Oui mais s´il faisait crédit ce serait pas drôle, hein?
Cela dit la solution que j´ai trouvée est écoeurante de facilité... avant de soulever une nouvelle interrogation. Donc vous jugerez au prochain chapitre, qui arrivera... un jour peut-être.
(Wow, 300 messages ^^)
Ok, ben j´attends
C´est long tout ca ^^ Je n´ai que fini la premiere page, mais j´aime beaucoup ^^
Je reviendrai lire la suite
et bon courage. Je lirai aussi ta fic quand j´aurai le temps.
c´est bien aujourd´hui que KaiM a dit qu´il posterait? j´espere...
C´est bien aujourd´hui. Bonne lecture!
Fang-Li sembla remarquer son trouble, car il s´empressa d´ajouter :
- J´ai dit : « cela vous coûterait ». Au conditionnel. Je sais dans quelle situation vous vous trouvez, et je ne compte pas vous faire payer. Vous faut-il autre chose ?
Alexandre fut aussi soulagé qu´étonné. La seule explication possible à la bonne volonté du marchand, la perspective de gagner beaucoup d´argent, s´effondrait. Mais ses problèmes disparaissaient du même coup.
- Auriez-vous des armes ? questionna le Prince.
Fang-Li prit un air offusqué.
- Des armes, moi ? Elles me répugnent. Je n´en vends pas, et je souhaiterais que les hommes n´en aient pas besoin.
- Une position généreuse, approuva Aladir.
Alexandre réfléchissait. Au vu de ses étalages d´objets magiques, le marchand semblait capable de tout résoudre. Et si... les mages de Dümrist n´avaient pas réussi à guérir cette blessure, mais peut-être que cet étranger pourrait...
- Pourriez-vous remplacer une main coupée ? demanda soudain le Prince. C´est pour un ami.
- Droite ou gauche ?
Ces mots frappèrent le garçon comme un coup de poing à l´estomac. Que Fang-Li réponde ainsi, sur ce ton détaché, comme si c´était un problème banal, le stupéfiait. Puis une joie immense emplit le coeur d´Alexandre. Vladek, mutilé par sa faute, allait guérir grâce à lui !
- Gauche, balbutia-t-il. Gauche.
Le marchand hocha la tête et se dirigea vers ses étagères. Il déblaya un peu ses produits, puis revint avec un objet très singulier : une main gauche en argent, parfaitement lisse.
- Voilà. Appliquez-la contre le moignon et enfoncez la pierre rouge incrustée sur le dos. Elle se fixera toute seule, s´adaptera à la longueur de bras manquante et votre ami pourra la faire bouger comme si c´était une vraie. Enfin presque... Celle-ci a beaucoup plus de force.
- Comment est-ce possible ? murmura Alexandre. Je n´avais jamais rien vu de tel...
- C´est courant, dans mon pays, répondit Fang-Li. Mais il est vrai que nous avons une sérieuse avance en la matière.
- C´est fragile ? interrogea le Prince.
- A l´épreuve des lames.
- Mais, comment bouge-t-elle ? Il n´y a pas d´articulations ! Et puis, mon ami s´est fait fixer des griffes à la place de sa main. Ca marchera quand même ? Et...
- Une chose à la fois, le coupa le marchand. D´abord, ce métal est en quelque sorte liquide. Il ondule à volonté, même s´il conserve toujours plus ou moins la forme d´une main. Cette propriété lui permet d´intégrer divers accessoires. Les griffes de votre ami se fondront dans cette main, et il pourra les faire ressortir à volonté. Quoi d´autre ?
- Rien, souffla Alexandre. C´est tout simplement parfait.
- Prenez-là.
Le garçon glissa la main de métal dans sa sacoche et la referma solidement.
- Vous faut-il autre chose ? s´enquit Fang-Li.
- Non, rien, je pense...
- Alors venez. Je vais examiner votre blessure.
Le marchand tira un rideau derrière lequel se trouvait un petit salon joliment décoré, muni d´une table basse et de confortable fauteuils de cuir agrémentés de coussins aux couleurs vives.
- Installez-vous tous. Il y a de la place. Altesse, mettez-vous en face de la table. Je m´absente un instant.
Alexandre et ses compagnons s´assirent sur les sièges et attendirent le retour de Fang-Li. De sa place, Aladir pouvait le voir s´activer dans une pièce voisine, et surveillait qu´il n´essaye pas de quitter la maison. Rien ne prouvait encore qu´il ne comptait pas les dénoncer. Tous se taisaient. La pièce dégageait une impression de quiétude et de bien-être qui les reposait après les événements de la nuit.
Enfin le marchand revint, portant dans ses bras un plateau chargé de deux théières ornées de motifs bleus qu´il déposa sur la table. Il alla ouvrir un placard pour en ramener six tasses de porcelaine et un diadème incrusté d´améthystes.
- Qu´est-ce que c´est ? demanda Alexandre.
- La première théière, expliqua Fang-Li, est pour vous. Une potion qui me permettra de sonder votre corps. Le diadème a pour fonction d´harmoniser les effets de cette potion, et me facilitera la tâche.
- Et la dernière théière ?
- Le thé. Vos amis doivent avoir soif.
- Mais ce n´est pas l´heure du thé.
- Il n´y a pas d´heure pour prendre le thé.
Pour appuyer ses dires, le marchand saisit délicatement la théière et remplit toutes les tasses, sauf celle d´Alexandre. Un nuage de fumée s´élevait tandis qu´il versait le liquide brûlant. Il prit ensuite sa tasse entre deux doigts et savoura une première gorgée. Les autres l´imitèrent.
Le Prince coiffa le diadème et se servit un peu de la potion. Il hésita avant de l´avaler. Et si c´était un piège ? Puis il se décida et engloutit d´un coup tout le contenu de sa tasse.
Une vague de froid se répandit aussitôt en lui, comme si on l´avait plongé dans la neige. Ses muscles s´engourdirent. Il voulut parler, mais sa bouche ne lui obéissait plus. Fang-Li posa sa tasse et le regarda droit dans les yeux.
- Parfait. Ne vous inquiétez pas. Laissez-moi faire.
Alexandre sentit une main invisible s´insinuer en lui, palper ses organes, explorer ses veines. La sensation n´était pas si désagréable, en fait. La main remonta le long de sa poitrine, s´enfonça dans son coeur, en ressortit, parcourut ses poumons, s´éleva vers sa tête. Le jeune Prince eut l´impression que des doigts glissaient autour de ses yeux, de son nez, à l´intérieur même de son crâne... Il sentit alors un déclic brutal s´opérer en lui. Puis la main poursuivit ses recherches.
Fang-Li se tendit. Un pli soucieux barra son front. Ses veines palpitèrent. Il s´efforça de continuer ses investigations. Sa respiration devint saccadée. Soudain, il poussa un grand cri avant de s´effondrer sur son fauteuil. Les autres se précipitèrent pour le soutenir. Alexandre sentit les effets du sort se dissiper. La chaleur revenait.
- Que s´est-il passé ? demanda-t-il.
Le marchand se dégagea de Katja, qui tentait de le relever.
- Vous êtes victimes de deux sorts. Le premier, celui qui vous prive de votre force, est très classique. J´ai pu le faire sauter facilement. Le second, qui doit vous empêcher de recourir à la magie, est bien plus complexe. Une vraie oeuvre d´art. L´ouvrage d´un grand magicien. Moi-même je n´y comprends rien. Je suis désolé, mais je ne peux rien pour celui-là.
- Tant pis, fit Alexandre, un peu déçu.
- Mais le premier sort est bien détruit. Vos forces devraient revenir d´ici quelques heures.
- D´accord. Merci pour tout.
Le Prince se leva et fit signe à ses amis. Il s´apprêtait à partir lorsqu´une idée lui traversa l´esprit. Il se retourna vers Fang-Li, toujours effondré dans son fauteuil.
- Dites-moi... Une bannière dorée, ça vous évoque quelque chose ? Ca pourrait avoir un rapport avec une invasion repoussée par un certain Magtahon...
Le regard du marchand s´éclaira.
- C´est possible, en effet... répondit-il. Laissez-moi consulter mes livres...
Il se leva péniblement et s´approcha d´une étagère couverte de grimoires. Il en ramena un lourd volume.
- Des légendes de Kridath, expliqua-t-il en l´ouvrant. Voyons... une invasion, dites-vous... Ah, voilà : « Le neuvième jour, les défenseurs ne tenaient plus que le quartier Sud. Les Orks attaquaient de toutes parts, pillant et massacrant. La défense menaçait de s´effondrer à chaque instant. C´est alors qu´à midi précise, flamboyant et superbe, invincible et redoutable, magnifique et... »
- Coupez les éloges, s´il vous plaît. Allez droit au but.
- D´accord, dit Fang-Li. Bla bla... Tiens, je ne savais pas qu´il existait autant de qualificatifs laudatifs. Il en ont mis sur cinq pages... Enfin... Ah ! « Magtahon se dressa au sommet de la chapelle Sainte Falga. Il brandit haut sa bannière d´or, drapeau de sa maison, la planta dans le toit avec tant de force que le plafond se perça, rallia ses troupes et... »
Le marchand leva les yeux de son livre. Il n´y avait plus personne dans sa boutique.
- Incroyable ! s´exclama Alice. Il avait presque tout ce qu´il te fallait !
- C´est bien ça qui m´inquiète, lui répondit Alexandre.
- Ah bon, pourquoi ?
- Dans la vie, ça n´arrive jamais que quelqu´un te serve sur un plateau la solution à tous tes problèmes. Jamais.
- Arrête de te plaindre ! le gronda Katja. Tu as eu ce que tu voulais !
- C´est vrai, admit le Prince. Et maintenant, nous savons où aller.
Et ils prirent la direction du quartier Sud.
Fang-Li se prélassait dans son fauteuil. Enfin, c´était fait. IL n´allait plus tarder, désormais. Les ombres vacillèrent dans le salon, qui s´obscurcit d´un coup, comme si la lumière refusait d´y pénétrer.
- J´ai fait ce que vous m´avez demandé, dit le marchand. Je suis libre, maintenant ?
Une voix s´éleva de nulle part et de partout à la fois. Une voix grave et inhumaine.
- Tu as bien agi, mortel. Tu t´es acquitté de ta dette. Fais ce que tu veux, ta vie t´appartient.
- Ce que je veux, vraiment ?
- Tu n´entendras plus jamais parler de moi, répondit la voix. Je puis te l´assurer.
La lumière revint aussi soudainement qu´elle s´était échappée. Fang-Li resta là, éperdu de soulagement ! Enfin libre ! Qu´allait-il bien pouvoir faire de sa nouvelle liberté ?
Dix minutes plus tard, Fang-Li se trouvait dans un poste de garde, expliquant à l´officier qu´il avait vu le Prince Alexandre, et que ce dernier se dirigeait probablement vers la chapelle Sainte Falga.
- Il faut tout de suite l´arrêter ! s´exclamait le vieux marchand. A combien la récompense est-elle montée, au fait ?
- Ben, j´sais pas trop...
- Ah... tant pis, le gouverneur pourra sûrement m´éclairer sur le montant.
- Non, j´disais que j´savais pas trop s´y fallait l´arrêter. Les ordres du seigneur Artus sont clairs : ne pas intervenir. Juste surveiller. De loin.
- Mais enfin, pourquoi ? Le Prince est dangereux, il faut l´arrêter ?
- Mais le seigneur Artus a dit que...
- Au diable le seigneur Artus ! s´écria Fang-Li. D´ailleurs, ce n´est sûrement pas un seigneur ! Et je parie qu´il veut simplement la récompense pour lui !
L´officier sembla réfléchir. Une activité apparemment exceptionnelle chez lui. Il posa la main sur son bureau de chêne et examina les instructions inscrites sur un morceau de parchemin. Il observa brièvement les dix hommes qu´il commandait, et qui pour l´instant jouaient au dés sur le sol de la pièce, avec force exclamations. Après tout, il pouvait bien interpeller un enfant. Et cet Artus n´était pas le gouverneur...
Fang-Li poussa son avantage :
- Si ça se trouve, il ne vous croit pas capable d´arrêter le Prince vous-même.
L´officier releva la tête et bomba le torse. Sa fierté était en jeu.
- Incapable, moi ? Vous allez voir ! Allez les gars ! lança-t-il à ses hommes. Prenez vos armes, on va se le faire, ce gamin !
Il y eut un choc sourd. Le soldat tomba en avant. Des ses yeux d´expert, Fang-Li remarqua sa nuque broyée, puis reporta son attention sur le nain à la barbe blonde et aux yeux méchants qui se tenait derrière lui, un énorme marteau de guerre à la main. D´où sortait-il ?
Des bruits de lutte attirèrent l´attention du marchand. Il se retourna pour apercevoir les gardes aux prises avec d´autres nains armés de haches. Surpris, les hommes ne se défendirent presque pas, et succombèrent tous en moins d´une minute. Le sang et les membres tranchés gisaient dans toute la pièce. Fang-Li toisa le nain qui avait abattu l´officier.
- Qu´est-ce que...
- Je vais être bref, coupa le nain. Je m´appelle Ektaïn. Les autres, c´est Dormïn, Simplïn, Profïn, Grinshïn, et Atchïm. C´est dommage pour vous d´avoir convaincu cet homme. Nous devons surveiller tous les postes de garde et veiller à ce que personne ne tente rien contre le Prince pour le moment. Aussi, désolé, mais vous devez mourir.
- Attendez, bredouilla le marchand.
- Navré.
- Vous devez savoir quelque chose....
Fang-Li était terrifié, paralysé. Ses jambes tremblaient et c´est tout juste s´il parvenait à parler. Ektaïn leva son marteau.
- Le Prince Alexandre n´est pas...
Le nain se recula, fléchit les genoux.
- un véritable...
Il s´élança.
- humain !
Le marteau fracassa le crâne de Fang-Li dans un craquement écoeurant . Il s´écroula tandis que sa cervelle se répandait sur le sol.
- Ca, je m´en fiche complètement, grommela Ektaïn. Adieu, vieil homme.
- On s´en va, chef ?
- Un instant, j´ai d´autres instructions pour ce poste de garde.
Le nain ouvrit une porte qui donnait sur une petite pièce. Un garçon d´une quinzaine d´années, aux cheveux bruns et au visage carré, habillé de vêtements de paysan, se cachait là, l´air effrayé.
- Allez, Conrad, dit Ektaïn. N´aie pas peur. Viens avec moi. Tu as un rôle important à jouer, désormais.
Evidemment, toujours en plein suspense...et qu´est-ce que le "maître" de Fang-Li? Un mystère de plus pour la Cathédrale de Kridath, un! Y aurait-il un sort d´espionnage dans la main magique? Le Prince pourra-t-il s´en sortir? Grrrrr j´aimerais tellement que ce soit comme pour les Bracelets : tout le texte déjà écrit, plus qu´à savourer Mais non, faut attendre...
Bon, une suite demain?
haha!!!! j´ai enfin relevé une erreur!!!
"bien-être qui les reposait après les événements de la nuit." les rreposaiENT
sinon, ben voilà, idem que ce qu´a dit azerty
ralala...toujours aussi bien!!!!!
Génial :D Jouissif, toutes ces choses qui arrivent, les évènements qui s´enchaînent, les personnages qui se succèdent... J´adore, vraiment !
"haha!!!! j´ai enfin relevé une erreur!!!
"bien-être qui les reposait après les événements de la nuit." les rreposaiENT"
Non. C´est LE bien-être qui les repose, donc on utilise la 3e personne du singulier et donc il n´y a pas de faute.
J´ai lu 5 pages en une journée ... toujours a la page 7...
allez bientot j´y arriverai lol poste plus lentemement stp XD
Silence, Keron :D Tu blasphèmes Ne l´écoute pas, Kaim
Grhyll il faudra bien qu´à un moment je fasse une pause dans l´histoire, pour laisser aux personnages le temps de faire un bilan avant de conclure. Mais ce n´est pas pour tout de suite. D´abord, nouveau chapitre.
Chapitre un peu long et pas terminé, alors j´en poste la moitié. La suite dans quelques heures.
Xavier Jeisal possédait une élégante maison de pierres à trois étages dans un secteur riche du quartier Sud, juste en face d´une chapelle. C´était un négociant qui avait plutôt bien réussi, comme en témoignaient ses riches vêtements et son embonpoint conséquent, et qui occupait une place non négligeable dans les petits papiers du gouverneur, à tous les sens du terme. Cela lui avait permis, entre autres, de ne pas voir sa demeure envahie par les réfugiés qui s´entassaient dans presque toutes les autres grandes maisons de la ville. Jeisal avait essayé d´obtenir la même faveur pour certains de ses amis, sans succès. Quel scandale ! Les propriétés de ses plus proches camarades, envahies par des paysans sortis d´on ne savait où ! Comme s´il ne pouvaient pas rester chez eux...
Xavier Jeisal était cependant satisfait de voir sa maison épargnée. S´il avait su que ce n´était pas le cas, il aurait fait un arrêt cardiaque.
En effet, dans son grenier, se trouvaient deux personnes qu´un riche marchand comme lui aurait jugées peu fréquentables : un guerrier Ork et un capitaine de l´armée royale.
Hustouk et Vladek avaient élu domicile dans ce grenier précisément, non pas pour l´épaisse couche de poussière qui s´y entassait, mais bien pour la fenêtre qui donnait en plein sur la chapelle Sainte Falga. Ils avaient passé tant de temps à la surveiller qu´il la connaissaient presque par coeur. C´était un bâtiment rectangulaire en granit, plutôt grand pour une simple chapelle, avec pour seul accès une porte de bois à deux battants. Le toit était recouvert d´ardoises, percé d´un trou que personne n´avait dû juger utile de réparer, tandis qu´un clocher pointu se dardait vers le ciel. On aurait pu remarquer les vitraux colorés qui filtraient la lumière entrant par les fenêtres, s´il n´avaient pas fait preuve d´une banalité affligeante.
Les deux soldats se relayaient depuis des heures pour monter la garde à la fenêtre de leur grenier, et pour tout dire ils en avaient plus qu´assez. Enfin Hustouk poussa une exclamation qui fit comprendre à Vladek que leur patience était enfin récompensée, à moins qu´il n´ait simplement avalé une gorgée d´eau de travers.
Le capitaine rejoignit son ami et observa le groupe qu´il lui désignait. C´était bien le Prince Alexandre, accompagnée pour une raison obscure d´un garçon de son âge, de deux jeunes filles et d´un Elfe élégamment vêtu.
- Qu´est-ce qui se passe ? demanda Hustouk, autant pour lui-même que pour son compagnon. Et puis qui sont ces gens ?
- Aucune idée. Mais nous n´allons pas tarder à le savoir. On y va !
- Mauvaise idée, intervint une voix grinçante.
Les deux soldats se retournèrent lentement. Derrière eux se tenaient quatre petites créatures. Des petites créatures barbues, munies d´amures et de casques en fer, armées de haches et de marteaux.
- C´est fini pour vous, reprit l´une d´entre elles. Vous ne nous servez plus à rien. Bien que ce soit totalement contraire aux précautions élémentaires, je vous accorde le temps d´une dernière prière.
Vladek et Hustouk échangèrent un regard amusé, puis un petit sourire entendu.
- Ca fait deux chacun, annonça le capitaine.
- Deux chacun, répéta l´Ork, les yeux brillants.
La suite des événements devait se révéler très pénible pour les petites créatures.
Alexandre poussa la porte de la chapelle sans prêter attention aux bruits étranges qui s´échappaient du grenier de l´une des maisons voisines. Un grand nettoyage, probablement... Le Prince sentait peu à peu ses forces revenir, même s´il n´avait pas encore retrouvé toute sa forme. Le remède avait été efficace.
Ses amis entrèrent à sa suite et Aladir referma la porte avant de la barrer avec une lourde poutre de bois qu´il avait trouvée appuyée contre un mur. Il n´y avait qu´un prêtre dans la chapelle, un homme d´une trentaine d´années vêtu d´une robe de bure. Il jeta un coup d´oeil distrait aux nouveaux arrivants, voulut intervenir quand Aladir bloqua les battants, puis reconnut Alexandre et se mit à trembler. Après l´évêque, c´est lui que le Prince venait assassiner ! C´était la seule explication ! Comme pour confirmer sa pensée, l´Elfe dégaina son sabre et s´avança vers lui.
- Ne vous affolez pas, mon père, dit le Prince. Nous n´en avons que pour quelques minutes.
- Vous voulez me tuer, c´est ça ? balbutia le prêtre.
- Mais pas du tout ! Nous cherchons juste à résoudre une énigme. Nous ne serons forcés de vous faire du mal que si vous tentez d´appeler des gardes. Ce qu´évidemment, vous n´avez même pas envisagé.
Katja intervint :
- Et s´il essaye d´en appeler ? Tu le tueras pour l´empêcher de crier, c´est ça ? Pas question !
Alexandre soupira. Le prêtre était mûr pour se taire, et voilà que cette fille ruinait tout l´effet de sa tirade. Il allait lui répliquer, mais Alice le devança :
- Tais-toi, Katja ! Il sait ce qu´il fait.
Ah. Elle au moins avait compris comment il fallait se comporter. Le Prince sourit intérieurement. Il appréciait de plus en plus cette Alice. Au fond de lui-même, il espérait que c´était elle qui possédait ce fameux pouvoir magique. Ainsi, elle devrait suivre une formation à Dümrist, et il pourrait la revoir.
Alexandre reporta son attention sur la chapelle. Il y avait ici un secret à découvrir. D´après Fang-Li, Magtahon avait planté sa bannière dans le toit du bâtiment. Le Prince ne chercha pas longtemps. La lumière du jour s´infiltrait à travers le plafond par un trou béant, dessinant une tache blanche sur le mur opposé.
- Mon père, questionna Alexandre, cette brèche dans le toit, c´est... ?
- Une relique du passé. C´est là que le héros Magtahon planta sa ban...
- Merci. Donc, il y a selon toute probabilité un nouvel indice dans cette chapelle. Voyons...
Le Prince promena son regard sur les murs et le sol, fit plusieurs fois le tour de la salle avant de revenir au centre.
- Les indices sont toujours en relation les uns avec les autres, énonça-t-il. Donc c´est cette bannière dorée qui indique l´emplacement de la prochaine énigme... Vous l´avez conservée ? demanda-t-il au prêtre.
- Cette bannière a très vite été détruite, répondit celui-ci. Personne ne l´a jamais retrouvée. Pourquoi ?
- Donc ceux qui ont conçu l´énigme n´avaient pas la bannière à portée de main, continua Alexandre. Il y a autre chose...
Ses yeux se posèrent sur la tache de lumière que le soleil projetait sur le mur à travers le trou dans le plafond. Un déclic se fit dans l´esprit du Prince.
- Mais oui ! C´est ça ! A midi, Magtahon a percé le toit avec son drapeau. Donc à midi, la lumière indique l´emplacement !
- Un peu tiré par les cheveux, non ? intervint Katja. Et puis il n´est pas midi !
- C´est tout à fait dans l´esprit des autres énigmes, répliqua Alexandre. Et il m´est facile de déterminer quel endroit indiquera la lumière à midi. Il me faudrait juste une boussole... Aladir ?
- J´ai toujours ce qu´il faut, répondit l´Elfe. Tenez.
Le Prince attrapa la boussole que lui tendait son ami, l´observa quelques instant, regarda successivement le mur et le trou et pointa du doigt une partie d´un bas-relief représentant un repas.
- C´est ici, dit-il. Juste sur la tête de l´homme qui coupe la viande.
- Comment sais-tu que c´est de la viande ? questionna Alice. Ca ne ressemble à rien...
- Un peu d´imagination, quand même !
Alexandre s´approcha de la sculpture et l´étudia minutieusement, enthousiasmé à l´idée de percer le secret de la chapelle. Son excitation retomba après trois minutes, quand il constata qu´il n´y avait rien.
- Aucun texte, dit-il. Aucun mécanisme. Aucun objet. Je me suis trompé. Comment est-ce possible ? Qu´est-ce qui n´a pas marché ?
- Je l´avais bien dit ! s´exclama Katja. C´était complètement absurde.
- Peut-être...
C´était Adrien qui avait parlé. Alexandre se tourna aussitôt vers lui.
- Peut-être quoi ?
- Non, rien, c´est idiot...
- Mais non, l´encouragea le Prince, il ne faut rien négliger. A quoi as-tu pensé ?
- Quelqu´un m´a dit un jour qu´autrefois, midi n´avait pas le même sens que maintenant...
Alexandre resta pensif pendant une seconde, puis s´exclama :
- C´est vrai ! Il y a plusieurs siècles, midi ne désignait pas le moment où le Soleil est à son zénith, mais l´heure du déjeuner ! Soit environ deux heures de l´après-midi !
Il observa le mur et se livra à un rapide calcul mental.
- C´est ici, annonça-t-il en désignant un point situé quelques mètres plus à droite et un peu plus haut que le précédent. Voyons voir...
Il détailla cette nouvelle partie du bas-relief, un oiseau de pierre suspendu au-dessus des convives, et se décida.
- La lumière tombe en plein sur l´oeil de cet oiseau. Donc à priori...
Il appuya sur le globe oculaire du volatile, qui s´enfonça en grinçant. Alexandre s´attendait à voir un mécanisme s´actionner, la statue pivoter, mais il n´en fut rien. La pierre sembla fondre, devenir liquide, ondula comme de la boue sur le mur. Toute une partie du bas-relief se liquéfia et remua. Enfin la surface devint entièrement plane, puis des dizaines d´aiguilles de cinq centimètres de long jaillirent du mur, formant un carré de quinze pointes sur quinze.
az´ non, je proteste, je... *mine dépité* tu as raison, mais je trouverai une faute, un jour ou l´autre.
kaim je deteste me répéter, donc aucun commentaires, pasque je pense que les autres exprimeront parfaitement ma pensée.
Angel==>Mais c´est faisable, moi-même j´en ai déjà relevé 2 ou 3 sur...ben sur toute la fic quoi^^
Euh sinon, heu ben c´est trop court quoi, j´ai regardé vite fait au début en me disant "cool c´est la moitié mais c´est assez long", et en fait, ben non ça défile bien trop vite...snif, faudra encore attendre...heu juste pour dire que j´apprécie de moins en moins Katja, et qu´Alice elle cache qqch je pense, et que j´ai hâte de voir Hustouk et Vladek contre les nains.
Suite bouclée, bonne lecture!
Les six personnes présentes avaient assisté à la scène, bouche bée. Alexandre se reprit le premier.
- C´est une nouvelle énigme. L´une de ces aiguilles doit se détacher. Je pense savoir à quoi elle sert. Mais je ne sais pas laquelle prendre.
- Il n´y a qu´à toutes les essayer, alors, proposa Alice.
- Sauf si les mauvaises sont empoisonnées, répliqua le Prince. Non, il faut trouver la bonne du premier coup.
- Et comment on fait ? demanda Aladir.
Alexandre désigna une inscription qui s´était formée au-dessus du carré d´aiguilles.
- Ce sont des chiffres et des symboles mathématiques utilisés il y a des siècles, expliqua-t-il. Un système de deux équations du second degré à deux inconnues. Très compliqué. Les deux solutions doivent indiquer le nombre d´aiguilles à compter verticalement et horizontalement pour trouver la bonne. Mais il y a un problème...
- Tu n´arrives pas à résoudre ces calculs ? questionna Alice.
- Non, ça c´est facile pour moi. Les deux solutions sont... six et treize. Mais le problème, c´est qu´il reste quatre possibilités, puisque nous ne savons pas lequel de ces nombres se compte horizontalement et lequel se compte verticalement, ni si on compte de gauche à droite ou de droite à gauche, de haut en bas ou de bas en haut. Quatre aiguilles peuvent être la bonne.
- Il doit bien y avoir un indice... tenta Adrien.
- Non, justement. Rien d´autre. C´est rageant d´être bloqué comme ça...
Alice coupa court aux explications :
- Quelles sont les quatre possibilités ?
Le Prince montra quatre pointes parmi le lot. Avant qu´il ne puisse réagir, Alice en saisit une et la tira d´un coup. L´aiguille se détacha.
- Et voilà ! lança-t-elle joyeusement.
- Comment as-tu fait pour savoir laquelle était la bonne ? demanda Alexandre, incrédule.
- Je ne le savais pas. Parfois, il faut oublier la logique et se fier à son intuition.
- Tu réalises que tu aurais pu être empoisonnée ? s´écria Katja.
- Ce qui est fait est fait ! coupa Aladir. Peut-être aussi que les quatre aiguilles étaient les bonnes. A quoi cette pointe va-t-elle nous servir ?
- Ouvrez grand les yeux, dit Alexandre. Vous ne verrez ça qu´une fois dans votre vie.
Il ouvrit son sac et en tira un grimoire à la couverture en or, décoré de motifs admirables. La lumière se reflétait sur le livre avec tant d´éclat que la chapelle entière en était illuminée. Tous observèrent un silence respectueux.
- C´est le Livre d´Or de l´ordre Lémanien, expliqua Alexandre au bout d´un moment. Un exemplaire unique au monde. La clé du mystère, elle-même verrouillée. Regardez.
Il désigna une fente minuscule dans la couverture.
- L´aiguille se place ici. Toutes les pages du livre sont blanches, mais selon la légende, elles se rempliront quand on ajoutera la clé. L´aiguille, s´il vous plait.
Alice tendit la petite pointe au Prince, qui l´enfonça d´un geste sûr. Il ne se passa rien.
Alexandre réfléchit un instant.
- Je comprends, murmura-t-il. Désolé, Alice, mais ton courage n´aura servi à rien.
Il prit entre ses doigts l´une des trois autres aiguilles, la décrocha du mur aussi facilement que la première et la plaça dans la fente. Aucune réaction. Sans se décourager, il essaya la troisième.
Cette fois, le livre palpita, s´échappa de ses mains, s´éleva dans les airs et s´ouvrit de lui-même. Les deux pages qui s´étaient révélées étaient couvertes de caractères anciens.
- Je vais traduire, annonça Alexandre. « Salut à toi, homme d´esprit et de courage, qui as résolu les dix énigmes... »
- Dix ? coupa Alice. Je croyais que...
- Les moines ont trouvé la plupart des solutions aux énigmes, mais ils ont buté sur celle de la cathédrale, qui était la neuvième. Je ne suis venu que pour compléter leur immense travail. Ne n´interromps plus, s´il te plait. Voyons... « Tu es digne de découvrir désormais le secret de notre ordre, car si tu es parvenu jusqu´ici, c´est que tu mérites de réveiller la terrible puissance que nous avons découverte. Les Dieux ont donc décidé de te permettre d´atteindre le sanctuaire. Cependant, sache que nous non plus n´avons pu percer le Secret. Ce que tu devras réaliser, nous n´en avons pas été capable. La quête se termine enfin, et souhaitons qu´elle se révèle bénéfique. Enfonce-toi dans les ténèbres des souterrains de la ville, et rends-toi à la voie des héros. Mais pour ouvrir la Porte, il te faudra faire une offrande aux Dieux : la vie d´un être de chair et d´esprit. » Le texte s´arrête là.
- Et qu´est-ce que ça veut dire ? interrogea le prêtre.
Alexandre n´eut jamais l´occasion de lui répondre. Une lame d´acier étincela dans la lumière des vitraux, portée par un homme en noir surgi de nulle part. Aladir fit volte-face et leva son sabre. Les deux lames glissèrent l´une contre l´autre dans une pluie d´étincelles. Un silence complet s´installa.
Alexandre détailla l´assaillant. Il n´avait jamais vu ce visage au teint sombre, ces yeux sans sourcils enfoncés dans leurs orbites, ni ce crâne rasé orné d´un tatouage noir. Par contre, il reconnut sans peine le long sabre de l´homme et son armure de cuir noir renforcée de métal aux articulations, aperçue furtivement sous un grand manteau qui ondulait dans la nuit.
Jakarn le mercenaire était de retour.
Le Prince regretta les paroles imprudentes qu´il avait prononcées après leur duel. « Nous nous reverrons. » Quelle idiotie ! D´un autre côté, ça n´avait pas vraiment de rapport avec l´arrivée du mercenaire, et Alexandre se reprocha cet accès de superstition. Aladir brisa le silence :
- Tu sais que ça ne se fait pas, d´attaquer dans le dos ? C´est lâche, sans honneur.
Il n´y eut pas de réponse. Aladir, d´un grand mouvement de bras, ramena les deux armes contre le sol et lança un coup de pied latéral. Jakarn l´esquiva en se jetant en arrière, prit son élan et repartit à l´assaut, abattant son sabre à une vitesse stupéfiante. Son adversaire bloqua son attaque en reculant d´un pas, bondit de côté pour dégager sa lame et riposta sans laisser au mercenaire la moindre chance d´éviter le coup. Jakarn disparut aussitôt, comme une ombre chassée par la lumière, et le sabre siffla sans rien toucher.
Aladir plongea en avant juste à temps pour échapper à la lame du mercenaire, qui venait de ressurgir derrière lui. L´Elfe roula sur les dalles, se redressa souplement et revint sur son agresseur. Jakarn para un premier assaut et s´évanouit à nouveau dans les airs quand le sabre d´Aladir revint sur lui. L´Elfe dut anticiper son retour, car il sauta le plus haut possible pour venir à la rencontre du mercenaire, qui tombait maintenant du plafond. Les sabres se heurtèrent avec un bruit qui résonna dans toute la chapelle. D´autres coups suivirent, les deux adversaires rivalisant d´adresse pour combattre en chute contrôlée. Enfin ils retombèrent au sol, dans la même position, en parfait équilibre, leurs lames appuyées l´une contre l´autre.
Leurs poings gauches fusèrent au même instant vers le visage de l´ennemi, se rencontrèrent à mi-parcours, se déplièrent et tentèrent de se saisir et de s´enrober. C´était à celui qui, le premier, tordrait le poignait de l´autre ou lui briserait les doigts.
Alexandre observait le combat, impuissant comme le prêtre et comme ses amis. Il n´avait pas assez récupéré pour pouvoir intervenir, et ne pouvait qu´espérer que l´Elfe l´emporte. Jakarn était venu pour le Prince, il n´y avait aucun doute à ce sujet. Si Aladir tombait, Alexandre suivrait bien vite.
Tandis qu´Aladir et Jakarn luttaient de la main gauche, leurs lames restaient croisées devant leurs visages, comme soudées l´une à l´autre. Chacun poussait de toute sa force, cherchant à déborder l´adversaire par la droite ou la gauche, mais sans résultat. Il ne pouvaient pas non plus reculer leur sabre pour frapper sans s´exposer à un coup au visage. Le duel que se livraient leurs mains gauches serait décisif.
Soudain, Jakarn empoigna l´index d´Aladir et entreprit de le retourner. L´Elfe se laissa tomber au sol et glissa à côté du mercenaire avant de se dégager de la prise par un souple mouvement du bras. Les sabres se séparèrent. Jakarn abattit le sien sur son adversaire à terre. L´Elfe le contra du plat de sa lame et sauta sur ses pieds. Il y eut un instant de flottement, puis le combat reprit, plus acharné encore.
Aladir virevoltait à une vitesse folle, enchaînait des acrobaties spectaculaires tout en jouant du sabre avec une grâce sauvage et envoûtante. Son adversaire faisait exactement la même chose. Cette ressemblance n´échappa pas à Alexandre, qui s´en étonna fortement. Tout opposait les deux combattants : Aladir l´Elfe, élégamment vêtu, aux longs cheveux blonds, muni de toutes sortes d´objets étranges, et Jakarn le mercenaire, un homme du Sud à la peau sombre presque noire, au crâne rasé et à l´équipement sans fioritures. Pourtant, ils se battaient de la même manière, comme exécutant des mouvements longtemps répétés. Alexandre était sûr d´avoir déjà vu ces mouvements quelque part, mais sa mémoire le trahissait, et il n´arrivait plus à se rappeler quand. Sûrement un effet secondaire du sort qui le hantait.
Aladir sourit. Lui aussi avait compris. Il avait même mieux compris qu´Alexandre. L´Elfe lança une série de balayages au niveau des jambes de son adversaire. Jakarn semblait peiner à parer ces attaques. Il recula de plusieurs mètres, vers la porte de la chapelle. Juste avant de l´atteindre, il céda à la pression et bondit par-dessus Aladir pour lui échapper. Comme s´il avait prévu cette réaction, l´Elfe poursuivit son dernier mouvement et éleva son sabre dans une courbe fulgurante.
La lame déchira l´armure de cuir au-dessus du genou et ouvrit une profonde entaille dans la cuisse de Jakarn. Le mercenaire ne put se rattraper et tomba lourdement au sol, le sang jaillissant de sa blessure.
- Je me doutais que tu ferrais ça, dit Aladir. J´aurais agi de même à ta place. Bon, tu t´es téléporté deux ou trois fois, et tu es blessé. A mon avis, tu n´auras pas la force de reprendre le combat.
Jakarn laissa échapper un grognement. Alexandre intervint :
- Aladir ! Vous n´êtes pas blessé ?
- Aladir ? répéta le mercenaire en grimaçant. C´est étrange, à moi il m´avait dit qu´il s´appelait Andorion.