabulaire et en explorant un peu plus le champs lexical ? :(
Peut-être insister sur les odeurs, de ce qui se ressent pendant les orages ou la pluie par exemple ? :(

HelpingFR
Niveau 25
29 avril 2016 à 13:39:46

La porte de la chambre s’ouvrit et Vanessa entra. Elle se hâta s’atteindre son amie pour l’enlacer.

— Ça va mieux ? »
— Non. »
— Pourquoi ? »

Matthieu apparut, suivi de Lucas et de Pierre. Quentin ferma la porte derrière lui et s’adossa à un mur.

— Les gars, je crois que je deviens folle. » Murmura Mélanie avant de se mettre à pleurer.
— Tu fais une crise de panique car tu n’as pas pris tes médicaments à cause d’un petit connard. »
— Non… C’est pas ça… Je suis en train de le voir. »

Luc fut surpris lorsqu’il vit Mélanie pointer son doigt dans sa direction.
« Je peux apparaître maintenant ? » S’exclama Luc intérieurement.

Les cinq adolescents suivirent le doigt de Mélanie.

— Luc n’est pas là. » Chuchota Matthieu en lançant un regard vers la porte.
— Si, je le vois. Je sais que j’hallucine, mais je le vois quand même. Il est resté tout l’après-midi. J’espérais qu’il disparaîtrait, mais je continue de le voir. Je veux sortir d’ici. »

Matthieu prit une profonde inspiration. Luc le vit prendre son air de chef de groupe.

- Bon, ok. Mélanie, essaie de te calmer, respire. »
- Ok… ok. »
- On va t’aider à sortir d’ici. Mais je doute que dans cet état, Healy te laisse partir. D’accord ? »

Mélanie acquiesça nerveusement et commença à suivre Matthieu qui lui donnait un rythme pour la respiration. Ils la firent lever et lui proposèrent de venir en sport avec eux.

— Je sais pas trop si je suis d’humeur à faire du sport, là. » fit Mélanie.
— Tu n’es pas obligé. L’important, c’est que tu sois avec nous. On restera à l’intérieur, au chaud, on fera du volley aujourd’hui. Et après, tu rentres chez toi. Tu as bien un flacon qui t’attend là-bas ? »
— Ouais, c’est vrai. J’en ai un autre… Merci beaucoup, vous êtes de vrais amis »

« Ils veulent surtout te garder à l’œil pour que tu évites de révéler à quelques oreilles indiscrètes votre crime. Mais je m’en fiche. Ils m’aident sans le savoir. » corrigea Luc.

— Madame Healy, Mélanie se sent mieux, elle voudrait venir avec nous en sport. »
— Je pense qu’elle devrait quand même rester. Je ne voudrais pas que l’on dérange votre cours pour la ramener ici. » contra l’infirmière.
— Vous inquiétez pas pour ça. Mélanie insiste, elle aimerait assister au cours. Elle supporte mal le fait d’être seule. »
— Je vais bien, merci Madame Healy. » articula Mélanie en mimant un sourire.

L’infirmière les laissa partir mais Luc pouvait lire sa circonspection sur ses lèvres tordues.

« Si jamais elle refait une crise, vous devrez la ramener ici, et cette fois, j’appellerais ses parents. » lança-t-elle avant que la porte ne se referme.

La cloche sonna, mettant un terme à la récréation. Luc évitait désormais le regard de Mélanie, il devait se cacher. Visiblement, l’anxiété de la jeune fille lui permettait de le voir. Une véritable gêne. Il allait devoir rester à l’abri de ses deux yeux qui avaient perdu en cruauté, pour éviter qu’elle ne fasse foirer son plan en paniquant. Escortée par ses cinq amis, Mélanie gagna sa classe près du gymnase de l’établissement.

Le bâtiment de sport était l’un des plus volumineux de l’école et se situait dans la zone du collège. Ses pignons s’arrondissaient, s’accommodant avec le style de l’école. Mélanie entra dans le gymnase avant tous les autres, qui se changeaient dans les vestiaires. Les profs possédaient un unique bureau, placé près d’une grande zone recouverte de tapis de sports bleus marine qui occupait la moitié de la salle. De nombreux crochets ornaient les murs et l’équipement de gymnastique était agglutiné dans un coin, près de l’escalier qui menait vers une autre salle où était entreposé le matériel de sport.
Mélanie s’assit sur un tas de tapis et attendit là ses camarades. Elle était en place. Un large groupe de fille monta les marches pour aller chercher les filets et les ballons. Elles descendirent en gloussant. L’une d’elle, Cassandra, essaya de lancer le ballon qu’elle tenait à une amie un peu plus bas. Luc se rua sur elle et le lui prit des mains avant de le relâcher et de le faire rouler pour éviter le moindre soupçon.

— Ah ben bravo ! »
— Allez, va le chercher, Cassandra.»

Cassandra dut attendre que les filles terminent leur descente pour se précipiter vers le ballon, qui avait roulé derrière des tapis de gymnastique. Luc avait été plus rapide.
Lorsqu’il posa la main sur la balle, Luc sentit que cette dernière venait d’entrer dans sa « dimension ». Il se laissa couler dans le sol et le ballon suivit, pour son plus grand contentement. Cassandra arriva trop tard et se mit à chercher partout, faisant le tour de la pile de tapis. Elle finit par retourner, bredouille, auprès de ses camarades.
Lorsque tous les regards se focalisèrent sur la mise en place du terrain de volley-ball, Luc décolla et rejoignit la remise. La pièce était lugubre, plongée dans le noir. Luc sentait qu’il était plus consistant, qu’ici, sa dimension et celle des vivants se mêlaient étroitement. L’effet de l’obscurité... Plusieurs caisses étaient empilées, contenant cerceaux, balles plus ou moins grosses, des harnais. Un grand bac contenait des cordes de toutes les couleurs, utilisées dans de très rares occasions pour des exercices de corde à sauter. Il y avait même des javelots. Luc trouva satisfaction en apercevant un grand placard en bois. Luc posa le ballon en haut et traversa la porte pour observer le déroulement du cours.
Le terrain de volley avait été décomposé en plusieurs petits pâtés sur lesquels se combattaient les équipes formées pendant son absence. N’étant pas des experts, certains des élèves jouaient excessivement, faisant voler les ballons qui frappaient le plafond ou les murs.
Luc constata, à sa plus grande désurprise, que la clique des meurtriers était restée dans son coin. Les équipes ne devant pas excéder trois personnes, Pierre, Vanessa et Quentin composaient la première équipe, affrontant Matthieu et Lucas. L’équilibre n’était pas respecté. Pierre avait autant d’énergie qu’un escargot, Vanessa passait la majorité de son temps à fuir la balle, et Quentin l’envoyait trop loin. En face, Matthieu et Lucas n’avaient aucune pitié. Mélanie les observait, assise sur l’escalier qui menait à la remise. Enfin arriva le moment tant attendu par Luc. Lucas, voulant exhiber sa force exceptionnelle, fit décoller la balle qui percuta le plafond et atterrit derrière les tapis. Tous les élèves s’étaient arrêtés, hilares. Lucas, fier d’avoir diverti la classe et attiré l’attention, se mit en route pour récupérer le ballon. Luc le devança en seulement une seconde.

L’espace d’un instant, l’esprit fut pris d’une envie de jeter le ballon de toutes ses forces sur ce garçon arrogant et insensible. Il était celui que Luc détestait le plus après Pierre. Il savait que son lancer serait dix fois plus puissant que lorsqu’il était vivant, suffisant pour effacer ce sourire béat pour toujours. Pourtant, il ne devait pas se compromettre. Il fit disparaître le ballon en l’enfouissant dans le sol. Lucas passa plusieurs minutes à le chercher. Matthieu le rejoignit. Luc ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant ces deux idiots chercher le ballon, regardant jusqu’aux endroits les plus insolites.
Finalement, Quentin se tourna vers Mélanie, lui demandant d’aller chercher un autre ballon. La jeune fille obéit, et monta les marches. Luc remonta et se cacha dans la pénombre pour ne pas être vu. Mélanie arriva dans la pièce sombre et se mit à chercher une nouvelle balle pour ses amis. Cette idiote ne regardait que le sol. Luc tendit la main vers l’armoire pour la secouer un peu. Le meuble grinça et Mélanie sursauta avant d’apercevoir le ballon en haut.
Elle s’empara d’une chaise et monta dessus.

Une corde à sauter émergea d’un des bacs et lévita jusqu’à la jeune fille. Avec la vivacité d’un serpent prêt à mordre, elle s’enroula autour du cou de Mélanie. La corde, animée par l’esprit de Luc, commença à former un nœud et s’agrippa à la poutre au-dessus de la victime, lui faisant perdre pied avec la chaise. Mélanie se retourna, comme à la recherche de secours. Luc émergea de l’obscurité pour lui faire face, enjoué par le commencement de sa vengeance. D’un revers de la main, il écarta la chaise qui bascula sur le côté. A présent, ce n’était plus qu’une question de temps. Mélanie fixait Luc, la terreur luisant dans ses yeux.

« C’est dur, non ? Je veux dire par là, de sentir un piège se refermer sur soi ? Tu n’as pas idée de combien je jubile, là. C’est avec joie que je t’avoue que c’est moi qui ai volé tes précieux médocs et ta saleté de portable. J’ai vidé toutes tes gélules dans le fleuve et j’ai enterré ton téléphone. Je te laisse deviner où. Je suis tenté de te demander pourquoi tu n’as pas effacé la vidéo. C’est idiot de conserver une preuve de mon meurtre aussi longtemps… Mais je n’ai aucunement l’intention de l’utiliser pour que les cinq abrutis se fassent emprisonner… J’ai une autre idée en tête. Dommage, tu ne rentreras jamais chez toi… Voilà… Tu peux crever maintenant. »

Mélanie se mit à se débattre, ses mains se refermant sur les cordes qui l’étranglaient. Elle gesticula et donna des coups de pied dans l’armoire. Les élèves allaient l’entendre. Ses meurtriers allaient être alarmés… S’ils intervenaient, que se passerait-il ? Ils sauraient qu’un esprit habite l’école pour avoir leur peau…
Luc s’approcha de Mélanie et agrippa ses jambes. Il la tira vers le bas et avec son esprit, renforça l’emprise de la corde. Mélanie lâcha un dernier soupir aigue et elle cessa de bouger. Luc recula et admira son œuvre.

Mélanie pivotait lentement sous le grincement de la corde. Ses yeux morts fixaient le plafond. Le ballon était tombé de l’armoire et roulait paresseusement sur le sol dur et froid de la remise.

Luc bondit sur le toit du gymnase pour observer l’école. Un cri perçant retentit dans tout l’établissement. Une espèce de vague invisible se répandit, faisant sortir les élèves de leurs salles de classe.

« Plus que cinq. »

HelpingFR
Niveau 25
30 avril 2016 à 23:19:43

Eh bien, là, j'en suis à 15 000 mots (en comptant le chapitre 5), et vu que je prévois encore 8 chapitres, je sais pas trop :oui:

HelpingFR
Niveau 25
08 mai 2016 à 12:32:13

Voici la suite :)

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Chapitre 5 : Affrontement et conséquences.

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*

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Luc admira les élèves attirés par le cri d’effroi qui allait ébranler la fin de la journée. Le ciel s’était assombrit, et la pluie martelait le toit du bâtiment. Surplombant la foule qui s’agglutinait aux portes du gymnase, l’esprit vengeur savourait l’instant. Plus que cinq… Cinq. Et ils auront payé. Luc sentait quelque chose circuler en lui, parcourant ses membres, ses muscles, ses veines, quelque chose à la fois froid et brûlant qui l’euphorisait.
Luc voulait voir comment ses anciens camarades de classe réagiraient à la nouvelle. La fille qui avait découvert le corps de Mélanie en train de se balancer s’était ruée vers la sortie de la remise. Haletante, elle avait hurlé depuis la rambarde : « Mélanie s’est pendue ! Mélanie s’est pendue ! Au seccours ! ».
Monsieur Marsho, assit confortablement à son bureau, se leva d’un bon. La chaise parcourut trois à quatre mètre avant de percuter un mur. Le professeur d’EPS bouscula les élèves qui gênaient le passage. Certains étouffaient leur surprise, d’autres se plaquaient les mains sur les joues ou le front. Une fille s’était même évanouie. Des camarades de classe se ruèrent vers les vestiaires, sans doute pour attraper leurs téléphones portables. Monsieur Marsho donna la consigne d’appeler les urgences et d’aller chercher le directeur alors qu’il montait les marches quatre à quatre.
Esther fut la première à appeler les secours.
Vanessa avait quitté le gymnase en courant, les joues humides.

Tous les regards étaient fixés sur la petite porte de la remise de sport.
Esteban leva son portable pour filmer, mais Grégoire lui donna une tape sur la main.
Le clan réduit des ordures était bouffi de nervosité. Même Lucas. Surprenant.

La fille qui avait découvert le corps de Mélanie avait voulu aider le professeur mais elle fut expulsée illico. Elle descendit lentement sous les regards de ses camarades, tremblante et pâle, les yeux fixant ses pieds. Les chuchotements commencèrent lorsqu’elle ôta son pied de la dernière marche.

— Pourquoi elle a fait ça ? »
— Elle allait pas bien, t’as pas suivi. »
— Y a plein de gens qui vont pas bien. »
— Mon dieu, c’est horrible ! »
— Elle aurait pu attendre d’être chez elle. »
— Vous pensez que le lycée va être fermé ? »
— Il parait qu’on a 20 au BAC si un élève meurt… »

Le directeur, flanqué de son adjoint et des surveillants, ouvrit les deux battants de la porte centrale du gymnase. Il monta en compagnie de Monsieur Samba et ils entrèrent dans la remise. Alice, Madame Sinclair et le directeur adjoint demandèrent aux élèves de les suivre. Personne ne protesta. La classe de Terminales S quitta le gymnase, non pas sans jeter un dernier coup d’œil à la porte de la remise.
Luc se frotta les mains. Il décolla pour voir ce que sa classe aurait bien aimé voir. Le corps de Mélanie gisait sur le sol froid. Ses yeux avaient été clos, effaçant légèrement l’horreur qui tordait le visage de la victime.

Monsieur Marsho avait la main posée sur la mâchoire, pour camoufler sa bouche tordue par le choc. Le directeur regardait la poutre et les marques de cordes sur le coup fin de Mélanie. Monsieur Samba dévisageait le corps.

— Une élève l’a trouvé en train de… Se balancer. J’ai tout de suite couru et tenté de la réanimer. J’ai également donné la consigne de faire appel aux urgences, mais c’était trop tard. »
— Mmh… Il va falloir s’attendre à voir la gendarmerie. On n’avait vraiment pas besoin de ça. Une idée de ce qui l’a poussé à faire ça ? »
— Aucune. Il faudra sans doute parler aux élèves.
— Le professeur principal s’en charge en ce moment. A partir de maintenant, je ne veux plus qu’un élève monte ici seul. Et il faudra se débarrasser de ces cordes que personne n’utilise. »
— Que faisons-nous du… Corps, monsieur le directeur ? »
— Laissons ça aux personnes compétentes. »
— Devrons-nous fermer l’école ? » demanda Monsieur Samba, sortant de son mutisme.
— Je ne pense pas. Nous sommes à quelques mois des épreuves, il faut bien que les élèves révisent. »

Luc en avait assez entendu. Il n’avait pas envisagé la possibilité que l’école soit fermée… Il se rassura en se rappelant la boite dans sa tombe. Enterrée comme un ver de terre… Un appât.
Que se passerait-il aussi si la gendarmerie enquêtait ? Remonteraient-ils à sa mort ? Allaient-ils faire un lien entre le suicide d’une élève et sa disparition ? Le fait qu’ils soient dans la même école allait forcément mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Et si les parents décidaient de retirer leurs enfants… Il y avait toujours l’appât, mais suffirait-il ?

HelpingFR
Niveau 25
08 mai 2016 à 14:29:12

poncutétou; je sais pas non plus d'où ça sort, je voulais écrire "ponctués de tout..." :oui:

Moi non plus n'ayant pas subi de mort durant ma scolarité, c'était assez compliqué, je suppose que le peu de naturel des réactions vient surtout des dialogues avec les remarques type "fermer l'école" ou "20 au BAC"

Pour les esprits des victimes, c'était surtout pour montrer que Luc s'emballait un peu quand il perdait le contrôle, et accessoirement, en montrer un peu plus sur les Faucheurs (et aussi parce qu'écrire cette scène était quand même fun pour moi :hap: ) :oui: Disons que pour l'instant, j'ai pas vraiment d'idées sur les obstacles que pourrait poser un autre esprit dans l'école.

En tout cas, merci pour ta lecture :oui:

HelpingFR
Niveau 25
14 mai 2016 à 18:04:19

Je viens de voir que je me suis chié dessus pour le titre de l'épisode 5 en oubliant le souligné et le gras :fou:

HelpingFR
Niveau 25
14 mai 2016 à 18:05:55

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Chapitre 6 : De nouveaux amis à poils.

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*

*

*

Luc voyait maintenant arriver son deuxième week-end de revenant.
Et il n’allait pas le passer seul.
Au moins cinq gendarmes patrouillaient dans l’établissement la nuit. Et pendant la journée de Samedi, ils furent rejoints par les ouvriers du chantier.
Le jeune esprit vagabondait dans la forêt. Il avait pris conscience qu’il pouvait désormais se matérialiser dans la dimension des vivants. Le toucher concret était désormais possible sous la clarté du jour, il n’avait plus à dépendre des nuages ou de la nuit. Il pouvait entendre le son de ses pas, l’effleurement des feuillages sur sa peau, sentir le vent souffler sur son visage, observer son ombre.
Toutefois, le pouvoir de la pensée était toujours limité à l’obscurité, à la nuit. La progression n’était pas parfaite.
Explorer ses nouvelles capacités lui avait pris la matinée. Au début de l’après-midi, Luc avait décidé de contempler sa tombe. Le téléphone était bloqué dedans et il aurait aimé commencer à élaborer un plan. Il avait déjà une cible bien désignée. Pierre. Mais il ne pouvait rien faire sans ce maudit téléphone.

Il décida d’étudier les gendarmes. Comme il l’avait constaté la nuit du vendredi, cinq gendarmes étaient postés pour surveiller les possibles infractions. Mais trois seulement étaient présents pendant la journée. Ils étaient définitivement une gêne dans le plan de Luc.
Il se disait qu’il pouvait toujours essayer de saccager une des salles de classe pour attirer leur attention, mais cette diversion n’attirerait que un ou deux gendarme, en plus d’être à double tranchant, car les agents de l’ordre seraient aux aguets, à la recherche du vandale. Il fallait trouver d’autres diversions.
Luc avait beau les regarder, il avait du mal à déceler des failles potentielles dans les comportements des gendarmes, aussi abandonna-t-il leur espionnage en les voyant se faire relever régulièrement. Il se hissa sur le toit d’un des bâtiments qui surplombait le parking, vide.
Malgré la présence d’un quartier résidentiel proche, Luc avait l’impression que l’humanité avait déserté le monde.
L’adolescent entama la soirée en se dirigeant vers le chantier, séparée du lycée par un grillage fin.
Des machines de construction étaient en place, le terrain avait été retourné, des sacs de sable, de gravier et autre matériau étaient empilés, sous un abri, en compagnie de parpaings gris. Il y régnait un orchestre de martèlements, de scie et de beuglements. Luc s’avança vers une table de fortune, une grande planche en bois hissée sur des parpaings, et y découvrit les plans du nouveau lycée.
Vomir fut la première chose qui lui vint à l’esprit en voyant les dessins. Un gros bloc gris, carré et sans âme, voilà ce qu’ils construisaient. Une horreur « moderne » qui allait faire tâche avec le reste de l’établissement.

— Hé toi, qu’est-ce tu fais là ? » hurla le chef de chantier en s’avançant vers lui.
— Désolé, monsieur, je voulais juste… » répondit Luc, surpris.
— Ta ta ta, pas de ça ici. Tu sais qu’c’est le week-end ? T’as pas vu les grilles ? Allez, casse-toi avant que j’appelle les gendarmes. Petit con. »

Il aurait pu se passer de cette dernière phrase. Et pour prouver que c’était lui l’adulte, il lui donna une tape à l’arrière du crâne. Luc sentit que cette dernière était violente, mais il ne ressentit aucune douleur.
Il se retira du chantier sous le regard autoritaire et méprisant du chef de chantier. Arrivé à l’angle du bâtiment le plus proche, il se fit disparaître.
Luc observait désormais le grossier personnage distribuer les ordres tout en avalant le contenu d’une canette de bière. L’homme était rond de taille et de visage. Sa mâchoire mal rasée et les poils qui recouvraient la surface de ses bras renforçaient l’image que Luc avait de lui. Un gorille décérébré. Et il reconnaissait un peu son père en lui.
Alors que le soleil descendait, Luc entamait son énième tour de l’école.
Il entendit un couinement et il vit une souris courir sur les gravats, poursuivie par un chat au pelage noir. Le rongeur faisait preuve d’une vélocité qui lui permettait d’échapper aux bonds du chat, mais le prédateur était bien plus à l’aise sur le grand terrain dégagé. Luc admira l’inévitable arriver. Le félin finit par poser la patte sur la queue de la souris qui couina de terreur et de douleur. Elle se tût pour de bon lorsque la mâchoire du chat se referma sur son petit crâne.
L’animal miaula et deux silhouettes aussi agiles que lui surgirent du toit pour rejoindre le maigre festin. Le premier chat, au pelage roux tigré et hirsute, plongeant ses dents dans le ventre du cadavre, tandis que le deuxième, au pelage gris et bien soigné, arrachait les pattes.

Luc avait toujours adoré les chats. Il aimait les regarder, les caresser, les faire jouer. Il avait une certaine affinité avec ces animaux. Il s’approcha des boules de poils. Leur repas n’était plus qu’un amas de substance rosâtre. L’un des chats s’arracha de sa dégustation et fixa Luc de ses prunelles vertes. Il fut surpris de constater qu’il ne s’était pas matérialisé. Il n’avait pas d’ombre.
Les animaux pouvaient-ils le voir ? Cette question trouva vite réponse lorsque les deux autres chats levèrent la tête pour fixer le fantôme de leurs fentes fines et verticales.

« Venez par ici. » demanda Luc en se baissant, une main tendue vers les chats.

L’un d’eux se détacha du groupe pour renifler la main de Luc avant de ronronner. Les autres l’imitèrent.

« Vous me comprenez ? » essaya Luc.

Les trois félins levèrent la tête, leurs regards plongés dans celui de Luc. Le fantôme sourit.

Le soir fut annoncé de nouveau par le couleur orangée du ciel, le soleil rougissant alors qu’il plongeait dans l’horizon, les ombres s’étirant. La lumière quittait le monde en même temps que les ouvriers. Le grossier chef de chantier rangeait les plans du nouveau lycée qu’il emmena dans un local préfabriqué.
Lorsqu’il en ressortit, le soleil avait déjà disparu et Luc était en place. L’espace d’un instant, il se sentait l’âme d’un réalisateur de film. Il était temps de tester ses capacités de nuit, et de se divertir par la même occasion. Par sa simple pensée, il créait des courants d’air qui s’épaississaient et se rallongeaient, se transformant en un vent encore calme. La houle doubla d’intensité après quelques instants, son souffle strident faisant grincer le grillage et teinter les maillons de quelques chaînes qui pendaient dans le vide. Quelques arbres, un peu plus loin, dansaient frénétiquement.
Un grand nuage de poussière se soulevait et le gras chef de chantier dût se protéger les yeux en repliant le haut de son manteau sur son visage. Il fit quelques pas lorsque le chat noir lui bondit sur son crâne, griffes dégainées. La boule de poils se mit à cracher et à hurler tandis qu’il les plantait dans son cuir chevelu. Ses deux camarades sautèrent sur ses jambes et lacérèrent son pantalon en entamant la chair.
Le chef de chantier se mit à hurler et tomba sur le côté en battant l’air des mains. Luc soma aux félins d’arrêter et ils obéirent, laissant leur proie tremblante gisant sur le sol. Le bonhomme se leva, non pas sans difficulté, et se rua vers sa voiture.
Luc arrivait à sentir le parfum de la peur suinter de sa peau. L’homme était salement amoché. Haletant, il boitait et quelques-uns de ses cheveux étaient englués par ses fluides. Il laissait derrière lui une longue traînée pourpre.
Les félins s’étaient montrés plus agressifs que Luc ne le pensait, mais il était ravi de voir qu’il exerçait une influence sur les animaux. Jubilant à l’idée d’avoir puni le chef de chantier pour sa grossièreté et son manque de respect, Luc déserta à son tour le chantier pour rejoindre la cour de l’école qu’il surplomba depuis les airs. Il pouvait observer les halos lumineux des lampes-torches des gendarmes glisser sur les murs et le gravier.

Il fit promener les chats dans l’école, en les encourageant à faire du bruit, en remuant les cailloux, en grimpant aux arbres, en renversant du matériel fragile dans les laboratoires de chimie, en miaulant. Ils attiraient visiblement l’attention des gendarmes et Luc vit une faille exploitable. Après plusieurs heures, les trois chats s’étaient assis autour de Luc, en attente d’une nouvelle tâche.
Il voyait les chats différemment, avec tout ce qu’ils avaient fait au cours de la soirée.
L’esprit les remercia, et ils se retirèrent, à l’exception du félin noir. L’esprit retourna dans les bois pour pratiquer, le noir toujours sur les talons.
Ils arrivèrent au fleuve. La nature était plongée dans la tranquillité. Les arbres murmuraient dans leurs feuillages qui s’embrassaient, une douce brise les accompagnait dans leur danse. Le fleuve paraissait assoupi tant son courant était faible.
Luc se tourna vers un arbre maigrichon et le braqua avec ses mains sous les yeux scintillants du chat noir. Le tronc se mit à trembler et les branches gesticulèrent, comme si l’arbre se débattait contre l’emprise de Luc. Le fantôme réussit enfin à l’arracher, emportant un morceau de terre, puis le fit léviter, avant de le jeter dans le fleuve dans une grande gerbe d’eau. Il ne restait plus que quelques ondulations qui s’atténuèrent quelques secondes plus tard. Il fit de même avec trois autres arbustes, et se tourna vers le chat qui émit un bâillement.

« Pas assez spectaculaire, hein ? » lui adressa-t-il.

Le matou lui répondit dans un miaulement. Luc se tourna vers la forêt et tendit les mains vers un arbre plus massif que les précédents. Le tronc trembla, la terre autour de lui se souleva, mais Luc pouvait sentir les racines, profondément enfoncées. Il força encore un peu, mais sa cible tenait bon.

« Visiblement, je ne suis pour l’instant pas assez fort, hein ? »

Le chat miaula en retour. Luc avait vraiment l’impression que le chat l’écoutait, aussi voulait-il lui parler… Parler lui manquait aussi. Il pouvait émettre des mots, former des phrases, mais il n’avait personne avec qui vraiment converser jusqu’à présent, à part peut-être la Grande Faucheuse.

« Ça te dirait d’être mon premier ami post-mortem ? » demanda Luc en s’approchant du chat.

Le félin se redressa et se frotta aux jambes de Luc en ronronnant. L’esprit fut ravi de l’entendre. Les deux compagnons longèrent ensemble la berge. Luc continuait à déraciner des arbres, s’essayant parfois à des végétaux un peu plus robustes, afin d’avoir une meilleure idée de ses limites.

« Tu sais comment je suis mort ? demanda Luc au chat qui lui répondit d’un simple regard. Je me suis noyé là-dedans. »

Il pointa l’eau, toujours tranquille. Le chat suivit le doigt de l’esprit avant de reporter ses yeux brillants sur lui.

« Non, ce n’était pas en nageant. Disons que j’ai cru un moment que je m’étais fait un ami assez improbable. Pierre. On discutait, on échangeait… ce genre de choses que font les amis entre eux. J’ai même laissé tomber les amis que j’avais déjà… Que j’avais la chance d’avoir. Et tout changea lorsque le piège se referma sur moi. Cette amitié que j’avais cru solide, vraie, durable ne se révéla être qu’une immonde blague. J’étais aveugle, et quand la vue m’était revenue, c’était déjà trop tard. Ses amis m’encerclaient, j’étais tout seul, sans défense et plus vulnérable que jamais et ils m’ont humilié. Et ils ont réalisé que trop tard que leur bêtise allait trop loin. Je suis parti comme j’ai vécu. Misérable et pathétique. Personne ne sait ça. A part toi, moi, et mes bourreaux. Ils étaient six, et aujourd’hui, ils ne sont plus que cinq. »

Le chat était fasciné par cette histoire. Aussi Luc la mit en suspens pour revenir sur ses pas, là où se situait sa tombe.

HelpingFR
Niveau 25
14 mai 2016 à 18:06:16

« C’est là qu’ils m’ont enterré. Tu as vu l’espèce de petit bâton pour marquer ma tombe ? Même moi je ne sais pas trop pourquoi ils ont fait ça. Il doit être aussi difficile de comprendre un débile qu’un génie, non ? Bref, aujourd’hui, j’ai tué l’un des leurs. C’était une petite peste, une connasse. Mélanie. Elle a été facile à tourmenter. J’ai juste eu à mettre la main dans son sac pour en retirer ses deux possessions les plus précieuses. Sans ça, elle a craqué et elle n’arrivait pas à contenir sa douleur intérieure. Du coup, j’ai attendu qu’elle soit seule puis je l’ai pendue. Et pas de place pour les soupçons. Quand elle a lâché son dernier soupir, j’ai senti une énergie circuler en moi, une impulsion que je sentais palpiter. Je me sens bien plus fort. Mais avec ce premier meurtre, je dois être prudent. Si je veux pouvoir me venger, il faut que je garde mes cibles sur mon terrain. Avant qu’ils aillent à l’université. Au travail. Ou en prison, si jamais leur crime est révélé au grand jour. »

Luc plongea les mains dans sa tombe, passant à travers la terre. Il palpa son propre corps jusqu’à toucher la boîte. Il la remonta sans avoir besoin d’ouvrir sa sépulture comme la dernière fois. Il suffisait juste d’envelopper l’objet dans sa dimension. Le félin banda ses oreilles en contemplant le phénomène.

« Tu as vu ? Être un revenant a quelques avantages. J’ai découvert ça hier après-midi. »

Luc souffla sur la boîte pour balayer les granulés de terre qui peuplaient le couvercle. Il l’ouvrit pour en sortir le portable de Mélanie.

« Tu vois ça, dit-il en le montrant à son compagnon à poils, c’est avec ça que je vais pouvoir mettre en place la suite de ma vengeance. Lorsque ces idiots m’ont tué, Mélanie s’était dit que ça ferait marrer pas mal de gens. Et maintenant c’est une preuve. Ils savent que celui qui possède ce téléphone possède la preuve, et si ce n’est pas le cas, je vais faire en sorte qu’ils en soient sûrs. Ma prochaine victime, c’est Pierre. C’est de sa faute si je suis ainsi. C’est lui qui m’a attiré ici. Je me suis dit que ce serait ironique qu’il termine sa vie là où il a achevé la mienne. Tu ne trouves pas ? »

Le chat acquiesça.

« Il faudra que j’attire Pierre ici. Je sais comment faire, mais de nombreux obstacles se dressent devant moi. Déjà, le fait que je sois porté disparu et qu’il y ait eu un suicide dans l’école attirent l’attention. Ensuite, disons que je m’exerçais dans les salles de classe. Du coup, des gendarmes surveillent l’école, la nuit. Si je veux attirer Pierre, il faudra que je trouve un moyen de m’en débarrasser. Et avec ce qu’on a fait avec le chef de chantier, je me suis dit que ton aide serait précieuse. C’est ce que font les amis, après tout. Ils s’aident. »

Le félin s’approcha de lui avec grâce et lui tendit sa truffe qui remuait doucement. Luc ne comprit pas l’intention de l’animal, avant de saisir la portée de ce que lui proposait le chat. L’esprit tendit sa main sur le museau de son compagnon poilu et se concentra. Il quitta brusquement sa dimension, non pas pour entrer dans celle des vivants, mais pour en découvrir une nouvelle dans laquelle il pouvait voir à travers les yeux du chat, et même observer ses souvenirs, des images défilantes, des espèces de film que Luc pouvait mettre sur pause, ralentir, accélérer, reculer avec sa pensée. Une nouvelle possibilité se tendit vers Luc qui s’extirpa de l’esprit de l’animal.

« Intéressant. »

Il enterra de nouveau le portable et se tourna vers le chat. Il allait l’aider, il pourrait faire une bonne distraction pour les gendarmes. Il savait à présent comment écarter cette barrière qui brouillait son plan envers Pierre.
Le matou miaula en le voyant mettre la boîte sous terre, ce à quoi l’esprit répondit :

« Pas maintenant. Je veux que Pierre meure comme je l’étais. Seul, sans amis… Sous le regard d’une audience réjouie… Si j’utilise le portable maintenant, Pierre va s’empresser de contacter ses amis. Quand bien même j’arriverai à mes fins, ils auraient le temps de décamper. Même si mes pouvoirs grandissent, ils restent limités. Je ne peux pas me permettre d’être démasqué. Qui sait ce qui pourrait advenir après. Ne t’inquiète pas, je me chargerais d’isoler Pierre dès la fin du week-end. J’ai un plan pour ça aussi. De plus, d’ici là, peut-être qu’il y aura moins de gendarmes quand ils verront que les « casseurs » se sont arrêtés. Au fait, comment veux-tu que je t’appelle ? »

Le chat leva de nouveau la tête. Luc entra de nouveau en lui avant de ressortir avec la réponse à sa question.

« Très bien, Osghul. Moi, c’est Luc. »

Le lendemain, le chef de chantier revint en boitant, sa jambe et son crâne couverts de bandages. Osghul et d’autres chats le fixaient du haut d’un préfabriqué.
Le grossier personnage palissait à leur approche, essayant au mieux de les éviter.
Osghul avait ramené cinq chats, comptant ses deux partenaires de la veille, Esberg et Ugtulghul. Des noms étranges comparés aux noms conventionnels donnés par leurs maîtres. D’autres chats arrivaient au fil des heures, envahissant les toits et les arbres. Le chantier avait repris son activité. Les bétonneuses roulaient sur elles-mêmes, le bruit des moteurs des véhicules retentissait sur plusieurs mètres, les marteaux piqueurs continuaient d’émettre leurs symphonies singulières et irritables.
Les gendarmes étaient toujours là, leurs effectifs identiques à la veille, continuant leurs relèves.
Luc se souvint des paroles du Faucheur qui était venu prendre Mélanie. La Mort allait revenir.
Elle prenait son temps.
Allait-elle être en colère ? Ou bien indifférente ? Allait-elle de nouveau le sermonner ?
Luc admira, ravi, le soleil couler dans l’horizon, mettant fin à cette journée ennuyeuse.

Les chats étaient restés. Assis sur les toits, stoïques et silencieux, ils avaient l’air de sinistres gargouilles. Quelques-uns des gendarmes patrouillaient en les pointant de leur lampe-torche, intrigué par leur nombre.
Osghul sur ses genoux, Luc patientait sur un banc dans la cour du collège, près des tables de ping pong. Il tendait les oreilles, prêt à entendre au loin les sabots annonciateurs de l’arrivée de l’être encapuchonné.
Un gendarme avança devant lui, promenant le halo de lumière de sa lampe torche sur les murs des bâtiments, le levant parfois sur les chats qui le fixaient de leurs yeux de billes. Il finit par pointer Luc avec sa lumière et sursauta. Le fantôme se retira, craignant d’avoir été vu. Osghul se jeta aux pieds de l’agent des forces de l’ordre en crachant, les poils hérissés en signe d’hostilité, avant de s’enfuir.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda un gendarme un peu plus loin.
— Rien, je me suis fait peur tout seul. Foutu chat. » réplica son collègue en balayant de nouveau le banc vide avec le faisceau lumineux.
— En même temps, cet endroit a de quoi foutre la trouille. On croirait qu’il est hanté. Et ces chats m’angoissent, à me fixer sans arrêt. »
— J’avoue… J’ai vraiment hâte que la relève arrive. »

Les deux gendarmes se dispersèrent en entrant dans les bâtiments. Luc en profita pour se rasseoir. Il pouvait voir la progression des deux hommes, en suivant les fenêtres qui laissaient échapper les lueurs des lampes-torche.
Des claquements retentirent sur les cailloux de la cour. Le souffle du cheval squelettique s’entendait sur plusieurs mètres. Il s’ébroua plusieurs fois, bien qu’il s’agisse plus d’un râle plaintif aux oreilles de Luc.
Luc ne se retourna pas. Il entendit juste la Faucheuse descendre de selle et s’approcher.

— Alors tu as commencé. »
— En effet. »

La Mort s’approcha encore et se positionna face à Luc. L’esprit pouvait voir ses yeux glacés luire derrière les fentes de son masque d’argent.

— Tu t’es senti puissant en le faisant ? »
— Plutôt, oui. Et ensuite, j’ai senti cette même puissance augmenter en moi. »
— Et je t’en avais déjà parlé. Tu as fait ton premier pas dans un monde que tu ne risques pas d’avoir envie de découvrir. »
— Et quel monde est-ce ? Vous allez me sortir que je m’embourbe dans un monde de Mal, de Ténèbres ? »
— Plaisante tant que tu veux, quand ton sauvetage sera impossible, tu vas vite redescendre de ton piédestal. »
— Cela veut donc dire que tu peux être impuissante ? »

La Mort n’avait pas apprécié la remarque.

— Peut-être. »

La Mort parcourut son regard le long des toits, fixant chaque chat. Les félins s’étaient crispés à l’approche de la silhouette menaçante.

— Tes nouveaux amis ? »
— Oui. Je les ai rencontrés hier. »
— Alors ça a commencé… »

La Mort semblait parler pour elle-même. Quelque chose commençait à l’effrayer. Luc n’en revenait pas. Il voyait la Mort soumise à la terreur.

— Tu comptes vraiment continuer dans cette voie ? Tu comptes tuer ces cinq adolescents pour le simple désir de vengeance ? »
— Exactement, j’y trouverais une forme de repos. »
— Continue sur cette voie et tu ne connaîtras ni repos, ni rédemption. Ce qui est en train de t’arriver dépasse le cadre de ta simple crise d’égo. »
— Expliquez-moi donc… »
— Donne ton consentement, et j’essaierai de te l’expliquer sur la route. »
— Ton employé m’a dit que les routes de l’Au-Delà étaient de moins en moins sûres… »
— Elles ne le sont pas pour moi. »
— Je ne suis pas convaincu. »

Les chats se mirent à feuler, crachant depuis les toits. Leurs babines retroussées dévoilaient leurs dents pointues. La Mort finit par retourner auprès de son cheval et se remit en selle.

— Tu as tort si tu penses qu’ils te servent. Je n’ai peut-être pas réussi à te convaincre de venir avec moi. Tant pis, tu n’es pas mon premier échec. Les prochains qui tenteront de mettre fin à ton entreprise seront moins enclins au dialogue. »
— Et qui donc pourrait se mettre en travers de mon chemin ? »
— Je te laisse la surprise. »
— J’espère qu’ils sauront que je n’aime pas les surprises. »

La Mort ignora la boutade et disparut dans les ténèbres. Les poils des chats retombèrent et les dents disparurent. Le calme était revenu. Un gendarme entra dans la cour. Luc sentait qu’il se chiait dessus. Le numéro des chats ne devait pas être passé inaperçu…
L’horizon commença à s’incendier et le ciel reprit des couleurs. Luc se leva de son banc. Il était temps de passer à la prochaine étape.

LePerenolonch
Niveau 10
14 mai 2016 à 20:58:17

La description de l’infirmière m’a surprise un peu, j’ai jamais vu une infirmière scolaire ainsi :hap:
— Ça me fait peur. » réplica Esther
Réplica ? pas la première que je te signale cette faute, le réplica c’est autre chose que répliqua ^^

D’ailleurs je viens de remarque que tes dialogues sont bizarrement construits, tu ouvres chaque réplique avec le — et tu la fermes avec le », normalement c’est :
« réplique 1
—réplique 2
—réplique3

—réplique n-1
—réplique n »

Belle scène avec Esther :oui:

Madame Healy avait les yeux plongés dans un roman. Elle glissa soigneusement son marque page et referma le roman

Répétition de roman, tu peux dire livre ou bouquin.

Elle finit par retourner, bredouille, auprès de ses camarades.

C’est donc la que vont tous les objets disparus :peur:

Bon chapitre, on a l’impression que tu as enfin réussi à te poser avec ton style et ton intrigue gagne en puissance, très plaisant à lire. Est-ce que Mélanie entends Luc ? Si oui, je pense que tu pourrais le faire un peu hésiter à la tuer, et qu’au fur et à mesure il devient de plus en plus impitoyable :oui: (si tu veux partir dans cette optique là évidemment).

LePerenolonch
Niveau 10
14 mai 2016 à 21:45:55

Chapitre 5
— Il parait qu’on a 20 au BAC si un élève meurt… »
:rire: J’entends ça partout et là le voir dans ta nouvelle ….

poncutétout

What, un néologisme tel qu’il n’y a qu’un seul résultat dans google :hap:
https://www.google.fr/search?q=poncut%C3%A9tout&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b-ab&gfe_rd=cr&ei=-XY3V8HoH6yx8wfOn5OoAQ

t’es mort.

Morte !

Par contre je trouve que tu utilises trop « Luc », trouves d’autres équivalent parce qu’on a des Luc à tout va.
Je reviens sur l’avis de Brad concernant la réaction des élèves et en particulier des amis de Mélanie. Je trouve qu’ils ne sont pas assez affectés par sa mort.

Chapitre 6

Assis sur les toits, stoïques et silencieux, ils avaient l’air de sinistres gargouilles

Cool comme image.

Tu vas nous faire le coup du réplica à chaque chapitre ? :fou:

— Ton employé m’a dit que les routes de l’Au-Delà étaient de moins en moins sûres… »
— Elles ne le sont pas pour moi. «

On se doute qu’elles sont sûres pour elle mais de la façon dont tu le dis on croirait qu’elles ne sont pas du tout sûres !

Intriguant cette histoire de chats qui ne semblent qu’être que des escrocs manipulateurs d’après la mort :peur: la suite !

HelpingFR
Niveau 25
25 mai 2016 à 16:04:57

Wha, ça va bientôt faire trois mois que je travaille dessus :noel:

Bref, je vais pas tarder à poster le chapitre 7 :hap:

HelpingFR
Niveau 25
25 mai 2016 à 16:09:11

Le Lundi après-midi fut entièrement libre pour les Terminales S, du fait de l’absence du professeur de philosophie, Madame Parville. Luc voyait une occasion de récupérer des informations en voyant Pierre monter dans la salle informatique, Vanessa et Quentin en sa compagnie.
La pièce aménagée pour les ordinateurs n’était pas réputée pour le soin du rangement. De nombreux fils serpentaient à même le sol, se tendaient parfois pour gêner les élèves.
Il n’était pas rare de voir quelqu’un se casser la figure à cause d’un manque d’attention.
Il y régnait un calme composé du souffle lourd des tours d’ordinateur, des touches de claviers et de clics de souris.
Les places les plus convoitées étaient celles où les écrans d’ordinateur n’étaient pas pointés vers le responsable de la salle informatique, Monsieur Arant. Il était très impliqué dans le fait que les ordinateurs devaient être utilisés dans l’unique cadre du travail. Non pas pour traîner sur Facebook, ou même Youporn.
Son caractère nerveux était amplifié par les diverses demandes des professeurs pour arranger des projecteurs ou faire fonctionner des lecteurs DVD qu’il recevait via un vieux téléphone. Lorsque ce dernier sonnait, la salle retenait son souffle. La sonnerie était devenue anxiogène et aboutissait sur l’énervement de Monsieur Arant qui se jettait sur le moindre détail pour évacuer son stress.
Luc se rappelait de la fois où il avait été expulsé avec Grégoire car ce dernier voulait vérifier quelque chose sur sa page Facebook. Luc lui en avait voulu et Grégoire l’avait remarqué, et, vexé, il ne lui avait plus adressé la parole pendant toute une journée.
Luc voyait qu’Osghul était toujours sur Vanessa. Une deuxième paire d’yeux ne serait peut-être pas de trop. Il aida le chat à se positionner sur le rebord d’une fenêtre, mais le félin avait attiré les regards de collégiennes qui s’approchaient pour le caresser, un geste qui n’échappa pas à Monsieur Arant.
L’informaticien se leva d’un bond et ordonna aux filles de retourner travailler avant de balayer l’air de la main pour chasser Osghul qui cracha dans sa direction. Monsieur Arant lui claqua la fenêtre à la truffe.
« Visiblement, je serais tout seul pour ce coup… » fustigea Luc.
Le fantôme se concentra sur les trois adolescents qui avaient réussi à récupérer une place de rêve dans un coin, grâce à la distraction d’Osghul.
Quentin avait pris les devants et avait déjà lancé Facebook en entrant ses identifiants. Luc les nota dans un coin de sa mémoire, au cas où.

— Tu vas encore sur Facebook ? fit Vanessa à voix basse.
— Ouais… Pour voir les actualités, tout ça… Tiens, des nouvelles propositions d’amis…
— J’y vais plus trop depuis un moment. » confessa Pierre.
— Pourquoi ?
— J’en avais marre au bout d’un moment. Y avait des abrutis qui arrêtaient pas me polluer ma page avec des commentaires haineux. Sans parler des quelques articles qui évoquaient la disparition de Luc… J’étais dans une mauvaise passe…
— Etais ?
— Ouais. »

Vanessa et Pierre s’échangèrent quelques regards et Quentin devina ce qu’il se passait.

— Ah ! Je vois. Alors dans le parc, vous avez…
— Non. Il y a eu une espèce de vague de froid. Je l’ai encore ressentie pendant qu’on montait.
— C’est marrant. On dirait qu’il y a plein de poches de froid dans l’école. Vous pensez que cet endroit à des propriétés… spéciales. »

Pierre commença à pâlir. Luc sentait qu’il pensait à quelque chose d’autre en termes de « spécialité ».

— Ouais… C’était un peu maladroit.
— Non, c’est bon. Il manquerait plus que je devienne superstitieux…
— J’avoue. En tout cas, vous me rappelez que je dois vérifier comment va ma copine.
— T’as une copine ? Depuis quand ? Pourquoi tu ne nous l’a pas dit ?
— Je l’ai rencontrée à un arrêt de bus, la semaine dernière. Je voulais pas trop vous le dire car je savais que Lucas allait faire le lourdingue. D’ailleurs, évitez de lui parler de votre relation, il va vous emmerder pendant un moment.
— Et elle est bien ?
— Un truc est sûr, elle suce bien. »

Vanessa éclata de rire avant de se raviser en voyant les regards pointés dans sa direction.
Alors que Quentin continuait sa navigation, ils tombèrent sur un article relatant le suicide de Mélanie. La bonne humeur avait instantanément été aspirée par l’écran, et comme pour signifier sa satisfaction, la tour se mit à souffler bruyamment.
Quentin, gêné, finit par quitter l’ordinateur au bout de quelques minutes pour rejoindre une salle d’étude. Pierre se positionna devant le clavier et ferma la page Facebook pour déboucher sur Google.

— On fait quoi du coup ?
— Je pensais à m’avancer sur le devoir de maths.
— Sur Internet ? Tricheur va.
— Oh, ça va, comme si j’étais le seul. »

Vanessa posa sa main sur la jambe de son copain et la caressa longuement, parfois en remontant vers l’entrejambe. Une bosse tirait le tissu du pantalon de Pierre. Luc devait supporter ce spectacle pathétique. Il avait besoin des informations. Après une heure de copiage d’Internet, Pierre ferma l’ordinateur.
Luc avait dû supporter leurs scénettes naïves et mielleuses pour rien.
Sa colère eut un effet immédiat.
Le courant fut brutalement coupé. Les écrans d’ordinateurs devinrent noirs, les vrombissements des ventilateurs des postes centraux s’arrêtèrent. La salle était devenue sombre, silencieuse et froide. Monsieur Arant jura et hurla aux élèves de quitter la pièce, rejetant la faute sur eux.

Luc n’avait pas appris grand-chose au cours de la journée. Il suivit Pierre et Vanessa, qui, au lieu de se diriger vers la salle d’étude, s’aventurèrent dans la forêt. Les chats s’étaient cachés, tapis derrière les feuillages des buissons, ou perchés en haut des arbres, silencieux. Leurs regards étaient braqués sur les deux amoureux quelques vêtements dans l’herbe.
Vanessa porta sa main sur l’entrejambe de Pierre et commença à la masser avant de déboucler la serrure et d’ouvrir la braguette. Elle extirpa la minuscule verge qui commençait à se gonfler d’excitation alors que les lèvres de Vanessa s’approchaient de sa surface.
Une main calée dans la chevelure de la jeune blonde, Pierre commençait à gémir en donnant quelques coups de reins.
Luc pensait que voir la scène l’enragerait. Voir deux êtres profiter de leur statut de vivants pour se toucher, s’enlacer, s’embrasser, se sucer, se pénétrer, pour profiter du goût de la chair… Au lieu de ça, il était pris d’une hilarité étrange. Vanessa et Pierre paraissaient ridicules à ses yeux dans leurs ébats. Des gémissements de Pierre à ses coups de reins, de Vanessa qui faisait un maximum de bruit avec sa bouche. Luc espérait que Pierre était un précoce.
Même pas.
Pierre retira son appendice de la gorge de Vanessa, haletant. La sueur couronnait son front en de nombreuses perles, et son teint avait viré au rouge. Vanessa, qui essuyait sa bouche s’approcha de son petit ami tout frais.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— La forêt. Il y a quelque chose… Ca me rappelle… »

Pierre n’eut pas le temps de répondre que Vanessa l’embrassait de nouveau. D’une main, elle lui tenait le visage, d’une autre, elle faisait glisser sa culotte le long de ses jambes. Elle força Pierre à s’allonger et effectua quelques petits bonds qui ressuscitèrent l’hilarité du spectre. Son cou parut gonfler, les veines saillant sa peau. Pierre poussa un long soupir. Vanessa sortit un mouchoir et les deux adolescents se nettoyèrent avant de remettre leurs vêtements correctement, balayant la terre et l’herbe, ainsi que quelques petits insectes qui s’étaient invité pendant leurs ébats.
Luc regarda les chats, qui passèrent leurs têtes à découvert. Quelques-uns miaulèrent pour attirer l’attention de Pierre et de Vanessa.
Lorsqu’ils constatèrent qu’ils étaient épiés, les deux adolescents marchèrent d’un pas vif vers le parc du lycée, leurs visages empourprés par la honte.
Et Luc commença à se rendre compte qu’il avait raté une occasion de les tuer tous les deux.

A part les identifiants de Quentin et les histoires d’amourettes qui se lançaient, Luc sentait qu’il avait perdu son temps. Sa frustration s’étendit en voyant que les chats n’avaient rien eu de mieux. Esberg et Ugtulghul lui avaient montré les mêmes images de Matthieu, Quentin et Lucas en train de travailler, puis de jouer aux cons. Il en eut marre lorsqu’il vit Matthieu draguer Esther.
Il était resté dans les bois, à contempler une petite couche de liquide visqueux et blanc.
Son plan ne devait pas tarder, il avait une occasion de le lancer le lendemain, grâce au cours d’Anglais avec Madame Cuiller en fin d’après-midi. Mais il devait avoir ces maudits identifiants.
Le fantôme reconsidérait l’idée de pénétrer l’esprit de Pierre pour lui soutirer ses informations, mais il souffrait d’inexpérience et d’incertitude. Il devait concrétiser l’idée.
Et il trouva sa réponse en lançant un regard sur le pensionnat.

HelpingFR
Niveau 25
28 mai 2016 à 23:02:35

Comme je l'avais dit sur le café, je semble avoir une certaine passion dans l'écriture des scènes de sexe :noel:
Je me sens presque possédé pendant ce genre de moments :noel:

Et c'est le sujet d'un de mes premiers texte d'ASI en plus qui fut le gagnant de la plus belle session du concours :cute:

LePerenolonch
Niveau 10
28 mai 2016 à 23:13:27

Chapitre lu,

Ton style s'affirme et c'est devenu très propre bravo. Cependant je trouve dommage que tu taises les réactions de Luc quant à la relation Matthieu/Esther.

Parce que Matthieu il me semble que c'est le pire de la bande du point de vue de Luc et je pense que Muc était amoureux ou avait de l'attirance pour Esther. Du coup même si ce n'est pas le cas, il devrait enrager de voir sa meilleure amie en compagnie de ses bourreaux, et encore pire, de flirter avec ! Une phrase a la fin du chapitre ne me suffit pas à me faire croire la chose dsl :hap:

Deuxième point, la relation Pierre/Vanessa, les mecs s'embrassent un peu sans le prévoir, ils cherchent mutuellement du réconfort, et du coups ils sont indecis quant à leurs précédente action, et toi 2 lignes après t'as déjà Vanessa qui fourre sa main à la bourse de Pierre et le soir (ou le lendemain) même elle lui suce la bite quoi :hap:

Peut être que Pierre n'est pas précoce mais le couple l'est en tout cas :hap:

Sujet : [Nouvelle] L'Esprit de l'Ecole
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