Allez, on reprends. A partir de maintenant, je fais des remarques au fur et à mesure de la lecture
Chapitre 3 :
Quelques répétitions, des formules un peu maladroites. Des usages de vocabulaires étranges. Par exemple:
Dans un gras fracas, les fenêtres obéirent à son fantasme et tous les élèves assistèrent impuissants à l’aspiration instantanée de toutes leurs notes par l’extérieur. Une gerbe de papier se déversa dans la cour, et le tonnerre gronda.
Il s'agit d'un désir, un fantasme, c'est autre chose. Et gerbe, c'est un peu bizarre aussi.
[Melanie] avait cédé à la folie.
Well, that escalated quickly. Elle est très nerveuse, mais elle est pas folle.
Elle regardait compulsivement autour d’elle et Luc sentait ses muscles crispés, notamment ses mains. ll griffait la surface des tables avec ses ongles[…]
Les muscles crispent quelque chose (le visage, les mains) – et même cette formulation est bizarre- mais ils ne sont pas crispés. Si elle est sur une chaise, elle griffe probablement une table.
Essaye d'être un peu plus précis quand tu écris. T'as pas un mauvais vocabulaire, mais réfléchis à ce que tu veux dire avant de le dire. Des fois, les erreurs d'usages sont plus « pratiques » et font des phrases un peu bizarre, du genre
Au menu, steak-frites, mousse au chocolat et autres aliments qui indifféraient les lycéens.
Mais je nitpick un peu peut-être.
Bon point, la réaction des bad guys à la cantine. Je trouve que t'arrive très bien à montrer les différences de réactions face à un événement commun (ils ont tués quelqu'un) et leur besoin de rester ensemble malgré tout. L'interaction entre Lucas et Pierre sonne vrai, cela instaure un rapport de pouvoir entre eux. Ca veut dire que même si certains d'entre eux en souffre, ils sont comme obligés de s'en foutre, sinon ils paraissent faibles. C'est une très bonne dynamique ici en jeu.
Bon point aussi, la description du menu : ça fait partie des « effets de réels » qui ancrent l'histoire dans notre monde.
Madame Healy l'infirmière ?:hap :
Chapitre 4
J'ai eu l'impression que tu t'es moins relu sur celui-ci. Le début est juste de la narration (X fait ça, Y fait ça, ils entrent dans la pièce Z. La pièce Z se compose de … de … et de …. X fait ça…) sur une bonne page.
Autant les bad guys, y avait une bonne dynamique, autant les good guys, ça bouge pas des masses. Les dialogues sonnent pas des masses naturels :
« — Aucune, répondit Esther en inspirant, mais elle a été vraiment insupportable. Cette fille ne m’aime vraiment pas. Elle a vraiment été détestable pendant toute la matinée. »
ou :
- Moi aussi, j’aimerai bien, mais mes parents ne me laissent pas vraiment le choix. ‘Laisse les autorités compétentes s’en occuper’, qu’ils me disaient. » ajouta Esther.
Essaye de lire ça à haute voix.
Par ailleurs, j'ai du mal à suivre pourquoi Luc change d'un seul coup d'avis, et, au milieu de sa vengence, se dit « tiens, je vais bizouter la meuf que je kiffe ». D'accord, le personnage peut choisir, mais j'ai du mal à voir en quoi le vomi de Mélanie lui fait penser à kisser Esther.
J'imagine que l'effet voulu de la scène était « pauvre gars », mais j'ai du par ailleurs trop voir de vidéo sur Fifty Shades, parce qu'il m'a plus fait l'effet d'un creep : y a rien entre eux au départ, ici, il abuse de son statut de fantôme pour jouer à touche touche avec les gencives d'une fille qui a rien demandé.
Bon, retour à l'infirmerie
— Tu es sûre de ne pas vouloir prendre quelque chose contre le stress ? »
— Non… Non. »
A mon avis, les trucs contre le stress, c'est des anxiolitiques, elle serait bête de s'en passer.
Deux phrases que j'aime bien :
L’azur s’effaçait sous l’influence de la couleur de gomme annonciatrice du mauvais temps. Il se laissa aspirer par la tristesse du ciel.
Malin d'avoir trouvé la couleur de gomme.
La porte de la chambre s’ouvrit et Vanessa entra.
Hein, la chambre ? Tu veux dire l'infirmerie ?
La mort de Mélanie fait très slasher, ce qui est bien. Bonne idée aussi de créer l'impression qu'elle puisse s'en sortir avec l'armoire, même si le fait de tirer ses pieds n'aide pas vraiment. Petit souci, j'ai trouvé le speech de Luc un peu inutile, vu qu'il nous révèle pas grand-chose. Rien d'autre à dire, la fin du chapitre est beaucoup plus réussi que son début :-)
Chapitre 5 :
Pour les réactions à la mort, à mon avis, faut d'avantage personnaliser : t'as assez de personnage pour mettre l'ambiance rien qu'avec eux et éviter des formules comme « certains… certains ». Les réactions « 20 au bac » sont très drôle, mais j'ai du mal à imaginer qu'Esteban allait sérieusement filmer. C'est pas un gentil, lui ?
« — Que faisons-nous du… Corps, monsieur le directeur ? »
— Laissons ça aux personnes compétentes. »
— Devrons-nous fermer l’école ? » demanda Monsieur Samba, sortant de son mutisme.
— Je ne pense pas. Nous sommes à quelques mois des épreuves, il faut bien que les élèves révisent. »
Alors, j'allais bondir, mais t'as mis le mot « cellule psychologique » après. Le dialogue sonne bizarrement froid par ailleurs.
Le passage à tabac m'a mis mal à l'aise, et rend Luc complétement antipathique. J'espère que c'est l'objectif parce que son manque d'empathie le rend détestable. J'ai encore du mal avec son speech : il ne sait pas si elle va rester dans le coin et il lui révèle son plan ? Le faucheur est toujours aussi cheesy aussi.
Les gendarmes finirent par les interroger, se basant sur leur amitié pour avancer dans leur enquête. Ils suivirent le scénario qu’ils avaient échafaudé.
Ils ont échafaudés un scénario ?
Par ailleurs, pour le vol, si les flics sont au courant, je pense qu'ils ne demanderont pas gentiment au proviseur de demander à dénoncer. Y a un mort, le mec va être au moins renvoyé minimum.
Chapitre 6
Pareil, ds phrases maladroites, je fais pas la liste mais une ou deux relectures seraient pas de trop.
Alors, je vais revenir sur le speech de Luc plus tard, il me permet de parler d'un problème plus général.
La découverte de la « cat dimension » est un peu rapide, le pouvoir semble assez flou. En revanche, j'ame qu'ils aiment des noms d'Ourouk-Hai, ça ma fait rire.
Pas grand-chose à dire. La Faucheuse ne sert pas à grand-chose sinon à dire que les chats sont pas cools. Sweet
Chapitre 7
Je suis content qu'il y ait un truc entre Esther et Mathieu, même si l'absence de réaction de Luc me paraît assez ahurissante. Surtout qu'il pète un cable pour Pierre et Vanessa…
Autant le passage entre Vanessa et Pierre et Esther et Mathieu peuvent se justifier (proche dans la douleur, tout ça), autant le suivant, sur les ordis, passent très très mal. Je sais pas exactement où tu veux aller ici : ils s'en foutent ou pas ? Parce que Vanessa et Pierre qui s'embrassent (et qui se touchent même un peu) dans le parc après une scène émotionnelle, ça s'explique parce qu'ils sont bouleversés par les événements et ça les pousse à « profiter de la vie ». Jouer à touche-pipi devant les écrans, c'est un truc de lourdingue. Pareil pour la réaction de Quentin et le « elle suce bien ». LEUR AMIE VIENT DE CREVER, PUTAIN. Du coup, je rejoins lePere dessus.
Pour la scène de sexe… ça va. En fait ça ressemble à des adolescents qui veulent copier ce qu'ils ont vu dans du porno, donc j'imagine que ça fait sens. Mais il y a toujours le souci de l'incohérence avec en gros tout ce qui vient de se passer.
Alors, conclusion (pour le moment)
Le style s'est effectivement vraiment amélioré. Au fur et à mesure, on sent que t'as fait gaffe. Du coup, tu tombes dans l'effet inverse parfois, avec trop de narration saccadée. Les phrases étranges se raréfient à la lecture, et le mauvais emploi du vocabulaire avec, donc on sent que tu trouves finalement ton style. En revanche, deux ou trois relectures supplémentaires ne seraient à mon avis pas encore de trop. Je te conseille aussi de lire à haute voix ce que tu écris, ce ne serait pas de trop.
Pour l'histoire, je suis… très partagé. C'est en fait très inégal.
Pour le plan général ( la revenge story), il y a pas trop de surprise, en mal comme en bien. L'apparition des pouvoirs fait très Deus Ex Machina. Il semble qu'à chaque fois que Luc a besoin de quelque chose, pouf !, on lui donne un nouveau pouvoir. Ses plans sont invraisemblablement compliqués, mais c'est un peu le but : il veut les torturer avant de les tuer. C'est la trame « principale », et, dans ce sens, il y a peu à dire d'un point de vue narratif, sinon que tu appuies un peu trop sur les différentes stratégies et pouvoirs à mon goût : c'est une slash fic, pas un death note.
Et ça me permet de venir au reste, c'est à dire les personnages. T'avais deux solutions ici : soit les personnages agissent comme dans un film d'horreur ou une série B, comme dans un slash movie. On demande alors pas à ce qu'ils soient réalistes ou précis, on leur demande d'être drôle et de se faire dézinguer les uns après les autres, mais on oublie complétement le coté réaliste. Soit on leur demande d'être, justement, réaliste. Et là, eh bien on tisse des récits, et on tente de trouver des justifications à leurs actions.
J'étais parti dans ce sens là, et c'est à mon avis celui-ci que tu vises, mais il y a des passages dans lequel les personnages agissent sans raison. On a affaire à deux groupes complétement traumatisés et à un protagoniste (que j'appelerais pas héros) qui vient de mourir et qui cherche à se venger. Leurs réactions doivent être un peu à la hauteur des enjeux, et ils le sont parfois. Et puis ensuite, hop, scène de sexe ou mauvaise blague dans la classe.
Je vais diviser ça par groupe. Esther et Esteban sont les plus transparents. Esteban est… gros, et globalement, il est que ça. Pour Esther, elle est responsable, gentille, elle appelle des gens. Elle semble proche de Mathieu, for reasons. Ils choquent pas, mais ils sont pas les moteurs de l'histoire, quoi.
Les bad guys… Ca oscille entre le brillant et le nawak. Comme je disais, il y a des scènes où ils semblent vraiment touchés, certaines assez bien, et certaines où ils s'en foutent complétement. Ils passent du post-trauma au gamin méchant de lycée assez vite. Ce qui me dérange, parce que non seulement ça sonne incohérent, mais en plus on n'a aucune idée de qui ils sont en fait : soit ce sont des méchants gamins qui sont allés trop loin et qui doivent gérer ce qu'ils ont fait, soit ce sont des psychopathe en puissance qui se moquent de la mort des gens.
Et on en vient au problème principal, à mon avis, qui est Luc. Et c'est là ou j'en reviens au chat
Le chat (qui a le QI d'un humain normal for reasons) devient à partir de ce moment le confident de Luc, et il raconte son histoire. Pourquoi le fait-il, ou, plus précisément, pourquoi on doit lire ce passage ? Normalement, ça nous permettrait de comprendre son évolution ou ses motivations. Est-ce que la mort de Mélanie a fait changer son affect ?
T'as globalement deux directions à partir d'ici, soit il se transforme en psychopathe absolu, soit il commence à douter de ses actions. Du dialogue du chat, on a l'impression que la mort de Mélanie, le baiser avec Esther n'ont eu aucune influence sur lui. Si t'es à la moitié (6/13) du bouquin, ça commence à être un problème.
La vengeance est dès le départ complètement disproportionnée : en réponse à une blague ayant entraînée la mort, Luc décide de trucider 6 personnes en les torturant au préalable. Ca fait sens dans les premiers temps, parce qu'il vient de découvrir qu'il va mourir, mais… il n'est pas un psychopathe né, rien dans le texte ne nous le dit en tout cas. Face à ces actions, il devrait réagir, il devrait évoluer. Mais il continue comme si de rien était. Quand Esther sympathise romantiquement avec l'un de ses assassins, il ne réagit même pas.
Ca donne la désagréable impression par moment que le texte n'est finalement qu'un défouloir sur la vie du lycée : on donne un anneau de Gygés à une victime, et il peut maintenant faire ce qu'on a peut-être révé de faire à seize ans. Et, et j'avance à pas très feutrés ici, on a l'impression que c'est un peu ce dont toi tu rêverais. C'est une intuition, je veux pas présumer de ta personne, mais c'est quelque chose qui me bloque pas mal dans le texte : Luc n'a aucun recul sur ses actes, donc l'auteur n'en a aucun.
C'est les principaux problèmes que j'ai avec ce texte. Ce qui veut pas dire que je ne salue pas les immenses progrès que tu as fait au fur et à mesure. J'attends donc la suite. :-)